Liège Editions Dynamo, Pie 1960 Plaquette in-12 assemblée par une cordelette, couverture imprimée.Je suis l'anti-intellectuel type et mon film en est la preuve... Précieuse édition originale de ce texte dans lequel Cocteau commente son film qu'il a réalisé avec Jacques Pinoteau en 1959, en y jouant son propre rôle, celui du poète qui traverse le temps et abolit les distances, celui qui mêle rêve et réalité dans un monde où règne l'esthétique. Parmi les acteurs figurent Jean Marais, Charles Aznavour, François Périer, Maria Casarès, Alice Sapritch, Pablo Picasso, Serge Lifar, Françoise Sagan… Tirage limité à 51 exemplaires numérotés. Un des 11 premiers exemplaires sur vergé de Hollande.
Liège, Editions Dynamo, Pierre Aelberts, 1960, In-12, cordelette, 8 pp.
Edition originale tirée à 51 exemplaires numérotés, celui-ci sur vélin Astra.Collection Brimborions n° 71.
1959 Liège. Editions Dynamo. 1960. 1 plaquette in-8, broché. 8 pp. ; (2) ff. bl.
Edition originale. 1 des 40 exemplaires numérotés sur Vélin blanc. Brimborions n°71.
Liège, P. Aelberts, Editions Dynamo, novembre 1960 et avril 1961. 2 plaquettes in-8 cousues, 8 et 9 pp., Editions originales tirées à 51 exemplaires. Exemplaires de chapelle sur vélin blanc, numérotés à la main 3/3 et 2/2.
Dos lég. insolés, sinon très bon état. - Frais de port : -France 4,95 € -U.E. 9 € -Monde (z B : 15 €) (z C : 25 €)
Monaco Editions du Rocher. 1960 171p 1 volume In12 broché. Ouvrage orné de quinze dessins inédits de l'auteur. Première édition.
1960 Monaco, Editions du Rocher, 1960, in 12 broché, 173 pages ; non coupé
...................... Photos sur demande ..........................
Phone number : 04 77 32 63 69
Editions du Rocher 1960, in-12 broché, 173 p. (pliure au quatrième de couverture, sinon très bon état) Sur bon papier. Théâtre mineur, comme l'écrivait Cocteau lui-même, ces saynètes, illustrées de 15 dessins du maître, sont un "simple prétexte à faire briller une étoile sous un de ses angles les moins connus".
Monaco Editions du Rocher 1960 Un volume in-8 broché, couverture blanche, 172 pages. Rousseurs sur la couverture, bon état.
La librairie est ouverte du mardi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 19h00. Commandes par courriel ou téléphone. Envoi rapide, emballage soigné.
1960 Couverture souple Monaco, Éditions du Rocher, 1960. In-12 broché, couverture illustrée en rouge et noir, quelques marques marginales sur la couverture, petit manque à la coiffe supérieure, dos légèrement décollé en tête. 172 pages, non coupé. Ouvrage illustré de 15 dessins inédits de l'auteur. Très bon état intérieur, bon exemplaire.
Bon
Cocteau qui vient de recevoir une traduction de Mary Hoeck se désole, ...Hélas incapable de suivre autre chose que mon propre texte dans votre belle langue si difficile. Je vous gronde encore : il fallait rendre la lettre à Van L. Il aurait été bien embêté car elle na aucun rapport avec ce quil en raconte. Jy parle de vous et je signale combien il me serait désagréable quon vous cause la moindre peine.Il ajoute sur son quotidien, allusif : ...Ici chien chat et objets se portent bien et vous envoie (sic) leur salut amical, en même temps que le mien, celui de Francine et de Cégeste [Francine Weisweiller et Édouard Dermit]...Cocteau avait rencontré Francine Weisweiller en 1949. La riche héritière qui tenait un salon mondain dans son hôtel particulier de la place des États-Unis à Paris, joua un rôle dinspiratrice. Cégeste : personnage du film Orphée (1950) réalisé par Cocteau, incarné par Édouard Dermit, le fils adoptif de Jean Cocteau.
