‎COCTEAU (Jean)‎
‎Né à Maisons-Laffitte. 1889-1963. Poète, dessinateur, scénariste, chorégraphe, dramaturge et cinéaste. Élu à l’Académie française en 1955. MANUSCRIT AUTOGRAPHE DE PREMIER JET comportant de nombreuses corrections et biffures, pour le Discours du grand sommeil, [1916-1918]. 23 pp. grand in-4. Numérotation en marge à la mine de plomb sur certains feuillets.‎

‎ Au commencement de la Grande guerre, Cocteau est assigné au service des ambulanciers auprès dune unité de fusiliers marins sur le front de Nieuport en Belgique. Il passe tout lhiver 1915 et le début de lannée 1916 dans la région de lYser où il vivra une expérience traumatisante qui conditionnera sa vie future. CE PRÉCIEUX MANUSCRIT DE POÈMES CHARGÉ DÉMOTION CONSTITUE LA RELATION DE CETTE TERRIFIANTE EXPÉRIENCE....Ma mère cétait bien elle assez bien elle / avec un tablier gorge de pigeon bordée (sic) de velours noir / et un petit lézard de diamant à son corsage / Elle me dit : je viens par le tunnel du rêve / Jai voulu écouter le canon avec toi / Car cette nuit il y aura une attaque / et moi je disais mais non, mais non / alors elle sassit près de moi / elle posa ses mains sur moi / et elle était dune tristesse immense / Elle me dit : Tu sais ton frère a son brevet de pilote / aussitôt / Et javais douze ans à la campagne / le soir, dehors, après dîner / mon camarade Charles dit : "il paraît / que les frères Whrit volent" / Maman sourit en cousant / Mon frère Paul toujours incrédule / Et Charles dit : Je serai mort / il y aura une grande guerre / et Paul qui fume la sous ce chêne / Volera et jettera / des bombes la nuit sur des villes…[alors jétais avec mon frère en aéroplane / nous volions dans un appareil Nieuport sans moteur / Nous volions a une grande hauteur / au dessus dun port ou entraient et sortaient les navires...]...[Juste au dessous de nous / il y a maman / elle nous cherche / elle nous cherche sur toute la terre probablement / alors je le suppliai de descendre / mais il disait : nous ne pouvons plus redescendre]Je me réveille mon bras / tué semplit deau de Seltz et le songe / Quelle heure est il a-t-on dîné / Le lieutenant me jette un coussin à la tête / mais couche toi donc tu dors debout / Je ne dors pas / Une lame de fond me roule / dans ce faux sommeil / Et je maccroche / à la barque jentends des rires / mais une lame de fond / memporte / profondément / dans les mers mortes / Alors jétais avec mon frère en aéroplane (…) Nous volions a une grande, grande hauteur / au dessus dun port ou entraient et sortaient les navires / Il me dit / Tu vois sur ce bateau / Juste au dessous de nous / il y a maman elle nous cherche / Elle nous cherchera probablement sur toute la terre / Et je le suppliais de descendre / mais il disait : non nous ne pouvons plus redescendre…...Ils dorment tous (…) / Ils se sont tous remplis comme un bateau fait eau / et soudain flotte à la dérive / Cette épave de couvertures / de genoux de coudes / (…) / les obus tombent / sur lhôtel de ville quil fait bon / sous leur bocage / nuit détoiles / La fusillade tape / de coups de trique secs sur / des planches tout lhorizon / sécroule......Cette nuit dans les mines / Une nuit à Nieuport Jai surpris entendu / le travail du rossignol au clair de lune / Qui donc brait / tousse glousse grogne et coasse / dans larbre endormi debout au cloroforme / (…) Cest le rossignol il prépare / son chant damour à la rose / a la rose en avril / et je sens ici là non là / cette odeur / mais cest elle ! Cest la rose ! / Voilà deux ans que je nai pas senti de rose / Le rosier viril en boutons / et bientot féminin / concentre / un explosif dodeur / qui tue les papillons crédules / Prépuces frisés de la rose / indécente / de la chaleur jadis ici / je vois une rose rouge…...Entre les deux poussent / La brousaille de fil de fer où se cabrent (…) / les chevaux de frise. Là / là cest le boulevard où on meurt / Le sol qui tue / Si on y marche / Comme sur le rail rouge du métropolitain (…) / La bande mixte / plus vide que sil y a la peste / La nuit on y fait des patrouilles / mais pas / La bande mixte / La zone qui foudroie / car en haut de petits trous / du périscope / loeil surveille et se perche (…) seul sur les sacs…...Mais ici la vie est interrompue / Car cette ville calme, cet égoût / étoilé sont moins sûrs / que Véra Cruz pendant la peste / Même / il arrive même quun promeneur / nentende pas gémir loiseau / des balles mortes / Et sans rien comprendre il sent sa figure vaporisée avec du chlorure de méthyle / [Et de nouveau la mer / Se posait de tous les côtés / comme une partie déchecs / autour de notre marche des mille murs du labyrinthe] (…) / [Et de nouveau la nuit / Déplaçait le bruit de la mer / comme un jeu déchecs / De tous côtés autour de nous / autour des mille / a droite à gauche de mille murs du labyrinthe]......Capitaine ! - Mon Capitaine ! / Nous allons arriver. Quelle route ! / les Ces trous dobus ! Le brancard / le brancard défonce la paroi en mesure, impossible / impossible de lattacher. Mon Capitaine ! / Mon Capitaine ! / Jai sa main qui sue, ses poils, son bracelet montre / Pitié ! Achevez moi ! Prenez mon révolver ! / Soyez charitable ! On arrive / On arrive / Mon Capitaine, on approche / on ne voit rien dehors. Sa balle Sa balle est dans le ventre. ma femme / ma femme…, il faut / Taisez vous, ne me parlez pas / vous parlerez à lambulance / Sortons dabord de ce chemin / ou les marmites… / Pouf ! Quatre Sa pâleur / éclaire, on voit ses mains sa moustache qui tremble / Calmez vous mon Capitaine / on approche / où sommes nous ? / À Gronendick. Encore ! / Je ne pourrai jamais / il vaut mieux machever / Calmez vous mon Capitaine / a boire ! Il ne faut pas / il ne faut pas boire. Il saute ! Ha je me couche...Le Discours du grand sommeil avait été dédié au jeune poète Jean Le Roy, mort au combat. Lépigraphe indique que ce long poème est "traduit (…) de cette langue morte, de ce pays mort où mes amis sont morts". Dès lors, la poésie devient une confrontation avec la mort, les pirouettes verbales si singulières de lécriture de Cocteau napparaissent que comme des exercices de funambulisme pour masquer le danger permanent de la mort. Le Discours ne parut pas en volume ; il fut recueilli dans Poésie : 1916-1923 (Gallimard, 1925).‎

Reference : 5491


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