Paris, Nepveu, 1813 3 volumes in-8, maroquin marine à grain long, plats ornés d'un encadrement de vases fleuris sertis d'un double filet doré, dos nerfs ornés de feuillage et d'arabesques dorés, coupes et bordures décorées, tranches dorées (R. P. Chilliat).
Reference : CLL-208
"Première édition des œuvres de Ducis. Elle réunit ses pièces de théâtre, originales ou adaptées de Shakespeare, ses poésies, sa correspondance et son discours d'entrée à l'Académie française L'illustration comprend un portrait-frontispice de l'auteur d'après le baron Gérard, 2 pages de musique gravée et 8 gravures hors texte, ici dans leur état avant la lettre. Shakespeare mis au goût français. Jean-François Ducis se rendit célèbre en mettant au goût du jour des pièces de Shakespeare. Il obtint ainsi son premier succès avec Hamlet en 1769. Son adaptation était libre : il ne cherchait pas la fidélité mais la correspondance à l'esprit français. Ainsi, pour son Roméo et Juliette, en 1772, il supprima purement et simplement la scène du balcon ; il inclut en revanche un épisode issu de Dante. Il fit du Roi Lear, en 1783, un drame bourgeois dans l'esprit de l'époque, qui eut un énorme succès, de même qu'Othello. Ducis fut élu à l'Académie français au siège de Voltaire en 1778. Dans son discours de réception, il prononça cette phrase restée célèbre : Il est des grands hommes à qui l'on succède et que personne ne remplace. Très bel exemplaire maroquin signé de Chilliat. On manque de renseignements sur ce relieur à la production confidentielle et à l'exécution parfaite. Béraldi l'ignore ainsi que Devauchelle. Seuls Fléty et Ramsden le mentionnent (ce dernier à travers deux reliures vendues par Maggs et une autre en sa possession). De la bibliothèque Génard avec ex-libris."
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Paris, Toussaint Du Bray, de l'Imprimerie de Rob. Estienne, 1628 Un volume in-8 de (20) ff., 740 pp., (6) ff. de table, vélin ivoire moucheté brun, traces de lacets, titre doré, tranches nues (reliure de l'époque).
"Nouvelle édition avec un privilège du 12 juin 1627 donné pour l'édition de 1627 des Œuvres. Vignette de titre des Estienne, lettrines. En 1627, Balzac donne une version corrigée et augmentée de ses Lettres, ""selon un ordre entièrement nouveau"" (Jehasse), mettant en valeur le patronage de Richelieu et sous le nouveau titre explicite d'Œuvres. Cet ouvrage est réédité l'année suivante avec l'indication ""septiesme édition"". Il rassemble 95 Lettres réparties en 4 livres. Les Œuvres s'ouvrent sur leur présentation au cardinal de Richelieu par Jean de Silhon, puis la préface de Jacques de la Motte Aigron. La lettre de Richelieu qui précédait la lettre XLI dans l'édition princeps de 1624 passe désormais en tête recueil. Par ailleurs, les noms des destinataires ne sont plus précisés. ""Le livre est conçu pour se défendre, en doublant la démonstration de l'apologiste [voir n° précédent] d'une preuve en acte. […] le changement de titre a aussi la vertu d'élever les écrits que le livre rassemble. Le terme d'Œuvres efface la désignation générique du texte, et avec elle le soupçon de médiocrité attaché à la forme épistolaire ; à la place, il insiste sur la vocation générale des écrits de Balzac […]"". Bel exemplaire en vélin de l'époque. Tchemerzine, I, p. 406 (titre et collation identique). - Beugnot, n° 72 (L'édition présentée - tout comme celle de la BnF - porte au titre la spécification ""Première partie"" absente de notre exemplaire). - Les premières lettres de Guez de Balzac, H. Bibas et K.-T. Butler (éd.), 1933-1934, I, p. XXII, G. - J. Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain 1597-1654, Université de Saint-Étienne, 1977."
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Paris, Ve Duschesne et Delalain, 1771 2 volumes in-12 de (4) ff., 359 pp. - (2) ff., 394 pp., veau marbré, triple filet doré d'encadrement sur les plats, dos à nerfs ornés de palettes et caissons avec motifs floraux dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et vert, coupes décorées, tranches rouges (reliures de l'époque).
