‎PERRY George (sous la direction de)‎
‎Paris dans les années 60‎

‎ 2001 Editions de la Martinière 2001 - In-8 broché - 121 pages ‎

Reference : 85514


‎Bon état - Coins légèrement émoussés ‎

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‎SARTRE (Jean-Paul).‎

Reference : 3425

(1937)

‎Agrégé de philosophie. Écrivain, dramaturge et philosophe français. Personnalité majeure de la vie intellectuelle française dans les années 60. L.A.S. « JP Sartre » à « Ma chère petite Merveille » [Wanda Kosakiewicz]. S.l. [Paris], s.d. [Mars – Août 1938]. 7 pages in-4. 2 pp. sur papier à en-tête de la brasserie « Le Dôme » à Montparnasse et 1 p. avec en-tête du « Café des Mousquetaires ».‎

‎ 1937 TRÈS IMPORTANTE ET LONGUE LETTRE DAVANT-GUERRE À SON AMANTE : SARTRE ÉVOQUE LÉCRIVAIN AMERICAIN DOS PASSOS LONGUEMENT (un article de Sartre sur Dos Passos avait été publié dans la NRF en février 1938], HEMINGWAY, SES AMIS STEPHA, DE ROULET ET POUPETTE [la sœur de Simone de Beauvoir], LANSCHLUSS, LULTIMATUM DE LALLEMAGNE À LA LITUANIE… SON FUTUR MARIAGE AVEC WANDA…Sartre commence sa lettre en exprimant un sentiment de nervosité contre Lionel de Roulet [futur époux dHélène de Beauvoir, la sœur cadette de Simone] : …Je vous écris, voilà mon seul moment agréable dici quatre heures de laprès-midi. Il y a du sombre en perspective : De Roulet quon vient de radiographier a authentiquement le mal de Pott ; Poupette [Hélène de Beauvoir] est venue le dire au Castor hier, les yeux gonflés de larmes (...). Nous sommes bien surpris le Castor et moi de cet acharnement qua De Roulet à célébrer ces malheurs avec pompe. Il ne me viendrait pas à lidée de faire ainsi des invitations à me voir crever. Je sais bien que si je devais crever, jaurais dabord une violente envie de vous voir et je ferais tout pour cela. Mais je pense que je ne vous dirais pas que je vais crever, pour pouvoir une dernière fois vous voir comme si de rien nétait. Tandis que là, on va tous être paralysé et dans le glacial (...). Et puis le Castor râle disant : « ces gens sont des apparences. Que Lionel veuille vous voir ça se comprend. Mais pourquoi moi, quil naime pas, qui ne laime pas, sinon par une volonté à vide de pompe funèbre ? ». De toute façon nous le plaquerons tôt. Mais laissons cela...Pour ce qui est de la guerre, et bien elle a été menaçante pendant deux ou trois jours et puis maintenant cest un peu moins immédiat. Entre autres sujets de souci je me demandais ce que vous deviendriez si je partais, puisque je naurais plus dargent (sauf 2 sous par jour : on ne me paye plus mon traitement) et jai décidé de vous épouser rapidement, si cela devait se produire, de façon que vous touchiez à Paris lallocation de 1000 francs (à peu près) quon verse aux femmes de fonctionnaires. Je me renseignerai. Naturellement nous nen dirions rien ni à vos parents ni aux miens et divorcerions en douceur après la guerre. Mais tout cela nest que pour vous rassurer et vous persuader que de toute façon je marrangerai pour quau mois doctobre votre prison souvre. Pour ce qui est des causes de la « tension internationale » comme disent les journaux, ça memmerde un peu comme bien vous penser de vous en écrire ici des tartines mais je vous ferai un exposé complet de la chose depuis le traité de Versailles jusquà lAnschluss, le 2 mars à Rouen ; ça prendra une petite heure creuse ici ou là… Puis, il fait une longue digression sur Dos Passos, lauteur de Manhattan Transfer : …je ne sais presque rien sur John Dos Passos. Vous allez trouver que, dans ce cas, je suis bien imprudent, outrecuidant et bien léger décrire un article sur lui. Cest que vous nêtre pas au courant des mœurs littéraires : ça se fait. Et puis javais des petits trucs à dire sur son livre. Sur son livre mais pas sur lui. Jai fini mon article par les mots (vous lai-je dit ?) « Je tiens Dos Passos pour le plus grand écrivain de notre temps » et si ce mec est poli, il menverra un petit mot pour me dire « merci » et je vous donnerai ce petit mot pour que vous voyiez comment il écrit. Voici tout de même quelques petites choses : dabord je pense que cest un Américain Espagnol (mais vous vous en seriez doutée toute seule). Ensuite je pense que, bien que socialiste, cest plutôt un intellectuel petit-bourgeois dorigine : il me parait certain quil a été dans les meilleures universités américaines et je le soupçonne de sêtre occupé dart pur - genre surréaliste ou autre quand il était jeune - et je ne sais trop comment il est devenu socialiste. Peut-être est ce venu de la guerre. Il a sûrement fait la guerre en France et en a été profondément marqué : finalement presque tout ce quil a écrit (Three Soldiers - 42th Parallell, 1919) raconte ce qui sest passé à New