Imprimerie Nationale, 1993, gr. in-8°, 134 pp, biblio, broché, couv. à rabats, bon état
Le chancelier Michel de L'Hospital (vers 1505-1573) est une des figures mythiques de l'histoire de France. A la tête de la justice et donc de l'Etat royal, il traverse, impassible et pacifique, les règnes sanglants de François II (la conjuration d'Amboise, mars 1560) et de Charles IX (la Saint-Barthélemy, août 1572). Auprès de nos contemporains cultivés, il symbolise le sens de l'Etat et de la tolérance religieuse. Certes, cette vision comporte sa part d'anachronisme. Mais si L'Hospital ne fut pas un héros libéral ou idéal, son action reste, car elle contribua à façonner les caractères de la "monarchie absolue" jusqu'à la Révolution française. Le Discours pour la majorité de Charles IX (Rouen, 1563) et les trois autres discours politiques qu'on trouvera rassemblés (Paris, 1560, au Parlement ; Orléans, 1560, aux Etats généraux ; Moulins, 1566, au conseil élargi) témoignent de la vigueur d'une pensée et d'une langue qui ont toute la saveur du XVIe siècle. Ce temps était celui de guerres religieuses épouvantables. C'est pour les conjurer que L'Hospital parle.
Honoré Champion, 1914, pt in-8°, 150 pp, un portrait en frontispice, biblio, broché, couv. rempliée, bon état
La Colombe, 1947, in-12, 103 pp, ex. numéroté sur vélin
Paris chez Joseph Chaumerot 1809 1 vol. relié in-8, demi-basane havane, dos lisse orné de fleurons et frises dorés, (4) + VI + 444 pp. Reliure frottée. Sinon exemplaire solide, intérieur en bon état.
Bruxelles, Van Meenen et Cie ; Amsterdam, L. Van Bakkenes et Cie, 1860, 2 vol. in-12, 31-350 et 400 pp, introduction et notice bibliographique (31 p), reliures demi-percaline beige, dos lisses avec fleuron, date et double filet doré en queue, pièces de titre basane acajou, couv. et dos conservés (rel. de l'époque), bon état
Tomes I et II seuls (sur 4) – I. Le Parfait égoïste ; Mémoire pour mon coeur accusé ; Mémoires sur M. le comte de Bonneval ; Utopie ou règne du grand Selrahcengil ; Mémoires sur la Pologne ; les Juifs ; les Bohémiens ; les Grecs ; les crétins ; sur Paris ; Coup-d'oeil sur les jardins, Sermon sur l'héroïsme. – II. Correspondance (lettres de Crimée, à l'empereur Joseph II, sur la dernière guerre des Turcs, au roi de Pologne, à l'impératrice de Russie, etc.) ; Fantaisies militaires. — "Importante édition des Oeuvres du Prince de Ligne, réalisée à Bruxelles par l'éditeur et publiciste libéral François Van Meenen (1817-1881), avec son neveu Albert Lacroix (1834-1903) et trois éditeurs étrangers pour s'assurer la plus grande diffusion possible." (Liesen, n° 79)
Bruxelles, Bibliomania, 1914, 2 vol. gr. in-8°, (4)-li-162 et (4)-ii-150 pp, deux portraits en frontispices, deux volumes reliés en un volume simili-cuir noir, dos lisse, titres, filets et fleuron argentés, bon état, ex-libris Jean-Jacques Pattyn
"Feld-maréchal des armées de l’Empereur et membre du conseil aulique, Charles-Joseph, prince de Ligne (1735-1814), fut un brillant militaire et diplomate au service de l’Autriche. Il adorait les femmes, les reines en particulier (Marie Antoinette, Catherine II). Curieux, cultivé, raffiné, il se créa des contacts avec les grands esprits de son temps (Voltaire, Rousseau...) et les aventuriers. Il protégea Casanova, qui lui fournit des renseignements sur Bonneval. Les sources biographiques habituelles permettent de connaître l’histoire de sa vie, et la critique militaire acide de Bardin (Dictionnaire des auteurs militaires) le contenu du livre. Les “Fantaisies” sont une suite de réflexions sensées sur l’art militaire, les “Préjugés” un programme de réformes de l’armée autrichienne ; le tout est écrit sur un ton badin, détaché, léger, spirituel..." (Jean-Pierre Salzmann, Histoire militaire & Stratégie n° 30, 2013)
Livre Club du Libraire, 1964, in-8°, 267 pp, préface de Hubert Juin, 11 planches de gravures hors texte (dont 3 doubles), reliure pleine toile gris clair de l'éditeur, dos lisse avec titres dorés, un portrait en vignette contrecollé au premier plat, rhodoïd, bon état
Descendant d'une illustre famille wallonne, le prince Charles-Joseph de Ligne (1735-1814) est une des figures légendaires du Siècle des lumières. Engagé dès son jeune âge dans l'armée impériale autrichienne, il se couvrit de gloire pendant la guerre de Sept Ans puis dans le conflit de succession de Bavière. Général et conseiller de Joseph II, il sillonna toute l'Europe, et rencontra de nombreuses personnalités à la cour de Louis XVI. A la fin de sa vie, il se consacra à l'écriture. Un écrivain qu'admiraient Goethe, Lord Byron, Barbey d'Aurevilly et Paul Valéry.
