Couverture souple. Broché. 368 pages. Couverture défraîchie.
Reference : 208535
Livre. Traduit de l’anglais par Camille Aillaud. Editions François Maspero (Collection : Voix), 1978.
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Le Roman de la Rose conservé dans sa superbe reliure en maroquin de l’époque. Lorris, Guillaume de et Meung, Jean de. Le Roman de la Rose… Revu sur plusieurs Editions & sur quelques anciens Manuscrits. Accompagné de plusieurs autres Ouvrages, d’une Préface historique, de Notes & d’un Glossaire. Amsterdam, J.-Fr. Bernard, 1735. 3 volumes in-12 de: I/ (2) ff., lxviii pp., 362 pp. ; II/ (1) f., 424 pp.; III/ (1) f., 384 pp., pte. déch. en marge de la p.59 sans atteinte au texte. Plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos lisses richement ornés, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 166 x 95 mm. Rarissime édition du Roman de la Rose imprimée en 1735. Brunet, III, 1175. «Le Roman de la Rose, textes de Guillaume de Lorris et de Jean de Meun, sera une des œuvres les plus copiées jusqu’à la fin du XVe siècle: plus de trois cents manuscrits en subsistent. Remanié par Gui de Mori, traduit en flamand au XIIIe siècle, en anglais par Geoffrey Chaucer, mis en 232 sonnets par le toscan Durante au XIVe siècle, il sera finalement mis en prose française par deux fois au XVesiècle. L’une de ces adaptations est de Jean Molinet. Imprimé dès 1480, plusieurs éditions du roman parurent, portant un texte plus ou moins rajeuni. Celle de 1526 est due à Clément Marot. Le succès du roman, peut-être redevable à la continuation de Jean de Meun, a pourtant imposé avant tout les procédés de Guillaume de Lorris. Le songe autobiographique, toutes ses personnifications courtoises se sont répandues dans la littérature, narrative comme lyrique mais aussi dans l’iconographie. Quant à l’encyclopédie de discours, citations et sentences de Jean de Meun, elle était d’abord destinée à des lecteurs lettrés. Ce sont donc des écrivains et des poètes qui en usèrent surtout, citant un certain nombre de hauts lieux du texte, comme le discours de Genius ou les plaintes du jaloux dans le discours d’Ami. Le débat sur le Roman de la Rose qui éclate au début du XVe siècle met en cause uniquement Jean de Meun; Jean Gerson le distingue soigneusement de Guillaume de Lorris. Et cette querelle est moins littéraire que morale: la lecture trop souvent morcelée que l’on faisait du texte conduit à une incompréhension de son système global; les morceaux antiféministes ou qui prônent la liberté sexuelle y sont donc entendus pour eux-mêmes. Le roman survivra cependant à cette mise en cause et deviendra même au début du XVIe siècle un réservoir d’exemples linguistiques pour les premières grammaires françaises. Le Roman de la Rose sera alors érigé en antique chef-d’œuvre national. Sa richesse, aujourd’hui, continue de s’offrir à la glose interprétative des critiques.» (Sylvie Lefêvre). « Ce qui surprend toujours lorsqu'on aborde le ‘Roman de la Rose’ c'est qu'il soit œuvre d'humanistes, procédant de deux esprits bien différents et explicitant de manière exemplaire l'évolution des esprits. Le poème de Guillaume de Lorris est un art d'aimer, et si tout l'amour courtois, qui va bientôt disparaître, s'y exprime, il est déjà tout imbu des Anciens, d'Ovide en particulier ; celui de Jean de Meun, est une encyclopédie, où l'auteur rassemble en noble discours toutes les données de science et de la philosophie, c'est aussi un ample poème cosmologique. Ainsi, chacun, dans son genre propre, a réuni tout ce qu'il était possible de rassembler sur deux sujets aussi importants ; mais alors que Guillaume de Lorris se tourne vers un passé, qui bientôt n'existera plus, Jean de Meun entrevoit l'avenir et annonce le XVe siècle humaniste. Par là, ‘Le Roman de la Rose’, œuvre la plus significative de tout le Moyen-Age français, se trouve situé au tournant que prit, entre ses deux dates extrêmes de composition, l'esprit français ; on y trouve, assez singulièrement réunis, deux courants de pensée qui sont en quelque sorte deux constantes principales de la littérature française. » Superbe exemplaire de cette édition fort rare revêtu d’un délicieux maroquin rouge de l’époque.