Cocteau craint de ne pouvoir répondre à une invitation : ...Zwobada m'a parlé de cette séance, mais j'ai peur que mon travail et ma santé ne m'empêchent de me joindre à vous. Je ferai l'impossible...Cocteau évoque ici André Zwobada (1910-1994), réalisateur, producteur et scénariste français, dont le film, Les Noces de Sables, est sorti en mai 1949. Jean Cocteau y prête sa voix pour le commentaire.
IMPORTANT MANUSCRIT DANS LEQUEL COCTEAU PARLE DE SES ŒUVRES « Les Parents terribles », « La Machine à écrire », « Renaud et Armide », « LEternel retour », ainsi que de leurs interprètes......Après les scandales de la reprise des Parents terribles qui a duré quatre jours avec Reggia [Reggiani joua dans la reprise de la pièce en 1946] dans le rôle de Michel et le scandale de la machine à Écrire jai cru que je serais plus tranquille dans le cadre de la Comédie-Française (...). Jean Marais, quitte la Comédie-Française, à cause de Carmen-Marie Bell. Il y avait pour moi un devoir à ne pas donner à cette œuvre un aspect répondant à son mécanisme interne, à sa complication légendaire. Cétait le thème de la solitude dêtres qui se devinent sans se voir et narrivent pas à répondre lorsquils se voient. La presse de lépoque, a naturellement, on le devine été troublée et il était dur de remonter cette pente pleine de boue. Mais on y est arrivé grâce aux artistes qui luttaient de toutes leurs forces. Pour moi Renaud était un incendie où de grands insectes se dévorent et flambent, quelque chose comme le suicide du scorpion lorsquon le place dans un cercle de feu. Tout cela je le répète masqué par lalexandrin et la coupe classique...Etude du cinéma - apprentissage - recherche responsabilité. Eternel retour. Ah ! non étant donné la presse - légende - gallique. Cette interprétation de mythes est indispensable à leur vie. Ils passent de plume en plume comme certaines histoires passent de bouche en bouche, se magnifiant ou discutant, de toute manière ils se forment selon la personnalité du conteur. Les grands mythes sont très peu nombreux et Racine (…), Goethe, savaient bien pourquoi leur usage est efficace. Ces mythes-clefs arrivent à ouvrir les âmes les plus fermées aux poètes...En modernisant Tristan et Yseult je faisais ce que jai refait de Orphée…
Belle lettre de soutien à son ami :…Votre mal mest, à vrai dire, insupportable. Jy pense et je devine que la personne met souvent sa joue contre la cloison mitoyenne. Cest, à cette minute, que votre voix devrait se faire entendre comme dans les « quarante cinq ». Je saurais si bien la convaincre ! Mais hélas… (...) Ces quelques lignes pour vous répéter que mon cœur ne séloigne pas parce que vous quittez le Palais Royal et quil reste auprès de vous, attentif et fidèle… Il conclut…En ce qui concerne mon affaire il manque juste létincelle, lordre qui fait partir "le papier" attendu chez Leclerc. Mettez ce contact, je vous en supplie… Gaston Palewski (1901-1984) est un diplomate et homme politique français. Durant la Seconde Guerre Mondial, G. Palewski sengage dans les Forces françaises libres. En 1957, le général de Gaulle le nomme ambassadeur de France, en Italie. En prévision du tournage de La Belle et la Bête (1946), Jean Cocteau tente dobtenir du Général Leclerc une permission spéciale pour Jean Marais, alors mobilisé.
...Jai beaucoup pensé à notre conversation. En ce qui me concerne jétais aux prises avec un mari « sublime » - (qui sinclinait - donc trouvé sublime) - une sœur cupide (qui préférait le mari) et un psychanaliste (sic)... Jaime que tout ce qui vous habite vienne du cœur et votre amour du général [de Gaulle] est encore une merveille. Sa phrase sur les majorités (contre les majorités) me semble capitale. Le Scrutin de Jeanne dArc se composait de trois voix. Cest vrai que cétait celles de deux saints et dun archange. Merci pour ce que vous faites et allez faire...Gaston Palewski, né le 20 mars 1901 à Paris 9e et mort le 3 septembre 1984 au château du Marais au Val-Saint-Germain (Essonne), est un diplomate et homme politique français, issu d'une famille d'origine polonaise.Après avoir été député de 1951 à 1955, il est nommé ambassadeur de France en Italie. Il est ministre d'État de 1962 à 1965 et président du Conseil constitutionnel de 1965 à 1974.