"Plus complète que les précédentes, cette édition contient Le Fils Naturel, Le Père de Famille, deux Discours sur la poésie dramatique dont le second est dédié “A mon ami M. Grimm” et des Observations sur ses œuvres tirées de l'Observateur Littéraire. Les théories théâtrales de Diderot, telles qu'il les a énoncées dans ses Discours sur la poésie dramatique, annonçaient la fin de la tragédie classique française qui se survivait à elle-même grâce à Crébillon et surtout à Voltaire. Par ses répercussions sur les œuvres dramatiques d'un Lessing, d'un Gœthe ou d'un Schiller, la pensée de Diderot allait modifier définitivement la conception traditionnelle du théâtre. Diderot fut toujours très fier de son triomphe de dramaturge. A Hambourg, lorsqu’il sollicitera Carl Philipp Emmanuel Bach qu’il ne connaît que de réputation, il se présentera ainsi:”Je suis Français. Je m’appelle Diderot. Je jouis de quelque considération dans mon pays comme homme de lettre; je suis l’auteur de quelques pièces de théâtre, parmi lesquelles le Père de famille ne vous sera peut-être pas inconnu. Je suis l’éditeur de l’Encyclopédie…” Bel exemplaire en reliure du temps. Sur le titre, ex-libris manuscrit Henriette de Montigny. David Adams, Bibliographie des œuvres de Denis Diderot, C7. - Tchemerzine, Editions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, II, 943 (avec une collation erronée)."
Paris, Louis Billaine, 1665 2 volumes in-folio de (31) ff., 1059, (1) pp. - (6) ff., 717 pp., (3) ff., 220 pp., mal chiffrées 218, (1) f., maroquin rouge, triple filet doré d'encadrement, dos à nerfs ornés de filets, caissons et motifs dorés, coupes filetées or, bordures décorées, tranches dorées (Capé).
"Première édition complète, en partie originale, des Œuvres de Guez de Balzac. Donnée par Valentin Conrart et précédée d'une analyse de l'abbé Cassaigne, c'est la plus belle édition ancienne, la seule au format in-folio. Le tome I s'ouvre sur un magnifique portrait en médaillon de Guez de Balzac gravé en taille-douce par Guillaume Vallet (1634-1704). Titre en rouge et noir, large marque typographique, bandeaux, lettrines et culs-de-lampe. Le tome I est entièrement consacré aux lettres, dont quelques unes adressées à Balzac. Le tome II contient les œuvres principales (Le Prince, Aristippe, Socrate chrestien), des éléments des Œuvres diverses et des Entretiens répartis en trois rubriques - Dissertation chrestiennes et morales, Dissertations politiques et Dissertations critiques - ainsi, entre autres, que Le Barbon. ""C'est la seule édition qui ait tenté de rassembler tout l'œuvre de Balzac"" (Beugnot). Les exemplaires de cette édition furent imprimés au même moment sous les noms de Louis Billaine ou de Thomas Jolly ""dans la petite salle du Palais, à la Palme et aux armes de Hollande"". Superbe exemplaire, très grand de marges, magnifiquement établi par Capé. De la bibliothèque Ferdinand Brunetière avec ex-libris. Tchemerzine, I, 389-390. - Bibas et Butler, I, p. XXVI-XXVII. - Beugnot, n° 130."
