s.l. s.d. (1957), 18x13cm, une photographie.
Portrait photographique en noir et blanc en tirage argentique d'époque, représentant Colette en pleine conversation avec l'un de ses jeunes admirateurs, Bernard Petiot. Indications au stylo bille bleu, une raturée, suivie de "Bernard Petiot 1957". L'écrivaine a rédigé au verso un humoristique envoi autographe signé : "Pour Bernard Petiot, en souvenir d'une antique écrivaine, à qui les visiteurs jeunes sont sympathiques, Colette". - Photos sur www.Edition-originale.com -
1930 Paris, J. Ferenczi et Fils Editeurs, 1930; in - 8° broché, couverture bleu - vert pale imprimée en bleu au 1 er plat et dos; 180 - (1)pp. - (1)f. Exemplaire de la seconde édition. 1 des 120 exemplaires numérotés sur papier simili japon de couleur, ici Exemplaire H. C. N° 335. Envoi autographe signé de Colette à Monsieur Hammerel sur le faux-titre.
Couverture défraîchie, petits manques en bordure, dos jauni avec manque, papier légèrement jauni en bordure des pages. Bon état intérieur, exemplaire à grande marge inférieure.
Paris Le Fleuron 1949 3 vol. Brochés 3 vol. in-8, brochés, couvertures rempliées, 127, 91 et 95 pp. Éditions originales imprimées par Daragnès à uniquement 480 exemplaires numérotés sur un élégant vélin bleuté d'Arches. Chaque volume comprend un envoi autographe signé de Colette à Nathalie Gallimard, "sous la condition expresse qu'elle restera - 'trait pour trait' - toujours pareille à elle-même"; "à qui le bleu céleste est une parure de plus (pour les banalités je ne crains personne !)"; "[La fleur de l'âge], apportez-la moi sur votre joue, que je la baise !" On joint au premier volume le carton d'invitation au vernissage de l'exposition Vertès à la Galerie de l'Elysée (mars 1938) avec un texte de Colette qui est repris dans ce recueil. Exemplaires en parfaite condition réunis sous étui.Quoi que l’on puisse penser de la composition des recueils de textes courts qui forment l’essentiel de l’œuvre et sans doute sa part la plus précieuse, elle témoignait le plus souvent d’un souci d’unité de thème, parfois de dates, et de genre presque toujours. Dans les trois recueils qui paraissent au Fleuron, la maison d’édition créée par Maurice Goudeket, Trait pour trait, Journal intermittent et La Fleur de l’âge, la patte de l’éditeur devenu conseiller littéraire se fait sentir. Si Trait pour trait s’impose par une relative unité thématique en rassemblant, sous ce joli titre, des portraits d’écrivains (Anna de Noailles, Marcel Proust, Georges Courteline, Léon-Paul Fargue), de comédiennes et de chanteuses (Sarah Bernhardt, Emma Calvé), d'un musicien (Claude Debussy), d’amis peintres (André Dignimont, Marcel Vertès, Luc-Albert Moreau, Camoin) et l’évocation d’un personnage sorti de La Comédie humaine (Mme de Marneffe), les deux autres ouvrages réunissent pêle-mêle des chroniques et contes – mélange auquel Colette s’était toujours refusé -, des textes publicitaires et des préfaces qui étaient restés inédits. En ce début des années 50, alors que la source vive de la création semble s’amenuiser, Maurice Goudeket décide «de faire de Colette un auteur pour édition de luxe, un auteur rare, dont on recherchera les textes, un auteur pour lequel les amateurs seront prêts à dépenser.» (Claude Pichois et Alain Brunet)En témoignent ces trois volumes tirés à 480 exemplaires (450 exemplaires sur vélin bleuté et 30 exemplaires numérotés en chiffres romains réservés à l’auteur), destinés à un public choisi et dont l’impression fut confiée au délicat et virtuose Jean-Gabriel Daragnès, aisément identifiable derrière la mention «sur mes presses à Montmartre» (ses presses étaient situées avenue Junot) et sa marque au «Cœur fleuri» dont la devise, «Insita cruce/ cor floret», était empruntée à la légende de Tristan et Iseult par laquelle il avait débuté son travail de graveur. Ce fut d'ailleurs l’une des dernières productionsdu typographe décédé le 25 juillet 1950.L’objectif de Maurice Goudeket était doublement commercial, car dès le départ ces publications bibliophiliques étaient aussi destinées à enrichir les Œuvres complètes en cours d'édition où leur composition serait encore modifiée. Bien que «le meilleur ami» ait souhaité – on le comprend – justifier l’édition de ces textes « disparates jouant l’un sur l’autre et se consolidant» (Près de Colette), le lecteur contemporain goûtera, sans souci d’une artificielle cohérence, les effets d’harmonie et d’échos que ces textes entretiennent avec le reste de l’œuvre, confirmant cette composition symphonique ou rhapsodique à laquelle l’écrivain semble avoir toujours aspiré.Ensemble dédicacé à Nathalie Gallimard où l’on peut voir que si Colette avait renoncé à des œuvres de longue haleine, son sens de la formule et de la dédicace étaient intacts. (Notice de Frédéric Maget pour le catalogue de la collection Colette des Clarac)
Debresse, Paris 1954, 14x19cm, broché.
