Félix Alcan, s.d. (1929), 3 vol. in-12, xxxii-381, 427 et 455 pp, traduit de l'anglais par Jules Roche, brochés, bon état
Reference : 126583
Dans ce livre sauvage et fou qui n’a jamais été réédité en France depuis cent ans, mais qui fut très lu en son temps, l’historien britannique Thomas Carlyle raconte la Révolution de manière peu orthodoxe. Tome I : La Bastille. Tome II : La Constituante. Tome III : La Guillotine. — Thomas Carlyle (1795-1881) est un écrivain, satiriste et historien écossais, dont le travail eut une très forte influence durant l'époque victorienne. — "Plusieurs études ont souligné la popularité et l'influence de la Révolution française de Thomas Carlyle. Paru pour la première fois en 1837, réédité à de nombreuses reprises, tiré à des dizaines de milliers d'exemplaires, ce récit a été la représentation dominante de la Révolution française en Grande-Bretagne pendant tout le XIXe siècle, et au-delà. L'ouvrage porte la marque du changement de perspective opéré pendant la décennie qui a précédé sa publication : le « souffle » de la Révolution y est rendu. Mais le peuple, la populace, y sont violents voire féroces, contribuant ainsi à entretenir un stéréotype britannique du XIXe siècle qui opposait le pacifisme du peuple anglais à la brutalité des Français. Et le jacobinisme est fustigé par une histoire dont le premier héros est Mirabeau." (Fabrice Bensimon, L'écho de la Révolution française dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle, 2005) — "Dans le premier volume de son histoire de la Révolution française, Carlyle décrit la fameuse procession qui avait ouvert les États généraux du clergé de la noblesse et du tiers état à Versailles, le 4 mai 1789. Il invite le lecteur à jeter sur elle, comme lui, «un regard prophétique». Il isole dans la foule les personnages auxquels la Révolution réserve un bel avenir. Parmi eux, les plus importants sont Mirabeau et Robespierre. Honoré Gabriel Riquetti de Mirabeau devait devenir le leader officieux du tiers état. (...) Tout comme Louis XIV avait déclaré « L’État c’est moi », Mirabeau aurait pu dire « L’Assemblée nationale, c’est moi ». Le contraste avec l’obscur avocat d’Arras, Maximilien Robespierre, est délibérément souligné : « Mais, si Mirabeau est le plus grand, lequel de ces six cents pourrait être le plus misérable ? Signalerons-nous cet homme mince, âgé de moins de 30 ans, portant des lunettes, d’un aspect inquiet, insignifiant, les yeux ternes (lorsqu’il retirait ses verres), circonspects et attentifs, le nez en l’air, flairant avec anxiété l’incertitude des temps futurs ; le teint bilieux des hépatiques, dont la nuance finale pourrait être verdâtre. » Pour l’historien Richard Cobb, Carlyle « aborde la Révolution en quête d’un Héros ». Mirabeau, bien qu’encore très loin de le satisfaire, est son meilleur candidat, jusqu’à sa mort brutale en 1791; mais Robespierre est pour lui l’antihéros par excellence. (...) D’Edmund Burke à Simon Schama, de nombreux exégètes de la Révolution l’ont décrite comme une erreur inutile et gratuitement sanglante. Ce n’est pas l’opinion de Carlyle. Pour lui, la Révolution est un phénomène transcendant, « le Phénix du monde, consumé dans le feu et renaissant dans le feu (...) : la mort et la naissance d’un monde ». Se demander d’où elle venait et où elle allait, c’était poser des questions sans réponse. Au lieu d’analyser – tâche vaine, dans ces conditions, à ses yeux du moins –, Carlyle cherche à évoquer et à décrire. À la fin du premier volume, il dépeint dans des termes apocalyptiques, « le Sans-Culottisme, surgissant de la fumée des Enfers avec ses têtes multiples et son haleine de feu et demandant: “Que pensez-vous de moi?”». Il fait ainsi de la figure du sans-culotte un monstre inconnaissable. Dans le deuxième volume, Carlyle décrit les célébrations à Paris du premier