Marseille, directeur: Jean Ballard. Un volume de 180 pages non coupées. Exemplaire en bon état. Au sommaire un important dossier de 30 pages, "Le Sang noir, textes africains et américains" présentés par Pierre Guerre avec des textes de L.S. Senghor également traducteur de poèmes africains traditionnels. Ce numéro est peu connu. Antérieur de deux ans à la fameuse Anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française dirigée par Senghor et préfacée par Jean-Paul Sartre, il peut pourtant être considéré comme l’acte de naissance de la négritude senghorienne.
Reference : 46760
"En 1946, le « chant de guerre » baoulé ouvre un dossier spécial de la revue littéraire les Cahiers du Sud, intitulé « Le sang noir ». Le sommaire ne mentionne pas de directeur de publication ; l’ensemble est précédé d’une note liminaire anonyme et d’un bref avant-propos signé de Pierre Guerre, une des chevilles ouvrières du périodique marseillais. Il ne fait pas de doute néanmoins que c’est à Senghor qu’on doit la conception de ce « fronton » (selon la terminologie de la revue). C’est un projet qui a été longtemps différé, et qui a changé de nature entre sa première formulation et sa réalisation. Dès mars 1938, Senghor avait été sollicité par Jean Ballard, le directeur des Cahiers du Sud, pour un « numéro nègre ». Une première table des matières, conservée dans les archives de Senghor (Senghor 1938), et ses échanges avec Ballard montrent que ce numéro est alors conçu comme un ensemble d’articles sur le « problème nègre », dans une perspective qui rappelle celle de la Revue du monde noir de Jane et Paulette Nardal (1931-1932). La réflexion afro-américaine domine : le Martiniquais Louis Achille doit jouer un rôle central ; René Maran et Alain Locke sont sollicités ; Jean Price-Mars envoie une contribution sur la littérature haïtienne, et Senghor lui-même promet de reprendre sous un angle plus littéraire les réflexions de « Ce que l’homme noir apporte », paru un peu plus tôt (voir Djian 2005 : 165-183). La correspondance avec Ballard, interrompue par la guerre et la captivité de Senghor, reprend en 1944 ; les deux hommes se rencontrent à Marseille en novembre 1945, et en septembre 1946, le numéro finit donc par paraître. Mais il n’a plus rien à voir avec le projet initial. L’ensemble d’une trentaine de pages propose plusieurs chants baoulé et dioula recueillis par Delafosse et Gaden (ou empruntés aux traductions françaises de Carl Einstein), des contes moundang et peul recueillis par Jean-Paul Lebeuf ; Senghor lui-même traduit un chant peul et le « Poème du feu follet », un « chant bantou » qu’il commentera à plusieurs reprises (voir notamment Senghor 1964 [1954]) ; suivent, enfin, des échantillons de littérature populaire brésilienne, antillaise et américaine (blues et spirituals). À la fin de la section « Afrique », on trouve un poème inédit de Senghor ; à la fin de la section « États-Unis », cinq textes relevant peu ou prou de la Harlem Renaissance (certains traduits par Senghor). Les réflexions théoriques sur la dignité du Noir en Afrique, aux Antilles et aux États-Unis ont cédé la place à la collecte ethnographique de littérature orale sur tout le continent africain et au-delà – et de cette littérature orale, la poésie noire contemporaine est une émanation." Vincent Debaene, Itinéraire d’un « chant de guerre » baoulé. De la violence coloniale aux négritudes (Gradhiva, n°38, 2024).
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