‎DANE M.-C.‎
‎L'Age du Jazz. Au Musée Galleria 10 Avenue Pierre 1er de Serbie. Exposition du 29 avril au 24 mai.‎

‎ Musée Galleria, Paris, 1967. Une plaquette brochée (12 x 24 cm) non paginé (34 pp.). Plaquette en parfait état. Nombreuses reproductions photographiques des oeuvres exposées. ‎

Reference : 1531

‎"Le prétexte importe peu, pourvu que la bonne peinture soit présente : l'exposition intitulée l'Age du jazz, au musée Galliéra, rassemble plus de cent trente uvres qui offrent en fait un plaisant panorama sur l'art de ce demi-siècle. D'autant que le jazz, dont la date de naissance remonte à peu près à la même époque, a incontestablement agi sur la sensibilité moderne dont les peintres ont défini, si l'on peut dire, les contours.Comme le jazz, musique populaire inventée, qui a été dès ses débuts une improvisation à partir d'une impulsion sensible, l'art moderne a dû aussi inventer son propre langage, et souvent en se référant à la musique, au " rythme " qui devient un " sujet " invisible dans une peinture qui a pris le parti de s'en passer.Le rythme du Boogie-woogie, dont on a accroché une sérigraphie, a fait sortir un Mondrian de sa rigueur puritaine. Entre Léger, Kupka et Sonia Delaunay, on trouvera la similitude des disques colorés de style " mécaniste " et monumental pour le premier, d'intention plus décorative pour la seconde.Le thème du musicien est courant dans la figuration de la peinture. Voici une désarticulation cubiste de Gleizes, un dessin tout en courbes ténues de Chastel, une stylisation de formes construites de Bernard Pomey, un groupe assez extraordinaire de Dubuffet...La représentation peut n'être qu'une rythmique de formes qui agissent l'une sur l'autre, comme chez Olivier Debré, Atlan... ou plus secrètement une matière, un espace d'équivalences sensibles comme chez Fautrier, J.-F. Knig, Benrath, Berthier... Le rythme est encore plus direct et tragique chez un Sonderborg, monumental chez Duvillier, d'humeur rieuse chez Daniel Humair.La référence au réel reprend avec Rancillac, Allan Davies, Fahlström, Rivers, et devient avec Arman Trombone écrasé de l'époque des " colères ", et Barbieri une appropriation d'objets qui va à la limite du fétichisme.Sur tous les registres de la représentation ou de la non-représentation, par les équivalences plastiques des articulations sonores ou par la voie de sa mythologie, le jazz a accompagné l'art moderne dans son aventure destructrice de formes et génératrice d'une nouvelle manière d'appréhender le monde visible qui change de visage inlassablement depuis plusieurs décennies..."L'âge du jazz et celui de la peinture. Le Monde du 5 mai 1967. ‎