8, rue Bréa
75006 Paris
France
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Phone number : 01 43 54 43 61 Editions d'Histoire et d'Art, Librairie Plon, 1953, pt in-4°, 46 pp, 21 gravures sur 16 pl. hors texte, broché, bon état
New York, Henry Holt and Company, 1955, gr. in-8°, x-474 pp, 32 planches hors texte, notes, index, reliure demi-toile éditeur, jaquette illustrée, bon état, avec une carte "With the Compliments of the Author". Edition originale. Texte en anglais
A Cologne, chez Pierre du Marteau, 1669, petit in-12, 264 pp, reliure plein veau, dos à 4 nerfs et caissons ornés (rel. de l'époque), coiffe sup. absente, plats lég. frottés, état correct
Une des quatre éditions publiées à la date de l'édition originale. Ce petit traité, assez bien écrit, n'embrasse pas toutes les branches de la politique. L'auteur, quoique homme d'esprit, n'a pu se défendre des préjugés de son temps sur les plus importants objets de législation. Il fait pourtant preuve d'un esprit critique. En particulier, il s'élève contre les persécutions des protestants, propose des moyens pour diminuer le nombre excessif des moines et religieuses, des mesures pour remédier à la vénalité des charges, à l'injustice et au crime. Il s'élève en outre contre le célibat civil, source de moeurs dissolues. « L'esprit libéral et critique qui inspira cet ouvrage déplut fortement à Louis XIV. L'auteur en est qualifié par Bourgeois et André (n°2969) de précurseur de Vauban et de l'abbé de Saint-Pierre. Il est généralement admis que cet écrit valut à Hay du Chastelet quinze jours d'emprisonnement à la Bastille ». (Sauvy, Livres saisis à Paris, 5 ; INED, 1073)
Boivin, 1949, 2 vol. in-8°, v-375 et 301 pp, 12 pl. de gravures hors texte, biblio, index, brochés, bon état
Paul Hazard propose ici une synthèse magistrale de l'histoire de la pensée au XVIIIe siècle. Ce livre se compose de trois parties : "Le procès du christianisme" montre comment une pensée libre, émancipée de la religion, a pu progressivement s'affirmer. "La cité des hommes" expose les nouveaux principes d'organisation politique et d'éducation qui voient alors le jour. "Désagrégation" présente les questionnements des philosophes sur la vie, la justice ou la vérité, qui rompent avec les dogmes précédents et exposent des hypothèses hardies. Un ouvrage de référence. — "La publication posthume du dernier livre de Paul Hazard aura encore accru, s'il est possible, le regret causé par la disparition de l'illustre professeur. L'auteur aborde ici la période de la diffusion des idées nouvelles, qui est aussi celle de leur vulgarisation et de leur fixation en mythes. Nous ne pouvons songer à donner ici une analyse, même sommaire, de ce vaste ouvrage. Contentons-nous d'en rappeler le plan général. Paul Hazard nous montre tout d'abord comment le premier geste révolutionnaire du siècle a été de faire le procès du christianisme, le second d'établir, sur les ruines de la « Cité de Dieu » les fondements idéologiques de la « Cité des Hommes ». Dans sa dernière partie il indique comment les idées nouvelles ont été paralysées dans leur développement à la fois par leurs contradictions internes et par l'impuissance où se sont trouvés les plus grands esprits du siècle à les grouper en un corps de doctrines cohérent. En montrant avec quel juste souci d'éclectisme Paul Hazard a recueilli les documents dont il invoque le témoignage et quel parti il a su en tirer nous n'aurions pas rendu compte du véritable attrait d'un ouvrage dont le caractère érudit s'efface fort heureusement sous les couleurs exceptionnellement vives du style." (Roger Ledent, Revue belge de Philologie et d'Histoire, 1948)
The Hague, Martinus Nijhoff, 1965, in-8°, viii-207 pp, biblio, index, reliure toile verte éditeur, jaquette, bon état (Coll. Archives internationales d'Histoire des Idées / International Archives of the History of Ideas 9)
La première partie du volume est une biographie de Nicolay (en anglais), suivie de la première édition de ses Mémoires (en allemand). Ludwig Henrich Nicolay (1737-1820) sera engagé en 1766 par le comte K. Razumovskij comme tuteur et compagnon de voyage de son fils aîné Aleksej ; en 1769, il sera appelé à Pétersbourg pour être un des tuteurs du grand-duc Paul, dont il deviendra en 1773 le secrétaire privé ; en 1798 enfin, il devait être nommé président de l’Académie impériale des sciences.