« Sade entend faire d’’Aline et Valcour’ son chef-d’œuvre ». (Gilbert Lely). Paris, chez la Veuve Girouard, 1795. 4 tomes en 8 volumes in-12 de : I/ (1) f.bl., xiv pp., 150 pp., 2 gravures hors-texte ; II/ (2) ff., pp. 151 à 315, 2 gravures hors-texte ; III/ (2) ff., 234 pp., (1) f. d’errata, 3 gravures hors-texte ; IV/ (2) ff., pp. 261 à 503 (saut de pages sans manque de la p. 234 à 261), (1) f. d’errata, 1 gravure hors-texte, 8 ff. brunis ; V/ (2) ff., pp. 5 à 267, 1 gravure hors texte, pte. restauration à l’angle inf. de la p. 141, pt. trou p. 219 ; VI/ (2) ff., pp. 269 à 575, 2 gravures, pte. brûlure p. 291, défaut d’impression à la p. 563 ; VII/ (2) ff., 204 pp., 2 gravures hors-texte, défaut de papier p. 143 ; VIII/ (2) ff., pp. 206 à 374, 2 gravures hors-texte. Qq. rares rousseurs pâles ou brunissures. Soit un total de 15 gravures sur 16 (comme dans la plupart des exemplaires la planche libre du tome 3 fait défaut). Demi-veau blond, dos lisses ornés de filets dorés, tranches peigne. Petite galerie de vers aux mors des vol. 1, 4 et 5. Reliure du XIXe siècle signée de Raparlier. 123 x 77 mm.
Édition originale d’une insigne rareté, de l’un des ouvrages les plus célèbres du marquis de Sade (1740-1814), paru pendant la révolution. Ce roman philosophique est l’un des plus grands du XVIIIe siècle « à côté de ses modèles ‘Cleveland’ et ‘La Nouvelle Héloïse’, mais aussi ‘Candide’ et ‘Jacques Le fataliste’ » (Michel Delon, Pléiade). Homme de lettres, romancier, philosophe et homme politique français, longtemps voué à l'anathème en raison de la part accordée dans son œuvre à l'érotisme et à la pornographie, le « divin marquis » aura légué à la postérité les mots dérivés de son nom. L'expression d'un athéisme anticlérical virulent est l'un des thèmes les plus récurrents de ses écrits et la cause de leurs mises à l'index. Sade a écrit Aline et Valcour de 1786 à 1789, alors qu’il était incarcéré à la Bastille. Ce roman est le premier de ses ouvrages à avoir été publiés sous son vrai nom. Le roman paraitra finalement en 1795, au prix de la persévérance de son auteur et modifié au gré des événements qu'on pourrait définir, dans le cas de Sade, comme le désir de plaire à un public en satisfaisant par ses corrections les autorités. « ‘Fruit de plusieurs années de veilles’, le roman d’Aline et Valcour a pu être composé, parallèlement à d’autres écrits de moindre envergure, entre le 28 novembre 1785, date de l’achèvement du rouleau de ‘Sodome’, et l’époque du 1er octobre 1788 où, dans le ‘Catalogue raisonné’ de ses ouvrages, l’auteur a mentionné un tel roman, soit qu’il ne fût encore qu’à l’état de brouillon corrigé, soit que les ‘beaux cahiers’ du captif en eussent déjà reçu le texte mis au net. Les deux cas justifient également le millésime de 1788 que Sade a cru devoir noter pour l’édification de ses lecteurs, en ajoutant sous le titre d’’Aline et Valcour’ : ‘Ecrit à la Bastille un an avant la Révolution de France’… C’est seulement en août 1795 que Sade aura la joie de serrer dans sa bibliothèque, à côté de ‘Justine’ qui les y attendait depuis quatre années, les élégants petits volumes ‘d’Aline et Valcour’. Les quatre tomes d’’Aline et Valcour ou le Roman philosophique’, comprenant chacun deux parties, se présentent en huit volumes, reliés parfois en six et mesurant environ huit centimètres sur treize. Il en existe théoriquement trois éditions, mais qui proviennent du même tirage, commencé en 1791, interrompu en 1794 par le meurtre légal de Girouard, repris et achevé en 1795. Ces trois éditions, selon toutes apparences, mises en vente simultanément, ne diffèrent entre elles que par le contenu