LA MALEDICTION OU LAFFAIRE DE LA LEPREUSELa Lépreuse, est à lorigine un drame symboliste, écrit par Henry Bataille, qui ne sera représenté quune seule fois, le 4 mai 1896. La pièce remporte cependant un vif succès. Séduit par lœuvre, Sylvio Lazzari en compose la musique. Après sêtre engagé dès 1901 à faire représenter louvrage à lOpéra-Comique dont il est le directeur, Albert Carré, gêné par la crudité du sujet, se rétracte. Lœuvre connait alors de nombreuses tribulations. Déterminés à la faire jouer, Bataille et Lazzari iront jusquà porter laffaire devant la Chambre des Députés en 1909 où ils seront déboutés. Mais en 1912, Albert Carré, se ravisant, décide de monter lœuvre à lOpéra-Comique. La première a lieu le 7 février 1912 et La Lépreuse recevra un accueil très chaleureux.Henry Bataille - L.A.S. « Mon cher ami » [S. Lazzari]. Epinay Forges-les-Eaux, s.d. 8 pp. in-12 :…Carré est venu dimanche à Forges-les Eaux (…) où je suis jusquà la fin du mois pour mannoncer quil jouerait La Lépreuse à la demande de Briand et quil la jouerait en Décembre si cétait possible, cest-à-dire sil avait les parties gravées à temps (…) mais il y a un mais important cest le rôle dAliette (…) il propose Melle Lamare 1er prix du Conservatoire de cette année tout à fait insignifiante et avec laquelle vous irez à un four certain ce que désire malgré tout Carré… Mais la cantatrice écossaise Mary Garden souhaite vivement jouer La Lépreuse or …le Cahier de la Société des Auteurs nous donne le droit de choisir linterprète du théâtre que nous voulons. Lessentiel est donc que Garden soit consentante…Sylvio Lazzari - L.A.S « Mon cher ami » [Jules Herman]. Ballaigues, (Suisse). 4 novembre 1906. 1 page 1/2 in 12. Mention « Confidentielle » : S. Lazzari précise …Monsieur Carré ne peut reculer la Première au delà de décembre et les études devront se faire sur copie (…) Je compte donc sur votre obligeance pour vous mettre de suite en rapport avec M Carré…Henry Bataille - L.A.S. à « Cher ami » [S. Lazzari]. Epinay Forges-les-Eaux. 24 novembre 1906. 3 pp. in-12, enveloppe :Il est …fatigué par la lettre que je viens décrire à Carré. Garden est engagée jusquau 1er Janvier pour jouer 10 fois par mois son repertoire (…) Donc comme elle accepte de jouer Lepreuse, aucun obstacle de son côté. Mais Carré veut lécroulement de la Lepreuse… Elle ira donc chez Carré …comme interprète désignée par les auteurs. Elle est décidée à être énergique. Donc soyez chez Carré sans faute vous aussi, et le verbe haut…Henry Bataille - L.A.S. à Albert Carré. S.l.n.d. 9 pages in-12. Brouillon : Bataille reproche vertement à Carré davoir annoncé dans la presse que Circé serait jouée avant la Lépreuse. Il y voit la preuve de son peu de désir de monter cette œuvre et den assurer le succès …Pendant un an vous lavez traînée dans la boue qui nest pas retombée sur moi, mon devoir est de la défendre… Quant au choix de Melle Lamare, il le récuse : …depuis les pauvres débuts de toute médiocrité de Melle Lamare, notre résolution était prise (…) Actrice de troisième plan, quelques qualités dintimité inutilisables dans le rôle tragique dAliette, inexpérience, débutante (…). La Lepreuse est un rôle tragique, dramatique et de composition qui exige non seulement une artiste mais une actrice ayant lhabitude de la scène (…). En conséquence (…) bien que vous ayez déconseillé Melle Garden comme trop exotique nous la réclamons pour interpréter notre œuvre. (…) Inutile de dire que je parle au nom de Lazzari comme au mien.Henry Bataille L.A.S. à « Mon cher ami » [S. Lazzari]. S.l., 6 novembre 1908. 7 pp. in-12, enveloppe : il récuse le ton peu amène de la lettre de son correspondant et précise quelques points sur le procès qui les oppose à Albert Carré …Il ne sagit pas (…) de me forcer la main. Je dois agir selon ma conscience et selon les réflexions de ceux qui ont mission de veiller sur mes intérêts.(…) Je ne veux pas, je ne peux pas à lheure actuelle confier mes intérêts à un autre que Chenu. Sil avait jugé possible de plaider… (…). Rien dans mon amitié passée, rien dans ma position présente ne vous autorise à me parler dans les termes où vous me parlez. Ma vive sollicitude et mon attachement si sincère nont que des limites de toute raison…Henry Bataille Lettre Signée « Henry Bataille » en tête à « Mon cher Lazzari » mais écrite dune autre main. S.l.n.d. [lundi 16 mai]. 4 pages in-8 : il regrette vivement lintervention « intempestive » de Jules Herman, beau-frère de Sylvio Lazzari, intervention dont la presse, sous la plume de Willy sest fait lécho. Le dramaturge réprouve absolument lusage de lettres anonymes. …Des procédés de ce genre vont vous attirer et lantipathie et lironie de la galerie… et recommande …La loyauté et la franchise avant tout !... En outre, il craint que …vu cette fâcheuse et étrange publicité, Ginisty [Paul Ginisty, 1855-1932, écrivain et journaliste, il dirige le théâtre de lOdéon de 1896 à 1906.] va suivre le chemin de son ami Carré et refuser « La Lepreuse ». Ce sera ce qui pourra vous arriver de plus fâcheux…Albert Carré Lettre Autographe à « Mon cher monsieur Bataille ». S.l.n.d. 5 pp. in-12 : …il ne serait possible de songer à Melle Garden pour le rôle dAliette que si nous pouvions commencer dès à présent les études de La Lépreuse… Or, le retard des copistes et lexpiration du contrat de la cantatrice qui lempêcherait dassurer plus que quelques