Au commencement de la Grande guerre, Cocteau est assigné au service des ambulanciers auprès dune unité de fusiliers marins sur le front de Nieuport en Belgique. Il passe tout lhiver 1915 et le début de lannée 1916 dans la région de lYser où il vivra une expérience traumatisante qui conditionnera sa vie future. CE PRÉCIEUX MANUSCRIT DE POÈMES CHARGÉ DÉMOTION CONSTITUE LA RELATION DE CETTE TERRIFIANTE EXPÉRIENCE....Ma mère cétait bien elle assez bien elle / avec un tablier gorge de pigeon bordée (sic) de velours noir / et un petit lézard de diamant à son corsage / Elle me dit : je viens par le tunnel du rêve / Jai voulu écouter le canon avec toi / Car cette nuit il y aura une attaque / et moi je disais mais non, mais non / alors elle sassit près de moi / elle posa ses mains sur moi / et elle était dune tristesse immense / Elle me dit : Tu sais ton frère a son brevet de pilote / aussitôt / Et javais douze ans à la campagne / le soir, dehors, après dîner / mon camarade Charles dit : "il paraît / que les frères Whrit volent" / Maman sourit en cousant / Mon frère Paul toujours incrédule / Et Charles dit : Je serai mort / il y aura une grande guerre / et Paul qui fume la sous ce chêne / Volera et jettera / des bombes la nuit sur des villes…[alors jétais avec mon frère en aéroplane / nous volions dans un appareil Nieuport sans moteur / Nous volions a une grande hauteur / au dessus dun port ou entraient et sortaient les navires...]...[Juste au dessous de nous / il y a maman / elle nous cherche / elle nous cherche sur toute la terre probablement / alors je le suppliai de descendre / mais il disait : nous ne pouvons plus redescendre]Je me réveille mon bras / tué semplit deau de Seltz et le songe / Quelle heure est il a-t-on dîné / Le lieutenant me jette un coussin à la tête / mais couche toi donc tu dors debout / Je ne dors pas / Une lame de fond me roule / dans ce faux sommeil / Et je maccroche / à la barque jentends des rires / mais une lame de fond / memporte / profondément / dans les mers mortes / Alors jétais avec mon frère en aéroplane (…) Nous volions a une grande, grande hauteur / au dessus dun port ou entraient et sortaient les navires / Il me dit / Tu vois sur ce bateau / Juste au dessous de nous / il y a maman elle nous cherche / Elle nous cherchera probablement sur toute la terre / Et je le suppliais de descendre / mais il disait : non nous ne pouvons plus redescendre…...Ils dorment tous (…) / Ils se sont tous remplis comme un bateau fait eau / et soudain flotte à la dérive / Cette épave de couvertures / de genoux de coudes / (…) / les obus tombent / sur lhôtel de ville quil fait bon / sous leur bocage / nuit détoiles / La fusillade tape / de coups de trique secs sur / des planches tout lhorizon / sécroule......Cette nuit dans les mines / Une nuit à Nieuport Jai surpris entendu / le travail du rossignol au clair de lune / Qui donc brait / tousse glousse grogne et coasse / dans larbre endormi debout au cloroforme / (…) Cest le rossignol il prépare / son chant damour à la rose / a la rose en avril / et je sens ici là non là / cette odeur / mais cest elle ! Cest la rose ! / Voilà deux ans que je nai pas senti de rose / Le rosier viril en boutons / et bientot féminin / concentre / un explosif dodeur / qui tue les papillons crédules / Prépuces frisés de la rose / indécente / de la chaleur jadis ici / je vois une rose rouge…...Entre les deux poussent / La brousaille de fil de fer où se cabrent (…) / les chevaux de frise. Là / là cest le boulevard où on meurt / Le sol qui tue / Si on y marche / Comme sur le rail rouge du métropolitain (…) / La bande mixte / plus vide que sil y a la peste / La nuit on y fait des patrouilles / mais pas / La bande mixte / La zone qui foudroie / car en haut de petits trous / du périscope / loeil surveille et se perche (…) seul sur les sacs…...Mais ici la vie est interrompue / Car cette ville calme, cet égoût / étoilé