S.l., s.d. (1898), in-8, 82 pp., [4] ff. n. ch. [Réflexions et notes], le tout couvert d'une écriture moyenne et très lisible, d'abord au crayon de bois, puis à l'encre (à partir de la p. 14), avec 17 petits croquis en noir à l'encre, et une petite collette comportant deux dessins colorisés de fjords, toile grise modeste, dos lisse, étiquette de titre contrecollée au centre du plat supérieur Accroc en coiffe supérieure, exemplaire légèrement déboîté, des ff. détachés?
Reference : 240037
Le nom de l'auteur figure à l'encre au dos : M. Zimmerman. Le début du texte montre qu'il exerce la profession de journaliste, et sans doute de pigiste : le 14 juillet, juste avant le départ, il s'emploie à terminer un papier. "De plus, l'article que j'ai commencé sur les chemins de fer d'Afrique doit être terminé ; il ne sera pas dit que j'aurai perdu encore une fois sans résultats 29 jours de travail. Le 14 juillet, je me lève à 4 H 1/2 et je commence un des plus intenses efforts que j'ai donnés de ma vie, le matin dix pages sont écrites, le soir une trentaine (...). Je dépêche cette pauvre Nette pour me porter cela, soit à la Quinzaine, soit au Correspondant, soit à la Nouvelle revue ; je suis à me demander si on voudra l'accepter ..." Mais il n'est pas sûr que son périple en Norvège obéisse à des motifs professionnels ; ses notations sentent trop le touriste.Après cette introduction, se déroule un éphéméride où absolument tout incident est noté, depuis le voyage en train de Paris à Lille, puis l'embarquement à Dunkerque, et l'arrivée en rade de Bergen dès le 17 juillet. Dès lors, notre homme ne cesse de s'étonner naïvement du contraste entre la réalité observée et les stéréotypes qu'il avait dû cultiver avant le voyage. Qu'on en juge par ces lignes assez sidérantes, écrites donc en 1898 et non en 1598 : "On aurait cru entrer dans un pays barbare, et l'on tombe dans une ville européenne, où rien, ou presque rien ne rappelle les moeurs ou usages locaux. Dans le grand jardin de l'Exposition (...), un terrain de promenade sur lequel les jeunes filles de Bergen promènent leurs atours plus ou moins comme des jeunes filles parisiennes à la musique des Tuileries ou du Luxembourg. Toilettes entièrement européennes. L'air des figures ne me paraît même pas exotique, je trouve beaucoup plus de bruns que j'aurais cru, et les figures proprement norvégiennes, ou du moins telles que je me figurais les Norvégiennes, sont rares ..." On rencontre au fil du récit nombre de notations du même acabit ; le grand nombre de bruns et de trapus perturbe manifestement notre journaliste ("L'homme n'est pas tel que je me le figurais : grand et élancé ; le type le plus commun est plutôt massif, un peu lourd"), qui se réjouira de ne rencontrer - enfin - que des blonds dans l'extrême nord ("Tout le monde ici est blond, a les yeux bleus ... Évidemment, à Tromsö et à Hammerfest, le type a été beaucoup moins mélangé qu'à Bergen").L'itinéraire suivi par voie maritime mène de Bergen à Moldö, puis à Trondheim, à l'île de Torghatten, à celle de Senjen, à l'archipel des Lofoten, à Tromsö, au Lyngenfjord, à Hammerfest, au Cap Nord (Nordkapp) et au Porsangerfjord, étapes ultimes du périple vers le pôle. Le retour s'effectua lentement à partir du 26 juillet : Tromsö de nouveau, puis Harstad, Henningsvaer, le glacier du Svartisen (qui a droit à pas moins de 3 croquis), Naes, Molde et le Romsdal, le Sognefjord, Gudvangen, Stalheim (où notre voyageur apprend par les journaux la mort de Bismarck). À partir du 4 août, l'expédition revient à Bergen, retour agrémenté de notations toujours aussi fines pour cette "vraie ville" : "On éprouve en rentrant à Bergen, lorsqu'on revient de l'extrême nord, sans s'être arrêté à Trondheim, l'impression de rentrer dans la civilisation". Pour le moins.Les derniers jours mènent vers le sud : Odda et Stavanger, et enfin Christiania [= Oslo, nom porté uniquement depuis 1925], où ils abordent le 7 août. C'est sur la visite de cette capitale que se termine la narration, non sans remarques infiniment dédaigneuses de Zimmerman qui, en-dehors des paysages, fjords et montagnes du nord, semble ne rien trouver de bien dans la ville. Il semble que deux ff. ont été coupés, ce qui nous prive du trajet de retour en France.Pour résumer, l'intérêt du narrateur se porte presque exclusivement sur les aspects géographiques et géologiques de la côte norvégienne, et ses dessins reproduisent exclusivement montagnes, glaciers et fjords. Ces parties forment incontestablement le plus intéressant de la narration. À noter toutefois, une visite à un campement lapon effectué à l'occasion de l'escale de Tromsö (et là encore, Zimmerman s'ébaubit de trouver les paysans exactement semblables physiquement à ceux de France ...). Les aspects culturels ou la vie de la population ne semblent absolument pas éveiller quoi que ce soit en lui. En résumé, notre auteur présente toutes les caractéristiques du "touriste de base", espèce déjà apparue en cette fin du XIXe siècle, destiner à se multiplier infiniment de façon anarchique, et qui se figure au départ que la Norvège est aussi exotique que l'arrière-pays yéménite ; il la découvre "européenne" avec émerveillement. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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