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L’une des plus élégantes éditions collectives des œuvres d’Alfred de Musset éditée par A. Lemerre en 1876-1877. 1876-1877.11 volumes in-12 de : I/ (1) f.bl., (2) ff., 1 frontispice, 404 pp., 4 gravures hors texte, (1) f., (1) f.bl.; II/ (1) f.bl., (2) ff., 1 portrait en double état, 335 pp., (1) p., (1) f.bl., 5 gravures hors texte ; III/ (1) f.bl., (2) ff., 1 portrait en double état, 453 pp., (3) pp., (1) f.bl., 6 gravures hors texte ; IV/ (1) f.bl., (2) ff., 405 pp., (3) pp., (1) f.bl., 3 gravures hors texte ; V/ (1) f.bl., (2) ff., 413 pp., (3) pp., (2) ff. bl., 6 gravures hors texte ; VI/ (1) f.bl., (2) ff., 1 portrait en double état, 391 pp., (5) pp., (1) f.bl., 3 gravures hors texte ; VII/ (1) f.bl., (2) ff., 390 pp., (2) ff., (1) f.bl., 5 gravures hors texte ; VIII/ (1) f.bl., (2) ff., 351 pp., (5) pp., (1) f.bl., 6 gravures hors texte ; IX/ (1) f.bl., (2) ff., 436 pp., (1) f., (1) f.bl. ; X/ (1) f.bl., (2) ff., 1 portrait en double état, 275 pp., (2) pp., (1) f.bl., 3 gravures hors texte ; XI/ (1) f.bl., (2) ff., 1 portrait en double état, 361 pp., (4) pp., (1) f.bl.Plein maroquin havane, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs richement ornés, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque signée de Pagnant.160 x 87 mm.
1°) Œuvres de Alfred de Musset.- Poésies. 1828-1833. Contes d’Espagne et d’Italie. – Poésies diverses. – Spectacle dans un fauteuil. Namouna. Ibid., id., (Impr. J. Claye), MDCCCLXXVI (1876), petit in-12.2°) Œuvres… Poésies, 1833-1852. - Rolla. - Les Nuits. - Poésies nouvelles- Contes en vers . Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), petit in-12.3°) Œuvres… Comédies et proverbes. - La Nuit vénitienne. - André del Sarto. - Les Caprices de Marianne. - Fantasio. - On ne badine pas avec l'amour. - Barberine. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), pet. in-12. 4°) Œuvres... Comédies et proverbes. - Lorenzaccio. - Le Chandelier. - Il ne faut jurer de rien. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), pet. in-12.5°) Œuvres... Comédies et proverbes. - Un Caprice. - Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. - Louison. - On ne saurait penser à tout. - Carmosine. - Bettine. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), pet. in-12. 6°) Œuvres... La Confession d'un enfant du siècle. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), pet. in-12. 7°) Œuvres ..... Nouvel1es. – Les deux Maîtresses. - Emmeline. - Le fils du Titien. - Frédéric et Bernerette. - Croisilles. – Margot. Ibid., id., MDCCCLXXII (1876), pet. in-12.8°) Œuvres ..... Contes et Nouvelles. - Croisilles. - Le Merle blanc. - Pierre et Camille. – Le secret de Javotte. - Mimi Pinson. – La Mouche. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), petit in-12. 9°) Œuvres ..... Mélanges de littérature et de critique. - Le Tableau d'église. - Revue fantastique. - L'Art moderne. - Salon de 1836. - Lettres de Dupuis et Cotonet. - Faire sans dire. - De la tragédie. – Mlle Pauline Garcia. —Discours de réception à l'Académie française. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), pet. in-12. 10°) Œuvres ..... Œuvres posthumes. - Poésies diverses. - Un souper chez Mlle Rachel. - Faustine, - L'Ane et le Ruisseau. - Lettres. Ibid., id., MDCCCLXXVI (1876), Pet. in-12.Cette édition est complète en 10 volumes ; on y joint généralement un onzième volume, la Biographie de Alfred de Musset, par son frère Paul de Musset.160 x 87 mm.L’une des plus élégantes éditions collectives des œuvres d’Alfred de Musset éditée par A. Lemerre en 1876-1877.Précieux exemplaire du tirage de luxe imprimé sur papier de Chine portant le numéro 62 sur un tirage de 110.Il a été tiré 42 eaux-fortes, dessinées par Henri Pille et gravées par Monziès, pour illustrer cette édition. L’exemplaire est enrichi de plusieurs portraits tirés sur Chine en double état avant lettre, en noir et sanguine.Alfred de Musset a laissé une œuvre considérable ; l'étonnant dans son cas est que le meilleur et le plus profond de cette œuvre a été écrit entre dix-neuf et vingt-huit ans. On ne peut que s'étonner de la précocité non seulement de son talent de poète, mais surtout de sa connaissance de l’homme. Relativement rédigé dans sa grande période de création, il pourra cependant voir naître sa gloire, surtout à partir de 1850. Il reste par son éloquence, sa chaleur, sa sensibilité, celui de nos poètes romantiques qui parle le plus directement au cœur, un des plus modernes, malgré l'imperfection de la forme, par le drame moral et intellectuel qu'il a vécu ; son théâtre, longtemps méconnu, a trouvé au XXè siècle une audience considérable et presque unique. En particulier, au cours des années 1920-1935, aucun auteur français n'a eu autant de représentations d'œuvres différentes. Ce succès tient à ce fait que, débarrassé des contraintes matérielles de la représentation, Musset a pu devancer son temps et donner en toute liberté à son œuvre dramatique la fantaisie, la profondeur ou la justesse d’observation que demande le public moderne. (Philippe Van Tieghem)Précieux et superbe exemplaire appartenant au tirage de luxe imprimé sur Chine revêtu d’élégantes reliures en maroquin havane de l’époque.
