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Précieux et élégant exemplaire conservé dans son maroquin fleurdelysé de l’époque, de provenance royale, entré dans la bibliothèque « Joannis Francisci Chaussat » avec ex-libris armorié et « Maria Catharina de Pradon ». Au Palais, (Paris), Chez A. Soubron, 1681. In-12 de (16), 412 p., 103 figures à pleine page comprises dans la pagination, nombreuses lettrines, bandeaux et fleurons typographiques. Plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, grande fleur de lys dorée aux angles, dos à nerfs fleurdelysé, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure à destination royale de l’époque. 158 x 90 mm.
« Les 103 gravures font tout le prix de cet ouvrage » (Michaud). Première édition in-12 parue après l’in-folio de 1646. Ouvrage de luxe, volume d’apparat déguisé en promenade de méditation morale, ce défilé d’images, de citations et de commentaires chargés d’édifier l’âme et de la guider aux carrefours de sa destinée humaine ajoute sa pierre à la muraille que la France de la raison lucide et de la monarchie solaire dresse contre les ténèbres de la mélancolie enveloppant l’Europe baroque de son manteau ombreux. Entre les lumineux Principes de la philosophie de Descartes (1644-1647) et le sombre Paradis Perdu de Milton (1667), La Doctrine des mœurs (1646) illustre de ses images pondérées, ordonnées et architecturées la réaction française à l’angoisse d’un monde qui va sortir pantelant de la guerre de Trente ans en 1648. Ce livre de commande s'inscrit naturellement dans l'univers littéraire de Gomberville, même si sa genèse atteste l'existence de calculs éditoriaux et d'enjeux courtisans. Le travail de lecture réalisé à partir des gravures et des textes recueillis par Van Veen témoigne en fait d'un projet de réorientation médité : destiné à un roi âgé de huit ans et adressé à la jeunesse, ce recueil illustré de morales témoigne d'une intention pédagogique et psychologique cohérente fondée en partie sur le charme et le pouvoir de la représentation figurée. Ces conclusions invitent à reconsidérer l'hypothèse naïve d'un beau livre illustré et à accréditer la thèse d'une école des images. A quatorze ans Gomberville fit paraître un volume de poésies, composé de cent dix quatrains dont le sujet annonce une maturité de jugement bien extraordinaire dans un enfant de cet âge. C’est le tableau du bonheur de la vieillesse opposé aux agitations de la jeunesse. Il composa ensuite des romans pleins de sentiments élevés et d’aventures imaginaires attribuées à des personnages réels. C’était le goût du siècle : et ceux de Gomberville eurent un succès tel, qu’à la formation de l’Académie, le cardinal de Richelieu l’en désigna un des premiers membres. La richesse de son univers imaginaire et sa conception d’un roman à grand spectacle sont aujourd’hui appréciées à leur juste valeur et ont entrainé largement la réhabilitation d’un romancier dont on mesure mieux les qualités et l’ambition. Précieux et élégant exemplaire conservé dans son maroquin fleurdelysé de l’époque, de provenance royale, entré dans la bibliothèque « Joannis Francisci Chaussat » avec ex-libris armorié et « Maria Catharina de Pradon ».
La première édition complète des Œuvres de Pierre Goudelin, émule de Theophile de Viau et de Mathurin Régnier, conservée dans sa première reliure en vélin souple de l’époque. Toulouse, Pierre Bosc, 1648. In-4 de (16) pp., 213, (1) p.bl., (70) pour le Dictionnaire de la langue toulousaine, 104 pp. Plein vélin souple de l’époque, dos lisse orné du titre manuscrit en tête et de la date en queue. Reliure de l’époque. 230 x 165 mm.
Première édition complète des Œuvres du poète languedocien ; elle est aussi la dernière publiée de son vivant. Graesse, Trésor de livres rares, 123 ; Brunet, II, 1676. « L’édition de 1648 est la première complète et la dernière publiée du vivant de l’auteur, qui mourut le 16 septembre de l’année suivante ; le Dictionnaire en fait partie ». (Brunet) « Édition recherchée parce qu’elle est la dernière de ce recueil qui ait paru du vivant de l’auteur ». (Techener, n°9621) Pierre Goudelin ou Goudouli (1580-1649), le plus célèbre et le plus inventif des poètes languedociens, utilise l’ensemble des registres de langues. Il conçoit des spectacles poétiques pour les fêtes somptueuses données à la cour de Toulouse. Mais l’intérêt de son œuvre poétique dépasse de très loin le cadre régional ; émule d'une école locale poétique proche de l'esthétique baroque de Théophile de Viau, de l'écriture de Mathurin Regnier et de l'état d'esprit épicurien de Montaigne, Goudelin jouit de son vivant d’une réputation immense. Certains passages de Molière (qui séjourne à Toulouse en 1649) et de Cyrano de Bergerac sont inspirés de ses textes. « Enjoué, spirituel, homme de plaisir plutôt qu’homme d’étude, il fut recherché par les grands seigneurs, dont il égaya les fêtes. Il sut se les attacher par ses saillies, ses bons mots et les charmes d’une conversation pleine de cette verve piquante et de cet entrain qui sont les qualités habituelles des hommes du midi. Il devint le protégé et ami d’Adrien de Montluc, comte de Carmain. Les vers de Goudouli, chants royaux, ballades, stances, élégies, épigrammes, écrits dans cet idiome languedocien, dans ce dialecte ‘moundi’ dont il sut reproduire toutes les finesses et toutes les harmonies, furent récités ou chantés dans toutes les fêtes ; et il jouit pendant sa vie d’une réputation immense... Goudouli ne trouva pas un protecteur moins empressé dans le duc de Montmorency. Il composa, pour les fêtes somptueuses que donnait ce grand seigneur à la cour de Toulouse, un grand nombre de vers ; et pour les ballets, des discours qu’il récitait lui-même en masque, selon la coutume. Les œuvres du poète, que les habitants de Toulouse surnommèrent ambitieusement ‘l’Homère du Languedoc’, ont été imprimées plusieurs fois : à Toulouse, en 1648 ». (Nouvelle Biographie générale, t. 21, 371) On trouve ici la première édition complète de son œuvre maîtresse, le célèbre « Ramelet Moundi » (le « Bouquet toulousain »). Il comporte des odes, des stances (dont A l'hurouso memorio d'Henric le Gran, composée en l'honneur du roi Henri IV), des sonnets, quatrains et autres proses carnavalesques, chansons à boire, etc.. Le Dictionnaire de la langue tolosaine occupe 70 pages. L'ouvrage est orné de 2 belles vignettes en pages de titres, de bandeaux, culs de lampes et de lettrines décorées. Précieux exemplaire, de toute pureté, conservé dans sa première reliure en vélin souple de l’époque. Provenance : ex libris manuscrit sur le titre (Boussanelle ?), de la bibliothèque du Docteur Escat de Toulouse avec son tampon répété sur le contreplat et la page de garde.
« Bel ouvrage, très rare et coté, surtout en grand papier, qui marque une époque dans l’illustration du livre moderne illustré. » Carteret.La plus belle édition illustrée de ce texte inspiré d'une légende du Moyen-âge, ornée à chaque page de compositions en couleurs d'Eugene Grasset par le procédé du Gillotage, tout juste inventé par Charles Gillot. Paris, H. Launette, 1883.In-folio de (4) ff., 224 pp., (8) ff. de notes, table et achevé d’imprimer, 2 gravures en couleur à pleine page dans le texte. Couvertures et dos conservés.Relié en plein maroquin noir à grain long, plats richement décorés en encadrement d’un filet doré, d’un double filet de maroquin rouge et d’un filet de maroquin aubergine, fleurons de maroquin aubergine aux angles, dos à nerfs orné, filet doré sur les coupes, large roulette intérieure dorée, superbes doublures de velours rouge à motifs dorés, tranches dorées sur témoins. Etui. Reliure datée et signée Noulhac 1911.279 x 221 mm.
La plus belle édition illustrée de ce texte inspiré d'une légende du Moyen-âge, ornée à chaque page de compositions en couleurs d'Eugene Grasset.Vicaire, IV, p.142.« Bel ouvrage, très rare et coté, surtout en grand papier, qui marque une époque dans l’illustration du livre moderne illustré ; début de l’invention ‘Gillot’, dite ‘gillotatge’ en couleurs.Tirage : 100 chine et 100 japon, et sur vélin teinté. Rechercher, de préférence, un chine relié avec cuir incisé par Marius Michel. »Carteret, IV, p.204.L’un des 100 précieux exemplaires de tête tirés sur Chine et numérotés de 101 à 200, celui-ci portant le n°186.« Beau livre, composé de 246 pages ornées chacune d’une composition différente tirée en couleurs. »(Ventes Rahir, Partie 6, 1971)."Histoire des quatre fils Aymon, though its initial reception was mixed, became a turning point in the history of illustration. As is remarked in its introduction, the legends of which it is composed have been given "the most luxurious form that a book can achieve"". (Ray, The Art of French illustrated book, 357).L’illustration se compose de 246 pages ornées de compositions en couleurs, dans le texte, autour du texte, en surimpression, à pleine page, par Eugene Grasset, gravées et imprimées par le procédé du Gillotage, procédé inventé par Charles Gillot.Illustration Art Nouveau et mise en page fort élaborée : chaque feuillet est illustré de cadres, ornements ou vignettes in texto de toutes tailles dont parfois la couleur de fond envahit la page... soit près de 250 compositions en couleurs et un travail de près d'une année pour réaliser l'impression."Premier livre illustré en photogravure et "chromographie", techniques inventées par Charles Gillot". (Monod, 6043).« Le gillotage, qui fit son apparition vers 1883, permettait de reproduire des dessins, spécialement composés pour être exécutés au trait, en camaïeu, en couleurs typographiques.Le premier ouvrage paru est celui d’Armand Silvestre, le Conte de l’archer, illustré par Poirson, édité par Lahure en 1883. La même année, Gillot publia l’importante œuvre : Histoire des quatre fils Aymon, illustrée par Grasset. Ce sont donc ces deux ouvrages qui furent les prototypes en couleurs de ce nouveau procédé. » Carteret, I, p.300.Superbe exemplaire conservé dans sa luxueuse reliure en maroquin mosaïqué signée de Noulhac.
L’Olimpe, seul recueil poétique important de Grévin, contient les sonnets adressés à sa rétive maitresse Nicole Estienne, « fleur de seize ans », fille de l’imprimeur et médecin Charles Estienne. Publié alors qu’il avait vingt-deux ans, il comporte une centaine de sonnets chantant son amour et célébrant les perfections de l’idole. In-8 de (8) ff., 216 pp. Maroquin bleu nuit à grain long, couronne de lauriers frappée or au centre des plats, dos à nerfs orné de fleurons dorés, double filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure. Mercier Sr de Cuzin.163 x 100 mm.