des pages de titre – dont l’une notamment est encore datée de 1793 : les autres ont été refaites – et par le nombre des eaux-fortes qui, de quatorze dans les éditions A et B, passent à seize dans l’édition C. Ajoutons que les trois versions de la page de titre se trouvent parfois représentées au hasard des huit parties d’un seul et même exemplaire… ‘Sade entend faire d’’Aline et Valcour’, a écrit M. Jean Fabre dans une récente préface, non pas son œuvre la plus secrète ou la plus forte, mais son chef-d’œuvre, avec tout le soin, le poli et l’équilibre qu’implique ce terme. Il pensait confondre ses persécuteurs, ridiculiser ses détracteurs, en se révélant au plus large public comme le dernier en date, mais l’égal de tous ceux qu’il admirait, philosophes et romanciers dont il avait recueilli l’héritage, pour en tirer ce qu’on y pouvait trouver de plus positif, de plus capiteux et de meilleur »… Si les syllabes maudites du nom de son auteur n’eussent détourné d’un tel ouvrage la critique universitaire, le roman d’’Aline et Valcour’ – d’une langue toujours décente, en dépit de la hardiesse des passions – serait inscrit depuis longtemps au nombre de ces fictions universelles qui, pareilles au ‘Décaméron’, à ‘Don Quichotte’ et à ‘Gulliver’, ont ouvert de nouvelles demeures à l’imagination des hommes. » (Gilbert Lely, Sade : Etudes sur sa vie et son œuvre). « Publié en 1795 et réédité enfin en 1956, cet ouvrage, parmi tous ceux de Sade, est celui qui devrait devenir le plus rapidement classique, car, si les situations y sont osées, le style en est toujours ‘moral’. Il s’agit d’un roman par lettres qui nous raconte parallèlement deux histoires distinctes n’ayant pour liens que la parenté des personnages. Un père débauché, le président de Blamont, pour abuser de sa fille, Aline, veut la marier au financier Dolbourg, libertin de ses amis […] A ce premier récit se mêle l’histoire de Lénore et de son ‘amant’, Sainville. Des pirates ont enlevé Lénore et tandis que, de pays en pays, elle déjoue les ruses des libertins qui la convoitent, Sainville la recherche à travers le monde. Il s’agit au fond de deux romans dans le roman qui contiennent peut-être les plus belles pages que nous ait léguées la littérature du XVIIIe siècle. Les œuvres de J.-J. Rousseau pâlissent à côté de la description de l’Île de Tamoé, description qui nous livre, par la bouche de Zamé, le roi de l’île, le message ‘socialiste’ de Sade. Au milieu d’une œuvre où toutes les ‘ténèbres’ ont été rassemblées pour cerner absolument les frontières du mal et de la solitude naît ici une étrange éclaircie qui dicte cet étonnant désir : ‘… travailler à réunir autour de moi la plus grande somme de bonheur possible, en commençant à faire celui des autres’ ». (Dictionnaire des Œuvres, I, 85). Exemplaire de l'émission C, avec la mention de « Seize gravures » sur le titre, parue simultanément aux émissions A et B. Le présent tirage est illustré de 15 gravures, soit une de plus que dans les deux autres tirages publiés simultanément. Comme dans la plupart des exemplaires, la planche libre du tome III -cinquieme partie- fait ici défaut (comme dans les exemplaires de la B.n.F. - Rés. P. Y2 1496- , dans celui de la bibliotheque Gerard Nordmann – n°366 - ou celui de la bibliotheque Jean Bonna – n°153). Bel exemplaire homogène de cette édition originale rare et recherchée, avec les titres de chaque partie annonçant les seize illustrations, conservé dans ses élégantes reliures en demi-veau blond. Un nombre très limité d'exemplaires sont conservés dans les collections publiques; ils sont le plus souvent incomplets. De même, il en existe fort peu en