S. n. | 1955 | 17.50 x 20.90 cm | une page sur une feuille
Reference : 87894
Tapuscrit original en langue allemande signé à la plume par Bertolt Brecht, 22 lignes sur un feuillet. Une correction à la machine. Discrètes traces de plis, et quelques ombres. Publié dans la correspondance de Brecht (GBA, Briefe 3, p. 356). Importante définition par Brecht de son fameux Verfremdungseffekt, phénomène de distanciation ou «?daliénation?» théâtrale dont il est linventeur. Le dramaturge expose pour le public français la mission politique et esthétique de ces effets dramatiques. Il sagit dun des très rares écrits théoriques en mains privées, lessentiel de ses archives étant à lAkademie der Künste de Berlin (Bertolt-Brecht-Archiv). * Cest à loccasion de sa dernière venue à Paris que le dramaturge envoie ce véritable manifeste de la Verfremdung au journaliste de théâtre Henry Magnan. Le texte reflète lintérêt renouvelé de la France pour sa démarche révolutionnaire?: «?Du 20 au 24 juin 1955, la troupe du Berliner Ensemble joue Le Cercle de craie caucasien dans le cadre du second Festival international des arts dramatiques à Paris?; Brecht y participe malgré des problèmes de santé. Lintérêt du public dépasse même celui suscité par la première représentation parisienne en 1954. Toutes les représentations se jouèrent à guichets fermés. La pièce, avec ses références politiques actuelles, posa parfois problème aux critiques, mais la mise en scène fut unanimement saluée.?» (Noah Willumsen, Brecht. Interviews 1926-1956, 2023). Le texte accompagne un entretien accordé à Magnan pour Le Monde («?Déclarations de M. Bertolt Brecht?», 25 juin 1955). Cette déclaration tapuscrite sera cependant tronquée dans larticle contre la volonté de Brecht dont la «?seule exigence (ô quel homme?!) fut de nous demander de transcrire exactement la lettre?», lit-on pourtant dans larticle?! La traduction avait même totalement changé le sens de la seconde phrase, en effaçant la négation présente dans notre version originale?: «?Au fond il sagit toujours deffets de distanciation lorsque lart ne maintient pas lillusion pour nous de nous trouver en présence de la nature?». Une omission, probablement involontaire, qui déformait la définition même de son projet théâtral fondé sur la Verfremdung. Comme le socialiste George Bernard Shaw avant lui, Brecht voulait ouvertement changer lesprit de son public, cest-à-dire réfléchir à lancien, à lacquis, ne pas se contenter de laccepter, le modifier si nécessaire et viser la nouveauté. Son engagement politique a non seulement façonné le contenu de son théâtre, mais aussi sa forme. Cest le grand paradoxe du théâtre brechtien, dont les fameux procédés sont eux-mêmes anciens?: «? Les effets de distanciation sont connus depuis longtemps dans le théâtre et dans les autres arts [] Ainsi, sur scène, le monde représenté est déjà distancié par la convention de la versification, ou par un style très personnel ou par le changement brusque du vers à la prose ou du sérieux au comique. Jutilise moi-même des effets de distanciation (dont les anciens mentionnés ci-dessus) pour faire apparaître la nature de la société humaine comme nétant pas si naturelle (Naturelle, mon cher, cest la nature), cest-à-dire évidente et incontestable. La science traite depuis longtemps les forces de la nature (épidémies, cataclysmes météorologiques, la nuit, etc.) comme le fruit de la nature, mais en aucun cas naturelles. Lart est toujours impuissant devant la nature humaine et les catastrophes sociales individuelles ou générales (désir de puissance, amour, guerre, etc.). Lart reste défaitiste en présence de la nature humaine. Dans quelques écrits théoriques jai essayé de montrer pourquoi lart du théâtre a absolument besoin des effets de distanciation dailleurs pas nécessairement les miens?». Ses innovations non-réalistes représentent dans une large mesure un retour à la tradition théâtrale classique européenne tout en puisant dans diverses sources, dont le théâtre asiatique, élisabéthain ou expre
Librairie Le Feu Follet – Edition-Originale.com
Edition-Originale.com
31 rue Henri Barbusse
75005 Paris
France
01 56 08 08 85
Nos ouvrages sont complets et en bon état, sauf indications contraires. Nos prix sont nets. A partir de 30 €, les envois se font en recommandé avec A. R. Le port est à la charge du destinataire. Les réservations par téléphone ne pourront dépasser 72 h.