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Exemplaire imprimée sur vélin et conservé dans une superbe reliure de Chambolle-Duru. Paris, Dupont, 1839. 2 tomes en 2 volumes in-8 de: I/ (2) ff. pour le faux titre et le titre, 402 pp. ; II/ (2) ff. pour le faux-titre et le titre, 445 pp. Plein maroquin rouge, large encadrement de six filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés de même, double filet or sur les coupes, encadrement intérieur de cinq filets dorés, tranches dorées. Élégante reliure signée de Chambolle-Duru. 213 x 126 mm.
Edition originale, imprimée sur vélin, de l’un des romans les plus convoités du XIXesiècle. Carteret, Le Trésor du bibliophile romantique, 358 ; Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, 458; Picot, Catalogue du baron Rothschild, 1584. « Très rare et extrêmement recherché ». M. Clouzot, 257. Balzac publia dans la Revue parisienne du 25 septembre 1840 un article élogieux sur Stendhal et son livre : ‘M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre. Il a produit, à l'âge où les hommes trouvent rarement des sujets grandioses et après avoir écrit une vingtaine de volumes extrêmement spirituels, une œuvre qui ne peut être appréciée que par les âmes et par les gens vraiment supérieurs. Enfin, il a écrit le Prince moderne, le roman que Machiavel écrirait, s'il vivait banni de l'Italie au dix-neuvième siècle’. Stendhal rêvait de tirer un roman de la vie d'Alexandre Farnèse (1468-1549) ; il travaillait aussi à un récit de la bataille de Waterloo. Son œuvre prend forme le 3 septembre 1838 quand il décide de transporter au XIXè siècle les événements que lui a révélés la chronique italienne, ainsi son héros sera à Waterloo et Stendhal pourra se livrer à une satire de l'absolutisme en peignant une petite cour italienne vers 1820. « Dans cette « Chartreuse de Parme » Stendhal excelle à traduire tout son idéal d'art et de vie, le mirage désormais lointain de la gloire et de l'épopée napoléonienne, la passion de l'aventure, l'amour très profond pour l'Italie contemporaine et pour l'Italie si admirée de la Renaissance mais surtout l'amour de l'amour. Les analyses psychologiques raffinées, la rigueur obstinée et précise du style, les considérations philosophico-morales, tout est transfiguré dans le rare bonheur d'une vision lyrique qui atteint dans les meilleures pages à la pureté rythmique d'un chant. » Elle prend place à présent dans la littérature française comme un des livres phares de la littérature du XIXe siècle et l'extrême aboutissement de la psychologie si raffinée du XVIIIe siècle. Les bibliographes sont unanimes à souligner la rareté de cette édition originale. Stendhal écrivit La Chartreuse de Parme entre le 4 novembre et le 26 décembre 1838 après avoir composé L'Abbesse de Castro. La Chartreuse de Parme rédigée dans un état de grâce de cinquante-deux jours, est devenue depuis l'image parfaite du « bonheur d'écrire ». Son roman naquit de son projet de récit napoléonien centré sur la bataille de Waterloo et de son intérêt pour l'histoire d'Alexandre Farnèse (futur pape Paul III) dont la vie recoupe bien des événements de la vie de Fabrice del Dongo. Les contemporains de Stendhal firent un accueil enthousiaste au roman, comme en témoigne la célèbre lettre de Balzac à Stendhal: «La Chartreuse est un grand et beau livre, je vous le dis sans flatterie, sans envie, car je serai incapable de le faire». Très bel exemplaire de ce grand classique de la littérature française conservé dans une superbe reliure de Chambolle-Duru.
Paris, 1839. Paris, Ambroise Dupont, 1839. 2 tomes en 2 volumes in-8 de : I/ (2) ff. pour le faux-titre et le titre, 402 pp., pte tache en marge de la p. 379 ; II/ (2) ff. pour le faux-titre et le titre, 445 pp. Demi-veau glacé fauve avec petits coins de vélin vert, dos lisses ornés de filets dorés et noirs, pièces de titre et de tomaison noires, non rogné. Etui. Reliure de l’époque. 218 x 134 mm.
Edition originale imprimée sur vélin fort, de l’un des romans les plus convoités du XIXe siècle. Carteret, Le Trésor du bibliophile romantique, 358 ; Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, 458 ; Picot, Catalogue du baron Rothschild, 1584. « Très rare et extrêmement recherché. Généralement fort simplement relié à l’époque. Souvent piqué. ». (Clouzot).» Clouzot, 257. Balzac publia dans la Revue parisienne du 25 septembre 1840 un article élogieux sur Stendhal et son livre : ‘M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre. Il a produit, à l'âge où les hommes trouvent rarement des sujets grandioses et après avoir écrit une vingtaine de volumes extrêmement spirituels, une œuvre qui ne peut être appréciée que par les âmes et par les gens vraiment supérieurs. Enfin, il a écrit le Prince moderne, le roman que Machiavel écrirait, s'il vivait banni de l'Italie au dix-neuvième siècle’. Stendhal rêvait de tirer un roman de la vie d'Alexandre Farnèse (1468-1549) ; il travaillait aussi à un récit de la bataille de Waterloo. Son œuvre prend forme le 3 septembre 1838 quand il décide de transporter au XIXe siècle les événements que lui a révélés la chronique italienne, ainsi son héros sera à Waterloo et Stendhal pourra se livrer à une satire de l'absolutisme en peignant une petite cour italienne vers 1820. Le roman sera rédigé en 7 semaines en novembre et décembre 1838. « Dans cette ‘Chartreuse de Parme’ Stendhal excelle à traduire tout son idéal d'art et de vie, le mirage désormais lointain de la gloire et de l'épopée napoléonienne, la passion de l'aventure, l'amour très profond pour l'Italie contemporaine et pour l'Italie si admirée de la Renaissance mais surtout l'amour de l'amour. Les analyses psychologiques raffinées, la rigueur obstinée et précise du style, les considérations philosophico-morales, tout est transfiguré dans le rare bonheur d'une vision lyrique qui atteint dans les meilleures pages à la pureté rythmique d'un chant. » Elle prend place à présent dans la littérature française comme un des livres phares de la littérature du XIXe siècle et comme l’extrême aboutissement de la psychologie si raffinée du XVIIIe siècle. Les bibliographes sont unanimes à souligner la grande rareté de cette édition originale en belle condition. L’un des plus beaux exemplaires répertoriés, immense de marges (hauteur : 218 mm), revêtu d’une très élégante reliure en demi-veau glacé fauve de l’époque. Il faut remonter à septembre 1986, il y a 32 ans, pour trouver un exemplaire de cette élégance, mais plus court de marges (hauteur 207 mm contre 218 mm ici). Reproduit dans le catalogue de la Librairie François Ier de 1986 sous le n°155, il fut alors vendu 620 000 FF (soit 95 000 € il y a 35 ans).
L’édition originale de second tirage de la Chartreuse de Parme conservée dans ses reliures de l’époque. Paris, Ambroise Dupont, 1839.2 tomes en 2 volumes in-8 de : I/ (2) ff. pour le faux titre et le titre, 402 pp.; II/ (2) ff. pour le faux titre et le titre, 445 pp. Complet ainsi. Quelques exemplaires possèdent hors pagination 1 feuillet de catalogue relié à la suite du texte. L’exemplaire du baron Rothschild, décrit et collationné par Picot, ne possède pas ce feuillet publicitaire facultatif. Quelques rousseurs et traces de mouillures. Reliés en demi-chagrin bordeaux de l’époque, dos à nerfs ornés de caissons à froid, de filets et de fleurons dorés, tranches mouchetées. Reliure de l’époque.202 x 128 mm.
Edition originale de second tirage de l’un des romans les plus convoités du XIXe siècle. Carteret 358; Clouzot 257; Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, 458. «Très rare et extrêmement recherché. Généralement fort simplement relié à l’époque. Souvent piqué. Nombre d’exemplaires portent la mention ‘Deuxième édition’, qu’on ne peut qualifier de réellement fictive. Il s’agit bien en effet d’un second tirage. Le papier, différent, est vergé ». (Clouzot). «Les différents exemplaires de l’édition originale de la chartreuse de Parme que j’ai vus sont tous sur papier vélin; il existe, sous la même date de 1839, une édition de cet ouvrage portant sur les titres et sur les couvertures: ‘Deuxième édition’. L’exemplaire que j’ai vu est sur papier vergé. En réalité, c’est un nouveau tirage sur la même composition plutôt qu’une seconde édition. La collation des volumes est identiquement la même que celle de l’édition originale » (Vicaire, Manuel de l’amateur, 458). Ce second tirage possède donc exactement la même collation que le premier tirage et les exemplaires des deux tirages sont exactement de même dimension. La seule différence entre les deux tirages est donc le papier utilisé (vélin pour le premier, vergé pour le second). L’éditeur a sans doute ajouté la mention de «deuxième édition » sur les titres afin de mieux vendre son nouveau tirage sur papier vergé. Stendhal rêvait de tirer un roman de la vie d’Alexandre Farnèse (1468-1549); il travaillait aussi à un récit de la bataille de Waterloo. Son œuvre prend forme le 3 septembre 1838 quand il décide de transporter au XIXe siècle les événements que lui a révélés la chronique italienne, ainsi son héros sera à Waterloo et Stendhal pourra se livrer à une satire de l’absolutisme en peignant une petite cour italienne vers 1820. Le roman sera rédigé en 7 semaines en novembre et décembre 1838. «Dans cette ‘Chartreuse de Parme’ Stendhal excelle à traduire tout son idéal d’art et de vie, le mirage désormais lointain de la gloire et de l’épopée napoléonienne, la passion de l’aventure, l’amour très profond pour l’Italie contemporaine et pour l’Italie si admirée de la Renaissance mais surtout l’amour de l’amour. Les analyses psychologiques raffinées, la rigueur obstinée et précise du style, les considérations philosophico-morales, tout est transfiguré dans le rare bonheur d’une vision lyrique qui atteint dans les meilleures pages à la pureté rythmique d’un chant ». Cette œuvre prend place à présent dans la littérature française comme un des livres phares du XIXe siècle et comme l’extrême aboutissement de la psychologie si raffinée du XVIIIe siècle. Les bibliographes sont unanimes à souligner la rareté de cette édition originale. Bel exemplaire conservé dans ses reliures de l’époque en demi-chagrin.
