Exceptionnelle lettre à André Malraux : celle écrite le 3 décembre, quelques heures avant l'annonce du prix Goncourt. La Paz, le 3 déc. [1956]. 1 page en 1 f. (205 x 235 mm) à en tête de l'« Ambassade de France en Bolivie », mine de plomb. Lettre autographe signée, rédigée à la mine de plomb sur papier à en-tête de l'ambassade de France en Bolivie. Elle est datée de « La Paz, le 3 déc. [1956] ».
Reference : 31423
Exceptionnelle lettre à André Malraux : celle écrite le 3 décembre, quelques heures avant l'annonce du prix Goncourt. « Cher André Malraux, J'ai mis de votre côté toute une collection de Hopi pour les intéressés, mais je suis à La Paz, et les personnages sont à Los Angeles - j'attends une occasion... Ce matin, lundi trois décembre où je vous écris, j'ai le trac... comme si mon grand André Malraux devait recevoir le Nobel, et qu'on n'était pas encore sûr. Romain ». C'est le correspondant de l'Agence France Presse à La Paz qui annonce à Gary la décision du jury Goncourt de lui décerner le prix 1956, par huit voix pour contre une à Michel Butor pour L'Emploi du temps et une voix à Angélina Bardin pour Une fille des champs . « Je suis déchiré entre la joie de me voir décerner le prix Goncourt et la tristesse de constater que l'idéal de liberté et de dignité humaines que je défends dans mon livre n'a jamais été plus menacé » : ce sont les premiers mots de Romain Gary à cette annonce et d'ajouter, « Une seule chose me causerait une joie personnelle aussi grande que de recevoir le prix Goncourt : que le prix Nobel soit attribué à André Malraux. » Malraux, l'année précédente, figurait déjà dans la short-list suédoise, aux côtés notamment d'Henri Bosco et d'Albert Camus. Il s'y retrouve l'année suivante, avec Pagnol, Saint-John Perse. Mais c'est l'écrivain espagnol Juan Jimenez qui est choisi ; Camus lui succédera en 1957. Il n'oubliera pas Malraux dans son discours : «Je tiens à dire que, si j'avais pris part au vote, j'aurais choisi André Malraux pour qui j'ai beaucoup d'admiration et d'amitié et qui fut le maître de ma jeunesse.» Malgré cela, Malraux ne sera jamais honoré et aura connu, au final, 32 nominations pour le prix ! Gary retrouvera Paris le 10 décembre, six jours après que le prix Goncourt lui a été décerné, au terme d'un voyage de 32 heures en Caravelle. Le Quai d'Orsay lui a donné une disponibilité exceptionnelle pour trois semaines, pendant lesquelles il enchaînera les entretiens et obligations dues à la réception du prix. Premier roman à avoir ouvertement pour sujet central la protection de la nature, Les Racines du ciel est aussi - encore - un roman de résistance : « celui de la résistance à tout ce qui opprime l'homme, où que ce soit et de quelque manière que ce soit ». C'est pourquoi Romain Gary écrivit en décembre 1956 après l'entrée des chars russes à Budapest : « Il faut sauver les éléphants hongrois. Ils reprendront un jour leur marche triomphale » (Larat, Romain Gary, Une trajectoire dans le siècle, II, p. 48).
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Clermont de l'Oise, 33 place de l'Hôtel de ville, [1928]. 2 pages 1/2 en 1 f. (280x 180 mm) plié, encre bleue sur papier de deuil. « Monsieur, Si je puis vous être utile ou simplement agréable, j’en serai trop heureux, car je n’ai pas oublié votre fidèle et généreuse critique de L’Imposture, et votre nom est pour moi celui d’un ami. Puis-je vous prier de me fixer un rendez-vous à Paris, jeudi prochain, au début de l’après-midi, (mon train arrive à deux heures), et à l’endroit qui vous plaira ? Veuillez croire, Monsieur, à ma très fidèle et profonde sympathie, G. Bernanos. Lundi soir. »
Historique premier échange entre les deux écrivains, auteurs dans la décennie suivante des deux romans majeurs sur la guerre d’Espagne : L’Espoir et Les Grands Cimetières sous la lune. Cette lettre fait suite à l’article donné par Malraux dans La N.R.F. (n° 242, 1er mars 1928, p. 745), rendant compte de L’imposture lors de sa publication : elle constitue la première trace d’une « rencontre » entre les deux écrivains, « au moment où Malraux faisait connaître sa réaction face au deuxième roman de Bernanos […]. Malraux a été un des premiers à percevoir la nouveauté du roman bernanosien, où [il] voit dans la structure dramatique de L’Imposture un signe indubitable que le roman moderne a pris le relais de la tragédie » (Joseph Jurt, Malraux et Bernanos face à la guerre civile d’Espagne, Présence d’André Malraux, n° 16, 2018, p. 73-87). Malraux l’agnostique sera durablement marqué par la lecture de Bernanos ; tellement, qu’il devait accepter sur-le-champ en 1974 (à la demande de Jean-Loup Bernanos, le