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Phone number : 01 42 84 16 68Un recueil témoignant de l’imagination créative de l’artiste, inventeur de talent du néo-classicisme et dont l’influence dans l’art décoratif serait de première importance à la veille de la Révolution. 6 dessins ou aquarelles de format in-folio, sous maries-louises bleues, regroupés dans une boite-étui en demi-maroquin rouge signée Devauchelle. -Projet de fauteuil en cabriolet vu de trois quarts. Aquarelle, plume et encore noire. 245 x 320 mm. Signé en bas à gauche à la plume « J.D. Dugourc. Inv. Del. Paris », vers 1790. Fauteuil en cabriolet au dossier ovale décoré d’une lionne dans un semis de fleurs. Les accotoirs, dégagés du dossier, sont recouverts d’un motif de palmette, comme le coussin. -Projet de fauteuil de profil et de chaise de face. Plume et encre noire sur papier calque collé sur le support en deux morceaux. 197 x 330 mm. Titre « Fauteuil et chaise pour salle à manger », vers 1790. La chaise décorée d’une lionne est assortie au fauteuil et reprend les mêmes motifs. -Projet de feu à griffons. Pierre noire. Titre « Idées de Bronzes ». 190 x 255 mm. Le feu est orné de deux griffons médaillés, séparés par un autel de feu. Sur l’autel, les initiales des prénoms du Comte de Provence, à qui ces feux étaient destinés. -Projet de girandole à cinq branches. Plume et encre noire sur papier calque collé sur le support. Titre « 24, girandolle ». 225 x 145 mm. Girandole à cinq branches portées par deux grotesques dont le corps terminé en volute est posé sur un socle aux pieds en sabre. Ces figures sont reliées entre elles par des pendeloques de cristal. -Projet de lit à la duchesse. Plume et encre noire, rehaussée de lavis brun et de gouache blanche sur papier calque collé sur le support. Titre « Lit à la duchesse ». 510 x 308 mm. Couronnement décoré de plumets et de petits amours. -Projet de trône. Plume, encre noire et lavis gris. Un aigle, ailes étendues figure au-dessus de l’impériale, un brin de laurier au bec et le pied sur la foudre. Deux pans de rideaux retenus par des trophées tombent de chaque côté du trône aux piétements en forme de sabres courbes entrecroisés ; deux hérons buvant dans une coupe décorent le dossier du trône.
Recueil de dessins et aquarelles de projets de mobilier et ornements réalisés par Jean-Démosthène Dugourc, l’un des créateurs du néo-classicisme. Un document passionnant publié par M. Anatole de Montaiglon dans « Nouvelles Archives de l’Art français » (1877, p. 367 à 371) nous révèle la biographie de ce célèbre ornemaniste adulé par les Grands sous Louis XVI. « Dugourc est né à Versailles, en 1749, d'un père qui, depuis plus de vingt ans, était contrôleur ordinaire de la Maison de Mr le Duc d’Orléans, premier prince de sang, et jouissait de beaucoup d'aisance. Il montra dès son enfance des dispositions peu communes. A huit ans il dessinait d’après nature des académies; à dix ans il savoit la géométrie, l’architecture et perspective ; à douze, il commençait sa rhétorique au Collège de Jully, le plus célèbre de ceux des Oratoriens, lorsqu’il fut placé près du duc de Chartres pour partager ses études et ses récréations. Là il apprit la physique de l’abbé Nolet et de Brisson, l’histoire naturelle d’Aubenton, la langue française de Chateaubrun et Foncemagne, tous deux de l’Académie Française, l’histoire et l’éloquence du savant auteur du ‘Jeune Anacharsis’, l’abbé Barthélemy. Avec de tels secours il devint à quinze ans un homme que le Comte de Cani, nommé Ambassadeur extraordinaire à Rome, demanda à son père pour l’y accompagner ; mais à peine y étoit il arrivé que la mort de sa mère le força de retourner en France, ayant seulement entrevu cette ville fameuse et vu quelques moments le célèbre Winckelmann, dont l’enthousiasme lui inspira le goût de l’Antiquité, dont il s’est depuis occupé sans cesse. Revenu dans sa patrie, la fortune de son père s’évanouit par la perte d’un long procès, et, d’amateur qu’il étoit, Dugourc devint artiste. Alors la peinture, la sculpture et la gravure devinrent ses délices pendant quelques années jusqu’à ce que M. de Gribeauval, Inspecteur général de l’Artillerie, l’associât à ses travaux militaires dans son Gouvernement de