représentations rendent ce choix impossible. …Jestime quil est temps, pour ma dignité et pour la vôtre den finir. Jai fait avec la meilleure foi du monde (…) tout ce qui était en mon pouvoir pour vous donner satisfaction. Les maquettes du décor, les costumes qui vous ont été soumis auraient dû vous démontrer que je navais pas pour but de monter votre pièce dans lintention de la faire « crouler ». Je ne me connais pas une âme aussi noire… Pour en finir, il est prêt à verser un dédit de 6000 frcs. Il ajoute que Mr Lazzari …pourra aller toucher dès demain lindemnité à laquelle vous donne droit tous deux la réception de votre pièce…Henry Bataille - L.A.S. à « Mon cher ami » [S. Lazzari]. S.l.n.d. 4 pp. in-12 : …voici la lettre de Carré et ci-joint ce que je lui ai répondu… annonce Bataille. Il enjoint Lazzari décrire à Carré quil sera à Paris tel jour pour écouter les deux interprètes proposés. De son côté, Bataille a assuré Carré quil ne pouvait signer le bulletin ainsi quil avait été rédigé, sans avoir consulté préalablement Lazzari.Henry Bataille - L.A.S. à « Mon cher Lazzari ». S.l., 21 septembre 1906. 8 pp. in-12 : Il conseille amicalement à Lazzari de ne pas mêler les journaux à leur affaire. Par ailleurs, deux membres de la commission des auteurs interrogés là-dessus …ont paru dune indifférence totale à notre égard et pleins de sympathie pour Carré, prétendant que Carré avait presque tous les droits pour lui. Cest charmant… Cest pourquoi il lui suggère …dabandonner Henry Bataille momentanément et chercher un terrain dentente avec Carré quil vous proposait dailleurs lui-même et signer pour un opéra prochain avec un tour certain. Le Carillonneur me paraît une excellente idée… vous vous entendriez avec Carré pour un librettiste qui lui ferait plaisir et vous pourriez avoir terminé votre œuvre en un an. (…) Soyez sûr que si jentrevoyais une possibilité, une seule dobtenir des lois et des hommes autre chose quune vague indemnité (…) je nhésiterais pas à parler autrement mais je crois être dans la vérité amicale (…) Que si malgré cet avis vous persistez dans la lutte et faites appel aux journaux, je vous prie seulement dans lintérêt dune représentation de la Lépreuse, dune musique de scène si cela vous va, de ne point mêler La Lépreuse à lEnsorcelée… Et il souhaite ardemment …de vous voir sortir victorieux pour vous et votre belle œuvre de la situation créée par cet ignoble individu…JOINT : Programme de La Lépreuse représentée le 8 mars 1913 au Théâtre National de lOpéra-Comique. Format in-4. Livret intitulé « Opinions de la presse sur La Lépreuse », regroupant les critiques et commentaires parus tant dans les journaux français quétrangers à loccasion de la création de lœuvre le 7 février 1912. Format in-4
In-12 (186 × 118 mm) de 284-[4] pp. ; broché, couverture imprimée.
Édition originale. Exemplaire du service de presse sur papier d’édition. Précieux volume offert par l’auteur à Sylvia Bataille et à Jacques Lacan. Il porte cet envoi de Georges Bataille à l’encre bleue sur le faux-titre : à Sylvia et à Jacques affectueusement Georges Après avoir épousé l’auteur d’Histoire de l’œil en 1928, Sylvia Bataille partagea la vie de Jacques Lacan de 1938 jusqu’à la mort de ce dernier en 1981. Bataille gardera de bonnes relations avec son ex-épouse, et fut très proche de Lacan dans les années 1940. Sur le cercle intellectuel de Georges Bataille à cette époque, fréquenté entre autres par Jacques Lacan, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, voir Élisabeth Roudinesco. Sur Nietzsche est un des livres fondamentaux de Bataille, peut-être même la clef de tous les autres. «Si toute la pensée athéologique repose en effet tout entière sur la notion de système, elle en est en même temps l’excès. Des textes comme Madame Edwarda, Le Mort, Le Petit représentent sans conteste cet excès. Le Coupable, L’Expérience intérieure, d’une certaine façon aussi. Bataille ne les a-t-il pas sciemment expurgés de ce qui justifiait cet excès à en ruiner le système ? Mais le système existe, et Sur Nietzsche, le dernier des grands livres de cette somme, le met à nu... » (Michel Surya) «À peu d’exceptions près, ma compagnie sur terre est celle de Nietzsche...», a écrit Bataille, et aussi : « Je suis le seul à me donner, non comme un glossateur de Nietzsche, mais comme étant le même que lui.» Benoît Goetz s’est interrogé sur cette «mêmeté» de Nietzsche et de Bataille, «qui n’est pas identité, dont l’origine n’est pas d’ordre mimétique... Ou si identité il y a, elle est peut-être du même ordre que celle dont parlait Deleuze : “la grande identité” de Spinoza et de Nietzsche ». Cette « mêmeté », poursuit-il, « n’est pas sans rapport avec ce que Nietzsche a nommé “éternel retour du même”, et qui n’a rien à voir, comme Deleuze l’a bien souligné, avec la très vieille hypothèse de cycles cosmiques répétitifs. À travers la répétition tout change et varie. Bataille n’est donc pas un clone de Nietzsche, qui ne réclamait ni disciples ni épigones, mais un écho. Bataille fait écho à Nietzsche. On peut nommer ce phénomène “parodie”, même si le mot n’est plus à la mode. Cela signifie qu’une pensée et une écriture, un mode de vie, un ethos glissent le long d’autres textes et d’autres pensées, au point de les épouser, comme un anneau un autre anneau, mais sans confusion aucune. Noces contre nature, celles de la guêpe et de l’orchidée. Mélodie