Édition originale, très rare, des poésies amoureuses adressées par le poète à sa maîtresse Nicole Estienne, fille du médecin Charles Estienne. Il la demanda en mariage mais ne put jamais obtenir sa main.Barbier, IV, 2, n° 50 (Haut. : 153,5 mm) ; Tchemerzine, III, 495 ; Haag, V, 364 ; J. Pineaux, La Poésie des protestants de langue française, pp. 47-48 ; Picot, Catalogue… Rothschild, I, n° 710 ; Émile Paul, Bibliothèque… De Backer, I, n° 340 (« Plusieurs des sonnets de L’Olimpe valent les plus beaux du XVIe siècle », Haut. : 161 mm.)Ce recueil contient les sonnets adressés par l’auteur à sa rétive maîtresse, suivis des Jeux Olimpiques, adressés à la même égérie : des odes, des élégies et des pastorales, dont la première est dédiée à Marguerite de France ; on trouve également la Gélodacrye, où le poète critique sévèrement les abus des ecclésiastiques et la cupidité des grands.Jacques Grévin, né à Clermont-en-Beauvaisis en 1538 et mort à Turin en novembre 1570, homme de théâtre et poète, ami de Ramus, de Du Bellay et de Ronsard, fut dans les dernières années de sa vie le médecin de la duchesse de Savoie, sœur de Henri ii de France ; c’est à sa cour qu’il mourut à l’âge de 32 ans.« Il se fit une réputation brillante : Marguerite de France, épouse de Philibert Emanuel, duc de Savoie, l’emmena en Italie, et le fit non seulement son médecin, mais le consultoit dans ses plus intimes affaires. Grevin joignoit à la connoissance approfondie de son art, les talens aimables de la poësie ; il les accompagnoit d’excellentes qualités et d’une grande douceur d’esprit. Il fut regretté de tous ceux qui le connoissoient, et mourut âgé de près de 30 ans, à Turin, le 5 novembre 1570. La duchesse de Savoye lui fit faire de magnifiques funérailles, et pris soin de sa veuve et de sa fille qu’elle garda toujours près d’elle tant qu’elle vécut. Claude Binet fait de grands éloges de Grévin dans la complainte qu’il fit sur sa mort, et qui fut imprimée en 1573. De Thou vante aussi son esprit et son érudition. »En tant qu'auteur de théâtre, Jacques Grévin fut l'un des premiers (à la suite de Jodelle) à chercher à introduire la tragédie en France. En 1561 il publia Cesar, tragédie, imitée d'un original latin par Muret, et une comédie, Les Ébahis, sa pièce la plus importante mais aussi, selon l'Encyclopædia Britannica de 1911, « la plus indécente ».Grévin composa aussi des poèmes, appréciés de Ronsard jusqu'à ce que la religion ne les sépare, Grévin étant un partisan de la Réforme. Après sa conversion au protestantisme, Grévin rompit avec ses amis de la Pléiade et attaqua même Ronsard dans un pamphlet en vers intitulé Le temple de Ronsard. « L’Olimpe » est son chef-d’œuvre.« Plusieurs des sonnets de ‘L’Olimpe’ valent les plus beaux du XVIe siècle ». (De Backer, Paris, 1926, i, n° 340).L’Olimpe s’ouvre sur un sonnet de Ronsard :« A Phébus, mon Grévin, tu es du tout semblableDe face & de cheveux, & d’art & de sçavoir,A tous deux dans le cueur Amour a faict avoirPour une belle Dame une playe incurable. »Suivent deux sonnets, un de J. Du Bellay et un de Rémy Belleau.L’Olimpe, seul recueil poétique important de Grévin, contient les sonnets adressés à sa rétive maitresse Nicole Estienne, « fleur de seize ans », fille de l’imprimeur et médecin Charles Estienne. Publié alors qu’il avait vingt-deux ans, il comporte une centaine de sonnets chantant son amour et célébrant les perfections de l’idole.« Pétrarquisme, platonisme et humanisme partagent l’inspiration du poète ; il vaudrait mieux peut-être parler de ronsardisme, du ronsardisme des sonnets à Cassandre, à quoi se mêlent des éléments plus personnels ». (J. Pirreaux. La Poésie des protestants de langue française, 1971, p. 47-48).Ce volume est très rare et manque à plusieurs grandes collections poétiques comme Viollet-le-Duc ou Herpin et, selon le rédacteur du catalogue La Roche Lacarelle, il s’agit là de « l’ouvrage le plus rare de Jacques Grévin ».Superbe exemplaire à marges immenses : hauteur de 163 mm contre 153 mm pour l’exemplaire Barbier et 161 mm pour le bel exemplaire de Backer.Note manuscrite ancienne Nicole Estienne p. 40.
La moitié des pièces paraissent ici pour la première fois. Elle est si rare que Tchemerzine ne cite qu’un exemplaire incomplet. On les vend a Paris en la rue Saint-Jaques a lenseigne de Lelephat devant les Mathurins. A la fin:… Imprimez a Paris p Nicolas Couteau imprimeur demourant audit lieu et furent achevez dimprimer le xxvie iour du moys de Janvier / Lan de grace mil cinq cens vingt et huyt. 1528. In-8 de (2) ff. y compris un bois gravé à pleine page, cxxiii ff., (1) f. avec la marque à l’éléphant de François Regnault au verso. Pte. restauration au titre imprimé en rouge et noir. Maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, double filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Reliure signée de Chambolle-Duru. 156 x 102 mm.
Seconde édition originale rarissime de cet ouvrage en stances de quatre vers, comprenant près de la moitié des pièces qui paraissent ici pour la première fois. Elle est si rare que Tchemerzine ne connaissait aucun exemplaire complet. «Le titre manque à l’exemplaire que nous avons eu» mentionne le bibliographe (III, p. 630). Jean-Paul Barbier n’avait pu se procurer ni la première (parue en 1527) ni la seconde originale. Il mentionne la rareté de ces premières éditions: «Notons que la première édition paraît être celle de Galliot du Pré en 1527 et qu’en 1533, l’édition d’Olivier Arnoult ne contient plus que les quatrains, sans les petites pièces de la fin. Il doit exister, selon nos recherches, dix éditions au moins, parues entre 1527 et 1540, mais bien peu d’exemplaires de chacun subsistent.» Pierre Gringore (1475-1538) fut l’un des poètes de la Renaissance les plus estimés par Victor Hugo et Théodore de Banville mais il fut un personnage bien différent par les mœurs et le caractère du Gringore décrit par ces deux auteurs. Il n’avait rien du truand ni du bohème. Il a porté le costume mi-parti de jaune et de vert et le chaperon orné de grelots des ‘Enfants Sans Souci’; il a même occupé dans la hiérarchie de la confrérie la seconde place, celle de ‘Mère Sotte’; mais ce suppôt de la Folie n’avait de fantaisie ni dans l’esprit, ni dans la conduite. C’était un bourgeois de mœurs régulières, fidèle à la devise, d’ailleurs admirable, qui était sienne: ‘Raison par tout, Tout par Raison, Partout Raison’. «Il eut, comme auteur dramatique, de l’adresse. Il savait agencer des épisodes, esquisser des caractères, conduire un dialogue». Le présent ouvrage constitue l’un des répertoires les plus considérables des proverbes et dictons populaires en usage en France dans le premier tiers du XVIe siècle. «Le mardi gras de l’année 1511, au plus fort de la guerre contre Jules II, Gringore fit jouer et joua lui-même le ‘Jeu du Prince des Sots et de Mère Sotte’. L’ouvrage, comme tous ceux que Gringore publia vers cette époque, porte au frontispice le portrait de Mère Sotte, couverte d’une robe de moine, avec un capuchon garni d’oreilles d’âne, et conduite par deux de ses enfants coiffés de même. Tout autour on lit cette devise: ‘Tout par Raison; Raison par tout, Par tout Raison’. Cela veut dire qu’il faut chercher un sens sérieux sous les bouffonneries de Gringore. Il perdra les habitudes de médisance qu’il a contractées chez les Enfants sans souci et retourna au genre moral, par lequel il a débuté. C’est alors qu’il rimera les ‘Notables Enseignements et proverbes par quatrains’ (1527). «Gringore a marqué sa trace par des œuvres estimables pour son temps, curieuses pour le nôtre, ses moralités offrent des types assez piquants d’un genre littéraire peu courant, la comédie politique. Il n’existait des poésies de P. Gringore que des éditions du seizième siècle fort rares; elles vont être réimprimées par MM. Ch. D’Héricault et Anat. De Montaiglon (Bibl. Elzevirienne)». A. Chassang. Précieux et superbe exemplaire, grande de marges et non lavé, orné au verso du second feuillet d’un bois à pleine page représentant l’auteur offrant son livre, non à François Ier comme l’indique par erreur Tchemerzine, mais au duc Anthoine de Calabre, Lorraine et Bar, ainsi qu’il est dit dans le Prologue de l’acteur. Ce bois est signé de la Croix de Lorraine. Le titre porte l’ex-libris manuscrit de l’époque «Du Moulin».
« Édition originale de cette délicieuse féérie, un des chefs-d’œuvre du genre » (Tchemerzine). Paris, Jean Fr. Josse, 1730. In-12 de (2) ff., 275 pp., (1). Relié en plein maroquin rouge de l’époque, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné de filets dorés dans les caissons, coupes décorées, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l’époque. 161 x 95 mm.