Valenciennes, servant dans le corps Royal du Génie. Dugourc ne put suivre longtemps cette carrière ; les instances de son père le rengagèrent dans celle des arts. L’Antiquité devint alors le but de toutes ses recherches et, dans un ouvrage publié en 1779, il posa les premiers fondements de la réforme totale des costumes théâtraux. Dans le cours des neuf ou dix années qui précédèrent la Révolution, le premier il donna l’exemple d’employer les genres Arabesque et Etrusque, non seulement dans les décorations d’architecture, mais encore pour les dessins exécutés à Lyon par Pernon, ainsi que tous les bronzes et les bijoux présentés en cette Cour par feu Godon ont été inventés et dirigés par lui. Il peut même assurer que tout ce qui s’est fait à Paris de précieux et de recherché pendant cet espace de temps a été conduit par lui et soumis à son examen. Il partagea toujours avec Belanger, son beau-frère et premier architecte de M. le Comte d’Artois, les soins donnés aux bâtimens du Prince de Paris, Maisons, Saint-Germain et Bagatelle, bâtimens dont la dépense s’élevoit annuellement de trois à quatre millions de livres. Il fit de la même manière pour Laborde, banquier de la Cour, et pour Saint-James, Trésorier de la Marine, les deux plus riches particuliers de France, des maisons de plaisance et des jardins du genre Anglais d’une vaste étendue, et pour Mylord Schelburnn, l’un des membres les plus distingués du Parlement d’Angleterre, les projets d’un Muséum très magnifique. En 1780, il devint Dessinateur du Cabinet de Monsieur, frère du Roi, et dirigea les fêtes et les spectacles donnés à Brunoy pour la Reine et le Roy. En 1781, Dugourc fut chargé par S.M. le Roi de Suède de donner les dessins des décorations et des habits pour monter six opéras pour la salle nouvellement bâtie à Stockholm. En 1782, le Grand-Duc de Russie, depuis Paul Ier, étant à Paris, lui fit les propositions les plus brillantes pour l’emmener ; mais, marié depuis peu, Dugourc n’accepta point les offres de ce prince, pour lequel il fit depuis les dessins d’une grande galerie pour la Palais de Camenoïstrof, comme il fit, pour l’Impératrice Catherine II, les projets d’un palais pour le Général Lanscoy, l’un de ses confidents, dont la mort subite empêcha l’exécution. En 1783, la direction des décorations et des costumes de l’Opéra lui fut confiée. En 1784, il devint Dessinateur du Garde-meuble de la Couronne et Intendant des Bâtimens de Monsieur. Enfin, à l’époque de la Révolution, la place d’Inspecteur général des Manufactures de France lui était offerte, et il balençoit à l’accepter parcequ’il préféroit celle de Directeur particulier des Bâtimens du Roi, Jardins, Arts et Manufactures Royales, que la Reine vouloit créer en sa faveur pour soulager d’une partie du travail du Département Mr d’Angivillier, qui en étoit Ordonnateur Général ». Fondateur du néo-classicisme par ses références constantes à l’Antiquité, Dugourc allait insuffler des idées novatrices aux décorateurs, étendre son champ d’investigation à des domaines très divers en faisant aussi bien des suggestions aux bronziers (son projet de feu à griffons) qu’en proposant des modèles aux ébénistes (ses projets de chaise, fauteuil, lit, trône...) et en créant lui-même des motifs de décoration pure. Son projet de fauteuil illustre le génie de Dugourc qui mêlait ainsi intimement références antiques dans les lignes ou les motifs, aux sujets très nouveaux à thème de feuillage ou animalier puisés dans la nature. Un recueil témoignant de l’imagination créative de l’artiste, inventeur de talent du néo-classicisme et dont l’influence dans l’art décoratif serait de première importance à la veille de la Révolution.
Edition originale - l’un des exemplaires du tirage de luxe sur grand papier de Hollande - reliée en demi-maroquin rouge de l’époque. Paris, chez M. l'abbé de La Chau, M. l'Abbé Le Blond, et chez Pissot, 1780-1784. 2 volumes in-folio de : I/ 1 frontispice, (16) ff., 303 pp. et 102 planches numérotées 97 (3 pl. 35, 3 pl. 39, 2 pl. 78); II/ (2) ff., v pp., (1) f., 215 pp., (5) pp., et 77 planches chiffrées 76. Demi-maroquin rouge à grain long, roulette dorée autour des plats, dos lisses ornés de filets et fleurons dorés, non rognés. Reliure de l’époque. 350 x 214 mm.