Cette précieuse édition des œuvres du «poète maudit» n’est recensée qu’à 4 autres exemplaires. A Paris, Iouxte la Copie imprimée à Rouen, chez Jean de la Mare, 1627. - Suivi de: Œuvres du Sieur Theophile. Seconde partie. 1628. - Suivi de: Recueil de toutes les pièces que le Sieur Théophile a mises en lumiere pendant sa prison, iusques à present. Avec quelques autres Œuvres à luy envoyees par ses Amis. Troisieme partie. 1628. - Suivi de: Apologie de Theophile au Roy. Soit 4 parties en 1 volume in-8 de (8) ff., 336 pp., 160 pp., (1) f. de titre, pp. 163 à 285, 69 pp. Plein vélin souple, dos lisse, restes de liens. Reliure de l’époque. 165 x 103 mm.
Rarissime édition collective en partie originale des Œuvres de Théophile de Viau (1590-1626) réunissant les trois parties qui avaient été publiées séparément, savoir, la première partie, Paris, J. Quesnel, 1621, in-8; la seconde, Paris, Quesnel et Billaine, 1623; la troisième en 1624, le volume s’achève sur une partie séparée de 69 pp.: «L’Apologie de Theophile au Roy». Notre édition est si rare qu’elle est demeurée inconnue de la plupart des bibliographes. Tchémerzine cite une autre édition de 1627 d’après le catalogue solar, et G. Saba, Théophile de Viau, 2007, n°50, ne recense que 4 autres exemplaires: Arsenal, Orléans, Yale et Toronto. La première édition collective des Œuvres de Théophile de Viau fut imprimée à Paris, chez Billaine, l’année précédente, en 1626. Elle est bien sûr introuvable et Tchemerzine ne la connaît pas. «Elle est de toute rareté; le père Niceron semble l’avoir vue, mais l’abbé Goujet n’a connu que celle de 1627 et une de 1643 qu’il appelle la Seconde, et enfin une in-12 de 1662. Lachèvre dont la documentation est immense dit ne pas l’avoir vue. Nous ne la connaissons pas.» (Tchemerzine, V, p. 860). Selon l’abbé Goujet (Tome XIV, p. 496), la première édition collective serait identique à la nôtre, imprimée à Rouen, chez Jean de la Mare, en 1627. Elle est si rare que Tchemerzine mentionne «nous ne la connaissons pas». En fait les éditions collectives de 1626-1627 sont tellement rares – Théophile, mort en 1626, venait de vivre un terrible procès et ses œuvres étaient condamnées et brûlées – qu’elles sont aujourd’hui ou inconnues – cas de celle présentée ici – ou répertoriées à quelques rares exemplaires dans le monde. Le seul autre exemplaire imprimé à Paris en 1627 cité par Tchemerzine (V, p. 863): «l’édition de Paris, 1627, est citée au catalogue Solar, n°1311» est en fait une autre édition composée différemment qui se termine par la Tragédie de Pasiphae. La première édition collective à pagination continue ne sera publiée que deux ans plus tard, en 1629, chez le même imprimeur. A Paris, Iouxte la Copie imprimée à Rouen, chez Jean de la Mare, aux degrez du Palais, 1629. La place de Théophile est essentielle dans la littérature française. Selon Ant. Adam, il a «renouvelé la poésie française», il est «le premier en date de nos grands prosateurs classiques». Vivant dans le milieu libertin, il s’est heurté aux Jésuites qui ont déployé tous leurs efforts pour le faire condamner. Sa paraphrase du Phedon sous le titre de «Traicté de l’immortalité de l’âme», l’a fait classer parmi les suiveurs de Giordano Bruno et de Vanini et la hardiesse de ses vers licencieux ont noirci le tableau qu’ils ont fait de lui. «Il ne connut les flammes que sous la forme d’un homme de paille vêtu d’un pourpoint de satin, il fut néanmoins condamné, et ses amis reçurent la double