[DELACROIX (Eugène)]. MOREAU (Adolphe). E. DELACROIX ET SON ŒUVRE. Avec des gravures en fac-similé des planches originales les plus rares. Paris, Librairie des bibliophiles, 1873. Maroquin vert, dos à cinq nerfs, titre doré, tête dorée, roulette sur les contreplats [R. Petit]. Dimensions des feuillets : 24 x 16 cm. Bel exemplaire sur grand papier, relié en maroquin par Petit, condition rare pour ce livre important, l’un des premiers consacrés à l'œuvre de Delacroix. Un des 30 exemplaires sur papier Whatman, avant 270 sur vélin, numéroté à la main. Selon la justification, seuls 200 exemplaires avaient été mis en vente.
JARRY (Alfred). VISIONS ACTUELLES ET FUTURES. Collège de Pataphysique [sic pour l’absence d’apostrophe], 8 Tatane LXXVII E.P. [21 juillet 1950.] En feuilles sous couverture rempliée, 19,5 x 13,5 cm. Un des 13 exemplaires optimatiques annoncés, sur Crèvecœur. Édition originale de ce texte de Jarry paru dans l’Art littéraire alors que l’auteur n’avait que vingt ans. C’est l’une des toutes premières publications du Collège de ’Pataphysique, s’ouvrant sur des prolègomènes de Sa Magnificence le Vice-Curateur-Fondateur. La justification n’annonce que 90 exemplaires. Bien complet de l’illustration mathématico-génitale, qui semble du reste ne jamais manquer.
RIMBAUD (Arthur). ŒUVRES COMPLÈTES. Première édition intégrale, avec introduction et notes bibliographiques par Pascal Pia. The Halcyon Press, A.A.M. Stols, éditeur, 1931. Toile bouton d’or [Reliure S. Tiessen], deux plats de couverture et dos conservés [le second plat légèrement rogné, car non séparé du dos], 28,5 × 20 cm. Un des 100 exemplaires sur papier de Hollande, très bien conservé. La justification annonce également 21 exemplaires sur Japon, dont un contenant les croquis originaux du portrait, et 250 sur vergé, outre quelques hors commerce. Très belle réalisation de Stols, avec une typographie en rouge et noir, peu courante même en tirage ordinaire. Notes érudites et véhémente introduction de Pascal Pia, qui n’avait pas vingt-huit ans. En frontispice, un portrait gravé de Rimbaud, par John Buckland Wright. Goudemare, la Bande à Bonnel, 59 (exemplaire du tirage courant).
MENDÈS (Catulle). SIX LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES À L’ÉDITEUR DE MUSIQUE HENRI HEUGEL. Dimensions diverses. Extraits : 18 février 1904. « Hélas ! Oui, mon ami. Notre rêve est évanoui. Il faut donc nous en tenir à la stricte nécessité. Je viens donc d’écrire à Paderewski que Çakountala est à sa disposition. » 1er mai 1904. « Vous devez savoir que j’ai fait entendre mon petit ouvrage à notre excellent ami. Il a paru extrêmement content. Le manuscrit est entre ses mains. Et voilà une affaire close. » 4 novembre 1904. « Mon seul chagrin, c’est que Massenet ne puisse pas me faire encore connaître quelques pages du moins d’une œuvre que je pressens si tendre, si forte, et si haute. » [9 juillet 1906] (cachet). « Messager, — ne nous le dissimulons pas, admirable technicien, est à l’heure actuelle une fauvette artificielle, un peu usée, — qu’il faut un gosier vigoureux pour chanter Pierre ! — Malgré moi, et malgré les objections, je ne peux m’empêcher de resonger à [Xavier] Leroux. Carré lui a parlé […] Leroux, tout feu tout flamme, sans connaître un mot du poème, ne demande qu’à l’emporter à la mer, où il part demain. — Voulez-vous me faire le plaisir de me réserver une minute ce matin ? Vous déciderez. » Sans date. « J’ai fini, entièrement, Scarron. Mais, de grâce, ne le dites à personne, pas même à vous. Je vous expliquerai pourquoi. Dès mon retour, demain ou après-demain, je commence le scenario de le Pays du Tendre. Déjà beaucoup d’idées m’ont traversé l’esprit, assez vives et joliettes. » Sans date. « Samedi, cinq heures, Ménestrel, c’est entendu. — J’ai ici le premier tableau, assez long, fini, parachevé, et chic ».