Edition originale et exemplaire de luxe de premier tirage, l’un des rares imprimés sur grand papier de hollande signalé par Brunet. Cohen 543, Brunet, III, 727. «Lachau (L’Abbé Geraud de), bibliothécaire, secrétaire interprète et garde du cabinet des pierres gravées du duc d’Orléans a publié avec l’abbé Leblond, son ami, le deuxième volume de la Description des principales pierres gravées du cabinet du duc d’Orléans, Paris, 1784, petit in-folio; l’abbé Arnaud est l’auteur du premier volume de cette ouvrage, le plus beau qui eût encore paru dans ce genre. Il y en a des exemplaires en grand papier de Hollande.» (Michaud). Toutes les pierres décrites dans cet ouvrage, acquises en 1741 et vendues par la suite à Catherine II, sont illustrées d'une planche et accompagnées d'explicationsérudites avec de nombreux renvois aux textes antiques. «En tout cas superbe frontispice par Cochin, gravé par Saint-Aubin, renfermant le portrait du duc d’Orléans; 1 fleuron, le même pour les deux titres, par Saint-Aubin; 2 très jolies vignettes, en tête du 1er volume et du 2ème dessinées par Cochin et A. de Saint-Aubin, gravées par Saint-Aubin; 179 pierres gravées par Saint-Aubin, quoique non signées, et 55 culs-de-lampe, la plupart d’une grande beauté (46 dans le 1er volume et 9 dans le 2ème) tous dessinés et gravés par Saint-Aubin, à l’exception du dernier du 1er volume, gravé par Mme E. de Sabran. Les pierres gravées ont des numéros de 1 à 97 dans le premier volume; les n° 35 et 39 ont trois planches et le n° 78 en a deux, et de 1 à 76 pour le second, le n° 2 ayant deux planches». (Cohen) Sept planches de médailles spintriennes contenant 37 sujets, dessinés et gravés par Saint-Aubin ont été tirées ensuite et ajoutées à certains exemplaires. En conséquence, Cohen mentionne qu’«il est à observer que fort peu des exemplaires en reliure ancienne contenaient à l’origine les planches spintriennes». «Un superbe exemplaire relié en maroquin rouge par Derome, formé par Le Blond, l’un des auteurs, tiré sur papier de choix, composé d’épreuves de tout premier tirage et contenant 3 planches découvertes et plusieurs culs-de-lampe spintriens, vendu 3100 F. Or (un livre de bibliophilie se négociait alors à compter de 5 F. Or), vente Beckford (I, n. 2464), est aujourd’hui chez M. Henri Béraldi.» (Cohen). Précieux exemplaire appartenant au tirage de luxe sur grand papier de Hollande conservé dans sa belle reliure de l’époque en demi-maroquin rouge.
Edition originale du «Recueil de testes dessinées par Léonard de Vinci» appartenant au tirage avec la gravure 60 rehaussée de lavis conservé dans sa reliure de l’époque non restaurée. Références: Louvre, 2003, Léonard de Vinci, dessins et manuscrits, n° 74. Paris, 1730. Léonard de Vinci. Caylus, comte de. Recueil de Testes de caractère & de charges dessinées par Léonard de Vinci Florentin & gravées par M. le C. de C. Paris, chez Mariette, 1730. In-4. Titre gravé d'après Augustin Carrache et rehaussé de lavis sépia, et 32 planches présentant une à deux têtes de caractère gravées à l'eau-forte par Caylus d'après Léonard de Vinci et Lodovico Cigoli, soit 60 têtes en tout, tirées en bistre, la dernière rehaussée de Lavis sépia. Suivi de 22 pp. et 1 feuillet. Plein veau marbré de l'époque, dos à nerfs fleuronné, pièce de titre bordeaux, roulette sur les coupes, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 287 x 216 mm. Edition originale de l'Album Caylus, comprenant 60 têtes d'expression (57 en médaillons circulaires et 3 dans des encadrements carrés ou rectangulaires) signées « C[aylus]». Chaque figure est numérotée, hormis la dernière qui porte en légende « di mano di Lodovico Cigoli ». Le comte a gravé ces figures d'après le recueil de dessins de Pierre-Jean Mariette, sauf mention contraire : la pièce 55 est tirée du cabinet du roi et les figures 56 à 59 sont issues du cabinet de Crozat. Les planches sont suivies de la Lettre sur Léonard de Vinci, peintre florentin, à monsieur le C. de C., due à Mariette, puis de deux pages du Catalogue des pièces qui ont esté gravées d'après les Tableaux, ou Desseins de Léonard de Vinci. En 1730, à Paris,«Aux Colonnes d’Hercule», paraît leRecueil