Scénario de film, inédit : une traversée de l'Atlantique... en bateau ! S.l.n.d. [circa 1940]. 12 pages en 13 f. (210 x 270 mm) à l'encre noire, chiffrés à la mine de plomb et d'une autre main ; plis de papier d'envoi postal. Scénario de film, inédit, parmi sept projets connus, dont seulement trois sont autographes.
En habitué des salles obscures, Saint-Exupéry fut, comme tous les jeunes gens de sa génération, un amoureux du cinéma. Ses velléités de scénariste se manifestent entre 1931 et 1936, période pendant laquelle il écrit sept projets et participe à l'adaptation pour le cinéma de certains de ses livres. On peut rapprocher ce scénario d'un passage de sa Lettre à un otage : le recueil débute précisément par l'évocation de sa traversée vers les États-Unis depuis le Portugal, en décembre 1940, où il décrit les joueurs de roulette et de baccara, pour la plupart des réfugiés en partance. Lauren Bacall et Humprey Bogart auraient pu être convoqués ! Huit heures à vivre raconte une histoire aux antipodes de l'univers romanesque du Petit Prince : un monde sombre et peuplé de truands, d'escrocs et de prostituées qui débute dans les bas-fonds de la ville de Rio pour se poursuivre dans les soutes d'un paquebot frappé par une épidémie de peste. Le bateau atteindra finalement Lisbonne avec à son bord 1 500 émigrés, dont beaucoup de malades. Cinq terroristes, à bord du navire, vont profiter du désarroi et de la panique du capitaine pour commettre les pire méfaits. Ce scénario s'inspire de celui d'Igor, un script confié à Pierre Billon à l'été 1940, à Nice, juste avant le départ de l'écrivain pour les États-Unis : « Ceci est pour vous. C'est un sujet de film. Si je reviens nous y travaillerons ensemble, sinon vous le réaliserez tout seul. » Il ajouta en souriant : « Ne l'égarez pas. C'est l'unique exemplaire... et je l'ai tapé moi-même ! » Présenté à l'exposition Antoine de Saint-Exupéry aux Archives nationales de novembre 1984 (n° 450), ce dactylogramme est composé de vingt feuillets avec quelques corrections manuscrites. Christian Janicot, dans sa préface à l'Anthologie du cinéma invisible, souligne combien l'univers d'Igor est éloigné du registre habituel de Saint-Exupéry, ainsi que le résume Pierre Billon : « L'essentiel de cette histoire n'est pas la révolution. C'est, avant tout, le drame qui se passe à bord d'un vieux paquebot à vapeur qui, partant d'Amérique du Sud, regagne un pays d'Europe. Au cours de la traversée deux hommes sacrifient leur vie pour qu'un troisième arrive et puisse accomplir sa mission qui est de diriger le soulèvement qui délivrera son pays d'un régime d'oppression. » Pour Igor, il n'existe aucun manuscrit. Huit heures à vivre, qui en constitue une version remaniée et plus littéraire, à vraisemblablement été composé aux Etats-Unis, dans le deuxième semestre de l'année 1940. À bord du paquebot, une exploratrice amoureuse suicidaire malade de la peste, son amant malade également, des terroristes auteurs d'un attentat, dont un certain Felicio, arrêté par la police du pays et qui refuse de livrer ses complices en fuites, qui se fondent dans la foule des autres voyageurs. L'exploratrice craint elle de perdre son amant et lui apprend qu'elle a la peste ; elle se suicide. S'ensuit un long passage sur la question du suicide comme devoir : « - N'est-ce pas, docteur ?, le suicide est une lâcheté. Un suicide par une femme c'est même violent. Est-il responsable de cette mort ? Non bien sûr ! Il n'est responsable de rien. Le suicide ne se comprend... que... que par exemple s'il sauve des compagnons. Alors oui. Que s'il défend une cause. Alors il est même non seulement excusable, mais je dirais même un devoir.» Tiendra-t-elle les dernières heures de la traversée pour survivre ? Saint-Exupéry en donnera une réécriture, sous la forme d'un manuscrit non titré reprenant l'intrigue mais cette fois-ci depuis l'Afrique ; il avait été présenté en 2011 chez Artcurial (9 mai 2011, section Saint-Exupéry, n° 269). L'écrivain produira par ailleurs un dernier scénario - un film sur la Résistance -, en 1941. En 1935, il avait donné écrit le scénario d'Anne-Marie, l'histoire d'une jeune femme ingénieur qui rêve d'apprendre à voler et gravite dans un groupe de camarades pilotes, tous amoureux d'elle. Raymond Bernard réalise le film la même année, Annabella incarnant le rôle titre, archétype de la femme moderne et séduisante, aviatrice et aventureuse. C'est le seul scénario original qui sera porté à l'écran. Vol de nuit, sorti un an plus tôt, mais auquel Saint-Exupery n'a participé en rien, a été un grand succès qui le persuade d'adapter Courrier Sud, auquel il songeait depuis 1931. Son scénario est prêt en 1936, pour lequel une toute jeune débutante, Françoise Giroud, l'assiste ; il est communiqué au réalisateur Pierre Billon. Deux producteurs sont trouvés : André Aron et son associé l'aviateur Édouard Corniglion-Molinier, ami et compagnon d'aventures de Malraux. Le tournage a lieu à la fin de l'année 1936 à Mogador (aujourd'hui Essaouira), au Maroc. Le film sort sur les écrans en 1937. Pour Anne-Marie et l'adaptation de Courrier Sud, on ne connaît que des tapuscrits corrigés et aucun manuscrits ni même brouillons autographes. Citons également le projet inachevé d'un film, inspiré par le raid manqué Paris-Saigon du 31 décembre 1935 qui se termina, après un atterrissage forcé en plein désert, par un sauvetage grâce à une tribu de nomades. Le projet avait été rédigé sous forme d'un dactylogramme de quinze feuillets, présentés à l'exposition Antoine de Saint-Exupéry aux Archives nationales en novembre 1984 (n° 448), ainsi que Sonia, un synopsis sur un dactylogramme de neuf pages, offert à Raymond Bernard, le réalisateur d'Anne-Marie. Ce synopsis contient un élément qui servira, transformé, pour Huit heures à vivre : y figure le personnage d'une danseuse espagnole pestiférée, laquelle contamine le navire et entame la traversée de l'Atlantique. Vente Antoine de Saint-Exupéry, (Artcurial, 2012, n° 146) ; Histoire postale, héros de l'aviation (Artcurial, 2018, n° 96) ; Paule Bounin, L'oeuvre cinématographique de Saint-Exupéry. Études littéraires, 2001, p. 113-124 ; Christian Janicot, Anthologie du cinéma invisible, 1995.
Manuscrit autographe complet. Avec une lettre et l'édition originale à Pierre Salviac, à l'initiative de l'ouvrage S.l., [1976-1977] et Paris, Mazarine, (26 avril) 1979. 114 f. sur papier quadrillé et 1 vol. (140 x 225 mm) de 112 p. et [3] f. Broché, sous couverture illustrée. L'ensemble est conservé dans un emboîtage signé de Julie Nadot. Manuscrit autographe signé. Il est complété par l’exemplaire du texte en édition originale, dédicacé par Blondin. Envoi signé : « Pour toi, Pierre [Salviac], sans qui ce livre n’existerait pas, en amitié, Antoine Blondin », enrichi d’une lettre autographe signée au même - 1 p. en 1 f. (130 x 210 mm) encre noire.
Merveilleux manuscrit, complet, du premier texte d'importance que Blondin consacre à sa passion cycliste, lui qui oeuvre alors depuis de longues années au journal L'Équipe comme chroniqueur. C'est à la demande et sous la direction de Pierre Salviac qu'un ouvrage intitulé Joies de la bicyclette doit voir le jour en 1977. Ce dernier est, depuis son arrivée à l'ORTF en 1964 puis à France Inter, grand reporter, jusqu'en 1976 où il est recruté par Antenne 2 comme journaliste sportif, comme adjoint de Robert Chapatte, chef du service des sports. Il couvre alors divers sports pour la jeune émission « Stade 2 » - créée en décembre 1975 - en particulier le cyclisme et le Tour de France. C'est dans ce contexte que les éditions Hachette, qui souhaitent enrichir leur collection des « Joies de... », font appel à lui. Salviac demande alors plusieurs textes aux spécialistes du genre de l'époque (Jean-Paul Ollivier, Dominique Grimault, l'historien Raymond Huttier), ainsi qu'une préface à Robert Chapatte pour agrémenter le texte principal : une contribution d'Antoine Blondin. Le texte paraîtra en édition séparée deux ans plus tard, constituant la première oeuvre « sportive » de Blondin éditée : l'exemplaire de l'édition originale est joint, dédicacé à Pierre Salviac, « sans qui ce livre n'existerait pas, en amitié », par Antoine Blondin. Dans sa lettre, Blondin donne son accord et demande quelques précisions quant au texte attendu de lui : « j'aimerais avoir quelques précisions sur le contenu que tu souhaites y trouver, en tant que maître d'oeuvre : faut-il traiter de l'histoire du Tour : sa naissance, ses vicissitudes, ses transformations ? Toutes choses très emmerdantes dans le cadre d'un ouvrage placé sous le signe des ‘joies de...'. Ou bien, puis-je me cantonner dans le récit, à la signification athlétique et sociologique de cette haute fresque ? Éclaire-moi ». L'auteur d'Un singe en hiver avait suivi vingt-huit Grandes Boucles ; en dehors d'être lassé par la pintade servie chaque soir au dîner (« si ce volatile doit faire le Tour avec nous, qu'on lui mette un dossard ! »), le chroniqueur glorifie une « épreuve de surface qui plonge des racines dans les grandes profondeurs » et, telle « l'Iliade et l'Odyssée » de la Grande Boucle, divinise ses héros, de Coppi à Gimondi, d'Anquetil à Merckx, célébrant leurs victoires sur le champ de bataille et applaudissant aux « fêtes champêtres » que la caravane inspire dans chaque bourgade. Il en appelle à Saint-Exupéry et Victor Hugo, et jusqu'à la comtesse de Noailles : « L'important n'est pas d'être sage, c'est d'aller au-devant des dieux ». Comme le rappelait Jérôme Garcin à l'occasion de la réédition en 2016 du volume, « Blondin, qui pratiquait en orfèvre le calembour buissonnier et la digression vagabonde, aimait à dire qu'il avait plus d'un Tour dans son sac. Videz-le, c'est bonheur. In velo veritas. » (Le Nouvel observateur, 30 juin 2016). Blondin donnera ensuite Le Tour de France en quatre et vingt jours en 1984, avant la reprise de toutes ses chroniques publiées dans L'Équipe, rassemblées dans L'Ironie du sport en 1988.