York et en France pendant la guerre. Il a même fait un petit livre qui sappelle Initiation dun homme et qui raconte je crois sa propre histoire pendant la guerre, ses dégoûts, ses peurs au front, ses noces à larrière et pour finir son écœurement profond. Cest donc, vous le voyez, exactement le genre de type après-guerre, cest à dire ceux pour qui la guerre fut une initiation, ceux pour qui elle compta et qui ont pu dire « après ». Ni vous ni moi ne sommes de ces gens là parce que la guerre na pas compté pour nous. Vous ne lavez pas vécue - moi si, mais jétais môme et naturellement je dirais que je « détestais les Boches » parce que jétais salaud. Mais jai commencé de vivre après et je men foutais. Pour ces gens si plaisants et dégoûtés de 1919-1925 dont je vous parlais (entre autres dadaïstes et surréalistes) ce sont des après-guerre. Je pense vous comprenez quon ne peut pas vivre une guerre sans en être marqué jusquaux moelles, à moins dêtre le dernier des ignobles. Maintenant la période daprès-guerre est finie, un nouvel « avant-guerre » commence et Dos Passos est déjà légèrement du passé [Sartre sétait intéressé aux auteurs US, Faulkner et Dos Passos] (…) Mais la vraie raison de lantipathie de Stepha [amie de Beauvoir] cest quil y avait avec elle à Madrid un écrivain américain plus jeune (ferme) que Dos Passos, Hemingway, qui en dit pis que pendre. Cest un type qui a du talent et qui a lair sympathique, toujours saoul et menteur comme un arracheur de dents. Il habitait un hôtel dans la région la plus souvent bombardée et son plus grand plaisir les nuits dalerte était daller écouter aux portes pour entendre les soupirs de peur et de plaisir des couples dérangés dans leurs étreintes et partagés entre la terreur et le désir de continuer à faire lamour. Je vous livre le fait pour ce quil vaut...À propos de sympathique, si on parlait un peu de vous, petite merveille ? Savez vous que vous êtes fameusement sympathique ? Jaimerais savoir si vous êtes bien aise en dedans et un peu vaine. Il le faut. Pour moi je peux enfin penser à vous, que jaime tant, comme à quelquun qui naura pas un destin (cest à dire quelque chose qui se fait sans quon y soit pour rien) mais une vie [Sartre sopposera au Déterminisme]. Vous me faites encore plus émouvante et précieuse mais moins fragile et je vous sens toute proche de moi. Tant que jétais sans lettre de vous, jétais morose et je croyais que cétait à cause de la guerre. Mais dès que votre lettre mest parvenue, jai vu le monde en rose. Et chaque fois quon apprenait quelque chose de plus déplaisant et de plus sombre (la défaite des Espagnols, qui est une infecte saloperie ou les menaces allemandes ou lultimatum de la Pologne à la Lithuanie) jaccusais le coup un moment mais je pouvais men distraire quand je voulais en pensant à vous, comme à quelquun de patient et dobstiné à se faire une vie humaine. Je vous aime. Je suis tellement heureux que vous ne soyiez (sic) pas seulement toute gracieuse et charmante, avec un bonheur immérité dans les pensées, mais aussi morale et prête à conquérir des terres sur vous même, comme les Hollandais conquièrent des terres cultivables sur la mer. Les charmantes et précieuses petites terres qui vont sortir de lOcéan. Il faut menvoyer tous les dessins et croquis [Wanda prenait des cours de dessin], même ceux dont vous nêtes pas trop contente, je les emporterai chez Poupette et vous les renverrai bientôt. Je vais vous acheter un livre formidable : la métamorphose de Kafka (avez vous lu le Procès ? Aviez vous aimé ?). Je vous apporterai le tout à Rouen. Je vous dis tout de suite que vous avez un train pour Rouen à 10 heures 23 du matin, qui arrive à midi. Moi je ne pourrai être à Rouen quà 13 heures, les trains ne collent pas et je mexcuse de ne pas arriver le premier. Il faut mécrire si vous avez besoin de sou pour venir et je vous enverrai 100 francs.Adieu, Wanda des Merveilles,…Simone et Hélène de BEAUVOIR : Lune blonde, lautre brune. Lune peintre, lautre écrivain ; lune sage, lautre rebelle. Malgré leurs différences, Hélène et Simone de Beauvoir sont unies par un amour indéfectible que ni le temps ni les divergences esthétiques ou politiques ne parviendront à entamer. Alors que Simone obtient lagrégation de philosophie et rencontre Jean-Paul Sartre, Hélène réalise sa première exposition de peinture sous le regard de Picasso. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les deux sœurs sont séparées. Hélène épouse à Lisbonne lun des élèves de Sartre, Lionel de Roulet, défenseur actif de la France libre, et réalise une première série de tableaux sur la vie quotidienne au Portugal. Restée en France pendant lOccupation, Simone publie son premier roman, LInvitée. ‎


