Saint-Exupéry écrivant ses dernières lignes, dans la nuit du 29 au 30 mai 1944. Tirage d'époque par John Phillips, offert au général Gavoille. Base d'Alghero, Sardaigne, [30 mai 1944]. Tirage original argentique (90 x 122 mm), noir & blanc, mention du photographe John Philips au verso, à la mine de plomb : « Les derniers jours de St. Ex, 1944, juillet », avec sur le calque de recadrage, « Original. Offert par le Général Gavoille René ». Photographie de Saint-Exupéry écrivant ses dernières lignes.
En mai 1943, après de longues démarches et l'intervention de proches, Saint-Exupéry est réaffecté dans l'armée. Le Petit Prince est en cours d'impression et pas encore diffusé qu'il rejoint sans plus attendre les forces alliées à Alger pour ses premières missions. Mais, en haute altitude, Saint-Exupéry consomme trop d'oxygène et, étourdi, rate, en juillet, un atterrissage. Il est alors cloué au sol sans être autorisé à repartir en mission. Trop risqué, juge le commandement. Son ami et capitaine de l'escadron 2/33, René Gavoille a déjà été affecté en Sardaigne et Saint-Exupéry n'a qu'une envie, le rejoindre. Les deux hommes se sont rencontrés à la base aérienne d'Orconte, dans la Marne. Gavoille, « un des plus chics types que je connaisse », était son instructeur, avant de devenir son ami. Ce même été, John Phillips, né en Algérie d'un père gallois et d'une mère américaine, arrive à Alger. Photographe et journaliste à Life, c'est un familier des lignes de l'Aéropostale en Amérique latine avant la guerre et un admirateur de l'oeuvre de Saint-Exupéry, qu'il avait découverte à New York. Il part aussitôt à sa rencontre et apprend qu'on ne le jugeait plus apte aux missions à haute altitude. Il ne cessera dès lors de plaider sa réintégration, jusqu'à se rendre au haut quartier général de Naples pour l'obtenir, pesant de tout son poids pour convaincre le commandement. Saint-Exupéry lui en est déjà reconnaissant : « je vous donnerai un texte si vous parvenez à me faire réintégrer dans mon groupe » (in Œuvres complètes, La Pléiade, notes et variantes). Le général américain Eaker, commandant de la Mediterranean Allied Air Force, lui accorde cette autorisation au printemps 1944 : il lui laisse la possibilité d'être pilote aux commandes d'un avion non armé, pour un nombre limité - cinq sorties sont prévues, il y en aura neuf - de missions d'observation sur la France ; il accepte également que ce soit au sein du groupe 2/33 de Gavoille en Sardaigne, où il va convoyer aussitôt Phillips pour un reportage. L'obstination de ce dernier - qu'il regrettera par la suite - consacrera l'amitié entre les deux hommes. Le 10 mai, ils arrivent ensemble à Alghero, en Sardaigne, à bord d'un B26. De ce jour et jusqu'au 30 mai 1944, John Phillips réalise un reportage sur l'escadrille : 14 planches contact pour un 165 clichés, dont une vingtaine concernent Saint-Exupéry. Ce reportage ne sera publié qu'en 1989, dans Les Derniers jours de Saint-Exupéry, grâce à Charles-Henri Favrod et à la suite de l'exposition consacrée en avril 1989 à John Phillips au Musée de l'Elysée que Favrod dirigeait, à Lausanne. Phillips doit quitter la base le 30 mai. Lui et Saint-Exupéry traversent la nuit précédente ensemble : c'est celle où Saint-Exupéry va rédiger la Lettre à un américain, où il livre son pessimisme pour l'avenir et livrait une sorte de testament désabusé. Au petit matin, il offre son manuscrit - un premier jet de six feuillets, écrit d'une traite - à John Phillips, pour son départ et pour qu'il le fasse publier : la photographie que nous présentons ici le représente en train d'écrire ce texte, qui exprime son regard sur les Américains, à qui il doit tant. Saint-Exupéry et le groupe 2/33 quitteront la Sardaigne mi-juillet pour la base de Borgo, en Corse. C'est là-bas que, le 24 juillet 1944, le fils de René Gavoille, Christian, sera baptisé en présence de Saint-Exupéry qui en est le parrain. Une semaine plus tard, il décolle au petit matin du 31 juillet 1944. Ce jour-là, Gavoille savait une chose que Saint-Exupéry ignorait : c'était la dernière fois qu'il devait piloter un P38 Lightning. Car le commandant Gavoille a trouvé un stratagème pour sauvegarder l'avenir du déjà légendaire Antoine de Saint-Exupéry, qui fait maintenant partie du cercle familial : il va l'informer des plans pour le débarquement en Provence, imminent. Cette information classée donnée aurait empêché Saint-Exupéry de décoller à nouveau. Mais cette annonce n'aura jamais lieu : Saint-Exupéry ne rentrera jamais de sa mission. Le journaliste de Life, abattu par la nouvelle, ne publia ni la Lettre à un américain, ni son reportage. « La disparition fut un choc terrible pour John Phillips, qui fit hiberner toutes les images. Quarante ans après, je mis beaucoup d'énergie à le décider de les reprendre pour un livre et une exposition itinérante qui retrouva même le terrain d'aviation d‘Alghero, où tout avait commencé dans l'exultation de récupérer enfin les commandes, et celui de Bastia où s'interrompit tragiquement l'aventure ». (Ch.-Henri Favrod, Le Temps, 11 mai 2001). Le texte, quant à lui - le dernier écrit rédigé par Saint-Exupéry -, ne sera publié qu'en 1959, dans une édition confidentielle publiée à Liège par Pierre Aeberts, dans ses éditions Dynamo, à 51 exemplaires. La Pléiade (OC, II, notes) indique, par erreur, que le première publication n'est donnée qu'en 1973 dans la revue Air France toujours (n°1,1er trimestre 1973), avant d'être repris en 1981 dans le n° 96 de la revue Icare. Les six feuillets du manuscrit original seront, in fine, offerts par John Phillips à la Bibliothèque Nationale de France, en 1984, où ils sont aujourd'hui intégrés au fonds Saint-Exupéry de Nadia Boulanger. La photographie - la seule extraite précocement du reportage - a été publiée pour la première fois, prêtée par John Phillips, dans la première biographie de Saint-Exupéry, donnée par Marcel Migeo en 1958, chez Flammarion. La photographie y figure p. 223, non créditée, avec cette légende sans doute volontairement imprécise : « Entre deux raids, il travaille à l'un de ses livres ». Elle sera ensuite présente dans plusieurs autres livres d'hommages rendus à l'écrivain-aviateur et est devenu depuis l'un des plus célèbres portraits d'Antoine de Saint-Exupéry. Le photographe offrira ce précieux tirage à René Gavoille, à une date inconnue, lequel le conservera pendant plusieurs décennies dans son exemplaire de Pilote de guerre, qui en garde la trace. Il extraira le cliché pour en faire don, en 1989, lors de l'exposition de Lausanne, à un passionné de l'oeuvre de Saint-Exupéry qui possédait le texte de La Lettre aux américains dans son édition originale de 1959 : l'un des 11 exemplaires de tête sur hollande. Provenance : John Phillips, René Gavoille. On joint : l'édition originale en grand papier de la biographie de Saint-Exupéry par M. Migeo (Flammarion, 1958) et le catalogue du reportage réalisé par John Phillips où figure cette photographie originale, Les derniers jours de Saint-Exupéry (Musée de l'Elysée de Lausanne).
