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Précieux exemplaire avec envoi autographe de Daudet « au vieux maître Montigny ». Paris, J. Hetzel, s.d. [1869]. In-12 de (2) ff., 302 pp. Relié en plein maroquin rouge, double encadrement de filets à froid avec fleurons d’angle sur les plats, dos à nerfs orné de même, filet or sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés. Etui. Devauchelle. 180 x 112 mm.
Édition originale de cet ouvrage d’Alphonse Daudet « très rare et très recherché » (Clouzot, 44). Carteret, I, 191 ; Vicaire, III, 37 ; Bibliothèque de Backer 2069 ; Talvart, IV, 13. « Livre rare et estimé comme contenant les plus beaux contes de l’auteur » (Carteret). Il n’a pas été tiré de grand papier. « Recueil de contes d’Alphonse Daudet (1840-1897) qui fonda comme chacun sait la réputation de l’auteur. Il annonce les divers romans que Daudet allait bientôt consacrer à la Provence et qui sont le meilleur de son œuvre. Fidèle enfant de Provence, Daudet fut jusqu’à sa mort atteint de nostalgie, au point de se sentir à Paris l’âme d’un proscrit. S’étant toujours passionné pour la vie méridionale il s’est complu à en écrire les moindres aspects : ballades en proses, histoires naïves, paraboles, contes fantastiques et drôlatiques, sans oublier le paysage : Daudet excelle à faire flèche de tout bois. Quelque préambule en forme d’acte de vente nous apprend que le poète a fait l’acquisition d’un vieux moulin provençal, afin de pouvoir donner carrière à ses rêveries. C’est là qu’il griffonnera la trentaine de Lettres dont se compose le volume. Outre ‘l’Arlésienne’, les plus connus de ces contes sont les suivants : ‘La chèvre de Monsieur Seguin’, ‘Le secret de maître Cornille’, ‘La mule du pape’, ‘Le curé de Cucugnan’, ‘Le sous-préfet aux champs’, ‘La légende de l’homme à la cervelle d’or’… Ce que l’on goûte surtout ici c’est un mélange incomparable de malice, de verve et d’émotion. Mais leur qualité première restera cette sympathie avec laquelle l’auteur s’attache aux humbles, aux bêtes et aux plantes, avec une sollicitude qui ne désarme jamais. Le travail est celui d’un ‘orfèvre’ qui, d’un seul trait de la plus grande finesse, peut créer un climat et cerner un personnage dont le relief lui permettra de demeurer légendaire. C’est cette simplicité et cet art de ne jamais ‘appuyer’ sur toute chose qui en font un de nos plus grands conteurs ». (Dictionnaire des Œuvres, IV, 172). « Les Lettres de mon moulin parurent par séries successives entre août 1866 et octobre 1869. L’originalité de ce recueil de près de trente textes reste aujourd’hui masquée par la célébrité de quelques-uns d’entre eux… Les Lettres de mon moulin se caractérisent en fait par une couleur d’ensemble sombre, parfois tragique. La brève histoire de L’Arlésienne, popularisée, dans sa version scénique, par la musique de Bizet, en est l’illustration la plus implacable ; (…) c’est l’infinie variété des Lettres de mon moulin qui mérite le plus d’être mise en lumière, et qui justifie le mieux que l’on recommande de les lire en entier » (En Français dans le texte, n°291). Précieux exemplaire offert par l’auteur avec cet envoi autographe sur le faux titre : « A Monsieur Montigny Hommage de l’auteur Alphonse Daudet » Adolphe Auguste Lemoine, dit Lemoine-Montigny ou simplement Montigny, né en 1806 à Mons et mort le 6 mars 1880 à Paris 16e, est un comédien et dramaturge français. Directeur du théâtre du Gymnase et du théâtre de la Gaîté il avait épousé la comédienne Rose Chéri. La sœur de son épouse, Anna, ayant épousé l'acteur François-Louis Lesueur, il était également beau-frère de ces derniers, ainsi que l'oncle de la comédienne Anna Judic. À son décès, Lemoine-Montigny était chevalier de la Légion d'honneur. Il était le frère de l'auteur dramatique Gustave Lemoine, mari de la compositrice Loïsa Puget, et de l’homme de lettres Édouard Lemoine. Daudet connaissait très bien Adolphe Lemoine, dit Lemoine. Montigny, auteur dramatique et administrateur, né à Paris en 1812. Ssous le nom de Montigny (qu’il réunit par la suite à son véritable nom), il se fit connaître au théâtre. D’abord acteur, puis directeur de la Gaîté avec M. Meyer, il succéda en 1844 à Delestre-Poirson, dans la direction du Gymnase. Habile administrateur, il sut rendre la vogue à ce théâtre, qui est devenu entre ses mains une des scènes les plus littéraires de Paris. « Lemoine-Montigny, le directeur du Gymnase sous le second Empire, avait joué un grand rôle dans l’évolution de la mise en scène, notamment chez Dumas fils ou chez Sand ». Dans les « Souvenirs d’un homme de lettres », Alphonse Daudet mentionne ainsi son ami Montigny : « Par bonheur Lafontaine entra au Gymnase et eut là, pendant dix ans, un professeur incomparable. Ceux qui ont vu le vieux Montigny dans son fauteuil, à l’avant-scène, bourru, le sourcil froncé, faisant recommencer dix fois, vingt fois le même passage, rompant les plus durs, les plus rebelles, toujours insatisfait, s’acharnant au mieux, ceux-là peuvent se vanter d’avoir connu un vrai directeur de théâtre. Avec lui, le talent de l’artiste se disciplina. » Bel et précieux exemplaire à grandes marges, relié avec les couvertures imprimées conservées, de cette rare édition originale. Les envois d’Alphonse de Daudet sur ce texte sont de la plus grande rareté. Nous avons pu localiser seulement 5 exemplaires de cette rare originale dans l’ensemble des Institutions françaises : à la B.n.F., aux Bibliothèques de Dijon, Pau et Clermont-Ferrand et à celle de l’Institut de France à Paris.
Édition originale de ce classique de la littérature provençale. Paris, G. Charpentier, 1881. In12 de (3) ff., 345 pp., (1) f. de table. Relié à l’époque sans le 1er f. bl. Relié en demi-chagrin vert, dos à nerfs orné de roses dorées dans les caissons, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 177 x 110 mm.
Édition originale de ce classique de la littérature provençale. Clouzot, p.81 ; Carteret, I, 196 ; Vicaire, III, 53. « Roman d’Alphonse Daudet (1840-1897) publié en 1881. Daudet a voulu avant tout, faire ici un portrait du politicien méridional […] Avec sa faconde, sa verve gonflée, son insouciance, ‘Numa Roumestan’ s’apparente à ‘Tartarin’, et Daudet, comme à ce dernier, lui a donné beaucoup de sa tendresse et de sa bonhomie souriante ». (Dictionnaire des Œuvres, IV, 818). Précieux exemplaire offert par l’auteur à Marcel Coulon, portant cet envoi autographe signé sur le faux-titre : « Au fétiche Coulon qui porte bonheur à mes livres. Alphonse Daudet. » « Natif de Nîmes, Marcel Coulon (1873-1959), après de brillantes études secondaires, alla étudier le droit à Paris. Il y fréquenta les poètes du Quartier latin et en particulier Jean Moréas, dont il devint le familier, et Charles Maurras, sans en partager les idées. […] Le nom de Marcel Coulon restera lié à ceux de Remy de Gourmont, Jean Moréas, Raoul Ponchon, Verlaine et surtout Rimbaud. […] La critique de l’époque fut unanime à reconnaître le rôle de Marcel Coulon, selon Pierre Petitfils, “rester pour ceux qui aiment Rimbaud comme le premier qui ait eu le courage de le démailloter des bandelettes du mensonge où son cadavre avait été enfermé.” » Jean-Baptiste Baronian, Dictionnaire Rimbaud. Marcel Coulon, magistrat procureur de la République, écrivain provençal et critique littéraire, est entre autre l’auteur d’un ouvrage sur Mistral intitulé Dans l’univers de Mistral et d’un texte dédié à Rimbaud : Le Problème de Rimbaud, poète maudit. Il a également établi de nombreuses traductions de textes provençaux en français. Bel exemplaire de ce classique de la littérature provençale, conservé dans sa reliure de l’époque et dédicacé par l’auteur au magistrat et critique littéraire Marcel Coulon. Les grandes originales de Daudet dédicacées sont recherchées.
L’un des 45 précieux exemplaires de tête imprimés sur papier du Japon. Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, 1897. In-12 de (2) ff., 155 pp., (1) f. d’achevé d’imprimé. Conservé broché tel que paru. 183 x 120 mm.
Edition originale du dernier roman publié du vivant de l’auteur. L’un des 45 précieux exemplaires de tête imprimés sur papier du Japon. Avec Le Trésor d’Arlatan, écrit en 1897, l’année même de sa mort, on est loin de l’excès de sensibilité que l’on a parfois reproché à Daudet. Si l’histoire débute comme un roman de mœurs - Henri Danjou quitte Paris et se réfugie en Camargue pour se guérir d’un chagrin d’amour qui le désespère –, très vite le récit tourne au fantastique, et la Provence qu’il dépeint n’a plus rien de commun avec celle de Tartarin ou des Lettres de mon moulin. «Il y a Zia, une toute jeune fille - quinze ans à peine - naïve et claire comme le jour qui traîne un malheur obscur. Depuis trois ans le curé refuse de la laisser accéder à la communion solennelle. Pourquoi? Le thème du Horla de Maupassant est ici repris et dépassé. Car c’est un cas de possession qui est ici décrit.» Michel Tournier L’ouvrage est orné de nombreuses illustrations en couleurs de H. Laurent-Desrousseaux dont la couverture et 23 à pleine page. Précieux exemplaire conservé à l’état neuf dans sa couverture illustrée d’origine.