Exemplaire Joseph-Henry Rosny, avec envoi, sur pur fil. Paris, Gallimard, (30 avril) 1929. 1 vol. (120 x 185 mm) de 227 p. et [2] f. Broché, chemise et étui (Devauchelle). Édition originale. Un des 697 exemplaires sur vélin pur fil (n° 321). Envoi signé : «À monsieur Rosny aîné. En hommage respectueux, Antoine de Saint-Exupéry».
Très bel exemplaire dédicacé par Antoine de Saint-Exupéry à J.-H. Rosny aîné : une dédicace parlante, et de circonstance pour le jeune romancier - rappelons que c'est son premier livre - qu'il adresse au président du plus prestigieux prix littéraire : celui décerné par l'académie Goncourt. L'ouvrage ne sera pas retenu dans la liste finale du prix (qui sera décerné à L'Ordre de Marcel Arland) ; Vol de nuit sera, deux ans plus tard, un peu mieux envisagé, puisqu'il parviendra jusqu'à la sélection finale. Il obtiendra la prix Femina. Pseudonyme de Joseph Henri Honoré Boex, J.-H. Rosny l'ainé est né le 17 février 1856 à Bruxelles. C'est l'un des grands fondateurs de la science-fiction moderne, avant les ouvrages de Wells : il est également l'auteur, avec son frère, du célèbre roman La Guerre du feu, en 1909. Les frères Boex seront sont tous deux, selon la volonté d'Edmond de Goncourt, nommés pour siéger à l'Académie homonyme, dont Rosny l'aîné occupe la présidence de 1926 à sa mort, en 1940 ; son frère l'y succédera. C'est vers 1925 que Saint-Exupéry rencontre, dans le salon parisien de sa cousine Yvonne de Lestrange, la fine fleur des éditions Gallimard : Gaston Gallimard, Jean Schlumberger et André Gide. Ces rencontres vont jouer un rôle fondamental dans son entrée en littérature. Gide poussera le jeune homme, qui vient d'échouer à l'Ecole navale et suit un stage de perfectionnement à l'école de navigation aérienne de Brest, à écrire. Engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (la future Aéropostale), il transporte le courrier à destination de l'Amérique du Sud depuis Toulouse via l'Espagne, le Maroc, la Mauritanie jusqu'à Dakar, où ce courrier embarque sur un bateau pour l'autre continent. C'est d'après ses souvenirs et ses mémos qu'il rédige Courrier Sud : le roman relate les notes du pilote Jacques Bernis à travers ses lettres envoyées entre ses vols en Espagne, au Maroc, en Mauritanie ou à Dakar. Saint-Exupéry en lira des passages à son cousin Honoré Estiennes d'Orves, son futur lecteur attitré. L'ouvrage est accepté par Gaston Gallimard. Premier livre, premier chef-d'oeuvre : « Un ciel pur comme de l'eau baignait les étoiles et les révélait. Puis c'était la nuit ». La poésie se mêle, sans cesse, à la réalité et celle des hommes : l'Aéropostale des débuts, c'est un quatuor d'amitiés fortes et de pilotes intrépides, les mousquetaires que sont Jean Mermoz, Henri Guillaumet, Antoine de Saint-Exupéry et Marcel Reine.
Edition originale. Envoi signé au juré Goncourt, Paul Neveux. Paris, Gallimard, (30 mai) 1931. 1 vol. (120 x 185 mm) de 181 p., [1] et 1 f. Broché, sous chemise et étui (Devauchelle). Édition originale. Préface d'André Gide. Un des 647 exemplaires sur pur fil, (n° 605). Envoi signé : « Pour monsieur Pol Neveux. En hommage respectueux. Antoine de Saint-Exupéry ».
En 1929, devenu directeur de l'exploitation de la compagnie « Aeroposta Argentina », Antoine de Saint-Exupéry a pour mission d'ouvrir une ligne vers la Patagonie et la Terre de Feu, quelque 2500 kilomètres au sud de Buenos Aires. Deux ans après Courrier Sud, il livre ici un chef-d'oeuvre et la confirmation d'un talent littéraire, porté par un humanisme, une passion pour les terres éloignées et pour les hommes qui les explorent et les habitent. Et un succès littéraire : l'ouvrage, préfacé par André Gide, reçoit les faveurs du public, et, du côté de la rue Sébastien-Bottin, on rêve d'un prix littéraire. Dès septembre, Vol de nuit est sélectionné dans la liste finale du Goncourt, en concurrence avec Philippe Hériat pour L'Innocent et Jacques Chardonne pour Claire. Las ! Victime de son succès, le roman remporte le 4 décembre le Femina, un prix créé en 1904 par vingt-deux femmes en contestation du Goncourt. Les membres de la prestigieuse Académie, sans doute mécontents de voir l'herbe coupée sous leurs pieds, donnent alors leurs voix à Jean Fayard pour Mal d'amour, un roman chargé jusqu'au trop plein de clichés sur les femmes. Un retour aux envoyeuses sans doute, mais tout à l'honneur de ces dames : Saint-Exupéry s'en émeut avec sincérité et avoue avoir « été aussi surpris que touché de voir mon livre aussi bien couronné par des femmes ». Sa surprise vient du fait que ces dernières lui « semblaient presque étrangères » à son roman : « L'homme qui s'habille la nuit pour prendre, dans le ciel, à l'avant d'un avion postal, son tour de garde semble se détacher déjà de sa maison, [...] et considérer comme un jeu, un loisir, l'exercice du bonheur. Le plaisir d'un vol de nuit est si violent, que déjà à la fenêtre, en suivant son vol on prend une âme de chasseur et j'ai vu bien des camarades, des hommes sains et rudes, ne plus souffrir aucune comparaison entre l'amour et le métier, comme si enfin ils allaient s'occuper de choses solides, graves, réelles, et quitter leur femme sans regret apparent, et même un peu dédaigneusement, avec un orgueil naïf de leur part. [...]. Je voudrais vous parler du bonheur. Je voudrais vous faire comprendre combien ce rôle est grand. Et j'imagine que c'est un peu le vôtre puisque nous recevons en récompense de vous des vertus humaines, des patiences de garde malade, des dévouements de soeurs aînées. Enfin les vertus humaines qui rechargent le coeur et prennent dans la maison le fragile visage du bonheur. » Le Femina suscita des jalousies et des inimitiés, qui s'exprimèrent avec violence dans la presse, pourtant si favorable au moment de la publication du livre, six mois plus tôt. On reproche à l'auteur son mysticisme et un style précieux et compassé ; mis à part l'amitié de quelques héros de l'air (Mermoz est un des premiers à le féliciter pour son prix), Saint-Exupéry est contesté avec la même irritation dans les milieux de l'aviation : se rappelant ses étourderies et erreurs de pilotages, ses camarades pilotes s'offusquent de constater que l'auteur est devenu le plus réputé aviateur de France non pas pour des exploits professionnels mais porté par une gloire littéraire qui lui confère un aura immérité à leur sentiment. Le public n'aura cure de ces piques vénéneuses. Vol de nuit se vend à plus de 150 000 exemplaires et Jacques Guerlain, en hommage, sort un parfum du même nom. Aux États-Unis, le livre - immédiatement traduit [Night Flight] - est un best-seller et est élu dans la sélection du Book of the Month Club. Enfin, Vol de nuit est l'un des premiers romans à être réédité en format de poche en 1953, dans la collection Le Livre de poche, où il porte le n° 3 (après Koenigsmark et Les Clés du royaume). Précieux exemplaire dédicacé par l'auteur à Pol Neveux, l'un des dix membres de l'Académie Goncourt, où il a été élu en 1924, au deuxième couvert (celui de Huysmans, Renard, Guitry et, depuis 2016, Eric-Emmanuel Schmitt). Un envoi qui annonce la rentrée littéraire de septembre et la bataille pour le prix.
