Paris, 6 juin, 1855. Une page manuscrite (230 x 178 mm). Encre brune sur un bi- feuillet, avec adresse, timbre et cachet postal au dos. Traces de pliures anciennes.
Reference : 1168
Cette lettre autographe est inédite. Cette lettre autographe d’une page signée “Ch. Baudelaire” est intéressante à plus d’un titre. Le poète indique à l’un de ses créanciers, M. Templier, que le rachat d’une créance due par lui ne donne pas de droits à disposer de ses œuvres : “La question est mal posée. Je me suis engagé envers M. Lecou à fournir un volume à mon choix, non au sien, ni à plus forte raison au vôtre, vous qui n‘êtes que l’héritier d’une créance”. La lettre est mentionnée dans la Correspondance générale [de Baudelaire] recueillie, classée et annotée par M. Jacques Crépet. Une lettre relative à la publication des Histoires extraordinaires de Poe. À l’affût des nouveautés, Victor Lecou (né en 1801) était l’éditeur des Illuminés de Gérard de Nerval et de la Revue de Paris, dans laquelle Baudelaire publia sa première grande étude sur Poe. En 1952, Lecou avait misé sur une traduction de Poe, annoncée sous presse dans ses catalogues de mars et de mai 1853. Le contrat d’édition passé avec Baudelaire donnait à l’éditeur “le droit d’imprimer à quinze cents exemplaires et passes doubles dans le format in-18 anglais un volume intitulé Histoires extraordinaires et traduit de l’américain d’Edgar Allan Poé [sic].” Le poète devait toucher 300 francs à la remise du manuscrit. La publication prit cependant du retard – Baudelaire était alors harcelé par ses créanciers, – et le contrat fut annulé. Claude Pichois note dans son Dictionnaire Baudelaire que Victor Lecou “semble avoir été l’un des éditeurs vraiment cultivés de son époque, mais il ne disposait pas d’un financement assez important pour lutter contre des maisons comme Hachette et Larousse. En 1855, il céda son fonds au premier nommé.” Lorsque Hachette refusa de publier Baudelaire. Il semble que ce soit Émile Templier (1821-1891), le gendre de Louis Hachette, qui reprit l’affaire avec Baudelaire. Notre lettre laisse entrevoir des relations plus que froides entre les deux hommes, dont nous avons au moins un autre témoignage. En 1906, Eugène Crépet mentionne en effet dans ses souvenirs une visite à Émile Templier, en compagnie de son ami : “Je dus notamment une fois, sur sa prière, l’accompagner chez Templier, gendre d’Hachette, auquel il faisait une visite diplomatique pour l’engager à éditer Edgar Poe (c’était avant Michel Lévy). Il s’agissait de l’endoctriner, de le capter, de le séduire, de l’enlacer, d’être charmant enfin en même temps que persuasif. Il réussit à l’agacer de telle sorte, que peu s’en fallut que Templier ne nous mît l’un et l’autre à la porte.” Templier refusant visiblement la suite de la traduction, l’affaire échoua et elle se réduisit à une histoire d’argent. Quelques mois plus tard, en août 1855, Charles Baudelaire traita avec Michel Lévy qui fit paraître les Histoires extraordinaires en 1856. Claude Pichois, Dictionnaire Baudelaire, p. 264. Eugène Crépet, Charles Baudelaire, Étude biographique revue et mise à jour par Jacques Crépet, Léon Vanier, 1906, p. 296. Mille nuits de rêve. Collection Geneviève & Jean-Paul Kahn, Pierre Bergé, 2019, n° 16 pour le contrat d’édition entre Baudelaire et Lecou.
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