« Un des plus libres et des plus vivants exposés d’une pensée toujours originale et vive ». Paris, Delaunay, 1829. 2 volumes in-8 de : tome I : faux-titre, titre, iv p. avertissement, 450 pages et 1 f. errata, 1 gravure de Saint-Pierre de Rome, 1 plan des vestiges de Rome replié ; tome II : faux-titre, titre, 592 pages, planche de la colonne Trajane, qq. annotations et passages soulignés au crayon, texte piqué, ex libris manuscrit à l’encre sur les gardes. Demi-veau vert, dos lisses ornés de roulettes dorées et de fleurons à froid, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 200 x 125 mm.
Edition originale. Clouzot, 257. « Assez souvent piqué » mentionne Clouzot. Comme beaucoup de ses œuvres, celle-ci est dédiée aux « happy few », ce qui prouve que Stendhal n'était pas dupe de son calcul et qu'une fois de plus c'est pour quelques lecteurs qu'il écrivait. Les Promenades se présentent comme un journal de voyage qui couvre presque deux ans d’août 1827 à avril 1829. Nous retrouvons Stendhal dans ses considérations sur l'art, ses idées sur la beauté, sur le sublime, ses appréciations nuancées et toujours très personnelles sur les œuvres d’art, qui complètent les jugements portés dans l’Histoire de la peinture en Italie. Ce sur quoi une fois de plus ici Stendhal attire l’attention de son lecteur, c’est qu’il faut se préparer à voir ; c’est un art qui s’apprend et sa connaissance décuple le plaisir. Mais Stendhal ne se contente pas de nous faire visiter des monuments ; il nous promène dans la société romaine, et les portraits de quelques-uns des personnages qu'il nous présente seraient dignes, par la pénétration psychologique de l'auteur, par cette manière unique que Stendhal a de radiographier en quelque sorte le personnage vivant et de nous montrer les ressorts de son comportement, de figurer dans ses romans. A propos de cette société et de la cour pontificale, Stendhal, avec la pente naturelle de son esprit, est insensiblement mené à nous présenter, par petites touches, une analyse de cet étrange Etat pontifical ; souvent ses considérations dépassent le monde qu’il décrit et s'étendent à toute la société de son temps. Les Promenades dans Rome, par la justesse de leurs observations et surtout par le caractère direct des réflexions de Stendhal, constituent un des plus libres et des plus vivants exposés d’une pensée toujours originale et vive. Exemplaire conservé dans ses séduisantes reliures de l’époque en demi-veau vert.
Exemplaire conservé dans sa pleine reliure de l’époque signée de Doll, condition des plus rares. Paris, Delaunay et Pelicier, 1817. In-8 de 366 pp., (1) f. d’errata. Plein veau havane, filet noir encadrant les plats, dos lisse avec pièce de titre de maroquin olive, tranches marbrées, charnières légèrement frottées. Reliure de l’époque signée de Doll. 201 x 126 mm.
Édition originale, très rare. C'est dans cet ouvrage qu'apparaît pour la première fois, imprimé sur la page de titre, le pseudonyme "M. de Stendhal". Vicaire, I, 452; Fléty, p. 60. «Rare». Clouzot, 256. «Ouvrage rare et important». Carteret, II, 346. Fruit des divers voyages de l'auteur en Italie, ce livre est le premier ouvrage signé du nom de Stendhal, pseudonyme auquel il devait conférer tant d'éclat (Martineau).Pour la première fois, H. Beyle utilisait le pseudonyme à consonance germanique à l'abri duquel il pouvait, en « hussard de la liberté » multiplier les critiques sur les fâcheuses conséquences du Congrès de Vienne pour le destin de l'Italie (Stendhal et l'Europe, catalogue de l'exposition à la Bibliothèque nationale, 1983, n°162).La préface n'a pas été reproduite dans les éditions postérieures. «Œuvve que Stendhal publia en 1817 ; l’auteur, ‘officier de cavalerie’, ‘qui a cessé de se considérer comme Français depuis 1814’, y prend le pseudonyme sous lequel il devait devenir célèbre. Le récit s’attache à l’itinéraire fictif d’un voyage que l’auteur aurait fait en 1816 et 1817, de Milan à Bologne, Florence, Rome, Naples, et par la suite de Rome à Florence, Bologne, Ancône, Padoue, Venise et Milan. En réalité, Beyle vit Padoue et Venise en 1813 et en 1815… L’Italie de ce temps permettait au jeune auteur de croire qu’il allait au-devant du bonheur : le magnifique développement des arts, la légèreté et tout à la fois le caractère absolu des sentiments, haine ou amour, les habitudes d’une société galante et pleine de vie le rendent intensément attentif au présent et curieux de cette civilisation séculaire. Rome, Naples et Florence lui semblent être les trois villes de l’esprit, pour la liberté des entretiens, l’activité des peintres et des musiciens, et la beauté des femmes. En proie aux transports d’un hédonisme raffiné, Stendhal passe avec ravissement d’un lieu à un autre, des lacs lombards aux rives de l’Arno, et au Vésuve, ne celant point son dédain pour les ‘âmes sèches’ qui ne comprennent pas la beauté de la création artistique et l’agréable vie d’une société qui n’a de compte à rendre qu’à elle-même et qui aspire aux plus hautes destinées. Et c’est dans son éloge de Milan que le livre atteint à une parfaite originalité, sur le plan littéraire. Plus tard, Stendhal devait compléter ce brillant aperçu sur l’Italie au XIXe siècle par ses ‘Promenades dans Rome’ ». Dictionnaire des Œuvres, V, 823. Précieux exemplaire de cette rare édition originale de Stendhal conservé dans sa pleine reliure de l’époque signée de Doll, condition des plus rares. Provenance: Auguste Lambiotte (n° 96 de la 4e vente Lambiotte de décembre 1977).
L’exemplaire personnel d’une autre grande femme de lettres du siècle des Lumières, Mademoiselle de Lespinasse, dont le salon fut le «laboratoire de l’Encyclopédie». Londres [Paris], 1764.In-8 de viii pp. y compris 1 frontispice gravé, 221 pp., (1) p. d’errata, 1 figure hors texte et 1 f. n. ch. d’explication de l’estampe à la page 117. Relié en plein veau marbré, filet à froid encadrant les plats, dos lisse orné de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin rouge, filet or sur les coupes, tranches rouges. Reliure de l’époque. 200 x 128 mm.
Édition originale de cet «ouvrage de morale d’une personne de beaucoup d’esprit qui sait penser et bien exprimer ce qu’elle pense.» (F. X. Feller, Dictionnaire historique, p. 17.) Barbier, III, 803; Cohen, p.86; Cioranescu, III, 61728; Barbier, Examen critique et complément des dictionnaires historiques, I, p. 39-40. «Dans son ‘Traité des Passions’, Madame Thiroux d’Arconville décrit les plaisirs des bourgeois. Le bourgeois est le seul élément fixe dans un monde en perpétuel changement. Dans sa vie sentimentale, le bourgeois ignore la passion et toute conduite irrationnelle. Il est préservé des déchirements des passions.Madame d’Arconville ne peut concevoir que le peuple ait des sentiments.» (Mauzi, L’idée du bonheur dans la littérature et la pensée françaises au XVIIIe siècle.) «Madame Thiroux d'Arconville (1720-1805) avait développé une grande érudition, aussi bien scientifique (chimie, médecine, botanique…) qu'historique et littéraire ; elle connut Voltaire, réunissait dans ses salons Turgot, Malesherbes, Lavoisier, Jussieu… et publia anonymement un grand nombre d'ouvrages.» (Michaud) « Une des femmes les plus instruites et les plus modestes du XVIIIe siècle. Un tact fin et délicat, de l’esprit sans affectation, de l’instruction sans pédanterie, une foule de mots heureux, d’expressions qui faisaient image, un à propos rare dans les citations la faisaient rechercher beaucoup plus qu’elle ne le désirait. Ses productions obtinrent, de son vivant, beaucoup de lecteurs, par leur seul mérite. ‘Des passions’ est un ouvrage de morale d’une personne de beaucoup d’esprit qui sait penser et bien exprimer ce qu’elle pense.» (Barbier). L’illustration se compose d’un fleuron et d’un cul-de-lampe par Tarsis gravés par Tardieu et de deux gravures à pleine page non signées. Bel exemplaire conservé dans sa reliure en veau marbré de l’époque. L’exemplaire personnel de Mademoiselle de Lespinasse, avec son ex libris manuscrit sur le titre. Jeanne-Julie-Eléonore de Lespinasse (1732-1776), fille illégitime du comte Gaspard de Vichy et de la comtesse d’Albon, est engagée comme lectrice dans le salon parisien de sa tante, Marie du Deffand. Dès 1747, ce célèbre salon est fréquenté par D’Alembert, Fontenelle, Montesquieu, Marmontel, Marivaux… La vivacité d’esprit et la finesse de Julie ne tardent pas à séduire les hôtes de sa tante. La célébrité de Julie de Lespinasse tient à ce qu’elle ouvrit son propre salon en 1764, qui sera fréquenté par Condillac, Marmontel, Condorcet et Turgot... À dire vrai, elle n'eut son propre salon qu'après avoir rompu avec la marquise du Deffand et entraîné avec elle la plupart des hôtes de son ancienne patronne. La brouille entre les deux femmes fut retentissante. On a dit de son salon qu’il fut le « laboratoire de l’Encyclopédie », dont elle fut l’égérie. Nombreux furent ceux qui subirent le charme de cette jeune femme au caractère ardent et passionné, mais c’est avec d’Alembert qu’elle se lia d’une profonde amitié. Précieux exemplaire particulièrement émouvant, associant deux des femmes de lettres françaises ayant marqué le siècle des Lumières, l’auteur, Madame Thiroux d’Arconville, et le premier possesseur du volume, l’épistolière et confidente des Encyclopédistes, Mademoiselle de Lespinasse.