Paris, La Table Ronde, (mars) 1999. 1 vol. (160 x 230 mm) de 403 p., [1] et 1 f. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 60 premiers exemplaires sur Rives, celui-ci hors commerce (n° VIII).
En écho à son premier livre, L'Europe buissonière, La Semaine buissonnière est le titre de la chronique hebdomadaire tenue par Antoine Blondin dans le journal L'Équipe à partir de 1954 : le recueil présente ainsi (sur les quatre-vingt-dix présentés) soixante et onze articles qui n'avaient jamais été édités, où Blondin use d'une liberté de ton et de style qui en justifie la publication. On est saisi par l'ahurissante liberté de ton d'un auteur qui passe de la prose aux vers, du reportage à la fiction tout en évoquant Verlaine ou Paul Morand et Marcel Aymé, ses modèles littéraires. Avec un humour décapant, teinté d'autodérision : « L'incompétence, voilà mon privilège ! Accordez-moi pourtant qu'elle n'exclut ni l'intérêt ni la ferveur... » dit-il, renouant ainsi avec ces temps héroïques du reportage où les journalistes étaient contraints à l'exploit littéraire. Incompétent peut-être, mais passionné, avec l'assurance du pionnier qui se lance à l'assaut de nos mythologies sportives modernes : le Tour de France bien sûr, mais aussi les Jeux Olympiques, le football, le rugby, où tout est aussi prétexte à parler de géographie, d'amitié et de littérature. Outre l'abondance de jeux de mots fulgurants (« On aime d'abord l'ovale pour sa rondeur », « C'est à la tombée de la nuit que l'on a vu le football français sous son meilleur jour »), Blondin s'amuse, divertit mais ce qui frappe plus encore, c'est la justesse de son analyse : cette Semaine buissonnière améliore l'ordinaire journalistique et pousse l'exercice dans les bras de l'art et du sublime : « aujourd'hui encore, il reste l'incontestable référence du papier de haute voltige, capable de concilier information, pertinence et jubilation (...) Entre deux impertinences, il évoque la nécessité pour la France de se doter d'une arène digne de ce nom si cette dernière souhaite nourrir quelques espoirs de conquête ; puis, assistant à la première finale de Coupe d'Europe des clubs champions, il pressent « La Naissance d'une tradition ». Ceux qui connaissent plus parfaite introduction à la culture sportive sont priés de lever le doigt » (Jean-Philippe Bernard, Le Vestiaire, Antoine Blondin, Le Temps, juillet 1999).
Précieux exemplaire nominatif de tête avec envoi. New York, Éditions de la Maison française, [1942]. 1 vol. (185 x 230 mm) de 253 p. Demi-maroquin bleu nuit à bandes, titre doré, tête dorée, couverture et dos conservés, étui bordé (reliure signé d'A.[lain] Lobstein). Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur Strathmore (après un exemplaire unique réservé a l’auteur). Celui-ci est nominatif pour Madame la Comtesse de Montgomery avec un envoi signé : « avec toute ma profonde amitié, Antoine Saint-Exupéry ».
« Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu - comme à une masse d'individus - la liberté de l'homme. » Avant de reprendre ce combat où il laissera sa vie, démobilisé après la « drôle de guerre », Saint-Exupéry se réfugie aux États-Unis, et c'est à New York qu'il écrit ces lignes. Cette édition, parue en février 1942, est également la première intégrale puisqu'y figurent (p. 34) les sept mots d'une phrase où l'auteur traite collectivement « d'imbéciles » son ordonnance, un ponte de l'état-major et Hitler « qui a déclenché cette guerre démente » et dont la censure en France exigera la suppression dans l'édition Gallimard de décembre 1942. Le texte paraît en pré-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, puis en volume le mois suivant : l'oeuvre sera en tête des best-sellers pendant six mois : « ce livre est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre de 1939 » écrit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Temps nouveaux le 8 janvier 1943. Précieux exemplaire de tête offert à la Comtesse de Montgomery : née à Paris en 1899, Madeleine de Montgomery passe son enfance au château de Fervaques, acquis en 1831 par son arrière-grand-père, le marquis de Portes. Elle tient à partir de 1930, dans son somptueux appartement du 77 avenue de Malakoff, un salon très prisé. Jeune, élégante et influente, sa beauté et sa personnalité font de ses réceptions l'un des lieux des plus populaires de Paris et le monde littéraire s'y presse : éditeurs, patrons de presse et écrivains. Kessel, Cocteau, Malraux et Colette en sont des habitués, comme Saint-Exupéry qui s'y rend à plusieurs reprises, d'autant que la jeune femme est passionnée d'aviation et possède son propre aéronef, un Morane-Saulnier avec lequel elle est représentée sur une photographie publiée à la une du Figaro en mai 1935. Maîtresse du patron de presse Jean Prouvost, elle deviendra directrice du journal Marie-Claire, que son amant lance en 1937. Pendant, la guerre elle agit comme une véritable héroïne de la Résistance, se réfugiant en Normandie où elle fonde un Centre maternel et infantile dans son manoir pour accueillir de nombreux enfants de mobilisés ; elle deviendra ensuite directrice des sections féminines et sanitaires de la Mission française auprès de la Croix-Rouge aux États-Unis en 1943. C'est probablement pendant ce séjour à New York qu'elle peut rencontrer à nouveau Saint-Exupéry : des retrouvailles suffisamment importantes pour qu'il lui réserve un exemplaire nominatif de son livre. Elle reprendra son salon après-guerre et sera plusieurs fois citée dans le journal de Pierre Lazareff, qui la voit en « Diane chasseresse aux attaches fines et nerveuses, avec ses cheveux cendrés, ses yeux d'aigue-marine et ses longues mains fines qui accentuaient chacune de ses phrases comme autant de point d'exclamation, elle inspirait par sa seule présence d'interminables tournois d'idées et d'éloquence ». C'est également pendant cette mission à New York qu'elle rencontre celui qui allait, en 1946, devenir son époux : le général Antoine Béthouart, Compagnon de la Libération et figure de proue du commandement militaire français libre pendant la Seconde Guerre mondiale. Celui-là même qui, promu général de division et désigné chef de la Mission militaire à Washington, rencontre Saint-Exupéry au début de l'année 1943 : il va y négocier avec le gouvernement américain les livraisons de matériel permettant de rééquiper l'armée française. Mais surtout, c'est lui qui signera, le 1er avril 1943, le tant attendu ordre de mission que trépigne d'obtenir un Saint-Exupéry désespéré de ne pas servir son pays. Ses amis tentent de le faire changer d'avis, mais le 4 mai 1943, après un départ précipité et alors que Le Petit Prince est en cours de publication, il débarque à Alger où l'attend Georges Pélissier ; Béthouart le rejoindra quelques mois plus tard, en novembre 1943, lorsqu'il est nommé chef d'état-major de la Défense nationale à Alger et promu général de corps d'armée. Il accompagnera à ce titre le général de Gaulle dans ses différents voyages à Rome, Londres et débarquera avec lui à Courseulles en Normandie le 14 juin 1944. On connaît par ailleurs les exemplaires offerts à Consuelo, à Léon Werth, à Bernard Lamotte, à Jane Lawton, à Curtice Hitchcock, à Elisabeth Reynal, à Jacques Maritain, à Isaac Molho, à Anne Morrow et Charles Lindbergh, Jean Renoir, à Natalie Paley, à Nadia Boulanger et à Lewis Galantière. Très belle provenance sur ce papier de tête du grand texte de Saint-Exupéry sur le second conflit mondial. Des bibliothèques Michel Demont (ex-libris) et Jean-Claude Mocellin (Alde, « Un siècle de littérature», 19 mai 2022, n° 50).
Un des 15 premiers sur Hollande, avec mot autographe. Exceptionnel exemplaire relié par Georges Leroux. Paris, La Table Ronde, (7 octobre) 1959. 1 vol. (130 x 185 mm) de 273 p. et 1 f. Box bicolore orange et gris perle, orné d'un décor mosaïqué rehaussé d'un réseau de filets noirs, titre et dos bicolores, tête dorée, couvertures et dos conservés, sous emboîtage de box noir, dos lisse, doublures de daim noir (reliure signée de Leroux, 1960 ; emboîtage moderne de Devauchelle). Édition originale. Un des 15 premiers exemplaires sur hollande (n° XI). Pensée autographe au faux-titre : « Un matin, levant les yeux, j'éprouve l'étrange impression que Marie est seule sur la plage… et ainsi de suite… Il se trouve que le (sic) singes se débinent un peu partout. Antoine Blondin».
