[1950-1952] : 82 ff. in-4 (21 x 27 cm) à l’encre sur papier quadrillé, 15 ff. dactylographiés. Manuscrit autographe partiel comportant de nombreuses ratures, ajouts et corrections. Ces feuillets manuscrits, sont complétés par 15 feuillets dactylographiés, certains portants de très nombreux ajouts et corrections autographes. Cette biographie de Jean Genet publiée chez Gallimard en 1952 est née d’un projet de préface que Sartre destinait aux Œuvres complètes de l’écrivain, dont six fragments furent successivement publiés dans Les Temps modernes de juillet à novembre 1950. Écrit entre Baudelaire et L’Idiot de la Famille, Saint-Genet comédien et martyr est parmi les grandes biographies littéraires de Sartre la seule consacrée à l’un de ses contemporains. Le projet est décrit par l’auteur dans ses entretiens avec Simone de Beauvoir (La Cérémonie des adieux, p. 350) : « Parce que je m’étais lassé de faire de la philosophie. [...] J’ai fait L’Être et le Néant et je me suis fatigué ; là aussi il y avait une suite possible, je ne l’ai pas faite. J’ai écrit Saint Genet qui peut passer comme intermédiaire entre la philosophie et la littérature.»Plus loin, Sartre évoque l’accueil que Genet réserva au texte : « Quand j’ai eu fini, je lui ai donné le manuscrit, il l’a lu, et une nuit, il s’est levé, il est allé jusqu’à une cheminée et il a pensé le jeter au feu. Je crois même qu’il a jeté des feuilles et qu’il les a reprises. Ça le dégoûtait parce qu’il se sentait bien tel que je l’avais décrit [...]. Il se prenait pour le poète et il me prenait pour le philosophe. » Cette observation est corroborée par un feuillet dactylographié consacré à la révélation poétique de l’auteur de Notre-Dame des Fleurs (Il assistait à la naissance des vers, il en fait, à présent, sur le même modèle. “Un ange qui sanglote... etc...” est un mauvais vers, facile, fade, in-sincère. Mais à travers lui le poète s’atteint comme activité créatrice et découvre pour la première fois que la poésie n’est peut-être pas un destin.), en marge duquel Jean Genet a porté un commentaire autographe à la mine de plomb : « vrai à tel point que c’est en écrivant ce poème - en le fabricant - et non en écrivant N.D. des Fleurs, que j’eus la stupéfaction un peu humilié qu’on fait des vers, ou qu’on peut en faire. »Dans un entretien réalisé en 1964 pour Playboy, Jean Genet reconnut avoir « été pris d’une sorte de nausée, parce que je me suis vu mis à nu, et par un autre que moi-même. Certes je me dévoile entièrement dans tous mes livres, mais dans le même temps, j’ai recours au déguisement des mots, des attitudes, des choix particuliers. J’utilise une certaine magie et fais en sorte de me ménager un peu. Or Sartre m’a dépouillé sans faire de cérémonie, à la hussarde... Ma première réaction a été de vouloir brûler le livre ; Sartre m’avait donné le manuscrit à lire. Puis j’ai accepté sa publication parce que mon principal souci a toujours été d’assumer la responsabilité de mes actes. Il m’a fallu du temps pour me remettre de la lecture de son livre. Je me suis retrouvé dans une quasi-impossibilité d’écrire. [...] Le livre de Sartre a créé en moi un vide qui a joué comme une sorte de détérioration psychologique. »La part la plus importante du manuscrit de Saint-Genet se trouve à la BnF, au départements des manuscrits, sous la côte NAF 28405-40 : divisé en trois sous-ensembles, il contient des fragments du livre I et les six premières parties du livre II (NAF 28405-41) ; puis la dernière partie du livre II (Caïn) et le livre III (NAF 28405-42) ; suivi du livre IV et de fragments non foliotés, qui seront insérés dans la la version définitive du livre IV, ainsi que les notes (NAF 28405-42). L’ensemble que nous produisons comporte quant à lui les parties suivantes (pour la pagination, se rapporter à l’édition Gallimard de 1952, bien que ce manuscrit diffère parfois grandement de l’imprimé): deuxième partie du livre I : La Métamorphose (pages 20 à 40), plusieurs fragments du livre IV (pages 402 à 405, pages 534 à 447, pages 497-500). La dernière partie de Saint-Genet est complète, de la page 517 à la fin du volume, page 578. On y retrouve après le dernier chapitre du livre IV la célèbre conclusion Prière pour le bon usage de Genet (page 538 à 570).Prière pour le bon usage de Genet, inséré à la fin du volume et dont le manuscrit manquait lors de l’exposition Sartre à BnF de 2005, y est décrit dans le catalogue comme « un manifeste d’intention » dont le premier paragraphe est reproduit en notice : « Montrer les limites de l’interprétation psychanalytique et de l’explication marxiste et que seule la liberté peut rendre compte d’une personne dans sa totalité, faire voir cette liberté aux prises avec le destin, d’abord écrasée par ses fatalités puis se retournant sur elles pour les digérer peu à peu, prouver que le génie n’est pas un don mais l’issue qu’on invente dans les cas désespérés, retrouver le choix qu’un écrivain fait de lui-même, de sa vie et du sens de l’univers jusque dans les caractères formels de son style et de sa composition, jusque dans la structure de ses images, et dans la particularité de ses goûts, retracer en détail l’histoire d’une libération : voilà ce que j’ai voulu. »t qui] n'entend rien à la politique". Il donne une discussion animée entre un ami "fasciste" et un autre "communisant" échangeant, autour d'une table de bistrot, leurs opinions sur le film. Sartre en fait une analyse précise, opposant la lecture catholique et la lecture marxiste du film.TRÈS BEL ENSEMBLE DE MANUSCRITS DE SARTRE
Reference : 23061
J.-F. Fourcade - Livres anciens et modernes.
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