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‎HUGO (Victor)‎

Reference : 10322

(1869)

‎L'homme qui rit‎

‎Paris, Librairie Internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1869. 3090 g 4 volumes in-8, demi chagrin rouge, 381 pp.; 307 pp.; 296 pp.; 384 pp.. Edition originale, sans mention, avec tous les volumes imprimés à Paris, tout d'abord dans l'imprimerie de L. Poupart-Davyl puis dans celles de Ch. Lahure. Clouzot, 151; Carteret, I, 423; Vicaire, IV, 341. Exemplaire non rogné. Des rousseurs. . (Catégories : Littérature, )‎


Phone number : 06 17 93 27 81

EUR350.00 (€350.00 )

‎BAUDELAIRE Charles & HUGO Victor‎

Reference : 68622

(1859)

‎Théophile Gautier. Notice littéraire précédée d'une lettre de Victor Hugo‎

‎Poulet-Malassis et de Broise, Paris 1859, 11,5x18cm, relié.‎


‎| Envois de Baudelaire & Hugo : la tempétueuse rencontre littéraire de l'Albatros et de l'Homme Océan | Édition originale, dont il n'a été tiré que 500 exemplaires. Portrait de Théophile Gautier gravé à l'eau forte par Emile Thérond en frontisipice. Importante lettre préface de Victor Hugo. Reliure en plein maroquin rouge, dos à cinq nerfs sertis de filets noirs, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à la cuve, ex-libris baudelairien de Renée Cortot encollé sur la première garde, couvertures conservées, tête dorée. Pâles rousseurs affectant les premiers et derniers feuillets, bel exemplaire parfaitement établi. Rare envoi autographe signé de Charles Baudelaire?: «?à mon ami Paul Meurice. Ch. Baudelaire.?» Un billet d'ex-dono autographe de Victor Hugo adressé à Paul Meurice à été joint à cet exemplaire par nos soins et monté sur onglet. Ce billet, qui ne fut sans doute jamais utilisé, avait été cependant préparé, avec quelques autres, par Victor Hugo pour offrir à son ami un exemplaire de ses uvres publiées à Paris, pendant son exil. Si l'histoire ne permit pas à Hugo d'adresser cet ouvrage à Meurice, ce billet d'envoi, jusqu'à lors non utilisé, ne pouvait être, selon nous, plus justement associé. Cette exceptionnelle dédicace manuscrite de Charles Baudelaire à Paul Meurice, véritable frère de substitution de Victor Hugo, porte le témoignage d'une rencontre littéraire unique entre deux des plus importants poètes français, Hugo et Baudelaire. Paul Meurice fut en effet l'intermédiaire indispensable entre le poète condamné et son illustre pair exilé, car demander à Victor Hugo d'associer leurs noms à cette élégie de Théophile Gautier fut une des grandes audaces de Charles Baudelaire et n'aurait sans doute eu aucune chance de se réaliser sans le précieux concours de Paul Meurice. Nègre de Dumas, auteur de Fanfan la Tulipe et des adaptations théâtrales de Victor Hugo, George Sand, Alexandre Dumas ou Théophile Gautier, Paul Meurice fut un écrivain de talent qui se tint dans l'ombre des grands artistes de son temps. Sa relation unique avec Victor Hugo lui conféra cependant un rôle déterminant dans l'histoire littéraire. Plus qu'un ami, Paul se substitua, avec Auguste Vacquerie, aux frères décédés de Victor Hugo?: «?j'ai perdu mes deux frères ; lui et vous, vous et lui, vous les remplacez ; seulement j'étais le cadet ; je suis devenu l'aîné, voilà toute la différence.?» C'est à ce frère de cur (dont il fut le témoin de mariage au côté d'Ingres et Dumas) que le poète en exil confia ses intérêts littéraires et financiers et c'est lui qu'il désignera, avec Auguste Vacquerie, comme exécuteur testamentaire. Après la mort du poète, Meurice fondera la maison Victor Hugo qui est, aujourd'hui encore, une des plus célèbres demeures-musées d'écrivain. En 1859, la maison de Paul est devenue l'antichambre parisienne du rocher anglo-normand de Victor Hugo, et Baudelaire s'adresse donc naturellement à cet ambassadeur officiel. Les deux hommes se connaissent assez peu mais partagent un ami commun, Théophile Gautier, avec lequel Meurice travailla dès 1842 à une adaptation de Falstaff. Il est donc l'intermédiaire idéal pour s'assurer la bienveillance de l'inaccessible Hugo. Baudelaire avait pourtant déjà brièvement rencontré Victor Hugo. à dix-neuf ans, il sollicita une entrevue avec le plus grand poète moderne, auquel il vouait un culte depuis l'enfance?: «?Je vous aime comme on aime un héros, un livre, comme on aime purement et sans intérêt toute belle chose.?». Déjà, il se rêvait en digne successeur, comme il lui avoue à demi-mot?: «?à dix-neuf ans eussiez-vous hésité à en écrire autant à [...] Chateaubriand par exemple?». Pour le jeune apprenti poète, Victor Hugo appartient au passé, et Baudelaire souhaitera rapidement s'affranchir de ce pesant modèle. Dès son premier ouvrage, Le Salon de 1845, l'iconoclaste Baudelaire éreinte son ancienne idole en déclarant la fin du Romantisme dont Hugo est le représentant absolu?: «?Voilà les dernières ruines de l'ancien romantisme [...] C'est M. Victor Hugo qui a perdu Boulanger - après en avoir perdu tant d'autres - C'est le poète qui a fait tomber le peintre dans la fosse.?» Un an plus tard, dans le Salon de 1846 il réitère son attaque plus férocement encore, destituant le maître Romantique de son trône?: «?car si ma définition du romantisme (intimité, spiritualité, etc.) place Delacroix à la tête du romantisme, elle en exclut naturellement M. Victor Hugo. [...] M. Victor Hugo, dont je ne veux certainement pas diminuer la noblesse et la majesté, est un ouvrier beaucoup plus adroit qu'inventif, un travailleur bien plus correct que créateur. [...] Trop matériel, trop attentif aux superficies de la nature, M. Victor Hugo est devenu un peintre en poésie?». Ce meurtre du père ne pouvait se réaliser pleinement sans une figure de substitution. C'est Théophile Gautier qui servira de nouveau modèle à la jeune génération, tandis que Victor Hugo, bientôt exilé, ne devait plus publier d'autres écrits que politique pendant près de dix années. Ainsi, lorsque Baudelaire adresse un exemplaire de ses Fleurs du mal à Victor Hugo, il sait qu'il lui inflige cette terrible dédicace imprimée en tête «?Au poète impeccable au parfait magicien ès Lettres françaises à mon très cher et très vénéré maître et ami Théophile Gautier?». L'animosité du jeune poète ne pouvait échapper à Victor Hugo. Et sans doute, Baudelaire ne s'attendait-il pas à la lumineuse réponse d'Hugo?: «?Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles?». Avec son article sur Théophile Gautier paru dans L'Artiste du 13 mars 1859, Baudelaire poursuit toujours le même but?: refermer la page «?Victor Hugo?» de l'histoire de la littérature française. Plus adroite et plus respectueuse que ses écrits précédents?: «?Nos voisins disent Shakespeare et Gthe, nous pouvons leur répondre Victor Hugo et Théophile Gautier?!?», la prose de Baudelaire se veut pourtant claire et définitive?: Hugo est mort, vive Gautier, «?cet écrivain que l'univers nous enviera, comme il nous envie Chateaubriand, Victor Hugo et Balzac.?» Les critiques ne s'y trompèrent pas et l'accueil de l'article fut glacial. Baudelaire eut alors l'idée folle d'associer Victor Hugo lui-même à sa propre destitution et de faire ainsi publier sous leur deux noms l'avènement d'une nouvelle ère poétique dont ce fascicule est le manifeste. De son propre aveu, l'impertinent poète avait déjà «?commis cette prodigieuse inconvenance [d'envoyer son article à Victor Hugo sur] papier imprimé sans joindre une lettre, un hommage quelconque, un témoignage de respect et de fidélité.?» Nul doute que le désir de Baudelaire fut alors d'adresser un soufflet à son aîné. L'affaire en serait sans doute restée là sans l'intervention de Paul Meurice. Il informa le fougueux poète de l'appréciation bienveillante du maître qui se serait fendu d'une lettre sans aucun doute aimable mais définitivement perdue. Apprenant cela, Baudelaire rédige à son tour une lettre à Victor Hugo d'une incroyable audace et sincérité?: «?Monsieur, J'ai le plus grand besoin de vous, et j'invoque votre bonté. Il y a quelques mois, j'ai fait sur mon ami Théophile Gautier un assez long article qui a soulevé un tel éclat de rire parmi les imbéciles, que j'ai jugé bon d'en faire une petite brochure, ne fût-ce que pour prouver que je ne me repens jamais. J'avais prié les gens du journal de vous expédier un numéro. J'ignore si vous l'avez reçu ; mais j'ai appris par notre ami commun, M. Paul Meurice, que vous aviez eu la bonté de m'écrire une lettre, laquelle n'a pas encore pu être retrouvée?». Sans fard, il expose ses intentions, ne niant ni l'impertinence de son article, ni la raison profonde de sa demande?: «?J'ai voulu surtout ramener la pensée du lecteur vers cette merveilleuse époque littéraire dont vous fûtes le véritable roi et qui vit dans mon esprit comme un délicieux souvenir d'enfance. [...] J'ai besoin de vous. J'ai besoin d'une voix plus haute que la mienne et que celle de Théophile Gautier, de votre voix dictatoriale. Je veux être protégé. J'imprimerai humblement ce que vous daignerez m'écrire. Ne vous gênez pas, je vous en supplie. Si vous trouvez, dans ces épreuves, quelque chose à blâmer, sachez que je montrerai votre blâme docilement, mais sans trop de honte. Une critique de vous, n'est-ce pas encore une caresse, puisque c'est un honneur???» Il n'épargne pas même Gautier, «?dont le nom a servi de prétexte à mes considérations critiques, je puis vous avouer confidentiellement que je connais les lacunes de son étonnant esprit?». C'est naturellement à Paul Meurice qu'il confie sa «?lourde missive?». Ne doutant pas d'une réponse positive, «?la lettre de Hugo viendra sans doute mardi, et magnifique je le crois?» (lettre à Poulet-Malassis, le 25 septembre 1859), Baudelaire apporte un soin particulier à la mise en valeur du prestigieux préfacier dont le nom sera imprimé dans la même taille de police que le sien. Pourtant la lettre tarde à arriver et c'est encore auprès de Meurice que se plaint Baudelaire?: «?Il est évident que si une raison quelconque empêchait M. Hugo de répondre à mon désir, il me l'aurait fait savoir. Je dois donc supposer un accident.?» (Lettre à Paul Meurice du 5 octobre 1859). En effet, Victor Hugo a bien envoyé sa réponse-préface, elle arrive peu après et Baudelaire la fait intégralement imprimer en tête de son Théophile Gautier. Il ne s'agit pourtant pas d'une simple préface, mais d'une véritable riposte, rédigée avec toute l'élégance du maître. Hugo ne se contente pas des lourds attributs que lui prête Baudelaire qui, dans ce même ouvrage, qualifie ainsi le poète des Contemplations?: «?Victor Hugo, grand, terrible, immense comme une création mythique, cyclopéen, pour ainsi dire, représente les forces énormes de la nature et leur lutte harmonieuse.?» Au manifeste de Baudelaire?: «?Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l'aspiration humaine vers une Beauté supérieure. [...] Si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique (..) La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de déchéance, s'assimiler à la science ou à la morale ; elle n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même.?» Hugo oppose ses propres préceptes?: «?Vous ne vous trompez pas en prévoyant quelque dissidence entre vous et moi. [...] Je n'ai jamais dit l'Art pour l'Art ; j'ai toujours dit l'Art pour le Progrès. [...] Le poète ne peut aller seul, il faut que l'homme aussi se déplace. Les pas de l'Humanité sont donc les pas même de l'Art.?» N'en déplaise à Baudelaire, l'écrivain qu'il rangeait dans les «?délicieux souvenirs d'enfance?» est loin d'avoir achevé son uvre immense. C'est dans ce petit fascicule de l'un de ses féroces adversaires, qu'il annonce la voie de son écriture à venir?: La Légende des siècles, qui doit paraître ce même mois, et surtout trois ans plus tard, Les Misérables, la plus importante fresque sociale et humaniste de la littérature mondiale. Baudelaire adressa des exemplaires dédicacés de son Gautier aux artistes qu'il admirait dont Flaubert, Manet ou Leconte de Lisle, preuve de l'importance qu'il accordait à cette profession de foi esthétique. Malgré sa si précieuse collaboration, Victor Hugo reçut une lettre de remerciements mais aucun exemplaire dédicacé de «?leur?» opuscule. Cependant, une récente étude à la lumière noire a permis de déceler un envoi à son intention «?en témoignage d'admiration?» gratté puis recouvert d'une dédicace palimpseste à M. Gélis. Ce repentir est symbolique de la relation d'amour-haine qu'entretiendront les deux poètes leurs vies durant. C'est donc à travers cet exemplaire offert à «?[s]on ami Paul Meurice» que Baudelaire choisit de remercier le clan Hugo de cette exceptionnelle rencontre littéraire. Le Théophile Gautier de Baudelaire et Hugo est donc, sous son apparente modestie, un double manifeste des deux grands courants de la poésie?: «?L'Albatros?» de Baudelaire, contre l'«?Ultima verba?» de Hugo. Tandis que «?les ailes de géants [du premier] l'empêchent de marcher?», le second «?reste proscrit, voulant rester debout?». Et s'il n'en reste que deux, ce seront ces deux-là?! Provenance?: Paul Meurice, puis Alfred et Renée Cortot. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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EUR75,000.00 (€75,000.00 )

‎HUGO Victor‎

Reference : 85176

(1862)