anniversaire de la prise de la Bastille la fête de la Fédération au Champ-de-Mars, qu’il rebaptise «la fête des Piques». […] Plus loin, il compare cette fête célébrant ouvertement l’acceptation de la Révolution par Louis XVI à un mariage aussi tendre qu’insensé devant lequel, au milieu des feux d’artifice et des réjouissances, les anciens hocheraient la tête d’un air entendu, conscients que l’union serait amère et malheureuse. Moins d’un an après la fête de la Fédération, les relations entre Louis XVI et la nation étaient devenues impossibles; Mirabeau était le dernier espoir de réparation, et Mirabeau agonisait: il «ne put vivre une année de plus, pas plus qu’il n’aurait pu vivre encore pendant mille ans». Il mourut le 2 avril 1791. Carlyle n’est ni le premier ni le dernier à imaginer que la Révolution aurait pris une tout autre tournure si Mirabeau avait survécu. (...) Le troisième tome du livre s’intitule fort à propos «La guillotine», puisque c’est après l’effondrement de la monarchie que l’instrument d’exécution est installé pour la première fois près du palais des Tuileries (soit sur la place du Carrousel, soit sur la place de la Révolution, l’actuelle place de la Concorde). La première utilisation publique de cette invention, qui doit son nom au docteur Guillotin, remonte au 25 avril 1792. Mais, ce jour-là, elle avait servi à exécuter un criminel devant l’Hôtel de Ville. Ce déplacement de la guillotine à côté du palais des Tuileries recelait un symbolisme sinistre. Qu’allait-il arriver à Louis XVI ? « Il est malheureux, bien que naturel, note Carlyle, que l’histoire de cette période ait été si souvent écrite dans l’exaltation. Tout n’est qu’exagération, exécration, hurlements; et par-dessus tout, obscurité. » On ne peut pas dire que lui-même ait fait beaucoup pour ramener le calme. Assurément, lui aussi exagère et embellit. Sur Robespierre en septembre 1792, il écrit: « L’incorruptible Robespierre n’y manque pas, maintenant que le fort de la lutte est passé ; l’homme au teint verdâtre y siège à la dérobée, ses yeux de chat sont excellents dans le crépuscule ». « Pauvre Robespierre, notait Richard Cobb, qui pouvait à peine voir à la lumière du jour et qui devait porter des verres teintés. » D’où, si ce n’est de son imagination, Carlyle a-t-il tiré le détail d’un Robespierre qui, tel un chat, voyait mieux dans le noir ? Mais Carlyle est aussi capable d’une juste concision. (...) La phrase: « À l’intérieur, cette mort du roi a divisé tous les amis, et à l’extérieur, elle a uni tous les ennemis » est un condensé brillant des conséquences du procès et de l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793. (...) Quand il en arrive à la Terreur, Carlyle aborde de front la difficulté d’en écrire l’histoire. À première vue, au sujet des « horreurs de la Révolution française », il y avait « beaucoup à dire et à hurler ». Mais ces horreurs ne sont, selon lui, que l’ombre du phénomène, et non le phénomène lui-même. (...) La haine que Carlyle voue à Rousseau, et son mépris pour le rôle qu’ont joué ses idées et ses partisans dans la Révolution nourrissent l’ensemble de l’œuvre. Il conseillait à ses collègues historiens de reconnaître que la Révolution, phénomène sans précédent, avait dévoilé de nouvelles lois de la nature, impossibles à décrire avec les mots et les théories d’autrefois. Pour l’heure, les historiens devaient renoncer à la prétention de nommer ou de raconter de manière définitive la Révolution, et la regarder honnêtement, en ne nommant que ce qu’ils pouvaient, morceau par morceau. Il ne trouvait en elle rien de constructif, seulement l’évangile de Rousseau, théorème devenu credo, et dont l’application détruisit tout ce qui pouvait l’être." (Ruth Scurr, Times Literary Supplement, traduit dans BoOks 34, 2012)
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