S.l. [Beaumes-de-Venise], s.d. (1843) un bifeuillet in-4, [4] pp. n. ch., couvertes sur la droite de chacune d'une écriture régulière et très lisible, sans surcharge ni rature (environ 30 lignes par page), en feuille.
Reference : 225722
Très curieuse pièce, non signée, composée et rédigée de façon à pourvoir être annotée sur la gauche par les autorités auxquelles elle devait être communiquée (étant donné son contenu, autorités policières et judiciaires) et faisant la synthèse d'une tentative d'empoisonnement dans la petite localité tranquille de Beaumes-de-Venise.Elle commence ex abrupto par l'exposé des faits : "Le 31 décembre 1842, la femme du facteur rural de Beaumes apporta à M. Méry mon gendre, contrôleur principal des contributions directes à Clermont-Ferrand et qui se trouvoit dans le moment en congé à sa maison à Beaumes, un panier avec une lettre anonime dans une enveloppe qui servait d'addresse à ce panier".La lettre émanait d'un prétendu camarade du destinataire destiné à passer le voir quelques jours plus tard pour lui parler affaires, et qui ne se nommait pas "pour intriguer votre mémoire". Justement méfiant, Méry n'ouvrit le colis que trois jours plus tard sous les instances pressantes de sa famille, et y découvrit un bocal d'oranges confites et une boîte de confitures sèches, auxquels on ne toucha pas. Le correspondant ne s'étant toujours pas signalé vingt jours après, la méfiance s'amplifia encore et les denrées furent portées à un pharmacien-chimiste de Carpentras, Gaudibert Barrel [= très probablement Charles-Raimond-Frédéric Gaudibert-Barret]. Les analyses révélèrent une présence massive d'arsenic.Horresco referens : "Cette découverte produisit sur nous une horreur d'autant plus grande que le 1er de l'an, c'est-à-dire le lendemain de la réception du panier, nous étions à dîner réunis en famille chez mon gendre au nombre de 17 personnes".Dénonciation faite au procureur du Roi, un juge d'instruction fut désigné pour mener les recherches sur l'origine du colis, et c'est là que ça se corse : "Le panier contenant les confitures empoisonnées fut apporté à la maison Méry par la femme du facteur rural à qui il avoit été remis la veille à Carpentras par un Savoyard portefaix qui déclara l'avoir reçu d'un Espagnol forçat libéré qui est actuellement sous la surveillance de la police (...)". Interrogés, forçat et Savoyard (Jean-Baptiste Arnaud de Saint-Jean-d'Arve) nient toute implication, puis disparaissent de la région ; le rédacteur demande l'extradition du Savoyard, observation sur laquelle se termine le mémoire.Moralité : contrôleur des contributions directes, c'est un métier à risques.
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