sont moins sûrs / que Véra Cruz pendant la peste / Même / il arrive même quun promeneur / nentende pas gémir loiseau / des balles mortes / Et sans rien comprendre il sent sa figure vaporisée avec du chlorure de méthyle / [Et de nouveau la mer / Se posait de tous les côtés / comme une partie déchecs / autour de notre marche des mille murs du labyrinthe] (…) / [Et de nouveau la nuit / Déplaçait le bruit de la mer / comme un jeu déchecs / De tous côtés autour de nous / autour des mille / a droite à gauche de mille murs du labyrinthe]......Capitaine ! - Mon Capitaine ! / Nous allons arriver. Quelle route ! / les Ces trous dobus ! Le brancard / le brancard défonce la paroi en mesure, impossible / impossible de lattacher. Mon Capitaine ! / Mon Capitaine ! / Jai sa main qui sue, ses poils, son bracelet montre / Pitié ! Achevez moi ! Prenez mon révolver ! / Soyez charitable ! On arrive / On arrive / Mon Capitaine, on approche / on ne voit rien dehors. Sa balle Sa balle est dans le ventre. ma femme / ma femme…, il faut / Taisez vous, ne me parlez pas / vous parlerez à lambulance / Sortons dabord de ce chemin / ou les marmites… / Pouf ! Quatre Sa pâleur / éclaire, on voit ses mains sa moustache qui tremble / Calmez vous mon Capitaine / on approche / où sommes nous ? / À Gronendick. Encore ! / Je ne pourrai jamais / il vaut mieux machever / Calmez vous mon Capitaine / a boire ! Il ne faut pas / il ne faut pas boire. Il saute ! Ha je me couche...Le Discours du grand sommeil avait été dédié au jeune poète Jean Le Roy, mort au combat. Lépigraphe indique que ce long poème est "traduit (…) de cette langue morte, de ce pays mort où mes amis sont morts". Dès lors, la poésie devient une confrontation avec la mort, les pirouettes verbales si singulières de lécriture de Cocteau napparaissent que comme des exercices de funambulisme pour masquer le danger permanent de la mort. Le Discours ne parut pas en volume ; il fut recueilli dans Poésie : 1916-1923 (Gallimard, 1925).
04/02/1962 Jean Cocteau profite dun court séjour quil fait à Munich en février 1962, afin dy présenter LAigle à deux têtes, pour détailler son nouveau projet, un mimodrame intitulé Le Fils de lair, au chorégraphe Heinz Rosen avec qui il avait collaboré pour le ballet La Dame à la licorne 10 ans plus tôt. Le projet naboutira pas en raison du décès de Jean Cocteau lannée suivante en 1963...Jai une bonne nouvelle à vous apprendre, car jai complètement remanié le Fils de lair (Luft Rind) mimodrame avec danses chants récitations et musiques. Jai terminé les maquettes des costumes et il va falloir que vous trouviez des personnes capables de les exécuter ce qui est rarissime en Allemagne... Il prévoit en fond de scène ...un cyclorama ou bien une toile de ciel jaune pâle où descendra le soleil rouge suspendu à des fils [...]. Le fond sera photographique ! des ruines avec palissade de la zone (derrière laquelle se cachent les gitans). Il faudra en outre quatre têtes de chevaux blancs (pareilles à celles des chevaux noirs de mon film). [...] Il y aura le drap derrière lequel on voit des ombres chinoises de gitans et de gosse. A gauche et à droite des praticables de bois (comme dans la Dame à la Licorne). Sur celui de gauche se tiennent trois ou quatre chanteurs et récitants en costume de toreros et masques à cornes. Sur celui de droite le petit orchestre et une chanteuse soliste en robe du soir. [Suit une page de croquis]. Je ferai aussi la maquette [...] de la roulotte mais je la préférerai photographique donc prévient notre jeune photographe davoir à préparer (photographier) une roulotte avec une petite fenêtre praticable à rideau rouge Je crois que nous aurons une belle matière de travail que je compte écrire à mon retour de Munich... Cocteau ajoute en post scriptum : ...Prévenez votre musicien quil y aura des chants et cinq petites musiques daccompagnement des danses - Plus le tambour du bateleur...