‎Les Misérables‎

‎Pagnerre, Paris 1862, In-8 (14x22,8cm), 5 volumes reliés.‎


‎Edition originale dont on doit détailler certaines particularités : Mention de sixième édition pour les tomes 1 à 7, mention de troisième édition pour les tomes 7 à 10. Pages de titre de rouge et noir. Reliure en demi veau glacé d'époque noisette. Dos assombris avec une auréole plus sombre sur le tome 1, et des zones plus foncées sur les autres tomes. Ensemble plutôt frais, mais pâles rousseurs éparses dans les volume 1 et 2. Brunissures sur les faux-titres. Page de titre du tome 7 avec trace de mouillure pâle au coin bas droit. Bon exemplaire. L'édition des Misérables parut en trois fois sur un mois, simultanément en Belgique en France et dans le monde entier. Les exemplaires parisiens des deux premiers volumes s'écoulèrent si rapidement que les éditeurs furent contraints de rapatrier des exemplaires belges et leur attribuer une nouvelle page de titre française avec une mention de deuxième édition, qui sont donc constitués de l'édition originale belge dont la mise en page diffère très légèrement de la française. Les mentions d'éditions suivantes sont des retirages de l'édition française réalisés grâce aux empreintes de plaques réalisées par l'imprimeur Claye avec de nouvelles pages de titre en rouge et noir avec des capitales antiques (un des joyaux du matériel typographique de Claye). Dès la fin de la parution de tous les volumes, les libraires constituèrent des ensembles complets en mêlant les mentions d'éditions, ce qui ne paraît pas avoir dérangé les acquéreurs de l'époque, heureux de posséder un exemplaire complet de la première édition de ce monument de la littérature sociale. Histoire de l'édition originale desMisérables L'édition originale des Misérables fut légalement établie par trois éditeurs différents, Pagnerre en France, Lacroix en Belgique et Steinacker en Allemagne, sous l'égide de l'éditeur officiel A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. Une des deux éditions originales parues le 3 avril 1862 simultanément à Bruxelles chez Lacroix et Verboeckhoven et à Paris chez Pagnerre. La question de la prévalence d'une édition sur l'autre agite depuis longtemps le monde de la bibliophilie et les bibliographes sont restés divisés sur cette épineuse question. Carteret et Vicaire par exemple assuraient que l'édition parisienne devait être privilégiée, tandis que Vanderem et Clouzot donnaient la primeur à l'édition belge. Plus qu'une simple question de chronologie, cette dispute bibliographique révèle la complexité de la notion d'édition originale et l'importance symbolique qu'elle revêt pour l'histoire littéraire et en particulier pour cette uvre magistrale qui compte parmi les plus importantes de la littérature mondiale. Etrangement, sans que cette question ait été réellement tranchée, l'édition de Bruxelles est aujourd'hui communément décrite comme antérieure à celle de Paris, tandis que l'édition de Leipzig est tout simplement ignorée. Les Misérables seraient donc parus le 30 ou 31 mars chez Lacroix et le 3 avril chez Pagnerre. Les arguments de cette antériorité belge sont cependant tous réfutables, et dès 1936, Georges Blaizot en avait démontré la fragilité. Le premier argument s'appuie sur une lettre de Victor Hugo adressée à Lacroix de 1865 et dans laquelle, le poète qualifia lui-même l'édition belge de «princeps»: «Typographiquement, il faut se régler en tout sur l'édition belge princeps des Misérables, en dilatant plutôt qu'en resserrant» écrit-il au sujet des Travailleurs de la mer qui paraîtront en 1866. Or cette désignation de Hugo n'est en aucun cas une indication bibliographique, comme l'explique Georges Blaizot, dénonçant l'interprétation abusive de P. de Lacretelleet du Dr Michaux : «Le poète précise un point, un seul, très simple, très clair, très précis: l'édition belge princeps (c'est-à-dire la première parue des éditions belges) doit servir de type aux éditions futures. Il dit cela, il dit bien cela, il ne dit que cela.» (Georges Blaizot in Le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1936). En effet à la fameuse édition in-8 succèdera une plus modeste édition in-12 en octobre de la même année. Le second argument est plus important. Il s'appuie sur une lettre d'Adèle Hugo à son mari relatant la rocambolesque aventure de la publication française quatre jours avant la date prévue. Cette lettre sera partiellement reproduite en 1904 dans les uvres complètes publiées par Meurice et Simon, avec la date supposée du «[31 mars 1862]». Adèle y raconte les motifs de la précipitation éditoriale française: «Auguste [Vacquerie] nous apprend que Les Misérables paraissent sous trois jours. Étonnement mêlé de satisfaction. Auguste me raconte qu'ils comptaient faire paraître Les Misérables le 7 avril; que le matin [Noël] Parfait était accouru effaré chez [Paul] Meurice lui dire qu'il sortait de voir aux mains de [Paul] Siraudin, un exemplaire des Misérables qu'il avait acheté la veille à Bruxelles.» Ce témoignage et la datation de la lettre dans ces notes de l'éditeur sont sans doute à l'origine de l'affirmation de l'antériorité de la publication belge. De fait, il est indéniable qu'à cette date, l'édition française n'a pas encore paru, puisque l'imprimeur Claye ne déposera les deux tomes parisiens aux Archives nationales que le lendemain, le 1er avril 1862. L'édition de Lacroix serait donc, en ce sens, véritablement «princeps». La lettre d'Adèle, n'est en fait pas du 31 mars mais a été écrite sur trois jours: «commencée dimanche (donc le 30 mars) et finie aujourd'hui [mardi] premier avril». Elle supposerait donc une existence de volumes brochés à Bruxelles dès le 29 mars (et sûrement pas le 30 qui était un dimanche). Or au même moment, Hugo et Lacroix étaient en pleine tractation épistolaire pour régler cette délicate question de la date de parution prochaine: «Mon cher maître, écrivait Lacroix le 30 mars, nous avons tout combiné pour le 4 avril, (...) il faut qu'à Paris l'ouvrage paraisse aussi cette semaine». De son côté Hugo, le 1er avril, avertissait son éditeur : «on prétend que le livre qui ne peut (...) paraître à Paris que le 7, paraîtra le 3 partout; de sorte que Paris, cur du succès, serait servi le dernier. Ce serait là une faute incalculable. Paris servi après tout le monde, c'est le succès attaqué à sa source». Tandis qu'à Paris, Meurice, Vacquerie et Pagnerre précipitent la parution française pour contrer les belges qui «ont tenté de jouer un tour» aux français, comme le rapporte Adèle à son mari, à Guernesey, Hugo hausse le ton auprès de son éditeur en martelant l'importance de l'édition française: «la simultanéité, bien; mais s'il devait y avoir une priorité, c'était pour Paris.» Quid de la parution bruxelloise en mars? Aucune autre mention que l'aventure de Siraudin (relatée par Adèle qui le tient de Vacquerie rapportant les propos de Parfait à Meurice) ne confirme sérieusement cette hypothèse. Les journaux belges, principale préoccupation du clan parisien: « les journaux de Paris ne se soucieraient pas d'annoncer ce livre (...) après les journaux belges et de devenir leur déversoir et leur succursale », ne font encore aucune relation de cette uvre très attendue, sinon l'Indépendance Belge qui annonce tour à tour le 30 mars: «En vente chez tous les libraires» et le 1er avril: «Demain paraît enfin la première partie des Misérables». Conformément à la stratégie éditoriale de Hugo, les premiers extraits de l'uvre ne seront publiés que le 2 avril, notamment dans Le Temps qui annonce depuis la veille une parution simultanée en France et en Belgique le 4 avril, et dans Le Journal des Débats, où l'article signé Jules Janin est en fait de la main de Meurice, en raison de l'urgence décrite par Adèle: «Je ne puis parler du livre ce soir puisque je ne le connais pas, dit Janin, faites vous-même la chose, Meurice.». Y a-t-il eu alors véritablement une publication belge en mars, ou les quelques exemplaires qui ont sans doute en effet circulé avant la parution officielle et simultanée en France et en Belgique ne sont qu'un accident isolé et sans signification? L'étude de la correspondance de Hugo montre qu'en fait de mauvais «tour» des Belges, il s'agit simplement d'une confusion de dates imputable à ... Victor Hugo lui-même. C'est en effet Hugo qui a transmis de fausses intentions de parution simultanée le 7 avril à Vacquerie et Meurice, alors qu'il avait pressé Lacroix pour que tout fut prêt le 4 avril. Il a ainsi semé le doute et l'incompréhension chez les deux éditeurs. (cf. Bernard Leuilliot, Victor Hugo publie les Misérables, p. 240) Les deux premiers tomes, intitulés Fantine, seront finalement mis en vente le 3 avril, en France, en Belgique, mais également en Allemagne et dans de nombreux autres pays ayant reçu les exemplaires imprimés par Lacroix. Sans doute est-ce un de ces exemplaires brochés en avance pour être expédiés jusqu'en Amérique Latine que s'est procuré Siraudin. Lacroix informait justement Hugo le 30 mars : «tout est tiré, tout était broché et les expéditions pour l'étranger en partie faites ». Il n'y a donc pas lieu de supposer une quelconque antériorité d'une édition sur l'autre. Et c'est en parfaite entente qu'Adèle, Charles, Paul de Saint-Victor, Vacquerie, Lacroix et Pagnerre fêteront le 3 avril au soir chez Meurice l'«éclatante victoire simultanée en tous pays, le jour même de la mise en vente à Paris, à Bruxelles, à Londres, à Milan, à Naples, à St. Pétersbourg» comme l'écrit Lacroix le soir même à l'écrivain qui vient de le faire entrer dans l'histoire de l'édition. Le succès est tel pour ces deux premiers volumes que, comme le craignait Victor Hugo, le tirage (6.000 exemplaires selon Hovasse et 7.000 selon L.C. Michel in la revue anecdotique du 15 avril 1862) de Pagnerre est épuisé très rapidement: «Le 6, on eût battu toutes les librairies de la rive gauche et de la rive droite, pour en trouver un exemplaire». On puise donc 1.000 exemplaires dans les 5.000 exemplaires de Bruxelles destinés au marché belge et étranger, pour créer une fausse «deuxième édition» française qui est en réalité l'édition originale belge avec une nouvelle page de titre. Mais dès le 10 avril, Pagnerre est obligé de réaliser un nouveau tirage, qui sera prêt le 17 grâce aux empreintes prudemment réalisées par l'imprimeur Claye lors du premier tirage. Seules les pages de titre sont réalisées «sur le mobile» en rouge et noir avec des capitales antiques «un des joyaux de son matériel typographique». En tout, si l'on en croit les chiffres sans doute trop optimistes (d'après Hovasse) de la Revue anecdotique et la correspondance des éditeurs, les différents tirages de cette première partie seront de près de 15.000 exemplaires à l'adresse parisienne et 12.000 à l'adresse bruxelloise, plus 3.000 exemplaires imprimés à Leipzig chez Steinacker. Cette dernière, parue en petit format, également dès le 3 avril, mériterait sans doute une plus grande attention, car en plus de participer des éditions originales, elle répond à une demande pressante de Hugo de proposer immédiatement une édition bon marché pour permettre à tous d'accéder à son uvre, comme celle qu'établira Lacroix, peu après. La seconde et troisième partie paraîtront en revanche avec un léger décalage, le 15 mai à Paris, et entre le 16 et le 19 mai à Bruxelles, à cause d'un fâcheux accident de machine à vapeur (cf. lettre de Lacroix à Hugo du 11 mai 1862). Heureusement, le 30 juin, Bruxelles et Paris seront parfaitement synchrones pour faire paraître les quatre derniers volumes. Toutefois, le concept d'édition originale n'est pas qu'une affaire de date. Les défenseurs de la thèse belge soulignent que c'est à Bruxelles que sont envoyées les corrections des épreuves et que, comme l'affirme paradoxalement Vicaire, Pagnerre n'est que le «dépositaire» du véritable et unique éditeur, Lacroix et Verboeckhoven & Cie. Dès 1936, Georges Blaizot rétorquait dans Le Bulletin du bibliophile que Pagnerre n'a aucunement pris l'ouvrage de Lacroix en dépôt, mais qu'il «a véritablement établi, imprimé et vendu une édition des Misérables». Réduire Pagnerre à un relais territorial consiste en fait à méconnaître la complexité de l'aventure éditoriale de cette uvre majeure, dont l'enjeu n'est pas, pour le poète exilé, une simple affaire financière. Avec Napoléon le Petit et Les Châtiments, Hugo a démontré au pouvoir impérial que le bannissement de l'homme n'entamait en rien la puissance de son verbe. Au contraire, cet exil insulaire ne pouvait que faire écho à celui d'un illustre prédécesseur. La seule arme de l'Etat est donc la censure. Et c'est cette épée de Damoclès qui va désormais commander les stratégies de publication de Hugo et de ses éditeurs. En 1856, la parution des Contemplations est ainsi la répétition générale des Misérables: Association d'éditeurs, publication simultanée en France et en Belgique, correction unique d'épreuves... Hugo songea même déjà à diviser la publication pour duper le censeur: «La 1ère livraison paraît; c'est le premier livre, Aurore, une géorgique, une bucolique, une églogue. On se jette dessus avec d'autant plus d'avidité qu'on craint que l'ouvrage ne soit interdit et que c'est presque du fruit défendu. Que fera le gouvernement? Arrêtera-t-il cela? quoi! ce livre, Aurore: cette poésie fleur de mauve et rose tendre? - il serait inouï, fabuleux, grotesque, ineffable de ridicule; et en même temps que les frais de la tentative du côté des éditeurs seraient six fois moindres, l'odieux de l'instruction serait pour l'empire dix fois plus grand.» Ces précautions, sans doute inutiles pour le sage recueil de poèmes que sont Les Contemplations, seront la matrice de la publication des Misérables, immense cri d'alarme contre les inégalités qui ne pouvait qu'attiser la colère de l'Institution impériale. Il fallait donc nécessairement que le grand uvre de Hugo déferle sur le monde en une seule et grande vague. Si la censure empêchait l'uvre de paraître à Paris, elle viendrait de partout ailleurs, et si on lui fermait les frontières, elle serait déjà dans la capitale. Impression multiple, synchronisation et division de l'uvre étaient la clé de la réussite de cet habile jeu du chat et de la souris. À cette menace s'ajoutait celle plus prosaïque de la contrefaçon qu'il fallait prendre de court. Un mois après la sortie de Fantine, les deux premiers volumes du roman, près de dix éditions pirates circulaient en Europe. Albert Lacroix aurait bien souhaité entreprendre seul cette épopée et diffuser en France ses exemplaires, comme il le fit pour le reste du monde. Hugo, malgré l'insistance de Hetzel - qui le courtisait depuis longtemps pour obtenir ce Graal - avait explicitement choisi ce jeune éditeur belge inconnu et inexpérimenté, au détriment de ses habituels partenaires. Lacroix et Verboeckhoven sont les seuls éditeurs et le font savoir sur chaque volume, belge ou français. Ainsi, en regard des pages de titre de l'édition parisienne est-il inscrit «éditeur: Lacroix et Verboeckhoven & Cie». Et La Revue Anecdotique de commenter: «L'édition française originale de Paris n'a été faite que pour éviter les formalités de douane.» La réalité est pourtant plus complexe et si Lacroix n'a pu imposer son adresse en pied des pages de titre de l'édition parisienne, c'est que Pagnerre n'est pas un simple relais de l'éditeur belge. Au contraire, Pagnerre est, de fait, le premier détenteur des droits de publication des Misérables. En effet, en 1832, Hugo signe avec l'éditeur de Notre-Dame de Paris, Gosselin, un premier traité promettant son prochain «roman en deux volumes in-8». Puis en 1848, ils précisent ensemble, par un nouveau contrat, le titre de ce roman: Les Misères «dont le rythme [d'écriture] est devenu celui d'une période d'achèvement» (Leuilliot, p.18). Mais la révolution de 1848 puis l'exil du poète mirent un terme au «livre des Misères» dont Charles Hugo annonçait l'imminente parution dansL'événement du 31 juillet 1848. Ainsi lorsque, douze ans plus tard, Hugo reprend son uvre par ces mots : «14 février (1848) (ici le pair de France s'est interrompu, et le proscrit a continué:) 30 décembre 1860 Guernesey.», il est encore lié à son ancien éditeur dont le successeur n'est autre que Laurent Pagnerre. L'hériter de la maison Gosselin-Renduel n'est d'ailleurs pas inconnu de Victor Hugo puisqu'il fut un des trois associés (avec Hetzel et Lévy) qui publièrent Les Contemplations et est toujours l'éditeur du fils de Hugo, François-Victor. Victor Hugo vend donc son roman à Lacroix, à charge pour lui de négocier avec Pagnerre le rachat des droits au successeur de Gosselin et Renduel. «J'ai vendu aujourd'hui Les Misérables à MM. A. Lacroix et Verboeckhoven et Cie, de Bruxelles, pour 12 années moyennant 240.000 fr. argent et 60.000 fr. éventuels. Ils acceptent le traité Gosselin-Renduel. Le contrat a été signé ce soir.». Mais plutôt que de vendre ses droits, Pagnerre préfère échanger avec Lacroix son traité de 1832-1848 contre un droit d'exclusivité de la diffusion en France. La valeur symbolique de l'édition de Pagnerre ne cède ainsi en rien à celle de Lacroix, et l'éditeur parisien est, par son histoire, lié aux origines même du roman. Quant aux épreuves, elles sont corrigées sur l'impression belge par la volonté de Lacroix en dépit de l'insistance de Hugo: «songez quel avantage il y aurait pour vous à m'envoyer les épreuves de l'édition de Paris» (Lettre à Lacroix du 12 janvier 1862). Même si Lacroix feint d'ignorer cette proposition, il n'en demeure pas moins que les bonnes feuilles doivent être envoyées à Meurice pour parfaire le travail: «Il importe que l'édition parisienne soit page à page et ligne à ligne identique à l'édition belge. La rapidité et la sûreté des corrections sont à ce prix, et de cette façon Meurice pourra donner les bons à tirer. Autrement, je serais obligé de demander la dernière épreuve de chaque feuille.» Enfin, une archive du fonds Victor Hugo nous apprend que l'auteur avait explicitement demandé à Lacroix sur l'épreuve de la page de titre que soient mises en regard les deux éditions bruxelloises et parisiennes sur une page de titre commune: «Je crois qu'il faudrait mettre sur deux colonnes en regard Paris Pagnerre | Bruxelles A. Lacroixen répétant cela sur la double édition de Paris ». Or, même si Lacroix n'a (volontairement?) pas retenu la proposition (bien qu'il ait pris en compte les autres corrections de la page), la signification de cette note est limpide: pour Hugo, il n'y a pas deux éditions, mais une seule, dont l'impression devait être divisée en deux lieux stratégiques pour des raisons tout à la fois politiques (le risque de censure de ce brûlot magistral), sociales (la diffusion internationale d'une uvre à portée universelle) et économiques (le risque de contrefaçon du plus grand romancier du XIXe). Georges Blaizot concluait en 1936, que les deux éditions étaient des surs jumelles. Il réfutait en cela l'ancienne rumeur prétendant que, dans l'édition parisienne, « un certain nombre de phrases ayant paru dangereuses pour la France, ont été modifiées» (Vicaire). Cette croyance est cependant imputable à une malheureuse erreur de Victor Hugo lui-même qui, le 24 décembre 1865, écrivait à Verboeckhoven:«Il va sans dire encore que si un mot ou une ligne semblait dangereuse pour Paris, il faudrait l'éliminer, comme on a fait pour Les Misérables, édition Claye». Or Georges Blaizot souligne qu'il s'agit là d'une mauvaise mémoire de Victor Hugo et que, grâce à la relecture attentive de Meurice et Vacquerie, qui «tenaient avant tout à ce que l'édition de Paris ne fût pas inférieure à l'autre», il n'y eut aucune coupe unilatérale.«Victor Hugo aura ignoré ou oublié ce détail.» (Dr Michaux cité par G. Blaizot). Pourtant, il y a bien des différences (échappées à l'attention de ces bibliographes) entre les deux éditions, mais ce ne fut pas au détriment de la version parisienne, bien au contraire. C'est en effet à son meilleur ami et factotum Paul Meurice, qui, durant les dix-huit années de l'exil, fut responsable de la publication, des relectures et des corrections des uvres de Victor Hugo en France et donc de l'édition Pagnerre des Misérables, que l'écrivain communiqua ses ultimes corrections, non de simple forme, mais de fond. Ces corrections seront transmises également à Lacroix, mais trop tard, et l'éditeur belge avertit Hugo que celles-ci n'apparaîtront que dans sa seconde édition. C'est ainsi que l'édition de Pagnerre se vit enrichie de deux modestes mais signifiantes réflexions qui font défaut à l'édition bruxelloise, dans l'important chapitre de Waterloo: «Le fond de ce prodigieux capitaine, c'était l'homme qui, dans le rapport au Directoire sur Aboukir, disait: Tel de nos boulets a tué six hommes.»; «Tel point du champ de bataille dévore plus de combattants que tel autre, comme ces sols plus ou moins spongieux qui boivent plus ou moins vite l'eau qu'on y jette. On est obligés de reverser là plus de soldats qu'on ne voudrait. Dépenses qui sont l'imprévu.». Plus que des surs jumelles, donc, les deux impressions sont une seule et même uvre éditoriale qui porte et incarne l'ubiquité de leur immense auteur. Seul sur son rocher, et pourtant omniprésent, Hugo envahit l'espace public, poétique et politique avec une tragédie romanesque universelle qui traverse les continents (pas moins de neuf traductions en cours dès avril 1862). Véritable soufflet à l'Empire de Napoléon III, l'uvre de Victor Hugo s'inscrit immédiatement et irrémédiablement comme un mythe laïc fondateur, illustrant la devise républicaine de 1848 puis de 1879 : Liberté - Egalité - Fraternité. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor‎

Reference : 71973

(1862)

‎Les misérables‎

‎A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, Bruxelles 1862, 15x21cm, 10 volumes reliés.‎


