‎[Félicien Rops] - ‎ ‎Villiers de l'Isle-Adam / Félicien Rops‎
‎ Chez les passants (Fantaisies, Pamphlets et Souvenirs), couverture et frontispice de Félicien Rops. Édition originale. Reliure d'époque parfaitement conservé. ‎

‎Comte de Villiers de l'Isle-Adam, Chez les passants (Fantaisies, Pamphlets et Souvenirs), couverture et frontispice de Félicien Rops, Paris, Comptoir d'Édition, Librairie de l'Art Indépendant, 1890, 320 p., relié, 11,8 x 18,5 cm. Édition originale sur papier d'édition après 15 exemplaires sur papier Japon. Charmante reliure de l'époque en demi-percaline chinée bleue, pièce de titre brune avec nom de l'auteur et titre dorés, dos lisse avec fleuron et date de publication en queue dorés, relié à la Bradel. Couvertures et dos bien conservés. Couverture bien conservée avec le médaillon ovale du graveur belge Félicien Rops, répété sur le catalogue de la librairie de l'art indépendant en fin d'ouvrage (p. 307), encadrant la figure d'une sirène avec la devise : Non hic piscis omnium (ce n'est pas le poisson de tous). Il s'agit du cartouche intitulé Poisson rare (Exsteens 422). Selon Hélène Védrine : "La réussite de cette devise [...] tient sans doute à la singularité de la figure qui prend à contre-pied le précepte horacien de la monstruosité d'une imagination incontrôlée. [...] Poisson rare propose la représentation d'une muse étrange, bigarrée, inutile et nuisible, incarnant le principe de l'hétérogénéité, où se mêle l'inspiration débridée du peintre et du scripteur. En elle se combinent sous un mode logogriphique les espèces inattendues de la sirène, du vampire et de la sphinge féline, que le texte du motto ne vient en rien élucider en la désignant sous le terme de "piscis". Ce texte ajoute au dévoiement, faisant allusion à l'interprétation idéogrammatique du terme désignant le poisson, ἰχθύς, dans se liraient les différents noms du Christ. Là se réalise le principe de confuse complémentarité de la sentence et de la figure, de l'âme et du corps de la devise. [...] En ce sens, le Poisson rare de Rops constitue une impresa artistique et restitue, conformément à la dimension héroïque de la devise, le projet élitiste, intime et esthétique du graveur." Extrait de l'ouvrage Anamorphoses décadentes / L'Art de la défiguration (1880-1914), Études offertes à Jean de Palacio, sous la direction d'Isabelle Krzykowski et de Sylvie Thorel-Cailleteau, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 2002, p. 96-97. Le frontispice de Félicien Rops représente un personnage squelettique déposant la tête coupée de Villiers de l'Isle-Adam au tombeau sur lequel est inscrit "Tribulat Bonhomet RIP" en référence au personnage du docteur du recueil de nouvelles éponyme de Villiers paru en 1887. Il représente les armes du comte Villiers de l'Isle-Adam et reprend l'inscription du tombeau de l'ancêtre du comte Philippe Villiers de l'Isle-Adam, grand maître de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, mort à Malte en 1534 : Hic jacet virtus victrix fortunae. Selon Félicien Rops, le frontispice de Chez les passants est sa pire réalisation en la matière. Sa correspondance révèle toutes les difficultés et empressements qu'il a eu à réaliser cette illustration à la demande de la veuve de Villiers de l'Isle-Adam pour que paraisse cette édition posthume préparée par Stéphane Mallarmé et Joris-Karl Huysmans. Dans une lettre à Armand Rassenfosse du 17 novembre 1889, Félicien Rops évoque d'abord de nombreux problèmes liés au vernis utilisé et au manque de temps : "Je devais faire au galop & même au triple galop, pour venir en aide à la veuve de Villiers de l’Isle-Adam, un bout de frontispice pour son livre : Chez les Passants et j’ai voulu le faire avec notre nouveau vernis. J’ai décalqué mon croquis avec un crayon dur, puis j’ai fait mordre le trait. J’ai reverni à nouveau après la morsure, qui était d’ailleurs un peu trop forte, pour un simple trait, et j’ai ensuite ajouté au crayon tous les travaux. À la remorsure tous les travaux premiers ; le trait, se sont mis à remordre partout, même sur la pierre tombale o[ù] vous pourrez lire : Tribulat