Cette édition de 1502 de Pierre de Provence est répertoriée à ce jour à un seul exemplaire : celui-ci. I - Pierre de Provence et Maguelonne - S.l.n.d. (vraisemblablement Lyon, Martin Havard, vers 1502). Cy commence histoire du vaillant chevalier Pierre de Provence et de la belle Maguelonne fille du roy de Naples. Au colophon, p. h4 : Cy fine l’histoire de la belle Maguelonne fille du roi de Naples et de Pierre fils du conte de Provèce. In-4, de 64 pages signées a4-g4, impression gothique en français à 31 longues lignes, titre portant une grande lettrine de départ sur 5 lignes et 1 grand bois gravé (75 x 58 mm) : Maguelonne rencontrant Pierre de Provence armé en guerre, 17 autres bois gravés à quart de page (58 x 45 mm). Complet. Précieuse édition illustrée post-incunable de ce célèbre roman de chevalerie découverte et connue par cet unique exemplaire et donc jusqu’à ce jour inconnu de l’ensemble des bibliographes et des Institutions. [Relié avec : ] II- Adenet le Roi – Cleomadès et Cleremonde. Lyon, Didier Thomas, 1502. Le livre de Cleomadès fils du roy despaigne et de la belle Cleremonde fille du roy Cornuant. Au Colophon, f.4r : Cy fine l’histoire du noble Cleomadès et de la belle Cleremonde. Imprimé à lion par maistre Didier Thomas L’an mill ccccc deux, le troisiesme jour de may (3 mai 1502). In-4 de 48 pages signées a4-f4, impression gothique post-incunable en français à 30 longues lignes, titre portant une grande lettrine de départ sur 6 lignes et grand bois gravé (120 x 90 mm) : Cleomadès et Cleremonde partageant le même cheval, répété au verso du feuillet f2. Complet. Un seul autre exemplaire connu jusqu’à ce jour, celui de ‘James de Rothschild’. Le présent exemplaire est donc le seul en main privée et le seul non lavé en reliure ancienne. [Relié avec :] III- Les nobles prouesses des douze pers de France. A la fin, recto du feuillet 114 : Imprimé à Lyon par Martin Havard, lan de grace 1502 le VIIe jour de juillet (7 juillet 1502). In-4 de 113 feuillets sur 114, relié sans le titre. Impression gothique en français à 32 longues lignes, 42 bois gravés à mi-page, certains répétés, (100 x 90 mm), grande marque de l’imprimeur à ses initiales entremêlées d’une cordelette d’amour au feuillet p6r. Précieuse édition lyonnaise post-incunable de l’un des plus illustres romans de chevalerie découverte par cet unique exemplaire achevée d’imprimer le 7 juillet 1502, inconnue jusqu’à ce jour de l’ensemble des bibliographes et des Institutions nationales et internationales. Soit trois précieux romans de chevalerie illustrés post-incunables reliés en 1 volume in-4, plein maroquin brun, plats décorés à froid d’une bande de rinceaux encadrant un décor central de rameaux stylisés, dos janséniste à nerfs, anciennes restaurations d’usage aux caissons inférieur et supérieur du dos et aux charnières, tranches bleues. Reliure du XVIe siècle. 188 x 130 mm.
Description des trois romans de chevalerie : I- Pierre de Provence et la belle Maguelonne. (S.l.n.d., vraisemblablement Lyon, Martin Havard, vers 1502). Il faut tout d'abord abandonner, comme une fable inventée au XVIIe siècle, l'attribution à Bernard de Tréviers, sans doute simple sculpteur du XIIe siècle, d’une version originale de Pierre de Provence. Il en va de même du remaniement qu'en aurait fait Pétrarque lors de son séjour à Montpellier. Toutefois, le roman tel qu'il nous a été conservé au XVe siècle, est situé dans le cadre géopolitique du XIIe siècle. Pierre de Provence est, en effet, le fils du comte de Provence et Maguelonne la fille du roi de Naples. Or, au XVe siècle, comte de Provence et roi de Naples sont une seule et même personne : le roi René, chef de la maison d’Anjou. Pierre est parti faire ses armes à Naples, où il tombe amoureux de Maguelonne. Ils se fiancent, mais Pierre veut revoir ses parents et Maguelonne part avec lui en secret. En chemin, ils se reposent. Maguelonne s'endort tandis que Pierre la contemple puis tire du corsage de son amie les trois anneaux qu'il lui avait offerts et qu'elle avait enveloppés dans une étoffe de soie rouge. Attiré par la couleur, un oiseau rapace s'empare du sachet. En cherchant à le lui reprendre, Pierre prend la mer sur une barque et des Sarrasins le capturent ; il vivra longtemps chez eux. Maguelonne de son côté se réveille, abandonnée. Après maintes aventures, elle fondera au « Port Sarrasin » un hôpital pour les pèlerins. Un jour, on pêche un poisson et dans son ventre on retrouve les trois anneaux. Le roman s'achève après les retrouvailles des amants et leur mariage. On peut voir à la base de ce roman anonyme en prose française une légende qui justifie le nom de l'ancienne ville de Maguelone, située près de Montpellier, ou qui rappelle une fondation pieuse dans cette cité (rôle joué au XIe siècle par Pierre de Melgueil et son épouse Almodis dans l'histoire de l'île et de l'église de Maguelone). Toujours est-il que le texte eut beaucoup de succès, du moins sous l'une de ses formes, car on en connaît deux rédactions. La première, qui daterait de la première moitié du XVe siècle, est conservée par quatre manuscrits et ne fut imprimée qu'une fois à Lyon pour Barthélemy Buyer, vers 1480. La seconde rédaction, plus courte, figure dans une seule copie, où elle est datée de 1453. Ce manuscrit (Cobourg, Bibi. ducale S IV 2) est l'œuvre d'un Allemand et présente une double particularité : une traduction latine juxtalinéaire et des gloses allemandes marginales. De fait, « Pierre de Provence » fut très goûté en Allemagne, du XVe siècle jusqu'au romantisme. Cette seconde version fut traduite en allemand par Veit Warbeeck pour le mariage de l'électeur Jean de Saxe et de Sibylle de Clèves en 1527. En France même, cette rédaction fut imprimée dès 1485 environ et ne connut pas moins d'une vingtaine d'éditions différentes jusqu'à la fin du XVIe siècle. Alors le texte entra en 1620 dans la fameuse Bibliothèque bleue et s'y maintint jusqu'à la fin du XIXe siècle. Pierre de Provence donna encore matière à un mystère imprimé vers 1529 à Paris par Jean Saint-Denis ; à des traductions en espagnol (Cervantès le cite deux fois dans « Don Quichotte »), néerlandais, danois, polonais, grec... L'histoire de Pierre et Maguelonne reparaît comme un thème folklorique récurrent, dans le domaine de l'astronomie populaire en Provence, au XIXe siècle. Les Memori de Mistral, Les Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet s'en font l'écho : après une course folle, la belle Vénus-Maguelonne - l'étoile du berger - retrouve tous les sept ans Saturne-Pierre pour une conjonction, symbole de leur union. Edition illustrée post-incunable d’une insigne rareté puisque découverte par cet unique exemplaire et demeurée jusqu’à ce jour inconnue de l’ensemble des bibliographes et des Institutions. Cette superbe édition de Pierre de Provence et la Belle Maguelonne, ornée de 18 gravures sur bois, semble être une impression de l’atelier de Martin Havard, maître-imprimeur établi à Lyon en 1493, rue Raisin, près Nostre-Dame. L’alphabet est à comparer à celui du Fierabras et à celui qu’en donne Claudin, copié en partie sur celui de Pierre le Caron, imprimeur à Paris et particulier à Havard. - [Relié avec :] II- Adenet Le Roi – Cleomadès et Clarmondine. Lyon, Didier Thomas, 1502. Le livre de Cleomadès fils du roy despaigne et de la belle Clarmondine fille du roy Cornuant. « Le texte commence ainsi, au verso même du titre : « En Espaigne avoit une damoiselle, laquelle print, hors du royaulme, a mary le filz du roy de Sardaigne, et fut appellée ycelle damoiselle royne d'Espaigne, et eut nom Doctive, et le roy eut nom Marchaditas... ». Le roman de Cleomades a été composé dans le dernier quart du XIIIe siècle par Adenet le Roi, qui en emprunta le sujet aux légendes byzantines. La rédaction en prose est, d'après Du Verdier (III, 199), l'œuvre de Philippe CAMUS, dont nous avons déjà cité l'Olivier de Castille (t. II, n° 1491) et qui est peut-être aussi l'auteur de Pierre de Provence (t. II, n° 1497). Le poème original d'Adenet le Roi a été publié par M. van Hasselt (Bruxelles, 1866, 2 vol. in‑8). » (Cat. James de Rothschild décrivant le seul autre exemplaire connu de cette remarquable édition post-incunable). Adenet le Roi, Adenet ou Adam le Ménestrel, plus tard Le Roi Adam ou Le Roi Adenet. Nous le rencontrons d’abord au service du duc de Brabant et trouvère de Henri III, qui fit du jeune homme un ménestrel : Menestreus au bon duc Henri fui, cil m’aleva et norri Et me fist mon mestier aprendre. Mais la mort de son protecteur (28 février 1261) amena le jeune musicien à chercher un autre maître, malgré la sympathie de Jean et de Godefroid, fils d’Henri III. Adam passa en Flandre : le premier document d'archives gantois qui cite son nom nous reporte à la Noël de 1270. En 1270-1271, en effet, il accompagne Gui de Dampierre à la croisade de Tunis. Au cours de cette expédition, qui lui fit notamment traverser la Sicile et toute l'Italie, il recevait le même salaire que Jakemon le panetier ou que Pieron le tailleur. Rentré en Flandre, Adam resta, pendant une trentaine d'années encore, au service du comte Gui, ami des fêtes et des ménestrels, passionné de musique, de littérature et de beaux livres. Le comte voyageait souvent, surtout en France ; avec lui, son ménestrel apprit ainsi à connaître et à aimer la France et Paris. « Adenet entreprit enfin, sur le conseil de la reine Marie et de la princesse Blanche, veuve d'un infant de Castille, d'évoquer l'histoire, diverse et merveilleuse, du cheval de fust, le cheval d'ébène, construit par Crompart, roi de Bougie, et qui transportera Cleomadès à travers toute l'Europe. La princesse avait probablement recueilli cette histoire en Espagne où les Arabes ont dû l'apporter (comp. Les Mille et une nuits). Batailles et duels, amours d'abord contrariées de Cléomadès et de Clarmondine, aventures toujours renaissantes, merveilleux et mécaniques ingénieuses : nous sommes ici en plein roman courtois (18 688 octosyllabes à