‎Edition originale sans mention, parue simultanément avec celle de Paris. Reliures en demi basane aubergine, dos lisses ornés de filets estampés à l'or, plats de papier marbré, discrètes restaurations principalement sur les coiffes, reprise de teinte sur l'ensemble des volumes, reliures de l'époque. Quelques petites rousseurs marginales, une petite mouillure angulaire sans atteinte au texte aux deux derniers cahiers du quatrième volume, une autre mouillure très pâle à la table de ce même volume. Pâle et petite mouillure à l'angle inférieur des pages 29 à 38 du sixième tome. A la table du volume huit, une petite rousseur se poursuivant sur quelques feuillets, ainsi qu'une claire mouillure au coin supérieur des tous derniers. En guise d'ex-libris, un feuillet blanc portant le nom du premier propriétaire : Alfred Jeanneret, très joliment calligraphié à l'encre noire, a été relié en tête de chaque volume. L'édition originale des Misérables fut légalement établie par trois éditeurs différents, Pagnerre en France, Lacroix en Belgique et Steinacker en Allemagne, sous l'égide de l'éditeur officiel A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. Une des deux éditions originales parues le 3 avril 1862 simultanément à Bruxelles chez Lacroix et Verboeckhoven et à Paris chez Pagnerre. La question de la prévalence d'une édition sur l'autre agite depuis longtemps le monde de la bibliophilie et les bibliographes sont restés divisés sur cette épineuse question. Carteret et Vicaire par exemple assuraient que l'édition parisienne devait être privilégiée, tandis que Vanderem et Clouzot donnaient la primeur à l'édition belge. Plus qu'une simple question de chronologie, cette dispute bibliographique révèle la complexité de la notion d'édition originale et l'importance symbolique qu'elle revêt pour l'histoire littéraire et en particulier pour cette uvre magistrale qui compte parmi les plus importantes de la littérature mondiale. Etrangement, sans que cette question ait été réellement tranchée, l'édition de Bruxelles est aujourd'hui communément décrite comme antérieure à celle de Paris, tandis que l'édition de Leipzig est tout simplement ignorée. Les Misérables seraient donc parus le 30 ou 31 mars chez Lacroix et le 3 avril chez Pagnerre. Les arguments de cette antériorité belge sont cependant tous réfutables, et dès 1936, Georges Blaizot en avait démontré la fragilité. Le premier argument s'appuie sur une lettre de Victor Hugo adressée à Lacroix de 1865 et dans laquelle, le poète qualifia lui-même l'édition belge de «princeps»: «Typographiquement, il faut se régler en tout sur l'édition belge princeps des Misérables, en dilatant plutôt qu'en resserrant» écrit-il au sujet des Travailleurs de la mer qui paraîtront en 1866. Or cette désignation de Hugo n'est en aucun cas une indication bibliographique, comme l'explique Georges Blaizot, dénonçant l'interprétation abusive de P. de Lacretelleet du Dr Michaux : «Le poète précise un point, un seul, très simple, très clair, très précis: l'édition belge princeps (c'est-à-dire la première parue des éditions belges) doit servir de type aux éditions futures. Il dit cela, il dit bien cela, il ne dit que cela.» (Georges Blaizot in Le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1936). En effet à la fameuse édition in-8 succèdera une plus modeste édition in-12 en octobre de la même année. Le second argument est plus important. Il s'appuie sur une lettre d'Adèle Hugo à son mari relatant la rocambolesque aventure de la publication française quatre jours avant la date prévue. Cette lettre sera partiellement reproduite en 1904 dans les uvres complètes publiées par Meurice et Simon, avec la date supposée du «[31 mars 1862]». Adèle y raconte les motifs de la précipitation éditoriale française: «Auguste [Vacquerie] nous apprend que Les Misérables paraissent sous trois jours. Étonnement mêlé de satisfaction. Auguste me raconte qu'ils comptaient faire paraître Les Misérables le 7 avril; que le matin [Noël] Parfait était accouru effaré chez [Paul] Meurice lui dire qu'il sortait de voir aux mains de [Paul] Siraudin, un exemplaire des Misérables qu'il avait acheté la veille à Bruxelles.» Ce témoignage et la datation de la lettre dans ces notes de l'éditeur sont sans doute à l'origine de l'affirmation de l'antériorité de la publication belge. De fait, il est indéniable qu'à cette date, l'édition française n'a pas encore paru, puisque l'imprimeur Claye ne déposera les deux tomes parisiens aux Archives nationales que le lendemain, le 1er avril 1862. L'édition de Lacroix serait donc, en ce sens, véritablement «princeps». La lettre d'Adèle, n'est en fait pas du 31 mars mais a été écrite sur trois jours: «commencée dimanche (donc le 30 mars) et finie aujourd'hui [mardi] premier avril». Elle supposerait donc une existence de volumes brochés à Bruxelles dès le 29 mars (et sûrement pas le 30 qui était un dimanche). Or au même moment, Hugo et Lacroix étaient en pleine tractation épistolaire pour régler cette délicate question de la date de parution prochaine: «Mon cher maître, écrivait Lacroix le 30 mars, nous avons tout combiné pour le 4 avril, (...) il faut qu'à Paris l'ouvrage paraisse aussi cette semaine». De son côté Hugo, le 1er avril, avertissait son éditeur : «on prétend que le livre qui ne peut (...) paraître à Paris que le 7, paraîtra le 3 partout; de sorte que Paris, cur du succès, serait servi le dernier. Ce serait là une faute incalculable. Paris servi après tout le monde, c'est le succès attaqué à sa source». Tandis qu'à Paris, Meurice, Vacquerie et Pagnerre précipitent la parution française pour contrer les belges qui «ont tenté de jouer un tour» aux français, comme le rapporte Adèle à son mari, à Guernesey, Hugo hausse le ton auprès de son éditeur en martelant l'importance de l'édition française: «la simultanéité, bien; mais s'il devait y avoir une priorité, c'était pour Paris.» Quid de la parution bruxelloise en mars? Aucune autre mention que l'aventure de Siraudin (relatée par Adèle qui le tient de Vacquerie rapportant les propos de Parfait à Meurice) ne confirme sérieusement cette hypothèse. Les journaux belges, principale préoccupation du clan parisien: « les journaux de Paris ne se soucieraient pas d'annoncer ce livre (...) après les journaux belges et de devenir leur déversoir et leur succursale », ne font encore aucune relation de cette uvre très attendue, sinon l'Indépendance Belge qui annonce tour à tour le 30 mars: «En vente chez tous les libraires» et le 1er avril: «Demain paraît enfin la première partie des Misérables». Conformément à la stratégie éditoriale de Hugo, les premiers extraits de l'uvre ne seront publiés que le 2 avril, notamment dans Le Temps qui annonce depuis la veille une parution simultanée en France et en Belgique le 4 avril, et dans Le Journal des Débats, où l'article signé Jules Janin est en fait de la main de Meurice, en raison de l'urgence décrite par Adèle: «Je ne puis parler du livre ce soir puisque je ne le connais pas, dit Janin, faites vous-même la chose, Meurice.». Y a-t-il eu alors véritablement une publication belge en mars, ou les quelques exemplaires qui ont sans doute en effet circulé avant la parution officielle et simultanée en France et en Belgique ne sont qu'un accident isolé et sans signification? L'étude de la correspondance de Hugo montre qu'en fait de mauvais «tour» des Belges, il s'agit simplement d'une confusion de dates imputable à ... Victor Hugo lui-même. C'est en effet Hugo qui a transmis de fausses intentions de parution simultanée le 7 avril à Vacquerie et Meurice, alors qu'il avait pressé Lacroix pour que tout fut prêt le 4 avril. Il a ainsi semé le doute et l'incompréhension chez les deux éditeurs. (cf. Bernard Leuilliot, Victor Hugo publie les Misérables, p. 240) Les deux premiers tomes, intitulés Fantine, seront finalement mis en vente le 3 avril, en France, en Belgique, mais également en Allemagne et dans de nombreux autres pays ayant reçu les exemplaires imprimés par Lacroix. Sans doute est-ce un de ces exemplaires brochés en avance pour être expédiés jusqu'en Amérique Latine que s'est procuré Siraudin. Lacroix informait justement Hugo le 30 mars : «tout est tiré, tout était broché et les expéditions pour l'étranger en partie faites ». Il n'y a donc pas lieu de supposer une quelconque antériorité d'une édition sur l'autre. Et c'est en parfaite entente qu'Adèle, Charles, Paul de Saint-Victor, Vacquerie, Lacroix et Pagnerre fêteront le 3 avril au soir chez Meurice l'«éclatante victoire simultanée en tous pays, le jour même de la mise en vente à Paris, à Bruxelles, à Londres, à Milan, à Naples, à St. Pétersbourg» comme l'écrit Lacroix le soir même à l'écrivain qui vient de le faire entrer dans l'histoire de l'édition. Le succès est tel pour ces deux premiers volumes que, comme le craignait Victor Hugo, le tirage (6.000 exemplaires selon Hovasse et 7.000 selon L.C. Michel in la revue anecdotique du 15 avril 1862) de Pagnerre est épuisé très rapidement: «Le 6, on eût battu toutes les librairies de la rive gauche et de la rive droite, pour en trouver un exemplaire». On puise donc 1.000 exemplaires dans les 5.000 exemplaires de Bruxelles destinés au marché belge et étranger, pour créer une fausse «deuxième édition» française qui est en réalité l'édition originale belge avec une nouvelle page de titre. Mais dès le 10 avril, Pagnerre est obligé de réaliser un nouveau tirage, qui sera prêt le 17 grâce aux empreintes prudemment réalisées par l'imprimeur Claye lors du premier tirage. Seules les pages de titre sont réalisées «sur le mobile» en rouge et noir avec des capitales antiques «un des joyaux de son matériel typographique». En tout, si l'on en croit les chiffres sans doute trop optimistes (d'après Hovasse) de la Revue anecdotique et la correspondance des éditeurs, les différents tirages de cette première partie seront de près de 15.000 exemplaires à l'adresse parisienne et 12.000 à l'adresse bruxelloise, plus 3.000 exemplaires imprimés à Leipzig chez Steinacker. Cette dernière, parue en petit format, également dès le 3 avril, mériterait sans doute une plus grande attention, car en plus de participer des éditions originales, elle répond à une demande pressante de Hugo de proposer immédiatement une édition bon marché pour permettre à tous d'accéder à son uvre, comme celle qu'établira Lacroix, peu après. La seconde et troisième partie paraîtront en revanche avec un léger décalage, le 15 mai à Paris, et entre le 16 et le 19 mai à Bruxelles, à cause d'un fâcheux accident de machine à vapeur (cf. lettre de Lacroix à Hugo du 11 mai 1862). Heureusement, le 30 juin, Bruxelles et Paris seront parfaitement synchrones pour faire paraître les quatre derniers volumes. Toutefois, le concept d'édition originale n'est pas qu'une affaire de date. Les défenseurs de la thèse belge soulignent que c'est à Bruxelles que sont envoyées les corrections des épreuves et que, comme l'affirme paradoxalement Vicaire, Pagnerre n'est que le «dépositaire» du véritable et unique éditeur, Lacroix et Verboeckhoven & Cie. Dès 1936, Georges Blaizot rétorquait dans Le Bulletin du bibliophile que Pagnerre n'a aucunement pris l'ouvrage de Lacroix en dépôt, mais qu'il «a véritablement établi, imprimé et vendu une édition des Misérables». Réduire Pagnerre à un relais territorial consiste en fait à méconnaître la complexité de l'aventure éditoriale de cette uvre majeure, dont l'enjeu n'est pas, pour le poète exilé, une simple affaire financière. Avec Napoléon le Petit et Les Châtiments, Hugo a démontré au pouvoir impérial que le bannissement de l'homme n'entamait en rien la puissance de son verbe. Au contraire, cet exil insulaire ne pouvait que faire écho à celui d'un illustre prédécesseur. La seule arme de l'Etat est donc la censure. Et c'est cette épée de Damoclès qui va désormais commander les stratégies de publication de Hugo et de ses éditeurs. En 1856, la parution des Contemplations est ainsi la répétition générale des Misérables: Association d'éditeurs, publication simultanée en France et en Belgique, correction unique d'épreuves... Hugo songea même déjà à diviser la publication pour duper le censeur: «La 1ère livraison paraît; c'est le premier livre, Aurore, une géorgique, une bucolique, une églogue. On se jette dessus avec d'autant plus d'avidité qu'on craint que l'ouvrage ne soit interdit et que c'est presque du fruit défendu. Que fera le gouvernement? Arrêtera-t-il cela? quoi! ce livre, Aurore: cette poésie fleur de mauve et rose tendre? - il serait inouï, fabuleux, grotesque, ineffable de ridicule; et en même temps que les frais de la tentative du côté des éditeurs seraient six fois moindres, l'odieux de l'instruction serait pour l'empire dix fois plus grand.» Ces précautions, sans doute inutiles pour le sage recueil de poèmes que sont Les Contemplations, seront la matrice de la publication des Misérables, immense cri d'alarme contre les inégalités qui ne pouvait qu'attiser la colère de l'Institution impériale. Il fallait donc nécessairement que le grand uvre de Hugo déferle sur le monde en une seule et grande vague. Si la censure empêchait l'uvre de paraître à Paris, elle viendrait de partout ailleurs, et si on lui fermait les frontières, elle serait déjà dans la capitale. Impression multiple, synchronisation et division de l'uvre étaient la clé de la réussite de cet habile jeu du chat et de la souris. À cette menace s'ajoutait celle plus prosaïque de la contrefaçon qu'il fallait prendre de court. Un mois après la sortie de Fantine, les deux premiers volumes du roman, près de dix éditions pirates circulaient en Europe. Albert Lacroix aurait bien souhaité entreprendre seul cette épopée et diffuser en France ses exemplaires, comme il le fit pour le reste du monde. Hugo, malgré l'insistance de Hetzel - qui le courtisait depuis longtemps pour obtenir ce Graal - avait explicitement choisi ce jeune éditeur belge inconnu et inexpérimenté, au détriment de ses habituels partenaires. Lacroix et Verboeckhoven sont les seuls éditeurs et le font savoir sur chaque volume, belge ou français. Ainsi, en regard des pages de titre de l'édition parisienne est-il inscrit «éditeur: Lacroix et Verboeckhoven & Cie». Et La Revue Anecdotique de commenter: «L'édition française originale de Paris n'a été faite que pour éviter les formalités de douane.» La réalité est pourtant plus complexe et si Lacroix n'a pu imposer son adresse en pied des pages de titre de l'édition parisienne, c'est que Pagnerre n'est pas un simple relais de l'éditeur belge. Au contraire, Pagnerre est, de fait, le premier détenteur des droits de publication des Misérables. En effet, en 1832, Hugo signe avec l'éditeur de Notre-Dame de Paris, Gosselin, un premier traité promettant son prochain «roman en deux volumes in-8». Puis en 1848, ils précisent ensemble, par un nouveau contrat, le titre de ce roman: Les Misères «dont le rythme [d'écriture] est devenu celui d'une période d'achèvement» (Leuilliot, p.18). Mais la révolution de 1848 puis l'exil du poète mirent un terme au «livre des Misères» dont Charles Hugo annonçait l'imminente parution dansL'événement du 31 juillet 1848. Ainsi lorsque, douze ans plus tard, Hugo reprend son uvre par ces mots : «14 février (1848) (ici le pair de France s'est interrompu, et le proscrit a continué:) 30 décembre 1860 Guernesey.», il est encore lié à son ancien éditeur dont le successeur n'est autre que Laurent Pagnerre. L'hériter de la maison Gosselin-Renduel n'est d'ailleurs pas inconnu de Victor Hugo puisqu'il fut un des trois associés (avec Hetzel et Lévy) qui publièrent Les Contemplations et est toujours l'éditeur du fils de Hugo, François-Victor. Victor Hugo vend donc son roman à Lacroix, à charge pour lui de négocier avec Pagnerre le rachat des droits au successeur de Gosselin et Renduel. «J'ai vendu aujourd'hui Les Misérables à MM. A. Lacroix et Verboeckhoven et Cie, de Bruxelles, pour 12 années moyennant 240.000 fr. argent et 60.000 fr. éventuels. Ils acceptent le traité Gosselin-Renduel. Le contrat a été signé ce soir.». Mais plutôt que de vendre ses droits, Pagnerre préfère échanger avec Lacroix son traité de 1832-1848 contre un droit d'exclusivité de la diffusion en France. La valeur symbolique de l'édition de Pagnerre ne cède ainsi en rien à celle de Lacroix, et l'éditeur parisien est, par son histoire, lié aux origines même du roman. Quant aux épreuves, elles sont corrigées sur l'impression belge par la volonté de Lacroix en dépit de l'insistance de Hugo: «songez quel avantage il y aurait pour vous à m'envoyer les épreuves de l'édition de Paris» (Lettre à Lacroix du 12 janvier 1862). Même si Lacroix feint d'ignorer cette proposition, il n'en demeure pas moins que les bonnes feuilles doivent être envoyées à Meurice pour parfaire le travail: «Il importe que l'édition parisienne soit page à page et ligne à ligne identique à l'édition belge. La rapidité et la sûreté des corrections sont à ce prix, et de cette façon Meurice pourra donner les bons à tirer. Autrement, je serais obligé de demander la dernière épreuve de chaque feuille.» Enfin, une archive du fonds Victor Hugo nous apprend que l'auteur avait explicitement demandé à Lacroix sur l'épreuve de la page de titre que soient mises en regard les deux éditions bruxelloises et parisiennes sur une page de titre commune: «Je crois qu'il faudrait mettre sur deux colonnes en regard Paris Pagnerre | Bruxelles A. Lacroixen répétant cela sur la double édition de Paris ». Or, même si Lacroix n'a (volontairement?) pas retenu la proposition (bien qu'il ait pris en compte les autres corrections de la page), la signification de cette note est limpide: pour Hugo, il n'y a pas deux éditions, mais une seule, dont l'impression devait être divisée en deux lieux stratégiques pour des raisons tout à la fois politiques (le risque de censure de ce brûlot magistral), sociales (la diffusion internationale d'une uvre à portée universelle) et économiques (le risque de contrefaçon du plus grand romancier du XIXe). Georges Blaizot concluait en 1936, que les deux éditions étaient des surs jumelles. Il réfutait en cela l'ancienne rumeur prétendant que, dans l'édition parisienne, « un certain nombre de phrases ayant paru dangereuses pour la France, ont été modifiées» (Vicaire). Cette croyance est cependant imputable à une malheureuse erreur de Victor Hugo lui-même qui, le 24 décembre 1865, écrivait à Verboeckhoven:«Il va sans dire encore que si un mot ou une ligne semblait dangereuse pour Paris, il faudrait l'éliminer, comme on a fait pour Les Misérables, édition Claye». Or Georges Blaizot souligne qu'il s'agit là d'une mauvaise mémoire de Victor Hugo et que, grâce à la relecture attentive de Meurice et Vacquerie, qui «tenaient avant tout à ce que l'édition de Paris ne fût pas inférieure à l'autre», il n'y eut aucune coupe unilatérale.«Victor Hugo aura ignoré ou oublié ce détail.» (Dr Michaux cité par G. Blaizot). Pourtant, il y a bien des différences (échappées à l'attention de ces bibliographes) entre les deux éditions, mais ce ne fut pas au détriment de la version parisienne, bien au contraire. C'est en effet à son meilleur ami et factotum Paul Meurice, qui, durant les dix-huit années de l'exil, fut responsable de la publication, des relectures et des corrections des uvres de Victor Hugo en France et donc de l'édition Pagnerre des Misérables, que l'écrivain communiqua ses ultimes corrections, non de simple forme, mais de fond. Ces corrections seront transmises également à Lacroix, mais trop tard, et l'éditeur belge avertit Hugo que celles-ci n'apparaîtront que dans sa seconde édition. C'est ainsi que l'édition de Pagnerre se vit enrichie de deux modestes mais signifiantes réflexions qui font défaut à l'édition bruxelloise, dans l'important chapitre de Waterloo: «Le fond de ce prodigieux capitaine, c'était l'homme qui, dans le rapport au Directoire sur Aboukir, disait: Tel de nos boulets a tué six hommes.»; «Tel point du champ de bataille dévore plus de combattants que tel autre, comme ces sols plus ou moins spongieux qui boivent plus ou moins vite l'eau qu'on y jette. On est obligés de reverser là plus de soldats qu'on ne voudrait. Dépenses qui sont l'imprévu.». Plus que des surs jumelles, donc, les deux impressions sont une seule et même uvre éditoriale qui porte et incarne l'ubiquité de leur immense auteur. Seul sur son rocher, et pourtant omniprésent, Hugo envahit l'espace public, poétique et politique avec une tragédie romanesque universelle qui traverse les continents (pas moins de neuf traductions en cours dès avril 1862). Véritable soufflet à l'Empire de Napoléon III, l'uvre de Victor Hugo s'inscrit immédiatement et irrémédiablement comme un mythe laïc fondateur, illustrant la devise républicaine de 1848 puis de 1879 : Liberté - Egalité - Fraternité. Rare et bel exemplaire de l'édition originale sans mention établi en reliure uniforme de l'époque. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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(1862)

‎Les Misérables‎

‎A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, Bruxelles 1862, 14,5x22cm, 10 volumes reliés.‎