Edition originale sur papier courant. Ouvrage illustré d'un dessin hors-texte de Fernand Léger. Précieux envoi autographe signé de Luc Bérimont : "Pour Colette de Jouvenel, avec l'affectueuse pensée du grand viager 1958." - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris Grasset 1955 in-8, reliure à la bradel de maroquin lavallière, plats, doublures et gardes de papier brique, tête dorée, non rogné, couvertures et dos conservés (Honnelaître), 114 pp. Édition originale ornée d'un portrait de Colette par Jean Cocteau en frontispice. Un des 35 exemplaires numérotés sur vergé de Montval, tirage de tête. On joint, montée sur onglet en début de volume, une lettre autographe signée (inédite ?) de Colette à Cocteau : "Cher Jean, je me suis chargée d'un message auprès de toi parce qu'il m'est bien agréable. Ne veux-tu pas me rejoindre à l'académie Goncourt qui unanime te désire ? Je t'embrasse, cher Jean, Colette" (1 page in-4 sur papier bleu, s.d., légères traces de papier adhésif). Fine reliure signée.Près de 30 ans après l’élection de Colette au fauteuil d’Anna de Noailles, c’est Jean Cocteau qui lui succède à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Colette et Cocteau se connaissaient de longue date. Dans ses Portraits-souvenir publiés en 1935, le poète se rappelait avoir croisé Colette en compagnie de Willy et de Polaire au Palais des Glaces, dans les premières années du siècle. De loin en loin ils échangèrent leurs livres et quelques lettres, mais c’est le Palais-Royal qui va les réunir, cette fois, en voisins. Colette évoque ses fréquentes visites dans L’Étoile Vesper et Le Fanal bleu. En témoignent de nombreuses photographies, des enregistrements sonores et quelques films. On y devine, derrière le caractère spectaculaire, parfois, de leurs démonstrations d’amitié, une évidente complicité. Sans doute Cocteau n’était-il pas dupe de l’image de la bonne dame du Palais-Royal que Maurice Goudeket, avec l’assentiment de Colette, voulait imposer. Rappelant leurs fréquentes rencontres, il note chez elle «un regard de fauve pensif» et se souvient que «sa patte de velours sortait vite ses griffes.» Loin de l’image respectable de ses dernières années, il aime à rappeler ses années d’apprentissages lorsqu’elle était l’épouse de M. Willy, l’amie de Polaire et du Tout-Paris lesbien des années 1900. «N’allez pas prendre Madame Colette pour une bénisseuse», prévient-il, «bien souvent, prise à l’improviste, sous le bonnet de la grand-mère, je lui voyais le museau du loup»…Le voisinage de Cocteau au Palais-Royal ne suffisait apparemment pas à Colette qui espéra un temps que son ami la rejoindrait à l’Académie Goncourt. Le projet n’a pas abouti, Cocteau ayant sans doute déjà en vue le prestigieux quai Conti. La lettre pourrait avoir été écrite à la fin des années 40, en 1948 ou 1949, après les évictions successives de Sacha Guitry, Jean de La Varende, René Benjamin et Jean Ajalbert.Sans doute l’un des plus beaux textes d’hommage à Colette, enrichi d’une lettre inédite. (Notice de Frédéric Maget pour le catalogue de la collection Colette des Clarac)
Paris, 1920. Bound uncut with the original printed wrappers, also the backstrip, in a magnificent bright purple lambskin binding with title and author in bright, metallic lettering to spine, blue, pink, and green respectively. Triple bright metallic line-borders to boards (same three colours), inside which the remainder of the boards are covered with a large inlay of shiny, coloured leather in crocodile skin-like relief pattern. Recto and verso respectively of flyleaves covered with pink/purple suede. Housed in a chemise with purple lambskin spine with same lettering as the binding and purple cloth boards, inside grey suede, and purple full lambskin slipcase. The binding is signed Leroux (in shiny green lettering to inside of front board). A handwriiten postcard from Leroux to the previous owner of the book is enclosed. The postcard is dated 1997 and concerns the binding, including the price. The slipcase has a bit of edgewear, but the binding is near mint. Apert from a tiny tear (no loss) to the upper margin of the front wrapper, also internally near mint. Front free end-paper with a four-line inscription for ""René Baer"" signed ""Colette de Jouvenel"".