« Édition originale de cette délicieuse féérie, un des chefs-d’œuvre du genre, et l’une des meilleures productions de ce célèbre auteur. » (Gumuchian, Les livres de l’enfance, 2930). Tchemerzine, III, 658 ; Picot, Catalogue Rothschild, n°1737). « Un ex. en basane ancienne a été vendu 800 francs en 1931, il avait été vendu 80 francs neuf années plus tôt. Ce conte fut écrit par Hamilton pour montrer aux dames de la Cour, alors entichées des ‘Mille et Une Nuits’, que l’on pouvait composer des histoires aussi invraisemblables. Ceci explique l’extravagance que l’on y rencontre. » (Tchemerzine). « Le f. qui suit le titre contient un avis où il est dit que l’accueil fait par le public au ‘Conte du Bélier’ a déterminé le libraire à rechercher avec soin les ouvrages composés par Hamilton pour l’amusement de sa sœur, la duchesse de Gramont. On y voit que ‘l’Histoire de Fleur d’Epine’ et ‘Les quatre Facardins’ parurent ensemble. » (Picot). « Édition originale de cette délicieuse féérie » (Catalogue de Backer, n°1068). « Ecrivain français né en Irlande vers 1646, Hamilton passa en France avec sa famille après la mort de Charles Ier pour se soustraire aux vengeances révolutionnaires exercées contre les royalistes fidèles. Ce fut là qu’il fit ses études ; mais en 1660, à l’âge de 14 ans, il repassa en Angleterre, lors du rétablissement du prince de Galles, sous le nom de Charles II, sur le trône des Stuarts, et il put y achever son éducation française, dans une cour qui parlait fort bien notre langue […] C’est avec justice que Voltaire l’a placé dans son ‘Temple du Goût’ […] Quel que fût son caractère, son esprit était aisé, son imagination brillante et facile, son goût délicat et fin. Par une singularité piquante, c’est Hamilton, un étranger, qui, après Voltaire, présente peut-être l’image la plus exacte de l’esprit français […] ‘Fleur d’Epine’ est délicieux de tous points, si l’on veut bien se reporter au but de l’auteur, et se laisser aller, sans les juger avec une raison trop sévère, à toutes ces fééries qu’il accumula avec tant d’esprit et d’imagination. Dans un tout autre genre, la narration n’y est guère inférieure à celle des ‘Mémoires’ ; on y trouve l’intérêt, le goût, le naturel, et même une vérité relative qui n’est nullement incompatible avec les contes de fées : il est rempli, suivant une expression reçue, de charmants tableaux de genre, dont la grâce égale la variété. » (Nouvelle Biographie générale, t. 23, c. 233-236). Précieux exemplaire de cette originale littéraire revêtu d’un élégant maroquin rouge de l’époque.
Le roman grec traduit par Jacques Amyot. Edition originale de la meilleure version française donnée par Jacques Amyot, «très améliorée» par rapport à la précédente. Paris, Vincent Sertenas, 1559. In-folio de (4) ff., 123, (1). Elégante marque de l'imprimeur gravée sur bois au titre et au recto du dernier feuillet, trace d’ancien cachet sur le titre, pt. trou de vers dans la marge blanche sans atteinte au texte. Plein veau havane granité, triple filet à froid encadrant les plats, dos à nerfs orné, coupes décorées, tranches rouges. Reliure de la première moitié du XVIIIe siècle. 315 x 203 mm.
Edition originale de la seconde traduction en français de Jacques Amyot, «très améliorée» (Brunet) par rapport à la première version, du plus caractéristique des romans grecs. Brunet, III, 88; Mortimer-Harvard, French Sixteenth Century Books, n°271. Dans cette nouvelle version française, le savant philologue Amyot (1513-1593) « s’étant procuré un manuscrit de ce roman beaucoup plus exact que celui sur lequel il avait fait sa première version, publia celle-ci très améliorée. Ce fut sur cette édition que se firent les réimpressions subséquentes qui parurent de format in-12 à Paris ou ailleurs». (Brunet). «This 1559 edition was revised by Amyot on the basis of a manuscript which he discovered at Rome after his translation was completed […] The narrative technique of Heliodorus was widely imitated in French romance literature” (Harvard). Ce récit des amours de Théagène et Chariclée fut composé au IIIe siècle par Héliodore d'Emèse, évêque de Tricca en Thessalie. «A Delphes, vit Chariclèe, splendide jeune fille dont l’origine est mystérieuse. Au cours d’une fête, elle rencontre un prince de la Thessalie, Théagène, et les deux jeunes gens sont frappés par un coup de foudre réciproque. Aidés et accompagnés par Calasiris, prêtre égyptien se trouvant à Delphes, les deux amoureux s’enfuient vers l’Egypte, après s’être jurés réciproquement un amour éternel et s’être engagés à demeurer chastes jusqu’au moment où ils pourront célébrer leurs noces légitimes. Le roman est constitué par les aventures innombrables que les deux promis connaissent, avant leur mariage». «Le succès de ce livre fut très grand, non seulement au cours du Moyen-âge byzantin, mais aussi dans une époque plus moderne. Il fut par exemple imité par le Tasse lorsqu’il esquissa le personnage de Clorinde, et par Cervantès dans ses Travaux de Persilès et de Sigismonde. Au XVIIe siècle, en France, Héliodore jouit de la faveur générale et il exerça une certaine influence sur la production des romans de cette époque» (T.F., Les Belles Lettres, 1943). Bel exemplaire conservé dans son élégante reliure du XVIIIe siècle.
Exemplaire en parfait état de conservation du roman le plus recherché d’Hemingway, avec la très belle jaquette illustrée conservée sans défaut. New York, Charles Scribner’s Sons, 1952. In-8 de (1) f., 140 pp., (1) f.bl. Conservé dans la reliure en toile bleu clair de l’éditeur avec le nom de l’auteur frappé à froid au bas du plat supérieur et le nom de l’auteur et le titre de l’ouvrage frappés en lettres argentées sur le dos lisse. Avec la superbe jaquette illustrée en parfait état de conservation. 205 x 138 mm.
Édition originale et premier tirage du chef-d’œuvre d’Hemingway. Hanneman A24.A. Exemplaire du premier tirage avec le « A » et le cachet de Scribner sur la page de copyright. Le présent exemplaire possède en outre la jaquette en premier tirage, avec la photographie d’Hemingway sur le plat inférieur de la jaquette tirée dans une teinte bleutée. Cette photographie sera par la suite imprimée avec une teinte verte dans les tirages postérieurs, et la mention d’Hemingway gagnant le Prix Pulitzer apparaitra également plus tard sur la jaquette. « Récit publié en 1952 par l’écrivain nord-américain Ernest Hemingway (1898-1961). ‘Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf-Stream’ ; des gestes vieux comme le monde inscrits dans un langage qui se veut de tous les temps et pour tous les temps, l’ ‘histoire’ ne quittera jamais ce ton. Le vieil homme porte le nom de Santiago. Depuis des semaines aucun poisson n’est venu mordre aux appâts de ses lignes mais il ne désespère pas et pour la quatre—vingt-cinquième fois prend la mer. A l’aube, il s’en va loin vers le large ; à midi, il ferre un gros poisson. La lutte s’annonce âpre, car l’animal évolue en profondeur et entraine la barque ; les heures passent et la nuit sans que rien vienne interrompre cette course durant laquelle les deux adversaires donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ils ne sont pas ennemis mais tuer ou être tué est dans l’ordre naturel du monde de la mer [...] Pour avoir su refuser la défaite, il a enrichi à tout jamais la communauté, et jeunes et vieux, qui l’attendaient, savent maintenant pourquoi ils l’admireront lui qui a su, dans la solitude, rendre exemplaires leur peine et leur espoir [...] La réussite de ce livre est dans la beauté purement littéraire de l’écriture, et c’est sa meilleure chance de durer ». (T.F. Gallimard, 1952, Dictionnaire des Œuvres, VI, 668). Il s’agit de la dernière œuvre de fiction majeure produite par Hemingway et publiée de son vivant. Elle demeure son œuvre la plus célèbre et la plus recherchée. Cet ouvrage valut à Hemingway le double honneur du prix Pulitzer le 4 mai 1953, et du prix Nobel de littérature en 1954. The Old Man and the Sea fut d’ailleurs cité lors de l’annonce du Prix Nobel d’Hemingway en 1954 : "for his mastery of the art of narrative, most recently demonstrated in The Old Man and the Sea, and for the influence that he has exerted on contemporary style." Exemplaire en parfait état de conservation du roman le plus recherché d’Hemingway, avec la très belle jaquette illustrée conservée sans défaut.
Le somptueux exemplaire du baron de Longepierre (1659-1721) relié à l’époque par Boyet en maroquin bleu doublé de maroquin rouge. Amstelodami, ex Officina Elzeviriana, Anno 1656. 2 volumes in-4. T.I: (8) ff. y compr. le titre gravé, 716 pp., T. II(daté 1655): 536 pp., (22) ff. d’index. Maroquin bleu, emblème de la Toison d’or aux angles, au centre et quatre fois répétée aux dos, doublures de maroquin rouge, dentelle intérieure dorée, toison dorée au centre, tranches dorées sur marbrures. Reliure de Boyet, actif sous le règne de Louis XIV. 235 x 167 mm.
«Belle édition, dont le texte est formé sur ceux de Turnière et d’Estienne.» Brunet III, colonne 272. Edition en grec, accompagnée de la traduction latine. « Le plus grand fait de la civilisation grecque reste toujours ceci, qu’Homère devint de si bonne heure panhellénique. Toute la liberté intellectuelle et humaine où parvinrent les Grecs revient à ce fait… De temps en temps s’éleva du fond le plus intime de l’hellénisme une protestation contre Homère; mais il resta toujours vainqueur. Toutes les grandes puissances spirituelles exercent à côté de leur action libératrice, une autre action déprimante; mais, à la vérité, cela fait une différence que ce soit Homère ou la Bible ou la Science qui tyrannise les hommes !» Nietzsche. «Inscrivez en tête d’un papier le nom d’Homère. C’est le plus grand nom, mon enfant. Les dieux ne seraient rien, et non seulement les dieux, mais les hommes, s’il ne les avait pas chantés… Rien n’est aussi pur qu’Homère… C’est le plus grand. C’est le plus vieux. C’est le patron. C’est le père. Il est le maître de tout. Et notamment il est le maître de tout ce qu’il y a jamais eu de plus grand dans le monde, qui est le familier.» Charles Péguy. Merveilleux exemplaire relié spécialement par Boyet pour Hilaire-Bernard de Roqueleyne, Baron de Longepierre, « Longepierre (1659-1721) se distingua tellement de ses condisciples, dans ses études classiques, que Baillet le plaça parmi les Enfants célèbres. Il composa, comme on le sait, plusieurs tragédies qui toutes, à l’exception de sa ‘Médée’, eurent une fin tragique. Le succès de sa ‘Médée’ fit qu’il ne voulut d’autres signes héraldiques sur ses livres que la Toison d’Or. L’amour des livres contribua peut-être plus à sa notoriété que ses pièces de théâtre. L’auteur dramatique est presque oublié aujourd’hui, tandis que le bibliophile est resté en grande réputation parmi les amateurs.» (J. Guigard. Nouvel armorial du Bibliophile. Paris, 1890). Cet exemplaire fut vendu 200000 FF (30500 €) le 5 juin 1988, il y a 34 ans (Ref. Livres précieux, n°83). Ex-libris manuscrit ancien sur le titre et ex-libris gravé au verso de C.L. Robert Jardel.