‎Edition originale sans mention parue concomitamment avec l'édition de Paris chez Pagnerre. Reliures en demi basane bleu marine, dos à quatre fins nerfs sertis de doubles filets dorés et ornés de caissons dorés richement décorés, plats de cartonnage bleu marine, gardes et contreplats de papier caillouté, tranches mouchetées, reliures anglaises de l'époque. Rousseurs éparses,page de titre du troisième volume légèrement et marginalement salie, quelques épidermures sur certains plats et quelques accrocs sur certaines tranches, certains mors comportant des restaurations. Une correction à l'encre page 208 du volume 3. L'édition originale des Misérables fut légalement établie par trois éditeurs différents, Pagnerre en France, Lacroix en Belgique et Steinacker en Allemagne, mai cette dernière sous l'égide de l'éditeur officiel A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. La question de la prévalence d'une édition sur l'autre agite depuis longtemps le monde de la bibliophilie et les bibliographes sont restés divisés sur cette épineuse question. Carteret et Vicaire par exemple assuraient que l'édition parisienne devait être privilégiée, tandis que Vanderem et Clouzot donnaient la primeur à l'édition belge. Plus qu'une simple question de chronologie, cette dispute bibliographique révèle la complexité de la notion d'édition originale et l'importance symbolique qu'elle revêt pour l'histoire littéraire et en particulier pour cette uvre magistrale qui compte parmi les plus importantes de la littérature mondiale. Etrangement, sans que cette question ait été réellement tranchée, l'édition de Bruxelles est aujourd'hui communément décrite comme antérieure à celle de Paris, tandis que l'édition de Leipzig est tout simplement ignorée. Les Misérables seraient donc parus le 30 ou 31 mars chez Lacroix et le 3 avril chez Pagnerre. Les arguments de cette antériorité belge sont cependant tous réfutables, et dès 1936, Georges Blaizot en avait démontré la fragilité. Le premier argument s'appuie sur une lettre de Victor Hugo adressée à Lacroix de 1865 et dans laquelle, le poète qualifia lui-même l'édition belge de «princeps»: «Typographiquement, il faut se régler en tout sur l'édition belge princeps des Misérables, en dilatant plutôt qu'en resserrant» écrit-il au sujet des Travailleurs de la mer qui paraîtront en 1866. Or cette désignation de Hugo n'est en aucun cas une indication bibliographique, comme l'explique Georges Blaizot, dénonçant l'interprétation abusive de P. de Lacretelleet du Dr Michaux : «Le poète précise un point, un seul, très simple, très clair, très précis: l'édition belge princeps (c'est-à-dire la première parue des éditions belges) doit servir de type aux éditions futures. Il dit cela, il dit bien cela, il ne dit que cela.» (Georges Blaizot in Le Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1936). En effet à la fameuse édition in-8 succèdera une plus modeste édition in-12 en octobre de la même année. Le second argument est plus important. Il s'appuie sur une lettre d'Adèle Hugo à son mari relatant la rocambolesque aventure de la publication française quatre jours avant la date prévue. Cette lettre sera partiellement reproduite en 1904 dans les uvres complètes publiées par Meurice et Simon, avec la date supposée du «[31 mars 1862]». Adèle y raconte les motifs de la précipitation éditoriale française: «Auguste [Vacquerie] nous apprend que Les Misérables paraissent sous trois jours. Étonnement mêlé de satisfaction. Auguste me raconte qu'ils comptaient faire paraître Les Misérables le 7 avril; que le matin [Noël] Parfait était accouru effaré chez [Paul] Meurice lui dire qu'il sortait de voir aux mains de [Paul] Siraudin, un exemplaire des Misérables qu'il avait acheté la veille à Bruxelles.» Ce témoignage et la datation de la lettre dans ces notes de l'éditeur sont sans doute à l'origine de l'affirmation de l'antériorité de la publication belge. De fait, il est indéniable qu'à cette date, l'édition française n'a pas encore paru, puisque l'imprimeur Claye ne déposera les deux tomes parisiens aux Archives nationales que le lendemain, le 1er avril 1862. L'édition de Lacroix serait donc, en ce sens, véritablement «princeps». La lettre d'Adèle, n'est en fait pas du 31 mars mais a été écrite sur trois jours: «commencée dimanche (donc le 30 mars) et finie aujourd'hui [mardi] premier avril». Elle supposerait donc une existence de volumes brochés à Bruxelles dès le 29 mars (et sûrement pas le 30 qui était un dimanche). Or au même moment, Hugo et Lacroix étaient en pleine tractation épistolaire pour régler cette délicate question de la date de parution prochaine: «Mon cher maître, écrivait Lacroix le 30 mars, nous avons tout combiné pour le 4 avril, (...) il faut qu'à Paris l'ouvrage paraisse aussi cette semaine». De son côté Hugo, le 1er avril, avertissait son éditeur : «on prétend que le livre qui ne peut (...) paraître à Paris que le 7, paraîtra le 3 partout; de sorte que Paris, cur du succès, serait servi le dernier. Ce serait là une faute incalculable. Paris servi après tout le monde, c'est le succès attaqué à sa source». Tandis qu'à Paris, Meurice, Vacquerie et Pagnerre précipitent la parution française pour contrer les belges qui «ont tenté de jouer un tour» aux français, comme le rapporte Adèle à son mari, à Guernesey, Hugo hausse le ton auprès de son éditeur en martelant l'importance de l'édition française: «la simultanéité, bien; mais s'il devait y avoir une priorité, c'était pour Paris.» Quid de la parution bruxelloise en mars? Aucune autre mention que l'aventure de Siraudin (relatée par Adèle qui le tient de Vacquerie rapportant les propos de Parfait à Meurice) ne confirme sérieusement cette hypothèse. Les journaux belges, principale préoccupation du clan parisien: « les journaux de Paris ne se soucieraient pas d'annoncer ce livre (...) après les journaux belges et de devenir leur déversoir et leur succursale », ne font encore aucune relation de cette uvre très attendue, sinon l'Indépendance Belge qui annonce tour à tour le 30 mars: «En vente chez tous les libraires» et le 1er avril: «Demain paraît enfin la première partie des Misérables». Conformément à la stratégie éditoriale de Hugo, les premiers extraits de l'uvre ne seront publiés que le 2 avril, notamment dans Le Temps qui annonce depuis la veille une parution simultanée en France et en Belgique le 4 avril, et dans Le Journal des Débats, où l'article signé Jules Janin est en fait de la main de Meurice, en raison de l'urgence décrite par Adèle: «Je ne puis parler du livre ce soir puisque je ne le connais pas, dit Janin, faites vous-même la chose, Meurice.». Y a-t-il eu alors véritablement une publication belge en mars, ou les quelques exemplaires qui ont sans doute en effet circulé avant la parution officielle et simultanée en France et en Belgique ne sont qu'un accident isolé et sans signification? L'étude de la correspondance de Hugo montre qu'en fait de mauvais «tour» des Belges, il s'agit simplement d'une confusion de dates imputable à ... Victor Hugo lui-même. C'est en effet Hugo qui a transmis de fausses intentions de parution simultanée le 7 avril à Vacquerie et Meurice, alors qu'il avait pressé Lacroix pour que tout fut prêt le 4 avril. Il a ainsi semé le doute et l'incompréhension chez les deux éditeurs. (cf. Bernard Leuilliot, Victor Hugo publie les Misérables, p. 240) Les deux premiers tomes, intitulés Fantine, seront finalement mis en vente le 3 avril, en France, en Belgique, mais également en Allemagne et dans de nombreux autres pays ayant reçu les exemplaires imprimés par Lacroix. Sans doute est-ce un de ces exemplaires brochés en avance pour être expédiés jusqu'en Amérique Latine que s'est procuré Siraudin. Lacroix informait justement Hugo le 30 mars : «tout est tiré, tout était broché et les expéditions pour l'étranger en partie faites ». Il n'y a donc pas lieu de supposer une quelconque antériorité d'une édition sur l'autre. Et c'est en parfaite entente qu'Adèle, Charles, Paul de Saint-Victor, Vacquerie, Lacroix et Pagnerre fêteront le 3 avril au soir chez Meurice l'«éclatante victoire simultanée en tous pays, le jour même de la mise en vente à Paris, à Bruxelles, à Londres, à Milan, à Naples, à St. Pétersbourg» comme l'écrit Lacroix le soir même à l'écrivain qui vient de le faire entrer dans l'histoire de l'édition. Le succès est tel pour ces deux premiers volumes que, comme le craignait Victor Hugo, le tirage (6.000 exemplaires selon Hovasse et 7.000 selon L.C. Michel in la revue anecdotique du 15 avril 1862) de Pagnerre est épuisé très rapidement: «Le 6, on eût battu toutes les librairies de la rive gauche et de la rive droite, pour en trouver un exemplaire». On puise donc 1.000 exemplaires dans les 5.000 exemplaires de Bruxelles destinés au marché belge et étranger, pour créer une fausse «deuxième édition» française qui est en réalité l'édition originale belge avec une nouvelle page de titre. Mais dès le 10 avril, Pagnerre est obligé de réaliser un nouveau tirage, qui sera prêt le 17 grâce aux empreintes prudemment réalisées par l'imprimeur Claye lors du premier tirage. Seules les pages de titre sont réalisées «sur le mobile» en rouge et noir avec des capitales antiques «un des joyaux de son matériel typographique». En tout, si l'on en croit les chiffres sans doute trop optimistes (d'après Hovasse) de la Revue anecdotique et la correspondance des éditeurs, les différents tirages de cette première partie seront de près de 15.000 exemplaires à l'adresse parisienne et 12.000 à l'adresse bruxelloise, plus 3.000 exemplaires imprimés à Leipzig chez Steinacker. Cette dernière, parue en petit format, également dès le 3 avril, mériterait sans doute une plus grande attention, car en plus de participer des éditions originales, elle répond à une demande pressante de Hugo de proposer immédiatement une édition bon marché pour permettre à tous d'accéder à son uvre, comme celle qu'établira Lacroix, peu après. La seconde et troisième partie paraîtront en revanche avec un léger décalage, le 15 mai à Paris, et entre le 16 et le 19 mai à Bruxelles, à cause d'un fâcheux accident de machine à vapeur (cf. lettre de Lacroix à Hugo du 11 mai 1862). Heureusement, le 30 juin, Bruxelles et Paris seront parfaitement synchrones pour faire paraître les quatre derniers volumes. Toutefois, le concept d'édition originale n'est pas qu'une affaire de date. Les défenseurs de la thèse belge soulignent que c'est à Bruxelles que sont envoyées les corrections des épreuves et que, comme l'affirme paradoxalement Vicaire, Pagnerre n'est que le «dépositaire» du véritable et unique éditeur, Lacroix et Verboeckhoven & Cie. Dès 1936, Georges Blaizot rétorquait dans Le Bulletin du bibliophile que Pagnerre n'a aucunement pris l'ouvrage de Lacroix en dépôt, mais qu'il «a véritablement établi, imprimé et vendu une édition des Misérables». Réduire Pagnerre à un relais territorial consiste en fait à méconnaître la complexité de l'aventure éditoriale de cette uvre majeure, dont l'enjeu n'est pas, pour le poète exilé, une simple affaire financière. Avec Napoléon le Petit et Les Châtiments, Hugo a démontré au pouvoir impérial que le bannissement de l'homme n'entamait en rien la puissance de son verbe. Au contraire, cet exil insulaire ne pouvait que faire écho à celui d'un illustre prédécesseur. La seule arme de l'Etat est donc la censure. Et c'est cette épée de Damoclès qui va désormais commander les stratégies de publication de Hugo et de ses éditeurs. En 1856, la parution des Contemplations est ainsi la répétition générale des Misérables: Association d'éditeurs, publication simultanée en France et en Belgique, correction unique d'épreuves... Hugo songea même déjà à diviser la publication pour duper le censeur: «La 1ère livraison paraît; c'est le premier livre, Aurore, une géorgique, une bucolique, une églogue. On se jette dessus avec d'autant plus d'avidité qu'on craint que l'ouvrage ne soit interdit et que c'est presque du fruit défendu. Que fera le gouvernement? Arrêtera-t-il cela? quoi! ce livre, Aurore: cette poésie fleur de mauve et rose tendre? - il serait inouï, fabuleux, grotesque, ineffable de ridicule; et en même temps que les frais de la tentative du côté des éditeurs seraient six fois moindres, l'odieux de l'instruction serait pour l'empire dix fois plus grand.» Ces précautions, sans doute inutiles pour le sage recueil de poèmes que sont Les Contemplations, seront la matrice de la publication des Misérables, immense cri d'alarme contre les inégalités qui ne pouvait qu'attiser la colère de l'Institution impériale. Il fallait donc nécessairement que le grand uvre de Hugo déferle sur le monde en une seule et grande vague. Si la censure empêchait l'uvre de paraître à Paris, elle viendrait de partout ailleurs, et si on lui fermait les frontières, elle serait déjà dans la capitale. Impression multiple, synchronisation et division de l'uvre étaient la clé de la réussite de cet habile jeu du chat et de la souris. À cette menace s'ajoutait celle plus prosaïque de la contrefaçon qu'il fallait prendre de court. Un mois après la sortie de Fantine, les deux premiers volumes du roman, près de dix éditions pirates circulaient en Europe. Albert Lacroix aurait bien souhaité entreprendre seul cette épopée et diffuser en France ses exemplaires, comme il le fit pour le reste du monde. Hugo, malgré l'insistance de Hetzel - qui le courtisait depuis longtemps pour obtenir ce Graal - avait explicitement choisi ce jeune éditeur belge inconnu et inexpérimenté, au détriment de ses habituels partenaires. Lacroix et Verboeckhoven sont les seuls éditeurs et le font savoir sur chaque volume, belge ou français. Ainsi, en regard des pages de titre de l'édition parisienne est-il inscrit «éditeur: Lacroix et Verboeckhoven & Cie». Et La Revue Anecdotique de commenter: «L'édition française originale de Paris n'a été faite que pour éviter les formalités de douane.» La réalité est pourtant plus complexe et si Lacroix n'a pu imposer son adresse en pied des pages de titre de l'édition parisienne, c'est que Pagnerre n'est pas un simple relais de l'éditeur belge. Au contraire, Pagnerre est, de fait, le premier détenteur des droits de publication des Misérables. En effet, en 1832, Hugo signe avec l'éditeur de Notre-Dame de Paris, Gosselin, un premier traité promettant son prochain «roman en deux volumes in-8». Puis en 1848, ils précisent ensemble, par un nouveau contrat, le titre de ce roman: Les Misères «dont le rythme [d'écriture] est devenu celui d'une période d'achèvement» (Leuilliot, p.18). Mais la révolution de 1848 puis l'exil du poète mirent un terme au «livre des Misères» dont Charles Hugo annonçait l'imminente parution dansL'événement du 31 juillet 1848. Ainsi lorsque, douze ans plus tard, Hugo reprend son uvre par ces mots : «14 février (1848) (ici le pair de France s'est interrompu, et le proscrit a continué:) 30 décembre 1860 Guernesey.», il est encore lié à son ancien éditeur dont le successeur n'est autre que Laurent Pagnerre. L'hériter de la maison Gosselin-Renduel n'est d'ailleurs pas inconnu de Victor Hugo puisqu'il fut un des trois associés (avec Hetzel et Lévy) qui publièrent Les Contemplations et est toujours l'éditeur du fils de Hugo, François-Victor. Victor Hugo vend donc son roman à Lacroix, à charge pour lui de négocier avec Pagnerre le rachat des droits au successeur de Gosselin et Renduel. «J'ai vendu aujourd'hui Les Misérables à MM. A. Lacroix et Verboeckhoven et Cie, de Bruxelles, pour 12 années moyennant 240.000 fr. argent et 60.000 fr. éventuels. Ils acceptent le traité Gosselin-Renduel. Le contrat a été signé ce soir.». Mais plutôt que de vendre ses droits, Pagnerre préfère échanger avec Lacroix son traité de 1832-1848 contre un droit d'exclusivité de la diffusion en France. La valeur symbolique de l'édition de Pagnerre ne cède ainsi en rien à celle de Lacroix, et l'éditeur parisien est, par son histoire, lié aux origines même du roman. Quant aux épreuves, elles sont corrigées sur l'impression belge par la volonté de Lacroix en dépit de l'insistance de Hugo: «songez quel avantage il y aurait pour vous à m'envoyer les épreuves de l'édition de Paris» (Lettre à Lacroix du 12 janvier 1862). Même si Lacroix feint d'ignorer cette proposition, il n'en demeure pas moins que les bonnes feuilles doivent être envoyées à Meurice pour parfaire le travail: «Il importe que l'édition parisienne soit page à page et ligne à ligne identique à l'édition belge. La rapidité et la sûreté des corrections sont à ce prix, et de cette façon Meurice pourra donner les bons à tirer. Autrement, je serais obligé de demander la dernière épreuve de chaque feuille.» Enfin, une archive du fonds Victor Hugo nous apprend que l'auteur avait explicitement demandé à Lacroix sur l'épreuve de la page de titre que soient mises en regard les deux éditions bruxelloises et parisiennes sur une page de titre commune: «Je crois qu'il faudrait mettre sur deux colonnes en regard Paris Pagnerre | Bruxelles A. Lacroixen répétant cela sur la double édition de Paris ». Or, même si Lacroix n'a (volontairement?) pas retenu la proposition (bien qu'il ait pris en compte les autres corrections de la page), la signification de cette note est limpide: pour Hugo, il n'y a pas deux éditions, mais une seule, dont l'impression devait être divisée en deux lieux stratégiques pour des raisons tout à la fois politiques (le risque de censure de ce brûlot magistral), sociales (la diffusion internationale d'une uvre à portée universelle) et économiques (le risque de contrefaçon du plus grand romancier du XIXe). Georges Blaizot concluait en 1936, que les deux éditions étaient des surs jumelles. Il réfutait en cela l'ancienne rumeur prétendant que, dans l'édition parisienne, « un certain nombre de phrases ayant paru dangereuses pour la France, ont été modifiées» (Vicaire). Cette croyance est cependant imputable à une malheureuse erreur de Victor Hugo lui-même qui, le 24 décembre 1865, écrivait à Verboeckhoven:«Il va sans dire encore que si un mot ou une ligne semblait dangereuse pour Paris, il faudrait l'éliminer, comme on a fait pour Les Misérables, édition Claye». Or Georges Blaizot souligne qu'il s'agit là d'une mauvaise mémoire de Victor Hugo et que, grâce à la relecture attentive de Meurice et Vacquerie, qui «tenaient avant tout à ce que l'édition de Paris ne fût pas inférieure à l'autre», il n'y eut aucune coupe unilatérale.«Victor Hugo aura ignoré ou oublié ce détail.» (Dr Michaux cité par G. Blaizot). Pourtant, il y a bien des différences (échappées à l'attention de ces bibliographes) entre les deux éditions, mais ce ne fut pas au détriment de la version parisienne, bien au contraire. C'est en effet à son meilleur ami et factotum Paul Meurice, qui, durant les dix-huit années de l'exil, fut responsable de la publication, des relectures et des corrections des uvres de Victor Hugo en France et donc de l'édition Pagnerre des Misérables, que l'écrivain communiqua ses ultimes corrections, non de simple forme, mais de fond. Ces corrections seront transmises également à Lacroix, mais trop tard, et l'éditeur belge avertit Hugo que celles-ci n'apparaîtront que dans sa seconde édition. C'est ainsi que l'édition de Pagnerre se vit enrichie de deux modestes mais signifiantes réflexions qui font défaut à l'édition bruxelloise, dans l'important chapitre de Waterloo: «Le fond de ce prodigieux capitaine, c'était l'homme qui, dans le rapport au Directoire sur Aboukir, disait: Tel de nos boulets a tué six hommes.»; «Tel point du champ de bataille dévore plus de combattants que tel autre, comme ces sols plus ou moins spongieux qui boivent plus ou moins vite l'eau qu'on y jette. On est obligés de reverser là plus de soldats qu'on ne voudrait. Dépenses qui sont l'imprévu.». Plus que des surs jumelles, donc, les deux impressions sont une seule et même uvre éditoriale qui porte et incarne l'ubiquité de leur immense auteur. Seul sur son rocher, et pourtant omniprésent, Hugo envahit l'espace public, poétique et politique avec une tragédie romanesque universelle qui traverse les continents (pas moins de neuf traductions en cours dès avril 1862). Véritable soufflet à l'Empire de Napoléon III, l'uvre de Victor Hugo s'inscrit immédiatement et irrémédiablement comme un mythe laïc fondateur, illustrant la devise républicaine de 1848 puis de 1879 : Liberté - Egalité - Fraternité. Rare exemplaire de l'édition originale belge sans mention établie en reliure uniforme anglaise de l'époque. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor‎

Reference : 69841

(1873)

