8, rue Bréa
75006 Paris
France
E-mail : clio.histoire@free.fr
Phone number : 01 43 54 43 61 Chantonnay, Imp. A. Gaultier, s.d. (1921), gr. in-8°, 63 pp, 2 photos hors texte à pleine page, broché, pt tache en coin, bon état
Jean de Lespinay, 1886-1918. Recueil biographique illustré comprenant un récit de ses faits de guerre par René Vallette (tiré de la Revue du Bas-Poitou, 1921), des témoignages, des extraits de lettres, et des discours prononcés à ses obsèques, le 14 mars 1921.
London, T. Fisher Unwin, 1918, in-8°, 287 pp, 8 planches de photos hors texte (y compris le frontispice), reliure de l'éditeur pleine toile moutarde, titres en noir au 1er plat et au dos, tranches lég. piquées, bon état. Texte en anglais
"Les souvenirs de la comtesse Leutrum resteront parmi les plus probants témoignages qui nous fassent connaître l'état d'âme de l'Autriche pendant l'époque de l'avant-guerre et celui de l'Allemagne au début des hostilités. L'auteur s'exprime aussi nettement que le permettent les convenances de sa situation. D'ailleurs, Hongroise par son père et par son mari, elle garde pour la vieille et sainte Russie de sa famille maternelle une affection presque mystique ; mais, comme elle écrivait son livre au printemps de 1917, avant l'avènement de Lénine, elle se berçait d'espérances qui se dissipent aujourd'hui. (...) De 1903 à 1906, après la mort de sa mère, la jeune fille entra, sur le désir de son père, dans la maison du généralissime de l'armée autrichienne, l'archiduc Frédéric , et de sa femme, Isabelle d'Autriche. Elle succédait à la comtesse Aerenthal et occupait la position tenue peu auparavant par la comtesse Chotek, dont le mariage avec l'héritier du trône, l'archiduc François-Ferdinand, avait été la suite obligée d'une liaison trop tôt découverte. L'auteur évite les indiscrétions scandaleuses, si abondantes qu'elles puissent être, sur la cour de Vienne, estimant peu délicat de desservir les gens dont on a partagé en sous-ordre l'intimité. Elle excepte toutefois de cette réserve les conversations politiques qui appartiennent à l'histoire et qui déjà révélaient des intentions destinées à se traduire en actes sanglants. Le comte Aerenthal y figure avec un cynisme parfait ; d'avance, il traçait le programme machiavélique à suivre pour attirer la Russie dans le piège : entreprise difficile, concluait l'archiduc Frédéric, tant cette puissance se montrait débonnaire. La guerre trouva la comtesse Leutrum, veuve après une courte séparation de corps, réfugiée chez des parents de son mari à Munich ; c'est de là que, après des péripéties intéressantes, accompagnées de notations curieuses, elle put gagner la Hollande pour s'y établir au milieu d'amis qui avaient conservé le souvenir de sa famille, afin d'y attendre et obtenir sa rentrée dans la nationalité russe..." (R. de Kérallain, Revue Historique, 1919)
Plon, 1938, pt in-8°, 91 pp, note bibliograpique, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Grandes figures)
Biographie d'Albert, prince de Belgique, duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg et Gotha et héritier de la couronne belge (de 1905 à 1909), puis roi des Belges (de 1909 à 1934). Né à Bruxelles en 1875 et mort dans un accident d'escalade en février 1934, ce fut un grand roi qui sut, en 1914, prendre ses responsabilités et maintenir son pays dans la guerre malgré d'énormes contraintes. Il fut très populaire tant en Belgique qu'auprès des Alliés et mérita son qualificatif de "Roi Chevalier".
Berger-Levrault, 1921, in-12, 112 pp, broché, couv. lég. salie, bon état
"Ce livre a pour but de mettre sous les yeux du public français un exposé succint des opérations navales de 1914 à 1919, de faire connaître la grande part qu'y prit notre marine et de rendre hommage à la vaillance de nos états-majors et de nos équipages." (Georges Leygues, ancien ministre de la Marine) — Table. Le rôle de la Marine dans la guerre ; La guerre sous-marine ; Occupation des ports de Syrie ; Nos escadres et nos divisions navales ; les différents services de la Marine ; Nos marins à terre ; Les remerciements de la France aux armées de la République ; Nos forces navales à l'armistice.
Plon, 1917, in-12, xxii-284 pp, une photo de l'auteur en frontispice, reliure demi-percaline bordeaux, dos lisse, pièce de titre basane havane, plats de couv. conservés (rel. de l'époque), bon état. Edition originale sur papier d'édition
"P. Lintier est l'un des trois ou quatre meilleurs auteurs de livres (sur la guerre de 14)." (Norton Cru).
