‎HENRY (Ernest).‎
‎ Jeu du chemin de fer.‎

‎[Metz, Imagerie de P. Didion, Delhalt Successeur, vers 1880]. 482 x 684 mm ; monté sur carton et pouvant être replié en deux.‎

Reference : LBW-8562

‎Rare jeu de l'oie lithographié en couleurs sur le thème du chemin de fer, conçu d’après une idée d’Ernest Henry, et publié par Jean Jules Delhalt à Metz vers 1880. Composé de 63 cases avec la règle au centre, ce jeu d’initiation à la vie du rail est illustré aux angles de quatre scènes légendées sur un ton humoristique : dans l'angle inférieur droit, un paysan court le long de la voie ferrée en criant au mécanicien: "Monsieur, vous perdez vos voyageurs..." ; dans l'angle supérieur droit, le sujet est d'un goût douteux : c'est un usager du chemin de fer qui sort du petit endroit réservé emportant sous son bras un couvercle, ce qui lui vaut cette interpellation ironique: "Monsieur est-ce pour votre chapeau gibus que vous emportez le couvercle de la lunette..." ; dans l'angle supérieur, un voyageur s'inquiète auprès du chef de gare pour savoir de quel côté partira le convoi de façon à ne pas risquer au lieu d'avancer, de faire marche arrière... La case 1 représente une gare de départ, la case 63 une gare d’arrivée avec une belle verrière et des omnibus attendant les voyageurs. Toutes les cases sont consacrées au chemin de fer, depuis l'entrée en gare jusqu'au terminus. Le joueur découvre en s’amusant le matériel ferroviaire et son vocabulaire : locomotive, tender, wagons à bagages, wagon postal, wagon à vigie, aiguillages, signaux, plaque tournante, passages à niveau, ouvrages d’art comme les ponts et les tunnels, et les métiers du rail illustrés par une guérite de cantonnier, une maison de garde près d’un passage à niveau et un surveillant de nuit. L'auteur a même représenté un cheval sectionné par un train sur la voie. On trouve aussi représentées des locomotives, qui suivant la mode de l’époque, portent des noms de villes du parcours comme Marseille, Nancy, Strasbourg, Bordeaux et Paris, ou de personnages historiques comme Jeanne d'Arc. De deux à six joueurs peuvent s’affronter avec deux dés. Le premier qui arrive à la gare terminus (63) a gagné, mais il doit pour cela éviter les accidents, les retours en arrière prévus par la règle et les ralentissements imposés par les six stations placées sur le parcours. Ce jeu de l'oie a été conçu d’après une idée d’Ernest Henry, inspecteur général des Ponts et Chaussées, et chef de la division du mouvement au chemin de fer de Nancy à Sarrebruck. Ce jeu était pour lui l'occasion de présenter son nouveau système de traverses en fer qu'il avait inventé, et qui est dessiné au bas de la règle du jeu. Édité pour la première fois par l’imprimeur Nicolas Gangel à Metz, imprimeur spécialisé dans la production d'images populaires et religieuses, à l’époque où le chemin de fer, le vrai, commençait à faire partie de la vie quotidienne des Français, le jeu du chemin de fer connut un immense succès, d'autant qu'à cette époque, l’imagerie messine était plus populaire que celle d’Épinal. L'imagerie messine fut d’ailleurs la seule imagerie de l'Est présente à l'Exposition universelle de 1855. La première édition de ce jeu a été publiée vers 1855 par Paulin Didion, successeur d'Auguste et Charles Gangel. À sa mort, l'entreprise passa à son prote (contremaître dans un atelier d'imprimerie), Jean Jules Delhalt, en 1879. En 1892, elle passa sous la direction d'Alfred Delhalt, et quitta Metz pour Nancy (Bouquin & Parinet, Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle). Bonne condition générale. Pliure médiane partiellement fendue, coins et pliure frottés.‎