de Testes de caractere et de Charges dessinées Par Leonard deVinci Florentin et gravées par M.le C. deC., soit le comte Anne-Claude deCaylus. La publication rassemble des gravures reproduisant des visages grotesques alors attribués à Léonard deVinci. Ces images sont suivies d’uneLettre sur Leonard deVinci, peintre florentin, a monsieur le C.deC., un texte d’une vingtaine de pages que Pierre-Jean Mariette signe des mots «votre très-humble et très obéissant Serviteur M***». À cette introduction est annexé un bref mais précieuxCatalogue des pieces qui ont esté gravées d’après les Tableaux, ou Dessins de Leonard deVinci. Dans cet écrit, Mariette entend décrire la «manière» de Léonard, considérations que le lecteur pourra mettre à l’épreuve, quelques pages plus loin, en examinant les images produites par Caylus. Pour ce faire, l’expert convoque des catégories désormais récurrentes dans la littérature dite artistique. La question de l’imitation de la nature et celle de la représentation des passions humaines sont ainsi passées au crible de la critique. Une démarche analogue entend définir le catalogue des (rares) estampes qui reproduisent les compositions de Léonard: Mariette s’attache à distinguer ce qui relève de la «manière» du maître florentin de celle-qu’il juge souvent peu habile-des graveurs qui ont tenté la traduction des inventions du maître. Ici, passant de la théorie à l’exercice pratique, l’expert s’appuie toutefois peu sur les catégories qu’il avait sollicitées auparavant: il insiste plutôt sur des considérations techniques, comme les lieux de conservation des œuvres interprétées, et avance quelques propos seulement sur la façon avec laquelle sont traités les passages entre la lumière et les ombres. Les «Teste de caractère et de charges» sont ainsi commentés par Mariette: Les phisionomies singulieres étant ce qui contribuë le plus à caracteriser les passions, Leonard n’étoit pas moins attentif à en faire une exacte recherche. Lorsqu’il en découvroit quelqu’une de son goût, qu’il voïoit quelque tête bisarre, il la saisissoit avec avidité ; il auroit suivi son objet tout un jour, plutôt que de le manquer. En les imitant, il entroit jusques dans le détail des moindres parties ; il en faisoit des Portraits auxquels il donnoit un air frappant de ressemblance. Quelquefois il les chargeoit dans les parties dont le ridicule étoit plus sensible, moins par jeu, que pour se les imprimer dans la mémoire avec des caracteres inalterables. Les Caraches et depuis eux plusieurs autres Peintres ne se sont gueres exercez à faire des charges que par simple badinage. Leonard, dont les vües étoient beaucoup plus nobles, avoit pour objet l’etude des passions. Ainsi, pour Mariette, bon lecteur de Vasari, qui, déjà, interprétait les « teste bizzarre » sous cet angle, Léonard reproduit des visages en « chargeant » certains traits, non par jeu (ou par moquerie) mais pour les imprimer dans sa mémoire. Le Recueil - que Mariette et Caylus destinaient à leurs « amis » - comprend soixante « têtes bisarres », toutes gravées à l’eau-forte par le comte de Caylus (à l’exception du n° 54 exécutée par Charles-Antoine Coypel). Les visages, d’hommes et de femmes, présentés sur un fond neutre légèrement ombragé, sont orientés pour les uns vers la droite, pour les autres vers la gauche. Ils sont présentés individuellement, et non par paires, comme dans d’autres traductions gravées de ces sujets, par exemple dans celles de Hans Liefrinck (vers 1550-1560) ou de Wenceslaus Hollar (vers 1645). Pour la plupart, les visages du comte de Caylus sont intégrés dans un médaillon. Ils ne sont accompagnés d’aucun commentaire, seul un chiffre et l’initiale C, de Caylus, ponctuent le cadre circulaire. La transcription tend à capturer au mieux le « ductus » du maître ; l’ambition est de suivre le trait de l’artiste afin de mieux faire connaître son art à travers l’estampe. D’ailleurs, les modèles du comte de Caylus sont connus : le graveur traduit un album de dessins à la plume, encre brune et lavis gris (en respectant leurs dimensions), aujourd’hui conservé au Louvre (inv. RF28725 à RF28785). C’est le père de Mariette qui avait acquis ce