‎La libération du territoire‎

‎Michel Lévy frères, Paris 1873, 15,5x24cm, broché sous chemise et étui.‎


‎Édition originale, mention de deuxième édition. Notre exemplaire est présenté sous étui et chemise avec dos de toile verte et plats de papier marbré, ex-libris H. Bradley Martin encollé en pied du verso du premier plat de la chemise. Nous joignons la couverture du catalogue de la vente de la bibliothèque de George et Maurice Sand en 1890 sur lequel a été encollée la fiche descriptive de notre exemplaire avec son prix d'adjudication au crayon de papier. Exceptionnel envoi autographe signé de Victor Hugo à George Sand. «?Mais que pensaient-ils l'un de l'autre, ces deux personnalités marquantes de la vie littéraire du 19è siècle?? Parce qu'ils ne se sont jamais rencontrés ces deux-là, pourtant ils étaient parfaitement contemporains?: Victor Hugo (1802-1885), George Sand (1804-1876). Certes il y eu les aléas de la vie?: George Sand ne publie réellement qu'en 1832, à un moment où Victor Hugo est déjà au fait de sa gloire ; et puis il y eut l'exil de Victor Hugo de 1851 à 1870, mais cela n'explique pas tout?! Au début, ils ne font pas vraiment parti de la même coterie?: Victor Hugo, Pair de France, soutien de Louis-Philippe d'un côté, George Sand socialiste de l'autre. Ils ne s'apprécient pas vraiment même si George Sand porte une certaine admiration agacée à Victor Hugo, traité de grandiloquent?: «?le plus bavard des poètes sublimes?» tandis que Hugo lui, trouve carrément que «?Sand ne sait pas écrire?»?! Puis, avec le coup d'état de Napoléon III, Victor Hugo évolue politiquement ; rapidement il déborde George Sand sur sa gauche, s'exile alors que George Sand s'accommode de l'exil intérieur. Leur relation ne se réchauffe que très, très faiblement?: «?George Sand a du talent, c'est tout?». En exil Victor Hugo publie Les Châtiments, uvre très critique qui est évidemment interdite en France. George Sand aimerait bien que Victor Hugo soit moins intransigeant dans ses écrits de façon à être publié. La publication des Contemplations en 1856, nettement moins polémique, est saluée par George Sand et marque une nouvelle phase de leurs relations. En fait, leur premier contact épistolaire ne concerne pas la vie littéraire. Nini la petite fille de George Sand meurt en 1855, Victor Hugo toujours très marqué par le décès de sa fille Léopoldine compatit ; la perte d'un être cher les rapproche. Les voici amis, George Sand devient un «?génie?», elle sera souvent invitée à Guernesey ... sans suite, leur relation ne sera jamais familière. Victor Hugo lui apporte son soutien lors de la parution des Beaux Messieurs de Bois Doré (1858), mais George Sand s'énerve quand il refuse l'amnistie de 1859 alors que de son côté elle cherche à adoucir la situation des proscrits. Lors de la publication des Misérables (1862) Victor Hugo cherche le soutien de George Sand mais ce soutien lui fera défaut. Victor Hugo en est attristé, George Sand affirmera préférer la poésie de Victor Hugo à son uvre en prose. Au retour d'exil, avec la Commune, voici une nouvelle incompréhension ; Victor Hugo soutient, George Sand est horrifiée?: légaliste et choquée par la violence, elle condamne avec des termes extrêmement durs cette Commune de Paris. Néanmoins, à partir de là, ces deux-là se soutiennent et se défendent dès que l'un ou l'autre est attaqué. En 1876, c'est Victor Hugo qui prononcera le célèbre éloge funèbre de George Sand?: «?Je pleure une morte, je salue une immortelle ...?» Les relations de George Sand et de Victor Hugo ont donc beaucoup évolué au cours de leur vie. C'est sans doute le reflet de leurs évolutions personnelles mais peut-être que leur entourage, les idées politiques ou l'opinion que l'autre avait de sa propre uvre interféraient aussi avec la critique littéraire ; même nos grandes personnalités sont sous influence?! «?Victor Hugo et George Sand, et s'ils s'étaient rencontrés???» Voilà une uvre de théâtre fictionnelle que nous propose Danièle Gasiglia. Mais peut-être que, comme le suggère Danièle Bahiaoui?: «?Tous les deux dans une même pièce, c'est un de trop?!?»?» (Blog «?Nous en Boischaut Sud?» conférence de Danielle Bahiaoui, Arnaud Laster et Danielle Gasaglia) Provenance?: Maurice Sand (venet Ferroud, Paris, 24 février-3 mars 1890, lot 418), H. Bradley Martin (ex-libris gravé), Philippe Zoummeroff (vente Piasa, Paris, 2avril 2001, lot 112). - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor‎

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(1879)

‎La pitié suprême‎

‎Michel Lévy, Paris 1879, 15,5x23,5cm, relié.‎


‎Edition originale. Reliure en demi chagrin vieux rouge comportant quelques discrètes restaurations, dos à cinq nerfs, date en queue, plats de papier à la cuve, contreplats et gardes doublés de papier peigné, couvertures conservées, tête rouge, reliure de l'époque. Très précieux envoi autographe signé de Victor Hugo à Alphonse Daudet. Tampon de la bibliothèque de Madame Daudet sur la première garde. Victor Hugo représente pour Alphonse Daudet, comme pour les autres écrivains de sa génération, le maître incontesté du Panthéon des arts. Sa figure tutélaire parsème les uvres de Daudet, fréquemment convoquée aux côtés de celles de Rousseau, Byron, Sand et Delacroix. Si durant l'enfance et la jeunesse de Daudet, Hugo, géant exilé sur son île de Guernesey, demeure un idéal inaccessible, « presque en dehors de l'humanité », son retour en France lui permet de le rencontrer enfin. Aux alentours de 1875, peu après la parution de ses premiers ouvrages, Alphonse et Julia Daudet sont ainsi accueillis chez Hugo qui vit désormais avec Juliette Drouet. Ils deviendront dès lors des intimes de la maison jusqu'à la mort du poète. Victor Hugo participe à l'éducation du jeune Léon Daudet, meilleur ami du petit-fils de Hugo, Georges et, plus tard, époux éphémère de Jeanne. Dans sesSouvenirs d'un cercle littéraire, Julia Daudet évoque leur amitié de dix années avec l'« idole de toute la France poétique » : « Je vois Victor Hugo au grand bout de sa table ; le maître vieilli, un peu isolé, un peu sourd, trône avec des silences de dieu, les absences d'un génie au bord de l'immortalité. Les cheveux tout blancs, la tête colorée, et cet il de vieux lion qui se développe de côté avec des férocités de puissance ; il écoute mon mari et Catulle Mendès entre qui la discussion est très animée à propos de la jeunesse et de la célébrité des hommes connus et de leur séduction auprès des femmes. [...] Pendant le débat on est passé au salon, Victor Hugo songe au coin du feu, et célèbre, universel et demi-dieu, regrette peut-être sa jeunesse, tandis que Mme Drouet sommeille doucement. » L'amitié entre le dernier grand écrivain romantique et l'un des maîtres de l'école naturaliste naissante témoigne de l'acuité de Victor Hugo qui, au faîte de sa gloire, conserve une attention particulière et bienveillante pour la littérature moderne pourtant éloignée du lyrisme hugolien. Cette dédicace de Hugo à Daudet sur une uvre qualifiée, avecLe PapeetReligions et Religion, de « testament philosophique» par Henri Guillemin, résonne symboliquement comme le legs à un fervent disciple de la responsabilité politique et morale de l'écrivain. Provenance: Alphonse Daudet, vente Sicklès (1990, IV, n°1200) puis vente Philippe Zoummeroff (2 Avril 2001). Extrait deSouvenirs d'un cercle littéraire par Julia Daudet : " Comment oublier cette première visite chez lui, rue de Clichy, dans le modeste appartement tellement disproportionné à sa gloire, à l'idée qu'on se faisait de cette gloire qui eût comblé des palais: Il se lève du siège qu'il occupait au coin du feu, en face de Mme Drouet, sa vieille amie, (...) je suis étonnée de sa petite taille, mais bientôt, quand il va m'accueillir et me parler, je le trouverais très grand, très intimidant. Et cette timidité que je ressentis alors, je l'éprouverai toujours en face d Victor Hugo, résultat de cette grande admiration, de ce respect, comme d'un dieu absent, que mes parents m'avaient inculqué pour le poète de génie. Je ne vaincrai jamais ce tremblement de la voix chaque fois que je répondrai à ses paroles obligeantes, et je m'étonnerai pendant près de dis ans d'entendre des femmes, admises auprès de lui, l'entretenir de leur intérieur et de leurs futilités habituelles. Ce soir-là, quand il m'eut présentée, toute confuse, à Mme Drouet, elle me dit avec une charmante bonne grâce : Ici, c'est le coin des vieux et vous êtes trop jeune pour nous. Mais M. Victor Hugo va vous présenter à sa bru, Mme Lockroy; lui seul a qualité pour cela. Et je fus conduite à l'autre bout de la pièce, médiocrement grande, pourtant, mais qui était comme séparée en deux par une table surmontée d'un éléphant de bronze, très majestueux, japonais ou chinois, je pense. Il suffisait à faire deux petits groupements très distincts qui communiquaient facilement, mais sans se confondre. A ce moment de son retour, Victor Hugo était éblouissant d'esprit, de souvenirs nombreux et racontés avec une verve inépuisable, quand la politique n'envahissait pas trop sa table hospitalière. Et quelle grâce dans l'accueil, quelles nobles façons, quel beau sourire de grand-père sous ses cheveux que j'ai vus peu à peu blanchir jusqu'à la neige des quatre-vingts ans I Les poètes, tous les poètes fréquentaient ce salon de la rue de Clichy, et plus tard l'hôtel de l'avenue d'Eylau. Mais là, fut-ce le changement de place? Il y eut comme une marche descendue dans la santé, puis dans l'esprit du beau vieillard. Et pourtant, il aimait toujours à recevoir ses amis, et l'hospitalité de cette maison ouverte n'était pas un de ses moindres charmes, car, autour de la table, embellie en un bout par les deux petits-enfants du Maître, les convives cherchaient encore leur mot d'ordre aux yeux de l'hôte, et lui-même retrouvait parfois une veine de souvenirs si vivants, si pittoresquement exprimés, qu'on en restait ébloui toute une soirée. M mo Drouet vieillissait doucement auprès de lui, abritée sous deux bandeaux de neige, d'une élégance un peu théâtrale et surannée, jusqu'au jour où un mal impitoyable creusa ses traits si fins, en fit l'effigie douloureuse qu'a peinte Bastien Lepage, qui devait mourir en proie aux mêmes tortures. Dans les derniers temps, le Maître regardait douloureusement, aux dîners intimes, cette assiette vide, cette noble figure ravagée. Madame Drouet, vous ne mangez pas, il faut manger, avoir du courage. Manger! Elle se mourait. Le savait-il? Essayait-il de se leurrer lui-même le beau vieillard si résistant et si fort, et qui voyait partir cette compagne de cinquante années! Dans le grand salon où se penche le beau portrait de Bonnat, au geste paternel, où le buste par David préside immensément ; dans le petit salon, orné de ces tapisseries rayées et multicolores qui semblaient tendues pour Dona Sol ; dans le jardin rejoint à la vérandah par un perron de deux marches réapparaissent Leconte de Lisle, Meurice et Vacquerie, Paul de Saint-Victor, le souriant Banville, Flaubert et Goncourt conversant ensemble, Mallarmé, Léon Cladel, François Coppée, Catulle Mendès, Clovis Hugues, ombres dans un Eden évanoui ; puis Léon Glaize, Gustave Rivet, Pierre Elzéar, la toute petite Mme Michelet offrant des roses un soir de fête, puis des ambassadeurs, des diplomates, l'empereur du Brésil; des peintres, des sculpteurs, et tant d'hommes politiques que je n'en sais plus les noms ! Voici l'impression immédiate que je traçai de l'une de ces soirées où nous nous étions rendus, Alphonse Daudet et moi, un soir de neige, où pendant le trajet notre cheval tomba trois fois en traversant l'esplanade des Invalides : Je vois Victor Hugo au grand bout de sa table; le maître vieilli, un peu isolé, un peu sourd, trône avec des silences de dieu, les absences d'un génie au bord de l'immortalité. Les cheveux tout blancs, la tête colorée, et cet il de vieux lion qui se développe de côté avec des férocités de puis- sance ; il écoute mon mari et Catulle Mendès entre qui la discussion est très animée à propos de la jeunesse et de la célébrité des hommes connus et de leur séduction auprès des femmes. Alphonse prétend que dans un salon rempli de talents de toutes sortes, de tout âge, un tout jeune homme, l'auteur inconnu, le poète ignoré aura pour lui les regards féminins s'il est beau. Catulle Mendès lui répond qu'il restera d'abord inaperçu, et que toute les femmes iront à la notoriété : ceci me paraît plus vrai. Les femmes heureusement n'ont point que les yeux de leur visage, mais ceux de l'esprit et du cur. Pour les intellectuelles, la beauté d'un artiste, d'un grand poète ne compte pas, c'est le regard du penseur, la physionomie tourmentée de l'homme qui vit de ses sensations. Elles vont au talent, au chagrin qui passe, elles ne songent guère à la beauté physique. Maintenant on pourrait répondre que c'est par une sympathie ambitieuse qu'elles recherchent les auteurs célèbres, mais l'autre sentiment, celui qui les attirerait vers cette jeunesse tentante dont parle Alphonse, me paraît moins avouable. Et je ris de cette prétention des deux causeurs charmants, de nous classer, de nous analyser. Mais dire la femme, c'est comme si on disait l'oiseau ; il y a tant d'espèces et de genres, les ramages et les plumages sont tellement différents ! Pendant le débat on est passé au salon, Victor Hugo songe au coin du feu, et célèbre, universel et demi-dieu, regrette peut-être sa jeunesse, tandis que Mme Drouet sommeille doucement. Ses beaux cheveux blancs ombrant sa fine tête comme deux ailes de colombe, et les nuds de son corsage suivant sa respiration douce, presque résignée, de vieille femme endormie. Ce fut bientôt après cette soirée qu'eut lieu la grande manifestation de Paris défilant, avenue d'Eylau, devant les fenêtres de cette petite chambre qui devint mortuaire en mai 1885, remplie de roses et simplement meublée, telle que la représente, au musée Victor Hugo, une pièce prise dans l'ancien appartement du poète, place Royale. Bien évocateur, ce vieux logis du Marais," et quand on pense que Victor Hugo y composa presque toutes ses pièces historiques on se représente le poète, ouvrant, aux heures matinales qui lui étaient familières, cette haute fenêtre sur les hôtels tous égaux et du même style, qui entourent la Place, et se remémorant les tournois, les duels, les promenades et les agitations de plusieurs générations disparues sous l'ombre de ces arcades anciennes et solides et ne gardant pas trace de la fugitive humanité. Nous dînions encore chez Victor Hugo la semaine qui précéda sa mort. Il nous dit en entrant plus pâle qu'à l'ordinaire, la démarche fléchie : Je vais bientôt m'en aller, je le sens ; puis s'appuyant à l'épaule de Georges : Sans 'cela' il y a longtemps que je serais parti. Je n'ai jamais oublié l'accent un peu solennel et comme prophétique de ces paroles, j'en fus pénétrée de tristesse et de pressentiment; j'y sentis la dispersion de ce centre unique au monde et qui ne put se reformer jamais !" - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor‎

Reference : 47658

(1880)

‎Religions et religion‎

‎Michel Lévy, Paris 1880, 15,5x23,5cm, relié.‎


‎Edition originale. Reliure en demi chagrin vieux rouge comportant quelques discrètes restaurations, dos à cinq nerfs, date en queue, plats de papier à la cuve, contreplats et gardes doublés de papier peigné, couvertures conservées, tête rouge, reliure de l'époque Très précieux envoi autographe signé de Victor Hugo à Alphonse Daudet. Tampon de la bibliothèque de Madame Daudet sur la première garde. Victor Hugo représente pour Alphonse Daudet, comme pour les autres écrivains de sa génération, le maître incontesté du Panthéon des arts. Sa figure tutélaire parsème les uvres de Daudet, fréquemment convoquée aux côtés de celles de Rousseau, Byron, Sand et Delacroix. Si durant l'enfance et la jeunesse de Daudet, Hugo, géant exilé sur son île de Guernesey, demeure un idéal inaccessible, « presque en dehors de l'humanité », son retour en France lui permet de le rencontrer enfin. Aux alentours de 1875, peu après la parution de ses premiers ouvrages, Alphonse et Julia Daudet sont ainsi accueillis chez Hugo qui vit désormais avec Juliette Drouet. Ils deviendront dès lors des intimes de la maison jusqu'à la mort du poète. Victor Hugo participe à l'éducation du jeune Léon Daudet, meilleur ami du petit-fils de Hugo, Georges et, plus tard, époux éphémère de Jeanne. Dans ses Souvenirs d'un cercle littéraire, Julia Daudet évoque leur amitié de dix années avec l'« idole de toute la France poétique » : « Je vois Victor Hugo au grand bout de sa table ; le maître vieilli, un peu isolé, un peu sourd, trône avec des silences de dieu, les absences d'un génie au bord de l'immortalité. Les cheveux tout blancs, la tête colorée, et cet il de vieux lion qui se développe de côté avec des férocités de puissance ; il écoute mon mari et Catulle Mendès entre qui la discussion est très animée à propos de la jeunesse et de la célébrité des hommes connus et de leur séduction auprès des femmes. [...] Pendant le débat on est passé au salon, Victor Hugo songe au coin du feu, et célèbre, universel et demi-dieu, regrette peut-être sa jeunesse, tandis que Mme Drouet sommeille doucement. » L'amitié entre le dernier grand écrivain romantique et l'un des maîtres de l'école naturaliste naissante témoigne de l'acuité de Victor Hugo qui, au faîte de sa gloire, conserve une attention particulière et bienveillante pour la littérature moderne pourtant éloignée du lyrisme hugolien. Cette dédicace de Hugo à Daudet sur une uvre qualifiée, avec Le Pape et La Pitié suprême, de « testament philosophique» par Henri Guillemin, résonne symboliquement comme le legs à un fervent disciple de la responsabilité politique et morale de l'écrivain. Provenance: Alphonse Daudet, vente Sicklès (1990, IV, n°1200) puis vente Philippe Zoummeroff (2 Avril 2001). Extrait deSouvenirs d'un cercle littéraire par Julia Daudet : " Comment oublier cette première visite chez lui, rue de Clichy, dans le modeste appartement tellement disproportionné à sa gloire, à l'idée qu'on se faisait de cette gloire qui eût comblé des palais: Il se lève du siège qu'il occupait au coin du feu, en face de Mme Drouet, sa vieille amie, (...) je suis étonnée de sa petite taille, mais bientôt, quand il va m'accueillir et me parler, je le trouverais très grand, très intimidant. Et cette timidité que je ressentis alors, je l'éprouverai toujours en face d Victor Hugo, résultat de cette grande admiration, de ce respect, comme d'un dieu absent, que mes parents m'avaient inculqué pour le poète de génie. Je ne vaincrai jamais ce tremblement de la voix chaque fois que je répondrai à ses paroles obligeantes, et je m'étonnerai pendant près de dis ans d'entendre des femmes, admises auprès de lui, l'entretenir de leur intérieur et de leurs futilités habituelles. Ce soir-là, quand il m'eut présentée, toute confuse, à Mme Drouet, elle me dit avec une charmante bonne grâce : Ici, c'est le coin des vieux et vous êtes trop jeune pour nous. Mais M. Victor Hugo va vous présenter à sa bru, Mme Lockroy; lui seul a qualité pour cela. Et je fus conduite à l'autre bout de la pièce, médiocrement grande, pourtant, mais qui était comme séparée en deux par une table surmontée d'un éléphant de bronze, très majestueux, japonais ou chinois, je pense. Il suffisait à faire deux petits groupements très distincts qui communiquaient facilement, mais sans se confondre. A ce moment de son retour, Victor Hugo était éblouissant d'esprit, de souvenirs nombreux et racontés avec une verve inépuisable, quand la politique n'envahissait pas trop sa table hospitalière. Et quelle grâce dans l'accueil, quelles nobles façons, quel beau sourire de grand-père sous ses cheveux que j'ai vus peu à peu blanchir jusqu'à la neige des quatre-vingts ans I Les poètes, tous les poètes fréquentaient ce salon de la rue de Clichy, et plus tard l'hôtel de l'avenue d'Eylau. Mais là, fut-ce le changement de place? Il y eut comme une marche descendue dans la santé, puis dans l'esprit du beau vieillard. Et pourtant, il aimait toujours à recevoir ses amis, et l'hospitalité de cette maison ouverte n'était pas un de ses moindres charmes, car, autour de la table, embellie en un bout par les deux petits-enfants du Maître, les convives cherchaient encore leur mot d'ordre aux yeux de l'hôte, et lui-même retrouvait parfois une veine de souvenirs si vivants, si pittoresquement exprimés, qu'on en restait ébloui toute une soirée. M mo Drouet vieillissait doucement auprès de lui, abritée sous deux bandeaux de neige, d'une élégance un peu théâtrale et surannée, jusqu'au jour où un mal impitoyable creusa ses traits si fins, en fit l'effigie douloureuse qu'a peinte Bastien Lepage, qui devait mourir en proie aux mêmes tortures. Dans les derniers temps, le Maître regardait douloureusement, aux dîners intimes, cette assiette vide, cette noble figure ravagée. Madame Drouet, vous ne mangez pas, il faut manger, avoir du courage. Manger! Elle se mourait. Le savait-il? Essayait-il de se leurrer lui-même le beau vieillard si résistant et si fort, et qui voyait partir cette compagne de cinquante années! Dans le grand salon où se penche le beau portrait de Bonnat, au geste paternel, où le buste par David préside immensément ; dans le petit salon, orné de ces tapisseries rayées et multicolores qui semblaient tendues pour Dona Sol ; dans le jardin rejoint à la vérandah par un perron de deux marches réapparaissent Leconte de Lisle, Meurice et Vacquerie, Paul de Saint-Victor, le souriant Banville, Flaubert et Goncourt conversant ensemble, Mallarmé, Léon Cladel, François Coppée, Catulle Mendès, Clovis Hugues, ombres dans un Eden évanoui ; puis Léon Glaize, Gustave Rivet, Pierre Elzéar, la toute petite Mme Michelet offrant des roses un soir de fête, puis des ambassadeurs, des diplomates, l'empereur du Brésil; des peintres, des sculpteurs, et tant d'hommes politiques que je n'en sais plus les noms ! Voici l'impression immédiate que je traçai de l'une de ces soirées où nous nous étions rendus, Alphonse Daudet et moi, un soir de neige, où pendant le trajet notre cheval tomba trois fois en traversant l'esplanade des Invalides : Je vois Victor Hugo au grand bout de sa table; le maître vieilli, un peu isolé, un peu sourd, trône avec des silences de dieu, les absences d'un génie au bord de l'immortalité. Les cheveux tout blancs, la tête colorée, et cet il de vieux lion qui se développe de côté avec des férocités de puis- sance ; il écoute mon mari et Catulle Mendès entre qui la discussion est très animée à propos de la jeunesse et de la célébrité des hommes connus et de leur séduction auprès des femmes. Alphonse prétend que dans un salon rempli de talents de toutes sortes, de tout âge, un tout jeune homme, l'auteur inconnu, le poète ignoré aura pour lui les regards féminins s'il est beau. Catulle Mendès lui répond qu'il restera d'abord inaperçu, et que toute les femmes iront à la notoriété : ceci me paraît plus vrai. Les femmes heureusement n'ont point que les yeux de leur visage, mais ceux de l'esprit et du cur. Pour les intellectuelles, la beauté d'un artiste, d'un grand poète ne compte pas, c'est le regard du penseur, la physionomie tourmentée de l'homme qui vit de ses sensations. Elles vont au talent, au chagrin qui passe, elles ne songent guère à la beauté physique. Maintenant on pourrait répondre que c'est par une sympathie ambitieuse qu'elles recherchent les auteurs célèbres, mais l'autre sentiment, celui qui les attirerait vers cette jeunesse tentante dont parle Alphonse, me paraît moins avouable. Et je ris de cette prétention des deux causeurs charmants, de nous classer, de nous analyser. Mais dire la femme, c'est comme si on disait l'oiseau ; il y a tant d'espèces et de genres, les ramages et les plumages sont tellement différents ! Pendant le débat on est passé au salon, Victor Hugo songe au coin du feu, et célèbre, universel et demi-dieu, regrette peut-être sa jeunesse, tandis que Mme Drouet sommeille doucement. Ses beaux cheveux blancs ombrant sa fine tête comme deux ailes de colombe, et les nuds de son corsage suivant sa respiration douce, presque résignée, de vieille femme endormie. Ce fut bientôt après cette soirée qu'eut lieu la grande manifestation de Paris défilant, avenue d'Eylau, devant les fenêtres de cette petite chambre qui devint mortuaire en mai 1885, remplie de roses et simplement meublée, telle que la représente, au musée Victor Hugo, une pièce prise dans l'ancien appartement du poète, place Royale. Bien évocateur, ce vieux logis du Marais," et quand on pense que Victor Hugo y composa presque toutes ses pièces historiques on se représente le poète, ouvrant, aux heures matinales qui lui étaient familières, cette haute fenêtre sur les hôtels tous égaux et du même style, qui entourent la Place, et se remémorant les tournois, les duels, les promenades et les agitations de plusieurs générations disparues sous l'ombre de ces arcades anciennes et solides et ne gardant pas trace de la fugitive humanité. Nous dînions encore chez Victor Hugo la semaine qui précéda sa mort. Il nous dit en entrant plus pâle qu'à l'ordinaire, la démarche fléchie : Je vais bientôt m'en aller, je le sens ; puis s'appuyant à l'épaule de Georges : Sans 'cela' il y a longtemps que je serais parti. Je n'ai jamais oublié l'accent un peu solennel et comme prophétique de ces paroles, j'en fus pénétrée de tristesse et de pressentiment; j'y sentis la dispersion de ce centre unique au monde et qui ne put se reformer jamais !" - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor‎

