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L’une des plus précieuses éditions originales littéraires du XIXe siècle. Paris, E. Dentu, 1874.In-12 de (1) f., viii pp., pp. 7 à 354, (1) f. de table. Demi-maroquin tabac, dos à nerfs orné de filets dorés, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 175 x 110 mm.
Précieuse édition originale de l’un des plus célèbres ouvrages sulfureux de Barbey d’Aurevilly.Vicaire, I, 305 ; Carteret, I, 110.Exemplaire de premier état, avec les coquilles (p. 15 : vnos ; p. 25 : seulemen,t ; p. 121 : s’enrudir ; p. 124 : lui ; p. 186 : Hartfort ; p. 311 : lui et qu’il ; p. 322 : produite).« Ouvrage fort rare et très recherché, l’édition ayant été en partie détruite à la suite d’un procès ». (Carteret).« Très recherché, une grande partie des exemplaires possède une couverture portant la mention ‘Deuxième édition’. Ils sont évidemment dépréciés ». (Clouzot 25).De l’édition originale tirée à 2200 exemplaires, 480 exemplaires qui se trouvaient chez le brocheur furent détruits par l’auteur et l’éditeur à la suite des poursuites du Parquet de la Seine.Condamnées en effet par la justice en ce qu’elles invoquaient l’ingérence du Diable dans les affaires humaines, ces nouvelles campent plusieurs cas surprenants de perversion morale dans lesquels l’Esprit du Mal s’incarne dans une femme : « Le rideau cramoisi », « Le plus bel Amour de Don Juan », « Le bonheur dans le crime », « Le dessous de cartes d’une partie de whist », « A un diner d’athées », « La vengeance d’une femme ».L’une des plus précieuses éditions originales littéraires du XIXe siècle.Bel exemplaire d’une grande fraicheur, dénué de toute rousseur, conservé dans sa reliure strictement de l’époque, condition rare.
Rare édition originale de ce roman autobiographique de Simone de Beauvoir, tirée à 160 exemplaires seulement. Paris, Gallimard, 1963. In-8 de 686 pp., (2) pp. Maroquin bleu marine, plats recouverts de daim bleu nuit avec, sur le premier, un grand rectangle vertical de box de même couleur avec le titre de l’ouvrage et la date de l’édition mosaïqués en grandes capitales de box grenat, chaque initiale étant inscrite dans un petit caisson carré de box irisé noir, dos lisse orné de petits rectangles mosaïqués de box vert et bleu ciel, ces derniers portant les initiales du nom de l’auteur, du titre de l’ouvrage et de la date de l’édition poussés en lettres dorées, doublures de papier grenat et gardes de papier bleu ciel, tête dorée, non rogné, couvertures imprimées et dos conservés. Chemise à dos transparent et étui. Pierre-Lucien Martin, 1964. 206 x 138 mm.
Rare édition originale de ce roman autobiographique de Simone de Beauvoir, tirée à 160 exemplaires seulement. Exemplaire n°10, l’un des 35 exemplaires de tête sur vélin de Hollande Van Gelder. « En 1963 Simone de Beauvoir publie le troisième volume de ses souvenirs : ‘la Force des choses’. Avec une sincérité aussi dépourvue de vantardise que de masochisme, l’auteur reprend son autobiographie où elle l’a laissée, c’est-à-dire en 1944, à la libération de Paris. Avec impartialité aussi quoiqu’elle reconnaisse : ‘Je suis objective dans la mesure bien entendu où mon objectif m’enveloppe’. Certes, à partir de 1944, l’histoire de Beauvoir est devenue quasi publique. Mêlée beaucoup plus que naguère aux événements politiques, elle va se recouper avec certaines autres des œuvres de l’auteur… Ces souvenirs évoqués sont de tous ordres ; ce sont aussi bien des aspects de la vie politique et sociale que des visages, des livres, des films, des rencontres. Aux yeux de Simone de Beauvoir, tout a une égale importance, chaque fait en lui-même n’étant jamais essentiel, mais l’ensemble aidant de toute évidence à sa réalisation propre : ‘il s’agissait de me réaliser, non de me former’. A partir de la guerre, l’histoire de Simone de Beauvoir c’est surtout celle de ses œuvres dont la publication s’échelonne au long des années, les romans d’abord, puis son essai sur ‘le Deuxième Sexe’, mais c’est aussi celle de Sartre qui commence à connaître une grande célébrité. Après le prix Goncourt des ‘Mandarins’, c’est la guerre d’Algérie qui va mobiliser en grande partie son attention, puis les évènements de mai 1958 et l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, le procès Jeanson, le manifeste des 121. L’ouvrage se termine avec le printemps de 1963 et la fin des hostilités en Algérie ; et l’auteur de conclure : ‘ce qui m’est arrivé de plus important, de plus irréparable depuis 1944, c’est que - comme Zazie – j’ai vieilli’ ». (Dictionnaire des Œuvres, IV, 484). Magnifique exemplaire provenant de la collection personnelle de Pierre-Lucien Martin qui l’a revêtu en 1964 d’une superbe reliure mosaïquée. Le présent exemplaire a figuré a figuré à sa vente du 20 mai 1987 sous le n°37. Provenance : P. L. Martin et François Ragazzoni avec ex libris.
Edition originale définitive des Leçons hebdomadaires de la langue italienne à l’usage des Dames, enregistrée à la chambre royale le 9 janvier 1778 par l’Abbé Bencirechi. Paris, chez l’Auteur et Fetil, 1778. In-12 de (1) f., vii pp., (1) p., 324 pp., vii pp., (3) pp. Plein maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, dos à nerfs fleurdelysé, filet or sur les coupes, roulette intérieure, doublures et gardes de papier à décor floral doré, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque. 168 x 92 mm.
Edition originale définitive des Leçons hebdomadaires de la langue italienne à l’usage des Dames, enregistrée à la chambre royale le 9 janvier 1778 par l’Abbé Bencirechi. L'abbé Bencirechi, originaire de Toscane, était membre l'Académie des Apatistes de Florence, et de celle, non moins célèbre, des Arcades de Rome. Il aimait se dire « connu et protégé par plusieurs personnes d'un rang distingué » car ses manuels s'adressaient surtout à des dames de qualité, comme on peut le voir dans ses Dédicaces. Il a, pendant huit ans, résidé à Vienne en Autriche où il enseignait la langue italienne aux Dames de la Cour, et à d'autres « personnes de distinction » dans cette ville. Arrivé à Paris aux environs de 1771, il y fut également professeur d'italien pendant de nombreuses années. L’abbé Bencirechi semble donc avoir une expérience plutôt mondaine de l’enseignement. Les Leçons hebdomadaires de la langue italienne à l'usage des Dames, parues en 1772, sont dédiées aux Dames françaises, tout comme l'édition de 1778, peu différente de la précédente. L'auteur déplore que, contrairement à tant de pays d'Europe où les femmes ne dédaignent pas de parler italien, le public féminin français boude encore une langue pourvue de tant d'attraits. Le souci de ne pas lasser ses élèves se retrouve dans le plan même de son livre. Par peur d’ennuyer les Dames avec une nomenclature trop sèche, il la donnera insensiblement, aux endroits nécessaires. Il commence par quelques explications sur la prononciation italienne, pendant deux semaines, suivies des neuf parties du discours ou de l’oraison présentées tour à tour, tout au long des semaines suivantes : l’article, le nom, le pronom, le verbe, le participe, l’adverbe, la préposition, la conjonction et l’interjection. Toujours dans un souci de ne pas trop fatiguer les Dames, et leur éviter d'avoir à se procurer un dictionnaire, il rédige, à la suite de chaque leçon, deux petits vocabulaires français-italien et italien-français. Ainsi tous les mots nécessaires à chaque version seront expliqués progressivement et au moment opportun. Le choix des mots aussi, pris dans leurs préoccupations et leur vie quotidienne, plaira aux Dames en mêlant les connaissances utiles et agréables. Avec une telle méthode, la présence d'un Maître ne sera pas nécessaire, tout au plus une fois par semaine, pour la correction de la traduction hebdomadaire, et pour acquérir une bonne prononciation et l'habitude de parler la langue. Pour Bencirechi, les trois traités qui suivent les Leçons paraissent indispensables et seront présentés entièrement en italien car il suppose les Dames assez avancées maintenant dans la connaissance de la langue. 1 - Il est nécessaire quand on parle de savoir choisir les termes justes : l'abbé Bencirechi offre donc à ses élèves le Recueil des Synonymes français de l'abbé Girard, appliqués à l’italien. 2 - L'art épistolaire, tout comme celui de la conversation, est pratiqué souvent avec brio, et de façon naturelle, par les femmes qui pourront lire avec profit le Discours sur les lettres familières. De nombreuses Grammaires des Dames en France proposent des Conseils pour les Lettres, ou des Modèles de Lettres, pour chaque occasion de la vie. 3 - Le Précis des Règles de la versification italienne leur permettra d'apprécier la poésie. » (Madeleine Reuillon-Blanquet). Précieux et fort rare exemplaire du « dernier enfant de Louis Dauphin » relié en maroquin à ses armes, ses « volumes, selon Olivier, étant en général reliés simplement en veau marbré ou granité. » Elisabeth-Philippe-Marie-Hélène de France, huitième et dernier enfant de Louis, dauphin, fils de Louis XV, et de Marie-Josèphe de Saxe, et sœur de Louis XVI, appelée Madame Elisabeth, naquit à Versailles le 3 mai 1764 et vécut le plus souvent loin de la cour, dans sa petite maison de Montreuil, uniquement occupée d'œuvres de bienfaisance ; à partir de 1789, cette vertueuse princesse vint partager les dangers de Louis XVI, refusa d'émigrer et fut enfermée au Temple avec la famille royale. Accusée d'entretenir des relations avec ses frères émigrés, elle fut condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire le 10 mai 1794 et guillotinée le même jour sur la place de la Révolution. « Sa bibliothèque, qui contenait des ouvrages de piété, d'histoire et de science, fut transportée à la Bibliothèque Nationale ; les volumes sont en général reliés simplement, en veau marbré ou granité. » (Olivier-Hermal). L’exemplaire porte non seulement ses armoiries mais aussi son rarissime ex-libris dessiné par Dezauche présent dans ses quelques livres préférés.