volume auprès d’un marchand parisien, après 1719. On le sait par Mariette lui-même, qui l’écrit dans ses remarques introductives : « Voilà en quoi consiste le Recueil de Têtes qui vient de passer dans le Cabinet de mon père ». On le sait aussi par une annotation que laisse Antoni Rutgers (1695-1778), amateur et marchand d’art à Amsterdam, sur l’un des exemplaires de la publication de Caylus et Mariette aujourd’hui conservé à Leyde (University Libraries, Special Collections, Art History 21219 B 14 KUNSTG RB : I B1429). Selon Rutgers, les dessins acquis par Mariette père avaient appartenu à Thomas Howard, comte d’Arundel, puis à Sir Peter Lely, peintre de la cour anglaise, puis encore à Van Bergesteyn et à Siewert Van der Schelling, collectionneurs hollandais. Mis en vente à Amsterdam en 1719, ils avaient été achetés par le marchand parisien Salomon Gautier pour la somme de 370 florins (soit 740 livres), puis par Mariette père pour 1 000 livres. Dans sa Lettre sur Leonard de Vinci, Pierre-Jean Mariette avait d’ailleurs lui aussi supposé que les dessins achetés par son père étaient passés par la prestigieuse collection du comte d’Arundel (renforçant de ce fait leur prestige). Son raisonnement n’est pas sans rappeler la démarche mise en œuvre par les chercheurs lorsqu’ils étudient aujourd’hui encore les visi mostruosi de Léonard : Le Recueil de Desseins de Têtes dont je viens de parler peut avoir appartenu à cet illustre Curieux [Arundel]. Je fonde ma conjecture sur ce que plusieurs de ces Têtes ont été gravées ci-devant par Venceslas Hollar. Vous n’ignorez pas que cet Artiste étoit au service du Comte d’Arundel, et que le riche Cabinet de ce Seigneur lui a fourni la plus grande partie des Desseins de grands Maîtres qu’il a gravez. Il semble s’être attaché par préférence à ceux de Leonard ; sans doute pour se faire honneur à la faveur d’un si grand nom. En effet le nombre des Planches qu’il a gravées d’après ce Peintre, monte à près de cent, qui composent plusieurs suites. Ces Planches sont executées comme tout ce qu’a fait Hollar, avec une propreté infinie ; l’on y pourroit seulement desirer plus de goût, et que la manière de l’Auteur y fut un peu moins déguisée. Cependant parce que ces Estampes viennent d’après Leonard, elles sont encore aujourd’hui fort recherchées des Curieux. Quoi qu’il en soit, à la mort de Pierre-Jean Mariette, en 1775, les dessins qui avaient servi de modèles à Caylus perdent leur statut d’originaux : enregistré à la vente Mariette sous le n° 787, l’album est acheté pour 240 livres seulement. On sait désormais que cet album rassemble des copies de dessins de Léonard, aujourd’hui conservés dans la collection Devonshire à Chatsworth, feuilles qui ont sans doute en effet appartenu au comte d’Arundel. Comme l’ont déjà souligné Pascal Griener, Cecilia Hurley et Valérie Kobi, il y a quelque chose de paradoxal - voire de cocasse - à cet épilogue : pour Mariette et Caylus, la contemplation attentive de modèles du passé et la reproduction fidèle d’œuvres reconnues comme originales permettent une familiarité avec l’art des maîtres anciens, intimité qui autorise des considérations pertinentes, le fameux « discours fondé en jugement ». Or, c’est à partir de copies, peutêtre d’ailleurs réalisées par un artiste du Nord (les dessins de l’Album Mariette sont aujourd’hui attribués à Constantijn Huygens le Jeune), que les deux experts ont construit leur discours sur le travail de Léonard !» Références: Louvre 2003, Léonard de Vinci, dessins et manuscrits, n°74; Cohen 623. Précieux exemplaire en reliure de l’époque non restaurée appartenant au tirage avec la gravure 60 au lavis.
Très rare exemplaire complet de ce souvenir du grand Tour, en parfait état de conservation. Rome, c. 1820. Les moulages en plâtre sont bordés de papier plié et doré à la main, montés sur un support de papier bleu, tels qu'émis par Giovanni Liberotti. Une feuille en papier portant en italien la liste des 19 œuvres représentées sur les camées, est collée à l'intérieur du couvercle (telle que parue) avec le nom de l'acheteur Mary Salmon écrit en bas, très bon état de conservation. Dimensions de la boite: 304 x 213 mm.