rimes plates, avec quelques compositions lyriques). Utilisant d'une manière alerte ce vers classique, Adenet déroule avec joie la longue surprise des péripéties et des coups de fortune, sans se soucier de trop de rigueur. Mais dans ce conte de pure fantaisie, qui charmera encore Jean Froissart, il a mis cependant une part de son expérience, notamment des souvenirs de son voyage en Italie.Personnalité assez originale, qui manque peut-être de force, mais non de relief, Adenet a été un homme de goût, d'une sensibilité délicate. Il reste, en un sens, un provincial mais il le fut avec talent. G. Paris a dit, non sans raison, qu'il avait été « le dernier des grands trouveurs du vrai Moyen-âge. »A.H. Magnifique édition post-incunable de 1502 d’une insigne rareté demeurée inconnue de Brunet et Deschamps. Brunet décrit une édition de Troyes « imprimée avant l’année 1512, « fort rare et d’un grand prix ». Guy Bechtel signale l’exemplaire Rothschild, le seul connu jusqu’à ce jour. A. Claudin analyse ainsi ce rarissime volume qu’il mentionne « connu à un seul exemplaire » : « Didier Thomas, imprimeur, demeurant « dans la rue tirant d’Ambronay au Puys Peloux », est inscrit sous cette désignation à partir de 1493 dans les rôles d’archives de la ville de Lyon. Cependant nous ne pouvons citer aucun ouvrage signé de lui avant le 3 mai 1502, époque où il fit paraître le roman de Clamades, petit in-quarto dont le seul exemplaire connu se trouve dans la bibliothèque du baron James de Rothschild ; il en est fait mention dans le merveilleux catalogue rédigé par M. Émile Picot (voir t. iii, p. 433-435). L’achevé d’imprimer porte la date du 3 mai 1502. Le titre nous présente Clamadès chevauchant avec la belle Claremonde. Cette planche a déjà figuré à la fin de l’édition imprimée à Lyon par Jean de La Fontaine, en 1488 (voir Histoire de l’Imprimerie, t. III, fac-similé, p. 532). Il semble probable que Didier Thomas ait succédé à Jean de La Fontaine, et qu’il ait imprimé des livres qu’il n’a pas signés ou que nous ne connaissons pas. » Cette édition post-incunable illustrée du 3 mai 1502 est donc désormais connue à deux exemplaires, dont un seul en reliure du XVIe siècle et en main privée, celui-ci. - [Relié avec :] III – Les nobles prouesses des douze pers de France. Lyon, Martin Havard, 1502. A. Claudin (Histoire de l’Imprimerie en France au XVe et XVIe siècle, tome iv, p. 213 et suivantes) écrit ceci à propos de la réédition donnée par Martin Havard en 1505 (Rappelons que la présente édition Martin Havard du 7 juillet 1502 était jusqu’à ce jour inconnue) : « En voici un, cependant, qui a échappé à ses recherches (Brunet), bien qu’il soit daté de 1505 et qu’il dépasse la limite extrême du XVe siècle, nous avons cru devoir le mentionner ici en raison de l’intérêt qu’il peut présenter pour l’histoire des travaux de notre imprimeur. Le volume dont il s’agit est une édition in-quarto du roman sous cet autre titre : La conqueste que fist le grant roy Charlemaigne ès Espaignes, avec les nobles prouesses des douze Pers de France, et aussi celles de Fierabras. Ce volume de 1505 est un livre d’une insigne rareté ; il n’est pas mentionné par Brunet, et le seul exemplaire que nous en connaissions se trouve à la Bibliothèque de l’Arsenal, à Paris. Cette édition possède en outre un avantage sur celles qui ont été imprimées avant la fin du XVe siècle, elle contient une relation de l’expédition d’Italie sous Charles viii, de la conquête de Naples et de la bataille de Fornoue, comme il est dit au titre : Oultre plus est comprins aulcun recueil fait a lonneur du trescrestien roy de France, Charles huytiesme dernièrement décédé, touchant la conqueste de Naples et la journée de Fornou. La figure du preux brandissant son épée est la même que celle du Mandeville de Barnabé Chaussart. Les illustrations du texte dont nous donnons ci-dessous des spécimens, proviennent du matériel dispersé de Guillaume Le Roy, qui était passé successivement chez Jacques Maillet, puis chez Maréchal et Chaussart, et dont les bois avaient été utilisés dans les éditions publiées tour à tour en 1489, en 1496, et en dernier lieu, en 1501, par ces derniers imprimeurs. » « Le volume est composé avec des caractères différents de ceux que Martin Havard employait habituellement dans les livres qui lui sont attribués. Ce sont exactement les mêmes types que l’on trouve, à partir de 1492 (n. st.), dans certaines impressions au nom de Jacques Maillet, par exemple : dans le Baudouin de Flandres, daté du 26 novembre 1491, et la Somme rurale, du 9 novembre 1494. (Voir alphabet, p. 105, et fac-similés, p. 102, 104 et 110). N’y a-t-il pas lieu de supposer que Martin Havard a travaillé pour Jacques Maillet qui, selon nous, était plutôt marchand libraire et éditeur qu’imprimeur de métier ? Havard, à l’exemple d’Ortuin, a bien pu imprimer pour le compte de Maillet, son ancien commanditaire, les livres composés avec ce type spécial et portant le nom de ce dernier. L’édition sortie des presses de Martin Havard, est datée du 18 avril 1505. » (A. Claudin). La présente édition, sortie des presses du même Martin Havard, est datée du 7 juillet 1502. « Le premier roman de langue française de l’Histoire de l’imprimerie ». Harry F. Williams. (Dictionnaire des Lettres Françaises. Le Moyen Age). Toutes ces premières éditions ne sont connues qu’à 1 ou 2 exemplaires, la présente édition était inconnue jusqu’à la découverte du présent exemplaire. Le volume contient la mise en prose du roman. L’auteur nous apprend dans son avant-propos qu'il a pris la plume à la requête d'un chanoine de Lausanne, Henry Bolomier, et qu'il a complété le roman par divers chapitres tirés du Miroir historial de Vincent de Beauvais et des Grandes Chroniques de France. Nous savons de plus par divers manuscrits que cet auteur était natif du pays de Vaud. Il s'appelait Jehan Bagnyon, ainsi qu'on le voit dans l'édition lyonnaise de 1489 (Cat. Didot, 1878, n° 553). Henry Bolomier, qui était sans doute parent du vice-chancelier de Savoie Guillaume Bolomier, condamné à mort en 1446, est mentionné dans un acte du chapitre de Lausanne en date du 17 mai 1453 (F. de Gingins-Le-Serra et F. Fovel, Recueil de chartes, statuts et documents concernant l'ancien évêché de Lausanne, 1846, p. 545). Quant à Jehan Bagnyon, il était bachelier ès lois et notaire ; il est qualifié, le 6 juillet 1481, « authoritate imperiali notarius publicus, curieque officialatus Lausannensis juratus ». Il exerçait encore son office le 28 septembre 1482. Voy. F. de Gingins-La-Serra et François Fovel, loc. cit., pp. 617, 649, 659. Son ouvrage, publié à Genève en 1478, sous le titre de Fierabras et réimprimé au moins sept fois sous le même titre jusqu'en 1497 (voy. Brunet, II, col. 1249-1251) a été reproduit au XVIe siècle et même au XVIIe dans des éditions qui toutes portent le titre donné ci-dessus ». (Cat. James de Rothschild, qui ne possédait que la réédition de 1552 reliée par Trautz-Bauzonnet). Le volume est orné de 42 « remarquables gravures sur bois exécutées dans le tout premier style lyonnais », sans doute par plusieurs artistes. Le héros du poème est un chevalier sarrasin devenu chrétien après un combat avec Olivier. Il a une sœur, Floripar, qui s'éprend d'un chevalier chrétien, Gui de Bourgogne ; convertie à son tour à la religion du Christ, elle épouse Gui, après que Charlemagne eut tué le Sarrasin qui tenait celui-ci captif. L'Espagne est alors partagée entre Fierabras et Gui de Bourgogne, et Charlemagne emporte à Saint-Denis et à Compiègne les reliques de la Passion jadis conquises par Fierabras et dont Floripar était dépositaire. Ce roman eut au Moyen-âge une diffusion extraordinaire et Cervantès nous apprend que Don Quichotte en faisait une de ses lectures préférées. Deux versions poétiques nous sont restées de cette œuvre, l’une en français, l’autre en langue d'oc, toutes deux datant du commencement du XIIIe siècle. La version occitane fut le premier imprimé de tous nos textes épiques par les soins d’I. Bekker à Berlin. La version française a été mise en prose par Jean Bagnyon, un dérimage a été édité dès 1478 à Genève ; c’est le premier roman à avoir eu les honneurs de l’édition. Il figure dans la compilation de David Aubert, les Croniques et Conquestes de Charlemagne. Il a également été traduit ou imité en castillan, en portugais, en italien, en anglais, en flamand, en allemand (par Jean II, duc de Palatinat-Simmern), en latin et en provençal. Ce roman de chevalerie suscita un immense enthousiasme populaire. Le récit de Jean Bagnyon est en fait plus large que la seule histoire du géant Fierabras. Il est divisé en trois livres ; le premier contient un abrégé de l'histoire des rois de France jusqu'à Clovis, un éloge de Charlemagne et le sommaire de son règne, son voyage à Jérusalem d'après l'Iter lerosolymitanum ; le second, l'histoire de Fierabras ; le troisième, le récit de la guerre d'Espagne d'après Turpin. Pour le reste de cet ouvrage, Jean Bagnyon semble avoir eu pour unique source le Speculum historiale de Vincent de Beauvais, et n'avoir connu le Turpin qu'à travers le Speculum. Le roman de Jean Bagnyon a inspiré le Carlo Magno de Juan José Lopez. Précieux volume de grand prix formant le plus rare recueil de trois illustres romans de chevalerie post-incunables illustrés de la bibliophilie française et permettant de découvrir deux précieuses éditions post-incunables inconnues jusqu’à ce jour et une édition post-incunable connue jusqu’alors par l’unique exemplaire « James de Rothschild », et devenant par la même la seule en main privée : « Cleomadès et Clarmondine », et la seule en reliure ancienne. Volume d’exception, non lavé, conservé dans sa reliure du XVIe siècle en maroquin brun décoré, provenant de la bibliothèque « Rolando Della Valle » (XVIe - Livourne et Casale Monferrato) : « Rolandus a valle possidet hunc librum » et note manuscrite d’une autre main au deuxième contre‑plat : « Dans se presant livre de grand et belles choses ».
