‎ Jacques - Etienne Guéau de Reverseaux (1706-1753)‎
‎Mémoire pour Monsieur et Madame de la Bédoyère contre le Sieur de la Bédoyère leur fils, ci-devant premier Avocat Général de la Cour des Aydes de Paris, Agathe Sticotty, fille mineure & Antoine Sticotty son frère & son Tuteur.‎

‎in-4 , 27*21 cm , 76 p. Edition originale de ce factum qui connut une réédition en format in-8 du fait du grand retentissement de cette affaire sous la Régence , Paris 1745 (imprimé par Paulus de Mesnil).‎

Reference : LB66


‎Voici le récit que Barbier en fait dans sa Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (ou Journal du Barbier - 4ème série - page 58) : "M. Huchet de La Bédoyère [Charles, père de celui-ci], procureur général du Parlement de Bretagne, bon janséniste de son métier, aussi bien que madame sa femme [née Danycan], d'ailleurs homme de bonne noblesse de Bretagne, de père en fils, depuis longtemps dans cette charge, a envoyé à Paris un de ses fils, qui a d'abord plaidé quelques causes après avoir été reçu avocat, et à qui on a acheté une charge d'avocat général de la Cour des Aides pour l'exercer à porter la parole. M. de La Bédoyère s'est infiniment distingué dans cette charge, possédant l'éloquence et la facilité de parler dans un degré supérieur ; il parlait deux heures sans préparation dans les meilleurs termes, sans hésiter d'un mot et avec tout l'esprit possible; cela l'a fait aisément connaitre dans Paris. Mais malheureusement il était jeune, et cette même vivacité d'esprit l'a tourné au libertinage, au dérangement et à la dépense, de manière qu'il a ruiné des femmes, qu'il a dépensé avec d'autres, qu'il a fait de mauvaise affaires avec des usuriers, nombre de lettres de change, devant de tous côtés, empruntant à tout le monde, jusque-là même, a-t-on dit, des parties des affaires desquelles il était chargé. Cette conduite décriée a été au point que que la Cour des Aides a cru être obligée d'en porter ses plaintes à M. le Chancelier, qui lui a donné ordre de se défaire de cette charge, ce qui a été exécuté.... En cet état, il aurait lié connaissance avec Agathe Sticotti, fille de defunt Fabio, pantalon de la Comédie-Italienne, et elle a monté trois ou quatre fois sur le théâtre. Il s'est attaché à cette jeune fille, assez jolie, fort sage d'ailleurs, et fort décente de l'aveu du public, ce qui doit être vrai. Cette fille, qui avait quelque bien, pareillement attachée, a aidé à soutenir M. de La Bédoyère qui ne savait où donner de la tête ; enfin, par reconnaissance et sur des promesses précédentes, il l'a épousée secrètement, au mois de janvier 1744, lui âgé de trente cinq ans et elle encore mineure ; et ils ont vécu ainsi dans Paris, fort mal à l'aise, dans un troisième étage. M. et madame de La Bédoyère, instruits de ce mariage déshonorant, en ont interjeté appel, comme d'abus, cette année, ce qui fait actuellement la matière d'une grande plaidoirie. M. Guéau de Reverseaux, premier avocat du Palais, est chargé pour eux. Le neveu du grand Cochin, avocat, est chargé pour Agathe ; et ce qui a intéressé de plus tout le public, c'est que M. de La Bédoyère a entrepris de plaider lui-même en son nom à une grande audience, en la Grand'Chambre du Parlement, pour soutenir son mariage ; entreprise délicate ordinairement, quelque talent que l'on ait. M. de Reverseaux a plaidé pour faire déclarer le mariage nul, et même pour lui faire défense de le réhabiliter. Vendredi, 18 de ce mois, M. de La Bédoyère commença sa cause et plaida une demi-heure avec un applaudissement général, grande éloquence naturelle, beaucoup de décence et de modestie, ne s'excusant point de ce qu'il avait fait, mais se retranchant sur la religion, sur la conscience, sur la foi des promesses, sur le devoir d'honnête homme de les tenir et encore plus d'en soutenir l'exécution, infiniment plus touché d'avoir perdu par là l'amitié de sesparents que de la perte des biens, par l'exhérédation qu'ils avient déjà faite. Il fut admiré et plaint et tira les larmes des yeux de plusieurs des juges, surtout des conseillers-clercs, qui connaissent plus les passions que la tendresse paternelle. La Grand'Chambre était raisonnablement remplie de monde, j'y étais. La cause remise au vendredi 25, lendemain de la seconde Fête-Dieu. Cette action s'étant répandue dans Paris, hier, vendredi 25, à six heures du matin, la Grand'Chambre commença à se remplir, et il ne fut pas possible d'en faire sortir le monde, comme il est d'usage après l'audience de sept heure. L'assemblée s'augmenta de nombre de femmes de considération, d'hommes de conséquence, de magistrats, tant du Parlement que des autres Cours, de façon que les lanternes hautes et basses étant remplies, les hauts bancs du Sénat furent aussi occupés et surtout par nombre de conseillers des Enquêtes, d'autant plus qu'il devait y avoir, après l'audience, une assemblée de Chambres pour rendre compte de ce qui s'était passé dans le voyage de Flandre. La Cour entra majestueusement à son ordinaire ; elle perça la foule avec grand'peine ; mais quand elle fut montée, il ne fut pas possible de prendre scéance, ni de trouver place, ni de faire sortir qui que ce soit : on étouffait partout. Dans cet embarras indécent, la Cour alla aux opinions ; elle remit la cause à jeudi prochain et s'en alla comme elle était venue, sauf à prendre des mesures plus justes pour avoir place. Voilà ce qui n'est jamais arrivé à la Grand'Chambre, quelque grande cause qu'il y ait eu. Cette curiosité générale de Paris fait un grand honneur à M. de La Bédoyère et à ses talents. Nous verrons ce qui arrivera jeudi...." Le mariage fut cassé et rétabli avec le consentement du père de Marguerite Hugues Charles Marie Huchet de la Bédoyère (1708-1786). Ce dernier [Charles HUCHET de la BEDOYÈRE (1683-1759)] mourut en 1759, mais son fils aîné resta déshérité, malgré les dernières paroles du Procureur général sur son lit de mort. Noël Florimond Huchet de la Bédoyère, frère de Marguerite Hugues Charles, obtint une sentence du Parlement de Rennes qui confirma l'exhérédation de son frère aîné. Noël Florimond était le grand-père de général Charles Angélique François Huchet de la Bédoyère (1786-1815), rallié à Napoléon lors des Cent-Jours et fusillé en 1815. Le factum est très intéressant pour les questions de mariage sous l'Ancien régime, ainsi que la perception du théâtre et des acteurs : "... il s'est accoutumé à regarder comme honnête, une profession que nous tenons pour infâme... école du vice et du libertinage..." DECOUVREZ NOTRE COLLECTION DE FACTUMS : https://www.artisanmauran.com/shop-2 ‎

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