BAUDELAIRE (Charles). DE QUELQUES PRÉJUGÉS CONTEMPORAINS. Une page au recto d’un feuillet, 27,5 × 22,3 cm. Sans date [ca. 1850]. Brouillon autographe, d’un format remarquablement grand, d’un projet de texte évoquant plusieurs figures capitales et sujets de première importance dans l’œuvre de Baudelaire. Les brouillons de Baudelaire sont rares en mains privées. Ils fournissent l’aperçu le plus direct de sa façon de travailler. Ce projet de texte, avant-goût de Mon cœur mis à nu et de Fusées, mêle les intérêts littéraires du poète à la forme pamphlétaire qu’il emploie à la fin de sa vie. Il constitue un condensé allusif de la pensée de Baudelaire. Transcription (ATTENTION : dans cette notice, du fait du formatage des notices sur le site, les caractères barrés n'apparaissent pas comme tels dans la transcription ; se référer aux photos pour cela) : De la Poes [Centré] De quelques préjugés contemporains De M. de Béranger — poete — et patriote Qu’est-ce qu’un préjugé — Une mode de penser — De M. de Béranger — poete et patriote — De la Patrie au dix neuvième siècle — De M. Victor Hugo. Romantique — et penseur. De Mr de Lamartine — auteur Religieux. De la Religion au dix neuvième siècle — De la Religion aimable — Mr Lacordaire De M. Victor Hugo. Romantique et Penseur De Dieu au dix neuvième siècle — De quelques idées fausses de la Renaissance Romantique — Des filles Publiques et de la Philanthropie — [Rajouté dans un interligne, légèrement en retrait] (Des Réhabilitations en général). De Jean Jacques — auteur sentimental et infâme — De la République au dix neuvième siècle — et des Républicains. (G. Pagès — et D. Cormenin jugés par Robespierre). Des Fausses Aurores — Epilogue ou Consolations. Il est difficile de déterminer dans quelle mesure Baudelaire reprend à son compte ou combat les préjugés qu’il évoque ou que l’on devine à travers ce style lapidaire, et ce que le texte projeté devait révéler de l’évolution de la réflexion de Baudelaire depuis 1848. Cette étude du préjugé peut se rapprocher d’éloges ultérieurs du poncif et du lieu commun sous sa plume. Dans Fusées (Pléiade, I, 662) : Créer un poncif, c’est le génie. Je dois créer un poncif. Et plus loin (Fusées, Pléiade, I, 670), cette concise poétique de l’énoncé du lieu commun : Sois toujours poète, même en prose. Grand style (rien de plus beau que le lieu commun). Quant au terme de « préjugé », on le retrouve dans deux lettres capitales de Baudelaire : la lettre à Mme Sabatier du 31 août 1857 ( « Vous voyez, ma bien belle chérie, que j’ai d’odieux préjugés à l’endroit des femmes ») et l’unique lettre connue adressée à Wagner, le 17 février 1860 (« La première fois que je suis allé aux Italiens pour entendre vos ouvrages, j’étais […] plein de mauvais préjugés »). La présence de ce document dans la collection d’autographes de Champfleury permet d’en situer la rédaction durant la période 1848-1852, pendant laquelle Baudelaire et l’auteur de Chien-Caillou furent particulièrement proches — ils fondèrent ensemble l’éphémère Salut public en 1848. Notes au verso, d’une autre main : dans la partie supérieure, au centre : « N 4. » Puis, un peu plus bas : « 9 » — en rapport peut-être avec l’adjudication au prix marteau de 9 francs lors de la vente Champfleury ? Dans le coin inférieur droit : « XX ». Catalogue des autographes composant la collection Champfleury, 1891, numéro 24 ; ancienne collection Armand Godoy, reproduit en fac-similé dans Le Manuscrit autographe, numéro spécial consacré à Charles Baudelaire, 1927, page 76 ; Pléiade, II, page 54. Traces de pliures, légères restaurations marginales, papier bruni ; très beau toutefois. Nous exprimons notre vive reconnaissance à Andrea Schellino pour les explications précieuses qu’il nous a apportées dans le cadre de la rédaction de cette notice.
ANET (Claude). ARIANE, JEUNE FILLE RUSSE. Paris, aux éditions de la Sirène, 1920. Maroquin fauve, plats de papier fantaisie, dos lisse [Devauchelle]. 1 feuillet blanc, 1 feuillet (faux-titre, oeuvres du même auteur au verso), 1 feuillet (frontispice, sur un papier glacé), 1 feuillet (titre), pages [7]-235, verso blanc, 1 feuillet de table (recto numéroté 237, verso blanc), 1 feuillet (justification, verso blanc). Plats de couverture et dos conservés. Non rogné en queue. Édition originale. Un des 15 exemplaires sur papier de Corée, seul grand papier, celui-ci numéroté 9. Bel et rare exemplaire, joliment relié par Devauchelle, de ce livre adapté au cinéma par Billy Wilder sous le titre "Love in the Afternoon" ("Ariane" en français), avec Audrey Hepburn, Gary Cooper et Maurice Chevalier. Un feuillet "Vient de paraître" a été conservé, ou joint. Pages 126-127 inégalement brunier (probablement du fait de la présence ancienne d’un document inséré à cet endroit). Très petit manque de maroquin au second plat, infime frottement au coin supérieur du premier plat. Le timbre de l’auteur, mentionné à la justification, semble absent ; nous ignorons s’il a jamais été porté sur des exemplaires de ce livre.
[DUFY (Raoul)] FLEURET (Fernand). FRIPERIES. Poésies de Fernand Fleuret ornées de vignettes gravées sur bois par Raoul Dufy et coloriées à la main par Jeanne Rosoy et L. Petitbarat. Paris, nrf. 1923. Première édition illustrée de ces charmantes poésies de Fleuret. L’illustration est constituée de certains des premiers bois gravés de Dufy — ils ont été réalisés bien avant cette publication. Envoi autographe signé de l’auteur : "Au poète Pierre Lhoste, bien cordialement, Fernand Fleuret" Agréable exemplaire, sans rousseurs. Petites traces de plis à la couverture.