« Trois livres tiennent en face de la prison : Robinson, Don Quichotte et l’Idiot. » (Malraux). « Il existe un livre qui fournit, à mon gré, le plus heureux traité d’éducation naturelle. Ce livre sera le premier que lira mon Émile : seul il composera durant longtemps toute sa bibliothèque, et il y tiendra toujours une place distinguée. Quel est donc ce merveilleux livre ? C’est Robinson Crusoé. » (J.J. Rousseau). Superbe exemplaire relié en maroquin de l’époque de Mouillé. Amsterdam, 1754. Defoe, Daniel. La Vie et les Avantures surprenantes de Robinson Crusoe, Contenant, entres autres évènemens, le séjour qu’il a fait pendant vingt-huit ans dans une Ile déserte située sur la Côte de l’Amérique, près l’embouchure de la grande Rivière Oroonoque. Le tout écrit par lui-même. Traduit de l’Anglois. Cinquième édition. Leiden, E. Luzac Junior, Amsterdam, Z. Chatelain et fils, 1754. 3 volumes in-12 de 1 frontispice, xiv pp., 629 pp., 1 carte repliée et 6 figures hors texte; (1) f., viii pp., 562 pp., 7figures; xxx pp., (2), 603 pp., 7 figures. Maroquin rouge, dos lisse ornés aux petits fers, triple filet doré d’encadrement sur les plats, coupes décorées, tranches dorées. Reliure de l’époque. 164 x 95 mm. Première traduction française des Aventures de robinson Crusoé par Juste van Effen et Themiseul de Saint-Hyacinthe. Elle avait paru originellement en 1720-1721 dans une autre version. Cohen, 405 ; Sander, 711; Sabin, 72218 ; Catalogue Rothschild, II, n° 1759 ; PMM, 180. L’un des plus intéressants livres illustrés par Bernard Picart, « orné d’une carte pliée et de 21 figures par l’artiste, dont une seule signée. » (Cohen). « L’un des livres les plus célèbres de la littérature mondiale ; c’est l’aventure du marin Selkirk, qui avait été abandonné en 1705 dans l’île de Juan Fernandez au large du Chili. Après quatre ans de solitude, il était presque revenu à l’état sauvage. Robinson Crusoé s’enfuit de chez lui, s’embarque mais son vaisseau fait naufrage et, seul survivant, il échoue sur une île déserte. Avec une ingéniosité inouïe il organise son existence solitaire. Il rencontre Vendredi, « le bon sauvage ». Tout ce qui se rapporte aux voyages plut énormément dans Robinson Crusoé, au point de masquer le nœud du récit. Il fallut l’Émile de rousseau pour attirer l’attention sur ce qui est l’idée maîtresse de l’œuvre : la lutte de l’homme seul contre la nature. Une chose est sûre c’est que ce récit est une réussite incomparable. « C’est Defoe, observe Jean Prévost, qui prépara la prodigieuse éclosion des romans réalistes au XVIIIe siècle. » (Dictionnaire des Œuvres). « The special form of adventure that he chose and even the name of his hero have been adopted by countless imitators. At least equally relevant for the purpose is the figure of the lonely human being subduing the pitiless forces of nature; going back to nature and portraying the “noble savage” in a way that made the book required reading for Rousseau’s Emile. » (P.M.M.) Dans l’Émile, Jean-Jacques Rousseau imagine « un livre unique qui, seul mérite d’être sauvé, à l’exclusion de tous les autres. Robinson Crusoé occupe seul cette place convoitée. » (F. Gevrey). « Il existe un livre qui fournit, à mon gré, le plus heureux traité d’éducation naturelle. Ce livre sera le premier que lira mon Émile : seul il composera durant longtemps toute sa bibliothèque, et il y tiendra toujours une place distinguée. Tant que notre goût ne sera pas gâté sa lecture nous plaira toujours. Quel est donc ce merveilleux livre ? Est-ce Aristote ? Est-ce Pline ? Est-ce Buffon ? Non, c’est Robinson Crusoé. » (J.J. Rousseau). L’édition originale de ce livre, l’un des plus appréciés de la littérature occidentale, parut en anglais en 1720. Un exemplaire médiocre fut adjugé 200000 € il y a 22 ans. Le premier tirage date de 1720-1721. Devant le succès de l’illustrateur, d’autres éditions virent le jour en 1727, 1754, 1760, 1770 etc… Les exemplaires reliés en beau maroquin ancien sont rares et très recherchés. Cohen n’en cite aucun pour les éditions de 1720 et un seul, relié par Derôme, pour la présente édition de 1754. Il fut adjugé 25000 FF par Sotheby’s Monaco en 1981 et revendu 35000 FF (5300 €) en mai 1982 il y a 41 ans par Pierre Bérès (Cat 73 n° 114). Le 5 mai 2005, l’exemplaire de 1727 relié pareillement était vendu 18000 €. Très bel exemplaire en maroquin rouge du temps, attribuable à Mouillé «relieur à la production confidentielle» (Ramsden, French Bookbinders 1789-1848, p. 144). Actif à la fin du XVIIIesiècle jusqu’en 1803, ce relieur parisien affectionnait pour l’ornementation de ses reliures le style anglais alors en vogue. Mouillé s’installa, rue Saint Jacques, dans la même maison que Derome (Thoinan, Relieurs français, 1893, p. 353). Provenance: étiquette du libraire parisien Théophile Belin qui possédait une librairie au 48 rue Cambon de 1904 à 1921.
Précieux exemplaire sur grand papier orné en premier tirage de 15 estampes d’après Stothard et de la grande carte du voyage, truffé d’une suite supplémentaire de 14 gravures tirées de l’édition de 1720, conservé dans son étincelant maroquin cerise de Bozérian. Paris, Veuve Panckoucke, An 8 (1800). 3 volumes grand in-8 de : I/ (3) ff. dont 1 portrait de l’auteur, viii pp., cviii pp., 276 pp., 7 gravures hors-texte ; II/ (2) ff., 526 pp., 18 gravures ; III/ (2) ff., 340 pp., 4 gravures hors texte et 1 carte dépliante. Soit au total : 1 portrait, 15 gravures d’après Stothard, 14 gravures d’après Picart et 1 mappemonde repliée. Maroquin cerise à grain long, jeux de roulettes et de filets or autour des plats, dos lisses ornés de roulettes dorées formant faux-nerfs et de fers spéciaux alternés figurant des bateaux, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée à la grecque, tranches dorées. Riches reliures de l’époque ornées de la signature en lettres d’or en pied du premier volume «Relié par Bozérian». 225 x 141 mm.
Premier tirage de la plus belle édition ancienne des Aventures de Robinson Crusoë. Les bibliographes soulignent la qualité de l’édition et la beauté de l’illustration. « L’édition est fort belle » (Cohen, Guide de l’amateur de livres illustrés du XVIIIe siècle). L’illustration comprend 3 titres gravés avec divers fleurons, un portrait de Daniel Defoe gravé par Delvaux et 15 jolies estampes gravées sur cuivre par Delvaux, Delignon et Dupréel d’après les dessins de Stothard et d’une mappemonde des deux hémisphères Oriental et Occidental montrant l’itinéraire du voyage de Robinson, gravée par P.F. Tardieu. La grande carte ne se trouve que rarement dans les exemplaires sur grand papier. Bien que le titre annonce 19 figures d’après Stothard, les exemplaires rencontrés n'en possèdent que 15 comme ici, numérotées de 1 à 15. Il a été truffé à l’époque d’une suite supplémentaire de 14 figures montées sur papier fort au format d’après B. Picart tirées de l’édition imprimée à Paris en 1720. Somptueux exemplaire, très frais et sans aucune rousseur, l’un des rares tirés sur grand papier vélin, de l’un des livres les plus célèbres de la littérature, magnifiquement relié par Bozérian en maroquin rouge aux dos ornés de fers spéciaux figurant des bateaux. Les fers spéciaux dorés aux dos des volumes, un voilier voguant vers un fortin et un trois-mâts, n’ont pas été répertoriés par Paul Culot dans Jean-Claude Bozérian, 1979. Il provient de la prestigieuse bibliothèque du Bourg de Bozas avec ex libris (juin 1990, n°32).
Superbe exemplaire sans rousseurs de l’un des livres les plus célèbres de la littérature. Paris, chez H. Verdière, An VIII (1800). 3 volumes grand in-8 de : I/ (3) ff. incluant le portrait de l’auteur par Delvaux, viii pp., cviii pp., 276 pp., 1 carte dépliante hors-texte et 4 gravures hors-texte et protégées par des serpentes ; II/ (2) ff., 526 pp., 11 gravures hors-texte, pt. défaut de papier en marge de la p. 483 ; III/ (2) ff., 340 pp., 3 gravures hors-texte. Soit au total 18 gravures, 1 portrait et 1 carte. Plein maroquin bleu, plats entièrement ornés de décors dorés et à froid, dos à nerfs ornés de même, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque signée de Simier. 220 x 138 mm.
Premier tirage de la plus belle édition ancienne des Aventures de Robinson Crusoé. Elle est illustrée en premier tirage d’un portrait de l’auteur, de 3 titres gravés, de 18 jolies figures sur cuivre par Dupréel, Delignon et Delvau d’après Stothard et d’une mappemonde des deux hémisphères Oriental et Occidental montrant l’itinéraire du voyage de Robinson, gravée par P.F. Tardieu. « L’édition est fort belle » mentionne Cohen (Guide de l’amateur de livres illustrés du XVIIIe siècle, 406). Superbe exemplaire sans rousseurs de l’un des livres les plus célèbres de la littérature, conservé dans ses élégantes et intéressantes reliures de l’époque de Simier en maroquin bleu décoré.
Ce type de reliure, extrêmement fragile, est de ce fait devenu très rare et recherché. Paris, Stéréotype d’Hernan, 1807.In-12 de (2) ff., 211 pp., 4 figures. Qq. rousseurs. Reliure couverte d’un vernis vert pâle sur les plats et vert foncé sur le dos, encadrement de filets dorés et d’une guirlande de fleurs peinte en couleurs autour des plats, bouquet de fleurs peint en couleurs au centre, dos lisse entièrement doré avec en réserve le titre, et des fleurs qui apparaissent en bleu foncé, tranches dorées. Reliure de l’époque.142 x 93 mm.Dimensions de la reliure : 150 x 97 mm.
Superbe spécimen de reliure au vernis sans odeur ou vernis Martin.Ce vernis, inventé en 1730 par les frères Martin pour imiter la laque orientale décorant les meubles et objets d'art, fut utilisé jusqu'au XIXe siècle : le secret des frères Martin consistait à coller des feuilles de papier, à les passer au four pour les durcir, à les peindre de toutes les couleurs, à les vernir à la résine de copal et à les glacer à la gomme arabique. Ce type de reliure demeure peu commun, et l'on a trace de deux manufactures au XIXe siècle.« Dans les années révolutionnaires, on commence à trouver des livres “reliés en carton” et le relieur-poète Lesné dans son poème La Reliure décrit en 1820 “les véritables cartonnages allemand”, genre de reliure très en vogue, mais selon lui moins solides et moins agréable, qu’on attribue en France à un membre de la famille Bradel. Les reliures en carton, décorées en couleur et recouvertes de vernis, appelées reliures en vernis Martin sans odeur, sont d’une qualité supérieure. »Histoires de l’édition française, II, page 579.La présente reliure recouvre un ouvrage imprimé à l’aide du nouveau procédé de stéréotypie inventé par Louis-Etienne Herhan.La stéréotypie est un procédé d’imprimerie qui évite une composition lettres à lettres des pages au moyen de caractères d’imprimerie. Ici il s’agit de « créer, d’après une composition unique formée par l’assemblage des caractères mobiles, une ou plusieurs autres planches solides et identiques» (Petit manuel de l’amateur de livres par Albert Cim). La stéréotypie (du grec : « solide » et « type ») s’applique plus particulièrement au procédé imaginé à la fin du 18e siècle, et presque simultanément, par l’imprimeur et fondeur Herhan (1768-1855) et par les frères Didot, procédé qui arrive au même résultat par des voies opposées. Un brevet est déposé par Louis-Etienne Herhan en décembre 1797 puis quelques jours après par les frères Didot qui utilisaient un procédé différent et avec lesquels il s’associa ainsi qu’avec le libraire Renouard. Herhan se retire de cette association en novembre 1799. A partir de 1801 il sort des ouvrages de son atelier. Le procédé d’Herhan a été vite abandonné, étant trop cher, ce qui n’a pas empêché Herhan de continuer ses recherches. Didot supplanta très rapidement Herhan. De 4 titres en 1798 on compte 332 volumes 20 ans plus tard.“This mode of printing is now known by the term ‘Stereotype’; and it is a curious fact that the stereotype process, said to have been invented by M. Herhan in Paris, and now practiced by him in that city, under letters of Napoleon, is precisely the same as that spoken of by Dr. Colden more than sixty years ago.It is more than probable that when Dr. Franklin went to France, he communicated Dr. Colden’s ‘new method of printing’ to some artists there, and that it lay dormant till about sixteen years since; when Herhan, a German, who had been an assistant to M. Didot, the printer and type founder of Paris, but then separated from him, took it up in opposition to M. Didot. We have conversed with gentlemen who have seen M. Herhan’s method of stereotyping, and they describe it to be exactly what Governor Colden invented. This fact established, there can be no doubt that M. Herhan, is indebted to America for the celebrity ha has obtained in France.” (The American Journal of Science, v. 24, pp. 319-325).Ce type de reliure, extrêmement fragile, est de ce fait devenu très rare et recherché.Précieuse reliure au vernis Martin, recouvrant un rare ouvrage imprimé en stéréotypie, en très bel état de conservation.