éternelle qui se chante elle-même.» Le saut nietzschéen dont il faut faire l’expérience, consisterait, pour Bataille, «à mordre la tête du serpent de l’esprit de vengeance (pour reprendre l’image du Zarathoustra), et à se débarrasser du ressentiment contre le temps et le “il était”. C’est le fond sans fond de la pensée du retour. [...] Comme Nietzsche, Bataille est un penseur du plus grand sérieux qui se renverse en jeu et en danse. » La pensée de Nietzsche, saisie à travers le prisme de l’œuvre de Bataille, « est por- teuse d’une affirmation qui n’est affirmation que de l’affirmation, et non d’une doctrine particulière. La “doctrine” de l’éternel retour est sans contenu, à la différence, sans doute, de la doctrine de la volonté de puissance. Pour parler comme Heidegger, cette dernière énonce quelque chose concernant l’être de l’étant. La “doctrine” de l’éternel retour, la “grande pensée” n’énonce rien de tel. Elle est l’affirmation d’une manière d’être, d’une manière de l’être lui-même, qui ne comporte rien de fixe, donc rien d’étant et qui par conséquent nous emporte nous-même...» Comme l’écrit Nietzsche dans Le Gai savoir, « L’impérieux jeu du monde / mêle l’être et l’apparence / L’éternelle extravagance / Nous y mêle pêle-mêle. » (trad. de Pierre Klossowski). Marges un peu jaunies, infimes traces d’usure à la couverture. Provenance : Sylvia Maklès (1908-1993) et Jacques Lacan (1901-1981), puis par descendance. – Sotheby’s, cat. Livres et manuscrits, 15 décembre 2020, lot 86. Références : Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan, Paris, Fayard,1993, pp.172-229, passim.– Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012), p. 390, passim. – Benoît Goetz, « Éternel retour de Nietzsche », in Le Portique, revue de philosophie et de sciences humaines, no 29, 2012 (en ligne).
Doctrines, archéologie, beaux-arts, ethnographie. Magazine illustré paraissant dix fois par an. Secrétaire général: Georges Bataille. Paris, 1929-1930. In 8 gr., 2 voll., mz. pergamena con ang., fregi e titolo oro su tassello al dorso, pp. 391,(9) + 7 Supplementi in lingua inglese; pp. 440,(8),55,(9); riccamente illustrati in bianco e nero nel testo (foto e riproduzioni). Offriamo tutto il pubblicato in 15 fascicoli, dal n. 1 al n. 7 dellAnno I (aprile-dicembre 1929) e dal n. 1 al n. 8 dellAnno II (gennaio-ottobre 1930), della leggendaria rivista lanciata da Georges Bataille. Testi di: Babelon, Baron, Bataille, Carpentier, Dandieu, Desnos, Carl Einstein, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Zdenko Reich, Paul Rivet, Georges Ribemont-Dssaisignes, Georges-Henri Rivière, André Schaeffner, Roger Vitrac, e numerosi altri. Contributi grafici di: Hans Arp, Constantin Brancusi, Giorgio de Chirico, Alberto Giacometti, Juan Gris, Henri Laurens, Fernand Léger, André Masson, Joan Miró, Pablo Picasso, Joseph Sima, ecc. Numerosissime le fotografie etnografiche (maschere, pietre, esseri umani, ecc.), nonché foto di Jacques-André Boiffard (le più famose, in particolare la serie degli alluci) e di Éli Lotar (i due fotografi ufficiali della rivista), ma anche Karl Blossfeldt , etc., etc. Un numero speciale Omaggio a Picasso (n. 3 del 1930). Georges Bataille, scrittore e filosofo francese (Billom, Puy-de-Dôme, 1897 - Parigi 1962). Intellettuale di vasti interessi, attratto dal cattolicesimo per un breve periodo, collaborò alla rivista La critique sociale (1931-34) e animò con A. Breton il gruppo antifascista Contre-Attaque (1935-36). Fu tra i fondatori del Collège de sociologie (1937-39); diresse le riviste Documents (1929-30), Acéphale (1936-37) e Critique, da lui creata (1946-62); scrisse saggi, poesie e romanzi erotici.Documents era una rivista d'arte surrealista diretta da Georges Bataille. Pubblicata a Parigi tra l'aprile 1929 e il gennaio 1931, uscì per 15 numeri, ognuno dei quali conteneva un'ampia gamma di scritti originali e fotografie. Fu fondata dal filosofo francese Georges Bataille (segretario generale) assieme a Carl Einstein (direttore) e Georges Henri Rivière (fondatore del Musée national des arts et traditions populaires, da lui diretto dal 1937 al 1967). Il titolo della rivista fu proposto da Bataille: Pierre d'Espezel gli scrisse: "Il titolo scelto è giustificato quasi solo dal fatto che fornisce documenti sul vostro stato d'animo; che è molto, ma non è abbastanza". Comunque non fu cambiato. Bataille la considerava una "macchina da guerra contro le idee già pronte".Bataille, che era stato alla École des chartes, diede alla raccolta del materiale una direzione nuova: tutti gli elementi contribuiscono a connessioni di pensiero inaspettate: fotografie a volte sorprendenti, taccuini e pagine sparse (di Ingres, Delacroix, Seurat), riproduzioni (di Picasso, Matisse, Gaston-Louis Roux, ecc.) e molte storie e fotografie etnografiche, ma anche scritti di jazz, numismatica, archeologia ecc.Vi si trovano opere di Michel Leiris (da un certo punto segretario di redazione), André Masson, Joan Miró, Duke Ellington, Robert Desnos, Henri-Charles Puech, Eli Lotar, Fernand Léger, Juan Gris, Jacques-André Boiffard, Simon Arbellot, André Schaeffner, Marcel Griaule, Georges Monnet e altri.Nonostante il lancio promettesse di offrire al lettore un'antologia di documenti tra i "più caratteristici e sinceri sulla vita umana" e di fornire un'analisi dei "fatti più inquietanti", indagati con "metodi talvolta assurdi" per