Reference : 83318

(1871)

‎Lettre autographe signée adressée à Léon Richer : "Vous avez raison de compter sur moi pour affirmer l'avenir de la femme." ‎

‎Mardi 7 novembre [1871], 13,3x20,8cm, 2 pages sur un feuillet double.‎


‎| « Pour qu'enfin justice soit rendue à la femme» | «Mardi 7 novembre [1871] Monsieur, on m'a demandé d'urgence mon intervention pour les condamnés à mort. L'accomplissement de ce devoir a retardé ma réponse à votre excellente lettre. Vous avez raison de compter sur moi pour affirmer l'avenir de la femme. Dès 1849, dans l'Assemblée nationale, je faisais éclater de rire la majorité réactionnaire en déclarant que le droit de l'homme avait pour corollaires le droit de la femme et le droit de l'enfant. En 1853, à Jersey, dans l'exil, j'ai fait la même déclaration sur la tombe d'une proscrite, Louise Julien, mais cette fois on n'a pas ri, on a pleuré. Cet effort pour qu'enfin justice soit rendue à la femme, je l'ai renouvelé dans les Misérables, je l'ai renouvelé dans le Congrès de Lausanne, et je viens de le renouveler encore dans ma lettre au Rappel que vous voulez bien me citer. J'ajoute que tout mon théâtre tend à la dignification de la femme. Mon plaidoyer pour la femme est, vous le voyez, ancien et persévérant, et n'a pas eu de solution de continuité. L'équilibre entre le droit de l'homme et le droit de la femme est une des conditions de la stabilité sociale. Cet équilibre se fera. Vous avez donc bien fait de vous mettre sous la protection de ce mot suprême : l'Avenir. Je suis, Monsieur, avec ceux qui comme vous veulent le progrès, rien que le progrès, tout le progrès. Je vous serre la main. Victor Hugo » Lettre autographe signée de Victor Hugo adressée à Léon Richer, deux pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier à lettre bordé de noir. Pliures transversales inhérentes à la mise sous pli. Une déchirure centrale sans manque à la jonction des deux feuillets. Cette lettre a été retranscrite dans les uvres complètes de Victor Hugo (Ollendorff, 1905). Le manuscrit est présenté dans une chemise en demi maroquin bleu, plats de papier coquille, étui bordé de maroquin bleu, ensemble signé A. T. Boichot. *** Superbe et importante lettre, profondément humaniste, syncrétique des combats de Victor Hugo contre la peine de mort et pour le progrès social et féminin adressée à Léon Richer, l'un des premiers hommes militants féministes, qualifié par Hubertine Auclert de « père du féminisme » puis considéré par Simone de Beauvoir comme son « véritable fondateur ». HUGO L'ABOLITIONNISTE Si cette lettre se concentre essentiellement sur la question de la défense des droits de femmes, c'est par la peine de mort qu'elle commence : « on m'a demandé d'urgence mon intervention pour les condamnés à mort. L'accomplissement de ce devoir a retardé ma réponse à votre excellente lettre. » En ce lendemain de la Commune, les pages d'octobre 1871 des Choses vues sont effectivement constellées de noms de personnalités auxquelles le « poète national » apporta son soutien, notamment à Gustave Maroteau, poète et fondateur du Père Duchesne, « condamné à mort pour fait de presse ! » (Choses vues, 3 octobre 1871), puis à « Louise Michel en prison à Versailles et en danger de condamnation à mort » (ibid., 5 octobre 1871). Les « interventions » éparses menées par Hugo au fil des mois aboutiront finalement à une éloquente tribune à la tête du Rappel du 1er novembre 1871 (« je viens de le renouveler encore dans ma lettre au Rappel que vous voulez bien me citer ») dans laquelle il appellera - avec toute l'éloquence qui lui est propre et à grand renfort d'exemples historiques - à l'amnistie des communards. Il s'agit de l'un de ses plus importants combats politiques. LE FÉMINISME EST UN HUMANISME Un des autres grands engagements d'Hugo concerne l'émancipation féminine et la lutte pour l'égalité entre les sexes : dans un Second Empire patriarcal, il fut l'une des rares voix masculines à s'insurger contre l'état d'infériorité où le Code civil plaçait les femmes. C'est d'ailleurs ce qu'il réaffirme dans la lettre que nous proposons et dans laquelle il dresse un véritable bilan de sa carrière littéraire et politique, s'érigeant d'emblée au rang de spécialiste : « Vous avez raison de compter sur moi pour affirmer l'avenir de la femme. [...] L'équilibre entre le droit de l'homme et le droit de la femme est une des conditions de la stabilité sociale. » Concernant la place des femmes dans son uvre, il évoque notamment le théâtre : « J'ajoute que tout mon théâtre tend à la dignification de la femme. » Il est vrai que les héroïnes occupent une place centrale et déterminante dans les pièces du dramaturge. Incarnant des rôles relativement caricaturaux dans les drames de la période romantique (jeune agnelle pure victime du désir des hommes ou encore femme mariée délaissée) elle deviendra, dans le théâtre de l'exil « la femme violentée par les lois sociales [...], la femme pauvre » (O. Bara) COSETTE FEMME DE LETTRES La « femme pauvre », c'est justement l'un des piliers de l'arc narratif des Misérables que Victor Hugo évoque également dans notre lettre : « Cet effort pour qu'enfin justice soit rendue à la femme, je l'ai renouvelé dans les Misérables [...] » Cosette, l'héroïne de cette grande fresque réaliste et sociale, fut d'ailleurs créée d'après une courageuse figure féminine, elle aussi orpheline : Louise Julien, une proscrite décédée de la phtisie à l'âge de trente-six ans. « En 1853, à Jersey, dans l'exil, j'ai fait la même déclaration sur la tombe d'une proscrite, Louise Julien, mais cette fois on n'a pas ri, on a pleuré. » Notre lettre est à notre connaissance l'unique document qui établisse un lien direct entre Cosette et cette quarante-huitarde au funeste destin dont Victor Hugo prononça l'oraison funèbre : « Ce n'est pas une femme que je vénère dans Louise Julien, c'est la femme ; la femme de nos jours, la femme digne de devenir citoyenne ; la femme telle que nous la voyons autour de nous, dans tout son dévouement, dans toute sa douceur, dans tout son sacrifice, dans toute sa majesté ! Amis, dans les temps futurs, dans cette belle, et paisible, et tendre, et fraternelle république sociale de l'avenir, le rôle de la femme sera grand ; mais quel magnifique prélude à ce rôle que de tels martyres si vaillamment endurés ! » (Actes et Paroles, II Pendant l'exil) Ce long discours, immédiatement relayé par la presse anglaise, est à mettre en perspective avec Les Châtiments premier recueil de l'exil, achevé très peu de temps auparavant et contenant trois superbes poèmes dédiés aux républicaines : « Pauline Roland », « Les Martyres » et « Aux femmes ». L'été 1853 et plus précisément le constat du courage des proscrites face à la misère, à la violence et au désintérêt du gouvernement pour leur condition, marque donc le premier élan réel de Victor Hugo vers le féminisme aussi bien à travers ses uvres que sur le terrain politique. Vingt ans plus tard, l'évocation de Louise Julien dans notre lettre réaffirme cet engagement inconditionnel. L'AVENIR POUR ÉGIDE Cette missive à Léon Richer s'achève prophétiquement : « L'équilibre entre le droit de l'homme et le droit de la femme est une des conditions de la stabilité sociale. Cet équilibre se fera. Vous avez donc bien fait de vous mettre sous la protection de ce mot suprême : l'Avenir. » Au moment de la rédaction de cette lettre, la revue créée par Richer, le Droit des femmes, venait en effet de renaître sous le titre L'Avenir des femmes. Dès 1872, elle lance une pétition pour les droits civils des femmes, soutenue par plusieurs personnalités notamment Victor Hugo qui adresse à Léon Richer une seconde lettre de soutien : « Je m'associe du fond du cur à votre utile manifestation. Depuis quarante ans, je plaide la grande cause sociale à laquelle vous vous dévouez noblement. » (8 juin 1872) Notre lettre, bien moins connue, mais tout aussi importante que celle-ci dont elle est le pendant, témoigne des prémices de la collaboration entre Victor Hugo et Léon Richer pour la lutte en faveur des droits et de l'émancipation des femmes ; elle illustre un moment essentiel de l'histoire du féminisme. LÉON RICHER : LE DROIT DES FEMMES Issu d'un milieu modeste et ayant précocement perdu son père, Léon Richer dut subvenir aux besoins de sa mère et de sa sur et, dans une société patriarcale à l'extrême, « il eut l'occasion d'apprécier les injustices du Code à l'égard de la femme, et de constater, à peu près quotidiennement, les infamies qui, à l'abri des lois, se commettent légalement contre ces éternelles mineures ; sa conscience alors en était révoltée » (R. Viviani, Cinquante-ans de féminisme : 1870-1920, 1921). Cette prise de conscience le mena à fonder, en 1869, l'hebdomadaire le Droit des femmes visant à réformer les droits légaux féminins. L'année suivante, il créa aux côtés de Maria Deraismes l'Association pour le droit des femmes dont il prit la présidence, aucune femme n'étant alors autorisée à fonder ni à diriger une association. Maria Deraismes quittera l'Association en 1882, lancera la Ligue Française pour le Droit des Femmes et nommera comme président honoraire... Victor Hugo. Très belle lettre et émouvant témoignage des combats humanistes menés avec vigueur par l'un des écrivains les plus engagés de l'histoire littéraire française : « Je suis, Monsieur, avec ceux qui comme vous veulent le progrès, rien que le progrès, tout le progrès. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor & HUGO Adèle‎

Reference : 70986

(1856)

‎Lettre autographe signée à la veuve du sculpteur David d'Angers : "Mon exil est comme voisin de son tombeau, et je vois distinctement sa grande âme hors de ce monde"‎

‎Hauteville House 11 et 13 mai 1856, 14x21,5cm, une feuille.‎


‎Lettre autographe signée de Victor Hugo datée du 13 mai 1856 à la suited'une lettre inédite de Madame Victor Hugo à Madame David d'Angersdatée du 11 mai. 4 pages sur un feuillet remplié à filigrane "Barbet Smith Street Guernesey". Publiée dans Correspondance de Victor Hugo, Paris, année 1856, p. 246 Dans cette lettreimprégnée des apparitions et spectres qui hantent lesContemplationsrécemment publiées, Victor Hugo s'adresse à la veuve de son grand ami le sculpteur David d'Angers, fervent républicain et artiste particulièrement admiré des romantiques. En pleine crise mystique, Hugo parle à l'ombre du sculpteur à qui il dédia de sublimes poèmes dansLes feuilles d'automneainsi queLes rayons et les ombres et réclame auprès de sa veuve son portrait favori, un buste en marbre jadis sculpté par David d'Angers. Après l'expulsion des proscrits de l'île de Jersey,VictorHugo fait l'achat d'Hauteville House grâce au succès desContemplationset apprend avec tristesse la disparition d'un ami cher.Il écrit à la veuve du sculpteur sur le même feuillet que sa femme Adèle, également liée avec la famille de David d'Angers, créateur d'un médaillon à son effigie : «Vous êtes la veuve de notregrand David d'Angers, et vous êtes sa digne veuve comme vous avez été sa digne femme». Le sculpteur de renom s'était déjà lié au premier salon romantique de Nodier à l'Arsenal et fréquentait presque quotidiennement Hugo à la fin des années 1820 dans l'ambiance bonapartiste et bon enfant de la rue Notre-Dame des Champs, en compagnie des frères Devéria, Sainte-Beuve, Balzac, Nanteuil et Delacroix. En 1828, l'écrivain avait posé avec bonheur dans l'atelier de David d'Angers rue de Fleurus, pour un médaillon puis un buste qui avaient été suivis de deux sublimes poèmes célébrant le talent du sculpteur dansLes Feuilles d'Automne etLes rayons et les ombres.De tous ses portraits pourtant nombreux, il chérissait plus que tout autre son buste de marbre signé David d'Angers et n'hésite pas à le réclamer à sa veuve : «Avant peu, peut-être, madame, ma famille vous demandera de lui rendre ce buste qui est ma figure, ce qui est peu de chose, mais qui est un chef-d'uvre de David, ce qui est tout. C'est lui encore plus que moi, et c'est pour cela que nous voulons l'avoir parmi nous». De ces séances de pose avec le sculpteur naquirent de fructueuses conversations esthétiques et politiques où s'était affirmée leur aversion commune pour la peine de mort. Ils assistèrent au ferrement des galériens qui rejoignaient Toulon depuis Paris, décrit par Hugo dans deux chapitres duDernier jour d'un condamné. Victime de l'exil comme Hugo, David d'Angers était rentré à Paris avant de rejoindre le monde des morts: «Mon exil est comme voisin de son tombeau, et je vois distinctement sa grande âme hors de ce monde, comme je vois sa grande vie dans l'histoire sévère de notre temps». La «grande vie» de David d'Angers fut consacrée à façonner les effigies des hommes illustres, par un subtil équilibre de ressemblance et d'idéalisation. Le sculpteur prend finalement place dans le panthéon personnel de Victor Hugo, lui qui avait orné le fronton du véritable Panthéon des grands hommes où repose aujourd'hui l'écrivain: «David est aujourd'hui une figure de mémoire, une renommée de marbre, un habitant du piédestal après en avoir été l'ouvrier. Aujourd'hui, la mort a sacré l'homme et le statuaire est statue. L'ombre qu'il jette sur vous, madame, donne à votre vie la forme de la gloire». C'était en effet à l'ombre des grands hommes qu'Hugo vécut son exil à Jersey, loin du tumulte de la capitale et dans le silence ponctué par les embruns frappant les carreaux. Hugo s'était plongé dans l'occulte et parlait aux disparus :«David est une des ombres auxquelles je parle le plus souvent, ombre moi-même», déclare-t-il, rappelant le poème final desContemplations, «Ce que dit la bouche d'ombre», dicté au poète grâce au procédé spirite des «tables tournantes». Alors au sommet de leur popularité, les tables se pratiquaient dans tous les salons de Paris, jusque chez l'empereur aux Tuileries et à Compiègne. Trois ans auparavant, il s'était ému de pouvoir converser avec sa fille disparue, Léopoldine, et lui avait érigé un monument poétique, lesContemplations, dont les Hugo profitaient du triomphe : «Je suis heureux que le livre desContemplationsait été lu par vous. Vous y avez retrouvé nos chers souvenirs et nos aspirations communes. L'exil a cela de bon, qu'il met le sceau sur l'homme et qu'il conserve l'âme telle qu'elle est». Ses conversations nocturnes s'étendirent bientôt à une cohorte d'illustres personnages, qui communiquaient avec la famille Hugo par les craquements d'un guéridon. Lors de séances quasi-quotidiennes, Hugo avait invoqué l'âme de Chateaubriand, Dante, Racine, Annibal, André Chénier, Shakespeare, Molière, Aristote, Lord Byron, Louis XVI, Napoléon 1er, ou encore Jésus-Christ: «c'est seulement vers les ombres que je me tourne, car c'est là qu'est la gloire, la fierté, la grandeur des âmes, la lumière; et il y a maintenant plus de vie dans les morts que dans les vivants» confie-t-il à la veuve du sculpteur. David d'Angers avait atteint l'éternité à laquelle ils aspiraient tous deux à travers les mots et la matière, demeurant à jamais présent dans ses souvenirs et les portraits marmoréens qu'il sculpta pour lui. Au travers des lignes, se dévoile le poète desContemplations, l'homme endeuillé et toujours meurtri par la disparition de sa fille Léopoldine et de son cher ami.Hugo se livre ici à un magnifique mouvement de lyrisme épistolaire, le sculpteur angevin ayant laissé à la postérité les plus beaux portraits de l'écrivain. Bien des années plus tard,Victor Hugo lui-même fut placé en grande pompe au Panthéon des grands hommes, dont son ami David d'Angers avait orné le fronton. "Guernesey, 13 mai [1856]. Je ne veux pas, madame, que cette lettre parte sans vous porter mon remerciement, mon respect et mon souvenir. Vous êtes la veuve de notregrand David d'Angers, et vous êtes sa digne veuve comme vous avez été sa digne femme. À cette heure, toutes les fois que je me tourne vers la patrie, c'est seulement vers les ombres que je me tourne, car c'est là qu'est la gloire, la fierté, la grandeur des âmes, la lumière; et il y a maintenant plus de vie dans les morts que dans les vivants. David est une des ombres auxquelles je parle le plus souvent, ombre moi-même. Mon exil est comme voisin de son tombeau, et je vois distinctement sa grande âme hors de ce monde, comme je vois sa grande vie dans l'histoire sévère de notre temps. Soyez fière, madame, du nom grave et illustre que vous portez. David est aujourd'hui une figure de mémoire, une renommée de marbre, un habitant du piédestal après en avoir été l'ouvrier. Aujourd'hui, la mort a sacré l'homme et le statuaire est statue. L'ombre qu'il jette sur vous, madame, donne à votre vie la forme de la gloire. Je suis heureux que le livre desContemplationsait été lu par vous. Vous y avez retrouvé nos chers souvenirs et nos aspirations communes. L'exil a cela de bon, qu'il met le sceau sur l'homme et qu'il conserve l'âme telle qu'elle est. Avant peu, peut-être, madame, ma famille vous demandera de lui rendre ce buste qui est ma figure, ce qui est peu de chose, mais qui est un chef-d'uvre de David, ce qui est tout. C'est lui encore plus que moi, et c'est pour cela que nous voulons l'avoir parmi nous. Je mets à vos pieds ma tendre et respectueuse amitié. post scriptum inédit :est-ce que vous seriez être assez bonne pour faire jeter cette lettre à la poste. Mille remerciements, espérons, Madame. V.H." - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO Victor‎