CDU, 1971, 2 vol. gr. in-8°, 153 et 166 pp, texte dactylographié, 2 tableaux généalogiques dépliants (Stuarts et Tudors), brochés, très bon état (Coll. Les cours de Sorbonne), avec une carte imprimée “Avec les compliments de l'auteur”
Tome I : Les îles britanniques en 1603 ; Tome II, 1ère partie : Les Stuarts. – Manque le tome II, 2ème partie : L'Angleterre de 1603 à 1660.
CDU, 1971-1972, coll. les Cours de sorbonne, gr. in-8°, 153 pp, texte dactylographié, qqs annotations stylo, broché, bon état (Coll. Les cours de Sorbonne)
Arléa, 2006, in-8°, 226 pp, biblio sommaire, index des noms cités, broché, couv. illustrée, trace de pli au 2e plat, bon état
Ardent, impétueux, injuste, excessif, cynique, rebelle, talentueux en diable, Linguet (1736-1794) consacra sa vie tout entière à la lutte : lutte contre les Lumières et les coteries littéraires, luttes contre les Parlements et l'injustice, lutte contre la puissance naissante de l'argent, lutte contre les dérives de l'administration royale et l'arrogance de la noblesse de cour... Tant d'ardeur et de hargne finirent par l'envoyer à la Bastille, où il resta deux ans. À sa libération, en 1782, il passa en Angleterre. Il y rédigea ces Mémoires, dont le succès fut immense et qui demeurent à ce jour le plus saisissant tableau de la vie quotidienne dans la célèbre prison. Pamphlétaire, philosophe, historien, économiste, journaliste, Linguet fut l'homme de toutes les audaces, de tous les paradoxes, de toutes les intuitions : quelque chose, dans son oeuvre et dans sa phrase, vibre, qui annonce déjà les ténèbres et le chaos du monde moderne. Il est temps de redécouvrir cet écrivain de haut vol.
Plon, 1903, iv-446 pp, un portrait héliogravé du célèbre magistrat en frontispice, broché, bon état
"L'ouvrage de M. L. présente un double intérêt historique. II contient d'abord un tableau très poussé, très artistement peint, de la société contemporaine de Louis XV, puis une étude érudite et minutieuse sur l'Abrégé chronologique, le manuel classique le plus répandu et le plus intelligent que les amateurs d'histoire aient connu, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XlXe." (Léon Cahen, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1904)
Armand Colin, 1972, in-12, 395 pp, biblio, index, broché, bon état (Coll. U2)
[LELOIR (Maurice).] - LIVRE D'ETRENNES]. CAHU (Théodore).
Reference : 114956
(1901)
Paris Combet et Cie 1901 1 vol. Relié in-folio, percaline verte avec une grande composition en couleurs sur le premier plat, tranches dorées (J. Fau et Lecat-Cartier), IV + 84 pp. Premier tirage des 40 compositions en couleurs in texte par Maurice Leloir. Trois accrocs au dos, coins très légèrement usés, sinon bel exemplaire intérieurement, cet album étant entièrement monté sur onglets.