Le plus bel exemplaire de cette édition cité et décrit par Cohen provenant des bibliothèques E. Odiot et Müller. A Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1712-1717. 6 volumes in-12 : Iliade : I/ cxvi pp. y compris 1 frontispice, 300 pp., 8 pl. hors texte ; II/ (2) ff. dont 1 frontispice, 389 pp. et 9 pl. hors texte ; III/ (2) ff. dont 1 frontispice, 373 pp., 9 planches hors texte. Odyssée : I/ cxviii pp. dont 1 frontispice, (1) f., 299 pp., 7 pl. hors texte ; II/ (1) f., 1 frontispice, 348 pp., 7 pl. hors texte ; III/ (1) f., 1 frontispice, 333 pp., 8 pl. hors texte ; Soit au total 3 frontispices, 1 fleuron qui se répète sur le titre de chaque volume, 26 figures pour l’Iliade, gravées par Broen et 3 frontispices et 22 figures de Farret pour l’Odyssée, gravées par Jonghe et V. Buysen. - Supplément à l’Homère de Madame Dacier (1 volume). Amsterdam, chez les Wetsteins, 1731. In-12 de 1 frontispice, (1) f., 164 pp., xlviii pp., (73) ff., 2 pl. hors texte dont 1 dépliante. Soit 7 volumes in-12, plein maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, dos à nerfs richement ornés, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 158 x 87 mm.
L’exceptionnel exemplaire E. Odiot complet des 7 volumes, cité et décrit par Cohen, adjugé 700 F. Or à la vente Müller contre 149 F. Or pour le bel exemplaire Daguin-Louis Cartier relié en maroquin ancien : « L’exemplaire Odiot, en maroquin rouge ancien, contenant de plus un 7ème volume (Vie d’Homère par Mme Dacier, de l’édition de 1731) a été vendu 700 fr., vente Müller (n° 71). » (Cohen, 494). « [Clio parle]. Inscrivez en tête d’un papier le nom d’Homère. C’est le plus grand nom, mon enfant. Les dieux ne seraient rien, et non seulement les dieux mais les hommes, s’il ne les avait pas chantés… Rien n’est aussi pur qu’Homère… C’est le plus grand. C’est le plus vieux. C’est le patron. C’est le père. Il est le maître de tout. Et notamment il est le maître de tout ce qu’il y a jamais eu de plus grand dans le monde, qui est le familier. » Charles Péguy. Madame Dacier (1651-1720) était la fille de Tanneguy-Lefebvre. « Elle collabora aux travaux de son mari, notamment à sa traduction de la Vie des Hommes illustres de Plutarque mais poursuivit une œuvre personnelle au moins aussi importante que celle d’André Dacier : traduction de Plaute, d’Aristophane, de Térence (1688) mais surtout de l’Iliade et de l’Odyssée qui lui valurent la gloire. Admiratrice fanatique d’Homère, Mme Dacier se trouva tout naturellement mêlée à la Querelle des Anciens et des Modernes qui venait de renaître et où les Modernes étaient soutenus par Lamotte et Hardouin. L’une des deux éditions les plus recherchées avec celle, concomitante de Paris, Rigaud, 1711-1716 dont Brunet décrit ainsi les différents exemplaires : « Les exemplaires reliés en maroquin, dont la reliure n'a rien d'extraordinaire, se donnent communément pour 60 ou 72 fr., comme on l'a pu remarquer aux ventes de Hangard, Bourdillon, Giraud, etc. ; mais on a payé 400 fr. à la vente Nodier un exemplaire en mar. r. dent. doublé de mar. v. dont pourtant la reliure de chacun des deux poëmes différait par la dorure, et nous- même avons fait pousser inutilement jusqu'à 750 fr. à la vente De Bure un exemplaire en mar. bleu rel. par Padeloup avec un soin tout particulier et une élégante simplicité ; cela prouve que le prix de ces sortes de livres dépend entièrement de la concurrence que fait naître la beauté de l'exemplaire, et qu'on aurait grand tort de rapporter ces prix sans faire mention des circonstances qui les ont motivés. Ainsi un exemplaire en mar. doublé de mar., a été vendu 1 010 fr. Baron Pichon, et acheté par un amateur de passage à Paris, qui le céda bien vite au libraire Aug. Fontaine, lequel en demandait et en trouva 1 400 fr. ; M. de Coislin avait payé ce charmant spécimen de la reliure de Boyet 400 fr. à la vente Nodier de I844. » Superbe exemplaire cité par Cohen, magnifiquement relié en maroquin rouge de l’époque, provenant des bibliothèques E. Odiot et Müller.
Rarissime édition originale de la traduction de l’Odyssée par Claude Boitel, la première version du texte intégral en prose française. Paris, chez la Veuve Matthieu Guillemot, au Palais en la gallerie des prisonniers, 1617. 3 parties reliées en 1 volume in-8 de : I/ (4) ff. y compris le titre frontispice, 409 pp., 5 planches à pleine page, (2) ff.bl. ; II/ 150 pp., 1 planche à pleine page, (1) f.bl. ; III/ 154 pp., (4) pp. pour le privilège et la marque de l’imprimeur, 1 planche à pleine page, (2) ff.bl. Relié en vélin souple de l’époque, traces de lanières, dos lisse avec le titre manuscrit. Quelques légères taches sans gravité. Reliure de l’époque. 173 x 110 mm.
Rarissime édition originale de la traduction de l’Odyssée par Claude Boitel, la première version du texte intégral en prose française. Inconnue des bibliographes, qui ne citent que la réédition de 1619. Claude Boitel (ou Boitet de Frauville) (1570-1625), avocat au Parlement de Paris, publie pour la première fois cette traduction de l’Odyssée en 1617 en l’agrémentant de nombreuses notes imprimées en marge des pages. Il dédicace son texte à « l’Illustrissime & Reverendissime Cardinal de La Roche-Foucault, Evêque de Senlis et Conseiller du Roy ». Dès le début du XVIe siècle, les hellénistes étaient à l’œuvre en France pour nous apprendre à lire, à expliquer des livres originaux en grec. De généreux esprits conduisaient bravement la phalange studieuse ; quelques Grecs même de l’Orient avaient jeté dans Paris l’étincelle de leur enthousiasme pour l’antiquité classique. Divers érudits proposent des traductions d’Homère dès le règne de François Ier. Jehan Samxon réalise ainsi dès 1530 une traduction française de l’Iliade. Mais il faut attendre 1570 pour que Pelletier du Mans propose une première traduction partielle de l’Odyssée (livres 1 et 2). Amadis Jamyn travaille à son tour sur l’Odyssée, et sa version française des 3 premiers livres parait en 1584. Salomon Certon est finalement le premier, en 1604, à donner une traduction intégrale des 24 livres de l’Odyssée, en vers français. Claude Boitel propose enfin, en 1617, la première traduction française en prose du texte complet de l’Odyssée. L’illustration, superbe, se compose d’un frontispice gravé par Léon Gaultier, du blason du cardinal de La Roche-Foucault au verso du titre et de 7 magnifiques gravures à pleine page en premier tirage par Matheus et Léon Gaultier, ainsi que de très beaux bandeaux et lettrines gravées sur bois. Bel exemplaire d’une grande pureté, imprimé sur papier fort (épaisseur : 5 cm contre 3,5 cm pour les exemplaires ordinaires), conservé dans son vélin souple de l’époque. Localisation des exemplaires parmi les Institutions publiques françaises : Rodez, Nancy, Beaune, B.n.F.
L’édition originale de ce recueil recherché de Victor Hugo, dans une fine reliure de l’époque en demi-maroquin bleu nuit. Hugo, Victor. Les Chants du crépuscule. Paris, Eugène Renduel, 1835. In-8 de xviii pp., (1) f., 334 pp. avec la table (la p. 334 est chiffrée par erreur 354). Quelques rousseurs. Relié en demi-maroquin bleu nuit de l’époque, plats de papier marbré bleu et noir, dos à nerfs orné de filets dorés. Reliure de l’époque. 205 x 127 mm. Edition originale recherchée, tirée à 2500 exemplaires, de l’un des plus beaux recueils de poésies de Victor Hugo. Carteret, I, 407. Exemplaire de tout premier tirage avec la faute page 70 non corrigée («salèvre» au lieu de «sa lèvre»). Le recueil réunit des poèmes composés de 1830 à 1835, essentiellement pendant l’automne 1835, alors qu’Hugo séjournait aux Roches, chez les Bertin. Il contient des pièces politiques dans lesquelles le poète se détache de la monarchie des Bourbons et chante même l’empereur. L'essentiel du recueil est en fait composé de pièces en vers relatives à la crise sentimentale que traverse le poète, déchiré entre ses devoirs d'époux (marié depuis 1822 avec Adèle Foucher) et sa passion pour sa maitresse Juliette Drouet (dans 13 poèmes XIV, XXI à XXIV, XXVI à XXXIII). Sainte-Beuve, jaloux de cette reconnaissance conjugale, se moqua de ces poèmes, ce qui affecta Adèle. «Recueil de poèmes de Victor Hugo (1802-1885), publié en 1835. Il fait suite aux ‘Feuilles d’automne’, mais l’intention évidente de l’auteur est de se placer à un point de vue opposé. On pressent cette figure caractéristique de poète-patriotique qui se précisera dans les deux volumes suivants qui complèteront en quelque sorte cette trilogie: ‘Les Voix intérieures’ et ‘les Rayons et les Ombres’. Le titre du recueil nous avertit que le poète pressent dans la vie des peuples et dans l’histoire de l’Europe le calme angoissant d’un ‘moment crépusculaire’. Mais est-ce le crépuscule du soir ou celui du matin?: ‘N’y voit-on déjà plus? N’y voit on pas encore?’ Il tend naturellement vers cette seconde hypothèse. Mi-journaliste, mi-poète, ainsi qu’on l’a nommé sans aucune mauvaise intention. Hugo va aborder tous les grands problèmes de l’histoire ou de la politique contemporaine en s’inspirant tantôt des événements les plus retentissants et, d’autres fois, de simples détails relevés dans les chroniques. Le tombeau de Napoléon Ier, le destin de Napoléon III, le suicide d’un jeune homme, un vote à la Chambre, la Grèce de Canaris, la Pologne opprimée, un bal à l’Hôtel de ville, tout est pour lui une occasion de composer ces longs poèmes sur un ton apocalyptique et lyrique et de faire une nouvelle satire des mœurs. […]. La seconde partie du recueil est consacrée à l’amour du poète pour Juliette Drouet; en revenant à des thèmes personnels, Hugo trouve des accents plus prenants et, avec une grâce exquise, il compose de délicats petits poèmes. Certaines images sont d’une rare beauté […].» (Dictionnaire des Œuvres, I, 675). Exemplaire très pur, conserve dans son demi-maroquin bleu nuit de l’époque, de ce monument de la poésie française en édition originale.