Reference : 83705

(1875)

‎Actes et paroles - Avant l'exil 1841-1851‎

‎Michel Lévy frères, Paris 1875, 19,5x25cm, relié.‎


‎| Le manifeste politique de "Papapa" en tirage de tête offert à Jeanne et Georges | Édition originale, un des 20 exemplaires numérotés sur chine, tirage de tête de cet important recueil de discours, déclarations publiques et textes politiques destinés à la Chambre des pairs, à l'Assemblée Constituante et à l'Assemblée législative, tous écrits comme l'indique son titre antérieurement à l'exil de Victor Hugo. Ces importants textes traitent de la liberté de la presse, du théâtre et de l'enseignement, ainsi que de l'abolition de la peine de mort. Reliure en demi chagrin rouge, dos lisse orné d'un cartouche doré orné de motifs typographiques dorés, plats de papier oeil-de-chat, gardes et contreplats de papier caillouté, couvertures conservées, tête dorée sur témoins. Exceptionnel et affectueux envoi autographe signé de Victor Hugo à sa belle-fille Alice Lehaene - veuve de Charles Hugo - et à ses petits-enfants adorés : « À ma chère fille et à votre douce mère, mon Georges, ma Jeanne, Papapa. » «Nous l'appelions Papapa. La légende veut - il nous entourait de légendes! - qu'un matin d'autrefois, à Hauteville-House, tandis qu'il travaillait debout dans cette cage de verre, perchée au haut de la maison, petit Georges entrât et dit: - Bonjour Papapa![...] A entendre le fils de son fils Charles, qui venait de mourir, prononcer ce mot inconnu, le grand-père eux une immense joie, car il connaissait le secret langage des enfants: le bégaiement de Georges faisait de lui deux fois un père, beaucoup plus qu'un grand-père. [...] - Maintenant, je m'appelle Papapa, dit-il, doucement. Et jusqu'à sa mort, nous lui donnâmes, ma sur et moi, ce nom doublement tendre et que toujours il chérit. » (Georges-Victor Hugo, Mon grand-père) En 1871, après la mort subite de son fils Charles, Victor Hugo réclame la tutelle de ses deux petits-enfants Georges et Jeanne. Il aura désormais la charge de leur éducation et passera à leurs côtés les minutes les plus heureuses de sa vie, comme en témoignent les innombrables et malicieuses notes concernant les deux enfants dans Choses vues. À la mort de François-Victor, son dernier fils, le patriarche s'installe avec Alice la mère de Georges et Jeanne au 21 rue de Clichy ; à l'étage en dessous, il loge Juliette Drouet. Il a alors tout le loisir de passer du temps avec ses « petits », pour lesquels il organise des dîners d'enfants et fabrique une myriade de joujoux. Il ajoute ainsi à sa paternité un très beau recueil : L'Art d'être grand-père. « La popularité en est immédiate et le succès retentissant, tant sa manière de célébrer l'enfance en racontant Georges, Jeanne et lui-même éblouit. Pour avoir su mettre des mots d'enfants en vers avec tant de naturel et de fraîcheur, le « Papapa » de Georges et Jeanne est parvenu, comme nul autre, à exalter les sentiments « grands-parentaux ». Dans la sphère familiale, ces sentiments ne se limitent pas à autoriser les enfants à laisser leurs jouets traîner sur les manuscrits : quand Alice se remarie avec le journaliste et homme politique Édouard Simon dit Lockroy - collaborateur du Rappel -, Hugo empêche ce dernier d'être nommé leur cotuteur. » (Sandrine Fillipetti, Victor Hugo) UN TESTAMENT INTELLECTUEL Ce volume inaugural des Actes et paroles, renfermant les premiers grands textes politiques de Victor Hugo, est un poignant témoignage de ses engagements humanistes. De son « Discours de réception » à l'Académie française (1841) à sa célèbre « Révision de la Constitution » (« Non ! après Napoléon le Grand, je ne veux pas de Napoléon le Petit ! ») qui lui valut l'exil, les « petits » propriétaires de ce précieux exemplaire reçoivent en legs l'héritage intellectuel et militant de leur grand-père. Au centre cette compilation figure un texte tout à fait significatif « Pour Charles Hugo. La peine de mort », qu'Hugo prononça devant la Cour d'assises de la Seine en 1851 pour défendre son fils, père de Jeanne et Georges, condamné pour un article contre la peine de mort : « Ce que mon fils a écrit, il l'a écrit, je le répète, parce que je le lui ai inspiré dès l'enfance, parce qu'en même temps qu'il est mon fils selon le sang, il est mon fils selon l'esprit, parce qu'il veut continuer la tradition de son père. » Ce très beau présent, attribué à deux enfants de six et sept ans, a sans nul doute été offert avec l'intention de perpétuer cette tradition familiale contestataire. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO (Victor) [sur] - CROSSE (Hippolyte), REY (Charles Louis)‎

Reference : 38273

‎1- ANONYME. Réflexions d'un infirmier de l'hospice de la Pitié, sur le drame d'Hernani, de M. Victor Hugo. Paris, Roy-Terry, 1830. 46 p.2- CROSSE (Hippolyte). Un Mollusque bien maltraité, ou comment M. Victor Hugo comprend l'organisation du poulpe. Paris, F. Savy, 1866. 7 p.3- REY (Charles Louis). Épître: Géronte cadet à M. Victor Hugo. S.l.n.d. [1830]. 15 p.‎

‎ 3 brochures reliées en un volume in-8, demi-percaline rouge de l'époque à la Bradel (1860). ‎


‎1- Couverture illustrée d'une caricature sous-titrée: "Victor Hugo descend jusqu'à nous.! / Non, dit Victor Hugo, tombez à g'noux".Parodie d'Hernani composée sous forme de pièce de théâtre, par acte et par scène, en suivant le drame de Hugo.Une note au crayon attribue ce pamphlet à J.-E. Chételat. (Vicaire, VI, 995).3- Appel à Victor Hugo pour qu'il se déclare en faveur de Louis Philippe après l'abdication de Charles X Pour les trois textes A. de Bersaugourt, 'Les pamphlets contre Victor Hugo', p. 300 et p. 387 pour les deux derniers).Très bon exemplaire, très frais, non rogné, bien relié. Les trois couvertures ont été conservées. ‎

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EUR150.00 (€150.00 )

‎HUGO Victor:‎

Reference : 16144

(1883)

‎Le roi s'amuse.‎

‎Paris, Société de publications périodiques, 1883. Grand in-4, en feuilles sous chemise de percaline grise, titre doré au dos et au premier plat, reproduction de la signature de Victor Hugo en noir au premier plat, ses initiales au dos. ‎


‎Illustré de 27 planches hors-texte, fac-simile du manuscrit de Victor Hugo, et de compositions de J.-P- Laurens, Henri Meyer, Emile Bayard, Lavastre, John Sargent, A. Marie, Rubé et Chaperon et Olivier Merson. Chacune des planches est protégées par une serpente avec légende imprimée (sauf les pl. 3, 6, 11, 13, 17, 21, 23, 25 à 27). Luxueuse édition publiée pour le cinquantenaire de la création de la pièce. Tiré à 201 exemplaires, le nôtre est un des 50 sur Japon imprimé pour le petit-fils de Victor Hugo, Georges Hugo. C'est lui, fils de Charles Hugo, et orphelin de père à 3 ans, qui sera élevé par son grand-père. De cette expérience, Victor Hugo écrira d'ailleurs le livre L'art d'être grand-père. Il a ensuite appartenu au fils de Georges: François Hugo (1899-1982) qui fut orfèvre. C'est donc ce dernier qui fit l'envoi autographe, au faux-titre, à un Alix Le [illisible] notre ange gardien, et il signa François Victor Hugo. On y trouve, outre le texte du drame, la préface de 1832, le discours de Victor Hugo devant le Tribunal de commerce en 1832, le procès de la pièce et des notes et variantes. Chemise fatiguée. Vicaire, IV, 276. ‎

Phone number : +4122 310 20 50

CHF1,000.00 (€1,023.50 )

‎HUGO Victor‎

Reference : 85747

(1883)

‎"Monsieur Victor Hugo, 130 avenue Victor Hugo" : notes autographes au dos d'une enveloppe avec son adresse postale en sa propre avenue‎

‎Paris cachet postal : 18 novembre 1883, 14,5x11cm, une enveloppe avec timbre encollé.‎


‎Notesautographes de Victor Hugo, au verso d'une enveloppe à en-tête des éditeurs Hetzel, adressée au domicile del'écrivain, 130 avenue Victor Hugo.Cachet postal en date du 18 novembre 1883. Une déchirure au recto dans atteinte au texte. Superbe relique hugolienne au verso d'une enveloppe, criblée de ses notes de dépenses ; on reconnaît notamment dans la listela Old Bank de Guernesey, où Victor Hugo déposa pour un tempsses manuscrits avant son retour en France en 1870. L'enveloppe est à l'adresse de sa propre avenue Victor Hugo,ancienne avenue d'Eylaurebaptisée du nom de l'écrivain en 1881. Il y résidera dans unl'hôtel particulier loué à la princesse de Lusignanjusqu'à sa mort en 1885. L'expéditeur de l'enveloppe qui lui sert de support n'est autre que Hetzel,éditeur aventureux et fervent républicainque Hugo rencontra en exil, à Bruxelles. Ils ferontalliance contre le régime de Louis-Napoléon Bonaparte, etpublièrentNapoléon-le-petiten 1852 qui rencontra un grand succès. Hetzel publiera pas moins d'une dizaine d'ouvrages d'Hugo, ainsi qu'une importante édition de ses oeuvres complètes. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎HUGO, Victor / DE VIGNY, Alfred.‎

Reference : LCS-18229

‎Le Conservateur littéraire. Célèbre et fort rare édition originale du Conservateur littéraire des frères Hugo et d’Alfred de Vigny.‎

‎Précieux exemplaire A. Claudin, Jules Claretie et P. Villeboeuf cité et décrit par Carteret. Paris, au Bureau du Conservateur littéraire, 1819-20.3 volumes in-8 de : I/ (1) f., 404 pp., 2 portraits hors-texte dont un à double page ont été ajoutés au début du volume ; II/ (2) ff., 404 pp. mal ch. 504 ; III/ 416 pp. Relié en demi-maroquin vert à grain long à coins, dos lisses ornés d’un motif romantique doré en long, filets dorés sur les plats. V. Champs.197 x 125 mm.‎


‎Edition originale « extrêmement rare » (Clouzot, Guide du Bibliophile Français, p. 142) contenant notamment l’édition originale de Bug-Jargal.En 1819, par le conseil de Chateaubriand, qui avait deviné le talent littéraire des trois frères Hugo et qui s’intéressait à leur avenir, Abel fonda, de concert avec Eugène et Victor, Le Conservateur littéraire. Cette revue devait être, dans sa pensée, le complément indispensable du Conservateur politique, auquel la collaboration de Chateaubriand avait donné tant de vogue et tant d’éclat. Les trois frères qui vivaient dans une touchante harmonie, et qui n’avaient pas d’autre rivalité que l’amour des lettres, étaient à peu près les seuls rédacteurs du Conservateur littéraire, dans lequel chacun d’eux reparaissait continuellement sous différents pseudonymes et sous des initiales différentes. Chacun d’eux était tour à tour critique, poète, romancier, moraliste, pour varier la rédaction des livraisons hebdomadaires, qui produisaient toujours beaucoup d’effet dans le petit monde des écrivains, sans amener les abonnés à l’aide desquels le recueil aurait pu continuer. Enfin après dix-huit mois de persévérance et d’effort, il fallut renoncer à une publication qui ne faisait pas ses frais.« Il n’a paru de cette Revue que trente livraisons formant trois volumes in-8, Paris, A. Boucher, 1819-20. On lit dans une note du ‘Catalogue de livres provenant de la bibliothèque de M. de N***’ (1856) ‘Victor Hugo écrivait sous son nom et sous diverses initiales pseudonymes la plupart des articles de critique littéraire qu’il n’a pas recueillis dans ses Mélanges. On y trouve aussi la première édition de Bug-Jargal et des pièces de vers qui manquent encore à ses œuvres complètes. Victor Hugo signe tantôt V., tantôt H., tantôt V. d’Auverney, tantôt M., et quelquefois il ne signe pas du tout. Son frère Abel signe A. ; son frère Eugène, E. Parmi les rédacteurs, on reconnaît Theodore Pavie, Ader, J. Sainte-Marie, etc. Il faut signaler la fameuse épître Les Vous et les Tu, signée Aristide ; la Lettre de Publicola Petissot, les traductions de Virgile, de Lucain et d’Ossian, qu’on voudrait voir ajoutées aux œuvres de Victor Hugo’. »Cette revue, dit Charles Asselineau, dans sa Bibliographie romantique, 2ème édition, p. 265, « a été fondée par Eugène et Victor Hugo et rédigée, pour la plus grande partie, par celui-ci. Alfred de Vigny collabora à cette revue. »Cette édition originale est infiniment rare. Vicaire dans le Manuel de l’Amateur imprimé en 1895, ne cite qu’un seul exemplaire, incomplet, adjugé cependant 810 F Or à la Vente Noilly de 1886, enchère considérable pour l’époque.« Paul Lacroix avait acheté son exemplaire du Conservateur littéraire 80 fr. à une vente de la salle Silvestre ; cet ex. avec une nouvelle reliure en maroquin myrte jans. tr. dor. (Marius Michel) a été adjugé 810 fr., Noilly » Il était incomplet de la table du tome Ier. Carteret, dans Le Trésor du bibliophile imprimé en 1924, ne cite que deux exemplaires complets dont le nôtre « Claretie, 1918 , 3 vol. in-8, demi-maroquin de Champs vendu 3 055 F en 1918 » et un second exemplaire, dédicacé à Juliette Drouet, adjugé 46 000 F il y a 50 ans, en 1972, enchère alors considérable ; proche du prix obtenu cette même année 1972 par le superbe exemplaire des Œuvres de Louise Labé imprimées à Lyon en 1556 revêtu d’une reliure doublée aux écussons pour Charles Nodier (références : Bibliothèque R. Esmerian. Première partie, 6 juin 1972. Paris, n°82). Un tel exemplaire se négocierait aujourd’hui 300 000 €.Superbe exemplaire cité par Carteret dans lequel on a relié en tête deux portraits de Victor Hugo : l’un à la manière noire par Célestin Nanteuil, daté 1832, l’autre lithographié sur double page par V. Ratier, provenant des bibliothèques A. Claudin, célèbre bibliographe, enrichi de deux billets autographes qui lui furent adressés en juin 1900 par le romancier Paul Meurice (1818-1905), ami intime de Victor Hugo. Paul Meurice emprunte ces volumes à Claudin - son propre exemplaire étant prêté pour « l’exposition centenale du livre » - puis le complimente sur son « précieux exemplaire… avec sa reliure dans le goût du temps et les deux portraits… il est parfait » ; Jules Claretie (vendu 3 055 F en 1918) et P. Villeboeuf, éminent bibliophile du siècle dernier avec ex-libris.‎

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EUR35,000.00 (€35,000.00 )

‎HUGO Victor‎

Reference : 58439

(1872)

‎Actes et paroles 1870 - 1871 - 1872‎

‎Michel Lévy frères, Paris 1872, 11,5x18cm, relié.‎


‎Édition originale sur papier courant, il a été tiré 100 exemplaires sur Hollande en grands papiers. Reliure en demi chagrin rouge, dos à quatre fins nerfs sertis de pointillés dorés orné de fleurons dorés et de filets à froid, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier à la cuve, tranches mouchetées, reliure de l'époque signée de Derveaux fils. Rares rousseurs affectant principalement les marges de certains feuillets. Exceptionnel envoi autographe signé de Victor Hugo à son fils François-Victor sur la page de faux-titre: «À mon bien aimé Victor. V.» En 1872, seuls deux des cinq enfants que Victor Hugo a eus avec son épouse Adèle Foucher sont encore en vie: François-Victor, qu'il appelle simplement Victor et sur lequel il reporte son affection, et Adèle, emmurée dans la folie, qui vient d'être internée à son retour de la Barbade. Hugo note alors dans ses carnets: «Il y a tout juste un an, je partais pour Bordeaux avec Charles [son autre fils] qui n'en devait pas revenir vivant. Aujourd'hui je revois Adèle. Que de deuils!» Mais les tragédies continueront de frapper le vieil écrivain: le «bien-aimé» François-Victor succombera l'année suivante, en 1873, de la tuberculose. François-Victor Hugo est l'auteur d'une monumentale traduction des uvres complètes de William Shakespeare, la première respectueuse de la langue du dramaturge anglais: «Pour ceux qui, dans Shakespeare, veulent tout Shakespeare, cette traduction manquait», écrira avec émotion Hugo dans la préface. Agréable exemplaire enrichi d'une très émouvante dédicace de Victor Hugo à son fils. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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‎Hugo, Victor / Meurice, Paul / Vacquerie, Auguste‎

Reference : 6559

(1893)