Paris Boivin et Cie 1907 1 vol. Relié in-folio, percaline verte avec une grande composition en couleurs sur le premier plat, tranches dorées, 70 pp. Premier tirage des 36 grandes compositions en couleurs par H. Vogel (dont 4 sur double planche et 4 portraits hors-texte). Coins très légèrement usés, sinon bel exemplaire, cet album étant entièrement monté sur onglets.
[JOB.] - LIVRE D'ETRENNES]. MONTORGUEIL (Georges) et JOB
Reference : 114949
(1902)
Paris Combet et Cie 1902 1 vol. Relié in-folio, percaline bleu avec une grande composition en couleurs sur le premier plat, tranches dorées (J. Fau et A. Poënsin), IV + 80 pp. Premier tirage des 41 compositions en couleurs in texte par Job (dont 2 sur double planche). Décoloration au second plat de la reliure et coins très légèrement usés, sinon bel exemplaire, cet album étant entièrement monté sur onglet.
[ROBIDA (Albert).] - LIVRE D'ETRENNES]. TOUDOUZE (Gustave).
Reference : 119121
(1909)
Paris Boivin 1909 1 vol. Relié in-folio, percaline grise avec une grande composition en couleurs sur le premier plat, tranches dorées (Engel), II + 80 pp. Premier tirage des 38 compositions en couleurs à pleine page par Albert Robida. Reliure éditeur très légèrement frottée aux coins, mais bon exemplaire de cet album entièrement monté sur onglets.
[LELOIR (Maurice).] - LIVRE D'ETRENNES]. TOUDOUZE (Gustave).
Reference : 114957
(1904)
Paris Combet et Cie 1904 1 vol. Relié in-folio, percaline bleu avec une grande composition en couleurs sur le premier plat, tranches dorées (Engel), IV + 92 pp. Premier tirage des 40 compositions en couleurs in texte par Maurice Leloir. Bon exemplaire de cet album entièrement monté sur onglets.
P., Bossange, Masson et Besson, An VII, 4 vol. in-12, lxxii-261,370,340 et 342 pp, reliures pleine basane fauve, dos lisses ornés lég. frottés, 3 pièces de titre manquantes sur les dos, tranches jaunes, qqs coiffes manquantes (reliure de l'époque), bon exemplaire néanmoins
Amsterdam, chez Zacharie Chatelain, 1731, in-12, (4)-350-(2) pp, reliure demi-percaline noire, dos lisse à faux-nerfs à froid, titres dorés (rel. du XIXe s.), coiffes frottées, bon état
Tome II seul (sur 2).
P., Hachette, 1867, in-12, xvi-372 pp, reliure demi-chagrin vert bouteille, dos à 5 nerfs soulignés à froid (rel. de l'époque), qqs rousseurs éparses, bon état
P., Ponthieu, 1828, in-8°, xii-435 pp, reliure demi-veau glacé fauve, dos lisse avec titre, tomaison, filets et fleurons dorés (rel. de l'époque), bon état
Tome I seul (sur 2). — Brienne fut secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de 1658 à 1663, avant de tomber brusquement en disgrâce, pour une raison inconnue. — "Ces Mémoires sont un des textes historiques les plus agréablement rédigés du XVIIe siècle, « avec politesse », suivant un mot qu'affectionne Brienne. Le tour en est assez moderne et aisé. L'auteur, qui est devenu fou vers la fin de ses jours après beaucoup de déboires, dont le plus fâcheux fut d'être interné à Saint-Lazare, avait été secrétaire d'État de 1658 à 1663. Il a donc été bien placé pour connaître les hommes et les événements. Son témoignage n'est pas indifférent au moins pour le règne de Louis XIV." (Louis Batiffol, Bibliothèque de l'École des chartes, 1916)
Albin Michel, 1956, in-8°, 411 pp, biblio, généalogie, broché, couv. illustrée, bon état