MAURIAC (François). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ROBERT LEVESQUE. 20 mai 1927. 1 page, 18,5 × 14 cm. Adresse autographe. « Vous me parlez d’un ami intellectuel, d’un ami de cœur... et ne me dites rien de celui qui sûrement existe, qui vous aime, et que vous n’aimez pas. Ainsi va la vie selon le rythme Racinien : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n’aime personne. Mais je vous souhaite de vous évader au plus tôt du Royaume de garçonie... Qui donc me connaît que vous connaissez ? Votre lettre témoigne d’un esprit de finesse bien charmant ; il y a beaucoup de coquetterie dans votre sincérité... Plus tard comme aujourd’hui vous voudrez qu’on vous demande votre cœur. (Cœur est un mot commode ; c’est une rubrique.) Adieu, cher monsieur. Soyez heureux d’avoir dix-huit ans. C’est la plus belle et la plus brève de nos aventures. »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL ?]. 2 pages. « 1 janvier Mon cher ami, Ma lettre vous parviendra sans doute je ne sais où dans la neige, à moins qu’elle ne vous attende au chaud rue Garancière. Dites-vous que je travaille, que j’ai travaillé le jour de Noël et celui du premier janvier comme d’habitude, dans mon vieux Café de la Rade, et que je pense toujours à la date prévue du 15 janvier. Cela vous fera plus plaisir que de simples souhaits, plus sincères, hélas ! — je le crains — qu’efficaces. Mes vœux respectueux à M. votre Père. Votre vieil Ami GBernanos »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL ?]. 4 pages. « [D’une autre main : “1935”] [Dans le coin supérieur gauche :] Affectueux merci pour les cinq mille. [À l’horizontale :] 4 février Mon cher ami, Le retard de ma petite dactylo ne me permet pas de vous envoyer ce soir les premiers chapitres de mon livre. J’ai attendu d’avoir à peu près terminé la conclusion pour revoir cette première partie, que je suis forcé d’abréger car le livre aurait été trop long et trop cher — 450 pages. Ces premières pages — une centaine — vont partir lundi. Je voudrais absolument que vous les envoyiez à la composition tout de suite, en me faisant écrire d’urgence quand je dois envoyer la suite pour ne pas interrompre le travail. Croyez-vous pouvoir en venir à bout dans six semaines ? Il me semble que les circonstances nous servent magnifiquement, mais les grands chefs de l’escadre sont si pessimistes que j’ai littéralement — sauf votre respect — le feu aux fesses. Tant pis. J’ai tenu bon. Je n’ai rien cédé à l’impatience. À la grâce de Dieu. Répondez vite. Votre ami, GBernanos »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL]. 2 pages. [Juillet 1935] « Cher ami, Je vous envoie quarante-deux pages (vous pouvez refaire le compte, mais il est exact, car j’ai poussé le scrupule jusqu’à décompter les lignes que j’avais recopiées sur le texte primitif, à cause des raccords). J’envoie en même temps les pages dactylographiées incorporées au nouveau livre. Ceci pour votre commodité. Sans ça, on ne s’y reconnaît plus. Vous seriez gentil de m’envoyer la galette d’urgence — toujours, hélas ! toujours… Merci de votre petit mot. Naturellement, je ne ferai pas de dédicaces ici, ou très peu. La carte suffira très bien. Il n’y a qu’à faire suivre le nom de l’adresse — Palma Espagne. Ça convaincra les incrédules ! Je viens de recevoir les beaux exemplaires de la Palatine. Merci. Bien affectueusement, GBernanos » Publication : Georges Bernanos, Correspondance inédite, 1934-1938. Combat pour la liberté, Plon, 1971, lettre 391, page 89.