[video width="3840" height="2160" mp4="https://www.camillesourget.com/wp-content/uploads/2025/05/Untitled-design.mp4"][/video] Ces camées en plâtre font partie d’une collection réalisée à Rome vers 1820 par Giovanni Liberotti. Ils reproduisent une sélection d’architectures et d’œuvres d’art célèbres visibles à Rome, Florence, Milan, Paris et dans quelques grandes collections particulières. Placés dans des coffrets en bois facilement transportables et accompagnés de légendes, les ensembles de ce type étaient vendus aux riches voyageurs Européens qui visitaient l'Italie dans le cadre du Grand Tour. Rome était la destination ultime et une visite des trésors contenus dans ses nombreux musées complétait l'éducation d'un jeune homme. La collection de boîtes contenant des moulages en plâtre d’œuvres d’art classiques était un passe-temps à la mode et un précieux "aide-mémoire" des mythologies, des dieux et des événements historiques représentés sur les délicats camées. Les Liberotti Impronte ont été commercialisés par Giovanni Liberotti, graveur de gemmes romain qui se spécialisa dans la confection de ces souvenirs. Ils étaient alors vendus par série, représentant les œuvres des sculpteurs de l'époque comme Canova ou Thorvaldsen, ainsi que de peintres comme Léonard de Vinci. Chaque boîte renfermait les camées de plâtre contrecollés en regard de la liste manuscrite des œuvres. Cet ensemble de dix-neuf empreintes en plâtre d'intailles représentant principalement des sujets classiques a été réalisé à Rome vers 1820. Sur la face interne du couvercle se trouve la liste manuscrite des titres des œuvres représentées: 1 - L’Aria, Thorvaldsen 2 - Laocoon, al Vaticano 3 - L’acqua, Thorvaldsen 4 - Michail Angiolo, da una pittura a Firenze 5 - Il trionfo di Alessandro, Thorvaldsen 6 - Raffaele Sancio de Urbino, al Vaticano 7 - Il Marchese, Canova 8 - Il Cav., Thorvaldsen 9 - Il leone de Canova 10 - La Maddalena, Canova a Parigi si vendita 11 - Altro Leone de Canova 12 - Torquato Tasso al Museo Campidaglio 13 - Il Giove 14 - La Minerva nella Galleria a Firenze 15 - Petrarca al campidoglio 16 - La Mercantessa d’amore a Napoli 17 - La Terra elementa del Cav. Thorvaldsen 18 - La Magdelena di Guido a Milano 19 - Il Fuoco elemento Thorvaldsen. Antonio Canova (1757-1822) et Bertel Thorvaldsen (1770-1844), ces géants de la sculpture néoclassique, ont tous deux travaillé à Rome durant cette période. Le sculpteur danois néo-classique Bertel Thorvaldsen fit l'essentiel de sa carrière à Rome où il était connu comme l'un des meilleurs sculpteurs de son temps. On lui doit notamment le tombeau du pape Pie VII à la basilique Saint-Pierre de Rome et le monument du Lion de Lucerne commémorant le massacre des Gardes suisses aux Tuileries. “Both artists re-interpreted themes from the Classical World and used new techniques in the creation of their works Italian Antonio Canova (1757-1822) and Danish Bertel Thorvaldsen (1770-1844) were rivals and created works of art that inspired their contemporaries and generations of artists that followed. Italy and especially the city of Rome played a central role in both sculptors’ lives and careers: Canova arrived in Rome in 1781 and remained until he died in 1822, while Thorvaldsen settled there in 1797 to spend the next 40 years in the city. Their competition was extremely fruitful as they worked on the same themes and subjects from the Classical World. They not only innovated the style of sculpture but also promoted new techniques. Each one had his own large studio employing numerous colleagues and students that gave him space for experimentation. Their careers were accompanied by technical innovations like the use of preparatory plaster models, which gave them the chance to design statues following only their ideas without being dependent on a commissioner.” (Exhibition “Canova and Thorvaldsen. The birth of modern sculpture”, held 2019/2020 in the Gallerie d’Italia in Milan). L'acquéreur du coffret, Mary Salmon, dont le nom est inscrit au bas de la feuille explicative, a vraisemblablement choisi elle-même les différents moulages. Le boîtier en chêne robuste était nécessaire pour protéger le contenu pendant le voyage de retour en Angleterre. Très rare exemplaire complet de ce souvenir du grand Tour, en parfait état de conservation.