Henri Didier, 1916, in-12, 263 pp, broché, couv. illustrée d'un portrait de Lloyd George, bon état, envoi a.s. du traducteur
Discours de guerre.
P., Editions de la Nouvelle Revue Critique, 1937, in-8°, 285 pp, traduit de l'anglais, reliure demi-basane mordorée, dos à 5 nerfs soulignés à froid, pièce de titre carmin, couv. conservées (rel. de l'époque), un mors lég. abîmé, bon état
Second volume des Souvenirs de guerre. D. Lloyd George qui présida aux destinées de la Grande-Bretagne victorieuse et qui fut peut-être le principal artisan de son triomphe, dans ses deux volumes de souvenirs de guerre Les heures décisives et La Victoire, nous dépeint d'une façon frappante ses angoisses et ses scrupules. Il nous permet de mesurer la multiplicité des obligations majeures incombant à une grande puissance engagée dans une guerre titanesque, la tâche immense imposée à l'homme d'État dont le rôle n'est pas seulement de décider et d'agir, mais plus encore de prévoir, de comprendre et de composer. Aménager les ressources nationales, répartir les efforts, vaincre les résistances des groupes et des partis, convaincre les masses, sans cependant ne rien négliger qui puisse accroître le potentiel de guerre du pays et de ses Alliés. Calmer les alarmes sans tomber dans l'optimisme de commande, soutenir moralement et matériellement les chefs militaires tout en délimitant avec soin le champ de leurs activités : labeur incessant, tâche épuisante dont la seule récompense sera le plus souvent l'amertume de la critique injustifiée et l'oubli des services rendus. Si, dans l'action, le Premier ministre britannique a su montrer, au cours de ces dures années de guerre, la prudence obligée, il n'en a pas moins gardé son franc-parler de Gallois. Il dépeint avec vivacité ses luttes contre l'opposition parlementaire et militaire. Sa critique est acerbe, passionnée même, et le lecteur ne pourra s'empêcher détablir un parallèle entre D. Lloyd George et Clemenceau.
Gallimard, 1932, in-12, 219 pp, traduit de l'anglais, broché, une photo de Lloyd George en couv., bon état (Coll. Les Documents bleus). Edition originale, ex. du SP
Un exposé des faits, accompagné de réflexions, par un acteur important de la Conférence de la paix. Lloyd George, ministre de l'armement en 1915, s'allia avec les conservateurs pour renverser le premier ministre Asquith, jugé trop modéré dans la conduite de la guerre, et le remplaça en décembre 1916 à la tête d'une coalition de libéraux et de conservateurs. Mobilisant avec énergie toutes les forces de la nation vers l'effort de guerre, il joua un rôle comparable à celui de Clemenceau en France.
Tallandier, 1931, in-12, vi-223 pp, préface de Désiré Ferry, broché, couv illustrée, bon état
Tallandier, 2013, in-8°, 256 pp, très nombreuses illustrations et photos en noir et en couleurs, index, broché, couv. illustrée, bon état
Cent ans après, ce carnet illustré d'images rares ou inédites propose l'essentiel de la Grande Guerre dans une lecture renouvelée. D'abord en lui restituant toute son ampleur d'histoire mondiale depuis la Nouvelle-Zélande jusqu'à la Baltique en passant par l'Afrique noire ; ensuite en proposant des cheminements originaux qui racontent la guerre à travers ceux qui l'ont faite et traversée, non pas seulement les dirigeants mais aussi des personnages ordinaires ou peu connus, en parcourant les lieux qui en portent les traces, les objets qu'elle a façonnés ou encore les mots qui l'ont accompagnée. Neuf brefs chapitres faisant alterner les styles et les manières de comprendre, les connaissances nécessaires et la découverte d'histoires et d'enjeux méconnus et décalés.