mains privées. Le dernier exemplaire de cette édition originale passé sur le marché public s’est vendu 56 394 € le 8 novembre 2016 (Drouot, La Bibliothèque de Pierre Bergé, décrit ainsi au catalogue : « La reliure de l’époque a été habilement restaurée aux coiffes et aux coins; le papier est, comme presque toujours, uniformément bruni. La planche libre fait défaut comme dans la plupart des exemplaires. »). Un exemplaire en reliure moderne, incomplet du faux-titre de la 6e partie, fut vendu 41 250 € le 21 novembre 2012 (chez Pierre Bergé). (Il était décrit ainsi : « Comme dans la plupart des exemplaires, la planche libre du tome III manque ici. Comportant des rousseurs éparses. Quelques restaurations de papier: faux-titre double et restauration en marge d'une planche de la 1ere partie, en marge du faux-titre de la 3eme partie, au feuillet 264 de la 4eme partie et marge refaite à l'errata de cette même partie. Quelques petites éraflures aux reliures ».)
Dénonciation de l’absurdité de l’institution judiciaire, le roman fit date par sa technique narrative d’une grande modernité. London, Bradbury and Evans, 1853. In-8 de (1) f.bl., 1 frontispice, xvi pp., 624 pp., (1) f.bl., 38 planches hors texte ; maroquin havane, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, encadrement de filets dorés sur les plats coupes filetées or, bordure intérieure de même maroquin orné de filets dorés, tranches dorées, étui. (G. Mercier sr de son père 1929). 218 x 135 mm.
Édition originale. Dénonciation de l’absurdité de l’institution judiciaire, le roman fit date par sa technique narrative d’une grande modernité. Sur fond d’un interminable procès, impliquant une cinquantaine de personnages, Bleak House est le grand roman juridique de Dickens, qui dénonce une institution devenue folle. Raconté par deux personnages différents, de manière très moderne, le récit met en jeu tout un réseau de coïncidences, plusieurs fausses pistes et nombre d’espoirs déçus ou trahis. Roman foisonnant où la justice tourne à l’absurde, où l’on enquête et juge à l’infini, Bleak House est aussi un roman policier dont le véritable héros est Londres, la ville à l’atmosphère empoisonnée par la révolution industrielle. Dans une veine à la fois satirique, sombre et constamment drôle, Dickens décrit un monde où la nature est à peu à peu corrompue par l’homme, et signe là son passage définitif vers le roman total. Bleak House, premier des grands romans panoramiques de Dickens, décrit l'Angleterre comme une bleak house, c'est-à-dire une «demeure de désolation», que ravage un système judiciaire irresponsable et vénal, incarné par le Chancelier (Chancellor), engoncé dans sa gloire «embrumée» de la Chancellerie (Court of Chancery). L'histoire décrit une succession contestée devant le tribunal, l'affaire «Jarndyce contre Jarndyce», qui affecte de près ou de loin tous les personnages et concerne un testament obscur et de grosses sommes d'argent. Les attaques dirigées par l'auteur contre l'appareil judiciaire s'appuient sur l'expérience que Dickens en avait acquise en tant que clerc. Sa mise en scène sans complaisance des lenteurs, du caractère byzantin de la loi et de la cour de justice reflète l'exaspération montante de son époque vis-à-vis du système, et il a parfois été jugé que le roman avait préparé les esprits aux réformes des années 1870. La Maison d'Âpre-Vent fait écho à de nombreux événements marquants de la vie de Dickens et reflète la plupart de ses préoccupations personnelles, politiques et sociales. C'est aussi un livre novateur par sa conception, son organisation et certains aspects de son style. À ce titre, il constitue un