Garnier, 2000, in-8°, xx-524 pp, préface de Marc Fumaroli, notes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
A travers les témoignages contemporains – qui mêlent récits et descriptions, anecdotes et portraits –, un panorama vivant des cercles où s'exerce, au siècle des Lumières, l'esprit de société parisien, « cet art de rendre une collection d'individus plus gaie, plus intelligente, plus féconde ensemble que le serait chacun d'eux pris à part. » (Marc Fumaroli). Cette fête sociale, ininterrompue jusqu'en 1792, avait un charme unique qui fascina l'Europe. Elle avait aussi ses ombres. Ebauche dans le royaume de France d'une opinion publique confinée, elle en fut aussi, surtout vers la fin, la caricature. Sur cette évolution, les contemporains aussi ont vu clair.
P., Librairie militaire Baudouin, 1889, in-8°, viii-185 pp, broché, pt mques au dos, qqs rares rousseurs, bon état, cachet de la bibl. de Dominique Venner
Les compagnies de jeunes gentilshommes ou compagnies de cadets sont des écoles françaises d'officiers subalternes créées en 1682 à l'initiative de Louvois. Elles forment pour l'infanterie des jeunes hommes de 14 à 25 ans, issus de la noblesse peu fortunée ou quelquefois de la bourgeoisie aisée. Elles dispensent une formation militaire, des cours d'escrime et de danse, mais aussi de mathématiques, de fortification, de dessin et d'allemand. Si les compagnies de cadets gentilshommes avaient vocation à produire des officiers subalternes, elles n'en ont pas moins formé, rappelle Léon Hennet, « d'excellents officiers-majors » et des « officiers généraux, quelques-uns de mérite ». — "Il faut rendre pleine justice à l'excellent travail de M. Hennet, Les Compagnies de cadets gentilshommes et les écoles militaires (Paris, 1889)." (Frédéric Masson, Napoléon dans sa jeunesse 1769-1793, 1907)
P., Didier et Cie, 1884, in-12, vi-257 pp, 2e édition revue, un fac similé dépliant hors texte, broché, qqs rares rousseurs, bon état
Henriette-Marie est la fille de Henri IV et l'épouse de Charles Ier d'Angleterre. Elle naquit au Louvre le 25 novembre 1609, soit un an avant l'assassinat de son père. Elle était la sixième enfant et la troisième fille d'Henri IV et de Marie de Médicis. Elle épouse sur la volonté de son frère Louis XIII, en 1626, Charles Ier d'Angleterre qui était le petit fils de Marie Stuart. Ce fut Buckingham qui vint chercher la jeune reine à Paris pour la présenter à son mari le roi d'Angleterre qui n'avait pas pu se déplacer. C'est au cours de cette cérémonie qui eut lieu au Louvre que se tissèrent les liens mystérieux entre le duc de Buckingham et Anne d'Autriche, raconté à sa façon par Alexandre Dumas dans “Les trois mousquetaires”. La première partie de la vie d'Henriette-Marie, dont le portrait se trouve à l'ambassade d'Angleterre à Paris, fut assez mouvementée, jusqu'au moment où elle fut obligée de fuir l'Angleterre à cause des rivalités entre son mari et Cromwell qui finira par le faire exécuter. Henriette-Marie, qui a donné son nom à un état des États-Unis, le Maryland, sera obligée de quitter l'Angleterre avec ses deux enfants dont l'un Charles, deviendra Charles II, pour échapper aux poursuites de Cromwell. C'est auprès de son frère Louis XIII, qu'elle vivra cette période chaotique de l'Angleterre qui le fut également pour la France, puisque ce fut celle de la Fronde. C'est un miracle pour elle de survivre à l'assassina de son mari, s'assumer la protection de ses enfants, bravant le dénuement le plus complet. Son fils put gagner l'île de Jersey puis l'Écosse et l'Irlande et réussit après la mort de Cromwell à regagner son trône. Mais ceci ne facilita pas la vie d'Henriette-Marie qui malgré la sollicitude d'Anne d'Autriche, était tiraillée entre les tensions de la cour de France notamment au moment de la Fronde. La mort de Cromwell le 13 septembre 1758, va changer sa destinée et le 29 mai 1660 Charles revient triomphalement à Londres, date coïncidant avec le mariage de Louis XIV avec l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse. Henriette-Marie se décide alors, accompagnée de sa fille Henriette à rejoindre son fils à Londres. Elle vécut encore pendant dix ans entre Londres et Paris, assez peinée de voir les dilapidations des finances du royaume d'Angleterre par son fils Charles II. Elle devait mourir le 3 août 1669 à l'âge de soixante ans, un deuil général fut ordonné dans toute l'Angleterre et quarante huit heures plus tard, Bossuet montra en chaire pour prononcer l'oraison funèbre d'Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre.