Exceptionnel exemplaire, relié par Georges Leroux quelques mois après sa parution. Nous ne connaissons aucun autre exemplaire en reliure signée aussi précoce, qui plus est à décor. Des quinze exemplaires de tête, six seulement nous sont connus : deux brochés (un avec envoi), quatre reliés, tous après 1970 (par Micheline de Bellefroid, Miguet, Martin, et Alix) ; l'un possède un envoi, l'autre une pensée autographe, comme sur notre exemplaire. Un singe en hiver prend comme point de départ la rencontre - alcoolisée - entre l'hôtelier Albert Quentin, ancien fusilier marin en Extrême-Orient, et le jeune publicitaire Gabriel Fouquet, qui débarque à Tigreville pour rendre visite à sa fille Marie, pensionnaire dans le village, et oublier l'échec de sa vie sentimentale avec Claire, partie vivre à Madrid. Pour retourner en Chine ou rêver que l'on torée dans une arène madrilène, il faut un certain véhicule : « Oh là, là ! Le véhicule, je le connais : je l'ai déjà pris. Et ce n'était pas un train de banlieue, vous pouvez me croire. Monsieur Fouquet, moi aussi, il m'est arrivé de boire. Et ça m'envoyait un peu plus loin que l'Espagne. Le Yangzi Jiang, vous en avez entendu parler, du Yangzi Jiang ? Cela tient de la place dans une chambre, moi je vous le dis ! » Les dialogues d'Audiard, dans le film, rendront justice au roman de Blondin ; leur abondance bravache est un savant prolongement oral de la merveilleuse langue de Blondin, où les tournures raffinées voisinent avec le trait d'esprit saillant et une certaine gouaille populaire au service du récit. Elle traduit de manière à la fois délicate et impressionniste les errements de la conscience des personnages. Dans cette ode amère aux voyages, ceux que l'on a faits durant sa jeunesse enfuie et ceux que l'on ne fera plus jamais, l'alcool tient une place prépondérante. Si Quentin a renoncé à ce vice dix ans plus tôt, suçant désormais au milieu de la nuit des bonbons à l'anis en guise de compensation, Fouquet, « désaltère ego » de Blondin, tente, lui, d'oublier sa douleur et sa solitude en les noyant dans la boisson. Comme dans la plupart des livres de Blondin, lesquels évoquent avant tout, comme disait Léo Ferré, « des problèmes d'hommes simplement ; des problèmes de mélancolie », les deux lascars finiront par se rapprocher, avec comme point culminant la mémorable cuite qui, après une mythique corrida avec des voitures, les poussera à tirer un feu d'artifice sur la plage. Lumière et chaleur d'un moment éphémère. Ce feu, quoique d'artifice, n'en est en rien artificiel : il permet aux coeurs de s'ouvrir et de se rapprocher, entre outrances éthyliques et confessions sincères que Blondin sait rendre belles et mélancoliques avec un style à nul autre pareil. Deux tirages photographiques de plateau du film, représentant Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, sont joints à l'exemplaire.
Édition originale. Un des 109 premiers exemplaires réimposés. Exemplaire enrichi de deux tirages photographiques originaux. Paris, Gallimard, (30 avril) 1929. 1 vol. (170 x 215 mm) de 227 p. et [2] f. Broché, sous emboîtage. Édition originale. Un des 109 exemplaires réimposés sur vergé pur fil, celui-ci nominatif pour Léon Netter (n° LXXVII). Il a été imprimé pour Léon Netter (1897-1987), le célèbre avocat alors chargé de mission au ministère des Finances.
Avant de tenter l'aventure de l'Aéropostale en Amérique du Sud, Antoine de Saint-Exupéry fut envoyé à l'école de navigation aérienne de Brest pour un cours de perfectionnement. C'est à cette adresse qu'arrivèrent les premières épreuves de son livre dont il lira des passages à son cousin Honoré d'Estienne d'Orves, son futur lecteur attitré. Joints à l'exemplaire : Deux tirages photographiques originaux : ces deux clichés ont été pris à l'aéroport du Bourget, juste avant le départ pour le Maroc de toute l'équipe du le tournage du film Courrier Sud, réalisé par Pierre Billon. « Séduit par le synopsis de son roman Courrier Sud, le réalisateur Pierre Billon et les producteurs Eduardo Corniglio-Molignier et André Aron lui demandent d'écrire le scénario. Dès la fin de l'été 1936, Saint-Exupéry travaille intensément avec Billon et Lustig, l'adaptateur allemand du roman. Jeune scripte, Françoise Giroud les assiste. En octobre, il obtient le concours d'Air France qui prête à la production deux LATE 28 et le personnel nécessaire à l'entretien des appareils. Le tournage des scènes africaines se fait dans la région de Mogador (aujourd'hui Essaouira) au Maroc. » (Courrier Sud au cinéma, Fondation Saint-Exupéry). Ce sera sa seule oeuvre cinématographique d'envergure, aboutissement d'un projet auquel il songeait dès 1931. Il en suivra toutes les étapes et péripéties, en prenant même part au tournage puisqu'il double lui-même le héros, interprété par Pierre-Richard Wilm, dans les scènes périlleuses. On aperçoit, sur ces deux photographies, l'un des deux appareils, et toute l'équipe du tournage, dont Charles Vanel. Le film sort dans les salles en mars 1937. Il est précédé, en voix off, d'un avertissement un peu amer de Saint-Exupéry : « le film auquel vous allez assister rappelle l'époque où l'aventure humaine n'était pas encore aussi bien cachée. » Et l'auteur de revenir, avec nostalgie, sur l'époque de l'Aéropostale, avant le tourisme, le simple passager, qui, aujourd'hui, « ne participe plus à une aventure. L'avion, avec ses cuirs, ses vernis, son horaire exact, n'est plus, aux yeux du voyageur, un instrument d'exploration mais un prolongement du bureau commercial (...) Le voyageur ne sent même pas que cette entreprise forme deux races d'hommes : des marchands aimables qui l'ont séduit, et l'équipage qui va le prendre en charge parmi les astres ». Il est vrai qu'entretemps, Saint-Exupéry aura perdu « son frère », Jean Mermoz, disparu dans l'Océan Atlantique le 7 décembre 1936. Avec lui, tout un monde se termine. Publié grâce à André Gide, l'ouvrage est préfacé par André Beucler qui soutint le premier l'idée que « Saint-Exupéry n'est pas un écrivain », une idée reprise et développée par André Malraux : Saint-Exupéry n'est pas un écrivain en chambre et « il ne veut rien écrire que sa vie ne garantisse ou qu'il n'ait eu l'occasion de vérifier à ses dépens. C'est en quoi l'univers proprement littéraire lui demeure suspect pour autant qu'il trompe le lecteur en le transportant dans un monde facile et fallacieux. Saint-Exupéry reste l'un de ces hommes contraints à l'exactitude, pour qui l'imagination peut bien s'ajouter à la réalité, mais non pas en tenir lieu [...] ». Bel exemplaire. De la bibliothèque de Léon Netter (1897-1987), célèbre avocat chargé de mission au ministère des Finances et éminent bibliophile.
Édition originale. Un des 10 exemplaires sur Hollande. Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », (janvier) 1952. 1 vol. (140 x 190 mm) de 14 p., [1] et 1 f. Broché. Édition originale. Un des 10 premiers exemplaires sur hollande, justifiés et paraphés par l'éditeur (n° 6), après un exemplaire unique sur japon.
Dès 1933 Antoine de Saint-Exupéry écrit ses premiers articles sur Jean Mermoz, l'homme et ses exploits. Sa disparition soudaine en 1936 va évidemment donner lieu à plusieurs hommages de sa part, dans lesquels il rappelle son histoire et dresse le portrait d'un homme engagé, courageux et d'une grande noblesse. Saint-Exupéry, même s'il ne partage pas ses idées et son engagement aux Croix-de-Feu, admire Mermoz. Un an après sa disparition, c'est lui qui prononcera l'éloge funèbre, « l'Adieu à Mermoz », devant tous ses compagnons de l'Aéropostale. Il reprendra certains de ces articles pour les faire figurer dans Terre des hommes paru en 1939. Ce sont les quatre hommages les plus significatifs qui sont ici rassemblés, soit les articles du 7 août 1935, des 10 et 16 décembre 1936 et du 22 janvier 1937. De la bibliothèque Pierre Puech (Paris, Alde, II, 2010, n° 370).
Le dernier texte rédigé par Saint-Exupéry.Un des 11 exemplaires de tête. Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », (31 juillet) 1959. 1 plaquette (140 x 190 mm) de 7 p., [1] et 1 f. Broché. Édition originale. Un des 11 premiers exemplaires sur vergé de Hollande, justifiés et paraphés par l'éditeur (n° 7).
