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‎[Camp de Châlons]. ‎

‎Sans lieu, , (1870). Manuscrit in-8 (12,5 x 19,5 cm) de (19) ff., demi-toile brune muette (étiquette Papeterie Fietta Frères Metz). ‎

Reference : 44373

‎Court récit aux accents lyriques d'une grande désillusion, livré par un officier du 4e régiment de ligne retenu au camp de Châlons entre le 22 juillet et le 5 août 1870.Parti de Saint Étienne le jeudi 21 juillet, guidé par son amour de la patrie (« Que m'importe maintenant notre destination : nous marchons vers la frontière et je suis heureux et fier de prendre part à la lutte qui va s'ouvrir entre la France et la Prusse »), une première déconvenue l'attend quand son bataillon est reclassé « armée de réserve (tandis que) d'autres, plus heureux, marchent à l'ennemi ». « Condamné à l'inaction », l'officier observe le camp où il avait été affecté une première fois l'année suivant son inauguration, en 1858 : « le village de Mourmelon lui-même a fait peau neuve ». L'installation, les exercices, les manoeuvres, l'intégration des nouveaux arrivants, le commandement, sont alors l'objet de réflexions sur « les exigences de cette seconde vie qu'est la vie militaire ». On connaît les noms des officiers qui occupent sa chambrée rebaptisée « popote » : Richard, Poirier, Gausserand, Bernard, Caisso, Riveron, Bonneau et Schuby. Il quitte enfin le camp pour la Lorraine mais déjà pointent les premiers questionnements : « depuis quelques jours déjà la lutte a commencé et le succès n'a pas répondu à notre attente (…) Quelle est donc hélas la pensée qui a présidé à ces dispositions fâcheuses de notre part ? ». Incrédule, il fustige les « isolés (…) Comme pour me démontrer la grandeur du désastre, je voyais des convois entiers retourner vers Châlons, emportant les blessés et ceux qui, hélas! trop faibles ou trop pusillanimes désertaient leurs drapeaux ! Oui, les isolés, c'est ainsi qu'on appelle ces malheureux, les isolés dis-je qui passaient honteusement devant nous, sans armes, sans rougir et sans pouvoir au moins offrir à nos regards une égratignure qui put excuser leur ignoble conduite ! ». Le récit, inachevé, s'interrompt brutalement à Nancy sur le cours Léopold le 6 août 1870.Manuscrit inédit d'une écriture fine parfaitement lisible de mémoires militaires anonymes qui préfigurent le roman de Dino Buzzati Le Désert des Tartares paru en Italie en 1940. ‎