‎‎
‎Scarron aparu à Madame de Maintenon et les Reproches qu'il lui fait, sur ses amours avec Louis le Grand.‎

‎Cologne, Jean Le Blanc, 1694 In-16 (120 x 65 mm) de 136pp. dont frontispice, maroquin rouge, triple filet doré d'encadrement sur les plats, fleurons aux angles, dos à nerfs orné d'un décor à la grotesque, filet doré sur les coupes, bordures décorées d'une élégante petite frise dorée, tranches dorées (reliure XVIIIesiècle).‎

Reference : CLL-827

‎"Édition originale de ce libelle satirico-politique participant de la légende noire de Madame de Maintenon. Paru sous le voile de l’anonyme, à l’adresse écran de Cologne, il vise la seconde épouse de LouisXIV. En effet, ""en France et avant Marie-Antoinette, peu de femmes fortes ont été […] aussi systématiquement et longuement brocardées que Madame de Maintenon"" (Leibacher-Ouvrard, p. 107). En raison du rôle central que lui prêtaient les ennemis de la France dans la conduite des affaires de l’État, elle fut la cible de nombreuses attaques ad feminam, tant par le texte que par l’image (cf.I.Boitel). Le frontispice montre ""La Maintenon"" assise à sa coiffeuse, chapelet en main et en train de lire, représentée tout à la fois comme une bigote et une mondaine. Derrière elle, se tient affligé son défunt premier mari, Paul Scarron, enveloppé dans une sorte de linceul, entouré de trois personnages de son Roman comique: Ragotin, LaRancune et LaRapinière. La gravure synthétise le propos du pamphlet : Scarron apparaît à Mme de Maintenon ""d’un air triste & fâcheux, lui faisant des reproches sur toute la conduite de sa vie, mais principalement de son commerce d’amour avec Louis le Grand"" (Avis au lecteur). ""Ces grands titres de supérieure de l’Abbaye de Saint Cyr; de Marquise de Maintenon, toutes ces qualités éminentes font grand bruit dans le monde, et vous attirent insensiblement tout ce que l’on dit de vous"" (p.32). Une part des invectives de ce pamphlet se focalise sur la trajectoire sociale transgressive de la marquise : ""l’éclat d’une couronne vous a fait oublier votre naissance, devant à l’Amérique la lumière du jour […]. Vous deviés vous être contentée de l’honneur que je vous avois fait en vous tirant de la bassesse où vous étiez"" (p. 23). Une autre porte sur sa condition matrimoniale. ""À l’opposé de la veuve dévote dont la vie serait entièrement tournée vers Dieu, le comportement de Françoise d’Aubigné, taxé d’infidélité par Scarron, la rapproche des représentations de la veuve libérée répandues par les comédies du XVIIe siècle"" (I. Boitel). L’auteur accorde ainsi à l’union morganatique secrète avec le grand monarque, inconvenance ultime qui scandalisa toute l’Europe, une attention particulière, insérant dans son texte une copie du ""Contrat de mariage de conscience"" de 1683, et ""faisant dire tout haut à Scarron ce que les courtisans pensent tout bas"" (Ibid.). “Je sens continuellement la rébellion de la chair"" (p. 71). Cette pasquinade est aussi l’occasion de dénoncer la ""morale fine"" des ""Reverens Peres Jesuites"", officieux complices d'une marquise à la piété feinte : ""j’avois de la confiance dans leur Ordre, & […] je m’y suis choisi un directeur de conscience, & j’ai voulu porter avec plaisir le nom de fille de la compagnie de Jésus […]. Bien loin de me blâmer, le P.la Chaize m’assura […] qu’il n’y avoit pas de crime d’entretenir un commerce amoureux avec le fils aîné de l’Eglise"" (pp. 43-44). Dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, une telle production, est vraisemblablement issue des Pays-Bas, mais a pu être imprimée clandestinement en France. Brunet, dans son Manuel de l'amateur (V, 186), citant le journal manuscrit de l'avocat Antoine Bruneau, indique qu’à la fin de l’année 1694, plusieurs imprimeurs, libraires ou relieurs, furent pendus, condamnés aux galères ou embastillés pour avoir imprimé ou débité un libelle contre Mme de Maintenon. Titre en rouge et noir, avec marque à la sphère. Exemplaire en jolie reliure de maroquin décoré du XVIIIe siècle. Le couteau du garçon relieur, peut-être celui du nommé Larcher mentionné par Brunet dont la pendaison serait alors pleinement justifiée, a été fort peu généreux sur les marges, particulièrement celle de tête, au point d'entamer parfois le titre courant, ainsi que les côtés extérieurs du frontispice et du titre. L. Leibacher-Ouvrard, ""Sacrifice et politique satirique : Madame de Maintenon dans les libelles diffamatoires"", Albineana, Cahiers d'Aubigné, 10-11, 1999, pp. 107-122. - I.Boitel, ""Où je becque, je monte"" : L’image satirique de Mme de Maintenon"", in ""Toute la cour était étonnée"" : Madame de Maintenon ou l’ambition politique au féminin, Rennes, 2022, pp. 171-192."‎