Rare édition revue et corrigée par Bernardin de Saint-Pierre, en partie originale, comprenant Paul et Virginie au tome IV, les Vœux d'un solitaire, et les contes philosophiques du Café de Surate et de La Chaumière indienne au tome V.Provenance : cachet de bibliothèque russe sur les faux-titres, poinçon de même provenance sur les planches.Paris, 1792.Bernardin de Saint-Pierre, Jacques Henri. Études de la nature.Paris, Imprimerie de Didot Jeune chez Didot, Née de La Rochelle et de Senne, 1792.5 volumes in-12 de: I/ (2) ff., 1 frontispice, xxxvi pp., 1 planche depl., 648 pp. ; II/ (2) ff., 3 planches dépliantes, 652 pp. mal ch. 625; III/ (2) ff., 595 pp.; IV/ (2) ff., lxxxviii pp., 532 pp.; V/ (2) ff., xxxiv pp., (1) f., 411 pp.; et lvi pp., 72 pp., (1) f. pour La Chaumière indienne. Maroquin rouge, encadrement de filets, perlé, pointillé, ondulé, dos lisses ornés de caissons losangés et larges fleurons, coupes décorées, doublure et gardes de tabis bleu, tranches dorées. Reliure de l’époque.168 x 98 mm.Edition revue et corrigée par Bernardin de Saint-Pierre, en partie originale, comprenant Paul et Virginie au tome IV, les Vœux d'un solitaire, et les contes philosophiques du Café de Surate et de La Chaumière indienne au tome V.Le tome 5 est ici en édition originale.Elle est ornée d'un frontispice, dessiné par Moreau et gravé par Simonet, d'une carte dépliante de l'Hémisphère atlantique et de 3 estampes botaniques.Le retentissement des Études, qui connurent de nombreuses rééditions, lui apporta, après une vingtaine d'années de pauvreté et d'errances, l'aisance matérielle, la reconnaissance sociale et même une réputation de savant que, à tort ou à raison, la postérité n'a guère ratifiée. Le titre ne doit pas induire en erreur : plus que du traité didactique, l'ouvrage relève de l'essai, voire d'une forme de littérature personnelle : « Descriptions, conjectures, aperçus, vue, objections, doutes, et jusqu'à mes ignorances, j'ai tout ramassé : et j'ai donné à ces ruines le nom d'Études, comme un peintre aux études d'un grand tableau auquel il n’a pu mettre la dernière main. »Dépassant la science descriptive de leur temps, les Études annoncent ainsi des disciplines nouvelles comme l'éthologie ou l'écologie. Mais leur intérêt est aussi littéraire. On y trouvera des analyses d'une grande acuité sur le sentiment voluptueux de la mélancolie et le plaisir légèrement morbide que dispensent ruines et tombeaux, ainsi que de splendides tableaux de paysages, parmi les premiers de la littérature française, à la fois précis, colorés et pénétrés d'un sentiment panique de la puissance de la nature, qui, tout en s'inscrivant dans la vogue du « genre descriptif » de la fin du siècle, annoncent Chateaubriand.Bernardin livre son Avis sur cette édition :« La première édition de cet ouvrage, qui parut en décembre 1784, s'est trouvée presque épuisée en décembre 1785. Depuis sa publication, je n'ai qu'à me féliciter des témoignages honorables d'amitié que m'ont donné des personnes de tout état et de tout sexe, dont la plupart me sont inconnues. Les unes sont venues me trouver, et d'autres m'ont écrit les lettres les plus touchantes pour me remercier de mon livre ; comme si, en le donnant au public, je leur avois rendu quelque service particulier. Plusieurs d'entre elles m'ont prié de venir dans leurs châteaux, habiter la campagne où j'aimerois tant à vivre, m'ont-elles dit. Oui sans doute j'aimerois la campagne, mais une campagne à moi, et non pas celle d'autrui. J'ai répondu de mon mieux à des offres de service si agréables, dont je n'ai accepté que la bienveillance. La bienveillance est la fleur de l'amitié ; et son parfum dure toujours, quand on la laisse sur sa tige sans la cueillir. »Quant à l'édition, il la considère à juste titre comme la meilleure : « Depuis longtemps les amis des Lettres et les Bibliographes désiraient une édition des ‘Etudes de la Nature’ d'un format commode, portatif, et en même temps agréable dans une bibliothèque ; celle que nous leur offrons aujourd'hui réunit tous ces avantages. Elle a été revue très-exactement par l'auteur ; l'on a apporté à la correction des épreuves et à la partie typographique des soins tout particuliers. »Bel exemplaire.Provenance : cachet de bibliothèque russe sur les faux-titres, poinçon de même provenance sur les planches.
Superbe exemplaire conservé dans une magnifique reliure en maroquin rouge à grande plaque dorée dite «à l’indienne» attribuable à Simier. Paris, L. Curmer, 49 rue Richelieu, 1838. Grand in-8 de lvi pp., 315 pp., 1 frontispice, 1 portrait, 1 carte et 30 planches pour Paul et Virginie; La Chaumière indienne occupe les pp. 317 à 418avec 4 planches ; la Flore de Paul etVirginie occupe les pp. 419 à 458; (14) pp. Les 37 gravures sont protégées par des serpentes. Relié en plein maroquin rouge, dos lisse et plats très richement ornés de grandes plaques dorées orientalisantes dites «à l’indienne», roulette dorée sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées, gardes de papier blanc moiré. Reliure de l’époque attribuée à Simier. 254 x 161 mm.
Edition célèbre de Paul et Virginie, considérée comme l’une des plus belles productions de la période romantique. Carteret, III, 532; Vicaire, VII, 42-48. On trouve à la suite de Paul et Virginie: La Chaumière indienne et la Flore de Paul et Virginie. L’abondante illustration se compose d’environ 450 vignettes dans le texte, dessinées par Meissonier, Français, Tony Johannot, Isabey, Paul Huet, Marville, Steinheil, … gravées sur bois par Lavoignat, Brévière, Porret, … de 29 planches hors texte dessinées et gravées sur bois par les mêmes artistes, de 7 portraits gravés sur acier par Cousin, Pelée, Pigeot et Revel et d’une carte coloriée de l’Ile de France. «L’éditeur avait le désir que ‘Paul et Virginie’ fût relié convenablement par des relieurs de son choix, ‘reliures très soignées, analogues à l’ouvrage, d’un prix modéré, reliures en basane, mouton, veau, maroquin, chagrin, cuir de Russie, vélin, soie, moire, velours, etc.; des demi-reliures et cartonnages, par conséquent, des reliures à tous prix, mais nous avons fait disposer une reliure magnifique et toute spéciale. M. Simier, relieur du roi, est chargé de ce travail. Hélas! presque tous ces exemplaires reliés de leur temps sont très piqués, surtout les gravures hors texte, et ces taches d’humidité sont la cause que les amateurs, avec raison d’ailleurs, préfèrent constituer un bel exemplaire en reliure moderne». (Carteret). Très bel exemplaire d’une grande fraicheur, dans une magnifique reliure en maroquin rouge à grande plaque dorée dite «à l’indienne» attribuable à Simier.
La plus belle édition ancienne de Paul et Virginie, ornée « d’un portrait par Laffite, gravé par Ribault et 6 figures par Gérard, Girodet, Isabey, Laffite, Moreau et Prudhon, gravées par Bourgeois de la Richardière, Bovinet, Mecou, Pillement fils, Prot et Roger. Paris, de l’Imprimerie de P. Didot l’aîné, 1806.Grand in-folio de (2) ff., 1 portrait, xcii pp., 194 pp., (3) ff. de Liste des souscripteurs, 6 planches hors-texte en couleurs. Portrait piqué. Demi-maroquin rouge à grain long à coins, dos lisse finement orné, pièce de titre de maroquin olive, tranches dorées. Etui. Reliure légèrement postérieure.464 x 303 mm.
La plus belle édition ancienne de Paul et Virginie, ornée « d’un portrait par Laffite, gravé par Ribault et 6 figures par Gérard, Girodet, Isabey, Laffite, Moreau et Prudhon, gravées par Bourgeois de la Richardière, Bovinet, Mecou, Pillement fils, Prot et Roger.Les figures sont très belles. La composition touchante de Moreau et surtout la dramatique figure du Naufrage de Virginie par Prudhon rendent ce volume très intéressant. » (Cohen, 931).Graesse, Trésor de Livres rares, VI, 226« Paul et Virginie » marque une étape dans le roman français. Bernardin de Saint-Pierre a cristallisé dans son œuvre et dans ce roman, toute la littérature de voyage si abondante en ce temps, mais qui n’offrait pas grand mérite littéraire. Il a transporté les thèses de Rousseau qui, lui, ne connaissait que la Suisse et la France, sous les Tropiques. Bien mieux, il a réussi à montrer, - ce que Rousseau n’avait pu faire, - des hommes vivant à l’état de nature, tels du moins qu’on pouvait les imaginer en cette fin du XVIIIe siècle.Comme romancier et comme peintre, il est le prédécesseur de Châteaubriand. Parlant des aurores boréales par exemple il écrit : « l’éclat de ses feux, joint à la lumière tremblante de la lune, rend les nuis d’une magnificence singulière ; le paysage est éclairé d’un jour sombre et doux ».Et par là, Bernardin de Saint-Pierre est bien à l’origine d’un vaste courant qui va de Châteaubriand à Pierre Loti. »Le présent ouvrage fut imprimé en six états différents : ordinaire, 72 fr. ; avant la lettre, 120 fr. ; avec figures peintes, 240 fr. ; in-folio, 120 fr. ; in-folio avant la lettre, 168 fr. ; in-folio figures coloriées, 288 fr.Le présent exemplaire appartient au rare tirage le plus luxueux et le plus rare, in-folio avec les figures coloriées.« Quelques exemplaires ont été tirés de format in-folio » (Rahir, Bibliothèque de l’amateur, 628).Précieux exemplaire, l’un des rares au format grand in-folio, avec les figures dans le rare état en couleurs, conservé dans son élégante reliure en demi-maroquin rouge finement orné.
L’influence du «Décaméron» sur la nouvelle européenne a été considérable,tant en Italie qu’en France. Elle est manifeste dans «L’Heptaméron» de Marguerite de Navarre.Les Contes de La Fontaine, comme on sait, reprennent quelques nouvelles les plus lestes, ce qui n’a pas peu contribué à la réputation d’auteur grivois qui a longtemps pesé sur Boccace. Mais aucun de ses épigones ne l’a égalé dans la construction d’un véritable livre, doté d’une unité organique, ni dans la représentation de ce que, par référence à La Divine Comédie de Dante,la critique a appelé la «Comédie Humaine».Boccace. Le Décaméron de Jean Boccace, traduit par Antoine le Mâcon. Londres (Paris) 1757-1761.5 volumes in-8 de: I/ 1 frontispice, 1 portrait, viii pp., 320 pp., 22 figures numérotées, plus 1 frontispice et 1 gravure libre ; II/ 292 pp., 1 frontispice et 22 figures numérotées, 6 gravures libres ; III/ 203 pp., 1 frontispice et 22 figures numérotées, 2 gravures libres ; IV/ 280 pp., 1 frontispice et 22 figures, 8 gravures libres ; V/ 269 pp., 1 frontispice et 22 figures numérotées, 3 gravures libres.Plein maroquin rouge, triple filet doré sur les plats, fleurons d’angles frappés or aux angles, dos lisses richement ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin olive, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l’époque.196 x 130 mm.Premier tirage de la plus recherchée des éditions françaises parues au XVIIIe siècle du «Décaméron» de Jean Boccace. «Ornée de 5 frontispices, 1 portrait, 110 figures et 97 culs-de-lampe par Gravelot, Boucher, Cochin et Eisen, [...] cette traduction française, publiée par les mêmes éditeurs que ceux de l'édition italienne, est plus recherchée et se paie souvent plus cher ». Cohen, col. 160.«L’un des livres illustrés les plus réussis de tout le XVIIIe siècle» (Cohen), parfaitement adapté au chef-d’œuvre de Boccace, écrit entre 1350 et 1355, dans lequel sont rassemblées cent nouvelles racontées en dix jours par sept femmes et trois jeunes hommes.«La prose d’art italienne a trouvé en Boccace son maître.Au XVIe siècle, Pietro Bembo désigne le Décaméron comme un modèle de langue et de style. Les nouvelles trouveront - créeront- leur public auprès des marchands: ce public instruit mais non lettré, c'est-à-dire non latiniste, dont les «gentes dames amoureuses» de la dédicace représentent l'image idéalisée.L'influence du Décaméron sur la nouvelle européenne a été considérable, tant en Italie (de Giovanni Sercambi à Masuccio Salernitano, de Bandello à Firenzuola, Da Porto, Lasca…) qu’en France, où il a été traduit dès 1545 par Antoine Le Maçon. Elle est manifeste dans L'Heptaméron de Marguerite de Navarre. Les Contes de La Fontaine, comme on sait, reprennent quelques nouvelles - les plus lestes, ce qui n'a pas peu contribué à la réputation d'auteur grivois qui a longtemps pesé sur Boccace. Mais aucun de ses épigones ne l'a égalé dans la construction d'un véritable livre, doté d'une unité organique, ni dans la représentation de ce que, par référence à La Divine Comédie de Dante, la critique a appelé la « Comédie humaine ».« Gravelot dessina l'ensemble de l'illustration avec une verve et un talent remarquables » (R.Portalis).« Les dessins de ce joli livre, spirituels et délicatement ombrés de bistre, sont parmi ses meilleurs ; on sent que ces sujets gais lui conviennent ; quant aux groupes d'enfants répandus dans les culs-de-lampe, ils sont tous gracieux, et il a réussi à faire de cet ouvrage, qui eut un très grand succès et se répandit rapidement, grâce à ses figures, en France, en Angleterre et en Italie, un des modèles du genre. »«Le premier grand chef-d’œuvre de Gravelot issu de ce long « apprentissage » est l'illustration du Décaméron de Boccace. D'après les frères Goncourt, Gravelot était plutôt « avare de son talent » et n'accordait aux éditeurs que peu de dessins pour un livre. Aussi était-ce à l'époque un véritable événement que de voir paraître un ouvrage presque entièrement illustré de sa main.« Charmante fantaisie où le crayon et l'imagination du dessinateur, se jouant cette fois dans du passé qui n'était que le passé des contes, habille les Pampinées au goût de la rue Saint-Honoré, transporte sur le fond d'architecture de Saint-Sulpice les rendez-vous de Santa-Maria-Novella, l'horizon de Florence sur un terrain du Grand-Trianon, et fait ainsi une traduction à la française où Boccace est arrangé à la mode de l'idéal que s'en fait la France de Louis XV. Assemblées, promenades, festins, petites personnes pimpantes, minois, fripons, fines nudités ciselées, petit peuple de ballet enrubanné, fleuri, étincelant dans la vive lumière de la gravure ainsi qu'à la lumière d'une scène, tout cela défile comme une féerie badine de Cythère à Lilliput. » (Goncourt, t. 2, p. 282).Dans cet exemplaire d’exception à très belles marges (Hauteur: 214 mm), 88 hors-texte possèdent le paraphe des toutes premières épreuves se trouvant dans l'édition en italien. D'après Cohen ces épreuves peuvent figurer dans les exemplaires de la traduction française : « On trouve également des figures marquées du paraphe indiquant les premières épreuves insérées dès l'origine dans des exemplaires de cette édition. » (col. 161). «On joint souvent à cette édition et surtout à la traduction française, une charmante suite libre de 1 frontispice et 20 planches non signés, mais de Gravelot, portant le titre d’“Estampes galantes des Contes du Boccace. À Londres.”» (Cohen, col. 159).Splendide exemplaire enrichi du frontispice portant «Estampes galantes des Contes de Boccace» et d’une «charmante suite libre» de 20 figures.Très précieux exemplaire, complet de la suite libre, relié en plein maroquin rouge de l’époque.Provenance : ex-libris Biblioth. D. D. de Fréval sur le contre-plat.