Leyde, 1637. À Leyde, Ian Maire, 1637. In-4 de 78 pp., (1) f., 413 pp., (1) p. d’avertissement et (17) ff. Maroquin brun janséniste, dos à nerfs orné, double filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Reliure du XIXe siècle signée Thibaron. 198 x 150 mm.
[video width="1920" height="1080" mp4="https://www.camillesourget.com/wp-content/uploads/2024/04/Descartes.mp4"][/video] Précieuse édition originale du chef-d’œuvre de Descartes. Tchemerzine, II, 776; PMM, 129; Horblit, One hundred book famous in science, 24; En Français dans le texte n°90; Dibner, Heralds, 81 (“The Dioptrique contains the earliest statement of Willebrord Snell’s law of refraction”) ; Norman Library, 621. Après la condamnation de Galilée en 1633, Descartes avait pris la résolution de ne laisser imprimer aucun ouvrage de son vivant. De la Hollande où l’avait conduit son aspiration à la solitude et à l’isolement, le philosophe continue cependant à correspondre avec ses proches. C’est aux instances de ceux-ci qu’il cède en publiant en 1637 une anthologie de ses recherches à laquelle il laissa le sens d’une démarche toute singulière et toute personnelle. Après avoir pensé confier son ouvrage aux Elzevier puis à un imprimeur parisien, Descartes finit par traiter avec le libraire imprimeur Jean Maire établi à Leyde, moyennant la rémunération de 200 exemplaires d’auteur. Œuvre fondamentale rédigée en français afin d’être plus intelligible et accessibleLe Discours de la Méthode marque une étape considérable dans la progression de la pensée occidentale au XVIIe siècle. «Le Discours de la Méthode» est suivi de 3 mémoires scientifiques. «La Dioptrique», «La Géométrie» et «Les Météores», abondamment illustrés de figures sur bois. Descartes y mentionne par ailleurs les découvertes de Harvey sur la circulation sanguine (Exercitadio anatomica de motu cordis et sanguinis, 1628). Il s’agit de la première discussion sur ce sujet par un philosophe français. Le Discours de la Méthode est divisé en six parties. Descartes en donne lui-même un aperçu au début de l’ouvrage: «En la première, on trouvera diverses considérations touchant les sciences. En la seconde, les principales règles de la méthode que l'auteur a cherchée. En la 3, quelques unes de celles de la Morale qu'il a tirée de cette Méthode. En la 4, les raisons par lesquelles il prouve l'existence de Dieu & de l'âme humaine, qui sont les fondements de sa Métaphysique. En la 5, l'ordre des questions de Physique qu'il a cherchées & particulièrement l'explication du mouvement du cœur & de quelques autres difficultés qui appartiennent à la Médecine, puis aussi la différence qui est entre nostre âme & celle des bestes. Et en la dernière, quelles choses il croit estre requises pour aller plus avant en la recherche de la Nature qu'il n'a esté & quelles raisons l'ont fait escrire.» L’auteur livre aussi dans la première partie sa biographie jusqu’en 1619. Comme la plupart des livres scientifiques importants, le Discours de la Méthode a vu son prix fortement progresser depuis une vingtaine d’années. Bel exemplaire, très pur et grand de marges, finement relié par Thibaron. Provenance: Thomas Powell et A. F. Gougy, 1930 avec ex libris.
Bel exemplaire conservé dans son vélin hollandais de l'époque. Amsterdam, Blaeu, 1682-1683. 3 parties en 3 volumes in-4, I/ (1) f.bl., (4) ff., 383 pp., (1) f.bl.; II/ (1) f.bl., (2) ff., 404 pp., (2) ff., (1) f.bl.; III/ (1) f.bl., (8) ff., 427 pp., (1) f.bl., pte. brulure pp. 249 et 413 avec atteinte à 2 lettres. Plein vélin hollandais, fleuron à froid au centre des plats, double filet à froid autour des plats, dos lisses, tranches jaspées. Reliure de l'époque de l'éditeur Blaeu. 201 x 154 mm.
Première édition originale complète des Lettres de Descartes à la princesse Élisabeth et à Mersenne. Le 3ème volume contient la suite de la correspondance latine de Descartes et paraît ici pour la première fois. Tchemerzine, II, 786. Pendant plusieurs années, de 1642 à la fin de 1649, c'est-à-dire pendant la période de sa vie qui va des « Méditations métaphysiques » à sa mort à Stockholm, René Descartes (1596-1650) échangea une correspondance assidue avec la princesse Élisabeth, fille de Frédéric V, électeur palatin et roi de Bohême. « Celle-ci, femme fort cultivée et spécialement versée dans les sciences mathématiques, avait lu avec beaucoup d'intérêt et une vive admiration les ‘Méditations métaphysiques’. Par un émigré français, ami de Descartes, Palotti, elle avait pénétré plus avant dans la pensée de celui qu'elle considéra bientôt comme son maître. Et dès sa première lettre (mai 1643), elle demande au philosophe quelques explications sur un point de ses « Méditations » qu'elle ne saisit pas bien : comment peut-il se faire que « l'âme puisse déterminer les esprits (animaux) du corps pour faire les actions volontaires, n'étant qu'une substance pensante » (donc inétendue). Descartes explique pourquoi ce point a pu demeurer obscur dans son exposé. Cette discussion, qui est la plus intéressante de toute la « Correspondance », occupe toutes les lettres de l'année 1643). Au cours des années suivantes, les problèmes qui se poseront à l'occasion de la parution des œuvres de Descartes (celui-ci les faisait parvenir à son amie et lui dédia ses « Passions de l'amour ») sont de tous ordres : à propos des « Principes de la Philosophie », à propos des livres qu'il lui conseille de lire ou sur lesquels elle lui demande son avis, à propos des nouveautés scientifiques, la princesse se fait éclaircir et discute certains points de physique, de mathématiques, de morale et de métaphysique qu'elle n'a point saisis ou qui lui semblent contestables. « Mon admiration s'augmente toutes les fois que je relis les objections qu'on vous a faites, comment il est possible que des personnes qui ont employé tant d'années à la méditation et à l'étude, ne sauraient comprendre des choses si simples et si claires, que la plupart, en disputant du vrai et du faux, semblent ne pas connaître comment il les faut discerner et que le sieur Gassendus (Gassendi), qui est en la plus grande réputation pour son savoir, a fait, après l'Anglais (Hobbes), des objections moins raisonnables que tous les autres. » Cette correspondance présente un très grand intérêt ; car, à propos des questions de son interlocutrice, Descartes se trouve amené à reprendre un certain nombre de problèmes et à en donner un exposé plus clair et plus complet que dans ses œuvres ; mais surtout, c'est le seul document direct qui nous le fasse connaître dans son intimité et, en lui, l'homme et non plus seulement le philosophe. « Nous y apprenons qu'il avait projeté d'écrire un « Traité de l'érudition » ; nous y gagnons d'intéressants détails sur la vie, toute retirée et consacrée à l'étude et surtout à la méditation, qu'il mena en Hollande, et sur les quelques mois qu'il passa à la cour de Christine de Suède. » Descartes écrit aussi à Mersenne, improvisant des réponses à d'innombrables questions avec une facilité extraordinaire. «Les 3 volumes de cette correspondance sont illustrés de nombreuses figures et dessins géométriques sur bois». (Guibert, Bibliographie des Œuvres de René Descartes, p. 94). Bel exemplaire conservé dans son vélin hollandais de l'époque.
Le superbe exemplaire du Duc de la Vallière, cité par Brunet, relié en maroquin rouge vers 1730 par Pierre Anguerrand. A Paris, chez la Veuve de Sébastien Mabre-Cramoisy, 1688. Avec Privilège de Sa Majesté. In-8 de (2) ff., dont le portrait de l’auteur, 220 pp. et (6) ff. pour la Table, le Privilège du 19 juin 1678, et l’achevé d’imprimer du 30 décembre 1687. Plein maroquin rouge, double filet or autour des plats, dos lisse orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de Pierre Anguerrand vers 1730. 165 x 105 mm.
Edition originale de la plus extrême rareté, publiée par l’auteur, reliée en maroquin ancien, des poésies de Madame Deshoulières, l’une des célèbres «Précieuses». Douée de toutes les qualités du corps et de l’esprit, elle reçut l’éducation la plus raffinée, apprit le latin, l’espagnol, l’italien, la musique, la danse, l’équitation. Elle étudia la poésie sous la direction d’un maître, Hesroult. A treize ans, selon Sainte-Beuve, à dix-huit selon d’autres historiens, elle épousa Guillaume Deshoulières, gentilhomme ordinaire de Condé, qu’il suivit dans la Fronde, s’exilant avec lui à Bruxelles. Restée à Paris, Mme Deshoulières fréquenta des érudits et de beaux esprits: Ménage, Conrart, Benserade, et écouta Gassendi dont elle fit siennes certaines théories (Bayle la cita dans son article sur Spinoza). Rejoignant son mari à Bruxelles en 1655, elle y connut des succès mondains, puis fut emprisonnée pour avoir réclamé trop vivement aux autorités flamandes la pension due à son mari. Libérée et rentrée à Paris, elle se lia avec les meilleurs écrivains et les plus grands noms de la société: Corneille, à qui elle fut toujours fidèle, son frère Thomas, Pellisson, Quinault, Fléchier, Mascaron, La Rochefoucauld, Montausier, Vivonne, Saint-Aignan, Vauban. Elle fut surtout bien reçue à l’hôtel de Bouillon et à l’hôtel de Nevers. C’est de là qu’elle suscita et dirigea la cabale contre la Phèdre de Racine. Elle tenait salon de bel esprit et restait fidèle aux admirations de sa jeunesse. Lors de la querelle des Anciens et des Modernes, elle prit tout naturellement le parti de Perrault. Somaize l’a mise dans son Dictionnaire des précieuses, sous le nom de Dioclée. Elle se fit une spécialité de la poésie pastorale et trouva le moyen de composer des idylles ou des églogues sur les événements menus ou grands de la vie de cour, ainsi des «idiles» sur la mort de Montausier, le retour du roi à la santé, la naissance de «Monsieur, duc de Bourgogne», une églogue intitulée «Louis». Dans ses églogues, ses élégies, ses épîtres, ses chansons, elle chante ses animaux familiers, son chien, sa chatte, ses moutons et ses brebis. On cite encore dans les anthologies l’églogue célèbre: «Sur les bords fleuris, Qu’arrose la Seine…». Elle a de la grâce, de l’esprit, de la mollesse, une assez vive sensibilité, une certaine naïveté. Voltaire l’admirait fort. «Elle a joui longtemps de la première place parmi les femmes poètes» écrivait Sainte-Beuve. Les œuvres de Mme Deshoulières sont souvent l’écho des jeux d’esprit de son salon, contrepoint parisien de la cour du jeune Louis XIV, que fréquentaient les deux Corneille, Tallemant, La Rochefoucault, le duc de Montausier, Bussy-Rabutin… et Perrault. «Mais c’est la veine élégiaque et pastorale héritée de l’Astrée qui fera sa fortune au XVIIIesiècle: ses églogues et ses idylles consacrent une poésie sérieuse qui prône la vie innocente et bucolique des bêtes, loin des passions des hommes que l’ambition et la cupidité ont corrompus». Cette édition originale des Poésies de l’une de nos célèbres précieuses est fort rare et a toujours été recherchée des bibliophiles, notamment les deux seuls exemplaires cités en maroquin ancien: l’exemplaire en maroquin ancien aux armes de Madame de Chamillart, 1620 F. Or (enchère colossale) à la vente du Baron Pichon et le second exemplaire relié en maroquin ancien - le présent exemplaire - vers 1730 par Anguerrand provenant de la bibliothèque du duc de La Vallière.