jalon dans l'évolution de son œuvre, ce que l'anglais appelle un watershed novel (un «roman charnière»), souvent caractérisé comme le premier d'une série appartenant à sa dernière manière. De plus, les critiques s'accordent sur ce point, c'est l'une de ses œuvres les plus remarquablement achevées. Illustration de «Phiz» comprenant une vignette sur le titre et 39 planches hors texte, dont dix figures en noir. Bleak House est un des premiers livres de Dickens à user du clair-obscur: «These dark etchings were the result of «machine tinting» the steels, which gave an effect quivalent to that of ‘mezzo-tinting». The steel was first closely ruled with fine lines, and the design was then etched over the ruling. After that, by a further process of «stopping-out» and «burninhing», the effect of light and shadow was heightened» (Hatton & Cleaver). Exemplaire parfait en maroquin décoré de Mercier, de toute rareté en telle condition. Ex-libris manuscrit effacé sur un feuillet préliminaire: Yannick Potter 1856. (Hatton & Cleaver, A bibliography of The Periodical Works of Charles Dickens, pp.274-304).
L’un des 20 exemplaires mythiques dits «des bonnes feuilles». Paris, Bernard Grasset, 1924. In-12 de (244) pp. Broché sous couverture vert d’eau imprimée spécialement, dos de la couverture passé, chemise, étui demi-chagrin brun. 187 x 119 mm.
Véritable édition originale, très rare, dite «des bonnes feuilles», du second et dernier roman du jeune Radiguet. Tirage unique dit des « bonnes feuilles » limité à 20 exemplaires pour les amis de Radiguet, donnant le premier état du roman avant les modifications et suppressions apportées par la suite par les correcteurs (Cocteau, P. de Lacretelle, R. Behaine, J. Kessel, Grasset). La couverture porte cette mention : Epreuve du roman de Raymond Radiguet Le Bal du comte d'Orgel. En l'état exact laissé par l'auteur et avant toutes corrections même typographiques. À chaque page on peut constater que le texte est très différent de celui publié et qu'il y eut de très nombreuses et importantes modifications. Il a été tiré de ces bonnes feuilles vingt exemplaires numérotés. Le chiffre de cet exemplaire, difficilement lisible,semble être le n° 4. Raymond Radiguet avait remis à Grasset les épreuves de son second roman en octobre 1923. Jugeant le texte abouti, l'éditeur en tira immédiatement des épreuvesavant la fin du mois d'octobre. Radiguet mourut brutalementle 12 décembre sans avoir pu les corriger. En hommage au romancier disparu, Grasset en fit cependant tirer 20exemplaires, avant l'édition définitive, dont le texte sera fortement modifié. «Ce second et dernier livre du jeune Raymond Radiguet (1903-1923), paru un an après sa mort, marque une étape dans la manière de cet écrivain si prodigieusement précoce. Tandis que dans ‘le Diable au corps’ il avait traité le thème d’un adolescent engagé dans un trop grand amour, avec d’évidentes intentions antiromantiques et anti-rhétoriques, se fiant seulement aux maigres enchantements d’une minutieuse et précise ‘relation’, il tente ici le roman de pure analyse: un roman, où seule la psychologie est romanesque, tout effort d’imagination tendant à suggérer, non des événements extérieurs, mais des sentiments. Comme tel, le roman, ou plutôt le conte, est dépourvu de toute intrigue. François, jeune homme tranquille et raffiné, qui vit seul avec sa mère et se trouve suffisamment riche pour n’être pas obligé d’exercer une profession, fait par hasard, un soir, la connaissance au théâtre du comte Anne d’Orgel, type pittoresque d’aristocrate pour qui la vie consiste à observer scrupuleusement et sagement une série de devoirs