Librairie Plon Collection Jacques Haumont | Paris 1953 | 13 x 20 cm; (dessin : 20,3x26,2cm) | broché
Première édition sous ce titre avec les illustrations de Saint-Exupéry, un des 20 exemplaires numérotés sur madagascar, tirage de tête. Parue quelques jours après lédition originale sans illustrations, publiée chez Gallimard (Lettres de jeunesse 1923-1931). Ouvrage illustré de 10 dessins en couleurs dAntoine de Saint-Exupéry ainsi quune vignette de couverture aussi daprès un dessin de lauteur. Louvrage est enrichi dun exceptionnel dessin au crayon bleu et rouge dAntoine Saint-Exupéry sur un papier filigrané avec une inscription au crayon au verso Donné à Léon Werth [dédicataire du Petit Prince]. Pli horizontal et infime décharge de rouille en partie inférieure, sans atteinte au dessin. * Bien que Léon Werth nait jamais attaché de valeur aux éditions bibliophiliques des uvres de son cher ami, il a vraisemblablement gardé avec révérence cet exemplaire en grand papier, comme il lavait fait avec ceux personnellement reçus de lauteur. Ces livres avaient bravé avec lui lexode et les persécutions antisémites?: Je nai quun souci cest demporter Terre des hommes. Non pas parce que cet exemplaire est de luxe, de haut luxe. Je nai quun maigre respect pour les belles éditions. Mais parce que Saint-Exupéry me la donné, parce que le beau papier, les pages non rognées ne sont pas richesse et vanité, mais amitié. (33 jours, Paris, Ed. Viviane Hamy, 1992, p. 48) Cette belle tradition des « pages damitié » semble être perpétuée ici par Werth, qui a sans doute reçu un exemplaire de tête offert par léditeur en lhonneur de son ami disparu. Faute de dédicace, il aurait ajouté ici un cadeau graphique de lauteur du Petit Prince à cette édition posthume de la correspondance de Saint-Exupéry avec Rinette (Renée de Saussine) la sur dun de ses camarades au lycée Saint-Louis. Le personnage de ce croquis est par ailleurs assez proche stylistiquement des dessins pour Rinette au crayon bleu et rouge qui figurent en illustration de ce même ouvrage. On y retrouve lhabituelle silhouette zoomorphe faites de traits décisifs, marquée par une touche de rouge vif et affublée dune cravate pratique courante chez Saint-Exupéry qui samusait à créer des personnages fantastiques aux proportions étranges, portant souvent des cols de manteau, nuds papillon, et autres cravates qui évolueront vers la fameuse écharpe du Petit Prince. Des croquis de camarades de caserne que le jeune conscrit réalise à Casablanca lors de son service militaire aux aquarelles du Petit Prince, la vie de Saint-Exupéry est rythmée par cette activité marginale mais omniprésente, le dessin. Sur les lettres à ses amis, dans les marges de ses manuscrits, en tête de ses livres offerts, sur les télégrammes reçus, les factures, les nappes, les prospectus, sur tout ce qui lui passe par la main et offre un support à son imaginaire, Saint-Exupéry dessine, esquisse, caricature, croque, illustre, invente, griffonne des êtres vivants ou imaginaires, des amis et des amies. Hormis ceux réalisés en marge de lettres et manuscrits ou offerts à des proches, la plupart de ses dessins antérieurs à son exil américain furent jetés par Saint-Exupéry. Exemplaire en tirage de tête de cette importante correspondance de jeunesse accompagné dune précieux dessin coloré et contrasté de Saint-Exupéry offert au dédicataire du Petit Prince. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
Phone number : 01 56 08 08 85
s. l. s. d. | 13.40 x 20.90 cm | une feuille
Dessin original à la mine de plomb et crayons de couleur bleu et rose signé de la main d'Antoine de Saint-Exupéry, sur feuillet filigrané «Navarre». Pli horizontal. L'écrivain-artiste signait très rarement ses oeuvres graphiques. Cet étonnant personnage en costume et nud papillon, fruit de l'imaginaire baroque et débordant de l'auteur du Petit Prince, est l'un des rares dessins portant sa signature. * Des croquis de camarades de caserne que le jeune conscrit réalise à Casablanca lors de son service militaire aux aquarelles du Petit Prince, la vie de Saint-Exupéry est rythmée par cette activité marginale mais omniprésente, le dessin. Sur les lettres à ses amis, dans les marges de ses manuscrits, en tête de ses livres offerts, sur les télégrammes reçus, les factures, les nappes, les prospectus, sur tout ce qui lui passe par la main et offre un support à son imaginaire, Saint-Exupéry dessine, esquisse, caricature, croque, illustre, invente, griffonne des êtres vivants ou imaginaires, des amis et des amies. Puis, distraitement, il jette ces uvres éphémères, prolongement de ses humeurs et de sa rêverie du moment. Parmi ces croquis d'inspirations éphémères, qui semblent pourtant tous, par un trait ou l'autre, préparer sonimpérissable chef d'oeuvre, très rares sont les dessins pleinement assumés par l'artiste dilletante. Si toute l'oeuvre graphique de Saint-Exupéry est aujourd'hui très recherchée, les dessins pleine page et signés par l'auteur du Petit Prince, sont d'une très grande rareté, et les témoins privilégiés de la passion de Saint-Exupéry pour l'Homme à travers toutes ses expressions. Ce mystérieux et excentrique personnage fait partie des créatures de Saint-Exupéry que Delphine Lacroix nomme "monstres sacrés dont les rôles ne sont pas définis" (Antoine de Saint-Exupéry. Dessins, aquarelles, pastels et crayons). Entouré d'un halo de cheveux bleus, ses grands yeux expressifs et effrayants, presque d'inspiration cubiste, semblent être nés d'un griffonnage de l'auteur. Il y a ajouté des éléments figuratifs puis un nud papillon pratique courante chez Saint-Exupéry qui s'amusait à créer des personnages fantastiques aux proportions étranges, souvent affublés de nuds papillon ou de cravates. Il est difficile de dater précisément les dessins de l'écrivain. C'est à New-York, en pleine maturation du Petit Prince, que Saint-Exupéry commence à conserver plus systématiquement ses croquis. En effet, hormis ceux réalisés en marge de lettres et manuscrits ou offerts à des amis, la plupart de ses dessins antérieurs à son exil américain furent jetés par Saint-Exupéry. Précieuse création graphique signée, colorée et contrastée de Saint-Exupéry, qui a heureusement échappé au triste sort de bon nombre de ses dessins. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
Phone number : 01 56 08 08 85
Manuscrit du XVIIIe siècle. In-folio de 70 pages (trois cahiers) qui sont la copie, faite à l'époque sur le document original, par un membre de la famille Saint-Exupéry, de l'intégralité du rapport officiel de ces deux commissaires.
Les différentes pièces présentées remontent avec certitude à 1235, où noble Raymond de Saint-Exupéry épousa demoiselle de Carbonnière, les commissaires indiquant dans leur rapport que "cette maison de Saint-Exupéry est une des plus anciennes et des plus nobles de la Province de Périgord dont l'origine se perd dans la nuit des temps". Les branches issues sont celle des Seigneurs de Miremont (branche ainée), éteinte au XVIe siècle, et celle des Seigneurs du Fraysse (à Terrasson en Dordogne) qui se subdivisa en deux au XVIIIe siècle donnant celle des Marquis de Saint-Exupéry dont il s'agit ici, et celle des Comtes de Saint-Amans en Quercy, ancêtres de l'écrivain ANTOINE DE SAINT-EXUPERY. Ce document renferme donc la généalogie d'Antoine, du XIIIe au XVIIIe siècles, le restant du document intéressant la branche des Saint-Exupéry (comte de Rouffignac et de Floirac).A noter que cette enquête concerne également les familles d'Emeri, de Foucauld, Pettitte, de Bertin, de Vassal de La Tourette, de La Bermondie, Rey de la Martinie, de Gironde, de Baudet, de Montalembert, de La Grange Gourdon de Floirac, de Chapt de Rastignac, de Seguy avec de nombreux et curieux renseignements généalogiques.
Phone number : 06 60 22 21 35
Scénario de film, inédit : une traversée de l'Atlantique... en bateau ! S.l.n.d. [circa 1940]. 12 pages en 13 f. (210 x 270 mm) à l'encre noire, chiffrés à la mine de plomb et d'une autre main ; plis de papier d'envoi postal. Scénario de film, inédit, parmi sept projets connus, dont seulement trois sont autographes.