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL]. 4 pages. « Toulon, 19 janvier Mon cher ami, je suis inquiet de ce que vous m’écrivez de votre fils. Il est vrai que dans l’état nerveux où je suis, je m’inquiète plus facilement que je ne me rassure. C’est peut-être aussi pourquoi je sympathise profondément avec lui. Je le connais si peu, et je souhaiterais bien le connaître. Mon vieux, faites encore un effort. Envoyez-moi trois mille francs par mandat télégraphique. Les médecins me sont tombés dessus, et beaucoup d’autres avec. Vous vous dites peut-être que je dépense beaucoup. Mais je vous jure que ce n’est pas pour moi ! Je me prive de tout, je n’ai même pas un complet veston. Il me tombe toujours sur le dos des embêtements jamais prévus. Je voudrais que vous ne comptiez pas ces trois mille francs dans la prochaine mensualité, sinon je ne m’en sortirai pas. Écoutez, je crois que vous serez bien payé par mon prochain livre, que vous n’y perdrez rien. Michel est à Marseille. Il prend pension dans une famille et reçoit des leçons particulières — coût 650 francs par mois sans compter l’argent de poche et les tramways. Yves a très bien réussi à la Cie Fabre. Ne tardez pas, mon vieux, je vous embrasse. GBernanos »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À PIERRE BELPERRON]. 4 pages, 27,2 × 21,2 cm. Trace de trombone et de plis. D’une autre main, dans la partie supérieure : « Cette lettre répond à une critique du roman, 2e partie, par P. B. — non retrouvée. Janvier 1935. Lettre à Pierre Belperron. Plon répond le 23/1/35 et le 24/1. » Très belle et riche lettre à l’un de ses correspondants chez son éditeur (Plon). « Dimanche — Cher ami, Renvoyez-moi de toute urgence le manuscrit d’“Un Crime”. J’ai une proposition à vous faire. En quinze jours, à dater de la réception du dit-manuscrit, je puis refaire compètement la seconde partie, et la rendre accessible à Monsieur Lebrun lui-même (président patriote de la super-patrie française, championne de la civilisation gréco-romano-tarasconaise en face de la Barbarie orientale et asiatique, dont la frontière est à Sarrebrück et à Sarrelouis, comme nul n’en ignore.) Cinquante pages de nouveau texte suffiront, puisque le livre est déjà, ce vous semble, un peu longuet. Cette seconde partie dans le rythme de la première, qui enchante l’auteur de “Débats”. Je demande que ces cinquante pages me soient payées au tarif d’usage. Tout le monde sait que je vis au jour le jour — hélas ! — et que je ne puis mettre ma famille au régime purement hydrique pendant deux semaines. En retour, je m’engage à n’utiliser en rien la seconde partie actuelle, dont il me sera ultérieurement facile de tirer un conte de cent pages, pour le volume de nouvelles à paraître ultérieurement chez vous. Ainsi votre maison, comme de juste, ne perdra pas la valeur de ces pages, déjà payées par elle. Du point de vue de mon métier, que j’ai la prétention (ridicule, il est vrai) de connaître peu [sic], mais tout autant que le pou [Appel de note en bas de page : “Je dis : POU”] de bénitier Marcel (Gabriel) c’est la seule solution possible. Je ne nie pas qu’ayant commencé un roman policier j’aurais dû persévérer dans cette noble entreprise. C’est toujours le truc de Mouchette qui recommence, et des histoires de Mouchette, je pourrais vous en foutre dix par an. Les gosses se tirent d’affaire. Ne me plaignez pas : je suis très heureux. La “nécessité” est en train de me drainer le cerveau par le nez et les oreilles. Quatre ou cinq ans de ce régime me débarasseront définitivement de cet organe qui ne m’a jamais donné que du souci, et quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie. Soyez assez gentil pour me répondre télégraphiquement que la Maison Plon accepte la proposition ci-dessus. Je me mettrai en train le jour même. Mais répondez par télégramme, je vous en prie. Ces incertitudes nuisent beaucoup à mon travail, à quoi bon ? Vous m’annoncez trois mille francs dans votre gentille lettre, et je n’ai ai reçu que 2 mille. Or, comme il vous sera facile de vous en convaincre, les pages que je vous ai données ont autant sinon plus de texte que les précédentes depuis trois mois. Si la marge est plus large, le format est différent. Une simple juxtaposition des feuilles vous le prouvera. Je ne puis d’ailleurs réellement croire qu’il s’agit d’autre chose que d’un malentendu. Maintenant je m’adresse à l’ami, pour un service personnel, et même deux. 1°) Je suis convoqué à Paris, le 5 février, (expertise médicale). Puisque vous êtes bien avec Pernot, qui m’a parlé de vous avec un enthousiasme que je ne saurais d’ailleurs attribuer qu’à une incroyable cécité psychologique, n’aurais-je pas le moyen d’obtenir de passer le dit examen ailleurs qu’à Paris ? Il est inhumain d’imposer au pauvre infirme que je suis, ce voyage, ces dépenses, ce temps perdu. 2°) La plupart des Français présents à Majorque trafiquent de terrains ou de viande d’amour — les deux parfois. Croyez-vous qu’on puisse faire parler de moi aux autorités espagnoles ? Soit par la Société des G. de L. soit autrement ? Existe-t-il une Société des G. de L. à Madrid ? Voilà. Ma femme vous envoie son bon souvenir, et j’y joins mon hommage à votre si charmante femme, et nos baisers au Gosse Inconnu. Votre vieux, GBernanos » Ne blaguez pas le livre que j’écris en ce moment. C’est une grande vieille belle chose que vous devriez aimer. Publication : Georges Bernanos, Correspondance inédite, 1934-1938. Combat pour la liberté, Plon, 1971, lettre 365, pages 52-53 (manques importants dans la transcription ; cette lettre semble donc en partie inédite). Datée du 20 janvier 1935 par les éditeurs du texte.
REBELL (Hugues). LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS. La Plume, 1902. Chagrin bleu nuit, plats et dos de la couverture conservés (fatigués). Dimension des feuillets : 18,2 × 12,3 cm. Édition originale. Un des 7 exemplaires sur Japon, rares, après 3 Chine, de ce roman qui reçut le Prix Nocturne en 1966. Exemplaires dans lequel ont été reliées deux lettres de l’auteur à Léon Deschamps. Dos passé. Reliure non signée mais correcte. La couverture du brochage est un peu défraîchie, surtout le dos, qui n’est peut-être pas d’origine . Bon exemplaire toutefois, que l’on pourra faire relier plus à son goût.
