Paris, J.-B. Baillère, 1891. Édition originale. In-8 de 250 x 170 mm, 180 pp. Relié demi-maroquin tabac grainé, dos à nerfs, titre et nom d'auteur en doré, fleurons dorés. Plats à motifs sombres, gardes marbrées. Belle indication gravée en doré "J.-B. Garnier", l'un des plus grands libraires franco-brésiliens de l'époque, au premier contreplat. Avant-propos et table des matières en tête de volume. Médecin, anthropologue et criminologue, Étienne-Émile Adolphe Dortel (1858-1909) s'oppose ici ouvertement au grand criminologue de l'époque Cesare Lombroso en affirmant que "le criminel-né n'existe pas". Le livre est un essai polémique pointant le caractère non conclusif des études anthropométriques de Lombroso sur des criminels. Si Dortel admet quelques concessions, par exemple que "la hauteur de la face est plus importante chez les criminels", il s'intéresse beaucoup plus aux facteurs psychologiques du crime et aux motivations des déviants : "Ce qui domine peut-être dans le criminel c'est la vanité, une vanité absurde, démesurée. Ils tirent vanité de tout, de leur courage, de leur beauté, de leur vigueur, de leurs amours, de leurs richesses, de leurs exploits, de leurs condamnations. La conséquence de ce sentiment c'est d'abord une inclination à la vengeance pour les causes les plus futiles ; ensuite une cruauté que rien n'apaise. Quand ils ont une fois goûté cet horrible plaisir de faire couler le sang, tuer devient un besoin impérieux." (p. 46)
Plat avant frotté, léger manque à la coiffe, rousseurs mais entièrement lisible. Quelques soulignements au crayon bleu. Exemplaire élégant.