fils cadet de l’écrivain) de préfacer une réédition à venir aux Éditions Plon de l’œuvre complète de son père. Cet ambitieux projet n’ayant pas abouti, la préface a été reprise dans l’édition de poche du Journal d’un curé de campagne, mais fut d’abord publié dans Le Figaro littéraire (n° 1480, 28 septembre 1974, p. 11 et 12), sous le titre « Bernanos, le dernier témoin de la pitié sacrée ». Texte remarquable, l’un des plus pénétrants écrits sur Bernanos, qui fait notamment référence à l’œuvre de Dostoïevski, à près de vingt reprises. Rappelons que Georges Bernanos décède Le 7 juillet 1948 à l’hôpital américain de Neuilly : quelques jours auparavant, il avait fait appeler à son chevet André Malraux, sorti bouleversé après un entretien de quatre heures, dont rien ne devait filtrer. « On sait assez bien en revanche le dialogue qui s’était engagé entre les deux écrivains à leur retour d’Espagne, chacun de son côté, en 1937. À Malraux le félicitant pour sa ‘sincérité inflexible’ et lui faisant part à son tour de ses propres déconvenues dans l’autre camp, Bernanos l’interrompant avait alors lancé : » Mais pardon, Malraux, avez-vous fait comme moi ? » Malraux : Vous êtes chrétien, vous agissez en chrétien, moi je suis communiste, je n’écrirai jamais un mot qui puisse porter le moindre préjudice au parti. » Bernanos : Bon, cela vous regarde, mais alors quel cas dois-je faire de vos éloges ? Aux yeux des hommes comme vous, je ne puis passer que pour un imbécile ou un fou. » (Pilé, « Bernanos ou l’invincible présence », Expressions, n° 536, juin 1998). Malraux sera présent aux obsèques – mais à titre seulement privé –, et en était le seul représentant du monde des lettres et de la politique, lequel, sans doute, ne s’était pas senti obligé envers un homme obstiné à décliner ses honneurs : refus à trois reprises de la Légion d’honneur (1927, 1938 et 1946), d’un fauteuil à l’Académie française ou de postes de ministre et d’ambassadeur. Malraux, en 1974, terminait sa préface par ces mots : « Rendant compte de L’imposture lors de sa publication en mars 1928, j’écrivais dans La N.R.F. : Dans ce livre, ce ne sont pas les personnages qui créent les conflits, mais les conflits qui suscitent les personnages… Je ne serais pas étonné que les ‘crises’ apparussent à M. Bernanos avant même que les personnages fussent fixés par son imagination. La réussite de L’Imposture était moins grande que celle du Journal d’un curé de campagne. Mais qu’il est singulier d’employer le mot réussite pour parler d’un livre de Bernanos ! »
Clermont de l'Oise, 33 place de l'Hôtel de ville, [1928]. 3 pages en 1 f. (280 x 180 mm) plié, encre bleue sur papier de deuil. « Monsieur, C’est une grande consolation pour moi que le témoignage d’une sympathie aussi clairvoyante, aussi généreuse que la vôtre. Mais encore, la consolation n’est rien. Vous avez fait mieux que consoler. Vous êtes désormais l’un de ceux, je vous assure, dont l’amitié m’assiste dans le nouveau travail que j’ai entrepris. Vous avez magnifiquement servi L’Imposture mais La Joie vous devra plus encore. Je souhaite, je souhaite de tout cœur, continuer à travailler pour vous, et pour quelques autres, en petit nombre, qui savent, du moins, que je suis tout entier dans mes livres, avec une douloureuse sincérité qui me tient lieu de talent, et que je ne m’y épargne pas. À vous, très profondément, G. Bernanos »
Seconde lettre de Bernanos à Malraux, faisant suite au premier échange. La réponse de Malraux n’est pas connue mais, à l’évidence, elle fut d’importance pour Bernanos, alors en pleine rédaction de La Joie, qui sera publié en mai 1929. C’est la suite de L’Imposture, qui se terminait sur la mort de l’abbé Chevance, veillé par la jeune Chantal de Clergerie qui l’aida à mourir en paix, dans la joie qu’elle avait reçue de Dieu. Des pages déjà saluées par Malraux. La Joie obtiendra le Prix Femina. Que dira Malraux de l’auteur de cette œuvre « de première magnitude » ? Qu’il y a « écrit les plus belles scènes de la fiction moderne, par la profondeur et la puissance. »
Paris, Grasset, 1976. In-8, broché, couverture illustrée, 342 pp.
Première édition. Planches photographiques hors-texte. Bon exemplaire. Photos sur demande.
Paris Grasset 1976 1 vol. broché in-8, broché, couverture à rabats, 342 pp., 8 planches hors-texte. Edition originale de ce récit d'une longue liaison, par Suzanne Chantal, amie proche de Josette Clotis. Un des 45 exemplaires numérotés sur vergé de Lana, seul tirage en grand papier. En parfaite condition.
Paris, Bernard Grasset, 1976, broché , 13x20,5 cm, 342 pages, 8 pages d'illustrations photographiques en noir et blanc.