‘Exquis pour les gens du métier, original et essentiel entre les autres productions de l’auteur, le recueil des ‘Feuilles d’automne’ est aussi en parfaite harmonie avec ce siècle de rénovation confuse’ écrivait Sainte-Beuve.Hugo, Victor. Les feuilles d’automne.Paris, Eugène Renduel, 1832.In-8 de (2) ff. de faux-titre et titre, xiii pp. dont un frontispice, (1) f. (second faux-titre), 387pp., (2)ff. de table. Qq. piqûres. Relié en demi-veau fauve, dos lisse orné d’une large roulette dorée en tête et en pied ainsi que de nombreux filets dorés et à froid, pièces de titre et de tomaison en veau aubergine, tranches mouchetées. Reliure de l’époque signée Thouvenin.204 x 127 mm.Rare édition originale «tirée à 500 exemplaires seulement» (Clouzot, 145).Carteret,I, 403; Vicaire, IV, 272.«Rare sans mention d’édition» souligne Clouzot.««Il a été tiré quelques très rares exemplaires en grand papier dont on ignore le nombre… Ouvrage capital parmi les poésies de Victor Hugo, très rare, en bel état.» (Carteret).«Recueil de poèmes de Victor Hugo qui précède ‘les Chants du crépuscule’ et ‘les Rayons et les Ombres’. Le caractère de ce recueil semble défini par l’auteur lui-même dans sa préface: ‘Des feuilles tombées, des feuilles mortes, comme toutes feuilles d’automne. Ce n’est point là de la poésie de tumulte et de bruit; ce sont des vers secrets et paisibles, des vers comme tout le monde en fait ou en rêve, des vers de la famille, du foyer domestique, de la vie privée; des vers de l’intérieur de l’âme. C’est un regard mélancolique et résigné, jeté çà et là sur ce qui est, surtout sur ce qui a été. C’est l’écho de ces pensées, souvent inexprimables, qu’éveillent confusément dans notre esprit les mille objets de la création qui souffrent ou qui languissent autour de nous: une fleur qui s’en va, une étoile qui tombe, un soleil qui se couche, une église sans toit, une rue pleine d’herbe [...]’. Jamais Victor Hugo n’a été plus heureux dans l’expression, plus tendre et plus vrai que lorsqu’il parle de son enfance. Les grâces, les jeux des enfants, les regrets, les affections familiales, n’ont jamais été chantés par ce poète avec autant de pathétique [...] Ces vers sont de 1830; Victor Hugo avait donc 28 ans quand il les écrivait. Fallait-il qu’il eut déjà plongé au fond de toute chose pour en rapporter avant le temps ces fruits amers! Aussi cette âme d’une trempe extraordinaire ne pouvait-elle se contenter, malgré les confidences de la préface, d’une poésie au caractère purement intimiste. [....] En un mot, ses extraordinaires talents de peintre, son besoin de grandiose, de l’épique ne peuvent se donner libre cours que s’il fait assumer aux moindres souvenirs et circonstances de sa vie, un caractère héroïque, une signification exemplaire [...] C’est ainsi qu’à la voix moelleuse et tendre de Lamartine répond cette voix ardente et rauque: le légitimiste de 1820 s’apprête à devenir le chantre des grandes convulsions historiques, le poète de la tragédie des peuples. Aussi ce ‘paisible’ recueil s’achève-t-il sur une vision apocalyptique de l’Europe qui frémit encore sous la tyrannie et s’apprête à la révolte. Sainte-Beuve jugeait ainsi ‘les Feuilles d’automne’ ‘Exquis pour les gens du métier, original et essentiel entre les autres productions de l’auteur, le recueil des ‘Feuilles d’automne’ est aussi en parfaite harmonie avec ce siècle de rénovation confuse’. Le style, le rythme, y ont pris toute leur perfection. Le poète s’est surpassé en aisance et en naturel. Parmi les poèmes devenus célèbres il faut citer ‘Prière pour tous’, qui renferme des pages d’une rare beauté [...]» (Dictionnaire des Œuvres, III, pp. 89-90).Très bel exemplaire conservé dans son élégante reliure signée de l’époque, condition des plus rares pour cette originale recherchée.
Edition originale des Orientales de Victor Hugo, rare sans mention d’édition, complet de la rare originale de Sainte-Beuve.Hugo, Victor. Les Orientales.Paris, Charles Gosselin, libraire de S.A.R. Monseigneur le duc de Bordeaux et Hector Bossange, 1829.In-8 de (1) f.bl., (2) ff., 1 frontispice, xi pp., 424 pp., Prospectus de 16 pp. Maroquin rouge à grain long de Dubois d’Enghien, couvertures jaunes imprimées conservées, tranches dorées, étui, un mors frotté. 207 x 129 mm.Edition originale de première émission, comportant la couverture imprimée avant les mentions d’édition fictive, tirée à 320 exemplaires seulement.Talvart, IX, 13.«L’édition originale fut tirée à 1250 exemplaires, répartis en quatre éditions fictives: les trois dernières portant: troisième, quatrième ou cinquième édition, qui ainsi en sont fortement dépréciées. La première, sans mention d’édition, 300 exemplaires environ, en est du coup vivement recherchée». (Clouzot p. 144).«Ouvrage d’une grande rareté en bel état, un des chefs-d’œuvre de Victor Hugo». Carteret, I, 398.«‘Les Orientales’ sont restées célèbres comme la première manifestation du génie personnel du poète. Tandis que, dans les ‘Odes et ballades’, il avait donné les premières preuves d’un don lyrique qui se manifestait dans les directions les plus diverses, faisant alterner les audaces et les retenues calculées, ici, deux ans après ‘Cromwell’ qui l’avait placé au premier rang de la bruyante troupe romantique, Hugo prend résolument une attitude de chef d’école en joignant à une plus grande maîtrise de son art de vigoureux accents polémiques.Le recueil s’ouvre sur une préface où Hugo disserte sur la nouvelle poésie avec une chaude éloquence, bat en brèche les théories du classicisme, revendique pour la poésie française la plus grande liberté possible dans le choix du sujet et dans l’expression et conclut en souhaitant à la France, en termes extrêmement pittoresques ‘une littérature qu’on puisse comparer à une ville du Moyen Âge’ [...] Le légitimiste scrupuleux des ‘Odes’ lance déjà ses premiers traits contre le régime existant et n’hésite pas à montrer dans la révolution grecque un exemple de la rébellion des peuples modernes contre la tyrannie des rois [...]Il est admis que cette œuvre a ouvert la voie à une bonne part des audaces poétiques du XIXe siècle tout entier, ainsi qu’à cette prédilection pour le pittoresque, pour la couleur locale, qui devait être un des caractères les plus marquants de la poésie romantique. Certaines de ces poésies, d’une haute inspiration et d’un style particulièrement grandioses, sont dignes de ‘la Légende des siècles’ et nous font pressentir quels sommets sa poésie atteindra, dans ses prochaines œuvres». (Dictionnaire des Œuvres, V, 68)La présente édition est ornée d’un frontispice gravé sur acier, tiré sur chine collé: Clair de lune, et sur le titre d’une vignette sur bois: Les Djinns; l’un et l’autre d’après Louis Boulanger.Exemplaire à très grandes marges (hauteur: 207 mm) en bel état de conservation, l’un des rares, selon Clouzot, à contenir en édition originale le «Prospectus des Œuvres de V. Hugo» rédigé par Sainte-Beuve.Les exemplaires sans mention d’édition conservés dans leur reliure de l’époque sont de la plus grande rareté.
Rarissime exemplaire sur vélin fort. Hugo, Victor (1802-1885). Odes et Poésies diverses. A Paris, chez Pelicier, 1822. In-12 de (2) ff., ii pp., (1) f., 234 pp. Maroquin bleu, filets dorés encadrant les plats, dos à nerfs orné, double filet or sur les coupes, tranches dorées. Reliure de Chambolle-Duru. 147 x 95 mm. Edition originale tirée à 500 exemplaires: «devenue rare» mentionne Clouzot. Rarissime exemplaire sur vélin fort. (Clouzot, p. 143) Voici ce qu’on lit dans «Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie»: Louis XVIII prit le volume, le regarda, l’ouvrit et dit: «C’est mal fagoté… C’était un in-18 d’un papier gris sale imprimé en caractère de rebut, assez bon pour les vers… La couverture trop étroite était ornée d’un dessin figurant un vase entouré de serpents qui voulaient sans doute être ces serpents de l’envie, mais qui semblaient plutôt être les couleuvres d’une pharmacie s’échappant de leur bocal.» (Carteret, I, 389). Il y a deux intentions dans la publication de ce livre, l’intention littéraire et l’intention politique; mais, dans la pensée de l’auteur, la dernière est la conséquence de la première, car l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses. On pourra voir dans l’arrangement de ces Odes une division qui, néanmoins, n’est pas méthodiquement tracée. Il a semblé à l’auteur que les émotions d’une âme n’étaient pas moins fécondes pour la poésie que les révolutions d’un empire. Au reste, le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses. Les beaux ouvrages de poésie en tout genre, soit en vers, soit en prose, qui ont honoré notre siècle, ont révélé cette vérité, à peine soupçonnée auparavant, que la poésie n’est pas dans la forme des idées, mais dans les idées elles-mêmes. La poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout. Rarissime exemplaire sur vélin, à grandes marges, revêtu d’une superbe reliure en maroquin bleu de Chambolle-Duru.
Précieux exemplaire finement relié par Mercier avec les rares couvertures gris clair imprimées conservées. Paris, chez Persan, 1823. 4 tomes en 4 volumes in-12 de : I/ viii pp., 316 ; II et III/ (2) ff. et 237 pp. ; IV/ (2) ff., 347 pp. Ex libris manuscrit répété sur les titres. Reliés en demi maroquin bleu nuit à grain long à coins, filets dorés délimitant les zones de maroquin, dos lisses finement ornés en long de fers rocaille et filets dorés, non rognés, couvertures grises imprimées et dos conservées. Reliure signée de Mercier. 180 x 108 mm.
Rare édition originale du premier roman de Victor Hugo. Vicaire, IV, 236. « Un article bienveillant de Charles Nodier dans ‘La Quotidienne’, au sujet de ‘Han d’Islande’, fut le début des rapports avec Hugo et de l’étroite amitié qui s’ensuivit. » (Carteret) « Les couvertures encadrées ont été imprimées sur papiers différents, gris clair et rouge rosé ; elles sont sans nom d’imprimeur. Il en existe de muettes avec étiquettes imprimées ; ce sont celles qu’on rencontre le plus souvent. Ouvrage très rare, surtout avec les couvertures imprimées, et fort estimé. » (Carteret, I, 390). « L’action se déroule dans un royaume imaginaire d’Islande, au XVIIe siècle. Un bandit sanguinaire, Han d’Islande, terrorise la population. On entoure sa vie de sombres légendes [...] On assiste à la sombre tragédie de Han, être bestial, qui vit seul avec un ours et ne s’abreuve que de sang humain [...] Ce roman nous révèle déjà la manière de Hugo : ses contrastes violents où l’on décèle le combat perpétuel du bien et du mal. Le personnage de Han atteint à une hallucinante puissance lyrique et fait de ce livre un des documents les plus significatifs du premier romantisme ». (Dictionnaire des Œuvres, III, 347). Précieux exemplaire finement relié par Mercier avec les rares couvertures gris clair imprimées conservées. Provenance : P. Villeboeuf avec ex libris.