Librairie Gedalge, s.d. (1921), gr. in-8°, viii-230 pp, préface de Paul Painlevé, 11 pl. hors texte, 8 cartes et 6 photos dans le texte, cartonnage demi-toile bleue, titre doré au dos (en partie effacé), état correct
"Les événements qui se sont déroulés entre l'été de 1914 et l'hiver de 1919 constituent la période la plus grandiose et la plus tragique de l'histoire humaine. C'est la France qui a été le protagoniste central de l'immense drame; c'est son peuple de citoyens qui a été l'indomptable artisan de la victoire, le peuple en armes dans les tranchées d'abord, et aussi le peuple au travail, vieillards, femmes et enfants, peuple des champs et des usines. Pourtant, de cette histoire héroïque qu'elle a pétrie de sa chair et de son sang, la nation ne sait rien encore, du moins rien d'exact, de général et de précis. Ceux de l'arrière n'ont eu pour se renseigner que le communiqué quotidien, à travers lequel les nécessités militaires ne laissaient transparaître la vérité qu'après de longs retards, et combien élaborée, affaiblie, édulcorée ! Ceux de l'avant, aux heures meurtrières où ils étaient acteurs, voyaient bien se dérouler sous leurs yeux une phase imperceptible de la tragédie sans limite; ils bondissaient sous un pan minuscule de la muraille de feu qu'ils savaient exister des Vosges jusqu'à la mer; mais quand paraissait le récit de la bataille dont ils étaient, ils avaient peine à reconnaître leur emplacement et leur rôle dans la synthèse officielle : sur l'ensemble de leur secteur même, ils ne savaient rien que les bruits fabuleux circulant, de-ci de-là, au lendemain des grands chocs. Et puis, pour tous, pour ceux du front comme pour les autres, chaque événement nouveau chassait le souvenir de l'événement de la veille. C'est ce qui explique que l'histoire de la grande guerre demeure si vague et si incertaine chez les soldats mêmes qui l'ont faite, chez la nation qui l'a supportée. Depuis que la paix est venue, les ouvrages ne manquent pas qui ont prétendu apporter la lumière sur les phases essentielles de la lutte mondiale. Mais ces ouvrages, à part de très rares exceptions, sont écrits ou inspirés par des chefs désireux de plaider leur cause ou de vanter leur génie et leurs services, et le jugement le plus indulgent qu'on puisse porter sur la plupart, c'est qu'ils font bon marché des faits, des ordres, des dates, et qu'ils obscurcissent ce qu'ils prétendaient éclairer. Quant aux ouvrages de vulgarisation, aux livres destinés à l'enseignement, ils sont presque tous inspirés de l'esprit le plus tendancieux : à les croire, la guerre n'aurait été si longue et si coûteuse qu'à cause du régime républicain ; sans lui, nos chefs militaires auraient vaincu vite et à peu de frais. Il est utile que la vérité s'oppose à ces légendes accumulées. Le livre qu'on va lire est un livre de bonne foi, qui reproduit avec exactitude et simplicité l'enchaînement des événements de la guerre et remet choses et hommes en place en laissant parler les faits et les dates. L'auteur est un de ces nombreux membres du corps enseignant qui ont payé héroïquement de leur personne et donné l'exemple infatigable du sacrifice. Patriote de tous temps, il a estimé qu'il faisait simplement son devoir durant la guerre. En publiant ce livre, il fait son devoir durant la paix. Inspecteur de l'enseignement primaire, membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique, il a su écrire en historien et en éducateur. Aucune trace de polémique dans son récit; pas un mot qui puisse blesser; pas une ligne qu'on puisse contester. J'ai plaisir à saluer avec une haute estime cette oeuvre loyale d'un de nos maîtres, d'un honnête homme et d'un combattant." (Préface par Paul Painlevé, membre de l'Institut, ancien Président du Conseil, ancien Ministre de la Guerre)
Calmann-Lévy, s.d. (1916), in-12, (8)-296 pp, broché, qqs rousseurs, bon état (Bibliothèque contemporaine). Premier tirage sur papier d'édition (Imp. Paul Brodard, 7-16. – mention de 22e édition sur la couverture, mais pas sur la page de titre)
Pierre Loti (1850-1923) avait été mis à la retraite en 1910, mais en 1914 ayant demandé à être mobilisé, il sera affecté comme agent de liaison auprès du général Gallieni : il publie pendant quatre ans des reportages de guerre, et plusieurs récits : “La Hyène enragée”, “l’Horreur allemande” qui véhiculent la propagande officielle soutenant la cause des Alliés. – « Départ de Dunkerque, en auto militaire, à 2h, sous une pluie glacée mêlée de neige ; il fait presque nuit sous le ciel opaque, d’une obscurité brunâtre. Une heure de route à travers les campagnes inondées, sinistres. Dans les moindres villages, encombrements de soldats de tout costume. Dans Furnes bombardée, où je m’arrête quelques minutes, la neige me prend. Départ de Furnes pour Houthon, le village où est le Grand Quartier général belge... »
La Table Ronde, 1998, gr. in-8°, 311 pp, édition établie, présentée et annotée par Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier, broché, couv. illustrée, bon état. Edition originale
Au début de la guerre de 1914, le capitaine de vaisseau Pierre Loti, écrivain célèbre, académicien, se bat auprès de l'État-Major pour être mobilisé et envoyé au front. Officier de liaison, il parcourt les zones de combats : le Nord, la Champagne, l'Alsace et le front italien. Il découvre les villes en ruines, les tranchées, les cimetières militaires, rencontre poilus et généraux, témoigne dans un style à la fois épique et précis. Il continue aussi à mener une vie sociale et mondaine dans les salons parisiens, voyage, négocie au plus haut niveau avec les Turcs et les Espagnols, rend visite au président de la République française et au roi des Belges. Mais, dès qu'il le peut, il retrouve la province, ses maisons de Rochefort et d'Hendaye où il s'adonne avec bonheur à son "éternelle nostalgie". La guerre lui permet d'éprouver à l'extrême des sentiments familiers, l'amour, la fuite du temps, l'angoisse de la séparation – son fils Samuel est lui aussi mobilisé – et la fascination de la mort. Ce journal intime est l'un des derniers documents encore inédits sur la guerre 14-18. C'est un monument littéraire au service de l'Histoire.