Édition originale de l’histoire de Roméo et Julietteen français publiée en 1542.Précieux, rare et bel exemplaire à grandes marges de Camille Desmoulinsavec ex-libris calligraphié.Boccace, Adrian Sevin. Roméo et Juliette suivi du Philocope de Messire Jehan Boccace Florentin, Contenant l'histoire de Fleury et Blanchefleur, divisé en 7 livres traduictz d'italien en françoys par Adrian Sevin, gentilhomme de la Maison de Gié.Paris, Gilles Corrozet, 24 février 1542.In-folio de vi ff. et 174 ff. Veau brun, plats encadrés de filets à froid, dos à nerfs orné, coupes décorées, tranches jaspées. Reliure du XVIIe siècle.310 x 200 mm.Edition originale de l’histoire de Roméo et Julietteen français et édition originale du Philocope contenant l’Histoire de Fleury et Blanchefleur traduite de Boccace par Adrian Sevin en 1542.La Croix du Maine, I, p. 8 et 52; A. Cohn. «A. S.’s Bearbeitung der Sage von Romeo und Julia», Shakespeare, Jarbuch, XXIV, 1889, p. 122 sqq; H. Hauvette, «Une variante fr. de la légende de Roméo et Juliette», RLC I, 1921. P. 329spp; M. Simonin, «La disgrâce d’Amadis», SF, 1982, p. 1-30. M. S.«Adrian Sevin traducteur (1542) du Philocolo de Boccace est le premier à faire connaître dans sa dédicace à Claude de Rohan, comtesse de Saint-Aignan, l’histoire de Roméo et Juliette».«Adrian Sevin (Francia) publico, en 1542, una traducciôn del Filocolo de Boccaccio. En el prologo incluyo un cuento basado en el Giulietta e Romeo de Luigi da Porto, dedicado a la excelente e ilustre dama seňora Claude de Rohan, condesa de Santos Aignan.Sevin intento disfrazar a da Porto llevando la accion a Courron, en la antigua peninsula del Peloponeso. El autor cambio a Romeo por Halquadrich, hijo de Malchipo, y a Giulietta por Burglipha, hija de Karilio. A Tebaldo lo llamo Phoraj y a Pietro, Bostruch.La ùnica diferencia importante que se puede encontrar con relacion a la obra de Da Porto, ademas del tremendo jaleo que organizo con los nombres, es que, al final de la historia, Burglipha toma la mitad del veneno de serpiente que Halquadrich le ofrece y muere junto a él. » (Romeo y Julieta,la historia a través de los tiempos).“Da Porto’s novel was published posthumously at Venice without date about the year 1530. It is substantially the story familiar to us, but there are variations in detail, and certain personages of the drama are wanting. Romeo masks not as a pilgrim but as a nymph; the lovers touch hands and whisper their passion in the torch-dance; the wooing and winning are not swiftly accomplished; the sentence of banishment is not pronouced until after some happy bridal days and nights have followed the secret marriage; the nurse has not yet appeared in the story; for Paris we have here the Count of Lodrone; Juliet awakens from her drugged sleep in the tomb before the poison has quite overcrowed the spirit of her husband, and a dialogue ensues, the motive of which has been idealised and exalted in the opera of Gounod. This form of the tragic scene was unknown to Shakespeare, who could have conveyed into it the beauty and dignity of passion; when Otway, and subsequently Garrick, with Otway as his guide, varied from the Shakespeare close, they struck false notes and fell into the phrases of convention and pseudopathos.Adrian Sevins’s French transformation of the story of Romeo and Juliet into the story of Halquadrich and Burglipha (1542) does take a place in the direct line of the development of the tale.”Le volume contient à la suite l’édition originale de la traduction française d’une œuvre de Boccace, le Philocope, un des romans amoureux les plus prisés pendant la Renaissance. Deux enfants s'aiment depuis leur plus tendre enfance, tout les sépare. Elle est chrétienne et de naissance servile, il est fils de roi et sarrazin. C'est l'Amour qui viendra à bout de ces nombreux obstacles que cette situation va produire. Cette traduction d'Adrien Sevin, natif de Meung-sur-Loire faite sur l'édition italienne de Venise 1538 est dédiée à Madame Claude de Rohan, Comtesse de Saint- Aignan.Belle impression de Denys Janot agrémentée de 36 vignettes avec encadrement gravées sur bois dans le texte dont une en grand format, restées anonyme mais attribuées à Jean Cousin.Précieux exemplaire à grandes marges.Provenance: Jules Clarétie (ex-dono); Camille Desmoulins (ex-libris manuscrit).Ex-dono manuscrit daté du 24 avril 1878, signé de Matton Aîné « Offert à M. J. Clarétie, en souvenir de la biographie de mon malheureux parent».
Précieux exemplaire relié en beau maroquin rouge de l’époque orné d’un décor à la Duseuil. Paris, Denys Thierry, 1674. In-4 de 1 frontispice, (2) ff., pp. 1 à 142, (4) ff., pp. 143 à 178, 1 second frontispice, (1) f. de privilège, (4) ff. de préface, 102 pp., (5) ff. Relié en plein maroquin rouge, plats ornés d’un décor à la Duseuil, dos à nerfs orné de fleurons dorés, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 242 x 175 mm.
Édition originale. Tchemerzine, I, 745. Elle est ornée d’un beau frontispice gravé par Landry et d’une planche gravée en tête du Lutrin par Chauveau. Outre les IX premières Satires, le Discours au Roy et le Discours sur la Satyre, l’édition contient les quatre premières Epistres, l’Art poétique complet, et les quatre premiers chants du Lutrin. « Une vie assez terne, une œuvre finalement peu abondante – et pourtant Boileau reste un des grands vivants du XVIIE siècle : plus que ses livres, c’est le personnage qui s’impose, et c’est son action directe, orale, sur son temps qui est la plus importante. Les idées de Boileau ont irrité les ‘philosophes’ ; les romantiques les ont bafouées, malgré l’effort tardif de réhabilitation de Sainte-Beuve. Elles peuvent sembler aujourd’hui conventionnelles. En 1660, elles étaient révolutionnaires. Boileau était de plain-pied avec son temps : l’un des rares critiques à avoir mieux jugé ses contemporains que ses prédécesseurs, il a certes médit de Ronsard, mais peut-on dire qu’il se soit trompé sur les chapelains, Cotin Scudéry ? Il n’avait pas de système ; il obéissait aux impulsions de sa raison chaleureuse, aux ardeurs ou aux colères de son goût, qui détestait le laborieux, le compliqué, mettait la perfection dans l’aisance, l’apparente facilité et combattait pour un art ‘naturel’, avec pour idéal la simplicité. Amener la poésie française au niveau où les ‘Provinciales’ avaient élevé la prose, débarrasser la poésie de ses oripeaux conventionnels et de la préciosité, tel fut, selon Sainte-Beuve, le rôle de Boileau, tant de fois diffamé depuis trois cents ans, mais qui reste peut-être le seul théoricien littéraire du passé encore lisible, et encore lu ». Jacques Patry. Précieux exemplaire relié en beau maroquin rouge de l’époque orné d’un décor à la Duseuil. Les éditions originales des grands classiques français sont particulièrement recherchées dans cette condition et Tchemerzine cite plusieurs exemplaires en maroquin tardif : Duru, 250 Fr ; Noulhac, 300 Fr ; un exemplaire en veau, 30 Fr et un seul exemplaire en maroquin de l’époque à la Duseuil, 6 255 Fr. Provenance : ex libris manuscrit sur le titre Carolus Feron.
Edition originale. Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1681. In-4 de (1) f., 561 pp., (7). Relié en veau blond glacé de l’époque, triple filet doré d’encadrement sur les plats, dos à nerfs orné de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin rouge, double filet doré sur les coupes, tranches rouges. Reliure de l’époque. 257 x 188 mm.
«Le ‘Discours sur l’Histoire universelle’ qui parait en 1681 est un éblouissant chef-d’œuvre qu’on a pu comparer à ‘La Cité de Dieu’ de Saint Augustin et qui se présente comme une philosophie de l’histoire, depuis les origines jusqu’à l’époque chrétienne. Très informé, fondé sur une multitude de faits, sur une connaissance de l’histoire, particulièrement de l’histoire romaine, aussi complète qu’on la pouvait avoir à cette date, il a pour idée centrale que Dieu gouverne le monde dans le respect de la liberté humaine. «Ce qui est hasard à l’égard de nos conseils incertains est un dessein concerté dans un conseil plus haut, c’est-à-dire dans ce conseil éternel qui renferme toutes les causes et tous les effets dans un même ordre». De bons esprits continuent de tenir le ‘Discours’ pour l’œuvre capitale de Bossuet et aussi pour une des œuvres capitales de la littérature française. Montesquieu ne l’a pas éclipsée. Elle est unique par la majestueuse grandeur des vues et la précision contrôlée du détail. Si cette œuvre grandiose a marqué dans l’histoire de l’esprit humain, elle a marqué aussi une étape dans l’histoire de l’esprit de Bossuet. Elle a formé en lui, peut-on dire, l’historien au sens moderne du mot». Le ‘Discours sur l’Histoire universelle’ est aussi un cours d’histoire générale qui fut écrit uniquement pour l’éducation du dauphin. Fondé sur la Révélation, il embrasse toute la suite des temps qui se sont écoulés depuis la création du monde jusqu’à l’empereur Charlemagne. «Il se divise en trois parties; la première s’intitule ‘Les époques’; la seconde, ‘La suite de la religion’ et la troisième ‘Les empires’.» Dans la première, l’auteur s’attache à résumer dans l’ordre chronologique les principaux événements dont le monde fut alors le théâtre. Dans la seconde, il aborde la religion chrétienne: exaltant sa marche progressive, il montre comment, préparée par Moïse, elle aboutit au triomphe de l’Eglise. Dans la dernière, il étudie les empires de l’antiquité: les causes de leur grandeur et de leur décadence, leur lente destruction mutuelle, leur unification enfin par les Romains – laquelle devait faciliter la diffusion de l’Evangile.» «Le ‘Discours sur l’Histoire universelle’ fait grand honneur à son auteur dans la mesure même où il nous permet d’admirer les incroyables ressources de son génie. Il ne s’agit pas seulement de ce style plein d’antithèses qui fait de lui le plus grand de nos prosateurs. Mais du fond même de l’ouvrage: la richesse de l’information n’a d’égale ici que l’ampleur de la conception. Qu’on y ajoute la sûreté de l’analyse. D’où il suit que, mis à part l’objectif et les moyens, Bossuet se révèle ici le précurseur de Montesquieu». Précieux exemplaire, grand de marges, conservé dans sa première reliure en veau blond glacé de l’époque. Provenance: du Cabinet de livres de M.A.P. de Fontenay Seigneur de Sommant, Noiron, Président et Lieutenant Général au Baillage et Siège Présidial d’Autun (ex libris gravé daté de 1770).