Très beau texte de réflexion sur l'engagement américain pour libérer la France, écrit par Saint-Exupéry dans la nuit du 29 au 30 mai 1944, en Sardaigne : « ... Il se peut que le sentiment de votre puissance matérielle vous fasse prendre aujourd'hui ou demain des avantages qui nous paraîtront nous léser injustement. Il se peut que s'élèvent un jour, entre vous et nous, des discussions plus ou moins graves... Eh bien, si même un jour je forme dans mon coeur quelques reproches contre les décisions de ceux-là, ces reproches ne me feront jamais oublier la noblesse des buts de guerre de votre peuple ». Ce texte, Saint-Exupéry le promet au journaliste et photographe de Life, John Phillips : « je vous donnerai un texte si vous parvenez à me faire réintégrer dans mon groupe ». Il tiendra parole. La veille du départ de Phillips, le 30 mai 1944, les deux hommes traversent la nuit ensemble : Saint-Exupéry rédige la Lettre à un américain [son titre initial] et offre, au petit matin, son manuscrit à son ami, pour qu'il la fasse publier. Deux mois plus tard, 31 juillet 1944, l'écrivain-pilote disparaît en mer. Le journaliste de Life, abattu, ne publia ni la Lettre à un américain, ni son reportage. « La disparition fut un choc terrible pour John Phillips, qui fit hiberner toutes les images. Quarante ans après, je mis beaucoup d'énergie à le décider de les reprendre pour un livre et une exposition itinérante qui retrouva même le terrain d'aviation d'Alghero, où tout avait commencé dans l'exultation de récupérer enfin les commandes, et celui de Bastia où s'interrompit tragiquement l'aventure ». (Ch.-Henri Favrod, Le Temps, 11 mai 2001). Ce texte, le dernier rédigé par Saint-Exupéry, ne sera publié qu'en 1959, dans cette édition confidentielle publiée par Pierre Aeberts, à 51 exemplaires. La Pléiade (OC, II, notes, p. 1394) indique, par erreur, que le première publication n'est donnée qu'en 1973 dans la revue Air France toujours (n° 1,1er trimestre 1973), avant d'être repris en 1981 dans le n° 96 de la revue Icare. Les onze premiers exemplaires sur vergé de Hollande sont d'une grande rareté. De la bibliothèque Pierre Puech (Paris, Alde, II, 2010, n° 370).
Manque en pied du dos. Paris, Editions Jean Froissart, (juin) 1949. 1 vol. (140 x 225 mm) de 389 p. et [1] f. Broché. Edition originale. Prix des Deux Magots.
Paris, Seuil, coll. « L'univers historique », 1997 1 vol. (140 x 205 mm) de 282 pp. Broché. De la bibliothèque Jorge Semprun (tampon).
Paris, Galerie Arenthon, (20 décembre) 1985 1 vol. (150 x 205 mm) de 26 ff. Broché. Catalogue de l'exposition. Tirage à 500 exemplaires (n° 204).
Tirage en grand papier pour la première édition française des illustrations de Lamotte. Paris, Gallimard, (septembre) 2020. 1 vol. (215 x 300 mm) de 150 p. et [1] f. Broché. Tirage de luxe à 100 exemplaires, enrichi d'une reproduction d'une planche de Bernard Lamotte (non retenue pour l'édition américaine de 1942), tirée sur Hahnemülhe, (n° 66).
En juin 1940, le groupe de grande reconnaissance 2/33 a perdu en de vaines missions dix-sept de ses vingt-trois équipages. À leur tour, Saint-Exupéry, capitaine pilote, et son observateur, le lieutenant Dutertre, sont convoqués par le commandant Alias. Leur tâche : « Survoler à 700 mètres d'altitude les parcs à tanks de la région d'Arras. - C'est bien embêtant... », dit le commandant. « Mission sacrifiée », pensent les intéressés. Ils obéiront : « Il faut que la signification de la mort équilibre la mort », et la mort ici ne signifie rien. Quel est le sens de cette civilisation ? La plongée dans l'Apocalypse d'Arras, dont l'équipage sortira miraculeusement sauf, apporte la réponse. Cette édition exceptionnelle du texte, publiée à l'occasion des quatre-vingts ans de la défaite française de juin 1940, est enrichie des lavis du grand ami de Saint-Exupéry Bernard Lamotte, réalisés pour l'édition originale de l'ouvrage paru aux États-Unis, en février 1942, sous le titre Flight to Arras. L'édition originale française, publiée par Gallimard en décembre 1942 et retirée de la vente par les autorités allemandes dès janvier 1943, n'était, elle, pas illustrée.
Édition originale. Elle paraît avant l'édition française. Un des 500 premiers exemplaires signés par l'auteur et l'illustrateur. New York, Reynal & Hitchcock, [février] 1942. 1 vol. (140 x 210 mm) de 255 p. et 1 f. Bradel demi-chagrin bleu, dos à faux nerfs, titre doré, contreplat et garde ill. en couleurs par Bernard Lamotte, tête dorée, étui éditeur avec pièce de titre sur le plat (cartonnage de l'éditeur). Édition originale. Elle paraît avant l'édition française, également publiée à New York, aux Éditions de la Maison française, la même année. Un des 500 premiers exemplaires signés par l'auteur et l'illustrateur (n° 163).
Le 23 mai 1940, le capitaine Saint Exupéry effectue une mission de reconnaissance aérienne sur la ville d'Arras. Il pilote le Bloch 174 N° 24. À son bord, le lieutenant Dutertre occupe le poste d'observateur et le sergent Mot celui de mitrailleur. Ils volent à basse altitude quand soudain, ils sont attaqués par la DCA (défense antiaérienne allemande). Leur avion est criblé de balles et un réservoir d'huile est crevé par un obus. Saint-Exupéry réussit cependant à retourner à la base du groupe 2/33 avec ses passagers sains et saufs. Pour cet exploit il sera récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l'ordre de l'Armée de l'Air, le 2 juin 1940. Cette mission lui fournira le titre de son livre Flight to Arras. Durant les deux ans qui suivent l'expédition sur Arras, Saint-Exupéry travaille au récit de cette mission, depuis les États-Unis où il s'est exilé. Il veut saluer le courage et la force des jeunes pilotes : Gavoille évidemment, mais aussi Sagon, Pénicot, Dutertre, Hochedé, le commandant Alias et le lieutenant Israël. Il tente d'expliquer la situation de la France et sa capitulation. Il cherche à inciter les États-Unis à entrer en guerre. Installé à New York depuis décembre 1940, il y a retrouvé Pierre Lazareff et Bernard Lamotte, un ancien camarade des Beaux-Arts. Lorsque Pilote de guerre est achevé, le texte paraît en pré-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, avec des illustrations de son ami Lamotte. Elles sont conservées pour l'édition en volume, avec des magnifiques gardes peintes par Lamotte pour le tirage de luxe. Parallèlement, le texte français est publié aux Éditions de la maison française, sans illustrations. « En vérité, ce livre est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre de 1939 » écrit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Nouveaux Temps, le 8 janvier 1943. Dès sa parution, il connaît un grand succès aux États-Unis : « Ce récit et les discours de Churchill constituent la meilleure réponse que les démocraties n'aient jamais trouvée à Mein Kampf » (Edward Weeks, dans L'Atlantique, cité dans Schiff, p. 363). Les Américains sont bouleversés par le récit et placent pendant six mois le volume en tête des ventes, contribuant à rectifier l'image de la France aux yeux de l'opinion publique et des hommes politiques. La voix de Saint-Exupéry semble être entendue. John Barbeen déclare dans The Chicago Herald le 29 mars 1942 : « Les critiques ne font pas que louer le talent de l'écrivain. Ils font pénétrer dans la presse l'idée d'une France profonde, différente de l'état-major en perpétuelle retraite [...]. Ils font sentir l'absurdité de voler, poursuivi par la chasse allemande, quand on n'a pu, en neuf mois, obtenir des avions résistant au froid des hautes couches de l'atmosphère ». En France, les Éditions Gallimard soumettent le livre au service de propagande allemand qui autorise sa publication, non sans avoir supprimé un court passage de quatre mots, censurés : « Hitler est un idiot » ; mais le livre est rapidement interdit tant il fait de bruit. Il poursuivra alors sa diffusion de manière clandestine, sous la forme de deux éditions (à Lille, puis à Lyon).
Édition originale. Un des 450 exemplaires sur Corsican. Belle condition. New York, Editions de la Maison française, 1942. 1 vol. (180 x 225 mm) de 253 p. et 1 f. Broché. Édition originale. Un des 450 exemplaires sur Corsican (n° 246).
« Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu - comme à une masse d'individus - la liberté de l'homme. » Avant de reprendre ce combat où il laissera sa vie, démobilisé après la « drôle de guerre », Saint-Exupéry se réfugie aux États-Unis, et c'est à New York qu'il écrit ces lignes. Cette édition, parue en février 1942, est également la première intégrale puisqu'y figurent (p. 34) les sept mots d'une phrase où l'auteur traite collectivement « d'imbéciles » son ordonnance, un ponte de l'état-major et Hitler « qui a déclenché cette guerre démente » et dont la censure en France exigera la suppression dans l'édition Gallimard de décembre 1942. Mais cela ne donne au livre qu'un court sursis puisque début 1943, les autorités allemandes, alertées par deux articles scandalisés de Je suis partout, interdisent l'ouvrage. Cette censure sera à l'origine des deux versions clandestines qu'édita Gaston Riby fin 1943 et début 1944. « Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu - comme à une masse d'individus - la liberté de l'homme. » Avant de reprendre ce combat où il laissera sa vie, démobilisé après la « drôle de guerre », Saint-Exupéry se réfugie aux États-Unis, et c'est à New York qu'il écrit ces lignes. Cette édition, parue en février 1942, est également la première intégrale puisqu'y figurent (p. 34) les sept mots d'une phrase où l'auteur traite collectivement « d'imbéciles » son ordonnance, un ponte de l'état-major et Hitler « qui a déclenché cette guerre démente » et dont la censure en France exigera la suppression dans l'édition Gallimard de décembre 1942. Le texte paraît en pré-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, puis en volume le mois suivant : l'oeuvre sera en tête des best sellers pendant six mois : « ce livre est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre de 1939 » écrit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Nouveaux Temps, le 8 janvier 1943.
