[1942]. 25 ff. volants in-4, (27,5 x 21,5 cm), à l’encre bleue (ff. 1-22) et à l’encre rouge (ff. 23-25). Corrections dactylographiées et manuscrites.
Reference : 2030
L’auteur anonyme, patriote rennais convaincu et partisan de la Bretagne libre, fournit un texte plutôt militant qu’une œuvre d’historien. Il pourrait être un membre de la mouvance PNB / Breiz Atao (peut-être Morvan Marchal ?). Il défend dans son introduction la place de Rennes comme capitale de la Bretagne, introduction que nous retranscrivons ici dans son entièreté. Introduction (ff. 1-3) : Rennes, Ville bretonne, Capitale de la Bretagne. « C'est un Rennais qui écrit ce livre. On peut le croire lorsqu'il dit qu'il aime sa ville. Il l'a défendue comme on défend une mère contre les dénigreurs, qui ne la connaissent pas, et contre les vandales qui veulent la souiller. On peut compter qu'il la défendra encore... C’est un Breton, aussi. Nous aimons Rennes dans la Bretagne. Pour nous, le patriotisme local conditionne le patriotisme national. Nous ne serions pas un bon Breton si nous n’aimions pas la ville qui a défendu jusqu’au bout l’indépendance de la Bretagne, et qui a tenu la dernière – tout le pays étant conquis, aplati, soumis – contre les canons français. Pour cela, elle n’a de leçon de patriotisme à recevoir de personne, et tous les Bretons peuvent la saluer, chapeau bas. Rennes n’a pas toujours été la ville bourgeoise et provinciale qu’on voit aujourd’hui ; elle a donné le signal de bien des émeutes ; elle les a payées fort cher, mais la dernière, en s’amplifiant, est devenue la Révolution française. Rennes était une jolie ville ; nous dirons même : une belle ville, jusqu’aux dernières années du XIXe siècle ; en somme, tant qu’elle a réussi à tenir son rang de capitale de la Bretagne. C’est la Centralisation qui l’a tuée ! Rennes est située juste où il faut pour être la capitale de notre pays ; c’est pourquoi elle l’a toujours été depuis que les Bretons ont une capitale, n’en déplaise aux Nantais au grand port duquel il manque encore un titre, paraît-il… Pour nous, nous nous contentons du nôtre ! La question de Rennes ou Nantes, capitale de la Bretagne, a d’ailleurs été tranchée par Marteville, le meilleur historien rennais. Tous les ducs de Bretagne ont été couronnés à Rennes et notre ville a été qualifiée par eux tous “capitale de notre païs et duché”, même par François II qui fit construire le château de Nantes ! Une seule exception sous le règne d’Henri IV, souverain étranger, après les guerres de la Ligue… Alors, le parti ligueur, n’ayant pu se maintenir à Rennes, avait fait de Nantes son boulevard en Bretagne… Henri IV tenait à se concilier les Nantais qu’il venait de vaincre. On sait que ce roi venait du Midi et qu’il était prodigue de paroles flatteuses. C’est donc tout : un souvenir de guerre civile. À part cela, tous les souverains français reconnurent la prééminence de Rennes. D’ailleurs, à quoi bon discuter ? Le Parlement de Bretagne, gardien des franchises et coutumes du Duché, siégeait à Rennes, de même que la Commission Intermédiaire des États de Bretagne, véritable gouvernement breton. Cela suffit ! Concédons aux Nantais que leur ville fût la résidence des derniers ducs. Mais Versailles n’a jamais empêché Paris d’être la capitale de la France ! Et si, demain, le rêve de nos vieux rois se réalisait, si la Bretagne – marchant vers le soleil – s’annexait les départements voisins, qui se dépeuplent, et dont certains sont déjà mis en valeur par les Bretons, Rennes serait encore mieux placée, – à mi-chemin qu’elle est des côtes de la Manche et des marais poitevins, des rives de la Sarthe et de la rade de Brest. Cela, personne ne peut le contester, ni les partisans du maintien de l’union avec la France, ni ceux – dont nous sommes – de la libération de la Bretagne et de son intégration directe dans l’Europe nouvelle. Nous croyons donc que la question de la capitale bretonne est fixée pour l’avenir, comme elle l’a été dans le passé, parce qu’elle est dessinée par l’histoire et la géographie. Fasse donc le Ciel que notre ville connaisse encore des jours glorieux, comme ceux qu’ont connus nos pères ! » Chapitre I : Brève Histoire du Vieux-Rennes. Feuillets 3 à 25. L’auteur décrit notamment l’héritage gallo-romain de Rennes (tout en le fustigeant), puis l’époque des invasions germaniques et des invasions scandinaves, des premiers rois bretons, Nominoé, Alain Barbetorte, la domination anglaise du XIIe siècle. Il cite des extraits du Livre des Manières d’Étienne de Fougères. « La “Gaule” évoque pour nous la plus lointaine idée de la patrie ; mais entendons-nous bien : la Gaule, c’est-à-dire la Celtique. Ils ne descendent point des Gaulois, ceux qui tiennent Vercingétorix pour un sauvage et qui se vautrent aux pieds de la Louve romaine. Nous ne sommes pas de ceux-là ! Nous estimons que la Gaule a tout perdu en perdant sa langue, que la Bretagne (c’est-à-dire l’Angleterre actuelle) avait conservée. Et nous pensons que c’est un quasi-miracle que l’arrivée d’émigrants de l’île de Bretagne, au V° siècle, pour receltiser ce coin de terre ! Voilà pourquoi nous