Édition originale de cet ouvrage « peu commun et très recherché » (Clouzot, 144). Paris, Mame et Delaunay-Vallée, 1830. In-8 de : I/ (2) ff., vii pp., (1) p. de personnages, 154 pp., 12 pp. Demi-maroquin rouge à grain long à coins, dos lisse orné en long, non rogné, couvertures beige imprimées conservées. Reliuré signée de Mercier succ. de Cuzin. 225 x 139 mm.
Édition originale de cet ouvrage « peu commun et très recherché » (Clouzot, 144). Carteret, I, 399 ; Vicaire, IV, 251-252. Exemplaire du premier tirage avec la page 80 chiffrée 78 et les 12 pages de catalogue d’éditeur. « C’est, avec ‘Ruy Blas’, une des meilleures pièces de l’auteur au répertoire de la Comédie-Française. » (Carteret). « Hernani est fondé tout entier sur la fatalité de la passion et sur le respect des lois chevaleresques. Ce drame, nettement inspiré par la tradition romantique, celle du “Cid” de Corneille et celle des “Brigands” de Schiller, possède une indéniable force poétique susceptible de ravir et de transporter le lecteur. La magie du verbe fait accepter les situations les plus extraordinaires. La passion amoureuse trouve, dans les célèbres dialogues entre doña Sol et Hernani, des accents impérissables. C’est parce que “Marion Delorme” avait été interdite, en 829, que le poète dut la remplacer, à la Comédie-Française, par cet ouvrage qu’il écrivit en un mois. Lors de la première représentation se déchaîna l’attaque des jeunes romantiques, conduits par Théophile Gautier, contre le public bourgeois encore attaché aux formes traditionnelles. La légendaire soirée a été racontée par Théophile Gautier lui-même dans son “Histoire du Romantisme”. De violentes polémiques suivirent ce tumulte, demeuré célèbre sous le nom de “bataille d’Hernani”, première grande bataille du nouveau théâtre romantique. » Bel exemplaire à toutes marges (hauteur : 225 mm) provenant de la bibliothèque Meeûs, avec ex libris gravé, finement relié par Mercier, avec les couvertures conservées. Ex libris Aimé Laurent.
Rare édition originale « tirée à 500 exemplaires seulement » (Clouzot, 145). Paris, Eugène Renduel, 1832. In-8 de (2) ff. de faux-titre et titre, xiii pp. dont un frontispice, (1) f. (second faux-titre), 387 pp., (2) ff. de table. Qq. rares piqûres. Relié en demi-maroquin vert, dos lisse orné de fleurons dorés et mosaïqués de maroquin rouge, pièce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 203 x 127 mm.
Rare édition originale « tirée à 500 exemplaires seulement » (Clouzot, 145). Carteret, I, 403; Vicaire, IV, 272. « Rare sans mention d’édition » souligne Clouzot. « Il a été tiré quelques très rares exemplaires en grand papier dont on ignore le nombre … Ouvrage capital parmi les poésies de Victor Hugo, très rare, en bel état. » (Carteret). « Recueil de poèmes de Victor Hugo qui précède ‘les Chants du crépuscule’ et ‘les Rayons et les Ombres’. Le caractère de ce recueil semble défini par l’auteur lui-même dans sa préface : ‘Des feuilles tombées, des feuilles mortes, comme toutes feuilles d’automne. Ce n’est point là de la poésie de tumulte et de bruit ; ce sont des vers secrets et paisibles, des vers comme tout le monde en fait ou en rêve, des vers de la famille, du foyer domestique, de la vie privée ; des vers de l’intérieur de l’âme. C’est un regard mélancolique et résigné, jeté çà et là sur ce qui est, surtout sur ce qui a été. C’est l’écho de ces pensées, souvent inexprimables, qu’éveillent confusément dans notre esprit les mille objets de la création qui souffrent ou qui languissent autour de nous : une fleur qui s’en va, une étoile qui tombe, un soleil qui se couche, une église sans toit, une rue pleine d’herbe [...]’. Jamais Victor Hugo n’a été plus heureux dans l’expression, plus tendre et plus vrai que lorsqu’il parle de son enfance. Les grâces, les jeux des enfants, les regrets, les affections familiales, n’ont jamais été chantés par ce poète avec autant de pathétique [...] Ces vers sont de 1830 ; Victor Hugo avait donc 28 ans quand il les écrivait. Fallait-il qu’il eut déjà plongé au fond de toute chose pour en rapporter avant le temps ces fruits amers ! Aussi cette âme d’une trempe extraordinaire ne pouvait-elle se contenter, malgré les confidences de la préface, d’une poésie au caractère purement intimiste. [....] En un mot, ses extraordinaires talents de peintre, son besoin de grandiose, de l’épique ne peuvent se donner libre cours que s’il fait assumer aux moindres souvenirs et circonstances de sa vie, un caractère héroïque, une signification exemplaire [...] C’est ainsi qu’à la voix moelleuse et tendre de Lamartine répond cette voix ardente et rauque : le légitimiste de 1820 s’apprête à devenir le chantre des grandes convulsions historiques, le poète de la tragédie des peuples. Aussi ce ‘paisible’ recueil s’achève-t-il sur une vision apocalyptique de l’Europe qui frémit encore sous la tyrannie et s’apprête à la révolte. Sainte-Beuve jugeait ainsi ‘les Feuilles d’automne’ ‘Exquis pour les gens du métier, original et essentiel entre les autres productions de l’auteur, le recueil des ‘Feuilles d’automne’ est aussi en parfaite harmonie avec ce siècle de rénovation confuse’. Le style, le rythme, y ont pris toute leur perfection. Le poète s’est surpassé en aisance et en naturel. Parmi les poèmes devenus célèbres il faut citer ‘Prière pour tous’, qui renferme des pages d’une rare beauté [...] » (Dictionnaire des Œuvres, III, pp. 89-90). Très bel exemplaire cette originale recherchée conservé dans son élégante reliure de l’époque. Ex-libris Dousse est l’amitié.
L’un des rarissimes exemplaires sur papier vert d’eau. Paris, Pagnerre, 1862. 10 volumes grand in-8 de : I/ (4) ff., 357 pp. (mal numérotées 355), (1) f.bl., 2 illustrations hors texte ; II/ (2) ff., 382 pp., (1) f.bl., 2 illustrations hors texte ; III/ (2) ff., 358 pp., (1) f.bl., 2 illustrations hors texte ; IV/ (2) ff., 318 pp., (1) f.bl., 2 illustrations hors texte ; V/ (2) ff., 320 pp., 1 illustration hors texte ; VI/ (2) ff., 297 pp., (1) f.bl., 2 illustrations hors texte ; VII/ (2) ff., 432 pp., 2 illustrations hors texte ; VIII/ (2) ff., 399 pp., 3 illustrations hors texte ; IX/ (2) ff., 400 pp., 2 illustrations hors texte ; X/ (2) ff., 311 pp., 2 illustrations hors texte, (2) ff. d’album. Suite des 20 gravures sur acier par Outhwaite d’après Castelli et De Neuville, publiée par Lacroix et Verboecken en 1869. Couvertures illustrées de la suite reliées en fin du tome X. Demi-maroquin rouge à coins, filets dorés aux coins et aux mors, dos à nerfs ornés de filets dorés, caissons ornés d’une grecque, têtes dorées, nombreux témoins. Reliure de l’époque signée de Champs. 238 x 150 mm.
Édition originale française de ce grand roman de Hugo, vaste réquisitoire social, publié lors de l’exil de l’auteur à Guernesey. Exemplaire de première émission, sans mention d’édition. Clouzot, Guide du bibliophile, 150 ; Talvart, IX, p.40 ; Carteret, I, 421. « Ouvrage capital et universellement estimé. Un des plus colossaux succès de librairie, c’est un des livres qui s’est le plus vendu ; il se vend et se vendra encore longtemps ». (Carteret). L’un des rarissimes exemplaires sur papier vert d’eau du chef-d’œuvre romanesque de Victor Hugo. Les bibliographes indiquent qu’il a été tiré « quelques exemplaires » sur papier de Hollande et sur papier vert d’eau « qui sont fort rares ». Carteret cite trois exemplaires sur Hollande mais aucun sur papier vert d’eau. Vicaire quant à lui ne cite qu’un exemplaire sur papier vert d’eau, celui de Jules Janin. Les exemplaires du tirage sur papier de couleur ne furent distribués que plus tard. Suite à la liquidation de l’éditeur Lacroix, de 25 qu’ils étaient, moins d’une dizaine ont survécu et il n’a pas été fait de couverture. Entreprise en 1845, dans un sentiment d’indignation et de pitié, cette épopée généreuse du peuple, fruit d’une longue élaboration ne serait achevée qu’en 1861, durant l’exil de Guernesey. Les Misérables s’inscrivaient à contre-courant des choix esthétiques du temps : tendance à « l’impassibilité » et « école de l’Art pour l’Art ». Hugo fixe d’ailleurs clairement la mission de son livre dans la Préface : « Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers... tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles ». « Les Misérables » s’imposèrent aussitôt malgré les premières réticences de la critique et le succès populaire fut immense. Nombreux furent les bibliographes, comme Talvart, à voir en l’édition Pagnerre la véritable originale. Il est à présent établi que l’édition belge précéda de quelques jours l’édition française. Ce roman fut le plus grand succès d'édition du XIXe siècle. Exceptionnel exemplaire dans une condition de fraicheur irréprochable, à toutes marges avec de nombreux témoins, très élégamment relié à l’époque par Champs. L’exemplaire est enrichi de la suite des 20 gravures sur acier par Outhwaite d’après Castelli et De Neuville, publiée par Lacroix et Verboecken en 1869, avec les couvertures illustrées de l’album.
Précieux exemplaire conservé dans son élégante reliure de l’époque en demi-veau bleu. Paris, Charles Gosselin, 1831. 2 volumes in-8 de : I/ (4) ff. pour le faux titre, le titre et la préface, 404 pp. ; II/ (2) ff., 536 pp. pour le tome 2. Les deux titres sont ornés de vignettes de Tony Johannot gravées sur bois par Porret. Relié en demi-veau bleu, dos lisses. Reliure de l’époque. 205 x 126 mm.