CLÉMENT (Jean-Baptiste). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE LACHÂTRE]. Deux pages sur un feuillet, 13,4 × 10,5 cm, 21 novembre 1875. Petite déchirure avec manque de papier, avec perte de quelques lettres (rétablies entre crochets dans la transcription ci-dessous). « Monsieur Les ennuis que j’ai eus m’ont empêché de vous répondre plus tôt. L’artiste dont on vous a parlé se nomme : Montbart [sic pour Montbard] ; il demeure 42 London St Fitzroy Sqre, London. Vous pouvez donc vous adresser à lui directement. Je l’ai prévenu déjà de vos intentions. Il a en effet beaucoup de talent et a fait paraître une assez grande quantité de dessins sur les événements de la Commune. Le Graphic et l’Illustrated London News ont aussi publié des dessins très remarquables sur ces événements. Je vous donne cela à titre de renseignements. Quant à la demande que je vous ai faite, je le regrette puisque je suis venu accroître le nombre des ennuyeux. Seul[e]ment, je vous prie de tenir compte que j[e me m]ettais à votre disposition pour un travail q[uelc]onque. Je ne serais pas venu sans cela vou[s de]mander ce service. Croyez-vous à la possibilité pour moi de faire un petit bouquin pour la bibliothèque démocratique. J’aurais de bonnes choses à dire, m’adressant surtout aux paysans et aux ouvriers. Ces petits bouquins feraient même très bien leur chemin chez vous. J’ai aussi une petite brochure que j’ai lue ici et qu’on croit appelée à quelque succès. Vous m’obligeriez en m’envoyant les livraisons 157-162-172 de la Revue française de L Blanc. J’ai un ami qui désirerait aussi la compléter. Je vous enverrai la liste des n°s qui lui manquent. C’est l’ami intime de Montbart le dessinateur ; veuillez le traiter en ami, il n’est pas riche. J’ai fait beaucoup de réclame auprès des Anglais pour cette édition ; j’en ai fait vendre quelques-unes. J’ai l'honneur de vous saluer J B Clément 148 Euston road N W London »
GRACQ (Julien) (Louis POIRIER, dit). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À CLAUDE ROY. 1 page 1/4, 20,9 × 14,8 cm environ. Belle lettre à propos de son éventuelle participation au numéro du Nouvel Observateur en hommage à André Breton. « Paris, vendredi 22 Cher Claude Roy J’ai bien reçu votre lettre, ainsi que les documents que Mme […] m’a fait obligeamment adresser. J’ai envisagé spontanément avant-hier au téléphone, en recevant votre lettre, de collaborer à cet hommage à Breton, tant l’idée même m’en était sympathique. J’y ai songé de nouveau en recevant les documents. Le temps imparti est extrêmement court pour moi, qui n’ai aucune expérience du journalisme, et qui travaille avec une excessive lenteur, si bien que, depuis de longues années je décline par principe toute collaboration à des périodiques (et cette contribution au Nouvel Observateur risque de relancer les demandes en ce sens !). De plus, je me suis beaucoup exprimé à propos de Breton, non seulement dans le livre que je lui ai consacré, mais dans plusieurs textes complémentaires et dans d’autres ouvrages, ainsi que dans l’hommage de la NRF au moment de sa mort. Je ne saurais guère ajouter à ce que j’ai fait et il est pour moi détestable de reprendre un texte sous une autre forme. Il faut écarter cette solution, qui serait de complaisance, et certainement médiocre. Si vous tenez à m’associer à cet hommage — ce qui me touche et ne peut que me faire plaisir — vous pouvez (c’est un pis-aller qui vous assurera au moins de ma sympathie pour votre projet) reprendre en tout ou en partie un texte de moi, par exemple le portrait de Breton qui figure dans En lisant en écrivant p. 249. Il correspond bien à l’image finale que je garde de lui. Mais je crains que cette solution de convienne pas au Nouvel Observateur : les périodiques n’aiment pas l’encre fraîche… Quoi qu’il en soit, c’est l’occasion de vous dire, chez Claude Roy, mon vif et cordial souvenir. J. Gracq »
TORMA (Julien). EUPHORISMES. Paris, éd. Guiblin, imp. 1926. Broché, 16 × 12,2 cm. 1 feuillet (faux-titre, titres du même auteur au verso), 1 feuillet (titre, justification au verso), 1 feuillet (avertissement, verso blanc), 1 feuillet (dédicace à René Crevel, verso blanc), 70 pages. Édition originale de cet ouvrage important dans l’histoire du Collège de ’Pataphysique — et donc des milieux littéraires et d’avant-garde du Paris de l’après-guerre —, et qui gagnerait à être reconnu et considéré autrement que comme une mystification. La période d’écriture et l’identité de l’auteur ou des auteurs des textes de ce recueil d’une grande originalité (à commencer par les titres courants) restent obscures et sujettes à débat. La justification annonce 236 exemplaires, dont 36 sur papier gris souris. Exemplaire non paraphé par Jean Montmort, ce qui est rare. Dos légèrement plissé, mais agréable exemplaire.