Le plus précieux exemplaire répertorié, imprimé sur papier de Hollande,relié en maroquin bleu de Padeloup orné d’une dentelle à l’oiseau de l’époque aux armes du Comte de Calenberg (1685-1772).Paris, 1750.Mariette, Jean. Traité des Pierres gravées. Paris, Imprimerie de l'auteur, 1750.2 volumes petit in-folio. Tome I : (5) feuillets, 468 pages, 1 feuillet, 2 planches hors texte dont 1 dépliante, (1) f. de titre entre les pp. 152 et 153, (1) f. 447*; Tome II : (2) feuillets, xii pages de préface, (2) feuillets, 132 feuillets, (65) feuillets.Maroquin bleu, large roulette formant dentelle encadrant les plats, formée d'entrelacs et fleurs, oiseaux et insectes, armes frappées or au centre des plats, dos à nerfs ornés de filets et fleurons dorés, glands et fleurettes, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, double filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l'époque attribuable à Padeloup.314 x 203 mm.Édition originale et premier tirage de cet « ouvrage estimé » dit Brunet, orne de 267 sujets graves par le comte de Caylus d'après les dessins de Bouchardon. Cohen de Ricci 683; Sander 1287.Mariette, célèbre collectionneur d'estampes, révèle dans l'Avertissement au lecteur qu'il traite « De la manière de graver des Anciens et des Modernes dans le premier volume ». Il poursuit : « J'ai consacré tout le second Volume à la représentation des plus belles Pierres Gravées en creux du Cabinet du Roi, qui ayant d'abord été dessinées avec autant de goût que d'intelligence, & ensuite confiées à un burin léger & facile, quoique ferme & précis, ne peuvent manquer de plaire aux Connoisseurs. »Mariette confia à Bouchardon, l'un des meilleurs dessinateurs européens, le soin de dessiner les pierres gravées et il demanda à son ami le Comte de Caylus de les graver.Le premier recueil est constitué d'une histoire des graveurs et de la gravure depuis l'Antiquité et d'une « méchanique de l'art de graver sur pierres ».L'illustration est insérée dans le second volume divisé en 2 parties : « Les sujets », avec commentaire de chaque médaille représentée page par page, et « Les têtes » qui sont groupées par 2 sur une même planche.L'ensemble de l'illustration comprend 3 titres gravés a pleine page, 5 vignettes et 199 planches contenant 259 sujets.L'exemplaire très pur, imprimé sur papier fin de hollande, en maroquin bleu de l'époque est orné des armes du comte Henri de Calenberg chambellan de l'empereur d’Allemagne, général, mestre de camps, seigneur de la chambre de l'électeur de saxe (1685-1772).Celui-ci s'était constitué une splendide bibliothèque d'ouvrages très bien conditionnés, et la plupart en maroquin (Catalogue, Bruxelles, J. Ermens, 1773).Cohen ne décrit qu’un seul exemplaire relié en veau et mentionne qu’il existe des exemplaires sur papier de Hollande, cas du présent exemplaire.
Conservé dans son vélin ivoire de l’époque. Paris, Sébastien Cramoisy, 1624. In-8 de (12) ff. et 328 pages. Plein vélin ivoire, dos lisse, traces d’attaches. Reliure de l’époque. 167 x 99 mm.