First edition - presentation-copy and one of 175 numbered copies on Hollande (premier papier), out of a total of 725 numbered copies - of Colette's fascinating novel ""Chéri"", published at the dawn of the roaring 20'ies. The scandalous novel, which portrays the love between an older woman and a much younger man, is partly inspired by Colette's own life, and is considered one of her very best works. Extremely controversial as a person, Colette has always been the object of fascination as well as controversy. In 1893, she married Henry Gauthier-Villars, who was already a famous author and publisher. He used the pen-name ""Willy"", under which Colette's famous first novels, the Claudine-stories, also appeared. Colette and Willy separated in 1906, with a final divorce in 1910. Colette is well known for the series of lesbian relationships she embarked upon after her separation. In 1912, however, she married Henry de Jouvenel, editor of Le Matin, and took his name. Not for her publications, but she clearly used it in her personal correspondence. Their marriage ended in divorce in 1924, however, due partly to her affair with her 16-year-old stepson, Bertrand de Jouvenel. Chéri is partly based upon her experiences with her much younger stepson. "" 'Me a feminist?' She scoffed in 1910. 'I'll tell you what the suffragettes deserve: the whip and the harem'. COLETTE is an intriguing and flamboyant figure. Born in Burgundy in 1873 she moved to Paris at the age of twenty with her husband the writer and critic Henry Gauthiers-Viller (Willy). Forcing Colette to write, Willy published her novels in his name and the Claudine series became an instant success. She escaped her exploitative first husband to live by her pen and work in music-halls as a dancer. Colette had a lesbian love affair with a niece of Napoleon's, she married three times, had a baby at 40 and at 47, preferring 'passion to goodness', she seduced her teenage stepson. In the meantime she wrote stunning novels that were admired by Proust and Gide -- Gigi, Sido, Cheri, and Break of Day. Colette lived to be over 80. She was the first woman President of the Academie Goncourt and was the first woman in France to be accorded a state funeral."" ""Colette, in full Sidonie-Gabrielle Colette, (1873 - 1954), outstanding French writer of the first half of the 20th century whose best novels, largely concerned with the pains and pleasures of love, are remarkable for their command of sensual description. Her greatest strength as a writer is an exact sensory evocation of sounds, smells, tastes, textures, and colours of her world. Her best work was produced after 1920 and followed two veins. The first vein followed the lives of the slightly depraved, postwar younger generation. Among these novels are Chéri (1920) and La Fin de Chéri (1926" The Last of Chéri), dealing with a liaison between a young man (Chéri) and an older woman... (Encycl. Britt.). René Baer (1887 - 1962) was a famous French author, journalist, playwright, and songwriter. Georges Leroux (1922-1999) was one of the most accomplished and esteemed French binders of the twentieth century. Before he became a book binder, in 1959, he was a poet. His works are known for their exotic materials, use of metallic effects and strong polychromatic color.
Editions Surréalistes, Paris 1932, 12x19cm, broché.
