Charles-François Dumouriez (1739-1823), général, vainqueur à Valmy. L.A.S., 2 juin 1818, 2p in-4. Importante lettre au maréchal Etienne Macdonald (1765-1840) qui n'a su obtenir de décoration pour son ami le comte de Saint Martin de la Tour et pour lui-même. « Mon bon & fidèle camarade, vous venez de me donner une nouvelle preuve de votre amitié à laquelle je suis très sensible. J'attachais un grand prix à cette croix, juste récompense des longs services & de la fidélité du Comte de Saint Martin de la Tour, qui depuis 16 ans m'avait accompagné dans mes courses dangereuses en Bohême, en Moravie & en Suède, après s'être tiré très adroitement en 1803 d'une commission très périlleuse en France que je lui avais fait donner par ce gouvernement-ci auprès de Moreau & de Pichegru lors de leur arrestation. C'est à vos soins, mon ami, que j'ai l'obligation de cet acte de justice, & il me prie de vous témoigner sa reconnaissance, que je partage. Il n'a pas tenu à vous que j'emportasse au tombeau, dont mon grand âge m'approche, une marque personnelle de l'estime & de la bienveillance de notre respectable Roi. Chevalier de Saint Louis depuis 56 ans, Lieutenant général depuis 25 ans, entièrement occupé depuis ma sortie de France des intérêts de ma patrie & de mon Roi, déterminé à ne pas leur être à charge lorsque mes services ne pouvaient plus être utiles, je n'ai pas souhaité une décoration, dont j'étais très susceptible, que pour montrer aux Etrangers qui m'honorent de leur estime que mes services étaient appréciés en France comme dans le reste de l'Europe ; je ne me suis cependant permis aucune démarche auprès du plus juste & du plus bienveillant des Rois, parce que je me suis fait une loi, dès que je suis entré au service, de ne jamais solliciter une grâce ni une faveur, & que toutes celles que j'ai obtenues, ainsi que tous les emplois dont j'ai été honoré par les prédécesseurs de Sa Majesté, je ne les ai dûs qu'à leur volonté & à leur choix, & que dans ma carrière politique & militaire, je peux dire, comme le président Jeannin, que je suis de mes oeuvres. Averti par mon âge que ma carrière est finie, dépouillée de toute ambition, satisfait du genre de vie que j'ai embrassé, content de ma propre conscience, je me suis contenté de vous exprimer comme à mon fidèle ami, comme à un témoin irréprochable de mes sentiments & de ma conduite le désir que j'avais d'être distingué du Roi par une marque ostensible de sa bienveillance. Votre amitié, aussi vive que constante, vous a engagé à lui proposer de m'honorer de cette grâce, vous avez échoué dans votre noble démarche, mais tant que j'existerai, elle sera gravé dans mon coeur. Au reste, mon bon Macdonald, je suis heureux du bonheur de la France, à qui Dieu dans sa clémence a accordé pour souverain le seul homme dont le caractère, le génie & la prudence pouvaient la sauver & lui rendre son bonheur & sa gloire. Le plus fort est fait, il a rétabli dans le conseil de son peuple l'empire de la raison & du vrai patriotisme, il a développé ses grandes ressources, & dès qu'il aura doublé le cap de l'évacuation des armées étrangères, il sera hors des écueils, & il naviguera au travers d'une mer paisible pour conduire son vaisseau au port. Que Dieu nous conserve longtemps cet habile Pilote ! Je remercie Sémonville de son bon souvenir, & je l'aimerai toute ma vie, ainsi que la très aimable maréchale dont vous ne me parlez pas. Le Prince de Condé a terminé bien noblement une glorieuse carrière. Il est fâcheux pour la France qu'une branche aussi illustre des Bourbons doive s'éteindre dans son fils, qui était digne de soutenir l'éclat de ce grand nom, mais que le plus noir chagrin consume. Je peste contre la goute qui vous tourmente, & qui me prive du plaisir de vous embrasser, mais je vous exhorte très fort à vous rendre aux bains & de préférer ceux des Pyrénées. Mais souvenez-vous que le meilleur remède pour cette affreuse maladie c'est de beaucoup vous promener à pied, dussiez-vous m
Reference : 017253
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