P., Marcel Rivière, 1936, in-8°, 438 pp, troisième édition revue et augmentée, 25 portraits dans le texte, biblio, index, broché, bon état
"La troisième édition, revue, et mise à jour jusqu'au lendemain de 1936, d'un bon manuel, modéré dans son format, aisé dans son écriture. Rappelons que ses douze chapitres conduisent agréablement le lecteur du XVIIIe siècle et de son idéologie jusqu'au temps présent, aux divisions du prolétariat entre communisme et socialisme, et à l'effort du regroupement âprement poursuivi par des militants conscients. Courtes bibliographies en fin de chapitre. Un effort d'objectivité constant. Peut-être un certain manque d'équilibre dans la conception d'ensemble : la moitié du livre est consacrée aux temps antérieurs à la Commune (214 pages) ; la Commune elle-même occupe 30 pages ; il ne reste que 184 pages pour la formation des partis socialistes, les recherches de l'unité ouvrière, la vie antérieure du socialisme de l'unification à la guerre de 1914, et la période, si troublée, de l'après-guerre. C'est suffisant. Mais on aimerait peut-être, sur certains événements et surtout sur certains courants proches de nous, un peu plus de détails. Par exemple, le mouvement syndicaliste révolutionnaire, si puissant jadis, n'est l'objet que d'une courte note de quatre lignes (p. 293) – et se voit identifié, un peu vite peut-être, avec la personnalité de Sorel." (Lucien Febvre, Annales d'histoire sociale, 1939)
P., Editions G. Crès, 1921, fort pt in-8°, viii-383 pp, broché, couv. défraîchie et salie, intérieur propre, état correct, envoi a.s.
Tome I seul (sur 4, parus de 1921 à 1928) — "... Une méthode d'analyse rigoureuse était nécessaire pour mener à bien cette entreprise complexe. Aussi l'auteur s'est-il borné à juxtaposer des faits successifs, dans l'ordre chronologique, depuis le jour où l'Allemagne, constatant sa défaite, consentit, le 28 juin 1919, à signer une paix qu'elle déclarait écrasante pour elle, temporairement, mais non à tout jamais. Le clair exposé de ces faits nous montre ainsi en une sorte de cinématographie, les voies et moyens adoptés par le gouvernement germanique et les peuples d'outre-Rhin pour éluder leurs engagements. Un à un, le docteur Lucien Graux détache sous nos yeux les principaux maillons de cette chaîne d'intrigues secrètes ou avouées que l'Allemagne n'a cessé de forger, qu'il s'agisse de l'esprit de revanche à entretenir dans le peuple, des complots en Pologne, dans la Sarre, dans les pays rhénans, en Russie, au Slesvig ou chez les neutres, qu'il s'agisse des indemnités, des projets de restauration monarchique, des questions économiques, des régions dévastées, des maquillages de l'armée, de la marine, de l'aviation et de toutes les responsabilités devant lesquelles nos ennemis d'hier se dérobent. L'ensemble constitue un réquisitoire saisissant et il s'en dégage une leçon que les plus clairvoyants auront intérêt à méditer." (Le Figaro, 16 octobre 1921)
P., L'Edition française illustrée, 1918, in-8°, 393 pp, broché, couv. lég. salie, dos abîmé recollé, état correct. Tome 1 seul (sur 7). Peu courant
Psychologie de la fausse nouvelle et du nouvelliste en temps de guerre ; Historique de la fausse nouvelle ; Optimistes ; Pessimistes ; Indiffèrents et installlés ; Les fausses nouvelles de la Révolution, du Consulat, de l'Empire, de la guerre franco-allemande et de la Commune ; Les prophéties de guerre ; Les fausses nouvelles de la Grande Guerre jusqu'à la bataille de la Marne.