‎Antigone - Benvenuto Cellini‎

‎Paris Calmann Lévy 1893 Paris, Calmann Lévy, 1893, 1895. 2 volumes. 132 et 68 pp. Reliures à la Bradel de l’époque signées Henry-Joseph Pierson. Pleine percaline aux motifs de floraux, dos lisses, pièces de titre, couvertures conservées. Frottements des coiffes et coins. Ensemble de deux ouvrages avec envois autographes signés à "Cosette" · Antigone Représenté pour la première fois au Théâtre Français le 21 Novembre 1893. ÉDITION ORIGINALE. ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ de Paul Meurice contre signé par Auguste Vacquerie : "à Cosette ses amis Paul Meurice Auguste Vacquerie" · Benvenuto Cellini Premier volume du théâtre de Paul Meurice, reprend la toute première pièce de l'auteur jouéepour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 1er avril 1852 sur une musiquedAdolphe De Groot. ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ de Paul Meurice : "à ma chère Cosette Paul Meurice" Les deux ouvrages portent l'exlibris manuscrit de Cécile Daubray: "Mlle Daubray, rue du Temple n°38" et furent reliés en pleine percaline au motifs floraux par Pierson. Cécile Daubray, Paul Meurice et Auguste Vacquerie : les amis de Victor Hugo Jeunes poètes admirateurs de Victor Hugo et condisciplesau collège Charlemagne (Paris 4ème), Paul Meurice et Auguste Vacquerie âgés de 18 ans, rencontrèrent l'auteur des Misérables en 1836. Les trois hommes nouèrent une intime proximité. Charles Vacquerie, frère d'Auguste, épousa au printemps 1843, Léopoldine Hugo, fille du poète. Cette union connut une fin tragique lorsque quelques semaines plus tard, le 4 septembre 1843, ils se noyèrent ensemble dans un accident de barque. En 1848, Hugo fonde le Journal L'Évènementet offre à Paul Meurice le poste de rédacteur en chef.Pendant les vingt années d'exil de Victor Hugo, Meurice se chargera des intérêts financiers et littéraires de l'écrivain proscrit. Il adapte pour le théâtreNotre-Dame de Paris, Quatrevingt-treizeet bien sûrLes Misérablesau Théâtre de la Porte Saint-Martin au printemps 1878 avec dans le rôle de Cosette, la toute jeune Cécile Daubray(1871-1954). À la mort de Victor Hugo en 1885, Meurice et Vacquerie sont nommés exécuteurs testamentaires. Meurice fonde la Maison de Victor Hugo à Paris en 1902 et s'occupe de l'agencement des recueils posthumes du poète avec l'aide deGustave Simon etde Cécile Daubray devenue sa secrétaire. Cette dernière est aussi l'auteure deVictor Hugo et ses correspondantsparu en 1946 et qui reçu lePrix Albéric Rocheron de l'Académie Française. Belle provenance. Couverture rigide‎


‎Edition originale Signé par l'auteur ‎

Phone number : 09 88 40 55 75

EUR380.00 (€380.00 )

‎[Nicétas Periaux Ponthieu ; Baudry ; Levavasseur] - ‎ ‎NICOLAS, Adolphe ; BARTHELEMY ; HUGO, Victor ; DELAVIGNE, Casimir ; LE COUPEUR, Victor-Eugène‎

Reference : 35574

(1830)

‎Chants du Siècle (par Adolphe Nicolas) [ Suivi de : ] 1830. Satire Politique (par Barthélémy)[ Suivi de : ] Discours en l'Honneur de Pierre Corneille (Delavigne) [ Suivi de : ] L'Aumône (par Victor Hugo) [ Suivi de :] Elégies (par Le Coupeur) [ Suivi de : ] Le Bal de l'Aumône (par Le Coupeur)‎

‎1 vol. in-8 reliure demi-basane marron, Chants du Siècle (par Adolphe Nicolas), Ponthieu et Cie Paris, Ponthieu, Michelsen et Ce, Leipzig, 1828, 2 ff. 194 pp. et 1 f. blanc / 1830. Satire Politique (par Barthélémy), A.-J. Dénain, Paris, 1830, 59 pp. / Discours en l'Honneur de Pierre Corneille (par Casimir Delavigne), F. Baudry, Rouen, 1829, 13 pp. et 1 f. n. ch. / L'Aumône (par Victor Hugo), Imprimé chez Nicétas Periaux, Rouen, Février 1830, 13 pp. et 1 f. blanc / Elégies (par Victor-Eugène Le Coupeur), Chez Levavasseur, Paris, Mars 1830, 2 ff., 31 pp. / Le Bal de l'Aumône (par Victor-Eugène Le Coupeur), Imprimé chez Nicétas Periaux, Rouen, Mars 1830, 9 pp ‎


‎Très intéressant et rare recueil de plaquettes romantiques proposant notamment le très rare exemplaire de l'édition originale de "l'Aumône" de Victor Hugo (publié à Rouen au bénéfice de l'association de bienfaisance de la commune de Canteleu). Toutes les autres pièces ici présentes sont également en édition originale, ainsi de "1830, Satire Politique" ou des deux rares titres publiés par Victor-Eugène Le Coupeur, à l'instar du Hugo, chez l'imprimeur rouennais Nicétas Périaux. Quant au discours de Delavigne, il a été composé à l'occasion de la Souscription ouverte par la Société libre d'Emulation de Rouen pour éléver un monument à la gloire de Corneille. Etat très satisfaisant (rel. frottée avec fentes en mors, qq. rouss.) Escoffier, 809 (Hugo) ; Nauroy, 13 (Hugo) ; Carteret, I, 400 ; Vicaire, VI, 69 (Nicolas) ; Nauroy, 110 (Barthélémy) ‎

Phone number : 09 82 20 86 11

EUR590.00 (€590.00 )

‎(Collectif) Raymond Escholier - G. Brito - Bertrant Guégan - Louis Jouvet - Heilbrun - P. Noriey - Sergent - G. Rhum - Charles Peignot - Jean Hugo - Victor Hugo - ‎

Reference : AMG04

(1935)

‎Revue Arts et métiers graphiques n°47 - Victor Hugo‎

‎Arts et métiers graphiques, dir. Charles Peignot, juin 1935. In-4 broché, couverture illustrée tirée sur les presses lithographiques de Mourlot frères, 81 p. Bien complet des 6 hors texte : "Hommage à Victor Hugo (Gil Blas, 1885), Portrait de Victor Hugo par Charles Hugo (litho. Mourlot), Hugo et la musique, Arbre généalogique de la famille Hugo par Jean Hugo (litho. Mourlot), Quelques pages d'un livre de Auguste Vacquerie, Hugo sur son lit de mort, par Nadar. Accroc à la coiffe supérieure, quelques frottements aux angles, oales rousseurs sur les contreplats, intérieur bon. On joint le carton d'invitation pour l'exposition Victor Hugo qui s'est tenue à la bibliothèque nationale, pour le cinquantenaire de la mort de Victor Hugo. ‎


‎Lettre suivie France métropolitaine; 6,80 euros‎

L'Autre Sommeil - Bécherel

Phone number : 09 52 85 88 12

EUR40.00 (€40.00 )

‎[HUGO Victor].‎

Reference : 2678

‎Victor Hugo.‎

‎"Supplément illustré des Annales", 31 mai 1885. Un feuillet plié formant 4 pages in-4°. Bon état (légère usure à la pliure centrale).‎


‎Livraison entièrement consacrée à Victor Hugo. En 1ère page : portrait de Victor Hugo, d'après le tableau de Bonnat. La famille de Victor Hugo (4 gravures). Les résidences de Victor Hugo (4 gravures). 2 dessins originaux de Victor Hugo.‎

Phone number : 06.10.17.78.84

EUR12.00 (€12.00 )

‎HUGO Victor‎

Reference : 56714

(1835)

‎Les chants du crépuscule‎

‎Eugène Renduel, Paris 1835, 14x21,5cm, relié.‎


‎Édition originale. Reliure en demi cuir rouge de Russie à coins, dos à quatre nerfs orné de filets et de doubles caissons dorés, date en queue dans un cartouche, contreplats et gardes de papier à la cuve, rares couvertures et dos conservés, tête dorée sur témoins, reliure signée de Bernasconi. Le feuillet de nomenclature des uvres de Victor Hugo est bien présent. Quelques traces de pliure sur certains feuillets. Un précieux poème autographe de Victor Hugo intitulé «La pauvre fleur disait au papillon céleste», sur deux feuillets repliés, a été monté sur onglet en regard de la version définitive adoptée par l'auteur et imprimée page 223 du recueil. Il s'agit d'une première version, composée de quatre quatrains. Ces vers seront repris avec quelques variantes par Hugo dans la version définitive, augmentée toutefois de quatre nouveaux quatrains. Ce poème a été composé par Hugo pour sa maîtresse Juliette Drouet, rencontrée deux ans auparavant. Il symbolise la nature de leur relation - le poète pris dans sa vie conjugale et littéraire, la jeune femme condamnée à l'attendre -, et aura une grande importance dans leur imaginaire commun: Juliette Drouet citera fréquemment le vers «Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre / À mes pieds!» dans ses lettres d'amour à Victor Hugo. On retrouve également le double motif de la fleur et du papillon aux côtés de leurs initiales entrelacées, dans le décor peint du salon chinois provenant de Hauteville Fairy, résidence de Juliette Drouet à Guernesey, décor conçu par l'écrivain lui-même et aujourd'hui conservé à la Maison Victor Hugo à Paris. Bel exemplaire non rogné, établi dans une charmante reliure signée, enrichi d'un très rare poème autographe de Victor Hugo écrit pour Juliette Drouet. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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‎HUGO Victor‎

Reference : 64251

(1872)

‎L'année terrible‎

‎Michel Lévy frères, Paris 1872, 15,5x23cm, broché.‎


‎Edition originale sur papier courant. Petits manques parfois comblés et restaurés en marges des plats. Envoi autographe signé de Victor Hugo : "Aux pieds de madame d'Alton-Shée." Précieux exemplaire de présent dans sa condition d'origine. Victor Hugo n'est pas avare de compliments envers les femmes, mais l'expression «aux pieds de Ma Dame» est réservée aux premiers exemplaires offerts à chaque parution à Juliette Drouet. «Aux pieds de Madame», en un seul mot, hommage en apparence plus sobre, est en réalité toujours adressé à des femmes dont le poète est épris comme, par exemple, Léonie d'Aunet, pour laquelle il enrichit ses exemplaires de la même dédicace intime. C'est pourtant ici à une femme mariée, de trente ans sa cadette, que l'écrivain dédicace ce recueil de poèmes sur la guerre de 1871. Son mari, le Comte Edmond d'Alton-Shee, est d'ailleurs un ami de longue date de Victor Hugo, pair de France comme lui et partageant les mêmes combats démocratiques. Ils tentèrent justement tous deux de prévenir la catastrophe de 1871, comme en témoigne cette lettre que lui adresse Hugo, le 2 aout 1870: «Je suis absolument d'accord avec vous. Il faudra saisir le joint. À un moment donné, la civilisation, ayant pour verbe la révolution, doit mettre le holà. Je désire le Rhin pour la France, (...) Mais rien par Bonaparte ! rien par cette affreuse guerre ! Nous sommes d'accord.». Ce n'est pourtant pas à ce frère d'arme et de plume que Victor Hugo offre cet exemplaire mais à son épouse, la jeune Valentine, dont la grande beauté fut immortalisée par un autre ami de la famille, le peintre Paul Chenavard qui fut également son amant. C'est en septembre 1872, au moment de la parution de l'Année terrible, que le cur du poète vieillissant cède aux attraits de la trop séduisante épouse dont le mari, à présent presque aveugle, ne peut sans doute plus apprécier les charmes. Le couple rend en effet visite à Victor Hugo à Guernesey et logent dans un hôtel «en face de Hauteville-House(...) où [ils] ont deux chambres pour 20 francs par semaine.» «Ils sont chez moi toute la journée, déjeunent et dînent chez moi, et n'ont que la rue à enjamber.» (lettre à Judith Mendès, 10 septembre1872) Cette proximité avec l'envoûtante dame inspire à Hugo un long poème nostalgique qu'il compose le 5 septembre mais qu'il ne publiera que onze ans plus tard, après la mort d'Edmond, dans Toute la Lyre. Il faut lire entre les lignes de son poème «A Madame d'A-sh.» pour deviner les relations qu'entretint alors le poète avec cette muse: « ... Noble femme aux vaincus fidèle, votre sourire frais et beau, quand il luit sur moi, me rappelle cette aurore sur ce tombeau» Cependant, l'intime dédicace manuscrite dont il l'honore sur son recueil de poèmes témoigne d'une passion qui ne s'atténuera pas avec le temps puisqu'après son retour en France c'est avec le même feu qu'il l'invite à lui rendre visite : «Avez-vous trouvé mon nom, à votre porte, madame ? Mon nom venait se jeter à vos pieds, et vous demander une grâce. Soyez assez bonne pour venir dîner (...) je serai bien heureux de me mettre à vos pieds» (lettre à Valentine D'Alton-shee, 1er aout 1873) Exceptionnelle dédicace manuscrite et secrète déclaration d'un poète amoureux de la beauté des femmes. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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EUR4,500.00 (€4,500.00 )

‎Hugo, Victor.‎

Reference : LCI-2002

(1862)

‎Notre-Dame de Paris‎

‎ 1862 1862 Paris, Librairie de L.Hachette & Cie 1862 2 in 12 Reliure demi basane dos à nerfs 280-319 [pp] (Notre-Dame de Paris - 1482,paru chez Gosselin, 1831).Incipit "L'homme qui a écrit ce mot sur le mur s'est effacé, il y a plusieurs siècles au milieu des générations, le mot s'est à son tour effacédu mur de l'église, l'église elle-même s'effacera bientôt peut-être de la terrec'estsur ce mot qu'on a fait le livre" Victor Hugo Mars 1832.‎


‎"Même s'il l'écrit en six mois, il passe trois ans à étudier et à rassembler tous les documents dont il avait besoin pour son roman. C'est dire le soin historique qu'il y met. Le roman fait revivre le Paris de Louis XI (ce Paris dont il nous retrace les grandes lignes du haut des tours de Notre-Dame, dans un long chapitre intitulé Paris à vol d'oiseau qui se termine par l'évocation d'un gigantesque opéra orchestré par le carillonnement des cloches de toutes les églises de Paris), dans un décor où l'imaginaire et le fantastique occupent une place centrale. L'archidiacre Claude Frollo est féru d'alchimie, et il tombe amoureux de la belle bohémienne Esméralda, et dont Quasimodo, le carillonneur de Notre-Dame - un nain difforme -, est aussi amoureux. Quant à Esméralda, elle rêve d'épouser Phoebus, le beau capitaine des archers de l'ordonnance du roi. Le livre eut un grand succès à son époque, même si l'on critiqua son aspect peu catholique. Cette histoire d'un prêtre féru d'alchimie et dévoré de désir pour une bohémienne ne pouvait pas être du goût de l'Église romaine qui mit le livre à l'Index, en juillet 1834. Comment en pouvait-il être autrement, puisque son auteur était pour une religion sans prêtres Notre-Dame de Paris raconte la lutte contre la fatalité (qu'il traduit par le mot grec Ananké dans le roman). Fatalité et non Providence, comme lui reprocheront de nombreux catholiques. Victor Hugo en expliquera le sens en mars 1866, dans la préface des Travailleurs de la mer : Une triple ananké pèse sur nous, l'ananké des dogmes, l'ananké des lois, l'ananké des choses. Dans Notre-Dame de Paris, l'auteur a dénoncé la première; dans Les Misérables, il a signalé la deuxième; dans ce livre, il indique la troisième. A ces trois fatalités qui enveloppent l'homme se mêle la fatalité intérieure, l'ananké suprême, le cur humain. On voit ici, le lien qui unit les trois grands romans de Victor Hugo. Celui-ci reviendra dessus dans une correspondance au journaliste Durandeau : Toutes les fois que la nécessité empiète sur la liberté et l'opprime, elle s'appelle fatalité. Le poète dénonce cet abus de l'inconnu. C'est ce que je fais dans Notre-Dame de Paris, dans Les Misérables, dans Les Travailleurs de la mer. (11 juillet 1867). D'ailleurs dans la préface de Notre-Dame de Paris, Hugo signale que c'est sur ce mot d'Ananké qui se trouvait gravé sur le mur d'une des tours de la cathédrale et qui aurait disparue (mais a-t-elle vraiment existé ?), qu'il a écrit le livre." Patrick Maunand Bon, pages avec rousseurs et taches mais exemplaire agréable, reliure en bon état pour son âge malgré un dos insolé. Frais de port inclus vers France métropole au tarif normal, délai d'acheminement sous 72h, pour les commandes > à 80 euros et poids < 1kg. Disponibilité sous réserve de vente en Boutique. Frais de port inclus vers France métropole au tarif normal, délai d'acheminement sous 72h, pour les commandes > à 80 euros et poids < 1kg. Disponibilité sous réserve de vente en Boutique. Disponibilité sous réserve de vente en boutique, prix valable frais de port inclus pour commande > 90 € et poids < 1 Kg‎

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EUR65.00 (€65.00 )

‎Hugo Victor‎

Reference : R160221449

(1881)

‎Les quatre vents de l'esprit - Tome premier : le livre satirique, le livre dramatique - Avec la dédicace de Victor Hugo à Monsieur Léon Richer.‎

‎"J.Hetzel - A.Quantin. 1881. In-8. Broché. Etat d'usage, Livré sans Couverture, Dos abîmé, Quelques rousseurs. 335 pages - dédicace de Victor Hugo sur la page de faux titre ""A Léon Richer, Victor Hugo"" (photo disponible) - plats du livre désolidarisés - dos fendu avec des manque, ouvrage désolidarisé - coiffes abîmées - quelques rousseurs sur les pages ne gênant pas la lecture.. . . . Classification Dewey : 97.2-Dédicace, envoi"‎


‎"dédicace de Victor Hugo sur la page de faux titre ""A Léon Richer, Victor Hugo"" - Léon Richer : né le 19 mars 1824 à l'Aigle et mort le 15 juin 1911 à Paris, est un journaliste libre-penseur et féministe français. Hubertine Auclert le considérait comme le père du féminisme et Simone de Beauvoir comme son véritable fondateur. Victor Hugo : est un poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris. Il est considéré comme l'un des plus importants écrivains de la langue française. Classification Dewey : 97.2-Dédicace, envoi"‎

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‎HUGO, Victor‎

Reference : 9746

(1818)

‎Académie des jeux floraux. 1818. 1819. 1820. 1821.‎

‎Toulouse, M.J. Dalles, 1818. 1819. 1820. 1821. 1 vol. in-8. Demi-veau brun moderne, dos lisse, filet doré et médaillon encadrant le titre, tête dorée. 12pp, XVIpp, 77pp ; Titre, LXXIIpp, 93pp, [4]pp ; 10pp, XXXIXpp, 53pp, [3]pp ; Faux-titre, titre, 8pp, LXXVIpp, 74PP, [2]pp. ‎


‎les débuts poétiques de Victor HugoPrécieuse réunion des quatre premières années auxquelles le jeune Victor Hugo a participé. Il s’agit des éditions originales des premiers poèmes de Victor Hugo.L’Académie de Toulouse, l’une des plus anciennes sociétés littéraires d’Europe, organisait un concours de poésie et décernait des prix. Victor Hugo, alors âgé de 18 ans, soumet quatre poèmes en 1818 puis trois en 1819. Trois autres suivront en 1820, un en 1821 et un en 1822. Après une amarante d’or pour son ode Les Vierges de Verdun lors de sa première participation, Victor Hugo, en course, sans le savoir, avec Lamartine, obtient un lys d’or, la plus haute distinction, pour Le Rétablissement de la statue de Henri IV. La suprême récompense du Lys d’or n’avait été décernée qu’une seule fois avant lui, en 1776. Depuis, elle n’a jamais été à nouveau distribuée. Sont publiés également Les Derniers bardes, poëme, en 1819, Moïse sur le Nil, Ode, qui a obtenu une amarante réservée, Le jeune banni - Raymond à Emma, Héroïde, en 1820, et Quiberon, Ode, en 1821.Il est nommé Maître ès Jeux floraux, aux côtés desquarante académiciens que comptait la prestigieuseinstitution, fondée en 1323. Victor Hugo parvint ainsi à convaincre son père du sérieux de sa vocation littéraire contrariée par des études de droit entreprises sans enthousiasme.Escoffier, Le Mouvement romantique, n° 278 : « Cerecueil est très rare ».Exemplaire grand de marges.Mouillures touchant la moitié de la page, des pagesXXVII à LXIV de l’année 1821. Taches aux troisderniers feuillets. ‎

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