‎[LÉGER / BERNARD / CARLIER / VERDONI] ‎
‎Traité théorique et pratique du jeu des échecs, par une société d'amateurs‎

‎Paris chez Stoupe et au Caffé de la Régence 1775 In-12° (184 x 109 mm), xii pp. - 411 pp. - [2] ff., broché, titre manuscrit au dos (habillage de l'époque) ‎

Reference : 614

‎LES ÉCHECS DU CAFÉ DE LA RÉGENCE. Édition originale peu courante de cet important traité d'échecs, témoin du jeu parisien au café de la Régence dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Réimprimé dès 1776, l'ouvrage connaît en 1786 une seconde édition corrigée ainsi que des traductions anglaises et allemandes. Fondé principalement sur des parties jouées au café de la Régence, « première Académie des Échecs d'Europe » (p. ix), ce traité évoque successivement les parties à avantages (3 chapitres), les parties à but et les fins de parties (2 chapitres). Se revendiquant de l'école de Philidor « le Grand », leur partenaire de jeu, les « amateurs » auteurs du texte soulignent toutefois les limites de son Analyze des Échecs (1749) : « nombre de Parties qui composent son traité sont plus instructives que correctes, & [...] ses assertions sur le gain ou la perte forcées de ces Parties sont souvent hasardées & démenties par la combinaison & l'expérience » (p. vii). L'ouvrage introduit pour la première fois en France la notation algébrique de Stamma ; on y trouve en outre la première mention imprimée du terme « opposition » dans le contexte des échecs ainsi que la première apparition de la « défense hollandaise », ouverture qu'Elias Stein analysera dix ans plus tard. Des « amateurs » auteurs du traité on ne connaît que les patronymes : Léger, Bernard, Carlier et Verdoni. Habitués du café de la Régence, lieu de réunion privilégié des joueurs d'échecs parisiens, ils sont également cités comme membres d'un club d'échecs établi « sous la protection du comte de Provence, plus tard Louis XVIII, qui était lui-même membre du club. » (Gay, p. 124) Louis-Madeleine Ripault, dans Une journée de Paris, décrit une visite au salon d'échecs du café de la Régence et évoque deux des auteurs du traité : « cet homme qui prend quatre prises de tabac à la minute, qui en couvre sa cravate, sa veste, sa culotte et léchiquier, qui tourne la mâchoire de temps en temps, cet homme est le fameux Léger, le successeur de Philidor [...] Ce petit homme en habit gris, un peu râpé, et en culotte noire, devenue jaune, qui, placé derrière eux, suit leur partie en haussant les épaules, est Carlier, lantagoniste, le rival de Léger ; ils ont joué dix ans ensemble, et pendant ces dix ans, ils nont fait que des parties nulles... » (pp. 137-139) Carlier et Bernard seraient en tous cas parvenus à gagner une partie à avantage contre Philidor en 1780. PROVENANCE : Famille Brunet d'Evry, ex-libris héraldique à la devise « virtutem probat electis » contrecollé au contreplat supérieur ; ex-libris manuscrit au feuillet de titre : « M Devry ». 1 bibliothèque française, BnF (sites Tolbiac et Arsenal) Manques de papier au dos. Gay. Bibliographie anecdotique du jeu des Échecs. 1864, p. 105 ; Hoffmeister. Chess Theory from Stamma to Steinitz, 1735-1894. 2023. pp. 56-58 ‎