Berger-Levrault, 1926, in-12, ix-340 pp, 51 photographies et fac-similés, 4 cartes, broché, couv. illustrée (lég. salie), bon état
Intéressant ouvrage, très documenté sur l'espionnage et la propagande allemande pendant la Première Guerre mondiale. Charles Lucieto fut l'un des nombreux agents français résidants aux Pays-Bas pendant la guerre, avec liberté de mouvement en territoire ennemi et à Paris, où il rendait compte à ses chefs ; un homme qui entre autres déguisements opérait sous la couverture un d'homme d'affaires, et dont la mission la plus connue a consisté à voler une nouvelle formule du gaz moutarde introduit dans des obus que les Allemands, en contradiction avec toutes les conventions internationales, ont commencé à employer sur le front en 1915. Il décrit dans le chapitre 2 l'organisation et la structure des services secrets allemands, avant, pendant et après la guerre, présentés comme une monstrueuse machine criminelle, omnisciente, presque toute-puissante, parfois stupide... Dès son second livre, Lucieto passa franchement à la fiction et écrira nombres d'aventures d'espionnage (présentées comme des "romans documentaires"), avec des titres tels que : La Vierge rouge du Kremlin, Le Diable noir, L'Espion du Kaiser, etc. — "Il y a eu la guerre des baïonnettes, la guerre des grenades, la guerre des canons, la guerre des mines, la guerre des gaz. Il est juste de ne pas oublier la guerre des cerveaux. C'est ainsi que Ch. Lucieto dans son curieux livre « En missions spéciales ». désigne la lutte menée contre les espions allemands par les agents du contre-espionnage allié. J'aurai de nouveau l'occasion de parler de ce livre, car sa lecture a produit sur moi une impression profonde et il est juste que les combattants connaissent ce nouvel aspect de la guerre." (Jacques Péricard, L'Ouest-Éclair, 3 novembre 1926) — "Auteur mystérieux, censé être un ancien agent du renseignement français, Charles Lucieto connut un grand succès de librairie dans les années 1920-1930 avec une série d'ouvrages sous-titrée "La Guerre des Cerveaux", et qui prétendaient révéler les ficelles de l'espionnage international pendant la Première Guerre Mondiale et les années qui précédèrent. Ce genre d'ouvrages était courant à cette époque, mais ceux de Lucieto étaient généralement fort documentés, avec bordereaux, fiches anthropométriques, photos confidentielles. Si Lucieto n'était pas lui-même l'agent secret qu'il prétendait être, il bénéficiait indéniablement d'informateurs et de sources. Toujours est-il que ses livres documentaires connurent un tel succès qu'il en signa au final pas moins de onze volumes, publiés en un temps record entre 1926 et 1932. Parallèlement, on lui doit aussi une saga romanesque, éditée en 12 fascicules, "Les Merveilleux Exploits de James Nobody". En effet, ce qui frappe au premier abord, quand on ouvre ce livre de Charles Lucieto, c'est que, espion ou non, on a affaire à un écrivain, c'est-à-dire à un conteur qui sait allier une certaine rigueur factuelle avec un indéniable talent de feuilletonniste, qui ne craint ni l'emphase ni les rebondissements téléphonés, ni les effets de style propres au roman populaire. "En Missions Spéciales" n'est pas seulement un document informatif sur l'espionnage, mais un reportage palpitant sur les acteurs de l'ombre en temps de guerre. Cette vivacité narrative, qui nuit néanmoins au sérieux de l'ouvrage, fut sans doute pour beaucoup dans le succès que connut cette série. Ce premier tome est divisé peu ou prou en deux parties : – La première s'intéresse avant tout à l'espionnage allemand durant la Première Guerre Mondiale, et à la manière dont les agents du contre-espionnage français parvenaient à traquer et à arrêter les espions allemands agissant en France. Tous les chapitres concernant les courriers secrets et les instructions confidentielles est particulièrement intéressant, et tout à fait crédible : 80% de l'espionnage au XXe siècle était avant tout un travail autour de messages à envoyer, de courrier à intercepter, et de lettres à ouvrir puis à refermer afin qu'on ne sache pas qu'elles ont été lues. Ce trafic d'informations occupait la plupart des espions du monde qui, de ce fait, étaient loin d'avoir une vie aventureuse à la James Bond. Ici, on découvrira volontiers des micro-messages pliés en quatre, collés