« Dernière édition publiée du vivant de l’auteur, elle est très complète, très belle et justement estimée ». (Tchemerzine, II, 890). Paris, Mamert Patisson, 1600. 1 volume in-8 de (8) ff., 338 pp., (6) ff. Maroquin rouge, plats ornés d’un décor doré à la fanfare, dos à nerfs richement orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure signée de Trautz-Bauzonnet vers 1860. 172 x 105 mm.
« Dernière édition publiée du vivant de l’auteur, elle est très complète, très belle et justement estimée ». (Tchemerzine, II, 890). « Une des plus belles éditions de ces poésies ». (Brunet, II, 647) présentée sur le titre comme « dernière édition, reveue et augmentée ». C’est l'édition la plus élégante, la plus estimée et la plus recherchée des œuvres de Desportes, le poète favori de Henri III, considéré comme l'égal de Ronsard, auquel on l'a souvent préféré. C'est l'édition citée par Rahir dans la « Bibliothèque de l'amateur » (399). Brunet, Lepetit, Tchemerzine s'accordent à reconnaître cette édition comme très belle et très estimée « la plus recherchée ». La poésie de Desportes, celle des Premières œuvres connut un succès considérable, attesté par plus d'une cinquantaine d'éditions entre 1573 et 1629, en France, mais aussi en Flandres, en Angleterre et en Écosse où le poète chartrain fut reconnu comme un modèle à l'instar de Pétrarque. Ce succès éditorial, soigneusement contrôlé par le poète attentif aux privilèges qui protégeaient ses œuvres, allant jusqu'à interdire, en 1587, toute publication dans des anthologies, fut amplifié par une large diffusion musicale, qui prolongea bien après 1640 la mélodie même de vers parfaitement adaptés au genre nouveau de l’air de cour. On ne saurait bien entendu attribuer ce succès comme on l'a fait au « mauvais goût » de l'époque, ni réduire la poésie de Desportes à une poésie de cour factice, imitée des Italiens. Ce serait oublier la véritable nature de l'imitation italienne, dynamique, jouant sur l'invention et la variation, et non pas servile, ce serait oublier des choix esthétiques concertés dans une tradition poétique et non pas seulement un cadre mondain. Le poète un temps favori d'Henri III ne cessa, comme Ronsard, de concevoir une poétique de l'œuvre ; il compléta ses premiers recueils, les augmenta de pièces nouvelles (le nombre de sonnets passa de 185 à 416 entre 1573 et 1600), modifia leur disposition, procéda à un lent travail de variation thématique à partir des pièces initiales et de modulation des genres ; la réorganisation des Meslanges en diverses sections contribua à l'élaboration d'un style moyen et donnait en filigrane le discours métapoétique et critique que le poète tenait sur son propre discours. L'originalité profonde de Desportes vient de sa rupture avec Ronsard. Il ruina le mythe lyrique du poète inspiré et de ses fureurs, en une poésie volontairement impersonnelle, qui renonçait à l'ambition encyclopédique désormais assumée par d'autres, au profit des seules formes interchangeables du lyrisme amoureux et spirituel. Il abandonna la « fureur » d'un haut style passionné pour revenir à l'ambition d'une « douceur » et d'une proprietas héritées de Marot et de Du Bellay et dont la revendication constituait un des éléments forts de l'apologie de la langue française durant tout le siècle. La « douceur » de Desportes, son style « doux-coulant » étaient en fait moins un caractère singulier du poète qu'ils ne faisaient de lui une véritable incarnation de la langue nationale policée. Ces qualités ne tiennent pas à l'utilisation d'un code néopétrarquiste infléchi en casuistique amoureuse à l'usage du monde, riche pourtant d'ethos et de tout un enjeu moral répondant à l'idéal de maîtrise des passions développé au sein de l'Académie du Palais ; elles tiennent à un travail systématique sur la métrique, la prosodie et la syntaxe : si le sonnet reste prédominant dans l'ensemble de l'œuvre, Desportes accorde au fur et à mesure des éditions une place accrue aux formes libres et semi-fixes, l'élégie et les stances en particulier, disciplinées par l'alexandrin et de fortes contraintes logiques, l'alexandrin lui-même, soumis à une régularité métrique accrue, aux enjambements quatre fois moins nombreux que chez Ronsard, est adouci par la subtile fluidité des rimes intérieures, favorisant les effets de répétition et de continuité. C'était une voix, sinon une voie, plus juste que celle de Ronsard et moins sévère que celle de Malherbe que célébrait Pierre de Deimier dans son Académie de I 'Art poétique françois, et que les contemporains surent entendre. L'édition se distingue en particulier par la finesse des caractères italiques et l'élégance de la présentation : marges, lettrines, fleurons, initiales ornées en tête de chaque pièce. Superbe exemplaire a marges immenses (hauteur : 172 mm) provenant des bibliothèques de Clinchamp et Léon Rattier.
Dénonciation de l’absurdité de l’institution judiciaire, le roman fit date par sa technique narrative d’une grande modernité. London, Bradbury and Evans, 1853. In-8 de (1) f.bl., 1 frontispice, xvi pp., 624 pp., (1) f.bl., 38 planches hors texte ; maroquin havane, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, encadrement de filets dorés sur les plats coupes filetées or, bordure intérieure de même maroquin orné de filets dorés, tranches dorées, étui. (G. Mercier sr de son père 1929). 218 x 135 mm.
Édition originale. Dénonciation de l’absurdité de l’institution judiciaire, le roman fit date par sa technique narrative d’une grande modernité. Sur fond d’un interminable procès, impliquant une cinquantaine de personnages, Bleak House est le grand roman juridique de Dickens, qui dénonce une institution devenue folle. Raconté par deux personnages différents, de manière très moderne, le récit met en jeu tout un réseau de coïncidences, plusieurs fausses pistes et nombre d’espoirs déçus ou trahis. Roman foisonnant où la justice tourne à l’absurde, où l’on enquête et juge à l’infini, Bleak House est aussi un roman policier dont le véritable héros est Londres, la ville à l’atmosphère empoisonnée par la révolution industrielle. Dans une veine à la fois satirique, sombre et constamment drôle, Dickens décrit un monde où la nature est à peu à peu corrompue par l’homme, et signe là son passage définitif vers le roman total. Bleak House, premier des grands romans panoramiques de Dickens, décrit l'Angleterre comme une bleak house, c'est-à-dire une «demeure de désolation», que ravage un système judiciaire irresponsable et vénal, incarné par le Chancelier (Chancellor), engoncé dans sa gloire «embrumée» de la Chancellerie (Court of Chancery). L'histoire décrit une succession contestée devant le tribunal, l'affaire «Jarndyce contre Jarndyce», qui affecte de près ou de loin tous les personnages et concerne un testament obscur et de grosses sommes d'argent. Les attaques dirigées par l'auteur contre l'appareil judiciaire s'appuient sur l'expérience que Dickens en avait acquise en tant que clerc. Sa mise en scène sans complaisance des lenteurs, du caractère byzantin de la loi et de la cour de justice reflète l'exaspération montante de son époque vis-à-vis du système, et il a parfois été jugé que le roman avait préparé les esprits aux réformes des années 1870. La Maison d'Âpre-Vent fait écho à de nombreux événements marquants de la vie de Dickens et reflète la plupart de ses préoccupations personnelles, politiques et sociales. C'est aussi un livre novateur par sa conception, son organisation et certains aspects de son style. À ce titre, il constitue un jalon dans l'évolution de son œuvre, ce que l'anglais appelle un watershed novel (un «roman charnière»), souvent caractérisé comme le premier d'une série appartenant à sa dernière manière. De plus, les critiques s'accordent sur ce point, c'est l'une de ses œuvres les plus remarquablement achevées. Illustration de «Phiz» comprenant une vignette sur le titre et 39 planches hors texte, dont dix figures en noir. Bleak House est un des premiers livres de Dickens à user du clair-obscur: «These dark etchings were the result of «machine tinting» the steels, which gave an effect quivalent to that of ‘mezzo-tinting». The steel was first closely ruled with fine lines, and the design was then etched over the ruling. After that, by a further process of «stopping-out» and «burninhing», the effect of light and shadow was heightened» (Hatton & Cleaver). Exemplaire parfait en maroquin décoré de Mercier, de toute rareté en telle condition. Ex-libris manuscrit effacé sur un feuillet préliminaire: Yannick Potter 1856. (Hatton & Cleaver, A bibliography of The Periodical Works of Charles Dickens, pp.274-304).
Édition originale des Mémoires de Joseph Grimaldi (1779-1837), publiée par Charles Dickens. London, Richard Bentley, 1838. 2 volumes in-12 de: I/ portrait, xix pp., (1) f., 288 pp., 6 planches ; II/ frontispice, ix, 263 pp., 5 planches. Maroquin orange à grain long, triple filet doré en encadrement sur les plats, dos à nerfs ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert et olive, roulette dorée intérieure, tranches dorées, étui (Bayntun, Bath). 187 x 110 mm.