DROUET (Juliette). BILLET AUTOGRAPHE À VICTOR HUGO. Sans date. 2 pages, 12,5 × 10 cm. Charmant billet écrit lors d’une absence de Victor Hugo, ce qui est rare. « Je te remercie, mon bien aimé adoré, de mettre le temps à profit loin de moi en te soignant bien. Continue mon pauvre petit malade afin de me revenir bien vite guéri. Moi pendant ce temps-là je t’adore pour me faire trouver le temps moins insupportable. Je baise tous tes bobos et je t’aime à genoux. M. A. veut bien se charger de te remettre ce gribouillis que je t’écris au courant de l’âme. »
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 21 × 13,3 cm. Jeudi matin 9 septembre, 7h45. Touchante lettre mélancolique et désabusée. « Jeudi matin 7h3/4. 9 7bre. Bonjour, cher bien aimé, bonjour tout le monde bonjour. Je suis triste ce matin et peu s’en faut que je ne sois méchante. Cependant comme je ne peux pas exercer ma méchanceté impuissante contre personne je l’utilise envers moi et je m’en sers pour me tourmenter et pour me rendre la plus malheureuse des femmes. C’est une manière de ne rien perdre qui n’a pas son charme mais qui tient lieu de chagrin à défaut de joie. Voici la belle saison passée sans que j’aie pu accrocher un pauvre jour entier de bonheur. Cependant je ne vivrai pas deux fois et je crois même intérieurement que je ne vivrai pas long-temps. Peut-être est-ce pour me rendre la vie moins regrettable que le bon Dieu me l’a fait si peu agréable ? Dans ce cas-là je dois avouer qu’il y réussit complettement car je n’ai jamais mieux compris le désenchantement de toute chose que dans ce moment. Il est impossible en effet de se soutenir long-temps dans la vie, sans famille, sans amis, sans affaires, sans bonheur, si non sans amour. Je sens bien que la terre me manque et que toutes les joies de ce monde me fuient. Il est temps d’émigrer vers une autre contrée plus clémente et plus généreuse. Il est temps aussi de finir cet affreux gribouillis plus noir et plus brumeux que le temps et plus bête encore que moi. Heureusement que mon papier est fini. Je t’aime. Juliette »
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 28 mars [1848]. 4 pages, 20,7 × 13,2 cm environ. Juliette, sous l’effet du printemps, cherche à se ravigoter. « 28 mars mardi midi 3/4 J’ai la prétention, mon cher petit homme, si cela ne vous contrarie pas, d’aller jusque chez la mère Tissard avant d’aller chez Mr Vilain. Pour cela il faut que je me dépêche de faire mes affaires et de m’habiller car je ne suis rien moins que prête. Je ne sais pas comment je fais mon compte mais je suis toujours en retard. Mon petit homme adoré, je vous aime et je ne veux pas perdre l’occasion de vous voir une minute plus tôt ce soir. Je ne dînerai donc pas chez Mme Tissard. D’abord je craindrai de dépasser les limites de mon MAXIMUM [ce mot écrit en grosses lettres] et puis je ne veux pas donner la peine à ce brave homme de me reconduire le soir, trois choses qui me décident à rester chez moi dont la première est plus que suffisante. Tout cela ne m’empêche pas de subir les influences du printemps et d’avoir horriblement mal à la tête à tel point que je n’ai pas le courage de m’habiller. Je suis veule et chaude comme un jour d’orage. Je crois que j’aurais besoin d’un peu de TONIQUE [ce mot écrit en grosses lettres] pour me ravigoter un peu. Qu’est-ce qui veut m’en donner ? Juliette » Madame Tissard était une amie de Juliette Drouet. Monsieur Vilain : probablement Victor Vilain (1818-1899), élève de James Pradier (père de la fille de Juliette) et de Paul Delaroche. Amant d’Eugénie, cousine de Juliette Drouet, il a sculpté des bustes de Claire Pradier, Eugénie Drouet et Juliette Drouet, ainsi que des profils des membres de la famille Hugo.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 20,7 × 13,2 cm environ. 3 mai [1847]. Très belle lettre où se mêlent le chagrin du deuil de sa fille Claire (morte l’année précédente à dix-neuf ans, le 21 juin 1846) et sa dévotion amoureuse pour Victor Hugo. « 3 mai Lundi matin Bonjour mon Toto, bonjour, mon doux bien aimé, bonjour bien tendrement sur ton grand front, sur tes beaux yeux et sur tes divines lèvres. Je te remercie d’être revenu hier au soir, cette courte apparition a suffi pour me remplir le cœur de confiance et de courage. Merci et bonheur à toi de tout mon cœur. Je serai de retour à 3h au plus tard à moins de choses que je ne prévois pas. Je me dépêche de faire toutes mes affaires pour que tu trouves la maison en ordre quand tu viendras et de