mondains. L’excellent vieillard l’introduit dans son milieu et dans sa famille. François y fait la connaissance de la jeune femme de son nouvel ami. Quelques regards suffisent pour faire naître l’amour entre eux. Cet amour est cependant combattu par le sens du devoir et par la loyauté de ces deux âmes. Au cours d’un bal, les deux protagonistes acquièrent la certitude intime et profonde que leur passion, pour dominée qu’elle soit par la fatalité, n’en sera pas moins toujours sacrifiée au devoir. En effet, rien ne se passe et le drame reste purement intérieur: ce qui nous vaut de minutieuses analyses psychologiques […]. Radiguet a offert, avec ce petit livre, un modèle typique d’une des tendances caractéristiques qui domine le roman français contemporain: le néo-classicisme.» (Dictionnaire des Œuvres, I, 376). Précieux exemplaire conservé broché tel que paru.
Le plus précieux exemplaire cité par Brunet. Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, 1731. 7 volumes petit in-12. « Sept vol. pet. in-12 de (2) ff., 218 pp et (1) f.bl., 173 pp. et (1) f.bl. ; (1) f. et 232 pp. ; (1) f., 221 pp. et (1) f.bl. ; (4) ff. dont 1 bl. et 288 pp. ; (2) ff. dont 1 bl. et 283 pp., (2) ff. dont 1 bl. et 344 pp. (Le relieur n’a pas conservé les ff. blancs). Le septième volume contient l’édition originale de Manon Lescaut. Les tomes I, III, V et VII sont ornés d’une vignette sur cuivre et les tomes II, IV et VI d’un fleuron sur bois. Seuls les trois derniers volumes possèdent un faux-titre, ici non conservé par le relieur. » (Tchemerzine). Plein maroquin bleu janséniste, dos à nerfs, filets or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de Thibaron-Joly. 127 x 73 mm.
« Edition originale de l’Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux. » Manon Lescaut allait occuper une place déterminante dans l’histoire du roman français. « Roman aussi intéressant par ses péripéties qu’un roman d’aventures, aussi émouvant qu’une tragédie, aussi étudié dans ses caractères qu’un roman d’analyse, réaliste par la peinture exacte des mœurs contemporaines et par l’étude d’un problème moral qui, pendant plus d’un siècle, va dominer la littérature, celui de la lutte contre le plaisir et la passion. » Selon son habitude, Prévost utilise un genre très prisé au XVIIIe siècle: les mémoires fictifs. Ce mode de narration rétrospective permet à l'auteur de multiplier les aventures, qui s'articulent à chaque fois autour d'une histoire d'amour se terminant par la mort de la femme. L'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, facile à détacher du reste des Mémoires puisqu'elle n'a pas été vécue par le narrateur, mais lui a été rapportée, connut tout de suite un succès tel qu'elle a occulté le reste de l'oeuvre de Prévost. « Tout le sens du roman, toute la fascination qu’il exerce, reposent sur cette position particulière de des Grieux : tentant d’entraîner Manon dans son exaltation amoureuse et obligé de subir les conséquences de ses infidélités et de sa recherche étourdie des plaisirs et de l’argent, ayant tout sacrifié à l’amour, vécu comme un absolu, et conduit par cet amour à se compromettre avec la prostitution, le vol, le meurtre, à tromper sa famille, à exploiter ses amis, comme Tiberge ou M. de T. A intituler le roman de Prévost Manon Lescaut, le lecteur oublie le travail de remémoration et d’idéalisation effectué par l’amant, et n’en retient que l’objet ; ce que des Grieux met au centre de sa vie et de son destin, mais reste le plus secret, le plus irréductiblement voilé. Le mystère de Manon tient à sa place dans le roman, puisqu’elle est vue à travers l’image que s’en fait et que veut bien