Bonhomet, car je vous envoie une épreuve du 2e État et une épreuve du 3e état. Dans ce troisième état, la planche a été a peu prèssauvée à l’aide de la pointe sèche et de la roulette." Puis, dans une lettre du 24 décembre au même, ce jugement sévère sur son oeuvre sur l'impression réalisée par Nys qui a fini d'achever le mauvais traitement accordé au fronstipice : "Je vous envoie le frontispice du livre : Chez les Passants de Villiers. C’est fort mauvais, et même l’un des plus mauvais frontispices de mon œuvre. Ce malheureux cuivre a éprouvé tous les accidents possibles, et pour comble, Nys, pressé, l’a fort mal tiré. Mais enfin, puisque vous en désirez une épreuve, je vous l’expédie. Remarquez que la tête qui se trouve dans la main du fantôme est presqu’illisible. C’est encore un accident de la dernière heure. En coupant les marges, l’ouvrier avait enlevé d’un coup de burin le nez et un des verres des lunettes du Bonhomet ! C’etait complet !!" Jugement sévère que l'on retrouve dans une lettre adressée à Eugène Demolder le 4 février 1890 : "– Mon opinion sur mon Bonhomet ? frontispice de chez les Passants ? – Très mauvais ce frontispice : voilà. C’est lourd, veule & l’idée est quelconque. Un mauvais Rops !!" L'ouvrage a paru sous la direction de Stéphane Mallarmé et J.-K. Huysmans au Comptoir d'Édition dont on confie au poète Henri de Régnier l'évocation : "Il y avait en 1890, au numéro 9 de la Chaussée d'Antin, une étroite boutique dont la devanture offrait au passant un étalage de livres, accompagnés de tableaux et de gravures d'un symbolisme qui ne laissait aucun doute sur les tendances de la maison. Cette boutique avait d'ailleurs déjà un passé littéraire. Edouard Dujardin y avait installé les bureaux de la Revue Indépendante, et ces bureaux avaient reçu plus d'une fois la visite de Stéphane Mallarmé, de Villiers de l'Isle-Adam, de Paul Verlaine, de Jules Laforgue. Cette brillante collaboration n'avait pas cependant suffi à assurer la durée de la publication d'Edouard Dujardin qui, passée aux mains de François de Nion, avait abandonné la Chaussé natale où l'éditeur Edmond Bailly avait établi son « Comptoir d'édition » devenu bientôt la « Librairie de l'Art Indépendant », d'où sortirent plusieurs volumes maintenant non sans rareté et qui portent pour marque un médaillon ovale encadrant la figure d'une sirène dessinée par Félicien Rops, avec la devise : Non hic piscis omnium. Cette boutique de la Chaussée d'Antin n'était pas un lieu ordinaire. La porte poussée, on se trouvait en présence d'une forte dame à cheveux blancs, d'un petit homme à lunettes d'or, Edmond Bailly lui-même. Or Edmond Bailly, personnage singulier, n'était pas seulement éditeur, il était occultiste et musicien. Il composait des mélodies et rédigeait une revue de science ésotérique. J'ajoute qu'il était poète et qu'on le disait ancien artilleur de la Commune, mais il n'était resté révolutionnaire qu'en poésie et en musique et c'était pour satisfaire ce goût qu'il publiait des ouvrages de symbolistes. Aussi fus-je un de ses auteurs, et les auteurs d'Edmond Bailly entretenaient avec lui d'excellentes relations, de même qu'il en avait de fort bonnes avec l'au-delà ! La boutique de la Chaussée d'Antin servait souvent de point de réunion et de lieu de rencontre à un petit groupe d'écrivains au nombre desquels je me trouvais. On allait chez Bailly causer de littérature. Parfois on y interrogeait les esprits au moyen d'une sorte de trépied en bois auquel les mains imposaient des soubresauts alphabétiques. Edmond Bailly dirigeait les expériences tout en caressant la chatte Aziza. Parfois, il se dérangeait pour satisfaire un client qui s'en allait en emportant sous son bras l'Upanishad du grand Aranyaka, traduit du sanscrit par Ferdinand Hérold, soit l'Antre des Nymphes, de Porphyre, traduit du grec par Pierre Quillard, soit les Chansons de Bilitis, de Pierre Louys, soit la Damoiselle élue, de Claude-Achille Debussy, que Bailly avait luxueusement éditée." Magnifique exemplaire, parfaitement conservé. ‎

Reference : DMI-1172


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