Mexico 26 décembre 1864 - 6 février 1865 Lettre du 26/12/1864 : (275 x 220 mm) 10 pp. + lettre du 16/01/1865 : (226 x 134 mm) [2] ff. + lettres des 06/02/1865 et 03/01/1865 : (210 x 135 mm) 10 pp., le tout manuscrit à l'encre brune.
Reference : 627
TÉMOIGNAGE INÉDIT DES DÉCEPTIONS DE L'EXPÉDITION DU MEXIQUE. Réunion de 4 lettres autographes expédiées à sa famille par Alfred Meaume, marchand français établi à Mexico lors de l'Expédition du Mexique. Datées des 26 décembre 1864, 3 janvier 1865, 16 janvier 1865 et 6 février 1865, les lettres, d'une grande richesse de détails, documentent l'expérience quotidienne des français attirés aux Amériques par les promesses du « rêve mexicain », et les mouvements de l'opinion populaire lors de la première année du règne de l'empereur Maximilien. On ne dispose que de peu d'informations sur l'auteur : fils de Joachim-Jean Augustin Meaume (officier des armées de terre et de mer, puis précepteur chez Lucien Bonaparte en Angleterre), il serait né à Saint-Pierre d'Oleron et mort au Mexique en 1876 (Bulletin de la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, vol. 7, 1887. p. 78). Dans le but d'instaurer au Mexique une monarchie catholique qui contrebalancerait dans les Amériques le pouvoir des États-Unis protestants, Napoléon III profite de l'instabilité politique et économique qui règne sur le Mexique nouvellement indépendant pour tenter d'y établir un protectorat français. Il fait installer sur le trône du pays Ferdinand Maximilien d'Autriche, frère cadet de l'empereur François-Joseph, qui fait sa « joyeuse entrée » à la capitale le 12 juin 1864. Encouragé par les promesses d'un Mexique alors perçu en Europe comme un Eldorado de mines d'or et d'argent, Alfred Meaume tente la traversée : il emporte avec lui la somme de 1000 piastres ainsi que des marchandises qu'il espère vendre à Mexico. Après 48 jours en mer, il parvient à Veracruz en décembre 1864. C'est le début pour lui d'une série de désillusions ( « Les renseignements qu'on donne à Paris sur le Mexique sont loin d'être vrais » [26 décembre, p.10]). Depuis Veracruz, Meaume gagne la capitale en voiture-diligence. La première lettre est en grande partie consacrée à ce périple sur des routes accidentées (le cocher doit régulièrement faire usage de cordes et de pioches, les voyageurs font une part du chemin à pied, les mules tombent d'épuisement) à travers des villes et villages de montagne. Il y observe la présence de nombreuses troupes de soldats français et la trace des premiers affrontements : « Les villes et les villages que nous avons traversés avaient un air si misérable que cela faisait pitié. Dans la plupart il y avait encore des restes de barricades faites pour la guerre près des maisons à moitié abattues par le canon, des couvents saccagés soit par les guérillas soit par les troupes » (26 décembre, p. 6) Parvenu à Mexico, Meaume espère trouver un emploi pour couvrir ses dépenses et ainsi pouvoir régler le transport de ses marchandises, censées le rejoindre dans les mois suivants. Mais ses attentes sont déçues : le général Bazaine n'accepte plus de recommandations, Meaume peine à trouver un poste de comptable faute de maîtriser l'espagnol et le commerce marche mal en cette période de troubles : « Il y a énormément de jeunes gens français qui sont venus avec des petites pacotilles et qui rendus ici n'ont pas eu de quoi payer les droits ou qui avaient apporté des objets qui ne se vendent pas au pays et qui ont été obligés de les céder à vil prix par des courtiers » (26 décembre, p. 10) Meaume semble avoir accepté en février un poste de professeur dans une école française. Il continue toutefois de nourrir d'autres ambitions : « Je ne sais pas si en france on parle comme ici du projet qu'aurait Napoléon de prendre comme compensation de la dette du Mexique qui dit-on monte à un milliard, la province de la Sonore [Sonora] qui est une des plus belles et des plus riches de cette contrée et d'en faire une colonie française. Qu'Edouard ait l'obligeance de me le dire si ce bruit prend quelque consistance en france [...] parce que je voudrais bien être un des premiers à y demander un établissement » (16 janvier 1865) Meaume rend compte à plusieurs reprises de l'insécurité qui règne à la capitale : petits larcins (qu'il attribue à la « nature » des mexicains), affrontements entre soldats et guérillas (« dans toute la ville on assassine presque toutes les nuits et on fusille presque tous les matins » [26 décembre, p. 8]), pillages : « On n'est en sûreté nulle part, même pas à la porte de Mexico, car hier et avant-hier les trois diligences ont été arrêtées et pillées [...]. Il faut avouer que les brigands sont très courtois car ils se contentent de prendre vos effets, votre argent et vos bijoux ; mais ne vous tuent que si vous résistez ce qui arrive rarement, car il y a presque toujours des Européens et des Mexicains et si les premiers veulent faire usage de leurs armes, les derniers leur en empêchent tant ils ont peur des guerillas. » (16 janvier 1865) « Si les officiers français quittent le Mexique », conclut-il, « les étrangers feront bien d'en faire autant ». Avec le prolongement des affrontements, l'opinion des français installés au Mexique sur les politiques de Maximilien Ier se détériore. Ainsi, au 3 janvier, Meaume écrit : « Dimanche au sortir de l'église j'ai vu passer une calèche découverte l'empereur et l'impératrice je n'ai pas bien vu cette dernière mais lui je l'ai parfaitement vu il était en bourgeois. Les uns le disent capable les autres doutent de ses capacité disent qu'il n'est pas assez méchant qu'il faudrait pour dompter le peuple mexicain un homme de fer qui ne ménagerait pas ». Le 6 février, toute ambiguïté est levée : « quoi qu'en disent les journaux français ici l'espoir que l'on plaçait en l'empereur diminue car on voit qu'il ne fait rien ». La situation ira en se dégradant : sous la pression des États-Unis, Napoléon III retire ses troupes en 1865. Maximilien Ier, qui au cours de son règne s'était attiré à la fois l'hostilité des libéraux dirigés par Benito Juárez et celle des aristocrates conservateurs, refuse pourtant de renoncer au trône ; il est mis à mort par fusillade le 19 juin 1867. Ces lettres constituent une fascinante documentation de l'écart entre les visions politiques de Napoléon III et les réalités mexicaines à une époque où la population française est sous-informée sur la question de l'Expédition. On soulignera en outre l'intérêt, historique faute d'être ethnographique, du point de vue colonialiste sur le quotidien du pays et les populations mexicaines.
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