estimons que la langue bretonne n’est pas étrangère à Rennes ; qu’elle y a doublement droit de cité, – et d’abord comme fille authentique du gaulois de l’île de Bretagne. Nous la retrouverons bientôt. » (Extrait). « Quelle ne fut pas notre heureuse surprise l'année dernière lorsqu'on trouva dans les travaux du camp de St. Jacques plus de cent pièces de monnaie des Redones cachées dans un vase antique ! Toutes portaient une de ces têtes d'homme, divinité ou guerrier, dont a si bien parlé Camille Julian, et au revers le char de la Confédération armoricaine et la roue solaire des Redones. » Cette phrase pourrait renvoyer à la découverte en 1941 d’un important dépôt monétaire sur le site de fouilles de Saint-Jacques-de-La-Lande et nous permet de dater ce tapuscrit. Plus loin, il cite en note un ouvrage de 1936 (L’Armorique, mélange d’Histoire). « Nous ne retracerons pas ici les évènements fameux qui contraignirent les Bretons à quitter l’Angleterre. Disons que nous sommes convaincu qu’il ne s’agit pas alors de pauvres émigrants en larmes fuyant leur patrie moribonde, comme aurait voulu nous le faire croire M. de La Borderie, mais bien de tribus belliqueuses, déjà armées par les Romains pour défendre le littus saxonicum, et qui refusèrent de se soumettre au joug de l’étranger. Ne partirent que ceux qui voulurent rester libres, et la suite de l’histoire des Bretons le prouve bien ! On ne la comprend même pas sans cela. » (Extrait). « La marée bretonne déferla sur toute la Haute-Bretagne, l’Anjou, le Maine, la Normandie et le Poitou. Sans l’invasion scandinave du IX° siècle, Rennes serait probablement au centre d’un État purement celtique, englobant tout le massif géologique armoricain et groupant huit à neuf millions d’habitants. C’est M. Loth qui disait que si la receltisation de cette région avait été totale, il eût fallu des guerres d’extermination pour l’unir à la France. » (Extrait). Au sujet des vers d’Étienne de Fougères : « Naturellement, puisque nous sommes en France, il n’y a que les savants allemands qui se soient intéressés à ce vieux morceau de notre littérature ! Penser qu’à cette époque l’évêque de Rennes versifiait dans la langue des paysans, ça nous change des prélats de nos jours ! Nous ne voyons guère que Mgr St Marc, lui aussi fils du terroir, qui eût pu en faire autant. » L’auteur continue en décrivant l’étendue des faubourgs de Rennes au XIIIe siècle et son évolution, puis l’époque des guerres civiles, les guerres féodales, la guerre de Succession de Bretagne, le Siège de 1356, les « jours sombres de St Aubin-du-Cormier » en 1488. Il cite fréquemment les historiens locaux, Ogée et Marteville notamment, sur lesquels il s’appuie. Il décrit ensuite les conditions du mariage forcé d’Anne de Bretagne à Charles VIII qui permirent de lever le Siège de Rennes. « L’indépendance bretonne était morte. N’avions-nous pas raison de dire que l’histoire de Rennes est beaucoup plus triste à la période féodale qu’à l’époque de Nominoé ? ». « À voir avec quelle rage Rennes se jeta, comme toute la Bretagne, dans les guerres de religion stupéfie ! Oubliée la nationalité bretonne pour laquelle on avait répandu tant de sang ! […] Il n’y a pas un siècle plus triste que le XVI° pour toute la Bretagne ! C’est une grisaille désolante que parviennent à peine à égayer les contes d’Eutrapel. » Viennent ensuite la Grand Siècle, la description de Rennes et de ses faubourgs au XVIIe siècle, puis la Révolte du Papier Timbré (« Un évènement autour duquel on a fait un grand tapage, sans toujours bien le comprendre […]. Remarquons d’abord qu’il s’agit d’une secousse sociale, parfaitement comparable à la Commune de Paris, et nullement d’une révolte nationale bretonne. ») et le grand incendie de décembre 1720 et ses dégâts regrettables et colossaux. Enfin, « La Révolution va bientôt ouvrir l’ère des cataclysmes architecturaux. Au fait, cette Révolution, elle est un peu notre œuvre, car c’est à Rennes qu’elle se manifesta tout d’abord. Cela commença par une agitation en Bretagne contre le pouvoir royal. » « Des médiocres prétentieux comme Moreau furent les dieux du jour, et Rennes devait bientôt sombrer dans les folies révolutionnaires. La marche de l’héroïque et malheureuse armée vendéenne ne vint même pas la réveiller, si elle fît trembler ses historiens barbouillés de sang et coiffés de plumets tricolores. Les orties poussèrent à la place où se dressait jadis la cathédrale où l’on couronnait les ducs, et par adulation pour un sabreur corse promu successeur de Charlemagne, Rennes finit par renier ses armes et par couvrir son blason de mouches à miel. Elle les a – heureusement – reprises depuis lors ! Mais elle a perdu – hélas ! – sa couronne qu’il faudra bien lui redonner un jour… le jour prochain où elle sera, de nouveau, la capitale de la Bretagne. » (Fin). Le tapuscrit s’arrête ici, à la fin du premier chapitre consacré à l’histoire du Vieux-Rennes. Est-ce que l’auteur s’est arrêté là et son projet n’a jamais vu le jour, ou est-ce que les chapitres suivants de ce tapuscrit existent ailleurs ?
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