1 page in-4.La traduction en français par Mary Hoeck des propos tenus par Jean Cocteau lors d'une émission de la B.B.C. a suscité de vives réactions ...Tout cela est éc?urant et ridicule, ... déclare Cocteau. ... N'y pensons même pas. Depuis 20 ans on s'est habitué à me prendre pour un imbécile qu'on roule et qu'on exploite. En admettant que Peyraud fasse des fautes, il n'en reste pas moins vrai qu'il redresse une pente fatale et qu'il s'efforce de combattre "ma ruine". ... Cocteau l'avait laissé libre d'agir, mais la veille il s'en est tout de même mêlé, exigeant qu'on ne l'embête plus avec cette traduction: ... on me fatigue. Et vous n'y êtes pour rien. Mon c?ur ne change jamais. Les personnes qui vous taquinent me font rire, et je les tiens pour grotesques. J'ai supprimé de ma vie les personnes qui "taquinent", mais si ma tendresse vous reste intacte, je n'en ai aucune pour ... les journalistes de l'Observer. ... L'Angleterre a pris le chemin de l'insulte. Eh bien, dit Cocteau, ... je n'irai pas. J'irai lorsque l'Angleterre, comme l'Allemagne, me traitera selon mon rang et mes ?uvres. Jean-Pierre Peyraud a été l'agent et le secrétaire de Jean Cocteau, de 1951 à 1963.
Belle et émouvante lettre de Jean Cocteau à lépouse du peintre Jean-Paul Brusset, qui fait suite au différend qui opposa les deux peintres lors de la réalisation des fresques à la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer :…Pour une ligne sans importance dans un canard (…) votre mari a oublié que je disais à chaque personne ma gratitude pour sa gentillesse et son courage, que sans lui je ne pouvais rien. Il a oublié ma préface, plus importante, je le crois, quun article. Le pauvre Brusset ne pense pas que si jai cité Triquenot cest uniquement parce quil me la présenté, et que Triquenot ma bien signifié quil était peintre et quil ne travaillait avec moi que par exception. En ce qui concerne lodieuse phrase sur « la chapelle qui se fait toute seule », elle prouve, hélas, que Brusset na rien compris (et ne comprend rien à une phrase très belle et très émouvante), jai dit que son aide et le céramiste quil découvrait être étaient autant de miracles dictés par la chapelle qui nous donne ses ordres. Sil voit tout par le petit bout de la lorgnette, mieux vaut quil parte et quil me laisse tomber. Ce ne sera pas ma première déception du cœur (hélas)...Il ajoute un long post-scriptum, véritable cri du cœur : …Il faut que je vous dise la vérité que personne au monde ne peut croire. Je suis un pauvre. On ma toujours volé, au cinéma surtout. Sans Francine [son amie et mécène Francine Weisweiller] je ne pourrais pas vivre sur la côte 15 jours. Je nai pu payer votre séjour que par sa bonté. Si jétais riche vous pensez bien que je vous couvrirais tous dor et que je nirais pas pleurer misère à la mairie…En 1955 le peintre Jean-Paul Brusset (1909-1985) sinstalle sur la côte dAzur avec sa seconde épouse, laméricaine Margaret Tatum. Quelque temps auparavant, il avait inauguré avec Aimé Maeght la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Brusset travaille la céramique à Vallauris. En 1956, il retrouve Jean Cocteau sur la Côte, qui lui demande sa collaboration pour l'exécution du travail graphique des fresques de la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer et de la salle des Mariages à la Mairie de Menton. Seul le travail de la chapelle sera exécuté car un différend va opposer Jean Cocteau à lépouse du peintre, Margaret Tatum Brusset, la destinataire de cette lettre.Jean Triquenot supervisa le travail des fresques à la chapelle, en labsence de Cocteau.
