‎Pomeroy William J.‎
‎Les huks dans la forêt des Philippines‎

‎Les Huks dans la forêt des Philippines.‎

‎ Maspero, 1968, in-8°, 166 pp, présentation de Georges Fischer, traduction et notes de Denis Nardin, une carte, index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état (Coll. Cahiers Libres)‎

‎Journal d'un américain au service des guérilleros Huks, aux Philippines dans les années 50. L'un des récits les plus authentiques d'une expérience de la guerre de guérilla. — "Ce passionnant ouvrage n'évoquerait qu'un épisode oublié de l'histoire récente des Philippines, s'il n'était devenu un des classiques de la guérilla et si la révolte ici présentée par un témoin et acteur ne s'inscrivait, comme le montre pertinemment le préfacier, dans la longue suite des révoltes dirigées contre le régime colonial, qu'il soit espagnol ou américain. Et si celle-ci a pris pour cible un gouvernement « philippin » (le grand vainqueur fut Ramon Magsaysay, 1950-1957) on peut en fait, selon l'expression de Mao, considérer le régime d'alors comme « semi-colonial ». Les Américains ne marchandèrent d'ailleurs ni leurs subsides, ni leurs forces, ni leur appui technique, suivant un scénario connu ailleurs. Il paraît bien aussi qu'ils aient « inventé » Magsaysay, l'homme fort et l'homme providentiel. De quoi s'agit-il ? Contre une élite de grands propriétaires et de gens d'affaires qui a profité du régime espagnol, s'en est débarrassé quand elle l'a trouvé trop pesant, a préféré à l'indépendance prônée par un del Pilar, un Bonifacio, un Sukay ou un Ricarte, l'annexion aux États-Unis, et qui après l'écrasement du Japon a prétendu reprendre avec l'aide de ceux-ci, ses prérogatives économiques et politiques, c'est la révolte de ceux qui, à l'occasion, avaient combattu les Américains, ont lutté, au nom de la Résistance, contre les Japonais au sein de « l'armée de libération nationale » (Hukbalap, d'où Huk) et ont connu la déception de voir une fois de plus la liberté confisquée, et l'élite reprendre les leviers de commande et rétablir son oppression économique et sociale. Révolte rustique, au cœur de la forêt qui couvre les traces, brouille les pistes, permet de bases clandestines, fort primitives, mais abritant des états-majors et des « universités » pour cadres et propagandistes, mais liée aux réseaux urbains qui s'étendent jusqu'à Manille. Vivant grâce à une « logistique » primitive mais efficace, non de pillage (strictement interdit) mais d'achats, ou grâce aux contributions des bases paysannes établies sur les kaingins (équivalents des rays indochinois) lançant partout des tentacules avec ses messagers (souvent des femmes). Les uns, comme les autres, furent finalement vaincus – et bafoués. Énorme effort des troupes régulières (et des Américains ?) Décapitation des réseaux par une police renforcée ? Terreur intimidant les paysans ? Tout cela sans doute, et, en outre, faiblesse idéologique des Huks, malgré leurs conférences sur le marxisme et la lutte des classes... Et pourquoi Pomeroy ? Américain naïf, dirait-on, qui avait cru, comme aviateur, lutter pour la démocratie universelle, déçu par l'expérience philippine. Encore plus que celui des Huks, son drame est le thème majeur de l'ouvrage – et celui de son épouse, Célia. Une fois de plus où l'on attendait un auteur, on a la joie de trouver un homme..." (Jean-Paul Faivre, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1970) ‎