Edition originale du célèbre et premier grand roman de Victor Hugo. Carteret, I, pp. 400-402 ; Escoffier 870 ; Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, IV, 256-257. Exemplaire de la seconde tranche, avec le nom de l’auteur figurant sur le titre et la mention fictive « Seconde édition » au-dessous du titre. « Depuis que l’exemplaire de Gosselin est passé en vente publique (Vente Leroy, 26-27 mars 1931, n° 328), il n’y a plus de discussion possible sur le fait que la mention d’une deuxième ou troisième édition n’enlève rien au caractère d’édition originale d’un livre. L’exemplaire Gosselin-Leroy portait en effet sur une quatrième édition de Notre-Dame de Paris, 1831, la note autographe suivante : “Édition originale tirée à 1100 exemplaires qui ont été, suivant l’usage de la librairie à cette époque, divisés en quatre éditions. [Signé]. Charles Gosselin, éditeur”. » Escoffier, Le Mouvement romantique, 870. Michaux conclut de même dans le Bulletin du bibliophile, 1931 : « les exemplaires ainsi faussement désignés de seconde, voire de 3e édition appartiennent authentiquement à l’édition originale ». « Cette édition originale, en bel état, est la plus rare de toutes les œuvres de l’auteur ; elle a eu un retentissement mondial, et c’est une des plus difficiles à se procurer de la période romantique » (Carteret). Précieux exemplaire conservé dans son élégante reliure de l’époque en demi-veau bleu.
Exemplaire très pur, conserve dans son demi-chagrin vert de l’époque, de cette originale littéraire rare et recherchée. Paris, Delloye, Libraire, 1840. In-8 de (2) ff., xiii pp., (1) f., 389 pp. Relié en demi-chagrin vert de l’époque, dos à nerfs orné de filets dorés, caissons avec encadrements de 4 filets dorés, tranches jaspées. 210 x 133 mm.
Édition originale de cet « ouvrage rare et recherché » tiré à 1500 exemplaires. (Carteret). Escoffier, 1392; Clouzot p. 147; Catalogue Rothschild, 876; Bulletin Morgand et Fatout, 11204; Carteret, I, p. 412. Il n’y eut pas de tirage sur grand papier. «Les Rayons et les Ombres dépassent en grandeur et en harmonie les plus beaux chants des ‘Feuilles d’automne’. Il y a dans tout ce recueil une élévation de pensées, une douceur de sentiment, une supériorité de bienveillance, un calme majestueux […]. Dans les Rayons et les Ombres, tout est modèle, tout est beau. Il faut lire les vers qui terminent le volume et qui sont adressés à mademoiselle Louise Bertin». (Emile de Girardin, Œuvres complètes, p. 17). «Dans la pensée de l’auteur, ce volume reste lié aux trois recueils de poèmes qu’il avait publiés depuis 1830 (‘les Feuilles d’automne’, ‘les Chants du crépuscule’, ‘les Voix intérieures’) et dans lesquels se trouvent confondues les plus extraordinaires qualités d’expression et les tours les plus déclamatoires […]. Victor Hugo se dégage assez de lui-même pour atteindre à des accents bouleversants, à une grâce fière et magnifique: parmi les chefs-d’œuvre de cette veine, il faut citer ‘Les 7 août 1829’, ‘Rencontre’, ‘Oceano Nox’, ‘Caeruleum mare’, ‘Guitare’ (qui témoigne d’une surprenante virtuosité), et la ‘Tristesse d’Olympio’, poème limpide et solennel. Tous ces poèmes ont leur place dans les anthologies, et à juste titre: la plénitude du génie de Victor Hugo, alors à sa maturité, s’y manifeste, avant qu’il atteigne au lyrisme grandiose et demeuré des ‘Contemplations’». (Dictionnaire des Œuvres, V, p. 655). «Dans ‘Les Rayons et les Ombres’, le cœur du poète se montre au premier plan […]. Parmi les rayons, le plus chaudement coloré c’est le délicieux souvenir d’enfance intitulé ‘ce qui se passait aux Feuillantines en 1831’. Là le poète raconte avec une sensibilité ravissante une petite scène de famille dont il est le héros […]. Voilà les plus brillants rayons parmi ceux qui éclairent le front du poète. Non seulement on admire de pareils vers, mais on se sent meilleurs après les avoir lus: c’est le plus beau triomphe qu’un écrivain puisse se proposer. Quant aux Ombres, nous citerons comme une espèce d’andante poétique, les ‘Tristesses d’Olympio’, intimes épanchements d’une âme de feu. C’est l’auteur qui raconte les souvenirs de sa bouillante et mystérieuse jeunesse. Ce morceau est plein d’une mélancolie douce et majestueuse. Le ‘Fiat voluntas’ est déchirant; il donne un frisson glacial». (L’Université catholique, recueil religieux, philosophique, scientifique, littéraire, 1840, pp. 297-300). Exemplaire très pur, conserve dans son demi-chagrin vert de l’époque, de cette originale littéraire rare et recherchée. Seules deux bibliothèques publiques françaises possèdent cette édition originale.
Magnifique exemplaire conservé dans son élégante reliure de l’époque. Paris, Eugène Renduel, 1831. In-8 de xv pp., 191 pp., (5) pp., demi-cuir de Russie fauve à coins, dos à faux nerfs orné, tranches mouchetées. Reliure de l'époque. 196 x 127 mm.
Edition originale. Bel exemplaire en reliure du temps, de la bibliothèque de tsarskoïe selo, résidence des tsars, près de Saint-Pétersbourg (cachet). «Edition originale importante et rare en belle condition» (Carteret, I, 403). On joint un manuscrit autographe de Victor Hugo (2 pages in-4) modifiant un passage de la scène deuxième de l'Acte V. Le poète a noté en marge ; "m'envoyer épreuve." Cette correction n'a pas été retenue dans les éditions ultérieures. Marion Delorme est un drame en cinq actes, en vers, représenté sur le théâtre de la Porte Saint-Martin le 11 août 1831. La pièce, terminée dès 1829, avait pour titre Un duel sous Richelieu. La censure, qui voulut voir dans le personnage du roi Louis XIII une allusion au souverain régnant, Charles X, interdit la représentation. Marion Delorme était une des plus belles et des plus intelligentes courtisanes qui défrayèrent la chronique du XVIIe siècle ; Hugo s'inspira du personnage, en le transposant dans le domaine de la poésie romantique. Dans le drame, Marion, devenue Marie, mène une existence solitaire, purifiée par l'amour respectueux et chaste de Didier, un mystérieux gentilhomme toujours de noir vêtu, mélancolique et cependant confiant en la pureté de Marion. Son amour chevaleresque le conduit à croiser le fer avec le marquis Gaspard de Saverny, ancien amant de Marion, qui a eu, en la reconnaissant, l'indélicatesse de s'en souvenir. Le duel est interrompu par l'arrivée des gardes du Cardinal, qui arrêtent Didier, tandis que le marquis leur échappe en se faisant passer pour mort. Richelieu, ennemi juré des mousquetaires du roi, bretteurs invétérés, avait ordonné la peine de mort pour quiconque serait surpris les armes à la main ; le sort de Didier est donc fixé. Marion l'aide à s'enfuir, et les deux amants se mêlent à une compagnie de comédiens ambulants. Laffemas, espion du Cardinal, reconnaît Marion et remonte aisément de là à Didier et au marquis de Saverny, qui assistait en toute tranquillité d'âme à son propre enterrement. Toute supplique au roi est vaine ; le bouffon L'Angely parvient cependant à arracher la grâce, mais le Cardinal obtient l'annulation de la mesure. Le sacrifice de Marion, qui s'abandonne au sinistre Laffemas, est lui-même inutile. Les deux jeunes gens doivent mourir et tout est prêt pour l'exécution. Quelques instants avant de mourir, Didier, qui avait maudit Marion de l'avoir trompé, est soudain touché par le désespoir de la femme ; il lui crie alors son pardon et son amour dans un mot qui la réhabilite : « Épouse ! » Le drame est dominé par la figure de Richelieu ; dans une des premières scènes, nous assistons même à une controverse littéraire sur les mérites du Cid (représenté en 1636, année au cours de laquelle l'action est censée se dérouler). Écrit six mois après Cromwell, ce drame est un des plus achevés et des plus caractéristiques du théâtre romantique ; il n'y manque aucun, ou presque, des motifs considérés comme indispensables au genre : passions impétueuses, conflits de sentiments, héros mystérieux, déguisements. On y trouve surtout, portée à la scène, une des idées les plus chères au cœur de la jeune école romantique, la réhabilitation et le rachat de la courtisane à travers l'épreuve d'un pur amour. Magnifique exemplaire conservé dans son élégante reliure de l’époque vendu 18 000 FF (≈ 3 000 €) il y a 46 ans (1978).
Précieux exemplaire A. Claudin, Jules Claretie et P. Villeboeuf cité et décrit par Carteret. Paris, au Bureau du Conservateur littéraire, 1819-20. 3 volumes in-8 de : I/ (1) f., 404 pp., 2 portraits hors-texte dont un à double page ont été ajoutés au début du volume ; II/ (2) ff., 404 pp. mal ch. 504 ; III/ 416 pp. Relié en demi-maroquin vert à grain long à coins, dos lisses ornés d’un motif romantique doré en long, filets dorés sur les plats. V. Champs. 197 x 125 mm.