En habitué des salles obscures, Saint-Exupéry fut, comme tous les jeunes gens de sa génération, un amoureux du cinéma. Ses velléités de scénariste se manifestent entre 1931 et 1936, période pendant laquelle il écrit sept projets et participe à l'adaptation pour le cinéma de certains de ses livres. On peut rapprocher ce scénario d'un passage de sa Lettre à un otage : le recueil débute précisément par l'évocation de sa traversée vers les États-Unis depuis le Portugal, en décembre 1940, où il décrit les joueurs de roulette et de baccara, pour la plupart des réfugiés en partance. Lauren Bacall et Humprey Bogart auraient pu être convoqués ! Huit heures à vivre raconte une histoire aux antipodes de l'univers romanesque du Petit Prince : un monde sombre et peuplé de truands, d'escrocs et de prostituées qui débute dans les bas-fonds de la ville de Rio pour se poursuivre dans les soutes d'un paquebot frappé par une épidémie de peste. Le bateau atteindra finalement Lisbonne avec à son bord 1 500 émigrés, dont beaucoup de malades. Cinq terroristes, à bord du navire, vont profiter du désarroi et de la panique du capitaine pour commettre les pire méfaits. Ce scénario s'inspire de celui d'Igor, un script confié à Pierre Billon à l'été 1940, à Nice, juste avant le départ de l'écrivain pour les États-Unis : « Ceci est pour vous. C'est un sujet de film. Si je reviens nous y travaillerons ensemble, sinon vous le réaliserez tout seul. » Il ajouta en souriant : « Ne l'égarez pas. C'est l'unique exemplaire... et je l'ai tapé moi-même ! » Présenté à l'exposition Antoine de Saint-Exupéry aux Archives nationales de novembre 1984 (n° 450), ce dactylogramme est composé de vingt feuillets avec quelques corrections manuscrites. Christian Janicot, dans sa préface à l'Anthologie du cinéma invisible, souligne combien l'univers d'Igor est éloigné du registre habituel de Saint-Exupéry, ainsi que le résume Pierre Billon : « L'essentiel de cette histoire n'est pas la révolution. C'est, avant tout, le drame qui se passe à bord d'un vieux paquebot à vapeur qui, partant d'Amérique du Sud, regagne un pays d'Europe. Au cours de la traversée deux hommes sacrifient leur vie pour qu'un troisième arrive et puisse accomplir sa mission qui est de diriger le soulèvement qui délivrera son pays d'un régime d'oppression. » Pour Igor, il n'existe aucun manuscrit. Huit heures à vivre, qui en constitue une version remaniée et plus littéraire, à vraisemblablement été composé aux Etats-Unis, dans le deuxième semestre de l'année 1940. À bord du paquebot, une exploratrice amoureuse suicidaire malade de la peste, son amant malade également, des terroristes auteurs d'un attentat, dont un certain Felicio, arrêté par la police du pays et qui refuse de livrer ses complices en fuites, qui se fondent dans la foule des autres voyageurs. L'exploratrice craint elle de perdre son amant et lui apprend qu'elle a la peste ; elle se suicide. S'ensuit un long passage sur la question du suicide comme devoir : « - N'est-ce pas, docteur ?, le suicide est une lâcheté. Un suicide par une femme c'est même violent. Est-il responsable de cette mort ? Non bien sûr ! Il n'est responsable de rien. Le suicide ne se comprend... que... que par exemple s'il sauve des compagnons. Alors oui. Que s'il défend une cause. Alors il est même non seulement excusable, mais je dirais même un devoir.» Tiendra-t-elle les dernières heures de la traversée pour survivre ? Saint-Exupéry en donnera une réécriture, sous la forme d'un manuscrit non titré reprenant l'intrigue mais cette fois-ci depuis l'Afrique ; il avait été présenté en 2011 chez Artcurial (9 mai 2011, section Saint-Exupéry, n° 269). L'écrivain produira par ailleurs un dernier scénario - un film sur la Résistance -, en 1941. En 1935, il avait donné écrit le scénario d'Anne-Marie, l'histoire d'une jeune femme ingénieur qui rêve d'apprendre à voler et gravite dans un groupe de camarades pilotes, tous amoureux d'elle. Raymond Bernard réalise le film la même année, Annabella incarnant le rôle titre, archétype de la femme moderne et séduisante, aviatrice et aventureuse. C'est le seul scénario original qui sera porté à l'écran. Vol de nuit, sorti un an plus tôt, mais auquel Saint-Exupery n'a participé en rien, a été un grand succès qui le persuade d'adapter Courrier Sud, auquel il songeait depuis 1931. Son scénario est prêt en 1936, pour lequel une toute jeune débutante, Françoise Giroud, l'assiste ; il est communiqué au réalisateur Pierre Billon. Deux producteurs sont trouvés : André Aron et son associé l'aviateur Édouard Corniglion-Molinier, ami et compagnon d'aventures de Malraux. Le tournage a lieu à la fin de l'année 1936 à Mogador (aujourd'hui Essaouira), au Maroc. Le film sort sur les écrans en 1937. Pour Anne-Marie et l'adaptation de Courrier Sud, on ne connaît que des tapuscrits corrigés et aucun manuscrits ni même brouillons autographes. Citons également le projet inachevé d'un film, inspiré par le raid manqué Paris-Saigon du 31 décembre 1935 qui se termina, après un atterrissage forcé en plein désert, par un sauvetage grâce à une tribu de nomades. Le projet avait été rédigé sous forme d'un dactylogramme de quinze feuillets, présentés à l'exposition Antoine de Saint-Exupéry aux Archives nationales en novembre 1984 (n° 448), ainsi que Sonia, un synopsis sur un dactylogramme de neuf pages, offert à Raymond Bernard, le réalisateur d'Anne-Marie. Ce synopsis contient un élément qui servira, transformé, pour Huit heures à vivre : y figure le personnage d'une danseuse espagnole pestiférée, laquelle contamine le navire et entame la traversée de l'Atlantique. Vente Antoine de Saint-Exupéry, (Artcurial, 2012, n° 146) ; Histoire postale, héros de l'aviation (Artcurial, 2018, n° 96) ; Paule Bounin, L'oeuvre cinématographique de Saint-Exupéry. Études littéraires, 2001, p. 113-124 ; Christian Janicot, Anthologie du cinéma invisible, 1995.
s. l. s. d. | 22 x 28 cm | une feuille
Dessin original à la mine de plomb et crayon de couleur rose signé de la main d'Antoine de Saint-Exupéry, sur feuillet filigrané «Navarre». Pli horizontal, annotation au crayon en partie supérieure gauche, minuscules déchirures en marge inférieure. Précieux dessin signé par Saint-Exupéry - l'écrivain-artiste signait très rarement ses uvres graphiques - d'un personnage aux proportions caricaturales, non sans rappeler quelques les traits de la physionomie même de l'écrivain. * «?Je ne sais pas ce qui m'a pris, je dessine toute la journée et de ce fait les heures me paraissent moins brèves. J'ai découvert ce pourquoi j'étais fait?: le crayon Conté mine de charbon?». Des croquis de camarades de caserne que le jeune conscrit réalise à Casablanca lors de son service militaire aux aquarelles du Petit Prince, la vie de Saint-Exupéry est rythmée par cette activité marginale mais omniprésente, le dessin. Sur les lettres à ses amis, dans les marges de ses manuscrits, en tête de ses livres offerts, sur les télégrammes reçus, les factures, les nappes, les prospectus, sur tout ce qui lui passe par la main et offre un support à son imaginaire, Saint-Exupéry dessine, esquisse, caricature, croque, illustre, invente, griffonne des êtres vivants ou imaginaires, des amis et des amies. Puis, distraitement, il jette ces uvres éphémères, prolongement de ses humeurs et de sa rêverie du moment. De ces croquis d'inspirations éphémères, qui semblent pourtant tous, par un trait ou l'autre, préparer sonimpérissable chef d'oeuvre, très rares sont les dessins pleinement assumés par l'artiste dilletante. Si toute l'oeuvre graphique de Saint-Exupéry est aujourd'hui très recherchée, les dessins pleine page et signés par l'auteur du Petit Prince, sont d'une très grande rareté, et les témoins privilégiés de la passion de Saint-Exupéry pour l'Homme à travers toutes ses expressions. Parmi tous ces dessins aux styles incroyablement variés, apparaît cependant un personnage récurrent, autoportrait humoristique qu'il décline en une infinité de silhouettes et personnages. Il se transforme tantôt, comme ici, en féroce caricature, ou en la silhouette enfantine et bienveillante qui sera celle du Petit Prince. Exécuté d'une manière large et rapide, ce dessin présente une grande communauté de style avec un comique autoportrait en pied, aussi dans les mêmes teintes et aux furieux traits striés (vente Bibliothèque R. Et B.L., 7 octobre 2014, lot 196). Plusieurs de ses attributs sont à rapprocher du propre visage de l'écrivain: l'ombre de cheveux de part et d'autre d'un crâne rond, ou les fameux sourcils arqués en V qui seront plus tard caractéristiques du visage du Petit Prince. Il est difficile de dater précisément les dessins de l'écrivain. C'est à New-York, en pleine maturation du Petit Prince, que Saint-Exupéry commence à conserver plus systématiquement ses croquis. En effet, hormis ceux réalisés en marge de lettres et manuscrits ou offerts à des amis, la plupart de ses dessins antérieurs à son exil américain furent détruits par Saint-Exupéry. Précieux portrait qui a heureusement échappé à l'impitoyable liquidation de Saint-Exupéry. La silhouette comique dégage un air familier d'autodérision, planant souvent sur les dessins d'un écrivain-aviateur qui ne crut jamais tout à fait en son talent de dessinateur. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
Phone number : 01 56 08 08 85
Paris NRF Gallimard 1947 In-12 Broché Dédicacé par l'auteur
EDITION ORIGINALE parisienne, dont il n'a pas été tiré de grand papier. >Exemplaire préparé pour être relié, les couvertures et gardes volantes, portant un ENVOI autographe signé et daté 1949 de l'auteur au critique Anatole Jakovsky, avec un DESSIN original de Consuelo de Saint-Exupéry. La dédicace, à l'encre rouge, couvre le faux-titre. -- Monté en tête de l'ouvrage, texte imprimé de Jakovsky sur l'écrivain. >>Joints, destinés à enrichir l'exemplaire : la bande-annonce citant Antoine de Saint-Exupéry -- L'affiche et le carton d'invitation à l'exposition de Consuelo de Saint-Exupéry à la galerie Breteau en mai 1949 - une carte de visite de la « Comtesse de Saint-Exupéry » annotée. Très bon 0
Édition originale. Un des 109 premiers exemplaires réimposés. Exemplaire enrichi de deux tirages photographiques originaux. Paris, Gallimard, (30 avril) 1929. 1 vol. (170 x 215 mm) de 227 p. et [2] f. Broché, sous emboîtage. Édition originale. Un des 109 exemplaires réimposés sur vergé pur fil, celui-ci nominatif pour Léon Netter (n° LXXVII). Il a été imprimé pour Léon Netter (1897-1987), le célèbre avocat alors chargé de mission au ministère des Finances.
