‎BLAZE DE BURY. Henri. ‎
‎Mes souvenirs de la Revue des Deux Mondes.‎

‎ 1 volume in-4, demi-percaline bleue, dos lisse titré doré.Tapuscrit de 191 feuillets de papier fin paginés, écrits au recto seul.‎

Reference : 42503

‎Récit inédit fourmillant d’anecdotes, sur la Revue des Deux Mondes, par un des plus proches collaborateurs de François Buloz pendant plus de 40 ans.Petit frère de la femme de François Buloz, Henri Blaze éveille très tôt la curiosité de son beau-frère avec son poème Souper chez le commandeur en 1831, alors qu’il a à peine vingt ans. L’éditeur le trouvant cependant trop jeune, il lui impose un pseudonyme : Hans Werner, avec lequel Blaze fait ses premiers pas dans la Revue. Spécialisé dans la musique, il suit les traces de son père Castil-Blaze, musicien, compositeur et critique musical.Sa collaboration prolifique avec Buloz en tant que chroniqueur de théâtre et d’opéra, en fait un des témoins les plus privilégiés de l’évolution de la Revue. Dans ce tapuscrit, il dresse un portrait de Buloz tout au long de son écrit comme étant un homme sans concessions et avec un sens critique très affuté : Buloz avait le sentiment du devoir professionnel... acceptait ou refusait (des manuscrits) sans se préoccuper du nom de l’auteur.Un homme qui connait bien son public autant que les idées et les besoins de son siècle et qui désire avant tout, en reprenant la Revue : Mêler aux romans les voyages, les études d’économie politique et sociale aux portraits littéraires, à la rubrique d’Art, varier les objectifs, multiplier les rubriques, appeler à soi toutes les forces vives et rendre impossible désormais la funèbre légende du talent méconnu.Inspirant la confiance des auteurs influents de l’époque, il embarque dans ce projet aux moyens financiers restreints Musset, Sand, Vigny, Sainte-Beuve ou encore Mérimée qui font preuve d’un absolu désintéressement... pendant toute cette période du début et même longtemps après.Aboutir sans moyens financiers, vaincre sans le nerf de la guerre, et par l’unique effort du labeur et de l’entêtement, voilà le génie.Il décrit ses souvenirs d’enfance au milieu de Victor Hugo, Rossini, Delacroix ou encore Stendhal.Puis il nous parle de Musset, de la rencontre avec l’unique passion de sa vie : George Sand.Il cite aussi de nombreuses anecdotes sur les auteurs de son temps: Lamartine à la générosité sans borne mais toujours si discrète, Mérimée avec sa haine et son mépris des allemands, les provocations de Baudelaire, l’anticléricalisme forcené de Sainte-Beuve...Il s’attarde sur le mystère entourant la mort de Gérard de Nerval : Ecartons le meurtre dont personne assurément n’eût tiré profit ; car, jusque dans les bouges du quartier de la Cité, son indigence était connue et pas un des hôtes du pays n’aurait eu même la tentation de retourner ses poches. Admettons plutôt l’autre hypothèse, un de ces suicides par hypochondrie, longtemps médités, différés et que l’alcoolique exécute en un tour de main.Il nous parle de la Revue sous le second Empire, de la fin de sa période faste : Buloz voulait être partout le maitre et on n’est jamais le maitre avec des hommes comme Victor Hugo, Balzac, Michelet ou les deux Dumas. C’est cette incapacité de se soumettre aux exigences qui l’empêcha, vers sa fin, de maintenir selon le temps, le niveau de sa rédaction et le fit remplacer les chefs d’emploi par des doublures qu’il appelait insidieusement des « talents modestes » traduction libre : des talents qu’il payait moins cher.Ce tapuscrit n’a, semble-t-il, pas été publié.Passionnante source par un des acteurs majeurs de la Revue des Deux Mondes. ‎