Paris, La Table Ronde, (mars) 1993. 1 vol. (170 x 245 mm) de [96] p. Broché, non coupé. Édition originale. Un des 60 premiers exemplaires sur Rivoli, celui-ci hors commerce (n° 52).
En 1936, à l'âge de treize ans et demi, Blondin est pensionnaire chez les maristes de Senlis. Ses parents, peu enclins à assumer leurs rôles, l’ont placé dès l’âge de neuf ans dans un pensionnat. Mais c’est au lycée Louis-le-Grand, où il reste un élève moyen mais aimant la lecture, qu’il se met à écrire et découvre sa vocation. C'est en tout cas ce qu'il laisse entendre dans son journal intime, qu'il tient chaque jour, ici reproduit en fac-similé. Il faut «regarder les choses en farce», plaidait-il. Dès cette jeunesse, il préfére l'amitié aux honneurs, le panache à l'ambition, l'insouciance à la raison et écrit pour recoudre les morceaux d'une vie sourdement partie en lambeaux : «Très vite, confie-t-il, il m'est apparu que je serais moins un romancier d'aventures que de mésaventures.»
Exemplaire de tête réimposé, relié par Martin.Bibliothèque Marcel de Merre. Paris, Gallimard, (30 avril) 1929. 1 vol. (165 x 215 mm) de 227 p. et [2] f. Demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, filets dorés sur les plats, titre doré, date en pied, tête dorée, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée de P.-L. Martin). Édition originale. Un des 109 exemplaires réimposés sur vergé, celui-ci nominatif pour P. Deflandre (n° LXXXV).
C'est en 1925 que Saint-Exupéry rencontre, dans le salon parisien de sa cousine Yvonne de Lestrange, la fine fleur des Éditions Gallimard : Gaston Gallimard, André Gide et Jean Schlumberger. Ces rencontres vont jouer un rôle fondamental dans l'entrée en littérature de Saint-Exupéry. Avant de tenter l'aventure de l'Aéropostale en Amérique du Sud, Saint-Exupéry fut envoyé à l'école de navigation aérienne de Brest pour un cours de perfectionnement. À cette adresse lui parvinrent les premières épreuves de son livre, dont il lut des passages à son cousin Honoré Estiennes d'Orves, son futur lecteur attitré. Il n'y apporta que d'infimes corrections et le bon à tirer fut signé aux premiers jours d'avril 1929. C'est une version très étoffée de la nouvelle L'Aviateur, publiée dans la revue le Navire d'argent en 1926. Publié grâce à André Gide, qui préfacera deux ans plus tard Vol de nuit, Courrier Sud est préfacé par André Beucler qui soutenait le premier l'idée que « Saint-Exupéry n'est pas un écrivain », idée reprise et développée par André Malraux : Saint-Exupéry n'est pas un écrivain en chambre et « il ne veut rien écrire que sa vie ne garantisse ou qu'il n'ait eu l'occasion de vérifier à ses dépens. C'est en quoi l'univers proprement littéraire lui demeure suspect pour autant qu'il trompe le lecteur en le transportant dans un monde facile et fallacieux. Saint-Exupéry reste l'un de ces hommes contraints à l'exactitude, pour qui l'imagination peut bien s'ajouter à la réalité, mais non pas en tenir lieu (...) ». Très bel exemplaire : il provient de la bibliothèque de Marcel de Merre (ex-libris et vente, Paris, Sotheby's, 2007, n° 436).
Édition originale. Un des 10 exemplaires sur Hollande. Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », (31 juillet) 1950. 1 plaquette (140 x 190 mm) de 17 p. et 1 f. Broché. Édition originale. Un des 10 premiers exemplaires sur vergé de hollande, justifiés et paraphés par l'éditeur (n° 2), après un exemplaire unique sur chamois.
L'édition regroupe 6 belles lettres adressées à mademoiselle Lucie-Marie Decour en 1927, dans lesquelles l'auteur évoque les débuts héroïques de la ligne Casablanca-Dakar, les risques et l'amour de son métier, sa vie à l'occasion des escales africaines, son travail de chef d'aéroplace à Cap Juby, ses souvenirs de Grenade, Alicante et Malaga... Elle est éditée à l'occasion du sixième anniversaire de la mort de l'auteur, et n'a été tirée qu'à 51 exemplaires numérotés. De la bibliothèque Pierre Puech (Paris, Alde, II, 2010, n° 370).
L'allocution de Saint-Exupéry pour la jeunesse étudiante américaine. Un des dix exemplaires de tête sur parchemin. Liège, Ed. Dynamo, (31 juillet) 1967. 1 vol. (180 x 260 mm) de 15 p. Broché. Édition originale. Portrait de l'auteur en frontispice. Un des 10 premiers exemplaires sur parchemin, justifiés et paraphés par l'éditeur (n° 10) - après un exemplaire unique sur japon.
C'est à la suite des événements qui poussèrent les États-Unis dans la guerre, que l'auteur, à la demande de Dorothy Thomson, écrira cette allocution. Prononcée devant le corps des étudiants de la Progressive Education Association, elle permit à Saint-Exupéry d'exposer des principes humanistes bien au-delà et en quelque sorte indépendants des préoccupations du moment. « Vous êtes en guerre. Vous êtes jeunes. Si vous n'étiez que des soldats.... mais vous êtes jeunes et votre responsabilité est plus grande encore que celle des soldats ». Qu'est-ce-que la liberté ? Qu'est-ce-qu'une communauté ?, Qu'est-ce-que le sacrifice ? Autant de questions auxquelles l'auteur entend donner un sens et surtout une place fondatrice dans les efforts que l'on va demander à ces jeunes gens. « Quand vous rentrerez les moissons, sans salaires, pour le bien des États-Unis en guerre, alors vous contribuerez à fonder la communauté des États-Unis. C'est à ce prix seulement, celui du don gratuit, que se gagne la fraternité ». Traduit et publié par Lewis Galantière dans The Sentier Scholastic, le 25 mars 1942, le texte original était considéré comme perdu dans sa version originale en français. Il fut retrouvé, tardivement, par la veuve de l'écrivain et publié dans la revue Icare au printemps 1978. « Pour la première fois », indique la note de La Pléiade (O.C., II, p. 1243). C'est inexact : la première parution est bien celle-ci, donnée par Pierre Aelberts dans cette édition confidentielle. Parmi ses écrits de guerre, ce texte est bien significatif de la position anti-gaulienne de l'auteur : « une des choses qui le séparait des Français libres, explique Michel Pobers, c'était de considérer la guerre d'un point de vue purement stratégique » (in Écrits de guerre, coll. Folio). Parfait état. Très rare sur ce papier de tête. De la bibliothèque Pierre Puech (Paris, Alde, II, 2010, n° 370).
[Marseille, ca. 1830]. 1830 1 vol. in-4° oblong (383 x 274 mm.) de : 25 aquarelles originales contrecollées (ca. 210 x 295 mm.), légendées au crayon gris. (Légéres taches angulaires dues au collage, coloris trés vifs.) Plein maroquin lie-de-vin 19ème, dos lisse orné dun décor estampé à froid, plats ornés de décor végétal estampé à froid avec une divinité grecque sur un radeau au centre. (Dobson, London). (Quelques unes des aquarelles sont légèrement jaunies, quelques bavures et traces de colle).