sous un timbre pour affranchir une enveloppe qui ne contenait qu'une lettre manuscrite sans valeur, mais aussi des dessins aux fusains de peintres du dimanche qui recouvrent le plan d'une base navale française, d'autres messages dissimulés en code au travers des notes d'une partition musicale ou dans le texte d'une petite annonce publiée dans un journal, etc, etc... Ces "trucs" d'espionnage sont particulièrement attendrissants, parce qu'ils appartiennent à une époque totalement révolue. L'avènement d'Internet, du cryptage informatique, des messageries instantanées, du wi-fi, du Bluetooth, font qu'il n'a jamais été aussi simple d'échanger des informations, et que face à l'immense foisonnement des milliards de messages échangés chaque jour, l'espionnage a sans doute considérablement changé de forme. Charles Lucieto nous conte néanmoins, avec l'émerveillement joyeux d'un homme qui apprécie dans l'espionnage ces petits exercices cérébraux qui font alors partie du métier, toute une galerie d'exemples très représentatifs de ce que pouvait être le travail d'un espion. Enfin, d'un espion allemand naturellement, car aux dires de Lucieto, il n'y avait pas de méthodes comparables effectuée par des espions français en Allemagne. Seuls les allemands sont à la fois capables de tout et bons à rien, Lucieto le répète suffisamment pour que cela justifie toute action française effectuée contre eux. D'ailleurs, Lucieto est trop patriote pour faire preuve de beaucoup d'empathie. À plusieurs reprises, il affirme bien que tel espion pris sur le fait, même jeune, même embrigadé par chantage ou l'appât du gain, est quelqu'un dont on "s'occupe" et qu'on ne "revoit" plus. – Dans la deuxième partie de ce livre, Charles Lucieto change quelque peu de ton et aborde le sujet alors très fantasmatique des belles espionnes internationales, en s'arrêtant longuement sur trois cas qui l'ont beaucoup préoccupé : Elsbeth Schragmüller, dite "Fraulein Doktor" (décrite ici comme "Mademoiselle Doktor", son vrai nom n'ayant filtré qu'en 1945, plusieurs années après sa mort), notre Mata-Hari nationale (ou presque) et une allemande du nom d'Irma Staub, qui semble avoir beaucoup hanté Charles Lucieto, y compris dans une dimension érotique, et à laquelle il consacre de très longs chapitres. Il n'est pas inutile de préciser qu'il n'existe aucune autre source sur Irma Staub, qui se faisait appeler en France "comtesse de Louvain", que celles avancées par Lucieto. Il y aurait de sérieuses raisons de remettre en cause l'existence réelle de ce personnage un peu romantique, si Charles Lucieto ne publiait sa photo dans son livre. Sur Fraulein Doktor, Lucieto est nettement moins disert, bien qu'il prétende l'avoir vue une fois et avoir été saisi du regard glacé et impitoyable qu''elle posait sur toutes choses, ce que les quelques photos d'elle existant ne semblent pas confirmer. de par ce pseudonyme par lequel elle s'était fait connaître dans le milieu de l'espionnage, Fraulein Doktor avait alimenté bien des fantasmes et des rumeurs sur la cruauté de ses tortures et de ses mutilations. En réalité, Elsbeth Schragmüller s'était surnommée ainsi parce qu'elle était doctorante en sciences politiques, et non pas doctoresse ou chirurgienne. Il semble que sa principale activité fut de former et d'initier à l'espionnage des jeunes filles chargées de séduire les officiers militaires français et de leur soutirer sur l'oreiller des renseignements. Il est avéré aujourd'hui que Mata Hari et Marthe Richard bénéficièrent de sa formation. Cependant, bien des points sont restés obscurs sur les activités complètes de "Fraulein Doktor". Il n'empêche que Charles Lucieto ne fait à son sujet que ressasser les rumeurs la concernant pendant la guerre. Il ne semble pas en savoir plus, ou du moins être décidé à en dire plus long. Sur Mata Hari, par contre, Charles Lucieto n'est pas avare de détails et le chapitre qu'il lui consacre mérite une lecture, ne serait-ce que parce qu'il va à contrario de tout ce qui a été affirmé par la suite. Il est tacitement admis de nos jours que les activités d'espionnes de Mata Hari ont été un peu surestimées, que ce n'était au final qu'une cocotte un peu amatrice, qui, en temps de guerre, s'est brûlé les ailes à vouloir jouer l'espionne par appât du gain. Charles Lucieto tient un tout