Editions originales de deux traités majeurs de Bossuet reliées à l’époque en maroquin rouge aux armes de Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille du Luc, successivement évêque de Marseille, puis archevêque d’Aix et enfin archevêque de Paris. Paris, Barthélémy Alix, 1731. 2 parties en 1 volume in-12 de 26 pp., (3) ff. de table, 155 pp., (1) f.bl., (1) f. de titre, 218 pp., (6) ff. Relié en plein maroquin rouge de l’époque, filet à froid sur les plats, armes frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, filet doré sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l’époque. 168 x 94 mm.
Edition originale de deux traités majeurs de Bossuet. Bibliothèque de Backer, n°998; Bulletin Morgand et Fatout, n°129; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 336; Tchemerzine, I, 905; Brunet, Bossuet fut nommé précepteur du Dauphin en 1670 et le Traité du libre-arbitre est l’un des ouvrages composés pour l’éducation du futur souverain. Le sujet abordé traite du ‘moyen d’accorder notre Liberté avec la certitude des décrets de Dieu’. La question de savoir s’il existe des choix humains indépendamment de la souveraine grâce de Dieu venait de diviser les catholiques de France en deux camps: les jésuites, soutenus par le haut clergé ainsi que par le Roi, et les jansénistes de Port-Royal, minoritaires mais solidaires autour de brillantes autorités théologiques et intellectuelles telles que Arnault et Pascal. Or les années qui virent Bossuet précepteur du Dauphin coïncident presque exactement avec la Paix de l’Eglise de France (1668-1678). De plus, les jansénistes furent parmi les rares personnes à ne pas entrer en conflit avec Bossuet, même si sa situation à la Cour ne permettait pas à ce dernier d’afficher trop haut l’intérêt qu’il portait à la théologie de Port-Royal. Aussi la richesse du Traité du libre-arbitre réside principalement dans la synthèse fragile mais courageuse (c’est tout de même au futur Roi de France que Bossuet s’adresse), de deux doctrines pourtant farouchement opposées. Ce texte méconnu donne la très juste mesure d’une période de tolérance officielle bientôt vaincue par le raidissement des libertés en matière de religion. Le Traité de la concupiscence, composé vers 1693, reflète quant à lui l’époque suivante, période trouble où les positions doctrinales sont beaucoup plus rigides et les mœurs beaucoup plus libres. Evêque de Meaux depuis 1681, écouté par la cour qui se déplace de Paris et de Versailles pour ses prêches, docteur incontesté de l’Eglise de France, Bossuet s’en prend ici aux libertins, aux mondains, vitupérant contre le mensonge de leur esprit et la vanité de leur vie. Ce texte devait s’intituler Considérations sur les paroles de Saint Jean: ‘N’aimez pas le monde’ mais le neveu de Bossuet, évêque de Troyes et préfacier de cette édition, a préféré l’autre titre, plus sévère. Le lien avec Versailles s’est maintenu jusqu’à la fin de la vie de Bossuet. Il occupait une place essentielle au sein de la cour de France, il était conseiller du Roi en ses conseils et conseiller ordinaire en ses conseils d’Etat. Précieux exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille du Luc (1655-1746). Il fut archevêque d’Aix dès 1708 puis abbé de Saint-Denis à Reims en 1710. En 1724, il fut nommé chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit par Louis XV, et devint ensuite archevêque de Paris et pair de France en 1729. «Ce prélat, qui se trouva mêlé à toutes à toutes les controverses jansénistes et qui ne sut pas imposer ses idées de modération, par faiblesse de caractère, mourut à Paris le 13 mars 1746, à l’âge de 90 ans, laissant une belle bibliothèque, richement reliée». (Olivier, pl. 1429). «La collection de ce bibliophile émérite jouissait, de son temps, d’une grande réputation par la beauté des volumes et l’élégance des reliures» (Guigard, Armorial du Bibliophile, I, 379). Les éditions originales de Bossuet conservées en maroquin de l’époque armorié ont de tous temps été recherchées des bibliophiles.
Les éditions originales de Bossuet conservées en maroquin de l’époque ont de tous temps été recherchées des bibliophiles. Paris, Barthélémy Alix, 1731. 2 parties en 1 volume in-12 de 26 pp., (3) ff. de table, 155 pp., (1) f.bl., (1) f. de titre, 218 pp., (6) ff. Relié en plein maroquin rouge de l’époque, filet à froid encadrant les plats, dos à nerfs richement orné, avec roulettes fleurdelysées en pied, filet or sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l’époque. 168 x 94 mm.
Édition originale de deux traités majeurs de Bossuet. Bibliothèque de Backer, n°998 ; Bulletin Morgand et Fatout, n°129 ; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 336 ; Tchemerzine, I, 905 ; Brunet, I, 1139. Bossuet fut nommé précepteur du Dauphin en 1670 et le Traité du libre-arbitre est l’un des ouvrages composés pour l’éducation du futur souverain. Le sujet abordé traite du ‘moyen d’accorder notre Liberté avec la certitude des décrets de Dieu’. La question de savoir s’il existe des choix humains indépendamment de la souveraine grâce de Dieu venait de diviser les catholiques de France en deux camps : les jésuites, soutenus par le haut clergé ainsi que par le Roi, et les jansénistes de Port-Royal, minoritaires mais solidaires autour de brillantes autorités théologiques et intellectuelles telles que Arnault et Pascal. Or les années qui virent Bossuet précepteur du Dauphin coïncident presque exactement avec la Paix de l’Eglise de France (1668-1678). De plus, les jansénistes furent parmi les rares personnes à ne pas entrer en conflit avec Bossuet, même si sa situation à la Cour ne permettait pas à ce dernier d’afficher trop haut l’intérêt qu’il portait à la théologie de Port-Royal. Aussi la richesse du Traité du libre-arbitre réside principalement dans la synthèse fragile mais courageuse (c’est tout de même au futur Roi de France que Bossuet s’adresse), de deux doctrines pourtant farouchement opposées. Ce texte méconnu donne la très juste mesure d’une période de tolérance officielle bientôt vaincue par le raidissement des libertés en matière de religion. Le Traité de la concupiscence, composé vers 1693, reflète quant à lui l’époque suivante, période trouble où les positions doctrinales sont beaucoup plus rigides et les mœurs beaucoup plus libres. Evêque de Meaux depuis 1681, écouté par la cour qui se déplace de Paris et de Versailles pour ses prêches, docteur incontesté de l’Eglise de France, Bossuet s’en prend ici aux libertins, aux mondains, vitupérant contre le mensonge de leur esprit et la vanité de leur vie. Ce texte devait s’intituler Considérations sur les paroles de Saint Jean : ‘N’aimez pas le monde’ mais le neveu de Bossuet, évêque de Troyes et préfacier de cette édition, a préféré l’autre titre, plus sévère. Le lien avec Versailles s’est maintenu jusqu’à la fin de la vie de Bossuet. Il occupait une place essentielle au sein de la cour de France, il était conseiller du Roi en ses conseils et conseiller ordinaire en ses conseils d’Etat. Magnifique exemplaire, particulièrement frais et grand de marges (hauteur : 168 mm), conservé dans sa reliure en maroquin rouge de l’époque d’une qualité rare. Les éditions originales de Bossuet conservées en maroquin de l’époque ont de tous temps été recherchées des bibliophiles.
Edition originale et unique, parfaitement conservée, de ce recueil romanesque et poétique d’une rareté insigne. A Paris, par Jean Ruelle,1573. In-8 de (8) ff., 63, (1) f., titre dans un encadrement gravé sur bois. Tache claire p. 37, f. 53 rogné court avec atteinte a la manchette. Veau blond glacé, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné de filets dorés, pièce de titre de maroquin noir, filet or sur les coupes, tranches dorées. Reliure du début du XIXe siècle. 153 x 96 mm.
Édition originale et unique, parfaitement conservée, de ce recueil romanesque et poétique d’une rareté insigne. Le jugement le plus récent et l'un des plus autorisé, celui de Marcel Raymond, place Pierre BOTON (1555-1618) parmi les meilleurs poètes de la province française de son époque. Cet ouvrage témoigne de la grande vivacité de poètes de province, à la fin du règne de Charles IX. "Né à Mâcon vers 1555, avocat dans cette ville et ligueur à la fin des guerres de religion, il fut député auprès du duc de Mayenne, alors à Dijon, en juillet 1587. Après l'abjuration d'Henri IV il passa au parti royal et fut nommé président en l'élection de Mâcon. Il siégea, à ce titre, aux Etats du Mâconnais et et fut délégué par eux aux Etats de Bourgogne de 1599 et de 1622. Il mourut à 63 ans." (P. Vauxelles, Dictionnaire de biographie française. Les biographies antérieures le donnent mort en 1598, qui est la date de sa dernière oeuvre connue). Viollet-le-Duc, le premier, entreprit timidement de faire valoir La Camille de Pierre Boton (dans sa "Bibliothèque poétique", 1843), en dépit de l'opinion de ses prédécesseurs. "On n'a de renseignements sur Pierre Boton que ceux qu'il donne de lui-même dans ses poésies ; c'est-à-dire qu'il était fort jeune quand il les composa, nonobstant les avis qu'il recevait de toutes parts de se livrer à un travail plus fructueux. Ces conseils, impuissants comme toujours, excitaient sa colère, qu'il exhale avec amertume dans une épître en prose qu'il adresse au lecteur, comme il paraît, à l'exemple d'Etienne Forcadel, que c'est l'usage alors ; mais Boton est plus violent [...] Nous n'avons malheureusement pas de journaux de ce temps, et je ne puis connaître l'effet que cette épître fit sur l'esprit des critiques d'alors ; mais les biographes, et en particulier l'abbé Goujet, font un sévère reproche à Boton de sa hauteur et de ses airs de mépris, qui, ajoute-t-on, lui conviennent moins qu'à tout autre ; ce que je nie, sans approuver les injures de Boton ; mais certes son talent, et il en a, n'est pas inférieur à celui de la plupart de ses contemporains". Le jugement porté par l'abbé Goujet ("Bibliothèque françoise...", 1740-1756) sur La Camille, et sur Pierre Boton, fut conditionné par des considérations morales, et l'agacement qu'a pu produire sur cet austère prêtre janséniste du 18e siècle, la violente Epitre au lecteur d'un jeune et fougueux poète décidé à se faire connaître, en dépit des conseils de prudence que formulait son entourage. De l'aveu des spécialistes, l'oeuvre est empreinte d'une ferveur, d'une conviction et d'une authenticité remarquables qui en font tout le charme. Exemplaire en parfaite condition, conservé dans son élégante reliure en veau blond glacé. Bibliographie : Barbier, Ma bibliothèque poétique, IVè partie, tome I, Genève, 1998; Brunet, I, 1143 ; Suppl., I, 157; Raymond, L'Influence de Ronsard sur la poésie française, P., 1927, Genève, 1993; Viollet-le-Duc, Catalogue des livres composant la bibliothèque poétique de M. Viollet Le Duc... Paris, 1843; cat. Herpin, n°168, «recueil très rare»; cat. Techener, 1859 n° 27, «rare».
Précieux exemplaire cité par Tchemerzine, ayant appartenu au baron Seillière puis à Marcel Bénard, et ayant figuré à l’exposition Dix siècles de Livres français en 1949. Paris, Philippe le Noir, s.d. [c. 1526]. Petit in-4 gothique de (4) ff. prél. titre compris, (145) ff., 1 mm. de la marge bl. sup.du titre a été anciennement renforcé sans manque. Maroquin rouge, somptueux décor à la fanfare sur les plats, armes frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, double filet or sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure signée Belz-Niedrée. 187 x 132 mm.