Fayard, 1988, gr. in-8°, 348 pp, 16 pl. de gravures hors texte, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
Après une brillante biographie de Henri IV, qui renouvelle la connaissance du "seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire", Jean-Pierre Babelon, ancien élève de l'Ecole des Chartes, inspecteur général des Archives de France, a décidé de donner la parole à l'homme-roi lui-même. Homme d'action qui répugnait à s'asseoir longtemps devant une table, Henri IV a pourtant écrit un nombre impressionnant de lettres et d'écrits politiques. Le grand recueil publié au XIXe siècle en recensait environ 6000: lettres aux compagnons d'armes et aux maîtresses, lettres à Sully, adresses aux grands corps du royaume, harangues au Parlement. Un style inimitable s'y fait jour, qui n'appartient qu'à lui et lui donne sa place parmi les grands écrivains français du XVIe siècle, aux côtés de Montaigne. Choisies et commentées pour retracer la longue carrière de Henri IV, depuis l'enfance béarnaise jusqu'à l'attentat de 1610, ces lettres racontent les amours et les peines, les efforts et les désillusions d'un homme qui s'est sans cesse décrit à ses interlocuteurs avec une surprenante vivacité de sentiment. Pour donner plus de mordant à ces témoignages, Jean-Pierre Babelon a voulu donner aussi la parole aux interlocuteurs du roi, sa mère Jeanne d'Albret, sa belle-mère Catherine de Médicis, ses épouses Marguerite de Valois et Marie de Médicis, ses maîtresses Corisande d'Andoins, Gabrielle d'Estrées et Henriette d'Entragues, ses compagnons, Sully, et même le petit dauphin, futur Louis XIII, qui vouait à son père une tendre admiration. Le dialogue qui s'établit ainsi, à travers les guerres, les consciences déchirées, les amours traversés, restitue brutalement, dans leur émouvante réalité, des moments historiques qui nous semblent étrangement proches.
Grasset, 1948, pt in-8°, 398 pp, 15 gravures et portraits hors texte, biblio, broché, couv. à rabats, bon état
Biographies d'auteurs « irréguliers et libertins » : Brantôme, Tallemant des Réaux, D'Assoucy, Charles Sorel, la religieuse portugaise, Saint-Evremond, Hamilton, le comte de Caylus, Duclos, Crébillon fils, La Morlière, Voisenon, Godard d'Aucour, l'abbé du Laurens, le chevalier de Nerciat, Restif de la Bretonne, Laclos, Tilly, le prince de Ligne, Vivant Denon.
P., Le Livre, 1926, pt in-8°, 398 pp, avec un frontispice et des vignettes gravés sur bois par J.-L. Perrichon, biblio, broché, bon état
Biographies d'auteurs « irréguliers et libertins » : Brantôme, Tallemant des Réaux, D'Assoucy, Charles Sorel, la religieuse portugaise, Saint-Evremond, Hamilton, le comte de Caylus, Duclos, Crébillon fils, La Morlière, Voisenon, Godard d'Aucour, l'abbé du Laurens, le chevalier de Nerciat, Restif de la Bretonne, Laclos, Tilly, le prince de Ligne, Vivant Denon.
Flammarion, 1927, gr. in-12, 203 pp, broché, dos factice, rousseurs éparses, bon état (Coll. Les Grands Cœurs), envoi a.s. à Maurice Bourdet, créateur du journal parlé à la radio
Par Robert Henri, dit Henri-Robert (1863-1936), ancien bâtonnier et membre de l’Académie française, une biographie de son lointain prédecesseur Guillaume-Chrétien de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794), élu en 1775 au fauteuil 38. — "Henri-Robert, membre de l’Académie française et éminent avocat, nous livre une biographie vraiment remarquable de cet autre éminent avocat Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes. Libéral, équilibré, impartial, Malesherbes se démarque de manière frappante avec les hésitations et la violence qui ont caractérisé la période de la Révolution française. En même temps, libéral et royaliste, il a fini par être exécuté pour son manque même de sectarisme. Ayant aidé par ses vues libérales à mettre en mouvement ces forces que sa modération était impuissante à contenir, il alla calmement partager le sort du roi qu’il ne pouvait sauver. Le point central de son caractère est l’intégrité ; son attitude quelque part plus élevée et plus impersonnelle que l’héroïsme." (Eugenia Kaufman, Books Abroad, 1929)
Genève, Cercle du Bibliophile, 1970, in-8°, xviii-481 pp, préface de Hubert Juin, avant-propos d'Yvonne Rosso, un portrait en frontispice et 30 gravures hors texte, dont 4 en couleurs, appendice historique in fine, reliure plein skivertex éditeur vert, dos lisse à caissons fleuronnés dorés, titres dorés, 1er plat décoré, bon état (Coll. Les Femmes célèbres)
"Un agréable ouvrage, plaisant à lire, qui ne redoute pas de prendre Marie à sa naissance et de l'accompagner jusqu'à la sépulture de Peterborough. Thèse générale : Marie succombe parce qu'elle est catholique ; la lutte se déchaîne entre elle et Moray, son frère bâtard ; la tragédie est politique, religieuse, – non passionnelle. Sur le fond des choses, tout le monde est d'accord : que, sous les espèces de la chute ou du triomphe de Marie, ce soient Rome et Réforme qui se heurtent, ou encore, d'un point de vue autre, l'Espagne, la France, l'Angleterre, qui en doute ? Mais cela exclut-il l'importance du drame domestique ? Point du tout. C'est parce qu'elles imputent à Marie les charges d'homicide et d'adultère que les forces géantes à l'affût de Marie arrivent à la détruire. Par là, donc, l'affaire Darnley-Bothwell, et les responsabilités qu'on y suppose à Marie, reprennent, même pour la grande histoire, un intérêt capital. Mme Paule Henry-Bordeaux déclare Marie innocente du meurtre de Darnley, indifférente à Bothwell, acculée au mariage par le viol qu'elle aurait subi à Dunbar. C'est dire qu'elle accepte, en tous leurs termes, les explications – mieux : le plaidoyer – que la reine elle-même envoyait à la cour de France, un peu plus tard aux princes chrétiens. L'ouvrage témoigne d'une longue étude et d'une immense lecture sur le sujet. La bibliographie est copieuse." (Roger Chauviré, Revue Historique, 1939)
France-Empire, 1998, gr. in-8°, 321 pp, 8 pl. de gravures hors texte, liste des villes et lieux-dit de France visités par Louis XIII, biblio, broché, couv. illustrée, bon état, envoi a.s.
