‎RUEFF, Jacques‎
‎Lettre autographe de Jacques Rueff, répondant à un courrier du Professeur Georges-Henri Bousquet, probablement à propos d'une éventuelle réédition de son ouvrage publié en 1927 "Théorie des Phénomènes Monétaires".‎

‎10 pages en 5 feuillets manuscrits format A4, rédigés recto-verso, circa 29 lignes par pages ; on joint 2 pages dactylographiées (copies des questions), sans date (circa 1975 ?). Les documents ne sont pas signés.‎

Reference : 52751


‎Passionnante lettre autographe (non signée) de Jacques Rueff, qui répond à 14 questions (jointes) posées par le Professeur Georges-Henri Bousquet, manifestement dans la perspective de la révision de la "Théorie des Phénomènes Monétaires" parue en 1927. Jacques Rueff (1896-1978), le grand économiste, théoricien autant que praticien de la monnaie, évoque de nombreux personnages dans son long courrier. Tout d'abord Chait, auquel il doit "la conception même de ce réseau de filières, qui unit toutes les activités les unes aux autres", et qui explicita cela géométriquement, "au point d'en exprimer mathématiquement le fonctionnement, en osant un calcul d'ensemble dont l'audace (ou le courage) me paraît aussi grande que celle de Walras"[ ... ] "Léontief a fait quelque chose d'analogue, postérieurement sauf erreur, mais le travail de Chait me paraît plus parlant, plus mécanique, eût dit Walras. Chait n'a pas nettement précisé la consistance de ses flux, qui sont à mon sens des flux de biens ; j'y ai ajouté l'idée qu'il faut concevoir un second réseau, des flux de monnaie, calqué sur l'autre"". Il évoque les "Institutes" de son correspondant (il s'agit des "Institutes de Science Economique" du professeur Bousquet). Jacques Rueff reconnaît ensuite qu'une "circulation de biens peut, soit faire naître un droit, soit éteindre une obligation. Ce n'est pas là une simple observation méticuleuse ; elle détecte une idée inconsciente de moi, savoir, que des deux réseaux, celui des biens et celui de la monnaie, c'est le premier qui a l'initiative"Il continue sur la troisième question : "Fasciné par mon effort d'analyse de l'épargne, j'ai en effet oublié la dilapidation" [ ... ] "Car le désinvestissement a souvent un rôle essentiel, notamment pour les virages de la production : par exemple on peut transformer un chateau en usine en n'entretenant pas le premier et employant à construire l'usine le montant non dépensé des frais d'entretien : on dilapide (au sens étymologique) le château pour réaliser l'usine ; pour un peu, on emploierait les moellons du château à construire l'usine. Je crois qu'on pourrait tirer de là toutes une théorie (avec calcul) de la vitesse possible de changement d'orientation des investissements - problème bien actuel dans la "démocratisation" contemporaine de l'économie"Il évoque ensuite Le Play, qu'il considère comme un très grand économiste, "placé plus haut qu'on le présente généralement. J'ai senti plus d'une fois la pénurie des études inductives sur l'épargne. Vous parlez de mes disciples : hélas ! j'ai des anciens élèves, et me demande su j'ai des disciples (peut-être que mon profil d'économiste n'est pas net, en sorte que je ne distingue pas qui est mon disciple et qui ne l'est pas. Peut-être Rottier, qui a travaillé ensuite avec Perroux et dirige actuellement le Credoc fera-t-il des investigations statistiques poussées sur l'épargne, j'ai été tenté maintes fois de l'y inciter"Jacques Rueff évoque encore l'épargne, évoque del Vecchio, puis les Caisses d'Epargne qui soulèvent un très gros problème théorique. "C'est un passage que m'a vivement critiqué M. Penglaou, l'ancien Directeur du Crédit Industriel et Commercial, critique qui m'accule à une reprise dans mon livre sur la monnaie, et j'espère que j'arriverai à mettre cela bien au clair".La lettre continue sur le même ton, Jacques Rueff évoque les rapports du juridique et de l'économique, parle de Le Chatelier qui "était d'une modestie exemplaire ; il me connaissait comme étant élève et successeur de Colson, dont il était un grand ami, ce qui ne vous étonnera pas. Outre quelque visite de candidature que le lui ai faite (dans cet extraordinaire pavillon avec jardin en plein Montparnasse), je l'ai approché au Ministère des Travaux Publics comme Secrétaire de la Commission des Chaux et Ciments, dont il était. Quand mon chef au Conseil Général des Ponts, Ducroq, me fit nommer à ce poste, je lui rétorquai que je ne savais pas ce que c'est qu'un ciment ; il me répondit sans hésiter : ça ne fait rien ! Sans vouloir faire une véritable comparaison, qui serait bien orgueilleuse de ma part, j'ai lu [...] que fut nommé Professeur de géologie à l'Ecole des Mines, par convenance, un ingénieur qui ne savait pas de géologie, et qu'il a laissé un nom comme grand géologue. Voilà comment travaillait la Vieille France. Vous qui êtes à la fois économiste et orientaliste, ne trouverez peut-être pas cela si mal"Rueff continue en évoquant Chait, Walras et Dupriez (de Louvain), il écrit notamment "Vous voyez que je fais comme si mon livre devait être réimprimé ; il n'en est, certes, pas là". Il évoque aussi René Carmille, "contrôleur de l'armée, le réformateur sous Pétain de notre Service National de Statistique, mort en déportation à Dachau" [ ... ] Carmille était un libéral admirable. Il m'a dit un jour : "Je suis plus libéral que vous (ce qui était vrai), et j'ai fait de l'interventionnisme toute ma vie" etc. etc.Son correspondant, le professeur Georges-Henri Bousquet (1900-1978), est un économiste de l'école de Pareto et Schumpeter, mais également islamisant de l'école de Goldziher et Snouck-Hugronje, professeur aux facultés d'Alger puis de Bordeaux. Il avait connu personnellement Joseph Schumpeter, Irving Fisher et Pareto, ainsi que le disciple de Léon Walras Albert Aupetit. G.H. Bousquet publia plusieurs comptes-rendus d'ouvrages de Jacques Rueff à la "Revue Economique". Dans sa jeunesse, Georges Bousquet avait eu "l'honneur de suivre un cours libre" de Jacques Rueff "à la Faculté de Droit de Paris, les auditeurs étant à peine plus jeunes que le savant professeur".‎

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