Brouillon dun article dans lequel Jean Cocteau propose une définition de lArt, en établissant notamment une distinction entre académisme et classicisme ...Une forme dart ne peut devenir classique si elle na pas dérouté à lorigine par son audace. [...]. Seulement la différence entre le classicisme et lacadémisme cest que lacadémisme est une mort définitive et que le classicisme est un sommeil quon peut réveiller comme la Belle au Bois avec un geste damour et un baiser sur les lèvres. Il nexiste pas une œuvre écrite ou architecturale qui parvienne à la sérénité dangereuse du classicisme sans avoir emprunté au visage humain cette étrange dissymétrie grâce à laquelle il évite la platitude et la monotonie. Du Parthénon à Versailles en passant par le Palais des Doges, tous les édifices qui nous émerveillent boitent comme Jacob après le combat avec lange et il en va de même pour les poèmes, les formes fixes servant de cadre aux singularités que chaque poète y apporte. Jajoute que certaines périodes mettent leurs chefs dœuvres en mauvaise posture et singulièrement lorsquil importe de contredire des périodes austères, ce qui oblige les artistes à encenser lange du bizarre. Cest après ces périodes qui nous valurent le style flamboyant et le rococo que lordre peut être considéré comme une anarchie parce quil soppose à la mode (...) Nous assistons donc à travers les siècles à un parcours ondulatoire, à des montagnes russes, danse de la beauté qui contrairement à lopinion de Baudelaire aime le mouvement qui déplace les lignes (...) Voilà, me semble-t-il, une étude passionnante, celle de cet esprit de contradiction qui habite lâme humaine et dont la transcendance est lesprit de création. Changer les règles du jeu. Secouer les fatigues. Réveiller ce qui somnole. Et voilà ce qui scandalise et, à la longue cesse de scandaliser pour lasser et prendre place dans le programme des collèges. Notre époque, dun rare éclectisme, sefforce de désennuyer et de déniaiser le genre dont lâge masque léternelle jeunesse intérieure. Et je souhaite que les jeunes architectes sefforcent de suivre lexemple des bonzes de théâtre qui pour le jeu, le décor et la mise en scène, ressuscitent les divinités et prouvent que le classicisme nest que la récompense des avant-gardes comme Gide disait que la patience est la récompense des chefs dœuvre. (...) Le fil à plomb est une paresse. Il a remplacé les équilibres, déséquilibrés et mystérieux qui correspondent aux mouvements dun acrobate traversant le vide sur un fil. Un chef dœuvre, quil soit dun architecte, dun peintre, dun écrivain, dun sculpteur met continuellement son auteur en danger de chûte. Ne pas obéir à cet appel du vide ou du néant. Continuer le travail sans vertige. Voilà ce qui assure à lart une manière déternité ! (...) le sens des proportions, sil se matérialise dans larchitecture ou le mobilier dénonce une élégance, noblesse pareille dans les âmes qui les conçoivent les exécutent et sen servent. Lartisanat abonde en merveilles de ce genre et il marrive de mattrister en constatant une carence de nos âmes à travers celle de proportions qui ne relèvent plus que de certaines règles impersonnelles sans que la désobéissance les fasse vivre, les repersonnalise, règles quil ne faudrait pas confondre avec la rigueur...
Notes destinées au recueil dentretiens avec R. Pillaudin, à propos du tournage de son film Le Testament dOrphée....Jai usé de la musique avec une extrême prudence. Je naimerai pas lui devoir lémotion des images. Il y a un thème de Hedel [Haendel] qui surgit plus[ieurs] fois J-Bach et Bocherini et apparaissent lun sur le commencement de la fleur (...) Gambade comme le pauvre de Picasso & la dame qui se trompe dépoque (...) égorge ce fantôme. Le cor de Tristan joue un rôle musical considérable et aussi les tambours et les petites trompettes courtes (...) Où ce jeu par superstition (n) a toujours collecté à son plan et en donnant le générique son nom est venu tout seul sur lardoise.Il parle à toutes les sonneries des trompettes qui accompagnent lapparition de Minerve et il a eu lidée exquise de mettre sa dernière image dOrphée qui me servait de prologue en admirable phrase (cela va loin) de mon premier film le Sang dun Poète...A la fin de lannée 1959, Jean Cocteau, en pleine élaboration de son film Le Testament dOrphée, accepte la présence sur son plateau dune équipe de radio, dirigée par le producteur-réalisateur Roger Pillaudin. A la suite de cette expérience paraît Le journal sonore du Testament dOrphée, recueil dentretiens entre Cocteau et Pillaudin.