Précieuse édition gothique de la plus grande rareté, la première parisienne, de ce poème allégorique composé par Jean Bouchet en l’honneur d’Artus Gouffier, seigneur de Boissy, duc de Roannais mort à Montpellier en mai 1519. Brunet, I, 1157 ; Tchemerzine, II, 34-35. Dédié à Madame Marguerite, sœur de François Ier, l’ouvrage s’ouvre sur un panégyrique de Gouffier, ancien gouverneur de François Ier, grand maître de France en 1514 et protecteur influent du poète. Sous le couvert d’une allégorie très raffinée Jean Bouchet brosse ensuite un tableau saisissant de cet étrange labyrinthe de fortune dans lequel puissants, fortunés et jouisseurs festoient allégrement avant d’être précipités dans d’âpres tourments. « Aultres estoient plains de ieux et de esbas De passetemps et de amoureux combas Aultres estoient plains de tables couvertes Ou lon veoit viandes descouvertes Et plusieurs mectz garnis de vins exquis Autant plus qu’il n’est es gens requis... Tous lesquels gens au son des instruments Prevoyent soulas et grans esbatemens... Rians chantans & prenans leurs plaisirs Et iouissans de leurs humains désirs... » Dans une fine analyse psychologique et sociale le procureur de Poitiers convie le lecteur à un tableau haut en couleurs des différents états de la société du temps. Remontant aux origines du monde Bouchet dresse ensuite un tableau des révolutions des empires et termine par « Le Dialogue des doctrines véritables », dispute en 26 rondeaux, sur l’utilité et l’abus des sciences. La vraie béatitude ne pourra être atteinte qu’avec l’appui des trois nobles dames : Foi, Espérance et Charité. Jean Bouchet (1476-1557), poète et historien poitevin, fut le dernier des grands rhétoriqueurs. C’est à Poitiers que son Labyrinthe de fortune vit le jour (1522, puis 1524) avant d’être imprimé à Paris par Philippe le Noir en 1526 (la présente édition). Très rare édition mal décrite par Tchemerzine qui cite pourtant le présent exemplaire (c’est d’ailleurs le seul qu’il cite) mais indique par erreur une figure au recto du dernier f. Le titre, imprimé en rouge et noir, est orné d’une grande lettrine et de la marque de Philippe le Noir. Très bel exemplaire, le seul cité par Tchemerzine, revêtu par Belz d’une somptueuse reliure à la fanfare ornée des armes du baron Seillière (1890, n°444). Des bibliothèques du baron Seillière (armes au centre des plats) et Marcel Bénard avec ex libris (cat. 1925, n°56). Le présent exemplaire a en outre figuré à l’exposition Dix siècles de Livres français (Lucerne, 1949, n°90) et il est le seul cité par Tchemerzine.
Précieux exemplaire cité par Tchemerzine, ayant appartenu au baron Seillière puis à Marcel Bénard, et ayant figuré à l’exposition Dix siècles de Livres français en 1949. Paris, Philippe le Noir, s.d. [c. 1526]. Petit in-4 gothique de (4) ff. prél. titre compris, (145) ff., 1 mm. de la marge bl. sup.du titre a été anciennement renforcé sans manque. Maroquin rouge, somptueux décor à la fanfare sur les plats, armes frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, double filet or sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure signée Belz-Niedrée. 187 x 132 mm.
Précieuse édition gothique de la plus grande rareté, la première parisienne, de ce poème allégorique composé par Jean Bouchet en l’honneur d’Artus Gouffier, seigneur de Boissy, duc de Roannais mort à Montpellier en mai 1519. Brunet, I, 1157; Tchemerzine, II, 34-35. Dédié à Madame Marguerite, sœur de François Ier, l’ouvrage s’ouvre sur un panégyrique de Gouffier, ancien gouverneur de François Ier, grand maître de France en 1514 et protecteur influent du poète. Sous le couvert d’une allégorie très raffinée Jean Bouchet brosse ensuite un tableau saisissant de cet étrange labyrinthe de fortune dans lequel puissants, fortunés et jouisseurs festoient allégrement avant d’être précipités dans d’âpres tourments. «Aultres estoient plains de ieux et de esbas De passetemps et de amoureux combas Aultres estoient plains de tables couvertes Ou lon veoit viandes descouvertes Et plusieurs mectz garnis de vins exquis Autant plus qu’il n’est es gens requis... Tous lesquels gens au son des instruments Prevoyent soulas et grans esbatemens... Rians chantans & prenans leurs plaisirs Et iouissans de leurs humains désirs...» Dans une fine analyse psychologique et sociale le procureur de Poitiers convie le lecteur à un tableau haut en couleurs des différents états de la société du temps. Remontant aux origines du monde Bouchet dresse ensuite un tableau des révolutions des empires et termine par «Le Dialogue des doctrines véritables», dispute en 26 rondeaux, sur l’utilité et l’abus des sciences. La vraie béatitude ne pourra être atteinte qu’avec l’appui des trois nobles dames: Foi, Espérance et Charité. Jean Bouchet (1476-1557), poète et historien poitevin, fut le dernier des grands rhétoriqueurs. C’est à Poitiers que son Labyrinthe de fortune vit le jour (1522, puis 1524) avant d’être imprimé à Paris par Philippe le Noir en 1526 (la présente édition). Très rare édition mal décrite par Tchemerzine qui cite pourtant le présent exemplaire (c’est d’ailleurs le seul qu’il cite) mais indique par erreur une figure au recto du dernier f. Le titre, imprimé en rouge et noir, est orné d’une grande lettrine et de la marque de Philippe le Noir. Très bel exemplaire, le seul cité par Tchemerzine, revêtu par Belz d’une somptueuse reliure à la fanfare ornée des armes du baron Seillière (1890, n°444). Des bibliothèques du baron Seillière (armes au centre des plats) et Marcel Bénard avec ex libris (cat. 1925, n°56). Le présent exemplaire a en outre figuré à l’exposition Dix siècles de Livres français (Lucerne, 1949, n°90) et il est le seul cité par Tchemerzine.
Rare édition originale posthume d’Esope à la cour de Boursault, exemplaire très pur conservé dans sa reliure de l’époque. Paris, Damien Beugnié, 1702.In-12 de (10) ff. le premier blanc, 97 pp., (1) p.bl., (1) f. bl. Relié en pleine basane mouchetée de l’époque, dos à nerfs orné de fleurons dorés, coupes décorées, tranches jaspées. Reliure de l’époque.160 x 90 mm.
Rare édition originale posthume de cette comédie de Boursault qui fut représentée pour la première fois après sa mort, en 1701. Bulletin Morgand et Fatout 6512 ; Catalogue Gui Pellion 482. « Boursault (1638-1701) est un de ces auteurs dramatiques qui, au XVIIe siècle, eurent de la vogue à défaut de gloire, et dont quelques productions sont encore estimées aujourd’hui. Lorsqu’il vint à Paris en 1651, il ne savait encore que le patois de sa province : quelques années après, il était devenu un écrivain assez remarquable pour qu’on le chargeât de composer un livre destiné à l’éducation du Dauphin. Boursault plaisait par les qualités du cœur aussi bien que par celles de l’esprit ; son caractère franc et ouvert lui fit beaucoup d’amis. Il fut lié avec la plupart des gens de lettres ses contemporains, si l’on en excepte Molière». Ésope à la cour est une comédie en 5 actes et en vers à l’esprit vif, au comique franc et au style naturel. S’il était un protégé du roi, l’auteur d’Esope à la cour dû retirer quelques passages de sa pièce qui contenaient des allusions injurieuses à l’égard de Louis XIV. « Esope à la cour, en cinq actes, fut représentée après la mort de Boursault, en 1701. Boursault l’avait écrite aussitôt après ‘Esope à la ville’, mais son sujet la fit interdire par la censure. Quand finalement l’autorisation de la faire représenter fut accordée, l’auteur était mort. Dans cette comédie, Esope a réussi à se faire admettre à la Cour, et naturellement, il trouve matière à exercer son ironie et sa sagesse à l’égard des innombrables côtés ridicules et des vices des courtisans. Montesquieu a déclaré qu’après avoir assisté à la représentation d’Esope à la Cour, il éprouvait le besoin de devenir un homme de bien. » (Dictionnaire des Œuvres, II, 684). Il y a en fait eu deux tirages différents en 1702, l’un à l’adresse de Damien Beugnié, l’autre à celle de la Veuve de Clément Gasse. « Cette œuvre, d’une haute portée, ne fut représentée que le 16 décembre 1701, après la mort de l’auteur, ce qui empêcha celui-ci d’y mettre la dernière main... » (V. Fournel, Les contemporains de Molière, p.95). L’œuvre est dédiée à Madame de Villequier, Françoise Angélique de la Mothe-Houdancourt, née en 1650 et mariée à Louis-Marie-Victor, Duc d'Aumont et Marquis de Villequier. Louis-Marie-Victor d'Aumont, l’un des plus zélés serviteurs de Louis XIV, se distingua dans la campagne de Flandre. La sœur de Madame de Villequier, Charlotte-Eléonore de la Mothe-Houdancourt était gouvernante de Louis XV. Les liens entre l’auteur et la marquise de Villequier sont évidents puisque Louis XIV avait proposé à Boursault de devenir sous-précepteur de son fils alors que la sœur de Madame de Villequier était la gouvernante de Louis XV. Enfin, Boursault évita à l’une de ses pièces d’être censurée en 1690 grâce à l’appui du Duc d’Aumont. Esope à la cour permit à son auteur de remettre la fable au goût du jour et d’élever quelques objections à la personne de Louis XIV. Bel exemplaire grand de marges de cette rare comédie, conservé dans sa pleine reliure de l’époque. Nos recherches nous ont permis de localiser des exemplaires de ce tirage dans 3 Institutions publiques françaises : à la B.n.F., à la Bibliothèque de Rennes et à celle de Paris Sorbonne. L’exemplaire conservé à la B.n.F. présente cependant une collation différente du notre et il ne comporte pas le très intéressant Privilège du Roy qui occupe 3 pages de notre exemplaire et où l’on apprend que c’est Michelle Milley, la veuve du Sieur Boursault, qui désira faire imprimer cette pièce après la mort de son mari. Ce Privilège, daté du 22 janvier 1702, nous apprend également que la veuve de Boursault a cédé son droit à la veuve de Clément Gasse et à Damien Beugnié, Libraires à Paris, le 1er février 1702.
Edition originale de la pièce la plus rare de Boursault. Exemplaire de dédicace relié en maroquin bordeaux de l’époque armorié. Paris, N. Pepingué, 1665.In-12 de (2) ff., (10) ff., 46 pp., (2) ff.bl. Annotations manuscrites sur la garde blanche. Relié en plein maroquin bordeaux, plats richement ornés d’un double encadrement de filets et d’une roulette dorés, grandes initiales « C » entrelacées et couronnées aux angles au sein d’un motif de palmes dorées, grandes armes frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, coupes décorées. Reliure de l’époque. 146 x 82 mm.
Rare édition originale de la pièce la plus rare du théâtre de Boursault, qui fut représentée sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne en 1665. Brunet, I, 1183. Pour cette comédie en trois actes et en vers, « l’auteur a puisé son sujet dans le poème de l’abbé de Cerisy. Pour se venger de la préférence que Philis accorde à Daphnis, Apollon empoisonne l’eau d’une fontaine où ces deux amans doivent aller boire. Daphnis y trouve la mort, et Philis, emportée par les vents, revoit son berger dans l’Olympe, où Jupiter les unit, et change en astres les yeux de la Bergère. Le caractère des deux amants offre un mélange de tendresse et de naïveté, de naturel et de sensibilité... » (Annales dramatiques ou Dictionnaire général des théâtres, p. 591) « Boursault (1638-1701) est un de ces auteurs dramatiques qui, au XVIIe siècle, eurent de la vogue à défaut de gloire, et dont quelques productions sont encore estimées aujourd’hui. Lorsqu’il vint à Paris en 1651, il ne savait encore que le patois de sa province : quelques années après, il était devenu un écrivain assez remarquable pour qu’on le chargeât de composer un livre destiné à l’éducation du Dauphin. Boursault plaisait par les qualités du cœur aussi bien que par celles de l’esprit ; son caractère franc et ouvert lui fit beaucoup d’amis. Il fut lié avec la plupart des gens de lettres ses contemporains, si l’on en excepte Molière ». Précieux et bel exemplaire de dédicace relié en maroquin bordeaux à fine dentelle de l’époque, aux armes et aux chiffres du marquis de Castelnau, le dédicataire de la pièce. Il provient de la célèbre collection Soleinne « Exemplaire de dédicace. – Cette pièce, dont Boileau s’est tant moqué, et qui est imitée d’un poème de Cerisey, parait être la plus rare du théâtre de Boursault ». (Collection Soleinne, I, n°1357). Jacques de Castelnau (1620-1658), marquis de Castelnau, petit-fils de Michel de Castelnau, est un aristocrate et militaire français du XVIIe siècle. Il se distingue pendant la guerre de Trente Ans en tant que lieutenant général des armées du roi en Flandres, et est élevé à la dignité de maréchal de France en 1658. Provenance : collection Soleinne.
