‎BIANQUIS (Geneviève).‎
‎La Vie quotidienne en Allemagne à l'époque romantique (1795-1830).‎

‎ Hachette, 1958, in-8°, 264 pp, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état‎

Reference : 7544

‎"L'auteur, Mme Geneviève Bianquis, germaniste éminente, étudie comment le Romantisme « est promptement descendu dans la vie courante », comment les œuvres littéraires se reflètent et se réfractent dans un mode de sensibilité, une sentimentalité. (...) Ce n'est pas que l'auteur méconnaisse les influences de la structure sociale sur les formes de sensibilité, bien au contraire : « Le romantisme, écrit-elle, ne touche pas les couches inférieures de la population... c'est affaire de gens cultivés, dont il colore la vie intellectuelle et la vie morale.» Mais elle s'appuie sur ce qu'elle connaît admirablement, les sources littéraires : plus de soixante volumes de Mémoires, recueils de lettres, récits de voyages, figurent à la bibliographie. C'est donc par les yeux d'une petite élite que nous contemplons l'époque, et d'une élite qui se pique de bien écrire, qui recherche naturellement le trait brillant, la description pittoresque, la nuance subtile. Les descriptions de la misère même, de la guerre ou de l'injustice, se colorent d'humour, de poésie ou d'une indignation assez rhétorique, comme il sied entre gens de bonne compagnie. Les commentaires personnels de l'auteur ne peuvent suffire à redresser cette vue partiale et partielle des choses ; « l'Allemagne à l'époque romantique », c'est finalement l'Allemagne observée par les Romantiques. Ceci dit, la description de l'élite, de ses mœurs, ses états d'âme, ses goûts, classe le livre comme un des meilleurs de la collection. Une plume alerte et sensible nous promène des salons de Berlin aux petites Cours du Sud, du cénacle romantique de Iéna aux amphithéâtres de Tubingen. Quelques incursions dans les maisons et les mentalités plus modestes de la petite bourgeoisie, où la Bible et l'almanach remplacent philosophes et poètes, complètent le tableau. Au détour des pages se détache tel ou tel type social bien caractérisé : le pasteur de village, le professeur d'Université, la femme du monde, la femme d'intérieur : beaucoup de femmes. G. Bianquis insiste avec raison sur le rôle exceptionnel des femmes à cette époque, et sur la preuve a contrario qu'en fournit la période suivante, après 1830 : « Les hommes, désormais plus préoccupés d'affaires « sérieuses », désertent les salons et élisent la brasserie. Les femmes, qui n'ont aucun goût pour la politique, n'aiment plus la conversation des hommes. C'est une époque nouvelle et différente, plus dure et plus réaliste, qui s'annonce. Alors c'en est fini du romantisme, de la sentimentalité, du raffinement littéraire et du bel esprit. » (...) Parmi tant d'autres mérites, G. Bianquis a celui de nous rappeler que nous écrivons une histoire trop exclusivement masculine." (Pierre Ayçoberry, Annales ESC, 1959) ‎