Hippolyte Taine (1828-1893), philosophie, historien, membre de l'Académie française. L.A.S., sd [fin décembre 1859 ou début janvier 1860], 1p in-8. Importante lettre à Etienne Vacherot (1809-1897) au moment de sa condamnation pour La Démocratie : « Cher Maître, Un homme très fin, qui connait bien le barreau et le monde, et à qui je viens de raconter l'audience, vous offre le conseil suivant : Ne pas prendre d'avocat pour vendredi, et prononcer vous-même cette phrase : "Messieurs, après ce qui s'est passé à la dernière audience, je considère que la défense n'est pas libre, j'y renonce, faites de moi ce qu'il vous plaira !". Réserver toutes les forces pour la cour d'appel, prendre alors pour avocat Me Marie, et surtout Me Dufaure, un logicien précis, et qui a du poids auprès des juges. Ces messieurs se chargeraient d'eux-mêmes de votre affaire. Je vous dirai moi-même le nom de celui qui vous donne ce conseil ; il mérite considération. A vous de coeur. H Taine ». En effet, lorsque Vacherot publie La Démocratie, enregistré dans la Bibliographie de la France le 12 novembre 1859, il est presque immédiatement poursuivi pour atteinte à la morale, à la religion, à l'autorité constitutionnelle de l'Empereur. Il est alors défendu par Emile Ollivier (1825-1913). Comme le montre notre lettre, la défense d'Ollivier ne semble pas très réussie. Après le réquisitoire, il a ainsi déclaré : « Messieurs, je ne répondrai point au Ministère public. Il a fait appel aux passions, cela est mauvais ». Il refuse de se rétracter. Vacherot suivra le conseil donné par Taine mais fit la déclaration par une lettre au président du tribunal. Il est alors condamné à 1 an de prison et 1000 francs d'amende. En appel, Jules Dufaure (1798-1881) ne le défendra pas. Il le sera uniquement par Pierre-Marie de Saint-Georges dit Marie (1797-1870) qui réussit à réduire la condamnation à 3 mois de prison. Il fit notamment sensation en lisant un extrait d'un livre qui indigna la cour et qui était écrit par. Napoléon III lui-même et extrait de son Extinction du paupérisme. Cette importante lettre a été publiée par Léon Ollé-Laprune dans sa biographie d'Etienne Vacherot (Paris, Perrin, 1898. p.46). Notons d'ailleurs qu'Ollé-Laprune ne partageait pas les idées de Vacherot. Toutefois, il lui succéda à l'Académie des sciences morales et politiques, ce qui explique ce livre. Très belle lettre de Taine. [133]
Reference : 017271
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