Édition originale des Mémoires de Joseph Grimaldi (1779-1837), publiée par Charles Dickens. Premier tirage sans la bordure ajoutée à la planche The last song du second volume. Charles Dickens (1812-1870), qui a débuté sa carrière comme simple sténographe, est devenu par la suite l'un des romanciers anglais les plus populaires avec Oliver Twist, Pickwick ou David Copperfield. Dans ses romans, inspirés de son enfance douloureuse, il raconte le destin de jeunes héros qui sont en quête d'une existence meilleure et cherchent à oublier leur origine miséreuse. « Maître d'un monde ambigu dont la réalité donne sans cesse sur le rêve », il a créé des personnages guidés par l'espoir, aux prises avec un monde qui, contaminé par le système capitaliste, souffre d'un mal social. Un Dickens méconnu. Dans ce roman biographique, qui relate les étranges aventures du plus grand clown anglais du XIXe siècle, le jeune Boz laisse déjà percevoir son étonnant talent de conteur. Voici un ouvrage de Dickens à peu près ignoré en France, qui fut partiellement traduit en 1951, dans une édition confidentielle, aujourd'hui épuisée et introuvable (Éditions du Globe). L'histoire de ce manuscrit est assez surprenante, et c'est par un curieux détour que Dickens en devint l'auteur officiel: le clown Grimaldi employa l’année qui précéda sa mort à rédiger l'histoire complète de sa vie, puis confia le volumineux manuscrit à un ami, qui s'appliqua à le condenser avant de le présenter à un premier éditeur. Celui-ci, profitant de la liberté que lui rendait la mort de l'auteur, les porta immédiatement à Charles Dickens. Charles Dickens, en 1838, n'avait que vingt-cinq ans, mais sous le pseudonyme de « Boz » était déjà un auteur chéri du public. Les Sketches, publiés dans les journaux et magazines dont ils avaient fait le succès, les Pickwick Papers, si promptement populaires, avaient assis en trois ou quatre ans sa réputation. Le propriétaire des Mémoires de Grimaldi eut donc toutes les raisons de penser qu'il en tirerait un excellent parti si Dickens les remaniait entièrement en y déployant sa simplicité un peu narquoise, sa bonhomie rusée, sa profonde connaissance des mœurs vulgaires, de l'argot populaire et des excentricités mal famées. Dickens, de son côté, sentit que c'était là pour sa plume un heureux sujet, et qu'elle ne dérogerait pas en s'associant aux souvenirs d'un clown, il est vrai, mais d'un clown comme on n'en avait guère vu jusqu'alors. La vie du grand Joe, son aventureuse carrière, nous livre en effet quelques-uns des plus curieux aspects des mœurs britanniques, de la vie de ses théâtres et de ses bas-fonds. Le hasard, en semant bien des incidents étranges, des rencontres dramatiques, des péripéties bizarres dans l'existence de ce comédien, semble s'être complu à lui faire un sort extraordinaire, et à le désigner ainsi doublement à l'attention des biographes. Et par bien des aspects, Dickens vit sans doute en cet enfant prodige et en cet artiste au cœur pur une sorte de double de lui-même. L'édition est illustrée d'un portrait de l'auteur gravé sur cuivre par William Greatbach (1792-1878) d'après un dessin de Samuel Raven (1775-1847), ainsi que de 12 compositions hors texte, également gravées sur cuivre, de George Cruikshank (1792-1878). Bel exemplaire, imprimé sur papier vélin, en reliure de Bayntun, relieur anglais de Bath.
Précieux exemplaire conservé dans sa reliure de l’époque de cette œuvre d’intelligence de Diderot unissant l’art et la littérature. A Paris, Chez Fr. Buisson, L’An Quatrième de la République (1795). In-8 de (2) ff. faux titre et titre, iv et 415 pages, coin inf. du titre déchiré sans atteinte au texte, pte. déch. en marge des pp. 85 et 321 sans manque. Demi-maroquin rouge à coins verts, tranches jaspées. Reliure de l’époque. 196 x 120 mm.
Edition originale importante, l’une des plus difficiles à trouver parmi les œuvres de Diderot, dans laquelle il exprime au moyen de la littérature «toute sa doctrine sur l’art au XVIIIe siècle.» Écrit sous forme de journal manuscrit avant d’être ici imprimé, ce texte fut réservé à une douzaine de souscripteurs: Catherine II; le prince de Prusse… Adams, EF1; Tchemerzine, II, 964. «Cet essai de Diderot écrit en 1766 resta inédit jusqu’en 1795. Diderot y expose les principes qui l'ont guidé dans la critique de ses Salons, il y étudie la peinture en suivant le classement habituel: le dessin, le clair-obscur, et surtout la couleur, à la compréhension de laquelle il arrive à travers le concept naturaliste: l'art est imitation de la nature ; celle-ci est imitable pour autant qu'elle est visible, et elle est visible pour autant qu'elle est colorée. Diderot se montre assez peu sensible à la magie du dessin : pour lui, un bon dessin peut toujours s'apprendre, tandis que la couleur est un don de la nature ; c'est elle qui révèle le plus sûrement le caractère d'un peintre et qui lui permet d'entrer en communication directe avec l'imagination du public. Le caractère, l'humeur même de l'artiste influent sur sa manière de colorer : il suffirait de voir comment il mélange ses couleurs sur sa palette, comment il les dépose sur sa toile, pour se faire une idée de la richesse et de l'originalité plus ou moins grandes de son art. L'accord est la loi fondamentale du coloris. Il y a des accords simples, faciles, agréables à voir mais attendus, qui sont le propre des peintres médiocres ; il y a des ‘peintres pusillanimes’, ‘des ronds-de-cuir de la peinture’ qui se restreignent et se répètent. Les peintres de génie se reconnaissent à leur ‘pinceau intrépide’, qui cherche inlassablement et crée les accords les plus nouveaux et les plus difficiles, et joue sur les contrastes les plus audacieux. De telles idées, exprimées dans le style ‘parlé’ de Diderot, extraordinairement vivant et coloré, capable de refléter d'une manière incomparable toute la chaleur d'une discussion animée, donnent toute sa signification à cet essai où s'exprime toute la doctrine sur l’art du XVIIIe siècle.» (Dictionnaire des Œuvres, II, 734). Ce volume réunit les textes de Diderot qui contiennent l’essentiel de ses idées sur l’art, y compris ses Observations sur le Salon de Peinture de 1765, célèbre essai critique par lequel il se fit rénovateur de la critique de salon d’art. Diderot, dans ces écrits, tâche de ramener les artistes à une observation plus sincère de la nature. Il n’envisage pas l’œuvre d’art sous le seul angle des qualités formelles, mais s’attache aussi à la décrire dans ses rapports ambigus, souvent déterminants, avec la société et les institutions politiques. «Métier d’écrivain, métier de peintre, le texte de Diderot va de l’un à l’autre. Il ne lui suffit plus de regarder, de décrire, de penser, de juger, il va expérimenter la peinture par l’écriture dans sa capacité à rendre le visible… Il fait entrer l’écriture dans le tableau, et pas par la petite porte.» - Le Monde. Précieux exemplaire conservé dans sa reliure de l’époque de cette œuvre d’intelligence de Diderot unissant l’art et la littérature.
Bel exemplaire grand de marges conservé dans sa reliure de l’époque. Paris, Buisson, An cinquième de la République [1796]. In-8 de (2) ff., 411 pp. Relié en basane de l’époque, double filet or autour des plats, dos lisse, pièce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 195 x 121 mm. 
Édition originale. Tchemerzine, II, 969; Adams, Bibliographie desŒuvres de Diderot, RC1. Rédigé en 1760 et laissé à l’abandon par Diderot, ce célèbre roman fut retrouvé en 1794 et publié alors dans l’enthousiasme de l’anticléricalisme extrême de l’époque. Stigmatisant la vie dans les couvents, les désirs coupables des reclus et recluses se transformant en passions et en vices, La Religieuse fut saisie dès sa parution. Son succès de scandale ne se démentit pas et se prolongea tout au long du XIXe siècle. «Cette satire, pleine de mouvement, des mœurs dans un couvent de femmes au XVIIIe siècle est une chaleureuse apologie de la liberté individuelle […] Cet ouvrage était la contrepartie, disait Diderot, de ‘Jacques le Fataliste’, et il l’estimait de ses meilleurs. Il y mit toute sa conviction». (Dictionnaire des Œuvres, V, 698). A travers trois étapes qui sont celles des trois couvents où on l’a successivement enfermée, Suzanne, chrétienne sincère, découvre un monde clos où les sentiments religieux sont pervertis. L’absence de liberté et de contacts avec l’extérieur favorise le développement de la servilité, de l’hypocrisie, de la jalousie et de la haine. «Cependant, il ne faut pas voir dans ce roman uniquement une charge anticléricale. Le récit de Diderot se double d’une analyse des modifications de la personnalité atteignant celles qui subissent ainsi, selon lui, une véritable aliénation. Les manifestations de sadisme, d’hystérie sont le résultat, d’après Diderot, des conditions d’une vie monacale présentée comme antinaturelle: elle brime les désirs, détruit la liberté, crée des hiérarchies contre nature. Pour Diderot, le fait de contraindre des individus à vivre hors de la société fait d’eux des monstres. Le roman est donc en même temps une apologie de la morale naturelle et de la liberté individuelle. Le réalisme de l’analyse est accentué par une écriture qui favorise le langage du corps: les gestes et les cris sont souvent, dans ce roman pathétique à la manière de Richardson, plus éloquents que les mots». Bel exemplaire grand de marges conservé dans sa reliure de l’époque.
Fort rare réunion en édition originale de l’œuvre de Diderot en tant qu’auteur dramatique. Amsterdam [Paris], 1758. 2 parties en 1 volume in-8 de xxiv pp. (chiffrées par erreur xxix), 220, xii et 195 pp., (1) p. bl. [Suivi en reliure uniforme de] : - Diderot, Denis. Le Fils naturel, ou Les Épreuves de la vertu. Comédie en cinq actes, et en prose, avec l’Histoire véritable de la Pièce. Amsterdam [Paris], 1757. In-8 de ix, (1) et pp. 11-299. La Défense de la pièce occupe les pp. 137 à 299. 3 parties en 2 volumes in-12, veau blond, triple filet doré encadrant les plats, dos lisses ornés. Reliure de l’époque. 180 x 115 mm.
Fort rare réunion en édition originale de l’œuvre de Diderot en tant qu’auteur dramatique reliée en superbe veau blond de l’époque. Tchemerzine II, 940-942. Le Père de famille fut inspiré par l’amour de Diderot pour sa future femme, Mademoiselle Champion. L’intérêt majeur de cet ouvrage tient à la présence du « Discours sur la Poésie dramatique » qui paraît ici pour la première fois et qui nous livre les brillantes théories de Diderot sur le théâtre. Ces théories, Diderot les a exposées dans les Entretiens, publiés en tête du Fils Naturel. Il y raisonne, avec beaucoup de pertinence sur la nature du drame bourgeois ou comédie larmoyante écrite en prose. Il estime qu’entre la comédie qui fait rire et la tragédie qui fait pleurer il y a place pour un théâtre qui représenterait les hommes dans leur état ordinaire, ni aussi ridicules, ni aussi tragiques. Il réclame de la scène plus de vérité, plus de continuité dans l’action. Il demande également plus de naturel dans le mouvement scénique et la déclamation. Enfin, il ne veut plus de coups de théâtre, mais des tableaux reliés au besoin par des pantomimes ; plus de caractères, mais des conditions : on montrera donc non l’ambitieux, le dévot ou le joueur mais le père, la mère, le juge, l’ouvrier. Diderot complétera l’exposé de ses idées dans le Discours sur la poésie dramatique, adressé à Grimm. Le Père de Famille et le Fils Naturel sont l’illustration des théories de l’auteur sur le théâtre ; ce drame de bourgeois, dont Diderot est l’inventeur et qui relève de la comédie larmoyante, vise à représenter les hommes dans leur état ordinaire et dans leurs sentiments normaux (il contient en germe, d’ailleurs, tout le théâtre d’Emile Augier). Le Fils naturel fut une véritable révolution lors de sa première représentation, le théâtre entra alors dans une ère totalement nouvelle, non seulement du point de vue esthétique et littéraire mais également politique et social. Superbe et précieux exemplaire réunissant en édition originale l’œuvre dramatique de Diderot revêtu d’un très séduisant veau blond dû au talent d’un grand maître parisien de l’époque. Il appartint à l’amateur Pommereau qui calligraphia sur les titres deux ex-libris datés 1773 et 1783.