l’eau fraîche pour te baigner les yeux. Pense à moi si tu peux mon adoré. De mon côté je ne serai pas en reste. Je ne sais pas d’ailleurs comment je ferais pour ne pas penser à toi. C’est ma vie plus que de respirer. Je te promets d’être raisonnable et résignée. Je te crois comme si tu étais Dieu lui-même. Aussi je serai calme et courageuse dans ce pieux et triste pélerinage. Tant que je te retrouve chez moi en rentrant, mon bien aimé, afin que je me retrempe le cœur dans la vie et dans l’amour, après l’avoir exprimé en regrets et en prières sur la tombe de mon enfant. Bénis sois-tu mon Victor adoré ainsi que tous ceux que tu aimes. Juliette » Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=2572.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 21 octobre [1846]. 4 pages, 26 × 21 cm environ. Très légère coupure, d’environ 1 cm, sur le pli médian des pages 3-4, vers l’extérieur. Timbre sec dans la partie supérieure. Belle lettre, d’un grand format inhabituel, écrite quatre mois après la mort (à dix-neuf ans, de tuberculose) de sa fille Claire Pradier, dans laquelle la douleur et la résignation initiales cèdent la place à l’expression amoureuse. « 21 8bre mercredi après-midi 2h1/2 Je t’attends, mon Victor, et je t’aime toutes voiles dehors. J’ai le cœur rempli de toi et je te désire de toutes mes forces. Je suis allée à ce bout de l’an par le temps que tu sais. J’avais une double raison pour ne pas manquer d’y aller à cause du triste anniversaire de mon pauvre ange. Il y a aujourd’hui quatre mois que le bon Dieu me l’a reprise. Hélas ! Que sa volonté soit faite puisque rien ne saurait s’y opposer, mais c’est bien difficile à supporter sans murmurer. Mme Guérard est venue tout à l’heure me remercier de cette marque de déférence pour le souvenir de son mari. Mais la réalité est que je ne méritais pas tout à fait ses remerciements. Cher adoré bien aimé, je suis revenue de cette triste cérémonie t’aimant plus que jamais et sentant plus que je ne saurais te le dire que tu es ma vie. Le jour où tu ne m’aimeras plus je mourrai. C’est bien vrai, bien simplement vrai mon Victor adoré. Je vois venir le beau temps avec un sentiment de reconnaissance envers le bon Dieu parce que j’espère que tu profiteras de ce petit rayon de soleil pour venir me voir un moment. En attendant je me dépêche de faire mes affaires pour rester auprès de toi quand tu viendras. La visite de Mme Guérard et la messe m’ont mise un peu en retard. Mais je mépêche [sic] tant que je serai archi prête quand tu viendras. D’ailleurs si je ne l’étais pas je resterais comme je suis avec ma perruque ébourriffée et mes mains pleines d’encre. Pourvu que je te voie tout le reste m’est égal. Jour Toto, jour mon cher petit o. Je vous dis que vous êtes mon amour béni que je baise et que j’adore. Juliette » Madame Guérard était une marchande de modes, amie de Juliette. Son mari était mort à l’automne 1845, quelques mois avant Claire Pradier, à l’enterrement de laquelle Madame Guérard avait assisté, le 11 juillet 1846. Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=2570.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 28 mars [1847]. 4 pages. 21 × 13,5 cm. « 28 mars, dimanche après-midi 2h1/2 Je t’attends, mon cher bien-aimé, avec ce que j’ai de plus doux, de plus tendre et de meilleur en moi. Si tu ne te dépêches pas de venir, mon pauvre petit homme, je ne te verrai pas de la journée car tu sais que le dimanche tu t’en vas encore plus tôt que d’habitude et que tu ne reviens pas dans la nuit. Je suis bien inquiète car je vois les minutes et les heures se succéder et tu ne viens pas. Ô si mon cœur pouvait pousser tes jambes et les diriger, tu serais bien vite auprès de moi. Où es-tu, mon Toto ? Que fais-tu ? Penses-tu à moi ? Me désires-tu et m’aimes-tu un peu ? Quelles consolation ce serait pour moi que d’avoir la certitude que tu penses à moi, que tu me regrettes et que tu m’aimes comme j’ai la certitude que tu es le meilleur, le plus noble et le plus généreux des hommes, ton génie à part. Malheureusement, toutes ces adorables qualités sont autant de voiles qui me cachent le véritable état de ton cœur. Tu ne m’aimerais plus que tu n’en serais que plus dévoué, plus excellent et plus attentif à me le cacher dans la crainte bien fondée de me mettre au désespoir. Je le sais et je ne t’en aime que davantage sans en être plus rassurée. Je t’aime mon Victor. Je t’adore mon sublime bien-aimé. Juliette » Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=2044.