ottenere risultati imprevedibili e giammai conformi alle piatte "regole della bienséance", il sommario dei contenuti dei primi tre numeri di Documents il cui sottotitolo fino al quarto numero era composto dalle voci doctrines, archéologie, beaux-arts, ethnographie non presentava, apparentemente, particolari sorprese. Per cogliere il carattere violentemente polemico e intrinsecamente interdisciplinare di Documents, secondo cui i diversi contributi avrebbero dovuto eccedere sin dal principio il ristretto ambito della rivista d'arte, occorre attendere il quarto numero apparso nel settembre del 1929 e segnato dalla sostituzione della voce doctrines con quella di variétés , a partire dal quale sarà sempre più evidente la pratica del montaggio conflittuale adottata da Bataille per l'intera struttura della rivista.La rivista si concentrava su una serie di tradizioni culturali, che abbracciavano le discipline della poesia, della sociologia, della fotografia, della scultura, della musica, dell'archeologia e della pittura. Era supervisionata dallo scrittore-filosofo Georges Bataille, che divenne sempre più la sua unica figura guida man mano che i numeri progredivano. Principalmente attraverso le pagine di questa rivista, Bataille sfidava con forza i principi del Surrealismo sposati da André Breton a favore di un modello alternativo, in cui l'umanità poteva abbracciare l'informe, il sordido, lo scartato e il trascurato. A tal fine, presentava articoli e immagini i cui soggetti spaziavano dai mattatoi alle arti tribali non occidentali. Ogni numero includeva anche una serie di voci di "dizionario" che trattavano oggetti e concetti disparati e spesso banali con precisione scientifica.Mancano le copertine di tutti i numeri. Collezione molto ben conservata..
s. l. s. d. [1943] | 13.50 x 20.80 cm | 2 pages sur un feuillet
Lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 46 lignes à l'encre noire sur un feuillet, mouillure en haut à droite sans atteinte au texte. La recherche d'une maison à Vézelay est l'objet de la majeure partie de cette lettre : « J'ai déjà vu une maison et un appartement. » En 1943, Georges Bataille a le projet de louer à Vézelay une maison où le couple va s'installer avec Laurence, la fille de Georges et Sylvia, et Jean (alias Bepsy), le fils de Denise Rollin. Les amants viennent de se séparer : « Cela me déchire toujours de me séparer de vous. Hier je sentais un terrible malaise. Je n'en suis guère sorti qu'en me rendant compte que, sans doute, je ne serai pas venu pour rien et que nous devrions pouvoir nous installer ici. » Pour l'aider à faire son choix, il décrit à Denise les différents avantages et inconvénients des deux habitations : « La maison est vraiment bien avec malheureusement un inconvénient sérieux : le jardin se termine par un mur bas sur lequel Jean pourrait grimper et il pourrait tomber de l'autre côté qui est plus bas. On domine la campagne de très haut et de très loin. Le jardin est joli, l'intérieur un peu triste, un peu délabré. L'appartement n'est pas mal mais sans jardin et sans aucune vue sur la campagne. » Le couple met un grand soin à choisir l'endroit idéal pour accueillir leur famille recomposée. Il est même question de faire venir Sylvia Bataille et Jacques Lacan à Vézelay pour les y installer. L'appartement avec lequel hésite Bataille : « il n'y a rien d'autre à louer que ce que j'ai vu » est peut-être celui qu'il réserve pour Jacques Lacan et Sylvia Bataille. Bataille et son ex-épouse Sylvia s'étaient séparés en 1934 et cette dernière avait retrouvé l'amour avec le psychanalyste Jacques Lacan qu'elle épousera en 1953. Après ces considérations immobilières, Bataille s'inquiète d'un autre problème, la nourriture : « Pour le ravitaillement, c'est certainement dur mais, à tout prendre, on devrait se sortir d'affaires de façon ou d'autre. » En effet, la Seconde guerre mondiale en est à son tournant, les nazis sentant leur emprise menacée redoublent de fermeté. Couplé à une augmentation des prélèvements agricoles, il en résulte une raréfaction de la nourriture : « Je dis qu'on se tirerait sûrement d'affaire pour le ravitaillement en ce sens qu'on a de la viande à volonté. Les légumes sont difficiles à trouver. On peut peut-être avoir du lait, pas de beurre. Selon les gens, ici, si les Zervos le veulent, ils pourraient très bien nous débrouiller. » Christian et Yvonne Zervos furent des figures importantes dans la ville de Vézelay où ils achetèrent une maison de campagne en 1937. Il était l'éditeur des Cahiers d'art dans lesquels Bataille a publié et elle fut la directrice de la galerie du même nom. Au début de la guerre, ils décidèrent de s'y installer de façon permanente et profitèrent de l'isolement de la propriété pour cacher leurs amis Paul Éluard et Nusch. Le couple Zervos est donc bien installé à l'époque de cette lettre et Bataille en a été prévenu par les gens de la région : « Ils pensent que connaître les Zervos serait un grand avantage sur des gens qui viennent s'installer ici sans connaître personne. » Mais il ne semble pas avoir mis ce conseil à profit, sans doute absorbé par ses sentiments et par la rédaction de son ouvrage Le Coupable. L'installation de Diane Kotchoubey, future amante de Bataille, à Vézelay quelques temps après cette missive scellera le destin du couple Bataille-Rollin. Avant la fin de l'année 1943, Bataille quittera Denise Rollin pour sa nouvelle passion. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
