‎PAULHAN (Jean) ‎
‎critique et écrivain français (1884-1968) Ensemble de 6 lettres autographes signées à Jean Blanzat, accompagnées de 4 tapuscrits dont 3 signés (lettres aux membres du C.N.E. et lettre de démission de 1946), ainsi qu’une plaquette (in-8) avec dessin autographe signé de son monogramme, plaquette intitulée « L’ENIGME des Tableaux Modernes », extrait de la « Chronique Nîmoise », Chastanier frères et Almeras imprimeurs à Nîmes. 10 p. in-8. En-tête de la NRF pour 4 lettres. S.l.n.d. [de 1941 à 1947] et 7 p. et demi gd in-4 pour les tapuscrits. ‎

‎Il avoue être bien ennuyé que René Jouglet sera « par décision officielle, seul directeur en titre des éditions Grasset », ajoutant : « Que trame-t-il ? ». Il lui indique ce qu’il a écrit dans les « cahiers » avec détail : « vraiment, vraiment, le devoir de rendre à la France toute sa figure et toutes ses voix me semble, en ce moment, aussi impérieux que l’était, en 1940, un autre devoir. Et je ne vois guère qui aillent là-contre, que des soucis politiques… Où cela me mènera-t-il ? Suivant toute apparence, sur la liste noire… ». Il lui assure que personne n’a eu le plus léger doute sur son courage, « ou je me trompe beaucoup, que vous ne seriez peut-être pas courageux pour d’autres pour vos hommes. (Jean Blanzat était résistant au sein du Groupe du musée de l’Homme) Je vous écris, sans grande envie d’écrire. Pardonnez-moi. Tout semble grave, et tout rend anxieux. Ici avec des prés et leur brebis, ce grand calme, ces silences, ces arbres qui blanchissent tous à la fois, il est peut-être plus honteux qu’ailleurs de se sentir du côté de ceux qui sont protégés, non de ceux qui protègent. (Je suis surpris, quand je me rappelle 1914, de voir à quel point la guerre m’était indifférente, je ne me posais même pas la question de sa fin. Comme tout a changé… ». Il vient de rentrer d’El Goléa où il a passé trois jours chez Dubuffet, et est stupéfait de trouver « La petite ordure des L.F. Evidemment, cela tient de la maison GR (Grasset ?), mais je n’aurais pas pensé (tout en m’attendant vaguement à quelque chose) qu’ils pussent être aussi infects… ». Il lui confirme que pour J.D. (Jacques Decour), « il a été exécuté le 30 mai, après 72 jours de secret…», et tient à lui apporter « un Goethe ». Pour « Sybilla et Saint-Saturnin : je continue à penser que la nrf devait les publier, même manqués : ne fût-ce que pour donner l’exemple d’un grand dessein – de ces grands desseins qui nous manquent. (Et que l’auteur fût un peu inférieur au dessein ce n’en était que plus excitant. Il me semble que tu vois un peu trop dans la nrf un palmarès : ce n’est pas [seulement] parce qu’ils étaient meilleurs que d’autres qu’on publiait un récit, un poème ; ou moins bons, qu’on les refusait… ». Enfin, la démission de J.G. ( ?) lui semble une excellente chose pour son ami. « Te revoilà, sans ce voile d’action politique (qui fait tellement illusion) tout à fait en face de toi. Je crois que tu dois- si même tu ne le sens pas tout prêt en toi, et exigeant- te remettre à écrire un roman, ou du moins une longue nouvelle. Tes critiques… Tu les écrivais trop vite, tous ces derniers temps. Je sais bien que cela leur donnait peut-être une sorte d’indolence gracieuse ; naturellement, tu écris "charmant". Mais tu peux avoir une force, qui ne se montre qu’à la longue, et que (moi du moins) j’attends de toi. Il n’y avait rien, j’en ai peur, de nécessaire dans tes notes de la Bataille (les écris-tu toujours ? impossible de la trouver en Suisse ici non plus… ». Les trois lettres qu’il adresse et qu’il signe avec quelques commentaires supplémentaires à Jean Blanzat sont destinées au Comité national des écrivains (CNE, organe de la résistance littéraire) qui sont, pour la première lettre, une