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 21 × 13 cm. « 12 avril [1849] Jeudi matin 10h. » Trace de trombone rouillé (absent) en haut du premier feuillet. Juliette se désole du caractère peu galant du rendez-vous donné par son amant, cerné par trente-neuf académiciens et des milliards de vibrions cholériques. « Plus je vois ma petite table et moins je veux vous la donner. Ceci est naïf mais rapace, je ne le cache pas, au contraire. D’ailleurs, je suis encore en cela et votre exemple et vos leçons, je ne peux pas choisir un meilleur et un plus charmant maître, voime, voime, voime. J’aurais pourtant mieux aimé aller avec vous à l’Assemblée. Il est vrai que pendant deux ou trois heures je n’aurais su que faire et que j’aurais été fort embarrassée de m’imposer tout ce temps chez la mère Sauvageot. Il est donc convenu que je serai au rendez-vous à 2h1/2. Quand on pense à ce que devrait contenir de bonnes et douces choses ce mot : rendez-vous dit par une femme à un homme et que le nôtre ne contient rien du tout que l’académie et les 39 barbons, qui en font le plus hideux ornement, c’est à désespérer les Juju futures qui se laisseront prendre par les Toto à venir et par des mots à double entente. En attendant j’irai à ce rendez-vous… creux, puisque rendez-vous il y a, mais rendez-vous la Justice d’avouer que ce n’est pas ainsi que vous vous êtes rendu le maître de mon cœur, de ma vie et de mon âme. Ceci dit, je vous recommande de nouveau et avec les plus tendres instances de ne pas faire d’imprudences et de prendre toutes les précautions contre tout ce qui peut développer le choléra. Mon Victor adoré garde bien ta vie qui est la mienne. Juliette » « Voime, voime : Le sens de cette expression reste obscur. Sa récurrence contextuelle laisse à penser qu’elle pourrait signifier “regarde-moi” (“vois me”), ou bien “ah oui vraiment”, entre “voui… voui…”, “mouais… mouais…” et notre actuel “wouaouh !”. » (Source : « glossaire » sur www.juliettedrouet.org.) Madame Sauvageot : « Amie de Juliette, cette marchande de nouveautés tient une boutique dans le quartier de la Madeleine. À l’époque où Hugo déménage rue de l’Isly en 1848, c’est dans sa boutique qu’ils se donnent rendez-vous. » (Source : « notices des personnes citées » sur www.juliettedrouet.org.) La pandémie de choléra fit, en 1849, une centaine de milliers de victimes en France (pour environ trente-six millions d’habitants). Publication en ligne : http://www.juliettedrouet.org/lettres/spip.php?page=article&id_article=5349#.YzFEaC3pPOQ.
MARX (Karl). AUTOGRAPH LETTER SIGNED TO ALEXANDER FREUND. 21 January 1877. 2 pages, 20,4 × 13,0 cm. “An unusually rich letter, commencing in a jocular tone, containing interesting comments on the present European balance of power and the likelihood of revolution in Russia, a sarcastic comment on Wagner’s music and requests for a work on Shakespeare for his daughter (a member of the Shakespeare Society) and other books for his friend and collaborator, Friedrich Engels.” (Christie’s, New York, 29 May 1998, lot 72.) English translation: “21 January 1877 41, Maitland Park Crescent London W Dear friend Freund, I am sending New Years’ greeting to you and your wife a little late, thanks to my workload and a sore throat, which I contracted during my last days in Karslbad. What happened to me there is what happened to the bumpkin Martin Luther, who, mounting a horse from one side, would fall off on the other.” He sends greetings from his daughter who “has translated Delius ‘The Epic Element in Shakespeare’, printed by the local Shakespeare Society, of which she is a member. This translation brought great praise from Delius’s friends. She would like the name of the Anti-Shakespeare Professor and his work...The matador of the local Shakespeare Society, Mr. [Frederick] Furnivall, doesn’t want to forego the pleasure of that opus.” “The ‘oriental question’ (which will end with a revolution in Russia, regardless of the war against Turkey) and the inspection of the Social-Democratic troops in the Fatherland will hopefully convince the German cultural philistines that there are more important things in the world than the Richard Wagner’s pie-in-the-sky music.” Marx closes with a request that if Freund sees Traube, he should give him Marx’s greetings and remind him politely “to send me the titles of his various works which he promised me”, which “are very important for my friend Engels, who is working on a book regarding natural philosophy in which he intends to utilize Traube’s findings”. Original German: “21 Januar 1877 41, Maitland Park Crescent London W Lieber Freund Freund, Mein Neujahrswunsch an Sie und Ihre liebe Frau kommt leider verspätet, Dank Arbeitsdrang und Halsentzündung, die ich mir während der letzten Tage in Karlsbad zugezogen. Es ging mir dort wie dem Bauern Martin Luthers, der, von einer Seite aufs Pferd gesetzt, von der anderen herunterfällt. Meine Tochter empfiehlt sich bestens Ihrer Frau und Ihnen. Sie hat u.a. eine von der hiesigen Shakespeare-Gesellschaft, deren Mitglied sie ist, gedruckte Übersetzung von Prof. Delius “Das epische Element-Shakespeare” verteidigt, das ihr jedoch große Elogen von Seiten des Herrn Delius ergattert hat. Sie bittet mich, Sie […] um den Namen des Antishakespeareschen akribischen Professors und seines Werks [zu] ersuchen, von dem Sie uns in Karlsbad sprachen. Der Matador der hiesigen Shakespeare-Gesellschaft, Mr. Furnivall will durchaus nicht auf den Genuss dieses Opus verzichten. Die “orientalische Frage” (die mit Revolution in Russland enden wird, was immer der Ausgang des Krieges gegen die Türkei) und die Musterung der sozial-demokratischen Streitkräfte im Vaterland werden die deutschen Kulturphilister wohl überzeugt haben, dass es noch wichtigere Dinge in der Welt gibt als Richard Wagners Zukunftmusik. Mit besten Grüßen an Sie und Ihre liebe Frau Ihr herzlichst ergebener Karl Marx Wenn Sie zufällig Dr. Traube sehen, grüßen Sie ihn bestens von mir und erinnern ihn gefälligst, dass er mir die Zusendung der Total seiner verschiedenen Publikationen versprochen hat. Sie währe sehr wichtig für meinen Freund Engels, der an einem naturphilosophischen Werk arbeitet und mehr als es bisher geschehen die Leistungen Traubes betonen wird.”