Somptueux recueil de 25 aquarelles originales de Mathieu Antoine Roux (1799-1872), reconnu comme le grand peintre de la dynastie Roux, dont les uvres figurent dans les collections des plus grands musées internationaux (Peabody Essex Museum aux Etats-Unis, musée de la Marine à Paris par exemple.) Cette célèbre dynastie de peintres de marine français donna ses lettres de noblesse au portrait de navire. Cest au début du 18ème siècle que Joseph Roux lAncien sinstalla à Marseille pour fonder une boutique dhydrographie, à lenseigne « A la boussole couronnée », mais cest son fils, Joseph Roux le Jeune (1725-1793), qui savisa le premier quon pouvait, avec la même technique et la même imagination, dessiner autre chose que des cartes marines. Des bateaux par exemple. Travaillant jour et nuit à peindre et à dessiner pour le Duc de Choiseul, ministre de la Marine, les plans et les ports de Méditerranée, il nen négligea pas pour autant la vie de famille et fit à sa femme huit enfants, qui naquirent, pour ainsi dire avec une carte marine et un pinceau à la main. Laventure individuelle se transformait en entreprise. Son fils, Ange-Joseph Antoine Roux (1765-1835) est connu pour être le créateur du genre du « portrait de navire » français, car auparavant, la peinture de marine consistait essentiellement dans des représentations de grandes scènes de bataille ou de tempêtes, sans que les peintres aient de réelles connaissances en architecture navale, ni le désir de laisser une image dun navire en particulier. Antoine Roux, imprégné dès son enfance de lambiance du port de Marseille et familier des marins, sait parfaitement différencier les différents types de navires. Il reçoit parallèlement une formation poussée en dessin et peinture, formation quil parachèvera en Italie où la famille sexile pendant la Révolution, et où le peintre bénéficie davis précieux sur la technique de laquarelle : « qui lui permirent de conférer à ses tableaux un caractère nettement plus artistique, sans perdre pour autant toute ses qualités de précision. A son retour en France sous le Directoire, il acquiert une renommée importante dans ce genre nouveau quest le « portrait de navire », les commandes affluent venant darmateurs, capitaines français et étrangers et matelots qui souhaitent une représentation de leur navire, le plus souvent dans la rade de Marseille. Lors du blocus de 1806, les corsaires marseillais lui commandent les représentations de leurs exploits, de même que les capitaines américains à loccasion de la guerre anglo-américaine de 1812 (ce qui explique la renommée et la présence de luvre de Roux dans les musées américains, comme ceux de Salem ou de Seaport). Son fils aîné, Mathieu Antoine (1799-1872), à qui lon doit le présent carnet, apprend tout de son père, et leurs styles sont très proches : même qualité de dessin et de colorisation, même soin apporté à la précision de la représentation du navire. On retrouve également dans le luvre du fils, une caractéristique de composition présente dans celle du père : dans un portrait, le navire est représenté sous deux allures, au premier plan par le travers bâbord ou tribord, et au second, navigant au près, selon un cap différent. Cest lui qui reprend la boutique à la mort de son père en 1835, avec son plus jeune frère François Geoffroy, alors que le second des enfants (Frédéric) est parti pour sinstaller plus au Nord. Il jouit dune réputation aussi grande que celle de son père auprès des armateurs et des marins, et ceci se trouve pleinement justifié par le présent carnet qui se compose portraits de différents types de navires, des vaisseaux de 74 canons, un trois ponts, des frégates, brigs ou autres felouques, polacres et pinques de différentes nationalités. On trouve également des représentations de Marseille, sa rade, son port et la canebière. Dautres dessins mettent en scène des pêcheurs et marins de la méditerranée (Grecs, Catalans, Algériens, Majorquin, etc.) ou des paysans de Provence plus à lintérieur des terres. Provenance : Mention dans une ancienne fiche dune lettre manuscrite jointe (aujourdhui absente de lalbum) portant l'en-tête du Musée de la Marine, signée V. Chot, alors directeur dudit musée, et datée du 2 juin 1971, attestant de l'attribution à Antoine Roux : "L'examen de ces originaux m'a convaincu de l'exactitude de l'attribution à Antoine Roux et j'ai eu grand plaisir à étudier ces sujets si variés et si curieux ». Les aquarelles dAntoine Roux de ce format passent régulièrement sur le marché, avec des résultats individuels se situant entre 1 000 et 5 000 . Cependant, un tel album réunissant 25 uvres, avec des sujets aussi variés, est très rare sur le marché. Ensemble dune qualité exceptionnelle et en parfaite condition. Liste des uvres : 1. Vue des trois Isles de la rade. Marseille. 2. Vue de lentrée du port de Marseille prise de dehors. 3. Vaisseau de 74 canons. Au plus prêt. 4. Vue de la rue de la Canebière prise de dessus leau. 5. Frégate au plus prêt. Révolutionnaire. Brig en pane. Satellite. 6. Vaisseau de canons. Visitant ses agrès. [Pavillon anglais]. 7. Vue de la rue de la Canebière. Marseille. 8. Frégates courant vent largue. 9. Pêcheurs catalans parant leur palangres. 10. Canare. Bâtiment de lIsle Mayorque en quarantaine à lentrée du Port de Marseille. 11. Les voiles au sec. Frégate idem. En armement. 12. Algériens et Grecs marins. 13. Bateau de commerce catalan. 14. Bergère et berger de Provence en vue du Fort Notre Dame de la Garde. 15. Pinque savoyard. Bateau pêcheur catalan. Bombarde espagnole. 16. Polacre autrichienne. Pinque savoyard. 17. Pêcheur palangrier provençal. Catane et catalan pêcheur. 18. Felouque courant largue. Goélette américaine. Largue. 19. Paysan de Provence. Pêcheur catalan. 20. Marins de Mayorque et Catalogne. Marin de lisle de Corte. 21. Restaurant dit le Château Vert aux environs de Marseille. 22. Paysans de Provence. 23. Femmes du Dept des Hautes Alpes. Paysan de Provence. 24. [Poste-Service Delyon à Marseille]. 25. Femmes dArles en Provence. Sur le Rhône. 1 vol. 4to oblong (383 x 274 mm.) with : 25 original watercolors (ca. 210 x 295 mm.) pasted down, captioned in gray pencil (slight angular stains due to pasting, very vivid colors). 19th century full wine-leather morocco, smooth spine decorated with cold-stamped decoration, boards decorated with cold-stamped vegetal decoration with a Greek divinity on a raft in the center. (Dobson, London). (Some of the watercolors are slightly yellowed, a few smudges and traces of glue). A sumptuous collection of 25 original watercolors by Mathieu Antoine Roux (1799-1872), recognized as the great painter of the Roux dynasty, whose works can be found in the collections of the greatest international museums (Peabody Essex Museum in the USA, Musée de la Marine in Paris, for example). This famous dynasty of French marine painters gave ship portraits their letters of nobility. It was in the early 18th century that Joseph Roux l'Ancien settled in Marseille to set up a hydrography store, under the sign A la boussole couronnée, but it was his son, Joseph Roux le Jeune (1725-1793), who first realized that, with the same technique and imagination, it was possible to draw something other than nautical charts. Boats, for example. Working day and night to paint and draw the plans and harbors of the Mediterranean for the Duc de Choiseul, Minister of the Navy, he did not neglect family life, however, and bore his wife eight children, all of whom were born, so to speak, with a nautical chart and a paintbrush in their hands. Individual adventure turned into enterprise. His son, Ange-Joseph Antoine Roux (1765-1835), is known as the creator of the French ship portrait genre, as marine painting had previously consisted mainly of depictions of large battle scenes or storms, without any real knowledge of naval architecture or desire to leave an image of a particular ship. Antoine Roux, immersed from childhood in the atmosphere of the port of Marseille and familiar with sailors, knew perfectly well how to differentiate between the different types of ships. At the same time, he received advanced training in drawing and painting, which he completed in Italy, where the family went into exile during the Revolution, and where the painter benefited from invaluable advice on watercolor technique: which enabled him to give his paintings a distinctly more artistic character, without losing any of his precision. On his return to France under the Directoire, he gained considerable renown in this new genre of ship's portrait, with orders pouring in from shipowners, French and foreign captains and sailors who wanted a representation of their ship, usually in the harbor of Marseille. During the blockade of 1806, Marseille privateers commissioned him to depict their exploits, as did American captains during the Anglo-American War of 1812 (which explains the fame and presence of Roux's work in American museums, such as those in Salem and Seaport). His eldest son, Mathieu Antoine (1799-1872), to whom we owe this notebook, learned everything from his father, and their styles are very similar: the same quality of drawing and colorization, the same attention to detail in the depiction of the ship. We also find in the son's work a compositional characteristic present in the father's: in a portrait, the ship is represented in two gaits, in the foreground on the port or starboard beam, and in the background, sailing close-hauled on a different course. After his father's death in 1835, he took over the store with his younger brother François Geoffroy, while the second of the children (Frédéric) moved further north. His reputation among shipowners and sailors was as high as that of his father's, and this is fully justified by the present notebook, which consists of portraits of different types of ships, 74-gun vessels, a three-decker, frigates, brigs and other feluccas, polacres and pinques of various nationalities. There are also depictions of Marseille, its harbor, port and canebière. Other drawings depict fishermen and sailors from the Mediterranean (Greeks, Catalans, Algerians, Majorcan, etc.) or farmers from Provence further inland. Provenance: Mention in an old card of an attached handwritten letter (now missing from the album) on the letterhead of the Musée de la Marine, signed V. Chot, then director of the said museum, dated June 2, 1971, attesting to the attribution to Antoine Roux: Examination of these originals has convinced me of the accuracy of the attribution to Antoine Roux, and I have taken great pleasure in studying these varied and curious subjects. Watercolors by Antoine Roux in this format regularly come to market, with individual results ranging from 1,000 to 5,000. However, such an album of 25 works, with such varied subjects, is very rare on the market. Set of exceptional quality and in perfect condition. List of works : 1. View of the three islands in the harbor. Marseille. 2. View of the entrance to the port of Marseille taken from outside. 3. 74-gun vessel. As close as possible. 4. View of rue de la Canebière from above the water. 5. Frigate in close-up. Revolutionary. Brig en pane. Satellite. 6. Gun ship. Visiting its rigging. [English flag]. 7. View of the rue de la Canebière. Marseille. 8. Frigates running downwind. 9. Catalan fishermen setting their longlines. 10. Canare. Isle Mayorque ship in quarantine at the entrance to the Port of Marseille. 11. Sails dry. Frigate idem. Fitting out. 12. Algerian and Greek sailors. 13. Catalan merchant ship. 14. Shepherdess and shepherd from Provence in view of Fort Notre Dame de la Garde. 15. Savoyard pinque. Catalan fishing boat. Spanish bombard. 16. Austrian polacre. Savoyard pinque. 17. Provençal longline fisherman. Catania and Catalan fisherman. 18. Felucca with wide current. American schooner. Largue. 19. Provence peasant. Catalan fisherman. 20. Sailors from Mayorque and Catalonia. Sailor from the isle of Corte. 21. Restaurant known as the Château Vert near Marseille. 22. Peasants of Provence. 23. Women of the Hautes Alpes Dept. Peasant of Provence. 24. [Poste-Service Delyon in Marseille]. 25. Women of Arles en Provence. On the Rhône.
