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‎[Librairie. Réglementation du Livre]. ‎

‎, , 1647-1793. 1647-1793. Ensemble 116 pièces sous chemise, pièce de titre manuscrite. ‎

Reference : 42932

‎Une collection emblématique de la réglementation et des pratiques éditoriales aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette collection exceptionnelle de publications éphémères – arrêts, mémoires, jugements et autres documents officiels – constitue un témoignage précieux des mécanismes complexes de la régulation et de la censure du livre en France à l'époque moderne. Elle illustre non seulement l’application stricte de la législation royale, mais aussi les nombreuses stratégies employées pour la contourner, révélant ainsi la vivacité des débats autour de la liberté d’expression et de la circulation des idées.Un cadre légal strict et des rivalités institutionnelles. La librairie française à cette époque était soumise à un régime de censure préalable exercée par la Direction de la Librairie, une institution placée sous l’autorité du chancelier, lui-même rendant compte directement au roi. Après publication, la censure pouvait également s’exercer par des arrêts du Conseil d’État ou des jugements de divers tribunaux, souvent accompagnés de condamnations publiques, d’amendes, et de l’envoi des livres prohibés au bûcher.Cependant, les rivalités entre institutions – la Sorbonne, l’Église catholique, les parlements et le pouvoir royal – compliquaient l’application uniforme de cette censure. Les directeurs de la Librairie, souvent ouverts aux idées nouvelles, se trouvaient pris entre les injonctions contradictoires des différentes autorités.La permission tacite et l’essor des éditions clandestines. Face à la prolifération des éditions non autorisées et des contrefaçons étrangères, l’abbé Jean-Paul Bignon, directeur de la Librairie à partir de 1699, mit en place en 1709 un système de permission tacite. Ce dispositif permettait de publier certains ouvrages sans approbation officielle explicite, évitant ainsi les sanctions tout en favorisant une certaine tolérance.Malgré ces efforts, l’impression clandestine et les contrefaçons continuèrent à prospérer. Entre 1750 et 1800, on estime que plus de la moitié des livres français furent publiés à l’étranger, et près des deux tiers sans privilège, sans permission tacite ou même en violation des interdictions officielles.Exemples marquants d’une collection précieuse. Cette collection rassemble une centaine de pièces représentatives de cette période tumultueuse, parmi lesquelles :Jugement (1736) condamnant des imprimeurs clandestins pour avoir produit des ouvrages jugés « scandaleux et contraires à la religion ».Arrêt du Conseil d’État (1777) concernant les contrefaçons de livres, rappelant les sanctions encourues par leurs auteurs.Arrêts de 1786 visant des imprimeurs et leurs compagnons pour infractions aux règlements syndicaux, illustrant le contrôle rigoureux du métier.Mémoire pour les libraires associés à l’Encyclopédie (1770), témoignage des batailles judiciaires autour de cette œuvre emblématique des Lumières. Arrêts de 1746 et 1747 confisquant les ouvrages prohibés et interdisant à des libraires comme la Veuve Bienvenu d’exercer leur métier pour publication furtive d’ouvrages « contraires aux bonnes mœurs ».Ces exemples, mêlant condamnations, régulations et plaidoyers, mettent en lumière les tensions entre le contrôle des idées par le pouvoir royal et l’effervescence intellectuelle qui caractérisa cette époque.Une histoire des idées et des pratiques. Au-delà des aspects juridiques et administratifs, cette collection révèle les stratégies déployées par les auteurs, imprimeurs et libraires pour contourner les interdictions et assurer la diffusion de leurs œuvres. Elle témoigne également de la lutte constante entre contrôle étatique et aspirations à une liberté intellectuelle, dans un contexte où la censure était à la fois un instrument de répression et une source d’innovation clandestine.Ce corpus, par sa richesse et sa diversité, offre une fenêtre unique sur les rouages de la librairie française et sur l’évolution des rapports entre le pouvoir et le monde des lettres aux XVIIe et XVIIIe siècles. ‎