Avant de tenter l'aventure de l'Aéropostale en Amérique du Sud, Antoine de Saint-Exupéry fut envoyé à l'école de navigation aérienne de Brest pour un cours de perfectionnement. C'est à cette adresse qu'arrivèrent les premières épreuves de son livre dont il lira des passages à son cousin Honoré d'Estienne d'Orves, son futur lecteur attitré. Joints à l'exemplaire : Deux tirages photographiques originaux : ces deux clichés ont été pris à l'aéroport du Bourget, juste avant le départ pour le Maroc de toute l'équipe du le tournage du film Courrier Sud, réalisé par Pierre Billon. « Séduit par le synopsis de son roman Courrier Sud, le réalisateur Pierre Billon et les producteurs Eduardo Corniglio-Molignier et André Aron lui demandent d'écrire le scénario. Dès la fin de l'été 1936, Saint-Exupéry travaille intensément avec Billon et Lustig, l'adaptateur allemand du roman. Jeune scripte, Françoise Giroud les assiste. En octobre, il obtient le concours d'Air France qui prête à la production deux LATE 28 et le personnel nécessaire à l'entretien des appareils. Le tournage des scènes africaines se fait dans la région de Mogador (aujourd'hui Essaouira) au Maroc. » (Courrier Sud au cinéma, Fondation Saint-Exupéry). Ce sera sa seule oeuvre cinématographique d'envergure, aboutissement d'un projet auquel il songeait dès 1931. Il en suivra toutes les étapes et péripéties, en prenant même part au tournage puisqu'il double lui-même le héros, interprété par Pierre-Richard Wilm, dans les scènes périlleuses. On aperçoit, sur ces deux photographies, l'un des deux appareils, et toute l'équipe du tournage, dont Charles Vanel. Le film sort dans les salles en mars 1937. Il est précédé, en voix off, d'un avertissement un peu amer de Saint-Exupéry : « le film auquel vous allez assister rappelle l'époque où l'aventure humaine n'était pas encore aussi bien cachée. » Et l'auteur de revenir, avec nostalgie, sur l'époque de l'Aéropostale, avant le tourisme, le simple passager, qui, aujourd'hui, « ne participe plus à une aventure. L'avion, avec ses cuirs, ses vernis, son horaire exact, n'est plus, aux yeux du voyageur, un instrument d'exploration mais un prolongement du bureau commercial (...) Le voyageur ne sent même pas que cette entreprise forme deux races d'hommes : des marchands aimables qui l'ont séduit, et l'équipage qui va le prendre en charge parmi les astres ». Il est vrai qu'entretemps, Saint-Exupéry aura perdu « son frère », Jean Mermoz, disparu dans l'Océan Atlantique le 7 décembre 1936. Avec lui, tout un monde se termine. Publié grâce à André Gide, l'ouvrage est préfacé par André Beucler qui soutint le premier l'idée que « Saint-Exupéry n'est pas un écrivain », une idée reprise et développée par André Malraux : Saint-Exupéry n'est pas un écrivain en chambre et « il ne veut rien écrire que sa vie ne garantisse ou qu'il n'ait eu l'occasion de vérifier à ses dépens. C'est en quoi l'univers proprement littéraire lui demeure suspect pour autant qu'il trompe le lecteur en le transportant dans un monde facile et fallacieux. Saint-Exupéry reste l'un de ces hommes contraints à l'exactitude, pour qui l'imagination peut bien s'ajouter à la réalité, mais non pas en tenir lieu [...] ». Bel exemplaire. De la bibliothèque de Léon Netter (1897-1987), célèbre avocat chargé de mission au ministère des Finances et éminent bibliophile.
s. l. s. d. | 13.40 x 20.90 cm | une feuille
Dessin original à la mine de plomb et crayons de couleur rose et bleu signé de la main d'Antoine de Saint-Exupéry, sur feuillet filigrané «Navarre». Pli horizontal, annotation au crayon en marge supérieure gauche, minuscule manque en marge inférieure droite du feuillet. L'écrivain-artiste signait très rarement ses uvres graphiques. Superbe caricature exupérienne, véritable personnage de bande dessinée, et l'un des rares dessins signés de l'écrivain. * «?Je ne sais pas ce qui m'a pris, je dessine toute la journée et de ce fait les heures me paraissent moins brèves. J'ai découvert ce pourquoi j'étais fait?: le crayon Conté mine de charbon?». Des croquis de camarades de caserne que le jeune conscrit réalise à Casablanca lors de son service militaire aux aquarelles du Petit Prince, la vie de Saint-Exupéry est rythmée par cette activité omniprésente, le dessin. Sur les lettres à ses amis, dans les marges de ses manuscrits, en tête de ses livres offerts, sur les télégrammes reçus, les factures, les nappes, les prospectus, sur tout ce qui lui passe par la main et offre un support à son imaginaire, Saint-Exupéry dessine, esquisse, caricature, croque, illustre, invente, griffonne des êtres vivants ou imaginaires, des amis et des amies. Puis, distraitement, il jette ces uvres éphémères, prolongement de ses humeurs et de sa rêverie du moment. Parmi ces croquis d'inspirations éphémères, qui semblent pourtant tous, par un trait ou l'autre, préparer sonimpérissable chef-d'uvre, très rares sont les dessins pleinement assumés par l'artiste dilettante. Si toute l'uvre graphique de Saint-Exupéry est aujourd'hui très recherchée, les dessins pleine page et signés par l'auteur du Petit Prince, sont d'une très grande rareté, et les témoins privilégiés de la passion de Saint-Exupéry pour l'Homme à travers toutes ses expressions. Parmi tous ses dessins aux styles incroyablement variés, cette tête moustachue est un exemple des plus réussis de ses « affreuses caricatures » comme les appelait sa sur Simone qui fut victime de ses parodies graphiques, comme bon nombre des amis de l'écrivain. On retrouve la prédilection de Saint-Exupéry pour les nuances de bleu et rose qui animent souvent ses dessins colorés. Loin d'être esquissé en marge, le dessin se distingue par son intentionnalité : fait rare, l'écrivain a pris la peine de le signer. Les rehauts colorés ainsi que les contrastes de la mine de plomb lui donnent un délicieux air de cartoon aux yeux exorbités. Il est difficile de dater précisément les dessins de l'écrivain. C'est d'ailleurs à New York, en pleine maturation de ce chef-d'uvre du conte humaniste, que Saint-Exupéry commence à conserver plus systématiquement ses croquis. En effet, hormis ceux réalisés en marge de lettres et manuscrits ou offerts à des amis, une grande partie de ses dessins antérieurs à son exil américain furent détruits par Saint-Exupéry. Précieuse création graphique du père du Petit Prince, parangon de l'extrême vivacité et l'attention au contraste qui animent ses dessins. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
Phone number : 01 56 08 08 85
s. d. | 21.40 x 27.20 cm | 9 pages sur 8 feuillets
Manuscrit autographe complet d'Antoine de Saint-Exupéry. 9 pages sur 8 feuillets à l'encre noire.Traces de pli horizontaux et verticaux. Un petit manque au centre de deux feuillets. Exceptionnel manuscrit inédit de Saint-Exupéry, à rapprocher de ses réflexions politico-économiques publiées dans les Carnets (1989, p. 43). Alors que les effets de la crise de 1929 se font ressentir en France, celui qu'on a surnommé "l'écrivain autodidacte", se passionne ici pour l'économie et apporte des hypothèses de réforme. A grands renforts de formules mathématiques et d'équations, il noircit de sa légendaire écriture des pages «Pour rendre les idées claires sur aujourd'hui» (feuillet 1), sur le fonctionnement économique de l'Etat et le marché du travail. Ces lignes inédites témoignent de la grande curiosité intellectuelle de Saint-Exupéry, son insatiable besoin d'innovation dans tous les domaines du savoir: mécanique, technologique, politique, économique... Saint-Exupéry tente ici de réformer le système capitaliste dont il faisait la critique et qu'il personnifieraen la figure du businessman dansLe Petit Prince. Dans ce texte, il élabore des théories où l'Etat se fait unique employeur, banquier et gestionnaire de la production: «Si l'Etat paie tous les salaires y compris ceux des administrations et se considère comme propriétaire de tous les produits (rien à changer au système capitaliste en ce sens qu'il peut payer aux administrations des primes spéciales rentrant dans leurs salaires et fonction de la qualité ainsi que la quantité. Il débourse une somme X. Il vend (ayant taxé ses stocks de façon à ce qu'ils expriment Y)». Sa réflexion fait suite aux conséquences du krach boursier qui avait eu raison de l'Aéropostale, colosse aux pieds d'argile où Saint-Exupéry avait déployé ses talents d'aviateur-écrivain. On se souvient également des sublimes lignes tirées de Terre des Hommes précisant l'opinion de l'écrivain sur la valeur du travail: «La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir des hommes: il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines». Soucieux d'une meilleure répartition des richesses, il forme au fil des pages une théorie à mi-chemin entre Keynes et Marx, sur le marché du travail et le régime des retraites. L'écrivain était bien au fait du labeur de l'ouvrier, lui qui passa de longues heures, penché sur la mécanique de ses carlingues. Il détaille ses vues sur les durées de travail «Soit en fin de compte 5 heures de travail par exemple pour produire - par homme - tout ce qui est nécessaire à l'homme. Avec un travail faible et il est possible d'alimenter les hommes de tout ce qui leur est - et peut avec l'augmentation du luxe - leur devenir nécessaire», et fait des calculs sur les épargnes, les retraites, le pouvoir d'achat. Ses réflexions autour du travail inondent ses chefs-d'uvre littéraires ainsi que ses écrits personnels, aspirant à un monde meilleuret une communauté humaine plus égalitaire : «À côté du poète le nez dans les étoiles (ce qu'il pouvait être parfois), de l'enfant piégé dans une grande carcasse d'homme qui regretta toujours le paradis perdu de sa jeunesse, de l'humaniste mystique de Citadelle, facettes d'un être infiniment complexe, Saint-Exupéry était aussi un homme de son temps, passionné par la modernité, en particulier technique, et qui essaya sans cesse de réfléchir à tous les problèmes qui se posaient à elle. D'où ces carnets, notes, feuillets épars innombrables qu'il noircissait sans relâche et transportait toujours dans ses poches et ses malles, et dont il aurait peut-être un jour fait un livre.» (Jean-Claude Perrier) Rares pages d'une personnalité profondément humaniste, d'un homme aux dons multiples d'aviateur, de romancier, de combattant politique et penseur économique. Saint-Exupéry pose ici les fondations d'une société idéale, et tente de calculer les facteurs à l'origine d'un ordre social harmonieux. - Photographies et détails sur www.Edition-Ori
Phone number : 01 56 08 08 85
Précieux exemplaire nominatif de tête avec envoi. New York, Éditions de la Maison française, [1942]. 1 vol. (185 x 230 mm) de 253 p. Demi-maroquin bleu nuit à bandes, titre doré, tête dorée, couverture et dos conservés, étui bordé (reliure signé d'A.[lain] Lobstein). Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur Strathmore (après un exemplaire unique réservé a l’auteur). Celui-ci est nominatif pour Madame la Comtesse de Montgomery avec un envoi signé : « avec toute ma profonde amitié, Antoine Saint-Exupéry ».
« Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu - comme à une masse d'individus - la liberté de l'homme. » Avant de reprendre ce combat où il laissera sa vie, démobilisé après la « drôle de guerre », Saint-Exupéry se réfugie aux États-Unis, et c'est à New York qu'il écrit ces lignes. Cette édition, parue en février 1942, est également la première intégrale puisqu'y figurent (p. 34) les sept mots d'une phrase où l'auteur traite collectivement « d'imbéciles » son ordonnance, un ponte de l'état-major et Hitler « qui a déclenché cette guerre démente » et dont la censure en France exigera la suppression dans l'édition Gallimard de décembre 1942. Le texte paraît en pré-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, puis en volume le mois suivant : l'oeuvre sera en tête des best-sellers pendant six mois : « ce livre est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre de 1939 » écrit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Temps nouveaux le 8 janvier 1943. Précieux exemplaire de tête offert à la Comtesse de Montgomery : née à Paris en 1899, Madeleine de Montgomery passe son enfance au château de Fervaques, acquis en 1831 par son arrière-grand-père, le marquis de Portes. Elle tient à partir de 1930, dans son somptueux appartement du 77 avenue de Malakoff, un salon très prisé. Jeune, élégante et influente, sa beauté et sa personnalité font de ses réceptions l'un des lieux des plus populaires de Paris et le monde littéraire s'y presse : éditeurs, patrons de presse et écrivains. Kessel, Cocteau, Malraux et Colette en sont des habitués, comme Saint-Exupéry qui s'y rend à plusieurs reprises, d'autant que la jeune femme est passionnée d'aviation et possède son propre aéronef, un Morane-Saulnier avec lequel elle est représentée sur une photographie publiée à la une du Figaro en mai 1935. Maîtresse du patron de presse Jean Prouvost, elle deviendra directrice du journal Marie-Claire, que son amant lance en 1937. Pendant, la guerre elle agit comme une véritable héroïne de la Résistance, se réfugiant en Normandie où elle fonde un Centre maternel et infantile dans son manoir pour accueillir de nombreux enfants de mobilisés ; elle deviendra ensuite directrice des sections féminines et sanitaires de la Mission française auprès de la Croix-Rouge aux États-Unis en 1943. C'est probablement pendant ce séjour à New York qu'elle peut rencontrer à nouveau Saint-Exupéry : des retrouvailles suffisamment importantes pour qu'il lui réserve un exemplaire nominatif de son livre. Elle reprendra son salon après-guerre et sera plusieurs fois citée dans le journal de Pierre Lazareff, qui la voit en « Diane chasseresse aux attaches fines et nerveuses, avec ses cheveux cendrés, ses yeux d'aigue-marine et ses longues mains fines qui accentuaient chacune de ses phrases comme autant de point d'exclamation, elle inspirait par sa seule présence d'interminables tournois d'idées et d'éloquence ». C'est également pendant cette mission à New York qu'elle rencontre celui qui allait, en 1946, devenir son époux : le général Antoine Béthouart, Compagnon de la Libération et figure de proue du commandement militaire français libre pendant la Seconde Guerre mondiale. Celui-là même qui, promu général de division et désigné chef de la Mission militaire à Washington, rencontre Saint-Exupéry au début de l'année 1943 : il va y négocier avec le gouvernement américain les livraisons de matériel permettant de rééquiper l'armée française. Mais surtout, c'est lui qui signera, le 1er avril 1943, le tant attendu ordre de mission que trépigne d'obtenir un Saint-Exupéry désespéré de ne pas servir son pays. Ses amis tentent de le faire changer d'avis, mais le 4 mai 1943, après un départ précipité et alors que Le Petit Prince est en cours de publication, il débarque à Alger où l'attend Georges Pélissier ; Béthouart le rejoindra quelques mois plus tard, en novembre 1943, lorsqu'il est nommé chef d'état-major de la Défense nationale à Alger et promu général de corps d'armée. Il accompagnera à ce titre le général de Gaulle dans ses différents voyages à Rome, Londres et débarquera avec lui à Courseulles en Normandie le 14 juin 1944. On connaît par ailleurs les exemplaires offerts à Consuelo, à Léon Werth, à Bernard Lamotte, à Jane Lawton, à Curtice Hitchcock, à Elisabeth Reynal, à Jacques Maritain, à Isaac Molho, à Anne Morrow et Charles Lindbergh, Jean Renoir, à Natalie Paley, à Nadia Boulanger et à Lewis Galantière. Très belle provenance sur ce papier de tête du grand texte de Saint-Exupéry sur le second conflit mondial. Des bibliothèques Michel Demont (ex-libris) et Jean-Claude Mocellin (Alde, « Un siècle de littérature», 19 mai 2022, n° 50).
Le Mans, imprimerie Monnoyer, 1900. 2 feuillets libres imprimés.
"Le Comte et la Comtesse de Saint-Exupéry ont l'honneur de vous faire part du mariage de mademoiselle Alix de Saint-Exupéry leur fille avec monsieur Louis Lecacheux. Le Mans le 5 septembre 1900". - "Monsieur Lecacheux ingénieur civil et madame Lecacheux ont l'honneur de vous faire part du mariage de monsieur Louis Lecacheux leur fils, avec mademoiselle Alix de Saint-Exupéry. Saint-Satur (Cher) le 5 septembre 1900".
Phone number : 06 80 15 77 01
Exemplaire de tête réimposé, relié par Martin.Bibliothèque Marcel de Merre. Paris, Gallimard, (30 avril) 1929. 1 vol. (165 x 215 mm) de 227 p. et [2] f. Demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, filets dorés sur les plats, titre doré, date en pied, tête dorée, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée de P.-L. Martin). Édition originale. Un des 109 exemplaires réimposés sur vergé, celui-ci nominatif pour P. Deflandre (n° LXXXV).
C'est en 1925 que Saint-Exupéry rencontre, dans le salon parisien de sa cousine Yvonne de Lestrange, la fine fleur des Éditions Gallimard : Gaston Gallimard, André Gide et Jean Schlumberger. Ces rencontres vont jouer un rôle fondamental dans l'entrée en littérature de Saint-Exupéry. Avant de tenter l'aventure de l'Aéropostale en Amérique du Sud, Saint-Exupéry fut envoyé à l'école de navigation aérienne de Brest pour un cours de perfectionnement. À cette adresse lui parvinrent les premières épreuves de son livre, dont il lut des passages à son cousin Honoré Estiennes d'Orves, son futur lecteur attitré. Il n'y apporta que d'infimes corrections et le bon à tirer fut signé aux premiers jours d'avril 1929. C'est une version très étoffée de la nouvelle L'Aviateur, publiée dans la revue le Navire d'argent en 1926. Publié grâce à André Gide, qui préfacera deux ans plus tard Vol de nuit, Courrier Sud est préfacé par André Beucler qui soutenait le premier l'idée que « Saint-Exupéry n'est pas un écrivain », idée reprise et développée par André Malraux : Saint-Exupéry n'est pas un écrivain en chambre et « il ne veut rien écrire que sa vie ne garantisse ou qu'il n'ait eu l'occasion de vérifier à ses dépens. C'est en quoi l'univers proprement littéraire lui demeure suspect pour autant qu'il trompe le lecteur en le transportant dans un monde facile et fallacieux. Saint-Exupéry reste l'un de ces hommes contraints à l'exactitude, pour qui l'imagination peut bien s'ajouter à la réalité, mais non pas en tenir lieu (...) ». Très bel exemplaire : il provient de la bibliothèque de Marcel de Merre (ex-libris et vente, Paris, Sotheby's, 2007, n° 436).