Louis XIII le Juste (1601-1643), second souverain bourbon en France, est moins médiatique que son père Henri IV ou que son fils Louis XIV : être secret et solitaire, il semble tenir le second rôle d'une tragédie dont Richelieu serait le maître. Traumatisé par l'assassinat de son père, méprisé par sa mère Marie de Médicis, il prend le pouvoir sur un coup d'Etat en éliminant Concini. Influencé par Luynes ou d'autres favoris, il fait Premier ministre le redoutable cardinal, l'homme rouge. Ensemble, ils se fixent trois objectifs pour notre Histoire : ruiner le parti huguenot et anéantir une opposition prête à renverser le pouvoir royal, rabaisser l'orgueil des Grands et du parlement, volontiers factieux, abaisser la maison d'Autriche, adversaire de la France depuis François Ier et de nouveau menaçante aux frontières. Le siège de La Rochelle et la journée des Dupes sont les moments forts de cette politique. Lorsque Louis XIII et Richelieu meurent à quelques mois d'intervalle, la guerre de Trente Ans se poursuit mais l'Artois, l'Alsace, le Roussillon sont conquis et les cabales de Monsieur matées. Certes, Anne d'Autriche a déçu le roi avec l'affaire Buckingham, la conspiration de Chalais et son comportement avec l'Espagne, mais elle retrouve sa place après le complot de Cinq-Mars, ayant donné naissance à un dauphin attendu pendant vingt-trois ans, elle sera régente. Louis XIII passe pour un homme effacé, mais avec Richelieu, il a centralisé le pouvoir politique de la France en montrant d'exceptionnelles qualités : son temps est celui de Descartes, Corneille, Malherbe, Pascal, Saint-Vincent-de-Paul et du style Louis XIII. Très pudique, réservé avec les femmes, ses "aventures" avec Louise de La Fayette, Marie de Hautefort ou divers favoris donnent à Louis XIII un comportement homosexuel nullement prouvé car ce "bourreau de soi-même" est avant tout un éternel voyageur, un chasseur invétéré et un infatigable soldat. Nous suivons ici, au jour le jour, la vie de cet homme de devoir.
