Asnières-sur-Seine 12 décembre [1909] | 9.1 x 11.6 cm | Une carte
Reference : 90033
Lettre autographe signée de Georges de Peyrebrune à Catulle Mendès, 1 page et demi à l'encre violette sur une carte, date "12 X bre" et adresse autographes "37 rue Charles Emmanuel, Asnières". Cri du coeur probablement inédit de la romancière féministe Georges de Peyrebrune adressé au poète Catulle Mendès. Peinant à vivre de sa plume, Peyrebrune se bat pour subvenir à ses besoins et adresse cette supplique à Catulle Mendès après s'être sentie abandonnée par sa consoeur Daniel Lesueur. * Comme le rapelle Lydia de Haro Hernández, "La notoriété de Georges de Peyrebrune expira pendant les premières années du XXème siècle, qui est la date du début dun déclin progressif jusquà loubli absolu. Elle meurt dans lindigence et la détresse, en novembre 1917, et son nom, comme celui de tant dautres femmes, seffaça de lhistoire". La présente lettre dévoile sa lutte désespérée pour obtenir des prix littéraires dont les dotations étaient essentielles à sa survie. Au cours de sa carrière, Peyrebrune avait précieusement cultivé ses amitiés féminines parmi ses surs darmes, et formé un véritable réseau d'entraide. Mais dans cette lettre, Peyrebrune s'inquiète de voir un de ses plus grands soutiens lui faire défaut : "On m'écrit, ce que je craignais, c'est que Mme Lesueur m'enlève, au Comité des Gens de Lettres, la majorité qui m'était favorable pour un prix. Ce sera pour moi un désastre final. Je complais sur billet de mille francs pour vivre encore un an ! Dans six jours, mon sort sera fixé."Peyrebrune briguait le prix Chauchard de la Société des Gens de Lettres. Lesueur en était la vice-présidente et première femme depuis George Sand à siéger au Comité de la Société : "Il me serait doux de penser quune femme, et une femme telle que vous, prendrait ma cause en main avec la vaillance et lautorité que chacun vous connaît" avait-elle écrit à sa conseur quelques semaines plus tôt. Elle tente ici de rassembler d'autres soutiens au sein de la SGDL - masculins, ceux-ci - et se tourne vers Catulle Mendès, le "patron des lettres françaises" (Elodie Lanceron) pour qu'il plaide sa cause auprès des membres actifs et respectés Edmond Haraucourt et Rosny aîné. Elle termine sur ces terribles paroles :"Et puis je suis si lasse de tant de luttes inutiles ! Lorsqu'on ne peut plus gagner sa vie nest-il pas juste que l'on meure ?". Sa vie rejoint la fiction, après avoir conté les malheurs des femmes de lettres déconsidérées dans son Roman d'unbas-bleu: "Enfin me voici vaincue. Rends-moi cette justice que j'ai lutté. Et quelles luttes !... Cela ne vaut rien pour une femme de venir au monde pauvre et chaste. Il n'y a pas de place pour celle-là dans aucun groupe social. Quel que soit le travail qu'elle entreprenne pour gagner sa vie, elle n'y parviendra pas sans payer à l'homme la dîme de sa chair soumise ou révoltée. Depuis la servante jusqu'à l'artiste, depuis l'ouvrière des fabriques jusqu'au bas-bleu, la femme qui travaille seule, non défendue par un mâle, légitime ou non, sera violée, avec ou sans son consentement, mais elle le sera ou elle crèvera de misère. Et cela, dans le plein épanouissement de notre société démocratisée, bénisseuse et morale, et inventrice des pullulantes bonnes uvres." (Le Roman d'unbas-bleu, Paris, Ollendorff, 1892, p. 327). Peyrebrune n'obtient pas le prix, qui revient à sa consoeur Rachilde dont elle avait fait le portait dans Une décadente (Paris, Frinzine, 1886). Le lendemain même de cette lettre, elle sera tout de même récompensée par la Société des gens de Lettres, qui lui décerne le grand prix James Hyde accompagné d'une enveloppe de 2500 francs. Peyrebrune laisse ici dans cette pièce de correspondance inédite, le magistral "témoignage de son vécu personnel, les preuves des tracas subis dans sa lutte pour lémancipation et lempreinte de son cri de révolte contre lindignité de la situation faite aux femmes" (Lydia de Haro Hernández). Peyrebrune et les Mendès Les rares lettres à Catulle Mendès et
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