Le dernier texte rédigé par Saint-Exupéry.Un des 11 exemplaires de tête. Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », (31 juillet) 1959. 1 plaquette (140 x 190 mm) de 7 p., [1] et 1 f. Broché. Édition originale. Un des 11 premiers exemplaires sur vergé de Hollande, justifiés et paraphés par l'éditeur (n° 7).
Très beau texte de réflexion sur l'engagement américain pour libérer la France, écrit par Saint-Exupéry dans la nuit du 29 au 30 mai 1944, en Sardaigne : « ... Il se peut que le sentiment de votre puissance matérielle vous fasse prendre aujourd'hui ou demain des avantages qui nous paraîtront nous léser injustement. Il se peut que s'élèvent un jour, entre vous et nous, des discussions plus ou moins graves... Eh bien, si même un jour je forme dans mon coeur quelques reproches contre les décisions de ceux-là, ces reproches ne me feront jamais oublier la noblesse des buts de guerre de votre peuple ». Ce texte, Saint-Exupéry le promet au journaliste et photographe de Life, John Phillips : « je vous donnerai un texte si vous parvenez à me faire réintégrer dans mon groupe ». Il tiendra parole. La veille du départ de Phillips, le 30 mai 1944, les deux hommes traversent la nuit ensemble : Saint-Exupéry rédige la Lettre à un américain [son titre initial] et offre, au petit matin, son manuscrit à son ami, pour qu'il la fasse publier. Deux mois plus tard, 31 juillet 1944, l'écrivain-pilote disparaît en mer. Le journaliste de Life, abattu, ne publia ni la Lettre à un américain, ni son reportage. « La disparition fut un choc terrible pour John Phillips, qui fit hiberner toutes les images. Quarante ans après, je mis beaucoup d'énergie à le décider de les reprendre pour un livre et une exposition itinérante qui retrouva même le terrain d'aviation d'Alghero, où tout avait commencé dans l'exultation de récupérer enfin les commandes, et celui de Bastia où s'interrompit tragiquement l'aventure ». (Ch.-Henri Favrod, Le Temps, 11 mai 2001). Ce texte, le dernier rédigé par Saint-Exupéry, ne sera publié qu'en 1959, dans cette édition confidentielle publiée par Pierre Aeberts, à 51 exemplaires. La Pléiade (OC, II, notes, p. 1394) indique, par erreur, que le première publication n'est donnée qu'en 1973 dans la revue Air France toujours (n° 1,1er trimestre 1973), avant d'être repris en 1981 dans le n° 96 de la revue Icare. Les onze premiers exemplaires sur vergé de Hollande sont d'une grande rareté. De la bibliothèque Pierre Puech (Paris, Alde, II, 2010, n° 370).
Exemplaire Joseph-Henry Rosny, avec envoi, sur pur fil. Paris, Gallimard, (30 avril) 1929. 1 vol. (120 x 185 mm) de 227 p. et [2] f. Broché, chemise et étui (Devauchelle). Édition originale. Un des 697 exemplaires sur vélin pur fil (n° 321). Envoi signé : «À monsieur Rosny aîné. En hommage respectueux, Antoine de Saint-Exupéry».
Très bel exemplaire dédicacé par Antoine de Saint-Exupéry à J.-H. Rosny aîné : une dédicace parlante, et de circonstance pour le jeune romancier - rappelons que c'est son premier livre - qu'il adresse au président du plus prestigieux prix littéraire : celui décerné par l'académie Goncourt. L'ouvrage ne sera pas retenu dans la liste finale du prix (qui sera décerné à L'Ordre de Marcel Arland) ; Vol de nuit sera, deux ans plus tard, un peu mieux envisagé, puisqu'il parviendra jusqu'à la sélection finale. Il obtiendra la prix Femina. Pseudonyme de Joseph Henri Honoré Boex, J.-H. Rosny l'ainé est né le 17 février 1856 à Bruxelles. C'est l'un des grands fondateurs de la science-fiction moderne, avant les ouvrages de Wells : il est également l'auteur, avec son frère, du célèbre roman La Guerre du feu, en 1909. Les frères Boex seront sont tous deux, selon la volonté d'Edmond de Goncourt, nommés pour siéger à l'Académie homonyme, dont Rosny l'aîné occupe la présidence de 1926 à sa mort, en 1940 ; son frère l'y succédera. C'est vers 1925 que Saint-Exupéry rencontre, dans le salon parisien de sa cousine Yvonne de Lestrange, la fine fleur des éditions Gallimard : Gaston Gallimard, Jean Schlumberger et André Gide. Ces rencontres vont jouer un rôle fondamental dans son entrée en littérature. Gide poussera le jeune homme, qui vient d'échouer à l'Ecole navale et suit un stage de perfectionnement à l'école de navigation aérienne de Brest, à écrire. Engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (la future Aéropostale), il transporte le courrier à destination de l'Amérique du Sud depuis Toulouse via l'Espagne, le Maroc, la Mauritanie jusqu'à Dakar, où ce courrier embarque sur un bateau pour l'autre continent. C'est d'après ses souvenirs et ses mémos qu'il rédige Courrier Sud : le roman relate les notes du pilote Jacques Bernis à travers ses lettres envoyées entre ses vols en Espagne, au Maroc, en Mauritanie ou à Dakar. Saint-Exupéry en lira des passages à son cousin Honoré Estiennes d'Orves, son futur lecteur attitré. L'ouvrage est accepté par Gaston Gallimard. Premier livre, premier chef-d'oeuvre : « Un ciel pur comme de l'eau baignait les étoiles et les révélait. Puis c'était la nuit ». La poésie se mêle, sans cesse, à la réalité et celle des hommes : l'Aéropostale des débuts, c'est un quatuor d'amitiés fortes et de pilotes intrépides, les mousquetaires que sont Jean Mermoz, Henri Guillaumet, Antoine de Saint-Exupéry et Marcel Reine.
0 18 x 24 cm & 24X30 cm En feuilles
Ensemble de 5 photographie originales, tirages argentiques certainement en contretype pour servir à décorer les vitrines de libraires dans les années 60. On voit sur ces images Saint Exupéry et Guillaumet en Argentine, en 1929, après le sauvetage de Guillaumet ; l'écrivain et sa femme à la fenètre d'un wagon et deux autres de Saint-Ex en pilote. L'une d'elle le montre sur un lit de camp, photo prise par John Phillips en mai 1944, l'autre préparant son vol assis sur l'aile de son avion. Joint la reproduction photographique de la dernière lettre connue de Saint-Exupéry, écrite le 30 ou 31 juillet 1944 à Pierre Dalloz. >Bel ensemble de 5 photographie. Très bon 0
Édition originale. Elle paraît avant l'édition française. Un des 500 premiers exemplaires signés par l'auteur et l'illustrateur. New York, Reynal & Hitchcock, [février] 1942. 1 vol. (140 x 210 mm) de 255 p. et 1 f. Bradel demi-chagrin bleu, dos à faux nerfs, titre doré, contreplat et garde ill. en couleurs par Bernard Lamotte, tête dorée, étui éditeur avec pièce de titre sur le plat (cartonnage de l'éditeur). Édition originale. Elle paraît avant l'édition française, également publiée à New York, aux Éditions de la Maison française, la même année. Un des 500 premiers exemplaires signés par l'auteur et l'illustrateur (n° 163).