Perrin, 1976, in-8°, 188 pp, préface par Alain Decaux, une carte, broché, couv. illustrée, bon état
"On part d'une noblesse minuscule du pays de Caux, née en 1598, contestée encore en 1740, pour arriver une vingtaine d'années plus tard à Versailles, y marier sa fille et faire signer la famille royale au contrat ! C'est l'étonnante aventure du marquis Charles Davy de la Pailleterie, l'oncle du premier Alexandre Dumas, le général. Entre temps, le marquis par la grâce de Clairambault s'était lancé à corps perdu dans les affaires, y compris bien entendu dans la traite des nègres ; après tout, il était colon à Saint-Domingue. Il y a bien des trouvailles étonnantes dans le petit livre du généalogiste Gilles Henry. On y voit un Monte-Cristi (sinon Cristo) qui ne doit rien à la Méditerranée, puisqu'il s'agit d'un port franc de la partie espagnole de Saint-Domingue, très fréquentée par le marquis négrier ; une campagne négrière « bordélique », au sens propre du terme (p. 57) ; un Blanc marron, ce qui n'est tout de même pas banal : le propre progéniteur du général, Alexandre-Antoine Davy, frère aîné du futur marquis, et qui disparaît dans la nature pendant 27 ans ! Ledit futur général n'apparaît qu'à la p. 98 sous le nom de Thomas Rétoré, mulâtre et parrain à 15 ans du fils d'un marchand de Lisieux ; malgré tout son flair et toute sa patience, M. Henry n'a pas trouvé d'explication décisive au choix de ce nom de Rétoré, et il n'avance rien qu'il ne puisse prouver par document ; il dit ce nom fréquent dans certains quartiers de Saint-Domingue dont celui de la résidence de Davy : sans doute s'agit-il du parrain plus ou moins déclaré officiellement du jeune Thomas. Quant à l'immortel « Dumas », c'est celui que portait sa mère Césette : n'est-ce pas plutôt un nom de mulâtresse que de Noire ? M. Henry ne semble rien avoir trouvé sur elle, et il sera certainement difficile de faire mieux ; Alexandre Dumas le Grand aurait dans ce cas 1/8 de « sang noir », comme on dit curieusement, et non 1/4, comme l'indique Alain Decaux dans sa préface, lui qui se demande s'il ne faut pas voir dans cette part de négritude « l'une des explications de sa fabuleuse imagination » ; en tout cas, pour ce qui est de la fantaisie, il n'est pas nécessaire de chercher ailleurs que dans l'atavisme de la lignée paternelle. Même s'il n'est pas toujours facile de s'y retrouver à première lecture (un tableau généalogique n'aurait pas été de trop dans un ouvrage du même métal : un petit effort, Messieurs les éditeurs), le livre de M. Henry a bien des mérites, et tout d'abord celui de permettre la comparaison entre les « documents authentiques » et l'histoire romancée chère au grand Alexandre : je pense en particulier au célèbre incident raciste du théâtre de Nicolet à Paris, fort enjolivé, si l'on peut dire, par Dumas dans ses Mémoires et par ses biographes qui s'en inspirent (par exemple Maurice Constantin-Weyer, L'Aventure vécue de Dumas père, p. 20-21) : M. Henry a retrouvé et publié les déclarations à l'exempt des deux protagonistes, le futur général et son rival, un officier colon de la Martinique. C'est un peu à une promenade dans les coulisses de l'histoire que nous emmène M. Henry, et on y apprend des choses « qu'on ne trouve pas dans les livres » !" (Jean-Claude Nardin, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1977)
Calmann-Lévy, 1965, in-8°, 281 pp, 17 gravures hors texte, dont un portrait de Herberstein en frontispice, biblio, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Temps et continents)
"Les commentaires de Herberstein constituent une des sources essentielles de la Moscovie à la fin du XVe siècle et du début du XVIe. C'est la première grande étude européenne sur une Russie qui paraissait encore semi- asiatique ; sa « redécouverte » fut aussi passionnante que celle du continent américain à la même époque. Publiées en latin dans plusieurs éditions à partir de 1549, ces observations ont été traduites depuis longtemps en plusieurs langues, mais jamais en français. Robert Delort, spécialiste du grand commerce à la fin du Moyen Age et des relations entre la Russie et l'Occident, en donne ici une version abrégée d'un bon tiers, selon l'esprit de la collection, mais qui respecte scrupuleusement la lourdeur du latin primitif. Dans une introduction dense et précise, R. Delort guide le lecteur et renseigne d'abord sur la curieuse personnalité de Siegmund von Herberstein. Né en 1486, serbo-croate, malgré son nom, linguiste éminent, Herberstein assume les fonctions d'ambassadeur de Maximilien, puis de Ferdinand Ier auprès du Kremlin ; il représente ainsi les Habsbourg et même plus largement la chrétienté occidentale au cours de ses deux missions en 1517 et en 1526 auprès du grand prince Vassili III ; il