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Paris s. d. [3 ou 4 juin 1940] | 20.90 x 26.90 cm | 2 pages sur un feuillet
Touchante lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 37 lignes à la mine de plomb, petite mouillure en haut à droite, sans atteinte au texte. Georges Bataille tente de rassurer sa compagne Denise Rollin?: «?Je t'en supplie. Il ne faut pas t'inquiéter, mais pas du tout.?» Elle est partie s'installer à Vézelay où Bataille la rejoindra bientôt. Il est resté à Paris où les bombardements ne perturbent en rien la vie des parisiens?: «?Tu n'imagines point à quel point les petits dégâts qu'on voit paraissent insignifiants à côté de la place intacte qu'il y a de tous les côtés. Pendant toute l'alerte, j'ai déjeuné bien tranquille avec mon chef de service de passage à Paris (il vit au front)?» Bataille n'a pas renoncé à son emploi de bibliothécaire à la Bibliothèque nationale. Tuberculeux, il n'est pas envoyé au front et il en profitera pour rédiger plusieurs textes à cette époque tels que Madame Edwarda ou Le Coupable. Plus loin, il évoque une visite?: «?Un peu après, Henri Michaux est venu me voir?» Les deux hommes avaient participé à la revue Mesures et avaient en commun d'être à part de la nébuleuse surréaliste. Il se retrouve dans leurs uvres respectives une violente indépendance et la même tension vers la spiritualité, une forme de mysticisme. Bataille avait fréquenté le séminaire dans sa jeunesse et Michaux a plaisamment dit de lui?: «?Il donne l'impression d'un séminariste sortant furtivement d'une pissotière.?» Après ces nouvelles presque triviales, Bataille se lance dans une analyse de ses sentiments?: «?Ce que tu me dis dans ta lettre, c'est pour moi ce qui délivre, c'est comme la nudité, tout ce qui se déchire entre toi et moi. Mais, encore une fois, je ne me suis jamais senti aussi près de toi.?» Il demande à sa correspondante?: «?il faut me dire tout. C'est très doux que j'aie vu où tu es, que je connaisse les chemins que tu prendras, les ponts par où tu passeras.?» La sensualité n'est jamais loin du sentiment pour l'auteur?: «?Dis-moi aussi quelle chambre tu as?: pour que je songe à toi dans cette chambre et à tout ce qui arrivera là quand nous serons de nouveau ensemble.?» De cette sensualité, et des sensualités passées, il reste les fruits que sont les enfants. Denise Rollin est partie à Vézelay en compagnie de son fils Jean, surnommé Bepsy?: «?Tu ne me dis rien de ta vie avec Bepsy [...] Bepsy est-il plus calme?: moi aussi je l'ai entendu crier dans tes bras.?» Bataille remercie Rollin?: «?Pour Sylvia je t'ai une immense reconnaissance de m'avoir aidé à changer.?» Sylvia Bataille fut la première épouse de Georges Bataille. Ils s'étaient séparés en 1934 mais ne divorceront qu'en 1946. De cette relation, pour l'auteur?: «?Il ne reste que Laurence et la nécessité d'envisager les choses sans heurt?» Laurence était la fille née de ce mariage en 1930. Elle rejoindra Bataille, Rollin et Bepsy en 1943 lorsque son père ira s'installer à Vézelay. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
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In-8 de [4]-205-[5] pp. ; maroquin noir, dos à nerfs orné de fers dorés dans l’esprit Belle Époque et en accord avec le cadre temporel du récit : des cercles évidés flanqués de palmettes évoquant un œil (ou orifice), doublure de maroquin rouge, gardes de suédine noire, plat supérieur de la couverture illustrée conservé, non rogné, tête dorée (Régine Deforges).
Édition originale. Le premier et le plus important des écrits posthumes de Bataille, Ma mère, est aussi son dernier roman, demeuré inachevé : un long ressassement érotique et incestueux, à la fois anachronique, répétitif, troublant, élusif, impossible – et surtout magnifiquement écrit. Un des 50 exemplaires sur vélin blanc de Lana (no 46), seul grand papier. C’est l’exemplaire personnel de Régine Deforges (1935-2014), «papesse» de l’édition érotique française, revêtu par elle d’une voluptueuse reliure en maroquin noir doublée de maroquin rouge. « Écrit en 1954 et 1955, Ma mère est le dernier roman de Georges Bataille ; publié pour la première fois en 1966, il est aussi la plus importante de ses œuvres posthumes. On lui attribue, à ce titre, une sorte de valeur testamentaire qu’il assume de fait pleinement, puisqu’il brasse la totalité des grands thèmes batailliens, dramatise nombre des réflexions théoriques de l’auteur et, par-dessus tout, explore son matériel fantasmatique le plus intime, depuis le roman familial le plus lointain jusqu’au rapport le plus immédiat à l’érotisme et à la passion amoureuse. [...] Il constitue le deuxième, et – par sa longueur – le plus important volet de cette autobiographie de Pierre Angélique qu’inaugurait, en 1941, un récit bien plus bref, Madame Edwarda. » Roman de la répétition érotique, et en cela d’une obédience toute sadienne, «Ma mère est aussi paradoxalement un romand’éducation (ou plutôt le roman d’une déséducation, si l’on se réfère à la célèbre lecture qu’en avança Mishima), et donc le récit d’une métamorphose. C’est bien sûr celle que Bataille lui-même a connue lorsque de jeune homme pieux il est devenu explorateur de la volupté souveraine, et le récit transpose nombre de traits autobiographiques : Bataille s’est longtemps senti coupable de la déchéance d’un père incompris, mort dans une ville lointaine (l’auteur avait alors l’âge de Pierre); il a nourri pour sa mère les fantasmes les plus crus, et pour Colette Peignot une passion à la fois pure et voluptueuse, comme celle qui lie Pierre à Hansi. » Cf. Gilles Philippe, op. cit. Provenance : Régine Deforges, 1935-2014 (reliure). Références : Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, notice de Gilles Philippe, pp. 1295-1311. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012). Un des 50 exemplaires sur vélin blanc de Lana (no 46), seul grand papier. C’est l’exemplaire personnel de Régine Deforges (1935-2014), «papesse» de l’édition érotique française, revêtu par elle d’une voluptueuse reliure en maroquin noir doublée de maroquin rouge. «Écrit en 1954 et 1955, Ma mère est le dernier roman de Georges Bataille ; publié pour la première fois en 1966, il est aussi la plus importante de ses œuvres posthumes. On lui attribue, à ce titre, une sorte de valeur testamentaire qu’il assume de fait pleinement, puisqu’il brasse la totalité des grands thèmes batailliens, dramatise nombre des réflexions théoriques de l’auteur et, par-dessus tout, explore son matériel fantasmatique le plus intime, depuis le roman familial le plus lointain jusqu’au rapport le plus immédiat à l’érotisme et à la passion amoureuse. [...] Il constitue le deuxième, et – par sa longueur – le plus important volet de cette autobiographie de PierreAngélique qu’inaugurait, en 1941, un récit bien plus bref, Madame Edwarda. » Roman de la répétition érotique, et en cela d’une obédience toute sadienne, «Ma mère est aussi paradoxalement un roman d’éducation (ou plutôt le roman d’une déséducation, si l’on se réfère à la célèbre lecture qu’en avança Mishima), et donc le récit d’une métamorphose. C’est bien sûr celle que Bataille lui-même a connue lorsque de jeune homme pieux il est devenu explorateur de la volupté souveraine, et le récit transpose nombre de traits autobiographiques : Bataille s’est longtemps senti coupable de la déchéance d’un père incompris, mort dans une ville lointaine (l’auteur avait alors l’âge de Pierre); il a nourri pour sa mère les fantasmes les plus crus, et pour Colette Peignot une passion à la fois pure et voluptueuse, comme celle qui lie Pierre à Hansi. » Cf. Gilles Philippe, op. cit. Provenance : Régine Deforges, 1935-2014 (reliure). Références : Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, notice de Gilles Philippe, pp. 1295-1311. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012).
In-8 (212 × 140 mm) de 1 f. blanc, 86-[1] pp. et 3 ff. blancs ; broché, couverture rempliée imprimée en rouge et noir.
Édition originale. L’achevé d’imprimer est du 15 décembre 1945 ; le copyright porte la date de 1946. Tirage limité à 260 exemplaires sur papier nacré teinté, dont 175 mis dans le commerce, 25 hors commerce et 60 réservés aux souscripteurs : celui-ci, un des 175, porte le no 114. On joint : Fragment du manuscrit autographe. D’un format à peine inférieur à celui du livre, ces 9 feuillets in-8 contiennent autant de poèmes de L’Orestie, dont trois non retenus dans le recueil et un avec variantes ; encre noire ou bleue sur papier crème (6), ligné en rouge (2) ou ligné en gris (1). La poésie au risque de la folie : le célèbre recueil « antipoétique » de Bataille. Les textes qui le composent furent rédigés vers 1942. Quatre poèmes, regroupés sous le titre de «La discorde», furent publiés dans la revue Les Quatre vents, dirigée par Henri Parisot (achevé d’imprimer du 25 septembre 1945), soit moins de trois mois avant la publication de L’Orestie sous forme de livre. En 1947, l’ouvrage formera, avec les récits en prose Histoire de rats et Dianus, un triptyque publié par les Éditions de Minuit sous le titre La Haine de la poésie (la première section du volume porte d’ailleurs ce titre, deuxautres sections étant intitulées, respectivement, «Être Oreste» et «Appendice. Poèmes disparates »). La Haine de la poésie sera réédité par les Éditions de Minuit en 1962 avec un nouveau titre, L’Impossible, et une préface spécialement composée par Georges Bataille pour cette édition définitive, ordonnée différemment. Reprenant à son compte la figure tragique d’Oreste – un Oreste passé de la création poétique à la critique de la poésie, et un Oreste qui aurait perdu l’esprit –, Bataille en fait « le porte-parole (le prête-nom) pour une entreprise vraiment “post-hégélienne” où s’instaure, au-delà de la négation du “donné naturel” (opération hégélienne), la rupture qu’opère la “poésie” – comprenons : la littérature arrivée dans le domaine effroyable qui est le sien », celui de l’im-possible. À la première section, dans laquelle s’exprime «l’impossibilité où est l’écrivain d’accéder au cœur de la poésie et la nécessité qu’il sent de reformuler cette impossibilité », succède Être Oreste, au sujet duquel Gilles Ernst, que nous venons de citer, écrit : « Il faut pourtant vivre. Et assumer la folie puisqu’on ne revient pas intact de la première expérience de la poésie. Être Oreste où la “parole en vers” s’est définitivement tue, et qui est imprimé en italique pour signaler le passage au grand trouble, décrit cette seconde expérience, affreuse parce que absolument sans échappée possible. » Exemplaire de Jacques Lacan, accompagné d’une partie du manuscrit : 9 feuillets autographes contenant des