Le 23 mai 1940, le capitaine Saint Exupéry effectue une mission de reconnaissance aérienne sur la ville d'Arras. Il pilote le Bloch 174 N° 24. À son bord, le lieutenant Dutertre occupe le poste d'observateur et le sergent Mot celui de mitrailleur. Ils volent à basse altitude quand soudain, ils sont attaqués par la DCA (défense antiaérienne allemande). Leur avion est criblé de balles et un réservoir d'huile est crevé par un obus. Saint-Exupéry réussit cependant à retourner à la base du groupe 2/33 avec ses passagers sains et saufs. Pour cet exploit il sera récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l'ordre de l'Armée de l'Air, le 2 juin 1940. Cette mission lui fournira le titre de son livre Flight to Arras. Durant les deux ans qui suivent l'expédition sur Arras, Saint-Exupéry travaille au récit de cette mission, depuis les États-Unis où il s'est exilé. Il veut saluer le courage et la force des jeunes pilotes : Gavoille évidemment, mais aussi Sagon, Pénicot, Dutertre, Hochedé, le commandant Alias et le lieutenant Israël. Il tente d'expliquer la situation de la France et sa capitulation. Il cherche à inciter les États-Unis à entrer en guerre. Installé à New York depuis décembre 1940, il y a retrouvé Pierre Lazareff et Bernard Lamotte, un ancien camarade des Beaux-Arts. Lorsque Pilote de guerre est achevé, le texte paraît en pré-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, avec des illustrations de son ami Lamotte. Elles sont conservées pour l'édition en volume, avec des magnifiques gardes peintes par Lamotte pour le tirage de luxe. Parallèlement, le texte français est publié aux Éditions de la maison française, sans illustrations. « En vérité, ce livre est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre de 1939 » écrit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Nouveaux Temps, le 8 janvier 1943. Dès sa parution, il connaît un grand succès aux États-Unis : « Ce récit et les discours de Churchill constituent la meilleure réponse que les démocraties n'aient jamais trouvée à Mein Kampf » (Edward Weeks, dans L'Atlantique, cité dans Schiff, p. 363). Les Américains sont bouleversés par le récit et placent pendant six mois le volume en tête des ventes, contribuant à rectifier l'image de la France aux yeux de l'opinion publique et des hommes politiques. La voix de Saint-Exupéry semble être entendue. John Barbeen déclare dans The Chicago Herald le 29 mars 1942 : « Les critiques ne font pas que louer le talent de l'écrivain. Ils font pénétrer dans la presse l'idée d'une France profonde, différente de l'état-major en perpétuelle retraite [...]. Ils font sentir l'absurdité de voler, poursuivi par la chasse allemande, quand on n'a pu, en neuf mois, obtenir des avions résistant au froid des hautes couches de l'atmosphère ». En France, les Éditions Gallimard soumettent le livre au service de propagande allemand qui autorise sa publication, non sans avoir supprimé un court passage de quatre mots, censurés : « Hitler est un idiot » ; mais le livre est rapidement interdit tant il fait de bruit. Il poursuivra alors sa diffusion de manière clandestine, sous la forme de deux éditions (à Lille, puis à Lyon).
Edition originale. Envoi signé au juré Goncourt, Paul Neveux. Paris, Gallimard, (30 mai) 1931. 1 vol. (120 x 185 mm) de 181 p., [1] et 1 f. Broché, sous chemise et étui (Devauchelle). Édition originale. Préface d'André Gide. Un des 647 exemplaires sur pur fil, (n° 605). Envoi signé : « Pour monsieur Pol Neveux. En hommage respectueux. Antoine de Saint-Exupéry ».
En 1929, devenu directeur de l'exploitation de la compagnie « Aeroposta Argentina », Antoine de Saint-Exupéry a pour mission d'ouvrir une ligne vers la Patagonie et la Terre de Feu, quelque 2500 kilomètres au sud de Buenos Aires. Deux ans après Courrier Sud, il livre ici un chef-d'oeuvre et la confirmation d'un talent littéraire, porté par un humanisme, une passion pour les terres éloignées et pour les hommes qui les explorent et les habitent. Et un succès littéraire : l'ouvrage, préfacé par André Gide, reçoit les faveurs du public, et, du côté de la rue Sébastien-Bottin, on rêve d'un prix littéraire. Dès septembre, Vol de nuit est sélectionné dans la liste finale du Goncourt, en concurrence avec Philippe Hériat pour L'Innocent et Jacques Chardonne pour Claire. Las ! Victime de son succès, le roman remporte le 4 décembre le Femina, un prix créé en 1904 par vingt-deux femmes en contestation du Goncourt. Les membres de la prestigieuse Académie, sans doute mécontents de voir l'herbe coupée sous leurs pieds, donnent alors leurs voix à Jean Fayard pour Mal d'amour, un roman chargé jusqu'au trop plein de clichés sur les femmes. Un retour aux envoyeuses sans doute, mais tout à l'honneur de ces dames : Saint-Exupéry s'en émeut avec sincérité et avoue avoir « été aussi surpris que touché de voir mon livre aussi bien couronné par des femmes ». Sa surprise vient du fait que ces dernières lui « semblaient presque étrangères » à son roman : « L'homme qui s'habille la nuit pour prendre, dans le ciel, à l'avant d'un avion postal, son tour de garde semble se détacher déjà de sa maison, [...] et considérer comme un jeu, un loisir, l'exercice du bonheur. Le plaisir d'un vol de nuit est si violent, que déjà à la fenêtre, en suivant son vol on prend une âme de chasseur et j'ai vu bien des camarades, des hommes sains et rudes, ne plus souffrir aucune comparaison entre l'amour et le métier, comme si enfin ils allaient s'occuper de choses solides, graves, réelles, et quitter leur femme sans regret apparent, et même un peu dédaigneusement, avec un orgueil naïf de leur part. [...]. Je voudrais vous parler du bonheur. Je voudrais vous faire comprendre combien ce rôle est grand. Et j'imagine que c'est un peu le vôtre puisque nous recevons en récompense de vous des vertus humaines, des patiences de garde malade, des dévouements de soeurs aînées. Enfin les vertus humaines qui rechargent le coeur et prennent dans la maison le fragile visage du bonheur. » Le Femina suscita des jalousies et des inimitiés, qui s'exprimèrent avec violence dans la presse, pourtant si favorable au moment de la publication du livre, six mois plus tôt. On reproche à l'auteur son mysticisme et un style précieux et compassé ; mis à part l'amitié de quelques héros de l'air (Mermoz est un des premiers à le féliciter pour son prix), Saint-Exupéry est contesté avec la même irritation dans les milieux de l'aviation : se rappelant ses étourderies et erreurs de pilotages, ses camarades pilotes s'offusquent de constater que l'auteur est devenu le plus réputé aviateur de France non pas pour des exploits professionnels mais porté par une gloire littéraire qui lui confère un aura immérité à leur sentiment. Le public n'aura cure de ces piques vénéneuses. Vol de nuit se vend à plus de 150 000 exemplaires et Jacques Guerlain, en hommage, sort un parfum du même nom. Aux États-Unis, le livre - immédiatement traduit [Night Flight] - est un best-seller et est élu dans la sélection du Book of the Month Club. Enfin, Vol de nuit est l'un des premiers romans à être réédité en format de poche en 1953, dans la collection Le Livre de poche, où il porte le n° 3 (après Koenigsmark et Les Clés du royaume). Précieux exemplaire dédicacé par l'auteur à Pol Neveux, l'un des dix membres de l'Académie Goncourt, où il a été élu en 1924, au deuxième couvert (celui de Huysmans, Renard, Guitry et, depuis 2016, Eric-Emmanuel Schmitt). Un envoi qui annonce la rentrée littéraire de septembre et la bataille pour le prix.
Paris, Affiches Gaillard, sans date (1936). 80 x 60 cm. Rare affiche lithographiée de ce film dont Saint-Exupéry, auteur du "Petit Prince" a écrit le scénario, le seul, d'ailleurs, de toute sa carrière. Un film de Raymond Bernard, avec Annabella, Pierre Richard-Willm et Jean Murat.
Non entoilée, mais très bel état de conservation. Rare original poster for this little-known film about aviation, written by the famous Antoine de Saint-Exupéry / Rare affiche de ce film méconnu autour de l'aviation, scénario de Saint-Exupéry. Paris, Affiches Gaillard, no date (1936). No linen back, very good condition. Dimensions : 31.5 x 23.6 inch. Rare lithographed poster of this movie, for which Saint-Exupéry, the author of "The Little Prince", wrote the screenplay. The only one he wrote in his entire career. A film by Raymond Bernard, starring Annabella, Pierre Richard-Willm and Jean Murat. - Clients Livre Rare Book : Les frais postaux indiqués sont ceux pour la France métropolitaine et la Corse, pour les autres destinations, merci de contacter la librairie pour connaître le montant des frais d'expédition, merci de votre compréhension. Livre Rare Book Customers : The shipping fees indicated are only for France, if you want international shipping please contact us before placing your order, thank you for your understanding. - Frais de port : -Colissimo France 11 € -Colissimo International (Union Européenne + Suisse : 23 €) (Reste du Monde : 55 €)
Phone number : +33 6 18 71 03 67
Très importante lettre autographe signée de Saint-Exupéry adressée à son ami Jean Lucas : 6 pages manuscrites. La lettre, non datée, semble avoir été écrite de Toulouse en 1932. Saint-Exupéry y exprime sa lassitude de fréquenter certains compagnons : Serre, de Beyssac, Daurat, et surtout "le gros Dalvat (?)". La lettre est écrite alors que la société Aéropostale est rachetée par la SCELA : période d'incertitude quant au devenir de certains pilotes ... On sent saint-Exupéry inquiet, las de son existence d'alors et regrettant sa jeunesse. Sous portefeuille Très bon 1932 6 pages 1/4 au format 21 x 27 cm.
S.l., Fayard, (2009). Un fort vol. au format in-8 (234 x 153 mm) de 480 pp., broché.