Bel exemplaire à grandes marges provenant des bibliothèques «Charlotte Hoive 1737» et André Cade avec ex-libris. Paris, Augustin Courbé, 1647. 5 volumes in-8 de I/ (16) pp. dont 1 frontispice gravé et 2 portraits, 855 pp. comprenant 12 gravures, (5); II/ (16) pp. dont 1 frontispice gravé, 2 portraits, 984 pp. y compris 12 gravures; III/ (23) pp. y compris 1 frontispice et 2 portraits, 1221 pp. y compris 12 gravures, (3) pp.; IV/ (16) pp. y compris 1 frontispice, 2 portraits, 1386 pp. y compris 12 gravures, (4) pp.; V/ (32) pp. y compris 1 frontispice gravé et 3 portraits, 953 pp. y compris 12 gravures, (3) pp. Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs très ornés, roulette dorée intérieure, double filet or sur les coupes, tranches dorées sur marbrure. Chambolle-Duru. 180 x 113 mm.
Première édition définitive et dernière édition complète de l’Astrée, fameux roman à succès qui modela les pensées et les mœurs des salons précieux du XVIIe siècle, illustrée par un grand peintre de l’école de Fontainebleau, Daniel Rabel. Tchemerzine, V, 945. L’Astrée, dont le succès fut immense et l’influence durable, (le berger Céladon amoureux de la bergère Astrée est évoqué par Racine pour son Andromaque), est difficile à rencontrer en exemplaires homogènes; celui-ci est tout entier du même libraire. (Tchemerzine V, 945). Un feuillet restauré au tome 2. C'est en fait la première édition que l’on puisse, de plus en plus rarement, rencontrer en reliure uniforme avec tous les volumes à la bonne date. La première édition collective de l’Astrée est publiée en 1631. Elle sera remaniée jusqu’en 1647, date de la parution de cette dernière édition collective et définitive, considérée comme mieux imprimée et plus complète. «Elle est plus correcte que celle de 1631. » (Brunet, V, 1015) Cette édition, complète, corrigée, et définitive, contient la dédicace à Henri IV, lecteur de l'Astrée dès avant sa parution, insérée dans les éditions postérieures à la première de 1610 (tome II), la préface à Louis XIII qui suivit (tome III), et les deux dédicaces par Balthazar Baro, le continuateur du roman en 1625 à la mort d'Urfé : la première à la reine-mère Marie de Médicis (tome IV) et la seconde à Ambroise Spinola, commandant des armées espagnoles en Hollande (tome V). Grand roman pastoral et psychologique, en 5 livres et plus de 5000 pages, L’Astrée a profondément marqué la sensibilité du XVIIe siècle. « Honore d'Urfé y a transposé et idéalisé son amour pour Diane: … en y ajoutant la transposition d'anecdotes réelles (tels les amours d'Henri IV et de la belle Gabrielle »). Le succès de l’ouvrage fut immense : on se l’arrachait dans les cours d’Europe et à la ville ; Boileau, La Fontaine et Molière le lurent dans leur jeune âge, et Jean-Jacques Rousseau n’a jamais caché l’influence que le grand roman pastoral et précieux d’Honoré d’Urfé avait exercée sur lui. L’Astrée, terre natale des poètes. Code de l'Amour parfait dont elle résume les lois en 12 articles, L'Astrée est la première œuvre importante que nous ait donné le roman sentimental. «Dans L’Astrée, dédiée à Henri IV et dont le Vert Galant s’était délecté, l’éveil de la connaissance amoureuse, dans des paysages de hautes herbes, de futaies et de cours d’eau, s’accompagnait pour les jeunes lecteurs et lectrices du XVIIe siècle les plus précoces et doués, d’une découverte de leur propre langue, de ses ressources de trahison et de loyauté. L’Arcadie forézienne de d’Urfé pouvait se transposer en Champagne, comme en Bretagne et même en Île-de-France, elle favorisait la traduction en expérience intime française des Bucoliques de Virgile, des Métamorphoses d’Ovide, des élégies latines, bref, de l’imaginaire antique étudié en même temps au collège» (Marc Fumaroli). « Le succès du roman fut immense et son influence profonde sur les mœurs et la littérature. Boileau l'appréciait, et La Fontaine en faisait une de ses lectures favorites. » La remarquable illustration de Daniel Rabel, gravée par Michel Lasne comprend 5 frontispices, 11 portraits et 60 belles gravures à pleine page. « Il y a de la grâce et du charme dans les petits tableaux de genre... Il paraît tout naturel que les meilleures gravures du livre, soient celles où, autour d'alcôves de style Louis XIII, parade le monde des ruelles... Rabel était le dessinateur officiel des Ballets du Roi... Il a dû reproduire de préférence ce qu'il avait sous les yeux. Aussi est-on autorisé à se demander si tout est fiction dans ce décor architectural... » (Jeanne Duportal). Bel exemplaire a grandes marges provenant des bibliothèques «Charlotte Hoive1737» et André Cade avec ex-libris.
« Un des chefs-d'oeuvres de la prose française moderne ». En Français dans le texte, n° 323. Paris, Bonvalot-Jouve, 1906.Grand in-8 de (1) f. bl. et (9) ff. Conservé dans la couverture rouge imprimée de l’éditeur.251 x 158 mm.
Première édition séparée de « l’une des œuvres en prose les plus célèbres de la fin du XIXe siècle ». Cet ouvrage a paru pour la première fois en 1896 dans la Revue Centaure. « Paul Valéry, qui a profondément renouvelé la tradition intellectuelle de son pays, a laissé une des œuvres les plus importantes du point de vue quantitatif et qualitatif de toute l’histoire de la pensée française. ‘La Soirée avec Monsieur Teste’, un des textes les plus étroitement liés au nom de Valéry (Teste étant à tort identifié avec lui), est aussi une des œuvres en prose les plus célèbres de la fin du XIXe siècle et, en fonction de l’époque à laquelle elle a été le plus lue, de la première moitié du XXe. Son héros, une sorte de quintessence de l’intellectualité, de la volonté de rigueur, de la maîtrise de toutes les opérations de l’esprit et du refus des à peu près trompeurs des émotions convenues comme des normes sociales- d’où son influence sur les surréalistes- continue à fasciner des générations successives de lecteurs […]. Le drame qui se joue dans ‘La Soirée’, surtout à partir du moment où les analyses abstraites de Monsieur Teste sont traversées par une vive et mystérieuse souffrance, c’est celui même de notre époque, qui s’aperçoit que l’intellect, si lucide qu’il soit, ne domine pas tout, ne résoud pas tout et ne s’applique pas à toutes les dimensions de l’existence, à commencer par celle du subconscient.Ecrit avec une extrême concision dans un style elliptique qui juxtapose d’une façon abrupte, presque hachée, les notations et les concepts les plus variés, ce texte très novateur qui respire une intelligence à la fois aiguë et inquiète est un des chefs-d’œuvre de la prose française moderne, à mi-chemin entre l’essai philosophique et le conte abstrait ». (Judith Robinson-Valéry, En Français dans le texte n° 323). Monsieur Teste « devait séduire les personnalités les plus diverses, d’André Breton, qui savait ‘La Soirée’ par cœur, à André Gide, qui y voyait un code moral, une éthique » (Dictionnaire des Œuvres, IV, 630). Bon exemplaire de cette œuvre majeure conservé dans la couverture rouge imprimée de l’éditeur.
L’édition originale de Bonheur de Verlaine, l’un des 55 exemplaires sur papier de Hollande, unique tirage sur grand papier. Paris, Léon Vanier, 1891.In-8 de (2) ff., 120 pp. Relié en plein maroquin brun à grain long, triple filet doré encadrant les plats, dos lisse légèrement insolé orné d’un encadrement de triple filet doré, filet doré sur les coupes, doublures de maroquin havane à grain long ornées d’un encadrement de triple filet doré, gardes de tissu à motifs géométriques, couvertures et dos conservés, tranches dorées sur témoins. Reliure signée de Semet et Plumelle. 184 x 124 mm.
Édition originale de ce recueil de poèmes de Verlaine. Carteret, II, 428; Clouzot, p. 267. L’un des 55 exemplaires sur papier de Hollande justifiés à la main, unique tirage sur grand papier, celui-ci portant le n°26. Le présent recueil est en fait le dernier volet du polyptique religieux formé de Sagesse, Amour et Parallèlement. L'idée de ce recueil date d'octobre 1885, mais il faudra attendre avril 1887 pour que Verlaine s'attelle à cette œuvre « chrétienne ». Entre mai 1887 et fin avril 1891, date de sa sortie en librairie, le poète hésita à le confier à son éditeur habituel, à la faveur d'Albert Savine à qui le poète céda en 1888 le droit de faire paraître l'ouvrage. Finalement c'est à Vanier qu'il laissa le soin de publier Bonheur après s'être brouillé avec l'éditeur pressenti. Bel exemplaire conservé dans sa reliure en maroquin doublé de maroquin avec les couvertures conservées. Provenance: des bibliothèques Brayat et H. Bradley Martin avec leurs ex libris.