poèmes du « cycle » d’Oreste. Écrits entre la fin de l’année 1942 et le début de 1943, ces poèmes manuscrits, destinés à L’Orestie de 1945, furent donc donnés par l’auteur à son ami Jacques Lacan. À cette époque, Lacan était proche de Georges Bataille, qui était toujours le mari de sa compagne Sylvia. (Georges et Sylvia Bataille, séparés depuis 1934, divorcèrent en 1946 et Sylvia n’épousa Lacan que sept ans plus tard.) Au début de l’année 1943, quand les rafles nazies s’intensifièrent, Bataille proposa même à Lacan et à Sylvia, d’origine juive, de les héberger à Vézelay, mais cette offre ne se concrétisa pas. Le cercle intellectuel de Georges Bataille, fréquenté entre autres par Jacques Lacan, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre ou Simone de Beauvoir, a été longuement évoqué par Élisabeth Roudinesco, op. cit. Dans la préface insérée en 1961 dans la réédition de L’Impossible, Bataille déclarait : « Je ne suis pas de ceux qui voient dans l’oubli des interdits sexuels une issue. Je pense même que la possibilité humaine dépend de ces interdits : cette possibilité, nous ne pouvons l’imaginer sans ces interdits. [...] Je ne crois d’ailleurs pas que ce livre pourrait jouer dans le sens d’une liberté sexuelle invivable. Au contraire : ce que la folie sexuelle a d’irrespirable en ressort ». Propos que Michel Surya, le biographe de Bataille, commente ainsi: «Peut-on imaginer que sur ce point Georges Bataille et Jacques Lacan étaient profondément d’accord ? Il n’est pas invraisemblable que ç’ait été entre eux un sujet de conversation capital. Il ne faut pas oublier en effet qu’ils se voyaient régulièrement, entre autres à Guitrancourt, chez Jacques Lacan. » Lire la suite de la description sur le site de la Librairie Métamorphoses : https://librairiemetamorphoses.com/boutique/manuscrits-et-autographes/nom/lorestie/
In-12 (183 × 117 mm) de 225-[5] pp. ; demi-basane noire, dos à faux-nerfs avec titre à l’œser rouge, plats de papier rose foncé, gardes et contregardes du même papier, couverture conservée, le dos n’a pas été préservé (reliure de l’époque).
Édition originale. Exemplaire sur papier d’édition. Envoi de l’auteur à l’encre noire sur le faux-titre : à Sylvia si affectueusement Georges C’est l’exemplaire de Sylvia Bataille, dont l’auteur avait divorcé en 1946 alors qu’elle partageait la vie de Jacques Lacan depuis 1938 (elle n’épousera ce dernier qu’en juillet 1953). Ce roman « athéologique » – il met en scène Robert C., un prêtre déchiré entre mysticisme et débauche, son frère jumeau libertin, Charles C., et une héroïne sadienne, Éponine – est traversé, comme tous les récits de Bataille, de références auto- biographiques. Surtout, L’Abbé C. subit la double influence de Sade et de Laure/Colette Peignot : de Sade, dont il se sépare sur le fondement moral du désir, Bataille cherchant plutôt «à penser une communauté qui fonderait la sexualité»; de Laure, qui avait reproché à Bataille: «Et tu prétends te réclamer de Sade ! Cela ne me mènera jamais à sentir la sacristie, les histoires de famille et le ménage. Tu te réclames en effet des curés catholiques. Au lieu d’un libertinage qui pourrait être une sorte de mouvement puissant et heureux même sans le crime tu veux qu’il y ait un fond amer entre nous. Tu me représentes une apparence de gosse qui sort du confessionnal et va y retourner. – Une apparence de prêtre à cochonneries. » Bataille, souligne Jean-François Louette, « écrit L’Abbé C. dans le souvenir de ces phrases de Laure, ou comme un dialogue avec celle que voici : “Il est temps d’affirmer que la religion du crime nous empoisonne tout autant que celle de la vertu”. Il décide d’assumer la figure que Laure aussi bien que les surréalistes lui prêtent, afin de montrer le sens qu’il lui donne; et la gémellité de Robert et Charles forme le moyen d’exprimer cette dualité interne, celle du prêtre et du libertin ». Autres influences détectées : celle du roman noir, notamment La Confession du pêcheur justifié de James Hogg, que Dominique Aury venait de traduire – un livre envoûtant explorant les thèmes du double et de la gémellité –, ainsi que celle, toujours présente chez Bataille, des romans de Dostoïevski. Enfin, le même Jean-François Louette évoque la figure antagoniste (« la concurrence », écrit-il) de Jean Genet, le seul écrivain, à l’époque, capable de conjuguer en un même récit les thèmes abordés par Bataille dans L’Abbé C. : le sexe, le crime, la guerre, la tra- hison. «C’est sûrement de Genet que Bataille est en 1950 le plus proche». L’auteur de Madame Edwarda n’écrivait-il pas en 1949, dans un compte rendu de la pièce Haute surveillance, ces mots qui résonnent haut et fort chez tout lecteur de Jean Genet : « Il n’est pas de morale possible à vouloir ignorer les vertus du mal » ? Marges un peu jaunies, la couverture est très légèrement tachée. Sobre et séduisante reliure de l’époque conjuguant le rouge du sang et le noir de la soutane. Provenance : Sylvia Maklès (1908-1993) et Jacques Lacan (1901-1981), puis par descen- dance. – Sotheby’s, cat. Livres et manuscrits, 15 décembre 2020, lot 86. Références : Jean-François Louette, notice, in Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, pp. 1257-1285. – Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan, Paris, Fayard, 1993, pp. 172-229, passim. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012), p. 176, passim.