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‎SARTRE (Jean-Paul).‎

Reference : 3427

(1937)

‎Né à Paris. 1905-1980. Agrégé de philosophie. Écrivain, dramaturge et philosophe français. Personnalité majeure de la vie intellectuelle française dans les années 60. L.A.S. « J.P. Sartre » à Marie Ville ? Paris, 12 septembre 1937. 10 pages grand in-4 sur papier à en-tête du « Dôme – Café – Bar Américain – Tabac » à Montparnasse.‎

‎ 12/09/(1937) Très longue relation de son voyage en Grèce avec Simone de Beauvoir (le Castor) parsemée danecdotes cocasses. Extraits :…Ça me fait un drôle deffet de continuer cette lettre ici et sur ce papier, avec une plume française avare et fine au lieu décraser une grosse plume grecque lippue sur du papier rayé (je le haïssais, ce papier) et ça ma fait un drôle deffet aussi dentendre votre voix hier au téléphone un drôle deffet bien émouvant…...Je voudrais seulement savoir si vous mavez aussi de temps en temps profondément haï parce que je traînais sur les routes de Grèce pendant que vous étiez au fond de votre puits. Je reprends le récit du voyage. Je le finirai dans cette lettre ou dans le prochaine (je ne suis pas encore rentré chez mes parents, je fais le fier à Montparnasse, tout fier dêtre si brun parmi des navets, je vois Zuorro, jenvoie partout des coups de téléphone pour tâcher de réunir largent du voyage du Castor et de Hazackewer en Alsace……Vous savez donc que, vers le 25 août nous traînions à Athènes, puis que nous avons pris un bateau pour Salonique et que nous y sommes arrivés le 27 au matin. Nous avons eu une drôle de surprise en arrivant car de loin Salonique na pas du tout lair dune ville couchée, comme les autres villes grecques, elle fait « ville debout », vous savez comme dit Céline en parlant de New-York, avec un quai tout bordé de gratte-ciel élancés. Entendez moi : des gratte-ciel à sept étages. Mais vous nimaginez pas ce que ça peut faire après quarante jour de Pelopponèse et dans les Iles de voir ainsi, au bord de leau, des sept étages lun sur lautre…...Nous avons débarqué dans cette ville qui faisait cruellement luxueuse pour deux sans le sous et je me suis installé à la terrasse dun café pendant que le Castor cherchait un hôtel. Vous savez la combinaison : nous attendions de largent pour le premier septembre. Il sagissait donc de prendre la pension dans un hôtel luxueux et de nous faire tout servir à lhôtel quon ne paierait quà la fin du séjour. Mais le bon Castor ne revenait pas et au bout dune heure jétais sérieusement inquiet...Nous sommes descendus à Volo, ville sinistre. Il pleuvait, nous avons appris à la gare quil fallait sept heures pour arriver aux Météores. Cétait trop long, nous aurions manqué le bateau du lendemain et naurions pu rentrer à Athènes que le cinq au matin. Nous sommes revenus sous la pluie, un peu désespérés dans le plus grec des cafés, un hall sinistre ou quelques grecs aux yeux vides avaient lair dattendre indéfiniment (un train ou une audience) le visage morose, jetés nimporte comment sur des chaises de cuisine mais restant dans les positions les plus incommodes par paresse de faire un mouvement et trouvant le moyen au fond de leur néant de garder une mine dimportance. Cette pluie, les visages taillés à coup de serpe et barrés de dures moustaches, cette grande salle dattente, notre indécision : nous nous sommes sentis tout dun coup au fond de la Grèce, avec des épaisseurs et des épaisseurs de Grèce par dessus la tête...‎