Phone number : 06 81 35 73 35
ANTOINE (Antoine Cierplikowski 1884-1976) JEAN COCTEAU (1889-1963) BRASSAI (Gyula Halasz dit, 1899-1984) RENE ZUBER (1902-1979)
Reference : 101916
(1937)
1937 Paris, sans date (1937) 370x270mm, 62 pages non paginées, reliure "Volute" comportant 6 anneaux en bakélite, plats en carton fort recouverts de papier gaufré crème, titre en creux surmontant un petit miroir métallique incrusté. Mise en page et impression par Tolmer.Introduction de Jean Cocteau, présentation d’Yvonne Moustiers, commentaire des images par le célèbre coiffeur Antoine.24 photographies pleine page de coiffures réalisées par Antoine reproduites en héliogravure (21 de Zuber et 3 de Brassaï)
Antoine Cierplikowski 1884-1976) ou Antoine était un coiffeur et homme d'affaires, naturalisé Français, appelé Monsieur Antoine par les Français. En décembre 1901, il arrive à Paris. En 1912, Antoine ouvre son célèbre salon de coiffure au 5 de la rue Cambon, à Paris. En 1925, Antoine ouvre un salon de coiffure sur la très chic Cinquième Avenue de New York, au plus fort, son empire s'étend entre Paris, Tokyo, Melbourne et Vancouver. Il commence à ouvrir des salons aux États-Unis (en 1945 il y aura 121 salons Antoine). il coiffe Sarah Bernhardt, Eleonora Duse, Joséphine Baker, Brigitte Bardot, ou encore Édith Piaf.(101916)
Phone number : +33 1 48 01 02 37
ANTOINE (Antoine Cierplikowski 1884-1976), Yvonne Moustiers, BRASSAI (Gyula Halasz dit, 1899-1984) RENE ZUBER (1902-1979)
Reference : 105037
(1938)
1938 Paris, Tolmer, 1938, 272x180mm, 8 pages, relié d'une cordelette sous couverture illustrée.Texte d'Yvonne Moustiers "Antoine et la Coiffure", illustré de 10 photographies de Zuber et Brassaï de mannequins présentant des coiffures d'Antoine.Mise en page et impression par Tolmer
Antoine arrive à Paris en 1911, ou il ouvre dès 1912 son célèbre salon de coiffure au 5 de la rue Cambon, puis en 1925, une succursale sur la Cinquième Avenue de New York, et, au plus fort, son empire s'étend entre Paris, Tokyo, Melbourne et Vancouver: en 1945 il y aura 121 salons Antoine. Pendant les années folles, il lance la mode de la ´ coupe à la Jeanne d'Arc adoptée par les garçonnes. Antoine voit apparaitre de nombreux grands noms de l'Èpoque dans ses salons, il coiffe Sarah Bernhardt, Eleonora Duse, Joséphine Baker, Brigitte Bardot, ou encore Edith Piaf.
Phone number : +33 1 48 01 02 37
Londres, Paris, chez les Marchands de nouveautés, 1785. In-8 de 22 pp.[GORSAS (Antoine-Joseph)]. Deuxième promenade de Critès au sallon. Londres, Paris, chez les Marchands de nouveautés, 1785. 39 pp.[GORSAS (Antoine-Joseph)]. Troisième promenade de Critès au sallon. Londres, Paris, Hardouin et Gattey, chez les Marchands de nouveautés, 1785. 60 pp.[GORSAS (Antoine-Joseph)]. L'âne promeneur, ou Critès promené par son âne ; Chef-d'oeuvre pour servir d'Apologie au goût, aux mœurs, à l'esprit, et aux découvertes du siècle. Première édition revue, corrigée, et précédée d'une préface à la mosaïque, dans le plus nouveau goût. Pampelune, chez Démocrite, imprimeur-libraire de son Allégresse Sereinissime Falot Momus, au Grelot de la Folie, et Paris, chez l'auteur, Mde. veuve Duchesne, Hardouin et Gatey, Voland, Royez, Versailles, chez l'auteur et aux quatre coins du monde, 1786. (2)-302-(2) pp. [GORSAS (Antoine-Joseph)]. La Plume du coq de Micille, ou aventures de Critès au Sallon, Pour servir de suite aux Promenades de 1785. Premiere journée. Londres, Paris, Hardouin & Gattey, 1787. 46 pp.[GORSAS (Antoine-Joseph)]. La Plume du coq de Micylle, ou aventures de Critès au Sallon , Pour servir de suite aux Promenades de 1785. Seconde journée. Londres, Paris, Hardouin & Gattey, 1787. 39 pp.6 pièces reliées en 1 vol. in-8, basane marbrée, dos lisse orné, pièce de titre en maroquin vert (reliure de l'époque).
Recueil très rare de l'ensemble des pièces en édition originale consacrées au Salon de 1785 sous le pseudonyme de Critès par Antoine-Joseph Gorsas (1751-1793) dont l’Âne promeneur illustré du portrait de l'auteur dans le texte (page 277) : « L’Âne promeneur, ou Critès promené par son âne d’Antoine-Joseph Gorsas, imprimé semi clandestinement en 1786, flétrit sans retenue par l’entremise de l’insolent Critès et de son âne ratiocineur, les mœurs, les lubies et « l’ingoût » de ce « siècle des singularités », réservant à Beaumarchais un traitement particulièrement ravageur. Un joyau de fronde littéraire publié trois ans avant le grand chambardement de 1789 qui fera de son auteur un journaliste reconnu puis une des premières victimes de la Terreur » (Philippe Hoyau). Les trois Promenades de Critès publiées un an auparavant (1785) furent suivies deux ans plus tard par la Plume du coq de Micille « superbe compte rendu publié en 1787, salué pour son originalité [dans lequel] Critès qui avoue d'emblée son naturel « curieux, bavard, indiscret et médisant » se rend au Salon muni d'une plume qui lui donne le pouvoir d'apparaître ou de disparaître à sa guise. En note, Gorsas reconnaît sa dette à l'égard de Lucien et du dialogue qu'il « fait faire entre Micille et ce coq », « un badinage vif et léger, sous lequel l'auteur déguise la morale la plus pure, et donne les leçons les plus sérieuses » [Ferran Florence. Mettre les rieurs de son côté : un enjeu des salons de peinture dans la seconde moitié du siècle. In: Dix-huitième Siècle, n°32, 2000. pp. 181-196].Antoine-Joseph Gorsas (1751-1793) imprimeur-libraire, était l'auteur de nombreux pamhlets avant la Révolution dont celui dirigé contre Loménie de Brienne en 1788 le conduisit à la prison de Bicêtre. En 1789, il fonda le Courrier de Paris devenu Courrier des (83) départemens (1790-1793) et rédigea plusieurs périodiques dont Le Courrier de Versailles à Paris et de Paris à Versailles. Député à la Convention proche des Girondins, son imprimerie fut saccagée le 9 mars 1793. Condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, il fut exécuté à Paris le 7 octobre suivant. Monogramme en clé de sol (G?) sur le titre de la Deuxième promenade et correction manuscrite en marge de la page 13. Discrètes restaurations. Très bon exemplaire.Quérard III, 411 ; Sgard, Journalistes, n°350 ; McWilliam, A Bibliography of Salon criticism in Paris from the «Ancien Régime» to the Restoration, 1699-1827, (1991), n°399-440 ; Collection Deloynes, 333-334-335, 382-383.
Londres, Paris Barrois - Desenne 0 fort in-8 Reliure d'époque
5 textes reliés en un volume: [MIGNONNEAU]. Considérations intéressantes sur les affaires présentes. Londres, Paris, Chez Barrois, 1788. Seconde édition augmentée. 207 pp. --- [CERUTTI (Joseph-Antoine-Joachim)]. Exhortation a la Concorde envoyée aux Etats-Généraux sous le nom du Roi. S.l., s.n., 1789. 78 pp. --- CERUTTI (Joseph-Antoine-Joachim). Vues générales sur la constitution françoise ou exposé des droits de l'Homme dans l'ordre naturel, social & monarchique. Paris, Desenne, 1789. 165 pp. --- CERUTTI (Joseph-Antoine-Joachim). Harangue de la nation à tous les citoyens sur la nécessité des contributions patriotiques. Paris, Desenne, 1789. 74 pp. --- [CERUTTI (Joseph-Antoine-Joachim)]. Correspondance entre M. C*** et le comte de Mirabeau, sur le rapport de M. Necker, et sur l'arrêt du conseil du 29 décembres, qui continue pour six mois, force de monnoie au papier de la caisse-d'escompte. S.l., s.n., 1789. 60 pp. >> Relié à l'époque: plein vélin tenité vert, pièce de titre avec lettre or au dos, tranches rouges. Très bon 0