Édition originale, tirée à 500 exemplaires, du « dernier ouvrage important du ‘pauvre Lélian’ ». Paris, Léon Vanier, 1889. In-8 de (2) ff.bl., (3) ff., 116 pp., (1) f.bl. Cahier volant comprenant le recueil de vers « Chasteté », exemplaire truffé d’un billet autographe signé de Paul Verlaine au crayon. Conservé dans sa couverture beige clair imprimée d’origine, non rogné, sur témoins. Etui-chemise en demi-maroquin signé Pierre-Lucien Martin. 187 x 122 mm.
Édition originale, tirée à 500 exemplaires, du « dernier ouvrage important du ‘pauvre Lélian’ ». « Certains exemplaires possèdent une pièce supplémentaire : ‘Chasteté’, ce qui leur donne une forte plus-value ». (Clouzot, p. 267). « Quelques exemplaires contiennent, encartée, une poésie, ‘Chasteté’ (2 ff.), offerte aux lecteurs ; elle devait paraître, sans titre, dans Bonheur ». (Carteret, II, 425). Exemplaire bien complet de la pièce Chasteté encartée par Léon Vanier, qui paraîtra dans Bonheur. « Recueil poétique de Paul Verlaine (1844-1896). Paru en 1889, c’est le dernier ouvrage important du ‘pauvre Lélian’. Il est formé de pièces écrites à diverses époques. Quelques poèmes de jeunesse, d’autres écrits à la prison de Mons et pris dans la manuscrit de Cellulairement jamais publié, enfin des compositions inspirées par des épisodes sentimentaux et sexuels, normaux ou non (1885-1888). Si l’érotisme semble le lien qui a présidé à la composition de ‘Parallèlement’ et lui évite – assez mal- une allure chaotique, on peut s’interroger sur le dessein qu’a eu l’auteur en exhumant et en collant bout à bout des pièces vieilles déjà de vingt ans parues dans diverses revues ou restées à l’état de manuscrit. Selon ses propres mots, ‘il feint de communiquer avec le diable’ ; il veut donner ‘un recueil en vers des sensations des plus sincères, mais bien osées’. [...] On peut y voir une œuvre tout entière dominée par la sensualité, ‘parallèle’ au mysticisme de ‘Sagesse’ et ‘Amour’, ou une évocation des amours ‘parallèles’ du poète, une manifestation de ses deux courants d’inspiration, Arthur le compagnon infernal, Mathilde l’épouse légitime. Datant d’époques très différentes de la vie de Verlaine, ces poèmes donnent une allure générale de son talent poétique. L’influence de Baudelaire s’y fait jour, tout comme ailleurs celle de style argotique et familier... » (Dictionnaire des Œuvres, V, 123). Très bel exemplaire conservé broché et bien complet de la pièce Chasteté.
Edition de luxe et première édition illustrée de La Henriade. L’un des rares exemplaires imprimés sur papier fort de Hollande, à très grandes marges. A Londres, 1728. In-4 de (3) ff., 202 pp. et 12 planches. Collation conforme à l’exemplaire conservé à la B.n.F. Relié en plein maroquin bleu, triple filet doré autour des plats, dos à nerfs richement orné, double filet sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Reliure du XIXe siècle signée Chambolle-Duru. 300 x 235 mm.
Edition de luxe et première édition illustrée de La Henriade de Voltaire. Bengesco, n365 ; Cohen, 1025 ; Le Petit, Bibliographie des éditions originales, pp. 534-535. Elle comporte la dédicace de Voltaire, “To the Queen” et l’édition a été remaniée par voltaire par rapport a la première de 1723. La présente édition de Londres 1728 est la première à porter le titre ‘La Henriade’ et la première qui soit complète, c’est-à-dire en dix chants. C’est d’autre part la première qui ait été faite entièrement sous les yeux de voltaire, corrigée avec soin et revue par lui. “La première qui ait été corrigée avec soin et revue par Voltaire, cette édition de luxe présente un texte parfois différent de celui de l’édition de 1723 et des suivantes, et partout ce texte est beaucoup plus correct. Cette belle édition peut donc être considérée comme la première vraiment authentique.” (Le Petit). « Les exemplaires sur papier de Hollande sont rares. » (Cohen, 1025). Elle comporte un frontispice par de Troy, gravé par Surugue, un fleuron sur le titre dessiné par Michaux, gravé par C. (Cochin), 10 grandes figures par de Troy, Lemoine, Vleughels, gravées par Desplaces, Dupuis, Tardieu, Jeaurat, Cochin, 10 vignettes dessinées par Michaux, gravées par Dupuis, Poilly, Fletcher, Lépicié, et 10 culs-de-lampe par les mêmes. « La vignette qui se trouve en tête du ‘Chant troisième’ contient le portrait, en médaillon, de la reine Elisabeth d’Angleterre. » (Le Petit) Voltaire a écrit La Henriade en l’honneur du roi de France Henri IV et de la tolérance. Le sujet central de l’ouvrage est le siège de Paris, commencé par Henri III et poursuivi par Henri de Navarre, futur Henri IV. La Henriade est un poème composé de deux parties; d’événements réels et de fictions toutes puisées dans le système du merveilleux, telles que la prédiction de la conversion d’Henri IV, la protection que lui donne le roi saint Louis IX de France, ancêtre de la Maison Royale de France, son apparition, etc. La censure avait remarqué dans le poème plus d’un endroit contenant des propositions sentant l’hérésie et elle exigeait des suppressions auxquelles l’auteur ne crut pouvoir consentir. Voltaire dut faire paraître hors de France un poème qu’il ne pouvait espérer faire publier avec l’assentiment de l’autorité, la dédicace ayant été refusée au nom du roi par le régent. Il décida alors de le faire imprimer secrètement à Rouen par Viret. Il s’agit de l’édition qui fut publiée en 1723 sous le titre La Ligue ou Henry le grand, poème épique, à Genève, chez Jean Mokpap (Rouen, Viret), in-8. Ce poème n’a que 9 chants et possède des lacunes considérables. En 1728, Voltaire se trouvait en Angleterre et venait d’essuyer une terrible banqueroute. Louis XV lui fit envoyer deux milles écus et tout Londres se pressa pour faire imprimer, par souscription, une édition de La Henriade, ce qui fut fait et rendit par la générosité de la nation anglaise sa fortune à l’auteur. Puisque Louis XV avait refusé la dédicace, Voltaire en fit l’honneur à la reine Élisabeth dont il admirait le pays et ses institutions libérales. “La Henriade garde de l’importance par les sentiments profonds de tolérance religieuse et civile qui l’animent. Ce héros de prédilection de la France personnifie aussi ce type de souverain éclairé qu’attendaient les gens cultivés de cette époque et dont le “Siècle des Lumières” fixera définitivement les caractéristiques.” Précieux exemplaire, l’un des rares imprimés sur grand papier de Hollande, à très grandes marges avec de nombreux témoins (hauteur 300 mm), revêtu d’un beau maroquin bleu du XIXe siecle de Chambolle-Duru.
Cette édition originale de Candide est très rare. S.l. [Genève, Cramer], 1759. [Reliés à la suite] : II- [Maubert de Gouvest, Jean-Henri]. Ephraïm justifié. Mémoire historique et raisonné sur l’état passé, présent et futur des finances de Saxe... adressé par le Juif Ephraïm à son cousin Manasses d’Amsterdam. Nouvelle édition. Erlangen, 1758. III- [Du même]. Lettre du Prince de Prusse mourant, au Roi son frère. Erlangen, 1758. IV- [Rémond de Saint-Sauveur]. Remerciement d’un Particulier à Messieurs les Philosophes du Jour. V-[Coyer, Gabriel-François]. Lettre au R.P. Berthier sur le matérialisme. Genève (Paris), 1759. Soit 5 ouvrages reliés en 1 volumes in-12 de : I/ (1) f.bl., 299 pp. (signatures A-Nh), (1) f.bl. ; II/ viii pp., 103 ; III/ 23 pp. ; IV/ 8 pp. ; V/ 77 pp. L’encre noire a légèrement déchargé en transparence lors de l’impression de Candide. Reliure de l’époque en veau marbré, dos lisse orné de motifs dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges. Reliure de l’époque. 161 x 93 mm.
Véritable édition originale de Candide, « très rare et fort recherchée ». (Douze autres ont paru la même année). Elle est conforme aux caractéristiques données par A. Morize. « Il existe de Candide huit éditions différentes, publiées en 1759 sans nom de ville ni d’imprimeur, toutes tirées dans le même format, et ayant toutes un titre identique. De ces huit éditions, celle-ci est la première. » (Bengesco. B.N.F., En Français dans le texte). Dès le 2 mars 1759, Candide fut dénoncé au conseil de Genève qui ordonna la destruction du livre. Voltaire est le maître du pessimisme ironique. Eugène Marsan observe à cet égard : « De toutes ses veines, c’est celle-là qui a le moins souffert du temps. Ce qu’il avait de caduc dans sa poésie, de sec dans son histoire, de court dans sa philosophie a fini par rebuter, au lieu que le pessimisme du Candide a de plus en plus séduit ». Cette édition originale de Candide est très rare. II/ Edition originale de ce texte de Maubert de Gouvest. Voltaire a analysé un ouvrage de cet auteur. Celui-ci, ancien capucin, était devenu le secrétaire du roi de Pologne Stanislas Ier. Maubert de Gouvest (1721–1767), “successivement officier d'artillerie, capucin, calviniste, directeur des comédiens français en Allemagne” (Quérard), fulfilled the first of these roles at the Electoral court of Saxony in 1745, when he took part in the Battle of Dresden against Prussia. The present work compares these two nations, now engaged in the Seven Years War, in the form of a letter from a German Jew to his cousin in The Netherlands. Barbier II, cols 140–1; Goldsmiths' 9385; Quérard V, 629. III/ Maubert de Gouvest revendique dans sa correspondance avec Cobenzl la paternité de la Lettre du prince de Prusse mourant, au roi son frère (Erlangen, 1758). V/ Edition originale de cette lettre, hostile aux Philosophes, et qui sera pourtant insérée dans l’édition de 1773 des œuvres complètes de Diderot comme étant de sa main. Précieux exemplaire de cette réunion de textes du XVIIIe siècle, dont l’édition originale de Candide, conservé dans sa reliure en veau marbre de l’époque.