J. Cocteau évoque « la grande époque des films » et brosse un portrait admiratif de lactrice Marlène Dietrich ...Ceux qui, comme moi, ont eu la chance de vivre la grande époque des films et de voir, à califourchon sur une chaise et coiffée dun chapeau haut de forme, Marlène chantant : Ich bin phon [von] Kojt bis Fuß auf Liebe eingstellt denn das ist mein Welt und sonst gar nicht conserveront toujours une image parfaite de lélégance et de la beauté. Comme le vieux professeur quelle ensorcelle à lAnge Bleu, ils resteront sous le charme de cet oiseau et de cette fleur (Oiseau assassin et fleur carnivore, tuant tout autour deux comme il arrivait parfois à Mistinguett lorsque, déjà moins jeune, elle éteignait la trop étincelante des girls (...) Dépouillée de ses plumes qui semblaient appartenir à son corps et de la palissade obscure de ses cils, Marlène est une épouse humble et douce, une mère amoureuse de sa fille, une amie comme il nen existe que très peu en ce monde. Courage et cœur, voilà celle dont le nom commence par une caresse et sachève par un coup de cravache. Marlène Dietrich ! Une étoile, mais une étoile qui ne brille que pour nous montrer la route vers la bonne auberge dont la porte ne se ferme devant personne...
Notes préparatoires de lauteur sur son film Le Testament dOrphée :...Page 22. Qui font les cils (qui font cils est mauvais).Supprimé verte et bleue cétait pour le reconnaître des autres et ce nest pas en couleur. Cela troublerait.La statue de loracle (remplace partout devin par oracle) (connait deux vers blancs est laid deux serpentins blancs) « Se rebelle » nest pas dans mon vocabulaire mets« il résiste » (...) Après quelle horreur ! quel horreur ! (il le redira dans le film, lorsque la lance de Minerve le traverse). Cest la deuxième tuile et nous avons 2 Thuillier (le portier de lhôtel porte le même nom que le producteur mais « avec un seul aile » Monbailly (bas de page 26) ajoute en note (on devait après le film découvrir dans les ruines de Baux une mosaïque représentant lhomme cheval exactement tel que Cocteau la imaginé)Je naime pas « entrée remarquée » (bas de la page 27) mets une entrée saisissante. Matelas à plume qui lempêchera de rebondir. Hommage allusion ?...A la fois biographique et manifeste poétique, Le Testament dOrphée ou ne me demandez pas pourquoi sort en 1960. Jean Cocteau incarne le poète et de nombreux artistes participent au tournage : Jean Marais, François Périer, Maria Casarès, Yul Bruner ou encore Françoise Sagan, Pablo Picasso... Si la critique accueille le film avec enthousiasme, le public reste réservé.
Notes prises par Jean Cocteau en vue de la préparation dune émission radiophonique de Roger Pillaudin, à propos du tournage de son film Le Testament dOrphée, ...Pas du tout. Cest le contraire je les ai eus par économie. Je voulais faire un film modeste cétait une règle morale contre les dépenses excessives du cinématographe et comme je naurais pas pu payer des acteurs et les voyages il ma fallu recourir à des amis qui voulait me rendre service et qui se trouvaient être de grands acteurs et parfaitement conformes à lemploi du rôle. Un grand acteur gagne en outre du temps car il joue en 2 minutes ce que dautres mettraient un jour à réussir. Je profite de cette emission pour remercier tous ceux qui ont bien voulu paraître dans le test[ament] dOrphée.Cette émission est un bref préambule à la série démissions que la radio veut bien consacrer à mon film...A la fin de lannée 1959, Jean Cocteau, en pleine élaboration de son film Le Testament dOrphée, accepte la présence sur son plateau dune équipe de radio, dirigée par le producteur-réalisateur Roger Pillaudin. A la suite de cette expérience paraît Le journal sonore du Testament dOrphée, recueil dentretiens entre Cocteau et Pillaudin.