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‎SARTRE (Jean-Paul)‎

Reference : 3428

(1940)

‎ Né à Paris. 1905-1980. Agrégé de philosophie. Écrivain, dramaturge et philosophe français. Personnalité majeure de la vie intellectuelle française dans les années 60. L.A.S. « J.P. Sartre » à « Mon amour » [Mlle Wanda Kosakiewicz ]. S.l., [Morsbronn, Alsace], 11 janvier [1940]. 2 pages 1/2 in-4 sur papier à carreaux (encre céruléenne). ‎

‎ 11/01/(1940) SUPERBE LETTRE DAMOUR À WANDA KOSAKIEWICZ PENDANT LA DRÔLE DE GUERRE : Extraits :…Ainsi tu es restée deux jours sans mécrire, mauvaise petite teigne. Mais ce nest pas de ça que je ten veux (au fait tu sais, je ne ten veux de rien du tout, je suis tout en idylle avec toi. Cest davoir passé un sombre petit Dimanche et de navoir pas songé tout aussitôt à me lécrire. Rappelle-toi, cétait dans nos conventions. Aussitôt que tu avais le moindre ennui tu devais men faire part. Eh, je sais bien que cétait au fond des choses qui ne se disent guère : par exemple que Paris fait sinistre le Dimanche. Mais même ça, ma douce petite lumière, il faut me lécrire, sinon comment veux-tu que je sois ta sécurité. Est ce que je ne parle pas comme il faut ?...« Je pense comme toi que la femme lunaire [Marie Ville] est une drôle de personne dans le genre du héros du Voyage au bout de la nui [premier roman de Louis-Ferdinand Céline], qui a toujours envie de sagiter et daller au bout de quelque chose, tu mas fait rire lautre jour en me disant quelle voulait être une lionne daprès guerre, mais je pense quelle ne sera rien du tout et ça vaut mieux parce que finalement cest terriblement « social » une lionne daprès-guerre, rien du tout quelle-même, ce drôle de gros personnage plein de veulerie et dénergie, de charme et de vulgarité, de bêtise sentencieuse et dune espèce dintelligence »…« Cest la première fois que je sens dune façon concrète que tu penses à moi en dehors des moments où tu mécris. Ne prends surtout pas ça comme un reproche, mon amour, cest ma faute et non la tienne, cest parce que je suis un inquiet »…« Tu mécris de charmantes petites lettres et je suis au mieux avec toi. Et puis je vais bientôt te voir, je nai plus cette accablante impression de distance que javais en décembre et qui fut à lorigine de ma crise de passionnel. Et puis peut être je vais aller ensuite à larrière du front, en Avril ou en Mai (mais ça nest pas sûr) et alors je te ferai venir tout un grand mois près de moi ou plus ou tout autant que tu pourras supporter dêtre loin de Paris. Je taime tant, mon amour. »…« Jécris les histoires pour loncle Jules. Ca sera finalement un traité de littérature, jai peur que tu naimes pas ça du tout. Tu me donneras ton avis quand je viendrai en permission et si ça ne te plait pas bien je cesserai peut-être, tu verras »…[Sartre commença la rédaction de lEtre et le Néant pendant la guerre]« Aujourdhui il fait moins quinze et nous navons plus de charbon. En ce moment le poêle est éteint mais il reste encore un peu de chaleur, mais demain quallons nous faire. Ca mamuse plutôt de voir ce qui va se passer, comment nous endurrons (sic) ça, ainsi pris au pied du mur»…‎


