A Paris, Chez F. Buisson, Imprimeur-Libraire, rue Hautefeuille, n°20. (1791). 1791 2 vol. in-8° (200 x 125 mm.) de : I. [2] ff. (titre, f. t.), viii, 466 pp.; II. [2] ff. (titre, f. t.), 486 pp. Initiales manuscrites à l'encre "L R" surles faux titres. Demi-basane dépoque, dos lisses ornés et titrés à l'or, coins de parchemin, plats recouverts de papier à la colle bleu.
Reference : 6424
Première édition française du journal des voyages du comte Maurice Auguste, comte De Benyowsky (1741-1786), lune des figures les plus romanesques de son époque, dont les aventures au Kamchatka, dans le nord du Pacifique, à Madagascar, et aux Etats-Unis durant la Guerre dIndépendance, firent une figure quasiment légendaire, par le biais de ces présents « Voyages et Mémoires ». Louvrage contient le récit des nombreuses péripéties de la vie de cet homme originaire dEurope de lEst (son pays de naissance est encore un objet de doute) qui, d'abord militaire en Pologne, fut ensuite exilé en Sibérie pour ses engagements politiques. Il séchappe avec quelques aventuriers qui lui restèrent attachés jusquà la fin, par la mer du Kamchatka en 1771, puis voyage au Japon, à Formose, aux Îles Kouriles et aux Îles Aléoutiennes, et même en Alaska. Arrivé à Paris, le fougueux jeune homme est remarqué par Louis XV qui lui propose de représenter la France à Madagascar. Il débarque sur l'île en 1774 à la tête dun corps de volontaires, fonde la ville de Louisbourg et envoie des expéditions dexploration. Ainsi découvre-t-il le plateau central où sera bâtie la future capitale Antananarivo. Benyowsky unifie de nombreux chefs locaux qui lélisent leur empereur (« Ampansacabe ») le 10 octobre 1776. Sa mission accomplie, Benyowsky rentre à Paris en 1776 pour y recevoir sa nomination au grade de commandant de Madagascar. Il se voit également décerner lordre de Saint Louis et bénéficie d'une pension à vie par Louis XVI. En 1777, il est amnistié pour sa participation à la rébellion polonaise et recouvre son titre et son grade grâce à Maria Theresa. Durant son séjour parisien, Benyowsky devient lami de Benjamin Franklin et connait dautres sympathisants de la cause de lindépendance américaine. En 1779, il se rend en Amérique sur les pas de son ami Pulaski. « La liberté dorée ne peut être désirée pour lor » écrit-il (en latin) dans une lettre adressée au Congrès. Il déclare être prêt à donner sa vie pour prouver sa loyauté. Il est autorisé à rejoindre le Général Pulaski à Savannah. Il combat également à Yorktown. En 1783, la paix revenue, il échoue à défendre les intérêts de la France à Madagascar, et Londres nest pas plus convaincue de ses projets. Cependant, il crée avec son ami le scientifique John Hyacinthe de Magellan (descendant du célèbre explorateur) une compagnie anglo-américaine dinvestissements chargée de promouvoir le commerce avec Madagascar. Il débarque ainsi à Baltimore le 8 juillet 1784 où il obtient le soutien de ses amis Pulaski, Zollikofer et Messonier pour armer LIntrépide, navire de 450 tonneaux et 20 hommes déquipage, quil charge de vivres et marchandises. Il parvient ainsi à Madagascar le 25 octobre 1784, mais sa tentative se solde cette fois-ci par un échec patent, tué quelques temps plus tard lors dune bataille contre les Français. En 1783, Benyovszky avait sollicité le gouvernement britannique pour obtenir son soutien à une expédition à Madagascar, avait remis à Jean Hyacinthe de Magellan ses mémoires, rédigés en français. La même année, Magellan les fait traduire en anglais et les publie en 1790 en quatre volumes par William Nicholson, intitulés « Mémoires et Voyages ». Les originaux sont aujourd'hui conservés au département des manuscrits de la British Library. Les mémoires furent rapidement traduits en allemand (Berlin, 1790 ; Vienne, 1816), en français : la présente édition (Paris, 1791), en néerlandais (Haarlem, 1791), en suédois (Stockholm, 1791), en polonais (Varsovie, 1797), en slovaque (Pressburg, 1808) et en hongrois (1888). Outre le succès de son uvre à la fin du XVIIIe siècle, Benyovszky a inspiré de nombreux écrivains, poètes et compositeurs. Huit opéras lui ont été dédiés , ainsi que des romans et une série télévisée intitulée « Vivat Benyovszky », qui retracent également son histoire. Une vie si extraordinaire ne pouvait pas ne pas susciter de doutes quant à sa véracité, méfiance qui fut encore renforcée par les divers problèmes qui entourèrent la publication de la première édition (mort de lauteur, échec de la souscription, incendie qui ravagea latelier du graveur). Nicholson, dans sa préface, se fait donc très insistant sur lexactitude de la relation, appuyant ses dires sur des comparaisons avec dautres relations et des références à des cartes. Le texte nen demeure pas moins : « lune des premières et des plus essentielles relations pour la côte Nord-ouest américaine en général et lAlaska en particulier ». (Lada Mocarski), avec ses captivants passages décrivant la Sibérie, le Kamchatka, le Japon, la Chine et le Nord du Pacifique, et ses intéressants développements sur la Sibérie, le commerce des fourrures russe, et lhistoire, les murs et les coutumes du Kamchatka. « Lauteur donne aussi des descriptions des Kouriles et des îles Aléoutiennes, et prétend avoir atteint lAlaska ? » (Hill). « Dans les pages du journal consacrées à lAlaska, se trouvent une très bonne relation des Îles Aléoutiennes ainsi quune histoire des premiers voyages des Russes en Alaska. (Lada Mocarski). Le deuxième volume comprend une relation passionnante sur Madagascar où Benyowsky joua un rôle si important. « Ouvrage rare et très curieux. Le tome 2 contient un travail très important sur Madagascar » (Chadenat). Bel exemplaire conservé dans sa reliure dorigine.
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