La Henriade de Voltaire conservé dans son maroquin de l’époque mosaïqué et armorié, condition d’exception pour un livre imprimé au cours de la Révolution française. Paris, P. Didot, fils aîné de F.A. Didot l’aîné, 1790. Grand in-4 de 1 portrait, 1 pl. hors-texte, xl pp., 222 pp., (1) f., 12 planches hors-texte. Plein maroquin rouge à grain long, plats richement ornés de filets, grecque et roulette dorées, dos à faux-nerfs mosaïqué avec incrustation de bandeaux de maroquin vert, pièces de titre et de tomaison en maroquin vert, chiffre doré du prince Albert de Saxe-Teschen répété cinq fois dans les entre-nerfs, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure armoriée et mosaïquée de l’époque. 308 x 228 mm.
Le premier ouvrage publié par Didot Fils et l’un des plus rares et des plus beaux livres illustrés du XVIIIe siècle. Bengesco, n404; Brunet, V, 1361. «Cette édition, très correcte, ne fut imprimée qu’à 250 exemplaires, sur le plus beau papier vélin d’Angoulême, avec de nouveaux caractères gravés exprès et tout récemment, par Firmin Didot. C’est le premier ouvrage auquel Didot fils aîné ait donné ses soins». La Henriade, poème de Voltaire, parut en 1723. Le personnage principal est le sage roi Henri IV qui met fin par son abjuration aux graves querelles religieuses du temps qui opposent catholiques et calvinistes. Exemplaire magnifique, tout à fait exceptionnel, imprimé sur grand papier vélin enrichi de dix figures par Moreau, gravées par Dambrun, de Launay, Duclos, Guttenberg, Helman, Lingée, Patas, Romanet, Simonet et Trière, un portrait de Henri IV, par Porbus, gravé par Tardieu, un portrait ajouté de Voltaire, gravé par Langlois, d’après La Tour, et le portrait de Frédéric-Guillaume de Prusse par Moreau le jeune. Cette édition des œuvres de Voltaire ne se trouve pour ainsi dire jamais en maroquin armorié de l’époque puisqu’elle fut imprimée en pleine Révolution française. Exemplaire unique, imprimé sur grand papier, relié en maroquin rouge décoré de l’époque avec incrustation de mosaïques de maroquin vert pour le Prince Albert de Saxe-Teschen dont il porte le chiffre répété au dos du volume et l’étiquette de bibliothèque, et son épouse, la sœur de la reine de France, Marie-Antoinette. «Albert, duc de Saxe-Teschen, épousa, en 1766, l’archiduchesse Christine, fille de l’empereur François Ier et sœur de Marie-Antoinette, reine de France, et il fut nommé, conjointement avec Christine, au gouvernement des Pays-Bas autrichiens. Il maniait fort habilement le crayon et le burin. C’est d’après ses dessins et sous sa direction qu’a été construit le superbe château de Laeken, près de Bruxelles. Il fonda l’Albertina à Vienne». Les bibliographes ne mentionnent aucun autre exemplaire relié en maroquin de l’époque mosaïqué et armorié.
Exceptionnel exemplaire de l’édition originale relié en maroquin de l’époque armorié, condition absolument rarissime pour cette œuvre précoce de Voltaire. Genève [Rouen], Jean Mokpap [Viret], 1723. In-8 de viii pp., 231 pp., (1) f. bl, enrichi du portrait de Voltaire peint par La Toure. Plein maroquin olive, triple filet doré autour des plats, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs finement orné, roulette intérieure, coupes décorées, tranches dorées sur marbrures. Reliure en maroquin armorié de l’époque. 184 x 113 mm.
Exceptionnel exemplaire de l’édition originale relié en maroquin de l’époque armorié, condition absolument rarissime pour cette œuvre précoce de Voltaire. Les originales de Voltaire en maroquin armorié valent jusqu’à dix fois le prix des exemplaires reliés en veau de l’époque. Rare édition originale imprimée secrètement à Rouen par le libraire Viret, Voltaire s’étant vu refuser la permission de l’imprimer en France. Poème en neuf chants écrits en alexandrins, La Ligue est une composition mêlant savamment événements réels et fictions puisées dans l’univers du merveilleux. Le sujet central du poème est le siège de Paris par Henri de Navarre, futur Henri IV. Voltaire trace le portrait d’un souverain idéal, ennemi de tous les fanatismes. L’œuvre, remaniée par l’auteur, paraîtra en 1728 sous le titre de La Henriade. (Bengesco, I, 360 ; L’œuvre imprimée de Voltaire à la Bibliothèque Nationale, 1669). «L’œuvre garde aujourd’hui encore de 1’importance par les sentiments profonds de tolérance religieuse et civile qui l’animent. Henri, ce héros de prédilection de la France, personnifie aussi le type de souverain éclairé qu’attendaient les gens cultivés de cette époque et dont le ‘Siècle des Lumières’ fixera définitivement les caractéristiques.» En 1584, la mort de l’héritier du trône François duc d’Alençon, et l’acceptation comme héritier par le roi de son plus proche parent en ligne masculine, le roi Henri iv, protestant, alimentent les tensions entre protestants et catholiques. Henri de Guise prend la tête d’une nouvelle Ligue. La Ligue déclare vouloir rétablir la religion unique et soustraire le roi à l’emprise de ses favoris. Ce n’est pas un hasard si Voltaire rédige La Ligue en 1723 alors que le régent, le Duc d’Orléans, vient de mourir. A son arrivée au pouvoir Louis XV poursuit la législation antiprotestante de Louisxiv. Voltaire voulut dédicacer son ouvrage au jeune Louis XV mais ce dernier refusa et la censure exigea des suppressions au texte auxquelles l’auteur ne consentit. Voltaire va alors décider de le faire imprimer secrètement à Rouen. C’est donc dans un climat d’hostilité aux protestants que paraît cette ode à Henri iv roi protestant et hymne à la tolérance, véritable satire contre le pape Clément xi qui va attiser la haine des catholiques. Précieux et rarissime exemplaire relié en maroquin olive de l’époque aux armes de Machault d’Arnouville (1667-1750). Louis-Charles de Machault, seigneur d’Arnouville, fils de Jean-Baptiste, conseiller au Parlement de Paris, et de Madeleine-Catherine de Villemontée, né le 13 juillet 1667, devint conseiller au Grand Conseil le 17 janvier 1691, maître des requêtes le 1er mars 1694 et intendant et conseiller du conseil de commerce ; il fut pourvu de la charge de lieutenant général de police de la ville de Paris le 28janvier 1718, à la suite de d’Argenson ; ayant résigné cette fonction le 5 janvier 1720, il fut nommé conseiller d’État la même année, chef du conseil de la duchesse d'Orléans et premier président du Grand Conseil en 1740. Il mourut à Paris le 10 mai 1750. Il avait épousé Françoise‑Élisabeth Milon le 19 février 1709. (Olivier-Hermal, pl. 2153).
Luxueux exemplaire, l’un des 20 imprimés sur papier de Chine contenant la suite des eaux-fortes en double état. Paris, Librairie des Bibliophiles, rue Saint-Honoré, 1878. 7 tomes en 5 volumes grand in-8 ornés d’un portrait et de 11 eaux-fortes, l’ensemble en double-état, avant et avec la lettre. Maroquin rouge, triple filet encadrant les plats, dos à nerfs, double filet sur les coupes, tranches dorés. Reliure signée Chambolle-Duru. 214 x 130 mm.
Précieuse édition collective des romans de Voltaire regroupant ses plus grands succès, à savoir Zadig, Micromégas, Candide ou l’Optimisme, L’ingénu histoire véritable, La Princesse de Babylone, Lettres d’Amabed suivies du Taureau blanc. Bengesco, I, 1547 L’édition ouvre sur une préface d’Arsène Houssaye. L’un des 20 précieux exemplaires du tirage de tête imprimé sur papier de Chine (celui-ci portant le n°12) contenant une suite supplémentaire des eaux-fortes avant la lettre. L’illustration superbe se compose d’un portrait de Voltaire et de 11 eaux-fortes par Laguillermie. La suite d’eaux-fortes est ici présente en double état, avant et avec la lettre. Superbe exemplaire de ce tirage sur papier de Chine regroupant les plus grands romans de Voltaire, très finement relié en maroquin rouge par Chambolle-Duru. Provenance: Emile Monteaux avec ex-libris.
Superbe ensemble de 3 photographies originales prises par Zola à la fin de sa vie, représentant sa fille Denise alors âgée de 11 à 13 ans. Entre 1897 et 1902. 3 photographies originales, tirages argentiques d’époque. 230 x 167 mm.