autre discours : avec moults renseignements à la clé, et en affichant la photo anthropométrique originale de Mata Hari lors de son arrestation, Charles Lucieto affirme que Mata Hari travaillait pour le renseignement allemand dès 1904, que loin d'être une amatrice, elle était au contraire une professionnelle aguerrie, ce qui expliquerait d'ailleurs le courage avec lequel elle a affronté le peloton d'exécution. Néanmoins, s'il est difficile de prendre en faute Charles Lucieto, tant il dispose de références et d'arguments sérieux, on ne peut qu'être gêné de la haine absolue qu'il voue à cette femme. En effet, déjà en 1926, la légende s'emparait de cette vestale des temps modernes avec une tendresse tout à fait complaisante, et cela faisait entrer Charles Lucieto dans une colère noire. Pour lui, non seulement Mata Hari était une ennemie de la France, qu'il était scandaleux d'aduler, mais en plus, par les trahisons et les fuites qu'elle avait fait durant toutes ces années, elle portait probablement la responsabilité de la mort et de la torture de nombreux agents français. Les mots de Lucieto sont donc extrêmement durs, d'autant plus qu'en devenant une saltimbanque renommée, Mata Hari s'était affranchi de tout le devoir de discrétion d'un véritable agent secret, tout cela à la seule fin de se retourner contre le pays qui la célébrait et qui avait fait d'elle une personnalité du monde des arts, ce qui, aux yeux de Lucieto, confine à la plus écoeurante des perversions. Comme on le voit, Charles Lucieto surprend par son absence de neutralité ou de réserve sur les sujets qu'il aborde, ce en quoi il se démarque de la plupart des espions racontant leurs souvenirs. Si la démonstration est rigoureuse, le ton est particulièrement nerveux, l'émotion est soigneusement entretenue et une telle exubérance a de quoi surprendre chez un ancien agent secret. Il est vrai qu'en préface, Charles Lucieto dit au final écrire les mémoires d'un autre agent secret, toujours en exercice, et qui ne se sentait pas le talent de prendre la plume lui-même. Faut-il y voir justement l'ébauche d'une collaboration entre un authentique espion, et un écrivain-rédacteur qui, petit à petit, s'identifie à son modèle et s'y sent plus à l'aise ? J'avoue que je serais tenté de le supposer, car le livre commence de manière très factuelle, et "s'échauffe" progressivement jusqu'à se montrer très parti-pris dans son dernier tiers. Toujours est-il que, s'il répond finalement à peu de questions cruciales sur la guerre ou l'espionnage, ce premier volume de "La Guerre des Cerveaux" apporte tout de même un grand nombre d'anecdotes et d'informations sur ce que pouvait être, à cette époque-là, le métier d'espion en temps de guerre. Malgré une certaine inégalité dans l'intérêt de ces anecdotes, on passe néanmoins un agréable moment dans ces coulisses de la guerre secrète qui se jouait dans d'autres coulisses, celles de la Grande Guerre..." (Dorian Brumerive, Babelio)
Berger-Levrault, 1928, in-12, 258 pp, 20 illustrations, reliure demi-chagrin chocolat époque, dos à nerfs, couv. conservées, bon état
Les aventures réelles de James Nobody.
Payot, 1929, in-8°, 252 pp, traduit de l'allemand par Louis Berthain, 15 photos hors texte, broché, bon état (Coll. de mémoires, études et documents pour servir à l'histoire de Guerre mondiale)
L'extraordinaire aventure du navire corsaire allemand “Seeadler” qui s'illustra durant la guerre de 1914-1918 sous le commandement du comte von Luckner. Mauvais, très mauvais élève à l'école, Felix von Luckner disparaît de chez lui à l'âge de 13 ans. Après avoir bourlingué sur toutes les mers du globe pour se faire la main et devenu officier de Guillaume II, il réapparaît auprès des siens au terme de quinze années d'aventures. Mais sa plus grande aventure reste à venir : de Guillaume II en personne, Luckner reçoit une mission de corsaire dans l'océan Pacifique pendant la guerre 14-18, loin, très loin des tranchées. Sa guerre à lui ne fait qu'un mort, par accident ; il prendra à son bord tous les équipages des quatorze bateaux ennemis coulés par le fond. Et tous, loueront l'humanisme et la joie de vivre de cet homme hors du commun. Félix von Luckner, le “Nelson allemand”, racontera son odyssée quelques années après la fin du conflit. Un livre de souvenirs digne des meilleurs romans...