Très beau texte de préambule au spectacle de Pelléas et Mélisande qui devait se jouer au théâtre de Metz et pour lequel Cocteau signa les décors : le poète évoque comme source dinspiration à sa mise en scène un souvenir denfance et celui du décor originel créé par Jusseaume...…Pelléas est une pièce qui semble réaliste et irréelle. On y souffre damour et de solitude mais la mort de Mélisande nous fait penser au vol nuptial des abeilles. Or le réalisme irréel nest autre que le domaine enfantin et cest pourquoi après bien des refus en France, en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Amérique, jai fini par me résoudre, pour le festival de Metz à me souvenir des programmes et du magazine « Le Théâtre » (...). Jai voulu mouvoir des personnages dun style médiéval aux fraîches couleurs, dans des esquisses exécutées daprès ce qui reste dans ma mémoire des décors du spectacle dorigine, lorsque la salle houleuse se moquait de ce mariage mystérieux dun chef dœuvre avec un autre, la musique impressionniste et féminine de Claude Debussy dévorant un peu le texte mâle de Maeterlinck comme il arrive dans laccouplement des mantes religieuses. Jaimais ces décors de décors construits et qui ne contraignent pas le spectateur à un effort dimagination. Seulement leur nombre et les interludes en rendent la mise en place très difficile et jai pensé que le mélange du simple dessin et des lumières qui traversent les zones transparentes sur lesquelles il sébauche suffiraient à conduire le spectateur dans le royaume de Maeterlinck sans que lEmpire de Claude Debussy en souffre (…). Mon but serait de ne pas ajouter à deux grandes œuvres conjointes un poids pittoresque et décoratif... En 1952, après une représentation de Pelléas et Mélisande, Cocteau notait dans son Journal : « Pelléas est un pléonasme, un chef-d'œuvre en recouvre un autre. Mais dans ce mariage de mantes religieuses, la femelle mange toujours le mâle, et la musique féminine de Debussy mange Maeterlinck ». Dans lintroduction du Programme joint, Cocteau explique que, lorsquil était enfant, ses parents, revenant du théâtre, laissait sur son lit, pendant son sommeil, un superbe magazine en couleurs « Le Théâtre ». Pour les décors quil fit, pour le théâtre de Metz, il a donc tenté de retrouver ce souvenir denfance, tout en demeurant fidèle au décor originel de Jusseaume. Cocteau conclut : « Puisse la profonde et douce lumière de Maeterlinck de traverser cette ruche et méviter dalourdir le vol nuptial de Mélisande semblable à celui des abeilles »...Seul drame lyrique de Debussy, joué en 1902 sur la scène de lOpéra-Comique, daprès Maeterlinck, lœuvre est « aux confins de la poésie et du silence » comme lécrivit Gaston Bachelard. La partition est pleine de mesures blanches, de « silence actif » destiné à faire « valoir lémotion dune phrase ».
Beau brouillon de lettre dans lequel Cocteau exprime des reproches à un intime : ...Jai cru, je lavoue, comme les autres quune certaine négligence te faisait me donner des livres a letat débauche et quà sa place que tu publiais des notes. Comme les autres, je nai pas su voir que les mots de ton œuvre senchaînent semboitent étroitement les riens dans ton œuvre ne reste(nt) a létat débauche - que dévisser un seul boulon arrêterait lusine, que les mots durs se commandent, sépousent se baisent.... Comme les autres jai souvent pris pour des ébauches (...) le jeu des surfaces leffacement de toute la géométrie pédante en faveur dun tout volontaire -Ces constructions soudaines (...) Ces pages où un coin dur de lidée se montre supposant le reste comme dans les blocs de cristal quartz où leau solide et seul à connaître les limites dune pensée dont nous une forme dont un angle seul apparaît...