Certains des principes développés dans ce traité restent essentiels dans l’œuvre de Diderot ainsi la défense du génie individuel, et la défense, voire la primauté de la langue française. S.l. [Paris, Bauche], 1751. 2 volumes in-12. Volume I: x pp. préliminaires, 241 pages, (5) ff. de table, 3 planches hors texte; Volume II: pp. 242 à 400, (1) f. d’errata, 2 planches hors texte. Veau fauve, filet à froid encadrant les plats, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, armoiries frappées or en queue, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, roulette dorée sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches rouges. Reliure de l’époque. 155 x 83 mm.
Véritable édition originale de ce traité important publié sans nom d’auteur, dans lequel Diderot pose les principes esthétiques qu’il développera dans l’article « beau » de l’Encyclopédie dont le prospectus venait d’être répandu dans le public en octobre 1750. Tchemerzine, II, 931; Adams, Bibliog. des œuvres de Diderot, II, LH4, p. 227. Publiées deux ans après “La lettre sur les aveugles” qui avait valu quelques mois d’incarcération à Vincennes à Diderot, ses premières réflexions sur les grands problèmes esthétiques parurent sous forme d’une “Lettre” en réponse à l’abbé Batteux, publiée en février 1751 en 241 pages, suivie d’Additions imprimées en mai 1751 poursuivant le texte de la page 241 à la page 400. Certains des principes développés dans ce traité restent essentiels dans l’œuvre de Diderot ainsi la défense du génie individuel, et la défense, voire la primauté de la langue française. Il est opportun de rapprocher cette lettre de Diderot du «Traité des sensations» de Condillac pour mesurer l’impact et l’importance de cet ouvrage qui inspirera à Condillac l’idée de la fameuse «statue». Cette édition originale de Diderot n’avait été qu’imparfaitement étudiée par Tchemerzine qui mentionnait trois émissions différentes dont il relevait les caractéristiques qui ont été depuis amplement actualisées par Lucien Scheler. Notre exemplaire présente bien toutes les caractéristiques de la véritable édition originale qui ne comporte pas d’Additions et prend fin à la page 241, avec 5 feuillets de table et 3 planches gravées hors texte. Le titre est bien conforme avec le fleuron et sans la mention d’Additions. A ce premier volume qui constitue à lui seul l’édition originale, le marquis de Choiseul-Stainville a tenu à ajouter et à faire relier à l’identique, selon une démarche très bibliophilique, la première édition des «Additions» qui fut publiée quelques mois plus tard, en cette même année 1751, à la suite des 241 premières pages non modifiées mais avec un titre général, avec le même fleuron mais la mention«Additions». Faisant graver un titre particulier pour cette seconde partie, il a conservé toutefois le titre initialement prévu présent avec le bon fleuron sous l’errata. Notre exemplaire très bibliophilique présente ainsi la particularité d’avoir été composé à la demande expresse d’un amateur éclairé qui souhaitait posséder un exemplaire de choix. Très précieux exemplaire de cette édition originale d’un traité significatif du siècle des lumières, imprimé sur grand papier de Hollande et revêtu d’une séduisante reliure de l’époque aux armes dorsales de François-Joseph II de Choiseul, baron de Beaupré, puis marquis de Stainville (1695-1769). Celui-ci fut nommé par le duc de Lorraine envoyé extraordinaire en Angleterre en 1725 puis en France en 1726. Il devint ensuite grand chambellan du grand duc de Toscane, conseiller actuel intime d’Etat de l’empereur Charles VI et, chevalier de la Toison d’or le 26 décembre 1753. Olivier, planche 820. Le second volume porte encore la mention émouvante à l’encre du prix d’achat de l’époque: 36 livres tournois. Les feuilles de garde portent les commentaires éclairés de lecture du premier possesseur.
Précieux exemplaire imprimé sur grand papier revêtu d’une élégante reliure de l’époque. S.l., 1754. In-8 de: (2) ff., 73 pp. numérotées de 3 à 73, 30 ff. numérotés de 73 à 101 (3 ff. numérotés 101), pp. numérotées de 102 à 169, (5) pp., pp. numérotées de 171 à 206, (6) ff. Veau de l’époque, filet à froid autour des plats, dos lisse orné de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin rouge, filet doré, tranches rouges. Reliure de l’époque. 157 x 85 mm.
Édition originale définitive, très augmentée et très remaniée par rapport à celle de 1753, introuvable et selon Tchemerzine, « restée non décrite jusqu’à ce jour ». Tchemerzine, II, 936-935. Exposé de la doctrine des Encyclopédistes, ce traité fut publié alors que 4 volumes de l’Encyclopédie avaient déjà paru. La publication de la «Lettre sur les aveugles» en 1749 entraîne l’arrestation de Diderot et son emprisonnement au donjon de Vincennes. Remis en liberté Diderot se consacre à l’élaboration du tome premier de l’Encyclopédie dont le prospectus se répand dans le public en octobre 1750. Au début de l’année 1751 paraît la «Lettre sur les sourds et les muets». Les 2 premiers tomes de l’Encyclopédie sont publiés en juillet 1751 et janvier 1752. Un arrêt du Conseil du Roi ordonne le 7 février 1752 la suppression du Dictionnaire. Cet arrêt est tacitement rapporté grâce à l’intervention de Madame de Pompadour et de quelques ministres. C’est dans ce contexte troublé que Diderot fait paraître, sans y mettre son nom, ce nouvel ouvrage qui expose la doctrine des encyclopédistes, abonde en idées scientifiques, ingénieuses et profondes et permet à l’auteur de préciser son matérialisme. «Les Pensées sur l’interprétation de la nature» étaient, comme les «Pensées philosophiques» divisées en une cinquantaine de paragraphes, où, sous une forme claire et simple, étaient exposés les principes d’une philosophie vraiment positiviste. Répudiant les procédés de la physique rationnelle, Diderot lui opposait la méthode expérimentale et formulait quelques idées singulièrement justes sur l’évolution, l’acoustique, les atomes chimiques. Il terminait par une prière à Dieu qu’il reléguait dans une région très éloignée, incertaine même, et il penchait plutôt vers une explication matérialiste du monde éternel, où la vie ne serait qu’une qualité fortuite de la matière.» Aucune condamnation ne vint troubler la publication de l’ouvrage. «Il ne dut pas franchir la limite de ce cercle étroit de savants et de philosophes, auxquels Diderot s’adressait. Du moins il les enthousiasma. Le fond autant que la forme leur en paraissait admirable: «Il faut le lire et le relire, disait Grimm. Je dirais aux jeunes gens qui se disposent à l’étude de la philosophie naturelle: voilà votre Enchiridion; apprenez-le par cœur avant de faire un pas dans cette science.» (Belin, Le mouvement philosophique de 1748 à 1789, Paris, 1913, p. 74). Bel exemplaire de cette édition originale rare, témoignage de l’effervescence des idées au siècle des lumières, en séduisante condition d’époque.
Véritable édition originale française du Neveu de Rameau. En Français dans le texte, n° 153. A Paris, chez J. L. J. Brière, 1821.In-8 de (4) pp., (1) f., xxvii pp., 148 pp. (Le Neveu de Rameau), [149]-322 pp. (Voyage de Hollande), [323]- 383 pp. (Correspondance), [384]-388 pp. (Table). Exemplaire relié sans la Table des ouvrages de Diderot. Relié en percaline brune de la fin du XIXème siècle. 216 x 134 mm.
Véritable édition originale française de l’un des chefs-d’œuvre de Diderot, le « neveu de Rameau », établie d’après le manuscrit remis à l’éditeur par Madame de Vandeul, la fille de Diderot. Tchemerzine ; Vicaire 255 ; Adams, Bibliographie des Œuvres de Diderot, A9. « Ce volume est le n°21 des Œuvres éditées par Brière. Il parut en réalité en 1823 au mois d’août, mais l’éditeur maintint la date de 1821 sur toute l’édition. Condamné à la destruction par le Tribunal de la Seine à la fin 1823. » (Tchemerzine) Bien qu'une édition française du Neveu de Rameau ait été publiée en 1821 chez Delaunay, celle-ci n'était qu'une retraduction en français par de Saur et de Saint-Geniès de la traduction allemande effectuée par Goethe. La présente édition originale, faite à partir du manuscrit français, ne parut en réalité que deux ans plus tard, mais l'éditeur souhaitant l'intégrer en tant que dernier volume (tome 21) des Œuvres de Diderot publiées en 1821 choisit de conserver cette date. Le Voyage de Hollande fut quant à lui d'abord publié chez Belin en 1818-1819 (Brunet II, 700). « Le Neveu de Rameau est, à coup sûr, le grand chef-d’œuvre de Diderot, rédigé pour lui seul dans le secret le plus absolu à partir de 1762 et revu jusque vers 1773, “une œuvre dont la vie amalgame une actualité de vingt ans et, à partir du plus grand disparate, atteint le plus parfait naturel” (Jean Fabre). L’histoire même de ce texte fascinant est un vrai “roman bibliographique” : publié pour la première fois en 1805 dans une traduction allemande par Goethe (elle-même retraduite en français par De Saur et Saint Geniès), le texte est publié en 1821 au t. XXI des Œuvres de Diderot par Brière d’après une copie venant de la fille de Diderot ; en 1891, enfin, Georges Monval découvre dans une boîte de bouquiniste sur les quais le manuscrit autographe qui permet d’établir le texte correct. Conte, dialogue, satire (le manuscrit porte le titre “Satyre 2de”), ‘Le Neveu de Rameau’ est tout cela à la fois, et bien davantage encore. Au Café de la Régence, près du Palais-Royal, Diderot (Moi) rencontre Jean-François Rameau (Lui), personnage authentique, neveu du grand musicien. Entre ce bohème et “M. le philosophe” va s’engager un dialogue plein d’esprit, souvent profond, amer, cocasse ou réaliste, sur les sujets les plus divers. Si Rameau reste très près de son modèle, il ressemble par bien des traits à Diderot lui-même, qui joue à merveille de la dialectique de ses deux personnages sans souci de conclure autrement que par ce “Rira bien qui rira le dernier” lancé par Rameau. Chaque ligne reflète une jubilation de l’écriture ; chaque lecture suscite de nouvelles réflexions et renforce l’admiration. » En Français dans le texte, n° 153.