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‎SARTRE (Jean-Paul).‎

Reference : 3429

(1504)

‎Né à Paris. 1905-1980. Agrégé de philosophie. Écrivain, dramaturge et philosophe français. Personnalité majeure de la vie intellectuelle française dans les années 60. L.A.S. « J.P. Sartre » à « Ma douce petite Wanda » [sa maîtresse Mlle Wanda Kosakiewicz]. S.l. [Brumath, Alsace], 15 avril [1940]. 3 pages 1/2 in-4 sur papier à carreaux.‎

‎ 15/04 SUPERBE LETTRE DAMOUR À WANDA KOSAKIEWICZ PENDANT LA DRÔLE DE GUERRE : Sartre se réjouit davoir « enfin » reçu sa lettre… Il lui fait part de ses réticences vis-à-vis de « la femme lunaire » [une ancienne maîtresse Marie Ville, rencontrée à Berlin en 1934] et lui conseille de la tenir à distance.Sartre raconte ensuite ses impressions sur la soirée théâtrale de la veille…Extraits :« Jai enfin reçu aujourdhui ta charmante petite lettre et je suis bien aise de navoir pas râlé, ces jours de silence, je ne saurais plus où me fourrer à présent. Mais pourquoi as tu si peur de te fâcher avec moi ? Si ce nest pas toi qui te fâche la première, mon cher amour, nous voilà tout bien ensemble pour longtemps. Si tu savais comme au plus profond de mon cœur je me sens incapable de colère ou de rancune après toi, tu naurais plus peur de casser des glaces. Elles viennent de te vouer chacune à 7 ans de malheur, total 21 ans. Mais cest trop. A mon avis il faut tirer au contraire de cette exagération même quelque réconfort et je ne serais pas loin de penser que cela te présage quelque bonheur imminent ».Samedi soir, jai donc été au « théâtre aux Armées ». Je ne te lécrivais pas hier, parce que je suis comme toi : je tremble comme la feuille dêtre brouillé avec toi (mais moi, depuis lhistoire Gibert [Colette Gilbert, une ancienne maîtresse de Sartre], jai des raisons davoir peur). Ça nest dailleurs quun très mince petit événement. On était empilés comme des figues sèches dans un minuscule et austère foyer protestant. Au balcon les officiers, invisibles, sauf de temps à autre, les cheveux blancs du général. En tas nous autres. Pieter [autre soldat, Pieterkovski] et moi nous étions debout sur le côté, nous voyions une mer de calots. Le rideau sest levé et on a donc vu ces soldats mon dieu que cétait triste de les voir nous distraire habillés en soldats »…Mais il y avait un assez bon jazz, copié sur celui de Ray Ventura, mais avec des soldats derrière les pancartes de bois qui portent chacune une lettre du nom du Jazz. Ils ont joué deux fox et puis ils ont annoncé deux rumbas. Et comme cétait samedi soir, jour de bal nègre et que on ne mavait pas écrit depuis deux jours, le cœur ma tourné de jalousie poétique, je pensais que tu étais en train de danser la rumba avec les nègres, que tu étais dans ton monde nègre, ce mon rougeoyant et sensuel où je ne peux pas te suivre, où tu es seule. Ça métait presque insupportable dentendre ces rumbas et pourtant je les trouvais superbes… Cest que, tu sais, dordinaire je pense à toi au passé, ou dans lavenir ou dans léternel. Mais dieu soit loué, je nai pas trop le sens de la simultanéité, ça me ferait rugir comme un tigre de mimaginer que tu es à présent ici ou là. Et là, ces rumbas me la découvraient malgré moi, cette simultanéité. Cest un drôle de truc. Pour moi la jalousie cest presquexclusivement le sens de la simultanéité. Je ne suis dailleurs pas trop malheureux dêtre jaloux de toi parce quil y a quelque chose de violemment sensuel dans ma jalousie (…) Dehors cétait un charme de nuit. Je taime formidablement, mon amour, je suis tout feutré dun long désir pour ton cher petit corps, ça ne me quitte pas, je voudrais te revoir, chère petite personne, entendre ta voix et revoir un de tes visages tendres. Je ne tai jamais aimé aussi fort…‎