Conservée dans sa fine reliure de l’époque. Paris, Antoine de Sommaville, 1661.In-12 de (1) f.bl., (5) ff., 162 pp. Bandeaux, culs-de-lampe et nombreux petits fleurons gravés sur bois. Exemplaire rogné un peu court dans la marge latérale, à certaines pages au raz des manchettes. Relié en plein veau granité de l’époque, dos à nerfs richement orné, coupes décorées, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 145 x 81 mm.
Édition originale de ce beau recueil de panégyriques du célèbre poète normand Georges de Brébeuf. Brunet, I, 1215. Le présent ouvrage comporte des pièces poétiques circonstanciées : ‘Sur le mariage du Roy’, ‘A Monseigneur le Cardinal Mazarin. Panégyrique de la paix’, ‘Sur la maladie et la guérison de Monseigneur le Cardinal Mazarini’, ‘Histoire de la dernière campagne du Roy, en l'Année 1658’, ‘A Monseigneur Foucquet, procureur général au Parlement de Paris, Sur-Intendant des Finances et Ministre d'Etat’, ‘Pour la Reyne de Suede’... «C’est dans les ‘Eloges poétiques’ et dans les ‘Entretiens solitaires’ que Brébeuf montre le plus de qualités personnelles; c’est pour lui l’époque de la maturité, et si nous retrouvons dans ces poèmes les défauts déjà signalés, un goût trop marqué pour l’emphase, l’hyperbole, l’antithèse, jamais son inspiration n’a été plus forte, sa phrase plus vigoureuse, plus pleine et plus sonore, son vers mieux rythmé. Ces deux ouvrages offrent des caractères communs, qui les rapprochent l’un de l’autre et leur assurent une place à part dans l’œuvre de Brébeuf. Les ‘Eloges’ sont des panégyriques; ce genre, à la fois lyrique et épique, avait de quoi éveiller l’ardente imagination du poète; il célèbre les grands événements contemporains, la prodigieuse fortune et la gloire de Fouquet et de Mazarin, les exploits du roi et de son armée, les bienfaits de la paix que négocie le ministre; il prend ainsi sa part de la joie et de la prospérité du pays; mais toutes ces pièces et surtout celles qu’il adresse à l’évêque Auvry, à Fouquet ou à Mazarin, marquent aussi le désir de leur plaire, de se concilier leur bienveillance et d’obtenir un appui solide, sentiment qu’il concilie fort bien, comme nous le verrons, avec une admiration sincère pour les grands hommes et les grandes choses. Tous ces panégyriques ont été composés, semble-t-il, de 1653 à 1658.» (Essai sur la Vie et les Œuvres de Georges de Brébeuf, pp. 224 à 227). Georges de Brébeuf (Sainte-Suzanne-sur-Vire, Calvados, 1618 – Venoix, près de Caen, 1661) est un poète français descendant d’une illustre famille de la noblesse normande. «Son oncle, Jean de Brébeuf, missionnaire, fut martyrisé par les Iroquois en 1649. Après avoir fait ses études à Caen puis à Paris, Brébeuf, sans fortune, dut se consacrer à des tâches serviles; il fut pendant plusieurs années précepteur du futur maréchal de Bellefonds, puis il se fit poète à gages. A Rouen, il avait fait la connaissance de Pascal; à Paris, il se lia avec Conrart, Ménage, Chapelain, Mézeray et Corneille pour qui il eut toujours la plus vive admiration. Avec ‘LA Gageure’, recueil de cent cinquante épigrammes et madrigaux dirigés contre les femmes fardées, il se fit un grand succès dans les salons dont il fut un des favoris avec Balzac et Voiture [...]. Dans ses ‘Eloges poétiques’ (1661), Brébeuf a réuni des pièces écrites à la gloire de Fouquet, de Mazarin, du jeune roi, ou à l’occasion des victoires françaises, la bataille des Dunes en particulier. En 1660, Brébeuf avait quitté la cour et les salons et s’était retiré près de son frère, curé de Venoix.» (Dictionnaire des auteurs, I, 415). «Brébeuf avait le mérite rare en son temps d’écrire des vers beaux et énergiques.» (Dictionnaire des Œuvres, p. 436). «Georges de Brébeuf, ce poète normand qui a connu Pierre Corneille et sans doute subi son influence [...] ne mérite pas l’oubli où nous l’avons laissé tomber. Faguet, sui se plaisait à réhabiliter les poètes de ce temps, avait baptisé Brébeuf le Lamartine du XVIIe siècle» (H. Du Manoir, Maria, p. 56). Bel exemplaire très pur conservé dans sa reliure de l’époque. Provenance: ex libris manuscrit sur le titre.
Edition originale absolument rarissime du roman libertin dont Louis XIV est le héros, qui défraya tant la chronique littéraire, politique et bibliophilique. Imprimé en Hollande vers 1667. Petit in-12 de 96 pages, titre compris, dernière page en 15 lignes. Plein maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, dos à nerfs richement orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure signée de Thibaron-Joly. 127 x 72 mm.
Edition originale absolument rarissime de ce roman libertin dont Louis XIV est le héros qui dÉéraya tant la chronique littéraire, politique et bibliophilique. Willems, 1770, Tchemerzine, II, 166. Willems dans sa bibliographie des Elzévier, rapporte cette savoureuse histoire : « Nous lisons dans une Lettre à Achille Jubinal, qui fait partie du Pêle-mêle philosophique et littéraire de F. Grille (Paris, 1850) : « Vous qui courez et dénichez les raretés, dites moi, je vous prie, si vous avez rencontré de par le monde un petit livre intitulé : Les Amours du Palais Royal, qui parut sous Louis XIV. MM. Brunet, Beuchot, Jacob et Quérard n’en parlent pas. Ce livre fut imprimé en Hollande ; un exemplaire en fut envoyé à Louvois qui le porta au Roi, le Roi le montra à Mme Henriette ; elle y était, avec lui, fort compromise. Elle en parla à l’évêque de Valence, Cosnac ; l’évêque disparut et s’en alla à La Haye ; au bout de huit jours il revint chargé de toute l’édition qu’il avait achetée pour la brûler. Trois exemplaires étaient restés, la princesse les eut entre les mains et les jeta au feu. Cependant on les vit ; il y en eut des copies, d’incomplètes copies sur lesquelles on fit une seconde édition, pleine de lacunes ». Grille n’indique pas où il a pris cette piquante anecdote, mais le fond en est exact, et les Mémoires de Dan. de Cosnac, publiées en 1852, sont venues la confirmer, au moins dans ses points principaux. » Barbier (Dictionnaire des anonymes) ignorait lui aussi l’existence de cette édition originale non datée, et citait les deux copies, datées 1667, la première, avec la dernière page en 15 lignes, la contrefaçon, avec la dernière page en 10 lignes. À Pâques 1659, le comte de Bussy-Rabutin prend part à une orgie au château de Roissy, où il médit outrageusement et scandaleusement sur les mœurs de la cour, sur le roi et sur la famille royale (décrit plus tard dans son œuvre « Histoire amoureuse des Gaules »). Il est alors condamné, trois mois plus tard, à un premier exil de la Cour de France par le jeune roi Louis XIV, dans le château familial de Bussy de son domaine bourguignon. En 1660, incorrigible, il écrit sans vouloir le publier son pamphlet satirique et calomnieux « Histoire amoureuse des Gaules », chronique sur les frasques de certaines personnes de la cour et sur les premières amours du jeune Louis XIV et de Marie Mancini (nièce du cardinal - premier ministre Jules Mazarin) qu'il tourne en ridicule, pour amuser sa maîtresse, la marquise de Montglas et quelques-uns de ses amis. L'intrigante marquise de la Baume fait alors secrètement copier l’œuvre, puis répandre sa publication en avril 1665 à Liège, à l'insu de l'auteur. L'œuvre scandaleuse parvient à la cour et au jeune roi qui fait arrêter l'auteur en 1666, le destitue de toutes ses charges et le fait enfermer treize mois à la Bastille (alors qu'il vient juste d'être élu à l'Académie française) avant de le faire exiler et disgracier à vie, pour la seconde fois, dans son château en Bourgogne, où ce dernier passera dix-sept années d'exil et la fin de sa vie. La rareté de cette originale est légendaire puisque la famille royale l’acheta en bloc pour la détruire et jusqu’à ce jour, un seul autre exemplaire était répertorié, celui de La Villestreux et L. de Montgermont relié par Lortic en maroquin rouge et cité par Willems et Tchemerzine. Magnifique exemplaire, à belles marges, reliÉ en maroquin rouge de Thibaron‑Joly. 
«The first French edition» imprimée de 1825 à 1829 is «quite rare». « Aventurier vénitien des plus célèbres, Balzac, Théophile Gautier, Roger de Beauvoir se sont inspirés de certains chapitres des Mémoires de Casanova, lesquels parurent en pleine effervescence romantique ». Carteret. Paris, Tournachon-Molin, 1825-1829. 14 volumes, [iv], xxviii, 246 + [iv], 310 + [iv], 272 + [iv], 288 + [iv], 250 + [iv], 258 + [iv], 237, (1) f. + [iv], xii, 278 + [iv] + 292 + [iv], 299 + [iv], 288 + [iv], 292 + [iv], 284 + [iv], 346 p. Reliés en pleine basane blonde racinée, roulette dorée en encadrement autour des plats, dos lisses ornés, roulette dorée sur les coupes, charnières et coiffes légèrement frottées. Reliure de l’époque. 166 x 93 mm.