"Bon connaisseur des mémoires de Retz, séduit par les destinées audacieuses, M. P.-G. Lorris évoque avec verve son personnage. Il veut en rendre sympathiques la tenace énergie et l'ambition, dont il nous ne livre pas tout le secret. Agitation, en effet, plutôt qu'action, toute cette carrière du cardinal qui finit par paraître bien décevante, à la mesure de celles de Mazarin ou de Talleyrand. Les causes auxquelles il s'attacha manquaient-elles d'avenir ou le cardinal, tout intelligent et subtil qu'il fût, manquait-il d'envergure ?" (Victor-L. Tapié, Revue Historique, 1957) — "Il est trop certain que, littérairement, Saint-Simon porte dommage à Retz. Deux grands personnages, mais de quelle grandeur différente ! Le duc reste puissant et sincère, même dans le faux ; le cardinal donne l'impression de la ruse et du mensonge, même quand il est droit et peut-être vrai. Ce beau livre de M. Pierre-Georges Lorris met les choses au point. C'est l'oeuvre d'une historien et d'un homme de goût. Retz y apparaît ce qu'il a été effectivement, ou dû être : le plus singulier des ecclésiastiques, et assez intelligent pour être bon théologien, homme d'intrigue plus que de parti et politique de détail, sans rien de l'envergure d'un Richelieu ou de la profondeur de dessein de son vieil ennemi Mazarin. Mais que tout cela ne le diminue pas ! C'est qu'il sauve tout par son esprit. Historiquement, Retz, c'est la Fronde – une guerre de factions qui ne fut pas toujours pour rire – et sa politique, une politique de faction, assez poussée encore pour que des connaisseurs comme Talleyrand et notre Caillaux l'aient appréciée. Mais Retz, pourtant, est quelque chose de plus, un moraliste, le peintre d'un temps et de quelques âmes, dont la sienne..." (Hommes et mondes, 1956) — "Une étude captivante... véritable roman d'aventures." (Alain Palante, France Catholique, 1956)
Perrin, 1933, in-8°, xv-402 pp, 2e édition, 5 pl. hors texte et une carte dépliante hors texte, notes, biblio, broché, bon état
"M. Lorédan a écrit un curieux chapitre d'histoire sociale, aussi abondamment documenté qu'on peut le souhaiter. Il a consulté plus de cinq cents pièces d'archives dans les différents dépôts des départements bretons avant de nous conter par le menu les destinées de Marion du Faouët et de sa bande. Assignations, monitoires, procès-verbaux de capture, interrogatoires, dépositions des témoins, testaments de mort, rapports d'exécution nous édifient complaisamment sur les faits et gestes de ces malandrins. Ces voleurs bretons n'ont rien d'héroïque. Ce sont de pauvres diables, merciers ou colporteurs, qui rançonnent le paysan, forcent les sacristies et quêtent insolemment, avant de finir à la potence ou sur la roue, parfois pour un maigre profit, un couvert volé ou un méchant chaudron. La justice ne leur est pas tendre, elle les laisse languir dans d'infectes prisons dont ils s'évadent, il est vrai, sans trop de peine, et après un procès sommaire leur applique le plus souvent la peine capitale et au préalable la question ordinaire et extraordinaire. Le livre de M. L. a le mérite de nous offrir un vivant tableau du régime judiciaire de l'ancienne France, de ses lenteurs, de ses complications et de ses duretés. Quant à l'héroïne même, il a suivi ses, traces dans des pièces nombreuses. Marie Tromel, simple fille de journaliers, née en 1717 près du Faouët, mène de bonne heure une existence errante, court les foires et les pardons, en compagnie de vagabonds et de voleurs dont elle devient vers 1743 le chef de bande. Incarcérée à Rennes en 1747, à Vannes en 1748, condamnée au bannissement, elle vit tranquillement au Faouët, mettant la région en coupe réglée ; arrêtée de nouveau en 1752, elle s'évade de la prison de Quimper ; reprise en 1755, elle y est exécutée la même année. La bande continue longtemps encore ses exploits ; M. L. suit jusqu'en 1770 les démélés que ces associés de Marion, souvent ses parents ou ses anciens galants, eurent avec la justice. Cette étude sera une utile contribution à l'histoire des moeurs de l'ancienne France et de la condition des paysans." (Revue critique d'histoire et de littérature, 1910) — "C'est un curieux chapitre d'histoire sociale que le volume très vivant, très richement documenté, que M. Lorédan a consacré à une Basse-Brette du XVIIIe siècle, Marie-Louise Tromel, dite Marion du Faouët. On y voit comment la