Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient Vol. 33, No. 1 (1933), pp. 143-302 (160 pages)
Reference : ARC-114116
La Chanson de Damsan est un khan. Le khan est la légende chantée, si tant est que l'on puisse appeler chant la triste et monotone mélopée que constituent ces récits du passe, psalmodiés sur deux notes à raison de trois mots sur un ton au-dessus du ton normal et trois mots sur un ton un peu au-dessous. MAITRE, dans son premier ouvrage Le plateau du Darlac, déclare que les Rhadé répugnent à chanter le khan devant un étranger et que, pour cette raison, il ne lui a jamais été donné d'en entendre. Il ne me semble pas que cela soit exact. Une question mal posée ou incomprise est souvent la cause de ces méprises qui laissent supposer que les primitifs font mystere de certains actes de leur vie courante, de certaines de leurs coutumes. Dans beaucoup de cas, cette réserve de leur part est aussi le fait de la crainte. Ils ont trop appris à leurs dépens qu'ils ont tout à redouter des organisateurs maladroits ou des désorganisateurs inconscients que nous sommes parfois. Pendant dix ans j'ai ignoré les khan, et cela uniquement parce que les circonstances ne m'avaient pas amené à en connaître l'existence. Comme le furent les lois, ils m'ont été révélés par un hasard fortuit. Je me souviens de la stupéfaction indignée de mes commensaux Ma Ngay, Ma Bli, Ma Bok à ma question : "Qu'est-ce donc que le khan?», le jour où j'en entendis parler pour la première fois. « Le khan, mais c'est ce qu'il y a de plus beau! Lorsque dans une maison quelqu'un chante le khan, le soleil qui se couche voit les gens attentifs, immobiles et les retrouve tels à son lever; lorsque dans une maison quelqu'un chante le khan, les femmes cessent de crier, les enfants de pleurer, personne ne dort, personne ne parle, tout le monde écoute... — Mais qui connait des khan? — Y Bloy en connait beaucoup. — Pourrait-il venir ? — Mais il est mort. » Ils étaient tous morts, les chanteurs de khan. Après de longues recherches, on découvrit un vieillard aveugle qui connaissait un khan, celui de Damsan.
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