“The first French edition” (J. Rives Childs) (1956). “Quite rare” (J. Rive Childs). Mémoires…. Publiés en Allemagne, et traduits par M. Aubert de Vitry, traducteur des Mémoires de Goethe, etc. avec une préface par de Vitry. “The German edition of the Memoirs had been received so favorably that a Paris editor decided to bring out this pirated edition. It is thus the first French edition. However, it is not the first French edition of the original French text but a translation of the Schütz edition and is therefore a translation of a translation.” (J. Rives Childs). Cette première édition française de 1825-1829 a une valeur identique à celle de l’édition française en 12 volumes imprimée de 1826 à 1838: «Brought 10000 francs at auction in Paris in 1945; 15000 in 1948; quoted at $ 150 in NY in 1945 pour l’édition de 1825-1829 contre 15500 Francs en 1946 pour l’édition Brockhaus de 1826-1838 et 100 à 150 $ en 1955.» Les Mémoires de Casanova sont écrits en français. G. de Schutz publie d'abord une version allemande. L'édition publiée à Paris chez Tournechon-Molin en 1825 est une traduction de la version allemande. « Aventurier vénitien des plus célèbres, Balzac, Théophile Gautier, Roger de Beauvoir se sont inspirés de certains chapitres des Mémoires de Casanova, lesquels parurent en pleine effervescence romantique ». Carteret. « Je considère les Mémoires de Casanova comme la véritable Encyclopédie du XVIIIesiècle ». Blaise Cendrars. « Casanova, cet esprit sans pareil, dont chaque mot est un trait et chaque pensée un livre ! » Le Prince de Ligne. Tour à tour aventurier, diplomate, escroc, Giacomo Casanova (1725-1798) a aussi été le seul prisonnier à s'évader de la prison des Plombs, à Venise. A d'autres moments de sa vie, il fait partie des intellectuels de l'époque, il est reçu dans les cours européennes. Devenu riche il mène une vie de folie et de désordre. Il est arrêté par l'Inquisition. Il s'évade et, arrivé à Paris en 1757, se met en rapport avec le maréchal de Richelieu, Crébillon, Voisenon, Fontenelle, Favart, Rousseau. A Genève en 1760, il se présente à Voltaire. À Londres, il rencontre le chevalier d'Éon et le roi Georges III, à Berlin, il fréquente Frédéric II puis, à Saint-Pétersbourg, il a plusieurs entrevues avec Catherine II. Dans ses Mémoires, Casanova dresse un tableau des mœurs de la France de Louis XV, de l’Italie et des cours de l’Europe en général. « We know from the Memoires that he was constantly writing and that his baggage comprised in considerable part his papers ». J. Rives Childs, Casanoviana, p. 108. On a dit que les Mémoires de Casanova étaient des Anticonfessions. « Je n'écris ni l'histoire d'un illustre, ni un roman. Digne ou indigne, ma vie est ma matière, ma matière est ma vie. L'ayant faite sans avoir jamais cru que l'envie de l'écrire me viendrait, elle peut avoir un caractère intéressant qu'elle n'aurait peut-être pas, si je l'avais faite avec l'intention de l'écrire dans mes vieux jours, et qui plus est de la publier ». « Lecteur attentif des œuvres autobiographiques de Saint Augustin, de Montaigne et du marquis d'Argent, Casanova connaît l'œuvre de Rousseau qu'il critique souvent mais sans pouvoir cacher une admiration mêlée d'envie. Il dira « Je ne donnerai pas à mon histoire le titre de Confessions car, depuis qu'un extravagant l'a souillé, je ne peux plus le souffrir. Mais elle sera une confession si jamais il en fut. On me dira qu'un livre qui alarme la vertu est mauvais. J'avoue que ceux dont la vertu préférée est la chasteté doivent s'abstenir de me lire... ». L'influence de l'ouvrage s'étend outremer. Un article publié dans la North American Review, datée de 1835, est consacré aux Mémoires de Casanova: « It presents a curious and not uninstructive picture of the state of society in Europe at the period immediately preceding the French Revolution ». L'auteur de l'article évoque l'arrestation de l'auteur par l'Inquisition pour en faire un élément de comparaison entre les politiques européenne et américaine « The constant repetition of similar cases of the violation of private right by the old governments of Europe was among the causes that operated most strongly in bringing on the revolutionary movements of the last century. We are not blind to the inconveniences, abuses and dangers of our political system, but it gives us a permanent national peace, instead of the wars that constantly desolate Europe ». (The North American Review, xli, p.46-69). En 1834, l’ouvrage est mis à l’index des livres interdits. « Vendus au grand jour ou sous le manteau, les Mémoires firent un tapage d'enfer, et partout l'on en parla, soit pour douter de leur authenticité, soit pour discuter la véracité des confessions amoureuses du Vénitien, soit pour s'en inspirer dans les milieux romantiques Balzac, Théophile Gautier, Gorge Sand, Roger de Beauvoir, Eugène Sue, avant Émile Zola et Pierre Louys puisèrent au gré de leur imagination dans le vaste réservoir d'aventures que Casanova mettait à leur disposition. C’est surtout à la suite de la «grande guerre», que le prix de n'importe quelle œuvre de Jacques Casanova devint inabordable et chimérique. L'édition Brockhaus oscillait par exemple entre 99 francs, reliée (vente P.-A. Chéramy), et 405 francs, brochée (même vente, vacation du lundi 21 avril 1913). En 1917, la vente J. P. (Bosse, expert), cette édition, en demi-reliure basane, tranches jaspées, trouvait acquéreur à 295 francs. N’espérez pas désormais obtenir un exemplaire moins d'un billet de mille ou de 1500 francs, quand l'occasion se présentera si elle se présente !...» (J. Pollio). Le dernier exemplaire référencé sur le marché français, relié en demi veau postérieur avec rousseurs, fut vendu 75000 Francs en mai 1996 (11500 € il y a 26 ans). « La plus grande acquisition patrimoniale » de la Bibliothèque nationale de France a été finalisée le 18 février 2010. Le Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a signé l'acte qui fait officiellement entrer à la B.n.F. les manuscrits des Mémoires de Casanova ; il s'agit d'un manuscrit de 3 700 pages non reliées déclaré « bien d'intérêt patrimonial majeur». L'objet excitait la convoitise des grandes bibliothèques et des collectionneurs du monde entier depuis les années 1960. Giacomo Girolano Casanova tour à tour financier, diplomate, escroc, joueur, mais toujours intellectuel éclairé à sa manière, entame la rédaction de ses mémoires dans un français parsemé de ratures et d'italianismes, aux alentours de 1789. Autant dire « au crépuscule de son existence comme au crépuscule du siècle » agité par les « tourments révolutionnaires », a signalé le ministre de la Culture. Il aura fallu trois ans et l'intervention d'un généreux mécène du milieu de la finance, ayant déboursé près de 7 millions d'euros, pour finaliser cette acquisition exceptionnelle. Lors de la cérémonie, le ministre de la Culture a rendu hommage à « l'un des grands auteurs de la littérature française du XVIIIe siècle » et à sa « liberté de ton et de propos qui se nourrit d'une vraie liberté de conduite ». Précieux exemplaire, pur et sans rousseur, de la plus extrême rareté en pleine reliure décorée de l’époque.
Un roman d'amour et d'aventures superbement illustré, très en vogue à la Renaissance. Paris, N. Couteau pour G. du Pré, 1527. In-4 de (8) ff., 169 ff. y compris 3 grand bois à pleine page, (1) f. pour la marque de l’imprimeur, nombreuses majuscules ornées. Relié en plein maroquin brun, plats entièrement ornés d'un triple encadrement de filets à froid, et d'une large roulette feuillagée à froid, écoinçons dorés aux angles, fleuron central losange frappé or, dos à nerfs orné de roulettes à froid et de fleurons dorés, double filet or sur les coupes, large roulette intérieure dorée, tranches dorées et ciselées. Laurent Claessens. 238 x 170 mm.
Première édition française de ce grand roman d'amour qui connut un énorme succès à la Renaissance. Fairfax Murray, I, n°79; Rothschild, II, 1744 ; Brunet, I, 1701-1702. C'est également un ouvrage de voyages puisqu'y figurent les descriptions du Mont Sinaï, l'Inde, la Macédoine, Chypre et la Corse... Ce grand roman d'amour en prose met en scène les aventures de deux amants appartenant à deux nobles familles de Ferrare, mortellement ennemies l'une de l'autre. Il fut rédigé et publié en italien à Parme alors que Jacomo Caviceo était vicaire de l'archevêque de Ferrare. Dédié à Lucrèce Borgia, ce célèbre roman est remarquable en ce qu'il est le tout premier à placer le récit dans la bouche même des personnages mis en scène. Ce roman commença à circuler, manuscrit, dans les cercles lettrés de la cour de François Ier, après avoir été traduit par François d'Assy. Cette première édition en français, imprimée en caractères gothiques, est ornée d'un titre en rouge et noir et de très nombreuses majuscules ornées. Elle comporte une superbe illustration formée de 3 grandes figures gravées sur bois à pleine page : l'une représente les amants, la seconde le pérégrin parvenant au monastère Sainte-Catherine sur le mont Sinaï sur la route de la Syrie, tandis que sur la troisième il arrive à Chypre, représentée sur la gravure. La marque de Galliot du Pré est imprimée au verso du dernier feuillet. Exemplaire à très grande marges, conservé dans une reliure d'inspiration renaissance de Claessens. 
Orné de 40 gravures sur bois, imprimées en 1532. Lyon, Olivier Arnoullet, 12 juillet 1532. In-4 gothique de (136) ff. Maroquin bleu nuit, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs joliment orné avec chiffre doré répété dans les caissons, double filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures. Trautz-Bauzonnet, 1847. 191 x 132 mm. 
Premier recueil de nouvelles de la littérature française. Le plus bel exemplaire cité et décrit par Brunet de cette rarissime édition de 1532 des «Cent nouvelles nouvelles». L'œuvre a été composée entre 1464 et 1467 à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il en est le dédicataire et figure lui-même parmi les trente-cinq conteurs. Longtemps attribué à Antoine de La Sale, auteur de la cinquantième nouvelle, on admet aujourd'hui que les Cent Nouvelles nouvelles sont de la main d'un rédacteur unique et anonyme, qui serait ainsi le trente-sixième conteur, parmi les seigneurs bourguignons devisant. « Ce recueil, faussement attribué parfois à Antoine de la Sale, fut composé à la demande du duc de Bourgogne Philippe le Bon, vers 1462, par un écrivain de cour, peut-être Philippe Pot. Plusieurs seigneurs bourguignons pour se divertir racontent à tour de rôle de gaillardes histoires, avec abondance de ripailles, joutes amoureuses, feintes et jeux de mots, qui forment une suite au Décameron de Boccace et annoncent les contes du XVIe. Pourtant, derrière la gaîté d'apparence, on sent les inquiétudes d'un siècle qui finit mal : la loyauté chevaleresque a disparu, l'amour filial, le mariage, l'amitié même sont touchés par la dégradation des mœurs et l'avènement du mensonge. Le texte original fut plusieurs fois adapté, compilé, remis en forme au XVIe siècle.» (Bechtel). « Chef-d’œuvre de style et le premier ouvrage en prose, sans contredit, où la langue française montre cette clarté et cette facile élégance qui l'ont rendue la langue de l'Europe civilisée" (Viollet-le- Duc, Bibliographie des chansons, fabliaux, contes en vers et en prose, 1859, p. 144). « Un bel exemplaire en mar. v. a été vendu 465 fr. chez le pr. d'Essling; 14 liv. sterl. Utterson.» (Brunet, I, 1735). Précieuse et belle édition illustrée de 40 figures gravées sur bois dans le texte; quelques-unes sont répétées. Titre imprimé en rouge et noir, orné d’une grande figure: « Trois personnages, dont un tient un manuscrit, autour d’une table où se trouve un vase». Au dernier f. : Roi de France entouré de 6 personnages. Et 38 bois plus petits (dont des répétés) dans le texte. Nombreuses initiales ornées. Ces récits d'après boire où l'indécence est de mise s'inspirent de la tradition orale et d'un fonds commun aux fabliaux, aux Facéties du Pogge et au Décaméron. Les effets scabreux sont plus appuyés: maris benêts perpétuellement cocus, épouses rouées, truculences érotiques, feintes et jeux de mots sont rendus avec un art très vif du dialogue et de la mise en scène. Très bel exemplaire cité par Brunet et Bechtel relié en maroquin par Trautz au chiffre du Baron de Ruble provenant des bibliothèques de François-Victor Masséna, Prince d’Essling (cat. 1845, n°349: exemplaire alors relié par Duru); baron Alphonse de Ruble qui le fit relier de nouveau par Trautz-Bauzonnet (Paris, 1889, n°463); Emile Rossignol avec ex-libris; Bernard Clavreuil; Pierre Bergé. Bechtel ne mentionne qu’un seul exemplaire passé sur le marché au cours des quarante dernières années: l’exemplaire Edouard Vernon Utterson, relié au XIXe siècle par Niedrée avec 3 feuillets restaurés et le dernier feuillet refait, vendu 7 500 € en juin 1985, il y a 39 ans.
« L’auteur d’‘Hamlet’ et celui de ‘Don Quichotte’ sont les deux plus grands poètes qu’aient produit les siècles modernes. Cervantès, plus encore que le doux William, exerça sur moi un charme indéfinissable. Je l’aime jusqu’aux larmes. » Heine. Amsterdam et Leipzig, Arkstée & Merkus, 1768. 6 volumes in-12. -Nouvelles de Michel de Cervantès. Amsterdam & Leipzig, Arkstée & Merkus, 1768. 2 volumes in-12. En tout 8 volumes in-12 de: I/ (6) ff., 370 pp., 1 faux titre gravé et 7 figures dont 1 portrait de l’auteur ; II/ (3) ff., 369 pp. et 3 figures ; III/ (4) ff., 371 pp. et 10 figures ; IV/ (4) ff., 453 pp. et 8 figures ; V/ (4) ff., 420 pp. et 4 figures ; VI/ (4) ff., 422 pp., (1) f. ; VII/ XLIV pp., 358 pp. et 6 figures ; VIII/ (2) ff., 396 pp. et 7 figures. Maroquin rouge, roulettes et filets dorés encadrant les plats, dos lisses finement ornés de filets lisses et aux pointillés formant faux-nerfs et de fleurons dorés, roulette dorée sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l'époque de Derôme le Jeune. 172 x 103 mm.
