S.l., s.d. grand in-8 carré, pages ou demi-pages, réglées ou non, contrecollés sur [35] ff. n. ch. de papier fort, deux graphies différentes, nombreuses ratures et biffures (parfois de paragraphes entiers), demi-maroquin Bradel fauve à long grain, à coins, dos à nerfs, couverture de cahier scolaire bleue conservée (reliure moderne).
Reference : 232108
L'élégance de la reliure contraste assez fortement avec le contenu du texte : on a manifestement affaire à un brouillon d'une nouvelle un peu développée autour du thème de l'ambition déçue et de ses vestiges. Le nom de l'auteur présumé est bien évidemment une allusion transparente à la Comédie humaine : dans l'épopée balzacienne, Fulgence Ridal est un membre mineur du Cénacle, groupe d'"intellectuels" (scientifiques, écrivains, artistes) qui apparaît pour la première fois dans Le Père Goriot. Ridal appartient à la dernière catégorie du groupe : auteur dramatique comme il en existait tant sous la Monarchie de Juillet, il finit comme vaudevilliste, c'est tout dire, partageant avec Lousteau la direction d'un théâtre, dans Les Comédiens sans le savoir.L'action se déroule à la fin du XIXe siècle, puisque les ressources du marquis de Rastignac ont été fortement affectées par le krach de l'Union générale ("Tu connais nos revenus depuis la catastrophe de l'Union générale", f. 6) ; or, celui-ci eut lieu en 1882.L'auteur anonyme imagine un Rastignac vieillissant au coin du feu dans une bourgade endormie de la province, se cherchant un successeur digne de lui dans son fils Georges ( "chapitre I : le vieux dandy") : "Qui aurait reconnu l'émule du légendaire Marsay dans cet ataxique frileux enveloppé d'une couverture grise au coin de la vaste cheminée. Le front dégarni se penchait, on eut dit abattu par le poids trop lourd de troublantes pensées. De cette grâce triomphante, de ce charme étincelant dont les salons parisiens n'avaient peut-être pas perdu le souvenir, il ne restait que la main longue, nerveuse et fine, et l'oeil gris profond, perspicace et moqueur. Sur les genoux du vieillard, un livre entr'ouvert ; en face, dans une attitude accablante d'ennui, un jeune homme qui regardait fixement la flamme du foyer. Un étranger ne s'y fût pas trompé : même teint mat et chaud, mêmes grands yeux caressants, mêmes lèvres fines : c'était Rastignac à vingt ans tel que l'avaient admiré et aimé les belles de la Chaussée d'Antin". Il faut bien sûr un pendant féminin au jeune gandin ambitieux, et voici sa soeur : "La porte du salon s'ouvrit, et ce fut comme un rayon de soleil qui pénétrait : une exquise jeune fille au cheveu roux doré, resplendissante de fraîcheur et de grâce, s'approcha du grand fauteuil. Le front du vieux marquis se dérida aussitôt". Les protagonistes ainsi plantés, comme l'on voit avec une fulgurante originalité, l'intrigue suit son cours attendu : en dépit des avertissements du vieillard ("Nous n'avons pas le tempérament à courtiser le peuple"), Georges, à son tour, "monte" à Paris pour "redorer le vieux blason" ("Je tiens de vous, je saurais réussir"). Suivent des aventures décevantes, où le succès ne semble pas au rendez-vous.Il est difficile de savoir si l'on a affaire à un essai littéraire de collégien, ou à une tentative de professionnel de l'écriture (les "écrivains") : le style est globalement lourd et convenu, s'essayant à une imitation des tournures balzaciennes, les descriptions sommaires et attendues, le récit jouant avec facilité sur la différence des temps et des moeurs.
Librairie Historique Fabrice Teissèdre
M. Fabrice Teissèdre
82, rue Bonaparte
75006 Paris
France
lecurieux@teissedre-librairie.fr
33 01 43 26 71 17
Les conditions d'achat sont celles en usage dans la librairie ancienne. Les commandes seront traitées par ordre d'arrivée et donneront lieu à une réponse de notre part en particulier quant à la disponibilité des ouvrages. Les envois se feront en recommandé et assuré à la charge du client.