Édition originale fort rare de « ce précieux manuel que l’on pourrait sous-titrer ‘Le Bâtiment sans douleur’ (Jean-Pierre Babelon). L’architecture françoise des bastimens particuliers paraît en 1624 à Paris chez Sébastien Cramoisy. L’auteur est qualifié à cette date de « médecin du roi ». Sa vie est mal connue ; il est né à Saulieu vers 1579, et il est mort vers 1640. Il étudia la médecine à Paris à l’âge de vingt ans. À son activité de praticien mais aussi de théoricien de la médecine se sont ajoutées des curiosités d’humaniste et des réflexions sur les meilleures conditions d’existence de ses contemporains. C’est à elles que nous devons son traité d’architecture. Comme le remarquait François Blondel, il est naturel que des médecins s’intéressent à l’architecture, Claude Perrault en est un autre exemple. Le premier témoignage que nous ayons de son activité est la traduction commentée d’un traité de Galien sur la saignée : Le livre de Galien, de l’art de guérir par la saignée, traduit du grec. Ensemble un Discours dédié à messieurs les médecins de Paris sur les causes pour lesquelles on ne saigne pas encore tant ailleurs qu’à Paris et pourquoy quelques médecins mesme ont détracté de cette pratique de Paris, un in-12 paru à Paris chez Pierre Mettayer en 1603. Nous le retrouvons ensuite en 1605, qualifié de bachelier en la faculté de médecine, témoignant déjà de son intérêt pour l’aménagement des logis en commandant l’exécution de deux cheminées en marbre de couleur pour sa maison de la rue Neuve Notre-Dame, dans la Cité. En 1609, nouveau traité, dédié à Godefroy de Pontac, De causis colorum sententia, avec des observations sur Hippocrate, De tetragoni... contra chymicos, Paris, chez Adrien Périer. C’est sans doute peu après 1614 qu’il faut situer son Discours sur le subject du colosse du grand roy Henry, posé sur le milieu du Pont-Neuf de Paris... avec un sommaire de la vie de ce grand prince, opuscule paru à Paris chez Nicolas de Montroeil, qui sera réédité au début du XIXe siècle par Antoine Laurent Castellan. Savot est également un numismate, comme en témoigne son Discours sur les médailles antiques, épais traité de 400 pages in-4° qui paraît à Paris en 1627 chez Sébastien Cramoisy, et dont la Bibliothèque nationale conserve un exemplaire relié aux armes de Condé. En 1624 il publie L’architecture françoise des bastimens particuliers. Sans doute avait-il réuni des réflexions sur le sujet depuis longtemps, et la parution en 1623 du traité de Pierre Le Muet, Maniere de bastir pour toutes sortes de personnes, dut-elle hâter sa décision d’intervenir dans le débat. Son compétiteur fait œuvre d’architecte, en proposant à une clientèle très diverse un catalogue de plans-types pour toutes les bourses. L’ouvrage de Savot est d’une tonalité bien différente. Les «particuliers» auxquels il s’adresse ne sont ni des princes ni le menu peuple : pas de palais, pas de petites maisons, mais les demeures de la noblesse et de la grande bourgeoisie, hôtels à élever en ville, dans les nouveaux quartiers où l’on dispose librement de la place, ou bien demeures « aux champs ». Médecin et donc hygiéniste, Savot conseille ses clients pour la construction de la maison parfaite par le confort et l’agrément, intervenant sur la meilleure orientation, le meilleur éclairage, l’éloignement nécessaire des écuries et des cuisines pour cause de pollution, bruits, odeurs, fumées. Il légifère sur la place de l’escalier, le nombre des salles, la disposition des chambres et des cabinets, le percement et la taille des fenêtres, la disposition des cheminées. Dans ses rééditions, François Blondel observera que l’ouvrage fut écrit « pour tirer les honnêtes gens des griffes des entrepreneurs et des ouvriers », notation qui fait suite aux cruels reproches que l’on adressa à François Mansart dans le pamphlet de la Mansarade (1651). De fait, Savot donne à ses lecteurs le meilleur mode d’emploi pour discuter avec les entrepreneurs des différents corps de métier, il leur procure le détail chiffré des dépenses à prévoir, les conditions du toisé des ouvrages, et même la description des matériaux à utiliser, pierre, brique, bois, plâtre, terre cuite, leurs dimensions, leur origine, leur coût. On n’avait jamais abordé la construction dans un sens aussi pratique, qui permettait à un particulier de surveiller personnellement son chantier. On comprend dès lors le succès remporté par ce précieux manuel que l’on pourrait sous-titrer « Le bâtiment sans douleur ». Dédié à l’éphémère surintendant des finances Charles de La Vieuville, il fut réédité, toujours sans gravures, en 1642, et le succès se prolongea bien au-delà de la mort de son auteur puisque l’architecte François Blondel, premier directeur de l’Académie d’architecture et illustre professeur, jugea bon de le rééditer, preuve qu’il était toujours utile à la clientèle. Cette première réédition parut en 1673 chez François Clousier l’aîné, enrichie de figures et de notes de Blondel (423 pages), et la seconde en 1685, augmentée de nouvelles figures contemporaines de son cours d’architecture, laissent bien mesurer l’évolution des réflexions de la société sur la maison et son usage depuis la génération précédente.» Jean-Pierre Babelon (Institut de France, Paris 2006). Précieux exemplaire conservé dans son vélin ivoire de l’époque.