misère jetait les pauvres « ménagers » de la mendicité dans le brigandage, et comment, dans ce pays coupé, à fermes dispersées, à routes impraticables, une bande d'énergiques partisans pouvait terroriser les populations, prélever une sorte d'impôt régulier sur les cultivateurs et sur les merciers, se rire des archers et des tribunaux ; comment les lenteurs de la justice, combinées avec les atrocités de la législation criminelle, les rivalités des juridictions entre elles, le délabrement des prisons, favorisaient les évasions. L'espèce de Mandrin femelle qui occupe une position centrale dans le récit de M. Lorédan a pu régner sur la lande de 1740 à 1755, malgré plusieurs arrêts de bannissement et plusieurs condamnations à mort. Après son supplice, « la bande à Marion » continue, quinze ans encore, à opérer entre Rosporden et Pontivy. – De pareilles études permettent de mesurer retendue du bienfait que fut, pour nos populations rurales, l'établissement d'un régime de paix publique. Celle de M. Lorédan fait, en outre, comprendre comment a pu s'organiser la chouannerie." (Henri Hauser, Revue Historique, 1910) — L’Ile-de-France a eu Cartouche ; le Dauphiné, Mandrin... la Bretagne a eu Marie Tromel, surnommé « Marion du Faouët », chef redouté d’une bande de brigands dont les actions défrayèrent la chronique durant plus de quinze années. Aujourd’hui le souvenir de cette héroïne hors-la-loi qui terrorisa tout le pays breton et qui fut pendue à Quimper en 1755 sous le règne de Louis XV, demeure un souvenir vivace dans la mémoire collective bretonne. Mais cette femme hors du commun est aussi la figure emblématique du petit peuple des campagnes et des bourgs de Bretagne ; elle est à sa manière le témoin vivant de l’époque noire du XVIIIe siècle, l’époque terrible de la Grande Misère. Et surtout elle est l’image de la révolte, du courage et de l’audace par l’énergie farouche qu’elle a su développer pour refuser le sort commun. L’oeuvre maîtresse de Jean Lorédan, éminent historien disparu en 1937, est sans conteste ce livre sur Marion du Faouët.
Flammarion, 1979, in-8°, 445 pp, qqs gravures et fac-similés, généalogie, documents, lexique, biblio, broché, couv. à rabats, bon état (Coll. Science)
"La réédition de la thèse d'Alain Lottin (Lille 1967) procure un matériau du plus grand intérêt. A l'origine de ce travail, un document rare : les "mémoires" laissés par Pierre Ignace Chavatte (1633-1693) pour prolonger une chronique lilloise venue en sa possession : le singulier est que Pierre Chavatte, fils et petit-fils de maîtres sayetteurs, maître sayetteur lui aussi, mais travaillant chez un autre comme ouvrier est l'un de ces humbles dont l'histoire n'a souvent d'autre trace que matriculaire, statistique. Cette source étonnante pose un premier problème : celui de son existence, dont l'élucidation permet à l'auteur de donner, sur l'alphabétisation dans les villes des Pays-Bas « français » de riches aperçus. L'importance du mouvement de la Contre Réforme se marque nettement dans ce domaine par l'institution d'écoles... Chavatte est profondément catholique. Avec les Lillois, il incrimine Louis XIV de se dérober au « Tûrkenglocken » de 1683 pour livrer, en fourbe, une guerre non déclarée à l'empereur sur la frontière nord, mais aussi bien de nommer à Tournai un évêque d'opinion... janséniste et gallicane ! Cette sensibilité catholique est chevillée à la sensibilité populaire. Formée par les ordres mendiants, la prédication qu'on entend, colporte, commente, l'encadrement rituel pompeux, la foi se mélangent intimement aux manières de voir le monde que communique la société populaire. Les chapitres V et VI, qui étudient les formes de la vie religieuse et en analysent le contenu, sont un des passages les plus denses du livre..." (Philippe Ratte, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1979)