est chargé d'arbitrer des litiges entre les ambitieux Jagellons et les tsars de Moscou, et d'affermir la puissance des Habsbourg en Europe centrale. Possédant un sens aigu de l'observation et une culture étendue, il consigne ses impressions de voyage, rapporte en les discutant les informations qu'il a recueillies sur l'Etat moscovite et sur son passé, décrit les mœurs, la vie de société, les pratiques religieuses, les usages commerciaux, les coutumes diplomatiques et militaires... Les notes explicatives sont sommaires, mais l'illustration est pittoresque, les deux cartes originales sont d'une précision surprenante." (Louis Trénard, Revue du Nord, 1970) — "Les « Rerum Moscovitarum Commentarii » du baron Sigismond Herberstein, qui a visité Moscou deux fois (en 1517 et en 1526), sont la meilleure description de la Russie au XVIe siècle. Aussi ont-ils été traduits en italien (dès 1550), en allemand en 1557, en tchèque en 1786, en anglais en 1851 et, enfin, en russe en 1908. Il manquait cependant une édition française. M. Robert Delort présente dans la collection « Temps et Continents » sa traduction de l'œuvre de l'ambassadeur du Saint-Empire, traduction très soignée, établie sur la seconde édition latine de 1556, en consultant les versions russe et anglaise. Le livre est enrichi de quinze illustrations et de deux cartes géographiques, tirées de l'ancienne édition latine." (Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 1966)
Editions de Minuit, 1952, in-12, 212 pp, broché, couv. blanche imprimée en noir et bleu, bon état
"La meilleure manière de nous faire avancer dans la connaissance de Corneille." (Jean Daniélou, Revue Etudes) — "M. Herland a consacré à l'Horace de Corneille une étude passionnée et originale. C'est un bien bel Horace que M. Herland nous restitue. Par une « explication de texte » à la fois large et précise, et en usant parfois de savoureux anachronismes volontaires, il brosse des personnages de la tragédie des portraits pleins de couleur. Il présente sur le Vieil Horace des remarques judicieuses (p. 23-24) ; il pense que Camille est en quelque sorte déchue et flétrie avant de mourir (p. 69) ; il s'attache surtout au personnage d'Horace, et tente d'en renouveler l'interprétation en insistant sur l'affection du héros pour Curiace ; ainsi s'expliqueraient les répliques d'Horace, et même ses silences, son geste criminel, et son attitude lors du procès du cinquième acte. Ce résumé simplifie à l'excès les idées de M. Herland, qui sont riches, généreuses, habiles, quelquefois même bien subtiles (voir p. 157, 160, 174). Son livre est d'une lecture séduisante." (Jacques Scherer, Revue d'Histoire littéraire de la France, 1955) — "Condisciple de Sartre et Nizan à l'Ecole normale supérieure, l'auteur découvre dans le célèbre héros de Corneille le précurseur du militant moderne." (Vignes, 152)
HIERNARD (Jean), Denise Turrel, Yannis Delmas-Rigoutsos (dir.).
Reference : 112938
(2011)
ISBN : 9782846542692
Les Indes savantes, 2011, gr. in-8°, 344 pp, 50 figures, index, broché, couv. illustrée, bon état
Vita peregrinatio : « La vie est un voyage ». Cette formule ponctue souvent les livres d’amis des étudiants allemands du XVIe siècle, alba amicorum, qui recueillaient, d’étape en étape, les souvenirs de leur tour d’Europe universitaire, emblématique de la culture humaniste européenne. La « légende dorée » touchant au cosmopolitisme des sociétés étudiantes, était-elle un mythe ou une réalité ? Pour le savoir, Jean Hiernard a entrepris la transcription des registres de gradués en droit de l’Université de Poitiers, à partir de 1575, rédigés entièrement en latin, et en a fait le point de départ d’une base de données élaborée par Yannis Delmas. Le peu d’enthousiasme des étudiants français pour les voyages (à l’exception des réformés), contraste avec les extraordinaires circuits effectués par quelques centaines de rejetons des patriciats d’Europe centrale. L’itinéraire intellectuel de Jean Hiernard témoigne de la fécondité d’une ouverture pluridisciplinaire à l’intérieur des sciences humaines. L’histoire est un continuum et les coupures (chronologiques et thématiques) ont fait oublier peu à peu des pans entiers de notre culture ; il montre ici tout l’intérêt de faire dialoguer les divers spécialistes – historiens antiquistes, médiévistes ou modernistes avec les néo-latinistes, linguistes et littéraires... — "Ce livre nous mène sur les routes européennes des échanges universitaires et des voyages d’étude, de la fin du Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle, en prenant Poitiers comme point d’observation. Il est le fruit de l’infatigable zèle que déploie depuis une bonne décennie Jean Hiernard, professeur d’histoire ancienne, pour retrouver dans les sources les étrangers