''En 1931, Antoine de Saint-Exupéry et Consuelo Suncín de Sandoval s’unissent pour le meilleur et pour le pire. Ensemble ils vont traverser quatorze années d’un amour tumultueux que la mort de l’écrivain pilote, disparu en mer en 1944, scellera pour toujours. Pourtant, la présence constante à ses côtés de Consuelo, le « petit volcan d’El Salvador », a été étrangement reléguée par l’histoire. Le mythe Saint-Exupéry ne retiendra en effet que le destin tragique d’un héros solitaire. Année après année, cette biographie éclaire l’itinéraire de deux enfants terribles voués l’un à l’autre dans la tourmente des années 1930 et de la guerre. L’auteur du Petit Prince, profondément dépressif, et la fougueuse Consuelo s’aiment et se déchirent sans pouvoir jamais se séparer. Car l’essentiel est ailleurs : dans la fidélité à la « Rose », dans le respect de leur liberté à tous deux, dans la certitude d’être faits l’un pour l’autre. Grâce à une immense documentation et à sa parfaite connaissance de la vie d’Antoine de Saint-Exupéry, dont il est un spécialiste reconnu, l’écrivain et universitaire Alain Vircondelet retrace avec un souffle quasi romanesque le chemin exceptionnel d’un couple de légende, emblématique du xxe siècle.'' Très belle condition.
Club des Editeurs, Collection Hommes et faits de l'histoire. Paris 1958, in-8° reliure éditeur pleine toile illustré d'une photo en noir de St Exupéry, Rhodoïd. 320 pages, Appendice, notes bibliographiques, table des matières. Iconographie hors texte. Tirage numéroté sur Alfa d'Avignon.
Les documents photographiques du cahier de présentation proviennent de la collection Air-France, les documents photographiques de Harlingue, Jean Leleu, Cossira, Pierre Chevrier, Atlas photo; prêtés par Renée de Saussine, Pierre Billon; et extraits de La Vie de Saint-Exupéry par René Delange et Léon Werth.
S.l., Gallimard, (1962). Un vol. au format in-12 (188 x 123 mm) de 226 pp., broché.
''Premier ouvrage publié par l'auteur, le destin de Saint-Exupéryen sera changé. Le jeune homme qui doutait de sa vocation entre en effet de plein pied dans le monde des Lettres. Et comme le remarque si bien Umberto Eco, il est désormais difficile de savoir « s’il volait pour écrire ou s’il écrivait pour voler ». Le protagoniste de ce récit, Jacques Bernis, est pilote des lignes Latécoère, tout comme Saint-Exupéry. Il achemine le courrier vers l’Amérique du Sud où la compagnie Latécoère assure une partie du courrier aérien à destination de l’Europe depuis 1926. Comme Saint-Exupéry, Jacques Bernis fait un métier dangereux qui rend difficile la vie paisible dont rêve Geneviève, la femme qu'il aime et dont il se sépare. Pour les mêmes raisons, Louise de Vilmorin rompt ses fiançailles avec Saint-Exupéry, effrayée par les dangers qu’il court en tant qu’aviateur...'' Claires rousseurs affectant chacun des plats. Papier très légèrement oxydé. Du reste, belle condition.
Nrf | Paris 1931 | 12 x 19 cm | relié
Edition originale, mention fictive d'édition. Envoi autographe signé d'Antoine de Saint-Exupéry sur la page de faux-titre : "à Mademoiselle Josette Arnaud dont le frère est déjà un vieux pilote de quarante six heures de vol... Et dont le père est un vieil ami" Reliure en demi maroquin bleu, dos à cinq nerfs, date dorée en queue, plats de papier à la colle, gardes et contreplats de papier gris, tête dorée sur témoin, reliure signée P. Goy et C. Vilaine. C'est sans doute en 1926, que le jeune Antoine, tout frais engagé à la compagnie Latécoère, future Aéropostale, rencontre le père de Josette Arnaud, alors qu'il effectue ses premiers vols entre Toulouse et Dakar. Les deux amis se retrouveront treize ans plus tard, lorsque, devenu l'un des plus célèbres écrivains français, Saint-Exupéry revient dans sa ville d'adoption pour contribuer à l'effort de guerre. En septembre 1939, rentré des Etats-Unis où il faisait la promotion de son dernier livre,Terre des Hommes,Antoine de Saint-Exupéryest en effet mobilisé avec le grade de capitaine. Il est affecté à la base aérienne deFrancazal, dans une unité de formation de pilotes de bombardiers. C'est à cette occasion qu'il forme le frère de Josette,tandis que le soir il étonne la cadette avec ses célèbres tours de carte, comme en témoigne la jeune fille sous une autre dédicace sur Courrier Sud. Ne pouvant se contenter d'un rôle de figurant, Saint-Exupéry ne restera pas longtemps à Toulouse et obtiendra sa mutation dans une escadrille de reconnaissance aérienne qui lui inspirera son Pilote de guerre. Mais à l'aube d'une des plus terribles tragédies du XXeme siècle, c'est une histoire de courageet de fraternité et le récit d'une grande aventure humaine et humaniste, que le futur auteur du Petit Prince décide d'offrir à cette jeune fille, témoignant de leur complicité et de son grand respect pour les enfants et leur faculté d'émerveillement. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
Phone number : 01 56 08 08 85
Préface de Renée de Saussine volume in-8, 180x120, relié demi cuir à coins, nom au stylo du précédent propriétaire, 150pp, très bel état. Paris, Gallimard, achevé d'imprimé le 24 juillet 1953 ( Mention de 50e édition) De 1923 à 1931, Antoine de Saint-Exupéry écrit de nombreuses lettres particulièrement touchantes à Renée de Saussine dit « Rinette ». De trois ans son aînée, Renée de Saussine lui est présentée par son frère Bertrand, condisciple d’Antoine au lycée Saint-Louis. Une amitié affectueuse lie Antoine à Renée et traverse les années. Parfois, lorsqu’il se trouve loin d’elle, il lui téléphone. Ne la trouvant que rarement, il lui écrit de nombreuses lettres. Vingt- cinq lettres d’Antoine de Saint-Exupéry à Renée de Saussine ont été publiées dès 1953 sous différents titres : « Lettres à l’amie inventée », « Lettres de jeunesse », « Lettres de jeunesse à l’amie inventée ». Le jeune homme souffre de solitude amoureuse après la rupture de ses fiançailles avec Louise de Vilmorin. Il croit pouvoir trouver l’affection qu’il recherche auprès de Rinette, qui fait semblant de l’ignorer. Il trouve en Rinette, une confidente à la fois proche et inaccessible. Les déclarations voilées alternent avec des reproches moins dissimulés concernant la vie mondaine de Renée qui ne trouve pas le temps de lui répondre. Des dithyrambes littéraires destinées à séduire la jeune fille, apparemment trop frivole, succèdent à des confessions concernant les déceptions d’une vie trop morne avant de déboucher sur des projets d’avenir exaltants. Dans une lettre de 1926, il confie: « J’ai grand besoin d’une amitié à qui confier les petites choses qui m’arrivent. Avec qui partager. Je ne sais pas pourquoi je vous choisis. Vous êtes si étrangère. (…) Je m’écris peut-être à moi-même » Antoine de Saint-Exupéry et Renée de Saussine partagent le même intérêt pour la littérature et les spectacles. Dans sa première lettre, Antoine donne des conseils à Rinette a propos du conte qu’elle lui a confié et cite Dostoïevski. Dans une autre lettre, il s’exprime sur sa conception de la littérature et s’offusque que l’on compare Luigi Pirandello et Henrick Ibsen. Ses premières lettres sont postées des villes qu’il prospecte depuis qu’il est représentant des camions Saurer. Il décrit ses voyages en voiture et les mœurs de province. Il aime raconter des anecdotes comme celle de son chapeau perdu sur un pont à Argenton, et de la discussion avec la jeune modiste du magasin qui lui en vend un nouveau. Il reproche parfois à son amie sa mondanité et il regrette de ne pas être « un beau gigolo avec une belle cravate et une magnifique collection de disques de gramophone ». Il la sens beaucoup plus proche quand, seul, il la « fabrique » à son gré : « C’est peut-être parce que je vous invente que je tiens tellement à vous. » Plus tard, il rejoint Toulouse où est basée la compagnie Latécoère qui vient de l’engager. Il raconte sa vie de pilote et ses voyages en Espagne, au Maroc et au Sénégal. Il décrit ses sensations au moment où son avion en panne est sur le point de s’écraser. Loin de Paris, ses amis lui manquent. Il s’ennuie d’elle et des soirées passées en sa compagnie. Hélas, elle ne répond que rarement à ses lettres et ce silence le fait souffrir. Muté à Buenos où il ne se plait guère, il se réjouit de recevoir son mot qui lui remémore « mille choses adorables et oubliées ». Directeur d’exploitation de l’Aeroposta argentina, filiale de l’Aéropostale, il détaille son travail et ses responsabilités, décrit son appartement et son quotidien. Sa dernière lettre date de 1931 et est écrite d’Agay où demeure sa sœur Gabrielle entourée de sa famille. Elle correspond à la période de son mariage avec Consuelo mais il ne fait aucunement mention de cet événement à Rinette. ref/240
Antoine de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 au large des côtes marseillaises, est un écrivain, poète, aviateur et reporter français. Né dans une famille de la noblesse française, il passe une enfance heureuse malgré les morts prématurées de son père et de son frère.