Selon l’Abbé St-Léger, cette édition de Rouen, 1597 est plus complète que les précédentes. De toute rareté à si grandes marges, en vélin de l’époque. Du Bellay, Joachim. Les Œuvres Françoises de Joachim Du Bellay, Gentilhomme Angevin et poète excellent de ce temps. Au Roy Treschretien Henry III. Rouen, chez la veuve Thomas Mallard, 1597. In-12 de (12) ff., 528. Vélin rigide à recouvrements, dos lisse, tranches rouges. Reliure de l’époque. 146 x 78 mm. Edition collective originale des Œuvres de Du Bellay. Selon l’Abbé St-Léger cette édition est plus complète que les précédentes. Brunet, I, 749. Elle présente l’Œuvre complète du poète: La Défense et illustration de la Langue Française, l'Olive, le Recueil de Poésies, les Regrets, les Jeux rustiques. Du Bellay (1522-1560) fit en 1547 la rencontre de Pierre de Ronsard. De ce mémorable jour date sa vocation poétique. Autour de Ronsard, il s'imposait la tache de préparer une révolution poétique. En 1549, DuBellay publiait la ‘Défense et Illustration de la langue française’. Cette œuvre est le manifeste de l'école de Ronsard, autrement dit « la Brigade » (qui prendra bientôt le nom de la Pléiade). On sait que le premier article de son programme est la réhabilitation de la langue française. Se faisant le porte-parole de ses amis (Ronsard, Antoine de Baïf, Ponthus de Thyard, Rémi Belleau, Jodelle, Dorat) - Du Bellay demande qu'on renonce à la vieille poésie de Marot et des rhétoriqueurs, ainsi qu'aux genres à forme fixe pratiqués en France jusqu'à ce jour. Qu'on leur substitue hardiment l'élégie, l'ode, l'épopée, en bref, tous les genres qui furent en honneur chez les Anciens. Au surplus, il souhaite qu'on enrichisse la langue en créant des vocables nouveaux. Ce manifeste, comme on le sait, intéresse moins par le fond que par la ferveur qui l'anime. Par ailleurs Du Bellay tenait à affirmer lui-même sa priorité comme introducteur du sonnet amoureux en France : « Si est-ce pourtant que je puis / Me vanter qu'en France je suis / Des premiers qui ont ozé dire / Leurs amours sur la thusque lyre. » « On considère Du Bellay comme l’un des plus beaux ornements de son siècle. Réputation qu’il justifie pleinement. Car s'il est loin d'avoir la puissance de Ronsard, et, disons, sa richesse et sa variété, Du Bellay paraît plus sincère dans l'expression des sentiments. Par sa sensibilité même, autant que par son pessimisme, Joachim Du Bellay introduit dans la poésie française une source nouvelle d'inspiration et, à ce titre, il apparaît en quelque manière comme un ancêtre des Romantiques.» Roland Purnal. Précieux exemplaire relié en vélin ivoire de l’époque. Deschamps dans le supplément à Brunet, ne cite que des exemplaires en reliure postérieure. En 1997, il y a 25 ans, l’exemplaire Benzon, relié au XIXè siècle par Thibaron-Joly, plus court de marges de 5 mm, était vendu 45000 FF (6880 €).
Première édition à pagination continue des Œuvres de Du Bellay, de toute rareté dans son beau maroquin de l’époque. Paris, Federic Morel, 1574.In-8 de (12) ff., 559 ff., 1 f. de privilège. Plein maroquin rouge, double filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné de double-filets dorés dans les caissons, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 162 x 100 mm.
Première édition à pagination suivie des Œuvres de du Bellay, avec titre de relais à la date de 1574; c’est aussi la première citée par Brunet (Manuel du Libraire et de l’amateur de livres, I, 749). En 1569, le même éditeur avait publié un recueil à pagination séparée des pièces de Du Bellay parues séparément jusqu’alors dans ce format. Voici ce qu’en dit Jules Le Petit dans sa Bibliographie des éditions originales françaises. «Une autre édition des œuvres de Du Bellay, contenant toutes ces pièces avec pagination suivie, fut publiée par le même libraire, en 1573, in-8, et reparut en 1574, avec un nouveau titre, mais sans modifications. C’est un gros volume in-8, dont voici la description: Les Œuvres françoises de Joachim Du Bellay... (même titre exactement que pour l’édition de 1569 et même marque d’imprimeur). «A Paris, de l’Imprimerie de Federic Morel, Imprimeur du Roy. M.D.LXXIII (1573 ou 1574). Avec Privilège dudict Seigneur». In-8, composé de: 12 feuillets préliminaires non chiffrés, comprenant le titre, dont le verso est blanc, l’épître «au Roy», en prose, signée G. Aubert, un «Sonnet de Scevole de Saincte Marthe», une table générale sans pagination et une table détaillée; 559 feuillets chiffrés d’un seul côté, pour les œuvres, et I feuillet non chiffré contenant au recto un «Extraict du Privilege». L’extrait relate les lettres patentes données à Federic Morel, pour imprimer et vendre les Œuvres de Joachim Du Bellay pendant dix ans, et datées du «dernier jour d’Avril 1568». Cette belle édition est imprimée, comme la précédente, en caractères italiques, sauf pour l’ouvrage en prose du commencement, «La Deffence et illustration de la langue françoise», qui est en lettres rondes. Elle fut aussi publiée par Guillaume Aubert, qui signa l’épître au Roy». Chacun des chefs-d’œuvre de Du Bellay précédé d’un titre particulier est orné d’un large bandeau gravé à motifs Renaissance et d’une grande initiale historiée. «La Défense et illustration de la langue française» occupe les ff. I à 38, «L’Olive», les ff. 39 à 73, «Les Regrets», les ff. 348 à 398, «les Antiquités de Rome», les ff. 399 à 407, «les Jeux Rustiques», les ff. 413 à 487. La présente édition suit ainsi l’ordre de l’édition collective à pagination non continue de 1568-1569. Les rééditions postérieures de 1575, 1584, 1592 et 1597 seront réimprimées sur cette édition. Très séduisant exemplaire revêtu d’une superbe reliure en maroquin rouge de l’époque, d’une facture particulièrement élégante. Les premières éditions des œuvres de nos grands auteurs classiques sont très recherchées en belle condition d’époque. Les deux seuls exemplaires cités par Brunet et Tchemerzine sont l’exemplaireNodier en maroquin et l’exemplaireGarcia en maroquin de Trautz-Bauzonnet.
Première édition originale collective des Œuvres de Du Bellay, imprimée en 1569. A Paris, Federic Morel, 1569. 8 parties reliées en 1 volume in-8 de : I/ (12) ff., 40 ; II/ 80 ff. ; III/ 96 ff. ; IV/ 64 ff. ; V/ 60 ff. ; VI/ 88 ff. ; VII/ 80 ff. ; VIII/ 72 ff. Lettre manuscrite jointe. Plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs richement orné, double filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure. Reliure signée Hardy. 164 x 103 mm.
Première édition originale collective et première réunion des œuvres de Joachim du Bellay. « Première véritable édition collective, qui n’est pas dotée d’une pagination continue, comme ce sera le cas à partir de 1573. Seul le titre général porte la date de 1569, chacune des huit parties (‘L’Olive’ compte pour une partie) ayant son titre propre, à la date de 1568. » Jean-Paul Barbier, La Pléiade, n°40 ; Brunet, I, 749 ; Tchemerzine, III, p.75 ; Le Petit, pp. 93-94. « Jolie édition, dont les poésies sont imprimées en caractères italiques. » (Le Petit, Bibliographie des éditions originales françaises). Cette édition collective contient 698 pièces en tout, dont 93 inédits. En voici le compte, partie par partie : I/ Deffense : aucune pièce nouvelle. II/ Olive : 138 pièces. III/ Recueil de Poésie : 60 pièces. IV/ Enéide : 57 traductions et 19 pièces, dont 9 inédites. V/ Divers Poèmes : 99 pièces, dont 73 inédites. VI/ Regrets : 241 pièces, dont 7 inédites. VII/ Divers Jeux Rustiques : 45 pièces, dont 4 inédites. VIII/ Epithalame : 39 pièces. Soit au total, 698 pièces, dont 93 inédites. Publiée par Guillaume Aubert, elle est formée de la réunion de huit pièces imprimées séparément par Fédéric Morel en 1568 et 1569 : - La Défense et Illustration de la langue Française (1568). - L’Olive et autres œuvres poétiques (1569). - Recueil de poésie présenté à très illustre princesse Madame Marguerite sœur unique du Roy... (1568). - Deux livres de l’Eneïde de Virgile... avec autres traductions (1569). - Divers poèmes... (1568). - Les regrets et autres œuvres poétiques (1569). - Divers jeux rustiques et autres œuvres poétiques (1569). - Epithalame sur le mariage de très illustre prince Philibert Emmanuel duc de Savoye & très illustre princesse Marguerite de France sœur unique du roy & Duchesse de Berry (1569). Précieux exemplaire, grand de marges, de cette première édition collective, conservé dans une élégante reliure de maroquin rouge. Provenance : lettre manuscrite jointe, d’un ancien possesseur qui fit cadeau de l’exemplaire à un ami.
Noël Du Fail, le disciple de Rabelais. Magnifique exemplaire, grand de marges, parfaitement conservé dans son joli vélin doré de l’époque. Rennes, 1597. DU FAIL, Noël. Les Contes et discours d’Eutrapel. Rennes, pour Noël Glamet de Quinpercorentin, 1597. In-8 de (4) ff., 223 (la numérotation saute de 137 à 141 sans manque), (1) f., petit trou de vers en marge des 3 derniers ff. sans atteinte au texte. Relié en vélin doré souple, filet doré encadrant les plats, médaillon central avec un motif de feuillage, dos lisse orné, traces d’attaches, tranches dorées. Reliure de l’époque. 171 x 106 mm.