ayant séjourné à Poitiers et les pictones inscrits dans les universités étrangères. Le virus lui est venu incidemment au détour d’une quête des inscriptions antiques de sa ville, après avoir découvert que trois d’entre elles avaient été sauvées et conservées dans un manuscrit à Wroclaw, grâce au relevé fait au milieu du XVIe siècle par un étudiant silésien de passage. Il touchait ainsi du doigt l’importance des relations entre l’Europe centrale et nordique et bon nombre d’universités françaises, dont celle de Poitiers, et leur contribution à la constitution d’un espace culturel européen des élites. L’exploitation des matricules universitaires et d’autres sources complémentaires, tels les récits de voyage et albums d’amis, lui a permis de dresser par approches et touches successives un tableau de la circulation universitaire entre Poitiers et les terres d’Empire. Ce livre qui réunit neuf de ses propres contributions sur ce sujet est donc conçu comme un bilan, mais il apparaît aussi, à travers d’autres contributions, comme l’amorce d’un grand chantier de recherche fondé sur le rapprochement des initiatives semblables dans toute l’Europe, auquel travaillent à Poitiers les deux autres coéditeurs de l’ouvrage, Denise Turrel, professeur d’histoire moderne, et Yannis Delmas-Rigoutsos, maître de conférences d’informatique. L’introduction et la première partie insèrent en outre le travail de J. Hiernard dans le contexte plus large de l’histoire universitaire et culturelle européenne et des nouvelles orientations méthodologiques de ces recherches..." (Jean-Luc Le Cam, Histoire de l’éducation, 2012) — "Ce recueil d’articles est d’abord un hommage aux recherches que Jean Hiernard, professeur d’histoire ancienne à l’université de Poitiers, a consacré à la mobilité étudiante de la première modernité. Ce spécialiste reconnu de numismatique celtique et romaine se passionne aussi depuis les années 1990 pour les circulations entre le Poitou et l’espace germanique aux XVIe et XVIIe siècles. Parti sur les traces des mercenaires allemands engagés dans les guerres de religion (à travers l’étude des trésors monétaires), il en est venu à s’intéresser aux pérégrinations savantes, à la faveur de la découverte, dans le récit de voyage d’un étudiant silésien de passage à Poitiers, de relevés épigraphiques datant de l’époque romaine. C’est donc lui aussi en passeur de frontières – académiques celles-là – que J. Hiernard traque et examine depuis lors toutes les sources susceptibles de témoigner de la présence à Poitiers d’enseignants et d’élèves originaires du nord ou du centre de l’Europe (Pays-Bas, Provinces-Unies, Empire germanique). Tout en dépouillant les registres des gradués en droit conservés depuis 1575, il s’est mis en quête des alba amicorum, ces « livres d’amis » apparus au milieu du XVIe siècle dans lesquels les étudiants itinérants (très majoritairement des sujets du Saint-Empire de confession réformée) « demandaient à leurs maîtres ou à leurs condisciples d’écrire quelques réflexions ou pensées édifiantes » (p. 61)..." (S. Jahan, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 2012)
Seli Arslan, 1996, gr. in-8°, 384 pp, préface de Daniel Roche, 4 pl. de gravures, chronologie, notes bibliographiques, biblio, index, broché, couv. illustrée, qqs soulignures crayon, bon état
Un temps, la civilisation européenne a puisé son énergie, ses idées, voire son fonctionnement dans son rapport à la mer : elle s'est appuyée sur les groupes qui vivaient de la mer (pêche, piraterie, commerce) et sur la liberté dont ils jouissaient. Elle a ainsi remis en cause le contrôle de l'économie par l'État, la subordination des riches « travailleurs » aux privilégiés oisifs. Ainsi, au XVIlle siècle, naît le libéralisme économique et se déploie une réflexion sur la liberté politique. Pour Liliane Hilaire-Pérez, la cause essentielle de cette mutation réside dans l'échange. D'abord, le marchand a fait de la mer un instrument de déstabilisation des anciennes structures économiques. Ensuite, les monopoles des grandes compagnies ont été dévoyés. Ils ont pourtant permis un regroupement des énergies avant d'être détournés par un monde interlope. Enfin, la microsociété des gens de mer a innové des formes de sociabilité inédites. Trois moments, trois espaces, trois lieux de remise en cause de l'Ancien Régime. Trois portes ouvrant sur la modernité. Outre son apport au débat historique, ce livre nous propose un cadre pour comprendre nos réactions face à l'aventure qui détermine le devenir de nos sociétés : l'aventure spatiale. N'y voit-on pas le rôle essentiel des entreprises, lq mise en cause des monopoles d'Etat et la recherche de ressources lointaines ? Pour qui lira cet ouvrage, la mer et le ciel prendront la même teinte.