critique sévère à l’égard de Romain Rolland qui selon lui, aurait "trahi la cause de la France" d’après une lettre qu’il aurait écrite à Bachelin en avril 1921, et publiée dans le catalogue Charavay, lettre, qu’il cite partiellement. « …Ma conviction est absolue qu’en fait la guerre de 1914-1918 a eu pour véritable objet (profond, non avoué) de détruire la nation qui travaillait le mieux, au profit des nations qui travaillaient moins bien, et principalement l’Angleterre. C’est un crime contre les intérêts de l’humanité. Elle le paiera », poursuivant, « Voilà donc ce que pensait, voilà ce qu’écrivait Rolland, alors que la France, deux fois envahie en quarante cinq ans, rassemblait déjà ses forces – et tentait de grouper celles du monde – contre une troisième invasion. Vous avez reconnu les deux thèmes de la propagande pangermanique, qu’allait reprendre bientôt la propagande hitlérienne… ». En conclusion, il précise que cette « vérité » provoque de grands remous et de grandes émotions au sein du CNE. « vingt ripostes, une lettre signée par seize écrivains qui m’adjurent de changer d’avis, une page entière des Lettres Françaises (avec échos anonymes, mensonges et faux), une soirée commémorative en Sorbonne […] On m’a toujours assuré qu’il fallait, à tous risques, dire la vérité. Je dis la vérité. Quant aux risques, nous en avons vu d’autres. ». Dans la seconde lettre, datée du 15 mai 1947, Paulhan conteste le manifeste d’Aragon, considérant que ce manifeste qui cite, « non sans éloge, divers textes de Rimbaud », est trompeur. Aragon « se trompe exprès. Drôle de mensonge : naïf, car nous sommes tout de même quelques uns à lire Rimbaud ; imprudent, car le trac se trouve encore dans les bibliothèques. A-t-il un tel mépris de ses lecteurs qu’il pense les gagner à sa cause par des procédés, dont le savon Cadum ne voudrai pas pour sa propagande – ni la police pour ses enquêtes ? Mais le mensonge Rimbaud, comme l’erreur Rolland, posent des problèmes, qui dépassent de loin le cas d’Aragon. ». Pour conclure, il ajoute de sa main : « nous avons trop souffert des mensonges des gens de droite. Ne laissons pas trop mentir les gens de gauche. A demain peut-être. Jean ». Enfin dans la dernière lettre du 4 juillet 1947, Paulhan qui défend les principes de "droit à l'erreur" à l’encontre de Vercors qui lui, soutient, la notion de "responsabilité de l'écrivain", (débat déclenché par l’épuration des intellectuels), s’insurge contre cette « liste noire », liste établie en 1944, à l’issue d’une commission voulant établir des critères pour sélectionner les écrivains compromis. « Je ne suis pas un moraliste. Je ne sais s’il faut être patriote, et l’on m’assure qu’un mensonge peut avoir sa raison d’être ; même sa noblesse. Ce n’est pas mon affaire. Ce que je cherche, c’est la raison d’un certain malaise, que je ne suis pas seul à éprouver. Je dois l’avouer, au sein du C.N.E., si peu que j’y ai mis les pieds. Je les cherche... ». Il ne veut pas se sentir « l’âme » d’un juge. « Quand je vous demande au nom de quels principes vous jugez, et ce que signifie votre liste noire, vous me faites deux sortes de réponses – dont la première est plaisante, évidement sincère, au demeurant indiscutable. Indiscutable, parce qu’elle ne prête pas à discussion… ». Paulhan évoque également la conception de Vercors en le citant (Petit pamphlet des dîners chez Gazette) : « Je ne juge pas. Je ne les condamne pas ni les punis – ni les acquitte. Ils m’inspirent de la répulsion, c’est mon droit je pense ? … De penser à eux, ça me soulève le cœur. On ne veut pas les voir, c’est tout. Parce qu’ils nous dégoûtent, qu’ils nous débectent, que leur physionomie nous coupe l’appétit… ». ‎

Reference : 215C18


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