en donner des Grieux, mais il tient aussi à l’impossibilité de concilier les attentes sentimentales de son amant avec ce qu’elle peut socialement et matériellement faire. Sur le personnage de Manon se noue le paradoxe du roman : son amant, pour la faire entrer dans son pathétique récit et conférer à leur amour une dimension tragique, doit invoquer tout ce qui dans son comportement et son caractère a suscité le malheur et qui révèle son indignité et exclut tout héroïsation : sa légèreté, ses escroquerie, sa ronde de courtisane, sa déportation. Manon n’est donc tragique qu’autant qu’elle ne l’est pas : par-delà le deuil, des Grieux s’enferme dans une contradiction sans issue, et c’est ce qui confère à son récit sa valeur dramatique. L’originalité de Prévost est d'avoir suggéré la force de la passion en lui opposant des détails concrets, et parfois grotesques : logement, carrosse loué, compte des dépenses, gains illicites, escroqueries, pistolet chargé, chambre forcée, culotte oubliée. Mais il n'utilise pas seulement les conditions matérielles comme obstacles du sentiment, il les fait entrer dans l'appréhension que des Grieux se fait de l'amour, dans sa tentative pour lui donner une signification, et pour recomposer une image de lui-même et de Manon qui justifie sa conduite et tienne lieu de ce qu'il a perdu : elles font partie de lui, et de ce qu'il cherche à en comprendre et à en dire. Ce processus d'intégration touche la trame quotidienne de l'existence, dotant d'une curieuse résonance affective les éléments les plus prosaïques (une bougie, une mèche de cheveux, une pièce d'or, une chambre d'auberge). Cela vaut également pour l'évocation circonstanciée de la fin du, règne de Louis XIV et du début de la Régence, la difficulté de des Grieux à construire un sens devenant celle de toute une société. Une contradiction de même ordre touche la manière dont des Grieux exalte l'amour et justifie idéologiquement son aventure. Il conteste les interdits que la religion, sa famille ou la société lui ont opposés, et il les rend en partie responsables de son malheur mais pour saisir son destin et légitimer sa passion, il est contraint d'emprunter à ces instances qui le condamnent leurs discours et leurs valeurs : à cause de son éducation, son milieu, ses inclinations, par la logique même de son entreprise, il n'a pas d'autre choix. Ce qu'il voit dressé contre l'amour et aussi ce dont il a besoin pour le dire, pour donner aux êtres et aux sentiments une qualité et un nom : sens aristocratique de l'honneur qu'il revendique, et que son père invoque contre lui sens religieux de la faute qui l'amène à distinguer l'intention de l'acte, ce que lui reproche son ami Tiberge, goût pour l'étude et la littérature. Prévost a constamment joué de ce qu'il y a de contradictoire dans le sentiment, les rapport amoureux, les valeurs morales, les comportements sociaux, mais dans Manon Lescaut il en a confié l'expression à celui qui en est l'acteur principal, tirant ainsi de cette tension irrésolue le principe d'une présence, passionnée et inquiète : la parole de des Grieux résonne encore de la vibration du désir face à ce qui se dérobe. » J.-P. S. Célèbre et très bel exemplaire, le plus précieux cité par Brunet (Sup., II, 293) : « Les 7 vol. de 1730-31 ont été vendus 60 fr. Tross en 18755 ; en mar. de Chambolle, 700 fr. Benzon ; en mar. de Hardy, 730 fr. voicin (1876) ; enfin en mar. de Thibaron-Joly, 1 200 fr. au cat. Morgand et Fatout. » Ce dernier étant le présent exemplaire, 1200 fr. or ! Rappelons qu’un livre de bibliophilie se négociait alors à compter de 10 fr. or. De la bibliothèque P. Brunet avec ex-libris.