Payot, 1922, in-8°, xxii-444 pp, préface et traduction du chef de bataillon d'Infanterie Mabille, broché, bon état (Coll. de mémoires, études et documents pour servir à l'histoire de la Guerre mondiale)
Tome 1 seul (sur 2). — "Ce livre ne nous intéresserait guère s'il n'avait d'autre valeur que son caractère de polémique. Mais les documents qu'il renferme sont, au point de vue historique, d'un intérêt puissant. Ils nous dépeignent d'abord l'activité du Grand État-Major allemand avant la guerre. Puis soulevant un coin du voile qui, durant la guerre, nous avait caché la vie intérieure de l'Allemagne, ils nous présentent un tableau saisissant de l'existence d'un peuple qui se débat sous l'étreinte des armées ennemies et du blocus. Nous voyons les difficultés auxquelles ce peuple a été soumis, les problèmes qu'il a eu à résoudre et les solutions qu'il leur a apportées. A côté des questions militaires proprement dites, nous voyons défiler sous nos yeux les questions industrielles, agricoles, sociales et politiques. Le Général Ludendorff a touché à tous les sujets ; il s'est intéressé à tout, s'entourant, pour accomplir sa tâche, de réelles compétences. Et ce n'est pas le moindre intérêt de cet ouvrage que l'extrême abondance de sa matière et des idées qui s'entrechoquent tout au long de ses divers chapitres." (Préface)
Montmélian, La Fontaine de Siloé, 2000, in-8°, 157 pp, présentés par Xavier Charvet, préface de Jean-Jacques Becker, 12 photos, 4 illustrations, 4 cartes, repères bibliographiques, généalogie, broché, couv. illustrée, bon état
Les souvenirs de guerre de Fernand Lugand auraient très bien pu demeurer enfouis à jamais dans les archives familiales où ils reposaient. Le devoir de mémoire de ses petits-enfants et l'œil perspicace du professeur Jean-Jacques Becker, éminent spécialiste de l'histoire de la Grande Guerre, les livrent enfin à la lumière et à la connaissance du grand public. Ce document brut, sans retouches, possède une valeur historique rare. Les experts lui reconnaissent une qualité exceptionnelle, car il "donne la clé de la guerre de 1914". Pour faire comprendre ce que furent ces combattants, l'auteur, chasseur alpin "de base", nous entraîne dans la montagne dévastée par la guerre. Dans son journal, il nous confie ses émotions et ses pensées les plus intimes...
De Boccard, 1917, in-12, 80 pp, avant-propos de M. Aug. Bessou, 2 pl. hors texte, illustrations de Abel Faivre, Bernard Naudin et Hansi, broché, bon état
Spartacus, 1994, in-8°, 171 pp, présentation par Ernest Everhard, broché, couv. illustrée, bon état
À partir de 1913, Rosa Luxemburg s’engagea dans une campagne vigoureuse de dénonciation du militarisme allemand et des risques de guerre. En février 1914, elle fut condamnée à un an de prison pour incitation de soldats à la désobéissance, mais la sentence ne fut pas exécutée immédiatement. Dès le ralliement de la majorité du parti à la politique de guerre, elle rassemble ceux de ses membres les plus déterminés à s’y opposer. Mais en février 1915, elle est incarcérée à Berlin, et c’est en prison, en quelques semaines, qu’elle écrit cette analyse des causes de la guerre mondiale et de l’effondrement de la social-démocratie et de l’Internationale et des conséquences qu’on peut en tirer pour le mouvement ouvrier. Dans les conditions difficiles imposées par la clandestinité, l’arrestation ou la conscription des militants qui lui étaient proches, ce texte ne sera diffusé qu’après sa sortie de prison en 1916, sous le pseudonyme de Junius, déjà utilisé par un pamphlétaire anglais du XVIIIe siècle pour dénoncer la politique du roi Georges III et la corruption des milieux dirigeants.
Payot, 1917, in-12, 281 pp, reliure demi-percaline verte à la bradel, dos lisse orné de doubles filets dorés en tête et en queue, titres et fleuron doré, couv. conservées (rel. de l'époque), bon état
Plon, 1920, in-8°, 379 pp, 15 cartes hors texte en noir et en couleurs sur 4 dépliants volants in fine, reliure demi-chagrin fauve à coins, dos à 4 nerfs soulignés à froid, auteur, titre et fleuron dorés, couv. conservée (rel. de l'époque), bon état. Edition originale numérotée sur papier vélin à grandes marges
"On a lu dans la “Revue des Deux Mondes” les beaux récits de cette bataille géante qui, après avoir débuté par de cruelles défaites pour les Alliés, s'est terminée par une suite admirablement coordonnée de victoires qui ont finalement bouté l'ennemi hors de toute France et de toute Belgique. Reproduits en volume, ils auront leur place parmi les meilleurs ouvrages sur la dernière guerre. Deux grandes cartes en couleurs, que n'avait pu accueillir la “Revue des Deux Mondes”, montrent, dans un ensemble saisissant, les zones occupées par les armées alliées en 1918, la position Hindenburg avec ses triples ou quadruples lignes creusées à l'arrière, les offensives de l'armée allemande en 1918 et la triomphante réplique des armées alliées de juillet à novembre. Dans l'énorme production suscitée par la guerre, l'ouvrage de M. Madelin, si bien informé, mais tout chaud encore de la bataille, restera longtemps au premier rang." (Ch. Bémont, Revue Historique, 1920)