Séduisante édition des œuvres complètes de Cervantès, traduites en français par Filleau de Saint Martin. L’une des principales et des meilleures éditions du XVIIIe siècle. Picot, Livres du Baron de Rothschild, 1752 ; Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures, 217 et 221 ; Rahir, p. 360. « Deux hommes de lettres, Rabelais et Michel Cervantès, s’élevèrent, l’un en France et l’autre en Espagne, et ébranlèrent à la fois le pouvoir monacal et celui de la chevalerie. Pour renverser ces deux colonnes, ils n’employèrent d’autres armes que le ridicule, ce contraste naturel de la terreur humaine. » (Bernardin de Saint-Pierre). » (Jean Barbelon). Cette édition du « Don Quichotte » est illustrée de 31 estampes à pleine page par Fokke et Folkéma, d’un faux-titre gravé et de 6 vignettes de titre. Cette série de gravures prend sa source dans la suite des 31 estampes gravées, de format in-4, par Picard, Tanjé, Stokke et J. Van Schley d’après les dessins de Coypel, Boucher et Trémolière en 1746 et qui fixèrent pour un siècle environ l’iconographie de l’œuvre. Elles sont ici réinterprétées au format in-8. Les « Nouvelles » sont ornées d’un portrait d’après Kent et de 13 estampes dessinées et gravées par Folkéma. Dans le présent exemplaire le portrait de l’auteur a été relié en tête du premier volume. L’ensemble de ces 44 estampes forme l’œuvre la plus importante et la plus connue de l’artiste. « Né à Dokkum, en Frise, en 1692, Folkéma apprit la gravure de son père et s’établit à Amsterdam où il est mort en 1767. Son œuvre la plus connue est sa réduction in-8 des figures de Charles Coypel pour ‘Les Aventures de Don Quichotte’, exécutées avec Fokke pour l’édition de 1768 ». Portalis, Les Dessinateurs d’illustrations au XVIIIe siècle, pp. 214-215. L’exemplaire à très grandes marges, l’un des plus beaux connus, fut revêtu à l’époque par Derôme le Jeune d’un maroquin rouge particulièrement élégant. Il est cité par Brunet.
«L’auteur d’’Hamlet’ et celui de ‘Don Quichotte’ sont les deux plus grands poètes qu’aient produit les siècles modernes. Cervantès, plus encore que le doux William, exerça sur moi un charme indéfinissable. Je l’aime jusqu’aux larmes.» Heine. CERVANTES. Histoire de l’admirable Don Quichotte de la Manche. Amsterdam et Leipzig, Arkstée & Merkus, 1768. 6 volumes in-12. -Nouvelles de Michel de Cervantès. Amsterdam & Leipzig, Arkstée & Merkus, 1768. 2 volumes in-12. En tout 8 volumes in-12 de: I/ (6) ff., 370 pp., 1 faux titre gravé et 6 figures; II/ (3) ff., 369 pp. et 3 figures; III/ (4) ff., 371 pp. et 10 figures; IV/ (4) ff., 453 pp. et 8 figures; V/ (4) ff., 420 pp. et 4 figures; VI/ (4) ff., 422 pp., (1) f.; VII/ XLIV pp., 358 pp., 1 portrait et 6 figures; VIII/ (2) ff., 396 pp. et 7 figures. Plein maroquin vert de l’époque, roulette dorée encadrant les plats, dos lisses finement ornés, filet aux pointillés sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. 172 x 105 mm.
Séduisante édition des œuvres complètes de Cervantès, traduites en français par Filleau de Saint Martin. Picot, Livres du Baron de Rothschild, 1752; Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures, 217 et 221; Rahir, p. 360. Cette édition du «Don Quichotte» est illustrée de 31 estampes à pleine page par Fokke et Folkéma, d’un faux-titre gravé et de 6 vignettes de titre. Cette série de gravures prend sa source dans la suite des 31 estampes gravées, de format in-4, par Picard, Tanjé, Stokke et J. Van Schley d’après les dessins de Coypel, Boucher et Trémolière en 1746 et qui fixèrent pour un siècle environ l’iconographie de l’œuvre. Elles sont ici réinterprétées au format in-8. Les «Nouvelles» sont ornées d’un portrait d’après Kent et de 13 estampes dessinées et gravées par Folkéma. L’ensemble de ces 44 estampes forme l’œuvre la plus importante et la plus connue de l’artiste. «Né à Dokkum, en Frise, en 1692, Folkéma apprit la gravure de son père et s’établit à Amsterdam où il est mort en 1767. Son œuvre la plus connue est sa réduction in-8 des figures de Charles Coypel pour ‘Les Aventures de Don Quichotte’, exécutées avec Fokke pour l’édition de 1768». Portalis, Les Dessinateurs d’illustrations au XVIIIe siècle, pp. 214-215. Précieux exemplaire revêtu à l’époque d’un éclatant maroquin vert aux dos particulièrement élégants.
«Don Quichotte» relié pour la Princesse de Lamballe, l’amie intime et dévouée de la reine Marie-Antoinette, en éclatant maroquin vert de l’époque. En Haia por P. Gosse y A. Moetjens, 1744. 4 volumes in-12 en plein maroquin vert, triple filet doré encadrant les plats, armoiries dorées de la princesse de Lamballe au centre, dos à nerfs ornés, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque. 157 x 95 mm.
«Don Quichotte» relié spécialement pour la Princesse de Lamballe (1749-1792) l’amie intime de la reine Marie-Antoinette, vers l’année 1775, en maroquin vert avec une sélection de vingt figures d’après Coypel gravées par Folkema, Fukke et Tanje, les exemplaires ordinaires comptant un portrait et 24 figures. Don Quichotte, chef-d’œuvre de la littérature mondiale, fut écrit probablement entre 1598 et 1604. La première partie fut publiée en 1605. Dix ans plus tard, en 1615, parut une deuxième partie qui est en quelque sorte l'illustration, l'interprétation et la conclusion définitive de la première. Selon ce que Cervantès nous déclare lui-même dans le Prologue de la Ire partie, son but a été d'écrire un roman de chevalerie, capable de se détacher de tous les autres largement répandus à cette époque. « Le roman est issu, à l'origine, d'une inspiration polémique contre les livres de chevalerie dont il devait prendre tout simplement le contre-pied sous la forme d'une imitation ; mais il s'est transformé, petit à petit, en une représentation poétique et sincère d'un monde de plus en plus vaste et complexe, au sein duquel agit une force analogue à celle qui explique la vie individuelle et la vie universelle, l'histoire humaine et son devenir perpétuel. Pour Cervantès, cette force se manifeste essentiellement sous trois aspects, facettes d'un même prisme : d'un côté, la générosité et la grandeur morale de Don Quichotte ; de l'autre, le réalisme et l'égoïsme pratique de Sancho Pança ; mais ces deux modalités de l'action, apparemment inconciliables, profondément contradictoires, cèdent le pas devant le mystérieux attrait d'un idéal de beauté qui, s'il ne triomphe, du moins survit aux déceptions, donnant un constant démenti à l'affligeante réalité. Mais cet idéal, quel est-il ? La réponse ne peut être qu'obscure ; sinon que, profondément enraciné dans l'homme, le pouvoir lui a été donné de se dépasser; et plus particulièrement pour ce qui est de Cervantès, ce dépassement se réalise dans l'œuvre d'art où il trouve un champ d'action propre à l'exercice de son talent. En face de cet univers poétique que son imagination installe dans la réalité, Cervantès est amené à éprouver un sentiment de charité qui adhère, avec une indulgence bienveillante, à toutes les formes dans lesquelles l'amour se réalise : sorte d'inspiration d'un genre naturel qui entraîne l'ensemble des hommes dans son sillage. Et même au sein de sa hâte pleine d'angoisse, c'est vers une vie contemplative qu'il nous conduit. Ainsi grâce à ce sentiment de charité, tous entrent dans le sillage lumineux des aventures incroyables de Don Quichotte : l'œuvre entière est comme enveloppée d'un sourire immatériel et translucide, qui laisse percer secrètement une inépuisable richesse d’humanité et d’expériences réellement vécues. La magie de ce sourire, en conférant au récit un caractère inimitable, a assuré à Cervantès une renommée triomphale.» Précieux exemplaire revêtu de fraîches reliures en maroquin vert vers l’année 1775 aux armes de la princesse de Lamballe, l’une des provenances les plus rares et émouvantes de l’Ancien Régime. Ernest Quentin-Bauchart (Les Femmes bibliophiles de France – Paris 1886) ne cite que 6 ouvrages reliés aux armes de cette princesse et insiste sur leur très petit nombre et leur médiocre condition habituelle: « Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, naquit à Turin le 8 septembre 1749. Elle était la quatrième fille de Louis-Victor de Savoie-Carignan et de Christine- Henriette de Hesse-Rhinfelds-Rothembourg, sa femme, grand'tante du roi de Sardaigne. Bientôt l’amitié la plus tendre unit la reine à la princesse. Nous n’en voulons d’autre preuve que cette lettre touchante, écrite par Marie-Antoinette à la mort de la princesse de Carignan: « J'ai appris avec une bien vive douleur, ma chère Lamballe, la mort de votre bonne mère à qui vous gardiez si grande tendresse et respect, j'ai pleuré de votre lettre, je connoissois toutes les vertus de la princesse de Carignan, ma douleur s'en augmente, c'est un poids trop fort à supporter pour vous et pour ceux qui vous aime, mon amie il me tarde de vous voir et de meler mes larmes avec les votres, car il nia pas de consolation pour un parreil désespoir et je ne peu que pleurée avec vous et prier Dieu. Nous parlions tout à l'heure de vous le roy et moi et nous déplorions la triste destinée qui poursuit une ange telle que vous si bien faitte pour appeler le bonheur autour delle et si digne de le gouter, mais votre touchante résignation est au-dessus de vos maux et l'amitié du bon M. de penthiévre et la notre vous reste, nous voudrions que cela put adoucir un peu lamertume de vos chagrins. Adieu ma chère Lamballe, je vous embrasse du meilleur de mon cœur comme je vous aimerai toute ma vie. Marie-Antoinette le roy entre et veut vous ajoutter quelques mots.» Un mot, un seul, Madame et chère cousine, mais un mot du fond du cœur. Vous savez combien nous vous aimons, que Dieu soit avec vous. Louis. Madame de Lamballe était en Allemagne quand elle apprit l’arrestation de la famille royale à Varennes. N’écoutant que les inspirations de son cœur, elle rentra à Paris le 14 novembre 1791, malgré les instances de la reine, qui la suppliait d’attendre: « Non, je vous le repette, ma chère Lamballe, ne revenez pas en ce moment ; mon amitié pour vous est trop alarmée, les affaires ne paraissent pas prendre une meilleure tournure malgré l'acceptation de la Constitution sur laquelle je comptois. Restez auprès du bon Monsieur de Penthièvre qui a tant besoin de vos soins ; si ce n’étoit pour lui il me seroit impossible de faire un pareil sacrifice, car je sens chaque jour augmenter mon amitié pour vous avec mes malheurs ; Dieu veuille que le temps ramenne les esprits ; mais les méchants répandent tant de calomnies atroces, que je compte plus sur mon courage que sur les évènemens. Adieu donc, ma chère Lamballe, sachez bien que de près comme de loin, je vous aime et que je suis sure de votre amitié.» Marie-Antoinette. La princesse, après avoir partagé pendant quelques jours, la captivité de la reine au Temple, fut enlevée la nuit et transférée à la Force. C'était son arrêt de mort. «Les livres de Madame de Lamballe sont en très petit nombre et leur condition est médiocre.» (Ernest Quentin Bauchart. Les femmes bibliophiles de France). Exceptionnel exemplaire, de toute rareté, du Don Quichotte de Madame de Lamballe conservé dans ses reliures armoriées en éclatant maroquin vert de l’époque.