leçon, de son péril d’abord, et de son angoisse…». (R. Pintard). Théophile de Viau est mort à 36 ans, plus usé, écrit Henri Mondor, par les persécuteurs que par son libertinage. Assuré par contre, aux dires des meilleurs esprits de son temps, de l’immortalité littéraire… (il) a été un des grands poètes lyriques français. La brève beauté des femmes, leur souriante trahison, leur vieillesse décrépite… l’ont particulièrement inspiré… les grâces de son ton naturel annonçaient La Fontaine; sa bravoure et sa liberté avaient continué Villon. Mallarmé… accordait, à Théophile de Viau, une place si importante qu’elle se trouve honorer l’un et l’autre. Un premier exil avait mené le poète aux Pays-Bas, avec Guez de Balzac. Selon Henri Mondor, une brouille, peut-être par quelques points comparable à celle de Verlaine et de Rimbaud, les sépara. Rentré en France, pensionné par Louis XIII, Théophile de Viau devait de nouveau fuir en Angleterre où le duc de Buckingham l’accueillait; revenu en 1621, il abjurait le protestantisme et se mêlait aux poètes des cabarets de l’île Saint Louis; accusé d’être l’auteur de poèmes scandaleux, il fut arrêté et incarcéré dans le propre cachot de Ravaillac. Au terme d’un long procès, il bénéficia de la protection du roi et ne fut exécuté qu’en effigie. Maintes fois rééditées, ses «œuvres poétiques» connaîtront au XVIIe siècle un succès tel que la gloire de Malherbe même en pâlira. Symbole d’un temps mal assuré, fort de ses hésitations, qui prépare l’avènement de l’ordre classique, mais n’y a encore rien sacrifié, l’art de Théophile a les vertus et les limites de sa préciosité. «L’univers borne ses horizons, consent à plus de «matin» ou de «Solitude». L’auteur de l’«Elégie à une dame» manque de peu le secret de Jean de la Fontaine; celui d’une paresse qui est disponibilité, d’une flânerie qui est docilité aux dieux. Il arrive aussi qu’un songe, un pressentiment fissurent telle ode, en lézardant le surnaturel de convention. Le meilleur Théophile est-il dans la prose dépouillée des lettres, de l’«Apologie au roi», de la nouvelle latine «Larissa», des «Fragments d’une histoire comique», ou bien dans le lyrisme flamboyant de ses tragédies, «Pasiphaé», «Pyrame» et «Thisbé»? Plus musical que Racan, plus robuste que Tristan, l’oiseau Théophile traverse plus heureusement les siècles qu’il n’a fait son temps.» Antoine Duminaret. Sa Poésie enchantera Mallarmé. Renouvelant profondément la poésie baroque par le naturel de son lyrisme et la vivacité de son imagination le poète substitue à l’inspiration religieuse l’exaltation de la nature en témoignant d’un naturalisme épicurien de tendance nettement matérialiste. «Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints, Promener mon esprit par de petits desseins, Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise, Méditer à loisir, rêver tout à mon aise,…». Avec une sensibilité très affirmée Théophile chante la solitude, la passion amoureuse et la Beauté de la nature: … « la charrue écorche la plaine; Le bouvier, qui suit les sillons, Presse de voix et d’aiguillons Le couple de bœufs qui l’entraîne… Une confuse violence Trouble le calme de la nuit Et la lumière, avec le bruit, Dissipe l’ombre et le silence…» Les œuvres complètes de Théophile de Viau imprimées avant 1630 reliées en vélin de l’époque sont de la plus insigne rareté. Superbe exemplaire de cette précieuse édition collective en partie originale, conservé dans son vélin souple de l’époque.