Edition originale « extrêmement rare » (Clouzot, Guide du Bibliophile Français, p. 142) contenant notamment l’édition originale de Bug-Jargal. En 1819, par le conseil de Chateaubriand, qui avait deviné le talent littéraire des trois frères Hugo et qui s’intéressait à leur avenir, Abel fonda, de concert avec Eugène et Victor, Le Conservateur littéraire. Cette revue devait être, dans sa pensée, le complément indispensable du Conservateur politique, auquel la collaboration de Chateaubriand avait donné tant de vogue et tant d’éclat. Les trois frères qui vivaient dans une touchante harmonie, et qui n’avaient pas d’autre rivalité que l’amour des lettres, étaient à peu près les seuls rédacteurs du Conservateur littéraire, dans lequel chacun d’eux reparaissait continuellement sous différents pseudonymes et sous des initiales différentes. Chacun d’eux était tour à tour critique, poète, romancier, moraliste, pour varier la rédaction des livraisons hebdomadaires, qui produisaient toujours beaucoup d’effet dans le petit monde des écrivains, sans amener les abonnés à l’aide desquels le recueil aurait pu continuer. Enfin après dix-huit mois de persévérance et d’effort, il fallut renoncer à une publication qui ne faisait pas ses frais. « Il n’a paru de cette Revue que trente livraisons formant trois volumes in-8, Paris, A. Boucher, 1819-20. On lit dans une note du ‘Catalogue de livres provenant de la bibliothèque de M. de N***’ (1856) ‘Victor Hugo écrivait sous son nom et sous diverses initiales pseudonymes la plupart des articles de critique littéraire qu’il n’a pas recueillis dans ses Mélanges. On y trouve aussi la première édition de Bug-Jargal et des pièces de vers qui manquent encore à ses œuvres complètes. Victor Hugo signe tantôt V., tantôt H., tantôt V. d’Auverney, tantôt M., et quelquefois il ne signe pas du tout. Son frère Abel signe A. ; son frère Eugène, E. Parmi les rédacteurs, on reconnaît Theodore Pavie, Ader, J. Sainte-Marie, etc. Il faut signaler la fameuse épître Les Vous et les Tu, signée Aristide ; la Lettre de Publicola Petissot, les traductions de Virgile, de Lucain et d’Ossian, qu’on voudrait voir ajoutées aux œuvres de Victor Hugo’. » Cette revue, dit Charles Asselineau, dans sa Bibliographie romantique, 2ème édition, p. 265, « a été fondée par Eugène et Victor Hugo et rédigée, pour la plus grande partie, par celui-ci. Alfred de Vigny collabora à cette revue. » Cette édition originale est infiniment rare. Vicaire dans le Manuel de l’Amateur imprimé en 1895, ne cite qu’un seul exemplaire, incomplet, adjugé cependant 810 F Or à la Vente Noilly de 1886, enchère considérable pour l’époque. « Paul Lacroix avait acheté son exemplaire du Conservateur littéraire 80 fr. à une vente de la salle Silvestre ; cet ex. avec une nouvelle reliure en maroquin myrte jans. tr. dor. (Marius Michel) a été adjugé 810 fr., Noilly » Il était incomplet de la table du tome Ier. Carteret, dans Le Trésor du bibliophile imprimé en 1924, ne cite que deux exemplaires complets dont le nôtre « Claretie, 1918 , 3 vol. in-8, demi-maroquin de Champs vendu 3 055 F en 1918 » et un second exemplaire, dédicacé à Juliette Drouet, adjugé 46 000 F il y a 50 ans, en 1972, enchère alors considérable ; proche du prix obtenu cette même année 1972 par le superbe exemplaire des Œuvres de Louise Labé imprimées à Lyon en 1556 revêtu d’une reliure doublée aux écussons pour Charles Nodier (références : Bibliothèque R. Esmerian. Première partie, 6 juin 1972. Paris, n°82). Un tel exemplaire se négocierait aujourd’hui 300 000 €. Superbe exemplaire cité par Carteret dans lequel on a relié en tête deux portraits de Victor Hugo : l’un à la manière noire par Célestin Nanteuil, daté 1832, l’autre lithographié sur double page par V. Ratier, provenant des bibliothèques A. Claudin, célèbre bibliographe, enrichi de deux billets autographes qui lui furent adressés en juin 1900 par le romancier Paul Meurice (1818-1905), ami intime de Victor Hugo. Paul Meurice emprunte ces volumes à Claudin - son propre exemplaire étant prêté pour « l’exposition centenale du livre » - puis le complimente sur son « précieux exemplaire… avec sa reliure dans le goût du temps et les deux portraits… il est parfait » ; Jules Claretie (vendu 3 055 F en 1918) et P. Villeboeuf, éminent bibliophile du siècle dernier avec ex-libris.
L’exemplaire relié à l’époque aux armes et chiffre du roi Louis XV. Paris, Imprimerie Royale, 1761. In-folio, 1 f. de titre, XXII-558 pages, clvvviii pages, 2 cartes dépliantes. Plein veau fauve marbré, triple filet doré autour des plats, armoiries du roi Louis XV frappé or sur les plats, dos à nerfs orné du chiffre royal couronné répété cinq fois par caisson, d’étoiles et de fleurs de lys, coupes décorées, roulette intérieure, tranches marbrées. Reliure royale de l’époque. 400 x 253 mm.
Edition originale basée sur un manuscrit de Joinville acquis par le roi Louis XV, et provenant de la bibliothèque enlevée à Bruxelles par Maurice de Saxe. Elle donne le texte original de Joinville avec un minimum d'altérations. La langue a conservé toute sa robuste naïveté. Cette édition, imprimée sur papier vergé, est illustrée d'un fleuron sur le titre, gravé par Lemire, de 3 vignettes par Eisen et Gravelot, de 3 culs-de-lampe de Gravelot, gravés par Lemire et Sornique, de 3 lettres gravées et de 2 cartes dépliantes par d'Anville. Jean de Joinville (1224-1317), écuyer tranchant du comte de Champagne, sénéchal de Champagne, croisé en 1248 à la suite de Louis IX, participa à la prise de Damiette (1249) et à la bataille de Mansourah (1250) ; fait prisonnier avec le roi, malade, libéré et rapatrié à Saint-Jean-D'acre (1250), il prolongea son séjour en Terre Sainte avec Louis IX (1251-1254) qui le prit à son service et dont il devint le confident, l'admirateur et le conseiller. Ses "Mémoires" furent composés entre le 1er novembre 1305 et le 30 avril 1306, à la demande de la reine Jeanne de Navarre. Le récit commence peu de temps avant la septième croisade pour s'achever seize ans après, l'expédition proprement dite occupant les deux tiers de l'ouvrage. Ce livre d'histoire et de littérature documentaire, qui relate, avec le talent d'un peintre, ce que Joinville connaît par expérience personnelle, est aussi un ouvrage d'édification à desseins didactiques. Louis IX incarne en effet les valeurs du bon chrétien, du roi fort et juste, du chevalier preux et courtois ; il illustre un modèle à méditer, en donnant un certain nombre de leçons, dont la principale, à l'adresse des princes, consiste à mériter sa supériorité sociale. Le premier exemple de littérature de témoignage : cet ouvrage, qui fait revivre l'homme autant que le roi et le saint, est l'œuvre d'un témoin oculaire qui finit par écrire son autobiographie ; Joinville s'est mis lui-même dans son récit où il se détache en pleine lumière. (« Belle édition », Brunet, III-556-557 - Jean Dufournet, "En Français dans le texte", n°24 - Hauser, "Les Sources de l'histoire de France", III, 2537 - Quérard, "La France littéraire", IV, 230 - Cohen, 518-519 - Tchemerzine, III, 779). Fort bel exemplaire conservé dans sa reliure aux armes et chiffres royaux de l’époque.
« Avec trente ou quarante volumes qui, sans offrir un intérêt plus vif, tiennent un rang plus élevé et que la postérité désignera, la Bibliothèque Bleue est bientôt tout ce qui restera de notre littérature et de notre langue» (Charles Nodier). Paris, Costard, 1775-1776 et Fournier, 1783. 7 ouvrages en deux volumes in-8 comprenant: I/ Histoire de Pierre de Provence: 8 pp. et 78 pp., 1 planche ; Histoire de Robert le diable: (1) f., 84 pp., 1 planche; Histoire de Richard sans peur, duc de Normandie: 71 pp., 1 planche; Histoire de Fortunatus: vii pp., 100 pp., 1 planche; Histoire des enfans de Fortunatus: 96 pp., 1 planche; II/ Histoire de Jean de Calais: 78 pp., 1 planche; Les Quatre Fils d’Aymon: 108 pp., (1) f. puis pp. 109 à 194, (1) f. puis pp. 195 à 269, (2) pp., la dernière doublée. Basane marbrée, dos à nerfs ornés, pièces de titre rouge et de tomaison verte, coupes décorées, tranches rouges. Reliure de l’époque. 221 x 137 mm.
Édition collective fort rare, de la fameuse « Bibliothèque bleue», événement culturel et littéraire de la France d’Ancien régime. «Cette bibliothèque bleue présente les anciens romans populaires dans la langue moderne» (Brunet). Cette édition est considérée par Brunet comme la plus belle. Le présent exemplaire rassemble sept romans reliés à l’époque provenant soit de l’édition Costard (1775-1776), soit de la réédition qu’en donna Fournier en 1783, à savoir, les histoires de: Pierre de Provence et de la belle Magdelonne (Costard, 1776) - Robert le diable, duc de Normandie (Fournier, 1783) - Richard sans peur (ibid. 1783) - Fortunatus (rue Saint Jean de Beauvais, i.e. Costard, 1776) - Enfans de Fortunatus (ibid. 1775) - Jean de Calais (Costard, 1776) - Quatre fils d’Aymon (Fournier, 1783, en 3 parties). « Charles Nodier, l’auteur de Jean Sbogar, de la Fée aux Miettes, des Sept châteaux du Roi de Bohême et de tant d’autres productions séduisantes, a tracé de la Bibliothèque Bleue, qui confine aux épopées chevaleresques, un panégyrique sans réserve, où respirent les mêmes convictions, avec une nuance d'enthousiasme encore plus prononcé. « Aucune lecture, a-t-il écrit, ne laisse à la mémoire des réminiscences plus aimables, plus touchantes et, je ne crains pas de le dire, plus utiles à la conduite de la vie. Il n'y a point de cœur si blasé qui ne tressaille encore au nom de la belle Maguelonne et de son ami Pierre de Provence, qui à son aspect « cherchoit de grant soucy en quelle manière commencer à parler, car il ne savoit s'il étoit en l'air ou en la terre, et ainsi fait Amour à ses subjects ». Candeur et bravoure, franchise et loyauté, patience et dévouement, tous les traits distinctifs de notre vieux caractère national brillent d'un éclat ineffaçable dans les chroniques aujourd'hui si délaissées de la Bibliothèque Bleue, comme les hiéroglyphes sur les obélisques de Ramessès. Ils s'y lisent toujours, mais il faut une âme pour les déchiffrer. Ce n’est du moins pas une peine perdue pour ceux qui daignent la prendre et, je le déclare intrépidement à la face de nos savantes Académies : la douce résignation des Grisélidis et les courageuses épreuves de Geneviève de Brabant ont rendu populaires plus d'excellentes leçons de morale qu'il n'en sortira jamais de toutes les élucubrations politiques, statistiques, esthétiques, philanthropiques et humanitaires, entre lesquelles se partagent annuellement les prodigalités stériles de M. de Monthyon » Chaque texte est illustré d'une très belle planche à pleine page gravée par Patas, J. B. C. Chatelain, J. Marchand, R. Davaux et Le Grand d'après Claude-Louis Desrais (1746-1816). « Avec trente ou quarante volumes qui, sans offrir un intérêt plus vif, tiennent un rang plus élevé et que la postérité désignera, la Bibliothèque Bleue est bientôt tout ce qui restera de notre littérature et de notre langue « (Charles Nodier). Bel exemplaire en élégante reliure de l’époque.