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‎SARTRE (Jean-Paul)‎

Reference : 3430

‎Né à Paris. 1905-1980. Écrivain, dramaturge et philosophe. Personnalité majeure de la vie intellectuelle française dans les années 60. L.A.S. « J.P. Sartre » à Ma douce petite Wanda » [Mlle Wanda Kosakiewicz]. S.l., [Brumath, Alsace], s.d. [1940]. 6 pages 1/4 petit in-8 sur papier quadrillé.‎

‎ S.D. SUPERBE LETTRE À SON AMANTE PENDANT LA DRÔLE DE GUERRE...Il ny avait rien de toi hier mais je suis sûr que la faute en est à la Poste... remarque Sartre qui ne sen inquiète pourtant pas. ...Il me semble que si jamais tu te tais un jour ou deux (mais surtout ne va pas te croire encouragée à le faire) ça ne me fera plus du tout pareil, parce que je tai vue plus dune fois, envoûtée et cherchant à sortir de ta petite cage de brume et ny parvenant pas [...] et jimagine, à présent, [...] quand tu nécris pas [...] pourtant tu nes pas coupée de moi. Tu sais, je suis tout riche de toi, tous ces temps, inépuisablement riche, tu es toujours avec moi, je ne te quitte pas et toi aussi mon amour, tu es mon merveilleux amour. Je voudrais pouvoir texpliquer comment toute chose de cette ville en est transformée, plus légère et moins présente. Ça fait comme un petit recul poétique dans le passé... La veille, au restaurant, il sest un peu saoulé, ...Pas beaucoup, juste un peu. Je ne saurais pas bien te dire pourquoi mais ça me faisait fort de perdre la tête en toi. Jimaginais bien que cétait le café et Pieter [le soldat Pieterkovski] qui allaient samincir jusquà la transparence et que toi tu resterais tout contre moi, lourde et opaque comme une présence. Cest arrivé : jétais seul avec toi, violemment seul. Et je pensais à tout ce que tu mavais dit au Normandie [...]. Et jai pensé que tu étais formidablement romanesque et émouvante. Jai compris aussi quil y avait à présent et pour toujours quelque chose de complètement dégelé en moi, une méfiance de vieux qui me restait encore de lhistoire avec Olga [la s?ur de Wanda dont Sartre fut amoureux] et de nos premiers rapports à toi et à moi. [...]. Et puis on est parti et Pieter ma emmené chez sa blanchisseuse ; il apportait des chocolats au gosse de la blanchisseuse, il a parlé, ils ont remercié, ça me faisait extraordinaire dêtre là, au milieu de ces gens, jétais complètement dépaysé, mais ça nétait pas déplaisant, cétait plutôt fort. [...] je voudrais tant que tu peignes [Wanda voulait être artiste-peintre], ma douce petite Wanda, jespère que le Castor [Simone de Beauvoir] ta donné ton sou. Tu me fais si fragile. Tu mas dit que jétais le seul qui ne te traitait pas aux bains froids quand tu étais nerveuse. Cest que je prends tes nervosités profondément au sérieux. [...]. Je voudrais tant être près de toi, comme lorsque tu tendors dans mes bras, pour endormir un petit moment cette angoisse [...]. Je suis un peu embêté parce que sil ny a rien tout à lheure au courrier il faudra attendre deux jours. Nous partons demain à laube, faire des exercices de tir à 20 kilomètres dici et nous, nous allons sonder. En soi ça na rien de déplaisant, je verrai du pays et jentendrai tonner des canons. Mais cest comme une absence de deux jours par rapport à toi. Je técrirai de là-bas, fût-ce sur mes genoux. Je taime passionnément… ‎


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