, , (Vers 1870-1880). Grand in-folio manuscrit (54 x 41 cm) de 52, 50 ff. enluminés sur peau de vélin à l'encre et aqurelle rouge, vert, bleu et or, chagrin rouge, dos orné à nerfs, décor sur le plat supérieur d'écoinçons et d'une grande plaque circulaire ajourés en laiton avec incrustations de cabochons de pierres, sur le second plat quatre plaques d'angles circulaires ajourés en laiton avec incrustations de cabochons de pierres, dentelle intérieure, gardes de papier dominoté (reliure de l'époque).
Reference : 44443
Exceptionnel manuscrit enluminé sur peau de vélin à la manière des livres d'heures dont chaque feuillet rehaussé d'or est orné en belle page de lettrines, décors ou peintures renouvelés, en guise de tombeau des soldats morts aux portes de Sedan le 1er septembre 1870, à Balan et Cazal (aujourd'hui lieu-dit de la commune de Floing) après « la charge du désespoir ».Il a été réalisé par l’abbé Jean Eugène Lanusse (1818-1905), aumônier militaire ordonné prêtre en 1844, qui à ce titre participa à de nombreuses batailles des guerres du Second Empire, à la campagne d’Italie comme à l’intervention française au Mexique. L'abbé Lanusse était présent lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et assista aux batailles de Reichshoffen (ou Froeschwiller) et de Floing, près de Sedan. De ces batailles, qui se soldent pour la France par la chute de l’Empire et la perte de l’Alsace-Lorraine, l’abbé Lanusse tira cet ouvrage manuscrit et enluminé : La Trouée de Balan est un de ces faits qui a provoqué des appréciations bien différentes. Je n'en relaterai aucune. Libre à chacun de juger cette entreprise à laquelle cependant on ne pourra refuser une hardiesse hors ligne surtout après l'expérience qu'on avait faite toute la journée des forces allemandes. Mais si je réclame la liberté pour les autres, je la réclame aussi pour moi, ne serait-ce que pour dire mon admiration pour tous ces braves entraînés par la vague espérance d'un succès, entraînés surtout par cette pensée : coûte que coûte revoir la patrie… fuir à tout prix le chemin de l'exil. Depuis les premières heures du jour, ils étaient fatigués de voir la France courber la tête dans la poussière sous le poids du fer et des forces de la Prusse. Ils voulaient enfin voir son front si noble se relever et regarder l'avenir. Essayons, se sont-ils écriés dans les transports du plus sublime héroïsme. Ils sont partis… Lisez ce qui est advenu. (incipit)« Balan, comme Bazeilles, connut le 1er septembre 1870 des combats meurtriers franco-allemands, particulièrement dans le parc du château, où la résistance acharnée des Français fit de nombreuses victimes prussiennes. Le 1er septembre 1870, l’armée française positionnée au nord et à l’est de Sedan, est encerclée par l’armée ennemie. Depuis le début de la matinée, les troupes françaises sont bombardées par l’artillerie allemande forte d’environ cinq cents canons et installée sur les hauteurs qui entourent la ville de Sedan. De nombreux soldats français sont tués ou blessés par des obus ou des éclats d’obus sans avoir même pu combattre. L’artillerie française, dont les canons ont une portée beaucoup plus courte que ceux de l’ennemi, ne peut répondre à ces bombardements intenses. Les quelques batteries françaises qui essaient de s’organiser pour soutenir l’infanterie sont rapidement détruites par les obus ennemis. Malgré des combats d’infanterie importants au calvaire d’Illy et des charges de la cavalerie sur le plateau de Floing, l’armée française ne peut, ni empêcher son encerclement, ni effectuer une brèche dans l’épais rideau des troupes d’infanterie allemandes. L’armée française fait en effet face à une armée deux fois plus nombreuse comprenant plus de deux cent mille hommes. Face à ce déluge d’acier, face au feu intense des tirs de l’infanterie ennemie, l’armée française recule sur tous les fronts et effectue un mouvement de retraite vers la ville de Sedan. Vers quinze heures, Napoléon III fait dresser un drapeau blanc sur la citadelle de Sedan mais celui-ci est vite abattu. Une heure plus tard, le général de Wimpffen, commandant en chef de l’armée française, tente d’effectuer une dernière percée en direction de Balan, dans l’espoir de pouvoir effectuer une retraite vers Carignan. Une fois encore, après de violents combats, les troupes françaises sont obligées de se retirer. Les derniers soldats français quittent Balan vers dix-sept heures vingt. » (Archives départementales des Ardennes).La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg conserve du même abbé Lanusse le manuscrit enluminé dans le même goût Reichshoffen ; les Charges de Floing (référence MS.7.149) : « Tombeau offert aux combattants (…) le lecteur est également saisi par l’ornementation du texte : les pages sont enluminées en couleurs, les lettrines sont dorées. Les motifs de fleurs et de plantes, d’oiseaux, d’anges, etc., fournissent une forme de contrepoint à un récit souvent sanglant. Refusant tout réalisme, l’auteur affirme son parti-pris : « Pour moi je tiens à cacher sous des voiles de fleurs, sous les ornements et les richesses que nous offre la paix, les conséquences, les ruines de nos tristes colères ». Doté d’une reliure à grandes ornementations métalliques dorées, ce manuscrit imposant a été acquis par la Bibliothèque nationale et universitaire en 2019. Caractéristique du kitsch religieux de la seconde moitié du 19e siècle, il est aussi un témoin du sentiment patriotique exalté par la défaite de 1870. » (A. Leroy, Abbé Jean Lanusse, Reichshoffen ; les Charges de Floing, s.l., vers 1870-1880)Provenance : Pierre Robert de Beauchamp (1861-1946) avec son ex-libris armorié qui porte la devise « Ce que Dieu veut » accompagné d'une photo de Monseigneur Lanusse de l'École de Saint Cyr. On joint la citation à l'ordre de l'armée datée 29 juin 1918 de son fils le capitaine Jean Robert de Beauchamp (1891-?). Importantes mouillures sur l'ensemble de la deuxième partie (Cazal), reliure usagée (mors supérieur partiellement fendu, mouillure sur le deuxième plat, épidermures, coins frottés).
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