Documents | Paris 1929-1930 (nº 1 à 7, avril 1929 - décembre 1929 ; nº 1 à 8, [janvier] 1930- [octobre] 1930) | 22 x 27.50 cm | 15 volumes brochés
Edition originale consistant en 15 numéros en 15 livraisons, abondamment illustrée de photos en noir et blanc. Bien complet du numéro spécial "Hommage à Picasso" (nº 3 de 1930) et de la table des matières de l'année 1929, un cahier séparé de 8 pages imprimées en noir sur papier couché et agrafées. Quelques dos légèrement insolés sans gravité, petites rousseurs en marges de certains plats,. Collection complète de cette revue mythique et non conformiste lancée par Georges Bataille, donnant une place aux "domaines de l'art et du savoir non reconnus par la culture officielle ou controversés: la littérature populaire, le jazz, le café-concert, la publicité, la vie quotidienne" (Annie Pirabot) ainsi que objets et arts dits primitifs. * Textes de Jean Babelon, Jacques Baron, Georges Bataille, Alejo Carpentier, Arnaud Dandieu, Robert Desnos, Carl Einstein, Roger Gilbert-Lecomte, Marcel Griaule, Juan Gris, Eugene Jolas, Marcel Jouhandeau, Michel Leiris, Georges Limbour, Marcel Mauss, Léon Pierre-Quint, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Zdenko Reich, Paul Rivet, Georges Ribemont-Dessaignes, Georges-Henri Rivière, André Schaeffner, Roger Vitrac, etc. Nombreuses contributions graphiques en pleine page de Hans Arp, Constantin Brancusi, Giorgio De Chirico, Alberto Giacometti, Juan Gris, Henri Laurens, Fernand Léger, André Masson, Joan Miró, Pablo Picasso, Joseph Sima, etc. L'approche novatrice et pluridisciplinaire de cette revue l'a placée parmi les plus importantes publications du siècle : dissidente du surréalisme tyrannique d'André Breton, Documents se veut « machine de guerre contre les idées reçues » selon les dires de Bataille, et concentre un grand nombre d'auteurs de tous horizons - membres de l'Institut, peintres et poètes ex-dadaïstes et surréalistes, philosophes.... Elle restera célèbre pour ses rapprochements très inattendus : "Loin de juxtaposer des documents provenant de disciplines cloisonnées, loin de sen tenir à lhabituelle subordination de limage au texte, la revue du trio accorde à la photo, au dessin ou à limage, le privilège dêtre la matière la plus originelle ou la trace la plus originale des manifestations humaines" (Georges Sebbag). ETHNOGRAPHIE On a surtout retenu deDocuments l'approche radicale de l'ethnographie portée par Bataille, fondée sur le matériel et détachée des considérations esthétiques et du traditionnel attrait pour l'exotisme. Ces opinions novatrices constituent une première ébauche du Collège de sociologie que Georges Bataille fondera quelques années plus tard en compagnie de Michel Leiris, Roger Caillois et Jules Moncrot. Elles sont par ailleurs portées dans la revue par de nombreuses photographies de masques, pierres, et autres productions artistiques extra occidentales (dart sibérien, chinois... ) mises en regard avec des uvres dart moderne, des dessins de Klee ou des peintures de Picasso. Bataille fait également appel au sulfureux Hans Bellmer, qui illustrera la célèbre seconde édition de l'Histoire de l'oeil,pour réaliser un terrifiant portrait de la déesse indienne de la destruction Kali. PHOTOGRAPHIE L'accent est notamment mis sur la photographie et parmi les plus célèbres contributions, figurent les clichés de Jacques-André Boiffard accompagnant l'essai de Bataille dans le numéro 6 consacré au thème du pied, montrant différents orteils en gros plan : « Le sens de cet article repose dans une insistance à mettre en cause directement et explicitement ce qui séduit, sans tenir compte de la cuisine poétique, qui nest en définitive quun détournement [] » écrit Bataille en conclusion. La fascination de ce dernier pour l'anormal et le destructeur se reflète également dans le cliché fétichistes et sadomasochistes de Boiffard qui capture une femme portant un masque en cuir en illustration du « Caput Mortuum » de Michel Leiris (n° 8, 1930). On remarque également les oeuvres d'Éli Lotar, photographes attitré de la revue avec Boiffard, notamment sa série macabre d'imag
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Association Nationale Du Souvenir De La Bataille De Verdun 14/18 Meuse
Reference : 516786
(2008)
2008 192 pages in-8. 2008. Broché. 192 pages.
Bon Etat
Association Nationale Du Souvenir De La Bataille De Verdun 14/18 Meuse
Reference : 516787
(2006)
2006 236 pages in-8. 2006. Broché. 236 pages.
Bon Etat
Gallimard 1994 564 pages in8. 1994. Broché. 564 pages.
Bon état sous rhodoïd intérieur propre quelques rousseurs sur la tranche intérieur propre
La Morande 1979 in8. 1979. Broché.
Bon état couverture défraîchie intérieur propre
Lewis Marrou Bataille Scherer Waddell Guéraud Jouguet
Reference : 100119704
(1939)
ISBN : 2851993399
Insitut français d'archéologie orientale 1939 in4. 1939. Relié.
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Club français du livre 1980 infolio. 1980. Relié.
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Robert Laffont 1951 in8. 1951. Broché.
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Mame et cie 1842 385 pages in16. 1842. Relié. 385 pages.
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Critique 1951 in8. 1951. Broché.
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Critique 1955 in8. 1955. Broché.
couvreture et tranche défraîchies tachées de rousseurs bords frottés livre jauni
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Reference : 100102763
Editions de Minuit in8. Sans date. Broché. 7 volume(s).
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Reference : 100102764
Editions de Minuit in8. Sans date. Broché. 9 volume(s).
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Reference : 100102765
(1958)
Editions de Minuit 1958 in8. 1958. Broché. 8 volume(s).
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Editions de Minuit in8. Sans date. Broché. 6 volume(s).
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Reference : 100102768
(1959)
Editions de Minuit 1959 in8. 1959. Broché. 7 volume(s).
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