Superbe ensemble de 3 photographies originales prises par Emile Zola entre 1897 et 1902, présentant des portraits de sa fille Denise alors âgée de 11 à 13 ans. Les 3 portraits regroupés ici sont les suivants : -Denise de trois quarts profil, tête appuyée sur ses mains jointes, en robe fleurie. (1900-1902). -Denise de trois quarts profil, assise dans un fauteuil, col de dentelle blanche. (1900-1902). -Denise de face, le visage tourné vers la gauche, en bonnet de dentelle (1897-1902). Emile Zola (1840-1902) est un photographe méconnu. Ce n’est qu’à partir de 1895 qu’il s’est mis à la photographie : il a achevé le cycle des Rougon-Macquart et est l’écrivain le plus célèbre de l’époque. C’est avec passion qu’il devient photographe, après avoir acheté dix appareils et installé chez lui un laboratoire. Il pratique la photo en toutes circonstances : en famille et dans les rues de Paris, mais aussi lors de l’exil à Londres consécutif à l’affaire Dreyfus, ou encore, peu avant sa mort, à l’occasion de l’exposition universelle de 1900. Jusqu’à sa mort, il prendra environ 6000 clichés pour la plupart disparus ou inédits, c’est dire l’intensité du travail photographique de l’écrivain et de l’énergie qu’il y déploya. L'œuvre photographique d'Emile Zola, révélée en 1979 par l'étude que lui consacra François-Emile Zola, puis par diverses expositions, montre l'acuité du regard que l'écrivain porta sur la ville et le monde contemporain. La photographie de famille tient une place importante dans la production photographique de Zola. Les photos d’Emile Zola sont très rares sur le marché. La majorité d’entre elles sont conservées au Musée d’Orsay et au Musée de Médan. Le Musée d'Orsay a fait l'acquisition de vingt-six portraits de Denise, la fille que l'écrivain eut de Jeanne Rozerot ; ceux-ci ont été réalisés entre 1898 et 1902, date de la mort de l'écrivain. Ces portraits témoignent de l'attachement sensible qu'il portait à sa fille. Zola opère ici en artiste, faisant adopter à Denise de nombreuses attitudes méditatives et gracieuses, avec la conscience d'un photographe professionnel. Ces pièces illustrent l’immense passion que Zola eut pour la photographie. « Zola est photographe comme il est écrivain : à la recherche de la vérité, il écarte les accessoires, refuse les poses théâtrales alors à la mode, ne pratique aucune retouche. Sa recherche concerne avant tout le cadrage ou la perspective, et il explore tous les formats, utilise tantôt les plaques, tantôt la pellicule qui vient de faire son apparition. » Denise Le Blond-Zola (1889-1942), la fille de Zola et de Jeanne Rozerot, lingère et maitresse de l’écrivain, garda de son père un impérissable souvenir. Après la mort du romancier, Alexandrine Zola, l’épouse légitime du romancier, s'occupa de son éducation et lui fit connaître tous les habitués des jeudis de la rue de Bruxelles. Elle épousa à l'âge de 19 ans, un des plus fervents admirateurs de Zola, Maurice Le Blond, et eut trois enfants, Aline (1909), Françoise (1911) et Jean-Claude (1914). Dotée d'un réel talent littéraire, elle publia dans la célèbre collection de la Bibliothèque rose, sous le pseudonyme de Denise Aubert, plusieurs romans pour enfants, dont La Villa dans les dunes (1921) et La Maison forestière (1925). Après avoir collaboré, avec son mari, à la documentation de l'édition Bernouard des Oeuvres complètes de Zola, elle fit paraître, en tête du premier volume, une étude biographique de son père; ce travail, développé, devint en 1931 Emile Zola raconté par sa fille. Elle fit partie, avec Judith Cladel et Lucie Delarue-Mardrus, d'une académie féminine des lettres, et participa à la préparation d'une anthologie des femmes françaises, qui demeura inédite. La même dévotion pour Émile Zola unissait la maîtresse et la femme légitime. Ainsi cette dernière fit reconnaître les enfants, après la mort de Zola qui, dès 1906, purent porter le nom de leur célèbre père. Précieux ensemble de trois tirages originaux faits par Zola lui-même, dans un état de conservation exceptionnel. Provenance : Famille Zola, avec authentification des tirages.
L’ensemble unique de la correspondance manuscrite, en grande partie inédite, d’Antoine Guillemet à Émile Zola, écrite entre 1867 et 1901. 1867-1901. 121 lettres manuscrites autographes, la plupart en cahiers de 4 pages, soit 334 pages au total. Écrites à l’encre marron ou noir.
[playlist type="video" ids="16286"] Ensemble unique regroupant les 121 lettres manuscrites autographes envoyées par Antoine Guillemet à Emile Zola entre 1867 et 1901, dont 111 sont encore inédites. « C’est par l’intermédiaire de Paul Cézanne que Zola fit la connaissance de Guillemet le 7 mai 1866. Une amitié qui ne devait s’achever qu’avec la mort de Zola en 1902, commençait… Zola possédait plusieurs toiles de Guillemet : ‘Marine, Temps gris’ de 1872 et la ‘Campagne d’Aix’ (1866) dédicacée à Zola… Dès ses premières lettres à Zola, Guillemet déborde d’enthousiasme pour les jeunes artistes de la nouvelle école. Il admire Cézanne et présente avec bonheur la mise en œuvre de tableaux restés célèbres… Guillemet évoque Pissarro, Cézanne, Baille, Marion dans la première lettre (2 novembre 1866) si intéressante pour la biographie de jeunes hommes qui étaient inconnus à l’époque et qui sont devenus de nos jours des hommes célèbres… Evidemment, Guillemet, peintre paysagiste, voyage à la recherche éternelle du motif inspirateur. Isolé, il réclame des nouvelles de ses amis à Zola… Il arrive souvent que Guillemet exprime son enthousiasme pour les romans de Zola, en particulier pour ‘Madeleine Férat’… La plupart du temps, Zola et Guillemet, séparés pendant les mois d’été, ne s’écrivent que pendant cette saison… Qu’il est regrettable que les lettres de Zola à Guillemet écrites à cette époque aient été perdues. Les dernières lettres de 1869-1870 sont datées de Saint-Raphaël. On sent Guillemet proche de l’impressionnisme dans son admiration des belles couleurs méditerranéennes : il fait des études, des ébauches. Il ne quitte pas de vue les œuvres de ses amis Pissarro, Manet, Monet, Cézanne… En bref, Guillemet s’est ému pour les gens de cette époque, narguant des célèbres et aimant des obscurs qui ne le restèrent pas indéfiniment. Il y apporta parfois une discrimination pas toujours heureuse, mais, avec beaucoup d’esprit, il sut déguiser les sentiments que lui inspirait l’infériorité de son art, ou plus exactement une certaine impuissance créatrice… N’empêche que, jusqu’en 1870, sa correspondance avec Zola nous révèle le caractère spontané d’un homme de goût. » (Renée Baligand) Paul Alexis, ami intime d’émile Zola rappelle le contexte de cette rencontre : ”Une belle année d'ailleurs, pour Zola, que cette année 1866-67. De la jeunesse, de l'enthousiasme, et les premières douceurs du succès ! Toutes les difficultés d'une vie jusque-là si difficile, subitement aplanies ! De la liberté, plus de travail de bureau le tenant à l'attache ! Et, avec cela, de l'argent plus qu'il n'en avait jamais eu ! L'été venu, il put s'offrir une débauche de verdure, aux bords de la Seine, à Bennecourt. Là, pendant quelques semaines, les amis de Provence, Baille, Cézanne, Marius Roux, Valabrègue, vinrent tour à tour ; et je vous laisse à deviner les parties de canot, coupées de discussions artistiques qui faisaient soudain s'envoler les martinets de la berge. A Paris, tout en restant beaucoup chez lui et en noircissant déjà pas mal de papier, Zola avait fait de nouvelles connaissances, surtout dans le monde des peintres. Avec Cézanne, qui venait alors de rencontrer Guillemet, il fit le tour des ateliers, surtout des ateliers de l'école dite « des Batignolles, » qui fut le berceau des impressionnistes d'aujourd'hui.” La carrière de Guillemet débute en 1859, lorsqu'on lui passe commande d'une copie de la célèbre toile de Géricault, Le Radeau de la Méduse. En 1861, le jeune Guillemet est présenté à Jean-Baptiste Camille Corot par Berthe Morisot. Cette rencontre lui fournit l'occasion de côtoyer de nombreux peintres de l'avant-garde, tels qu'Édouard Manet, Camille Pissarro, Claude Monet et Gustave Courbet. Impressionniste, il est tenté, à partir de 1872, par le naturalisme influencé en cela par sa longue amitié avec Zola, qui espérait en lui « le génie attendu ». L'écrivain s'en inspire pour écrire L'Œuvre. Il va d’ailleurs demander à Guillemet de le documenter sur la peinture en 1885. Ce dernier devient une source essentielle de renseignements, d’anecdotes sur le jury des Salons et ses intrigues. Critique d’art et amateur de peinture paysagiste, Zola exprime en ces termes son intérêt pour Guillemet à l’occasion du Salon de 1875: “Un autre élève de Corot, Guillemet, se distingue par une remarquable élégance… Il aime les larges horizons et les rend avec un luxe de détails qui ne nuit pas à la splendeur de l’ensemble”. A l’occasion du Salon de 1876, Zola écrivait encore à propos de son ami : « Au nombre des jeunes paysagistes en passe de devenir à leur tour des maîtres, je nommerai Guillemet, dont les toiles furent très remarquées lors du dernier Salon. Cette année son tableau appelé ‘Villerville’ m’a paru encore meilleur. C’est tout simplement un rivage de mer à marée basse, des éboulis et des falaises à droite, la mer à gauche, une ligne verte à l’horizon. Cela donne une pression sombre et sublime : une brise saline venant de la mer vous souffle au visage ; le soleil se couche, l’ombre approche des immensités lointaines. Ce qui constitue l’originalité de Guillemet, c’est qu’il garde un pinceau vigoureux tout en poussant à l’extrême l’étude des détails. Il appartenait autrefois à un groupe de jeunes artistes révolutionnaires qui se piquaient de n’exécuter que des esquisses ; plus le côté technique était maladroit et plus bruyamment on vantait le tableau. Guillemet a eu le bon sens de se séparer du groupe et il lui a suffi de soigner davantage ses toiles pour connaitre le succès. Il est devenu peu à peu un personnage connu, tout en gardant, je l’espère, ses convictions premières. Sa technique s’est perfectionnée et son amour de la vérité est resté le même ». Toutes ces lettres sont écrites et envoyées par Guillemet depuis les divers endroits dans lesquels il réside à la recherche de l’inspiration : Aix-en-Provence, Paris, Bennecourt, Saint-Raphaël, Jersey, Villerville, les Sablons, … Parmi les 121 lettres manuscrites de cette correspondance, la seconde, datée du 2 novembre 1867 comporte en plus du message de Guillemet toute une page autographe de la main de Cézanne également adressée à Zola, alors que les deux amis peintres passent quelques semaines à peindre à Aix-en-Provence. Ces 121 lettres adressées par le peintre à l’écrivain entre 1867 et 1901 constituent un témoignage unique et extrêmement précieux sur cette époque. Description des us et coutumes du milieu artistique, anecdotes concernant des peintres depuis devenus incontournables, peinture des paysages français de l’époque, ces lettres sont surtout riches des échanges d’idées entre les deux hommes et la preuve d’une sincère et fidèle amitié mêlée d’une admiration réciproque.