Flammarion, 2021, gr. in-8°, 596 pp, 8 pl. d'illustrations en couleurs, 10 gravures et fac-similés, généalogie de Richelieu, 2 cartes, chronologie, sources et biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Grandes biographies)
Peu d'hommes d'Etat, dans l'histoire de France, ont eu les honneurs de la légende comme Richelieu. Il semble s'en amuser d'ailleurs, le grand manipulateur des Trois Mousquetaires, qui contemple le monde du haut de ses portraits d'apparat, tout de rouge vêtu, comme s'il nous défiait de regarder sa vie de plus près. Relevant le défi, Françoise Hildesheimer retrace la carrière tâtonnante, émaillée de traversées du désert, qui conduisit Armand Jean du Plessis à devenir, à trente-sept ans, le lieutenant de Louis XIII. Au service de ce roi méfiant, bègue et jaloux de son pouvoir, Richelieu mit l'énergie extraordinaire qui faisait dire à Malherbe qu'en lui, quelque chose "excédait l'humanité" : jusqu'à sa mort, en 1642, il s'employa à combattre les intrigues sans cesse renaissantes de la Cour, à imposer l'obéissance aux Grands du royaume, à déjouer les complots ourdis dans les chancelleries européennes, à réinventer une politique d'alliances, pour établir la gloire de Louis et faire naître la France moderne... une entreprise titanesque à laquelle il ne sacrifia jamais ses activités de théologien, d'auteur de théâtre et d'historien. C'est bien un homme, pourtant, et non un héros ou un démon, que ce livre nous invite à découvrir : un homme vieilli avant l'heure, aux nerfs fragiles, que la peur de la disgrâce ne quitta jamais, tant le ministre tout-puissant se savait suspendu à la faveur, flottante, du roi ; un homme habité par le goût de l'action et le culte de la raison, mais aussi par une foi sincère. N'en déplaise aux faiseurs de légendes. (4e de couverture)
Editions de Minuit, 1976, in-8°, 147 pp, broché, couv. illustrée, bon état
De ses deux sœurs italiennes, le cardinal Jules Mazarin eut sept nièces, qui devinrent vite célèbres : Anne-Marie et Laura Martinozzi, Vittoria, Olympe, Marie, Hortense et Marianne Mancini. Invitées, encore enfants, à venir vivre en France, elles s'adaptèrent d'autant mieux à leur nouvelle patrie que trois d'entre elles furent élevées au Palais-Royal, avec le futur Louis XIV, partageant ses jeux et certaines de ses études. Quand elles en eurent l'âge, le cardinal tint à leur faire contracter des mariages qui puissent servir autant les intérêts de la France que ceux de la famille Mazarin. Il y réussit si bien, que ces jeunes femmes de condition honorable mais modeste, n'allaient pas tarder à participer aux fastes de l'Histoire de France et d'Europe. Apparentées aux plus grandes familles, aux Condé, aux Savoie-Carignan, aux Richelieu, aux Colonna, aux Bouillon, aux Turenne, les sept Mazarinettes, comme les appelaient les Parisiens, eurent maints descendants illustres, à commencer par les derniers Stuart. Mais ce qu'on retiendra surtout de ces existences hautes en couleurs et riches d'anecdotes piquantes, comme des portraits qu'en ont tracé le duc de Saint-Simon ou Mme de Sévigné, c'est l'extraordinaire liberté d'allure et de pensée dont surent faire preuve, au sein d'une Cour assez compassée, ces sept petites Italiennes non dépourvues d'esprit, et dont l'une d'elles au moins fut à deux doigts de devenir reine de France.
London, Cardinal, 1975, pt in-8°, 301 pp, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état. Texte en anglais
PUF, 1974, in-12, 96 pp, chronologie, biblio, broché, bon état (Coll. Dossiers Clio)
Table : Introduction : De l'aventure à l'entreprise ; Documents : Les affaires des banquiers - les banques « publiques », projets - les banques « publiques », réalisations ; Points de vue : Théorie du crédit - Le Système de Law - La Caisse d'Escompte - Banques, finances, économie - Chronologie sommaire, éléments bibliographiques.
Flammarion, 1971, in-12, 186 pp, biblio, glossaire, index, broché, bon état (Coll. Questions d'histoire)
Klincksieck, 1976, gr. in-8°, 585 pp, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
Mémoires ou romans ?... Entre les mémoires « authentiques » et les innombrables récits que l'Imaginaire a très ostensiblement marqués de son grand sceau, ont proliféré, durant la seconde moitié du XVIIe siècle, les ouvrages de très douteuse appartenance. Littérature hybride et doublement marginale que ce maquis d'« histoires » inventées et de « mémoires » apocryphes. Mais où commence l'imposture ? La sincérité même farde la vérité des « confessions » (Campion, Bussy-Rabutin risquent le mot) qui déjà percent sous le manteau de l'historiographie... dirons-nous personnalisée ? Les « vrais » mémoires, déjà, sont des anti-confessions. Et cependant, comme en dépit d'eux-mêmes, un cardinal de Retz, un La Rochefoucauld signifient leur époque. Ils portent aussi témoignage, les pseudo-mémoires de « M.L.C.D.R. », de « M. d'Artagnan » : fausse monnaie d'un certain carat. « Les mémoires authentiques réintroduisent de toute façon la fiction par le seul fait qu'ils créent une figure mythique de la personne [...] ; par là ils se confondent avec les mémoires apocryphes et toutes les formes de narration à la première personne » (p. 453). (...) Faisant alterner avec bonheur l'« ironie démystifiante » et « certaine poésie de l'âme », opposant la plus attentive des lectures au schématisme des idées reçues, l'auteur de cette grande thèse allie à l'audace des démarches critiques actuellement en faveur toute la prudence qu'apporte un long « usage de l'histoire ». Ceci n'est pas un conte. Mlle Hipp nous montre admirablement « à quoi rêvent les hommes », à quoi ils ont successivement rêvé. Nulle histoire plus résurrective que ce tableau « dans le temps » d'une double littérature, moirée de ses propres réflexions. Mythe et réalité perpétuellement se recoupent, « l'indécis au précis se joint ». Nulle plus « véritable » histoire que l'histoire des songes. (Yves Coirault, Revue d'Histoire littéraire de la France, 1977)