Fort rare édition des « Contes et discours d’Eutrapel », jolie réimpression de l’édition originale de 1585. Tchemerzine, III, 110 ; Brunet, II, 1164. Noël du Fail, seigneur de La Herissaye, gentilhomme rural (« champenois ») est né vers 1520 au manoir de Château-Letard, près Rennes. C’est à son œuvre facétieuse que Du Fail dut toute sa gloire. « Les treize ‘Propos rustiques’, publiés à Lyon en 1547, rapportent les conversations et narrés de quatre vieux compères, Anselme, Pasquier, Huguet et Lubin qui, les jours de fêtes villageoises, conversent à l’écart couchés sous un large chêne, tandis que la jeunesse s’ébat sous leur regard. On parlera du bon vieux temps, des banquets et des veillées ; du train nouveau des muguets d’à présent ; des absents que l’on connut ; des querelles de clochers entre Flameaux et Vindelles. Bon exemple de réalisme paysan. L’éloge de la vie agreste est nourri de Caton, de Pline et Cicéron ; de Virgile et d’Horace. Mais le fond des propos semble pris sur le vif, si la forme est bien littéraire. Et la saveur réaliste de ces paysanneries, qui doivent beaucoup à Rabelais, mais par analogies de vocabulaire, n’en est pas gâchée ». Dès 1548, les cinq Baliverneries, ou contes nouveaux d’Eutrapel nous présentent les rencontres d’Eutrapel et ses amis Polygame et Lupolde. Joyeux buveur accommodant et raillard, Eutrapel est un reflet de Panurge. Une philosophie rabelaisienne se dégage du livre, contre ceux qui veulent « muer leur naturel ». Mais ces contes ne sont que des pastiches de Pantagruel. Il n’en va pas de même des 35 Contes et discours d’Eutrapel. Nous retrouvons les trois compères des Baliverneries, dont ce sont ici les disputes : un recueil personnel de Leçons et d’Exemples, opposant le philosophe rustique (Eutrapel) au mondain (Polygame) et à l’homme d’affaires (Lupolde). L’influence de Rabelais s’estompe, malgré des traces bien nettes : le propos de marier Eutrapel (29) évoque le Tiers Livre. « Du Fail reprend souvent ses anecdotes au fonds commun des conteurs, ses abondantes citations aux textes classiques ou sacrés, aussi aux chansons populaires. Mais son talent à mûri, il donne maintenant à ses propos une grande variété de sujets : la justice ou la goutte, la musique ou l’amour de soi-même, sans parler des digressions. Enfin, l’œuvre fourmille de précieuses indications documentaires ». « Ces contes, spirituellement écrits, sont pleins de réalisme et contiennent de piquantes satires. Ils sont présentés sous forme de dialogues entre Noël du Fail, François du Fail, son frère, et Colin Briand, son professeur ». (Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, n°1331). Noël Glamet est un libraire imaginaire et ce volume, très bien imprimé, sort d’un atelier parisien, sans doute celui de Jean Richer qui a imprimé l’édition de 1585 (voir Revue des Livres anciens, II, pp. 312-313). Magnifique exemplaire, grand de marges, parfaitement conservé dans une jolie reliure de l’époque en vélin doré. Provenance : des bibliothèques du commandant Croissandeau (1929, n°23) et Roux-Spitz (1977, n°44). Ex libris typographique : L. Maurel.
Très rare en aussi belle reliure à la cathédrale de l’époque. Paris, Victor Magen pour les tomes I & II, 1835 ; Dumont pour les tomes 3, 4 & 5, 1837. 5 tomes en 5 volumes in-8 de: I/ (4) pp., 388 pp., (1) f. de table ; II/ (4) pp., 368 pp., (1) f. de table; III/ (4) pp., 372 pp.; IV/ (4) pp., 340 pp. ; V/ (4) pp., 404 pp., petite restauration marginale p. 27 du vol.1 sans atteinte au texte. Demi-veau glacé havane, dos à nerfs, coiffes et nerfs ornés d'estampages à chaud, entre-nerfs ornés de fleurons estampés à froid, tranches jaunes. Élégantes reliures de l’époque. 205 x 124 mm.
Exemplaire magnifiquement relié de ce texte célèbre d’Alexandre Dumas, de toute rareté en édition originale. Les tomes 3, 4 et 5 parus chez Dumont en 1837 sont ici en édition originale. Les deux premiers volumes formant pour ainsi dire une première partie présentent ici le texte de l’édition originale de 1834 avec un titre de relais portant la mention deuxième édition et la date de 1835. Les cinq volumes furent reliés à l’époque pour un amateur exigent en demi veau orné en queue des dos d’un décor à la cathédrale. «L’ensemble est rare» (Carteret, I, 229). «Un pur régal que les voyages du Dumas père en Suisse» (Mortimer). «Ce livre d’Alexandre Dumas père (1803-1870), publié entre 1835 et 1859, ne manque ni d’intérêt, ni de qualité. L’insatiable curiosité de l’auteur nous vaut de nombreuses descriptions et des notes sur quantités de pays […]. Ces Impressions de voyage sont, pour Dumas, un moyen de donner libre cours à son étonnante facilité de conteur et mettent puissamment en lumière ses dons d’observateur.» (Dictionnaire des Œuvres, III, 693). «Après s’être fait un nom au théâtre, Alexandre Dumas s’est essayé dans le roman, et a utilisé, dans des compositions d’un genre nouveau, les souvenirs, les tableaux, les anecdotes qu’il avait recueillis dans plusieurs voyages en Suisse et en Italie. Les premiers volumes des Impressions de voyage ont obtenu un succès mérité par la gaieté, l’entrain, l’esprit qui y étincellent à chaque page. Le style de cet ouvrage est franc, rapide; les allures de la narration sont vives, libres et dégagées, comme le caractère et l’humeur de l’aimable touriste.» (Dictionnaire encyclopédique de Ph. Le Bas, 775). «Ces Impressions de voyage sont le premier très long récit de Dumas: il est frappant que l'on y trouve, en germe, tous les genres qui donneront plus tard naissance à ses grands succès. Le terme « impressions » est on ne peut mieux choisi. Dumas est un impressionniste, avant même que l’on associe ce qualificatif aux peintres. Le journal de voyage est bien un recueil d'impressions, devant les êtres et la majestueuse nature. Dumas les dépose sur le papier, et donne envie au lecteur d'aller les vérifier sur place. Il est peintre à sa façon. Et pourtant, modestement, Dumas, dans une description presque féerique d'une vieille et de son fils, prétend qu'il faudrait être « Rembrandt pour fixer sur la toile, avec sa couleur ardente et son expression pittoresque, ce tableau bizarre ». Mais la description qu’il en fait est si précise, elle laisse tellement ressentir la puissante poésie de la scène, qu'il n'est nul besoin d'un peintre pour en saisir davantage. Dumas est, réellement, un peintre des mots. Ce qui donne davantage de valeur à ces récits, ce sont les réflexions philosophiques qu'ils éveillent chez Dumas. Dans la plupart des œuvres qui suivront, l’auteur s’éloignera régulièrement de l’histoire pour la commenter. Ici, plus que jamais, il laisse libre cours à ses pensées qui ne peuvent manquer de faire réfléchir le lecteur. Ainsi, quand Dumas découvre que la pêche et la chasse ne sont pas toujours des jeux, mais peuvent aussi, pour certains, être un dur travail, parfois mortel, il écrit : «C'est dans les hommes mêmes qu'elle veut faire libres que la liberté trouve ses plus grands obstacles». Ailleurs, méditant sur le deuil, Dumas constate : « ... aux ailes de la poésie et de la religion, comme à celles des aigles, il faut la solitude et l'immensité ». On ne peut passer sur de telles observations sans s’arrêter, sans chercher à aller plus loin. Les Impressions de voyage n'ont pas à être lues page après page. On peut les prendre n'importe où, pour simplement goûter une partie de ce long itinéraire. On peut également, si l'on est impatient, sauter quelques pages pour retrouver plus rapidement un personnage attachant ou intrigant : par exemple, cet Anglais ou Pauline que Dumas croise à différents moments du voyage.» (Marie Douville). Hormis quelques rousseurs éparses naturelles dans un exemplaire en condition d’époque non lavé remarquable exemplaire d’un livre fort rare en très élégante reliure romantique de l’époque. «Un bel exemplaire en reliure d’époque mérite un net effort financier». (Clouzot).
Édition originale «rare et très recherchée» de ce drame d’Alexandre Dumas. Parmi les 251 œuvres d’Alexandre Dumas recensées par le bibliographe M. Clouzot (Guide du bibliophile français du XIXe siècle, Paris, 1996) 4 seulement portent la mention «très recherchée»: Les Trois Mousquetaires; Le Comte de Monte-Christo; La Tour de Nesle; Mes Mémoires. Dumas, Alexandre et Gaillardet. La Tour de Nesle, Drame en cinq actes et en neuf tableaux, par MM. Gaillardet et ***, représenté, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 29 mai 1832. Paris, J. N. Barba, 1832. In-8 de (4) ff., 98 pp. (2) pp. d’annonce du libraire Demi-maroquin havane à grain long à coins, filet doré sur les plats, dos lisse richement orné, couvertures imprimées et dos conservés, non rogné. Reliure signée G. Mercier Sr de son père. 209 x 130 mm. Édition originale «rare et très recherchée» (Clouzot p. 94) de ce drame d’Alexandre Dumas représenté pour la première fois à Paris sur le théâtre de la Porte Saint-Martin le 29 mai 1832. «Pièce célèbre devenue rare.» Carteret, I, 314. Parmi les 251 œuvres d’Alexandre Dumas recensées par le bibliographe M. Clouzot (Guide du bibliophile français du XIXe siècle, Paris, 1996) 4 seulement portent la mention «très recherchée»: Les Trois Mousquetaires; Le Comte de Monte Christo; La Tour de Nesle; MesMémoires. «Très rare. Exemplaire avec la couverture. Vendu» pouvait-on lire dans le Bulletin de la Librairie Morgand et Fatout dès 1884 (n°11117). «Drame en cinq actes d’Alexandre Dumas père (1803-1870) et Frédéric Gaillardet (1808-1882), représenté en 1832. Une légende fait de la tour de Nesle le théâtre de plus d’un crime: c’est là, en effet, que Marguerite de Bourgogne, l’épouse légitime du roi Louis X et ses propres sœurs auraient massacré leurs amants après certaine nuit d’amour, dont nul ne fut jamais témoin. Cette légende a fourni le sujet du drame qui nous intéresse, un des premiers du théâtre romantique après le triomphe d’’Hernani’, de Victor Hugo en 1830. Léonet de Bournouville, page du duc de Bourgogne, est l’amant de la princesse Marguerite; de cette liaison, deux enfants sont nés. Le duc de Bourgogne veut faire enfermer sa fille dans un couvent; pour échapper à cette éventualité, Margeurite pousse Léonet à assassiner le duc. Mais, épouvantée par son crime et voulant effacer le souvenir de sa passion et de ses conséquences, elle ordonne au page de partir et confie les nouveau-nés à un homme afin qu’il les noie. N’ayant pas le cœur d’accomplir son horrible mission, ce dernier abandonne les jumeaux devant Notre-Dame, après leur avoir marqué le bras, à tous deux, d’une croix, avec la pointe de son poignard. Les années passent: l’ancien page, devenu un valeureux officier, revient à Paris, sous le nom de Buridan. Les enfants abandonnés sont devenus deux séduisants cavaliers, Philippe et Gaultier Daulnay. Philippe, dans la triste tour de Nesle, est assassiné; Gaultier, qui veut se venger des meurtriers de son frère, est passionnément amoureux de Marguerite qui a fait tuer Philippe (sans le savoir, elle est la mère des deux frères); pour la première fois de sa vie peut-être, en face de Gaultier, elle éprouve un sentiment pur. Elle décide de faire mourir Buridan, puisque celui-ci sait que Philippe a été tué sur l’ordre de la reine; mais Buridan dévoile sa véritable identité et parvient à se faire nommer premier ministre. Il apprend par hasard que Gaultier est son propre fils, alors qu’il a déjà causé sa perte en l’envoyant à la tour de Nesle [...]» (Dictionnaire des Œuvres, VI, p. 454). Précieux exemplaire de cette originale littéraire de la plus grande rareté, grand de marges car non rogné, avec les couvertures imprimées conservées. Un seul exemplaire est passé sur le marché public au cours des 40 dernières années (vente O. Doutrebente du 5 juin 2015) mais il était incomplet du feuillet final imprimé. Provenance: de la prestigieuse bibliothèque Paul Villebœuf avec son ex libris et son monogramme «VP» doré au premier contreplat. Une lettre autographe de Gaillardet a été reliée au début du volume.