Edition originale sur papier courant. Dos passé comme généralement, deux petites déchirures recollées en tête et en pied d'un mors, un feuillet mal découpé par le dédicataire avec légers manques marginaux. Précieux envoi autographe signé de l'auteur à Colette. - Photos sur www.Edition-originale.com -
1 page in4 - enveloppe jointe - trés bon état -
A son "cher peintre" : elle est à Monte-Carlo et non à St Tropez - Elle ne peut rien rédiger à cause d'une "assez cruelle" arthrite - Elle termine: "compatriotiquement à vous"-
1946 1946. Enveloppes conservées. BEL ENSEMBLE COMPOSÉ DE 5 LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES ET D'UNE PHOTOGRAPHIE - Lettre autographe signée adressée à la famille Blanchar alors que Marthe Blanchar est enceinte de Dominque, 1 feuillet in-12 : Bonjour Marthoune! Bonjour Pierrette! Bonjour, et bonjour aussi à la plus lointaine Colette - Lettre autographe signée, 2 pages in-4, enveloppe autographe conservée, tampon daté du 21 juin 1949 : "Au loup Minou, au Loup ! » Je suis contente chère Minou, d'avoir ces images charmantes de vous. Il faut venir m'embrasser avant les départs. Si je peux partir ce sera le 16 ou 17 juillet. Mais votre temps est plus pris que le mien. Il suffira d'un coup de téléphone, d'une heure libre, pour que vous abordiez mon radeau d'où je ne bouge guère. J'ai tant souffert physiquement de mois-ci que j'en suis honteuse. Il me semble toujours que souffrir est une occupation indigne, tout au moins inutile. Merci aussi pour les fleurs. Vues à la loupe, elles sont faites de mille petits tuyaux, et ressemblent à une fleur sous-marine. Chère Minou, je vous dis à bientôt, je voudrais que rien ne vous change, que rien ne vous abîme ni l'une ni l'autre, ravissante «paire» que vous êtes. Je vous embrasse tous, à commencer par Pierre Blanchar, et en finissant par Emile. (Ici je vous montrerai les photos du chat nageur et plongeur.) Votre Colette." - Lettre autographe signée, 1 page in-8, enveloppe autographe conservée, tampon daté du 4 avril 1949. Chère Minou, j'aurais bien voulu vous voir en «saltimbanque». S'il y a une photo, même une pas très bonne, de votre numéro, puis-je l'avoir? Aucun des chiens blancs n'est sourd? Cela arrive aux animaux entièrement blancs. Tendresses à toue la famille. Colette. - Lettre autographe signée, 2 pages in-8, enveloppe autographe conservée, tampon daté du 3 janvier 1950. "Chère Minou, merci pour la colombe, pour les roses, pour les souhaits. Donnez à tous « mes » Blanchar, mes vux, et mon désir de m'asseoir à la bonne table, un jour de détente un peu plus tiède. Et si, un autre jour plus proche, vous traversez le premier arrondissement Je vous embrasse tous Mimile aussi. Pour Minou, j'ai toujours ce sentiment qui me porte ensemble à vouloir pour elle tous les succès, cependant que je n'aime pas toujours la voir jetée, indivise, à la foule. Votre vieille amie alitée Colette. Excusez la ridicule enveloppe, on n'en a pas trouvé d'autres dans la «cour» - lisez: Palais Royal" - Lettre autographe signée, 1 page in-4, enveloppe autographe conservée, tampon daté du 5 février 1952. "Hôtel de Paris Monte-Carlo C'est vrai que te voilà mariée, ma Minou? Mon Dieu, tu es bien pressée. Je ne sais pas où tu es; je soigne mon arthrite ici depuis un mois. Je la soigne mais je ne la guéris pas. J'embrasse tous les Blanchar, anciens et nouveaux. Surtout sois très jolie, et heureuse. Je vous embrasse tous. Colette." LIPNITZKI Boris - Photographie originale signée en blanc au format carte postale, Portrait de Colette écrivant à sa table de travail. Fameux portrait photographique de Colette assise à son bureau au Palais Royal, fenêtre ouverte. Colette a ajouté à l'encre noire sous son stylo : " Chère Minou "
Signé par l'auteur
1 page in-12, 140 x 110 ; portant le cachet de la Poste de Paris, le 20 novembre 1895.
Brève lettre autographe signée de Colette à son ami Maurice Edmond Saillant, auquel elle s’adresse affectueusement par un Mon petit Cur. Romancier, journaliste et critique culinaire, Curnonsky (1872-1956) rencontra Colette alors qu'il était au tout début de sa carrière. Il fut notamment l'un des nombreux "prête-plumes" de Willy.Elle s’excuse auprès de son ami : « Il ne faut pas nous en vouloir de la réception qu’on t’a faite hier. Willy était en train de me faire une scène affreuse,et tu sais qu’on n’en obtient rien dans ces moments-là. Reviens, la scène est finie, et tout ça c’est de ma faute. Nous t’embrassons tous deux. »Bavure touchant deux mots.
1 page in-12, 160 x 115, cachet de la Poste daté du 13 mars 1931.
Curnonsky prétextant la visite d’une amie agonisante pour ne pas rendre visite à Colette, cette dernière lui demande des précisions : « Une pauvre amie agonisante » ? Est-ce que je la connais ? Dis-moi quand nous pourrions nous voir. » Elle revient d’une longue série de conférences en Autriche, Roumanie et en Afrique du Nord, qu’elle juge peu lucratives : « Je reviens de Bucarest et de Vienne, (conférences) Mais propagande à part, quelle piètre combine que d’aller dans ces pays lointains, au point de vue profit matériel ! »
Rare tirage au format carte postale réalisé à partir de la technique de photogravure d’un cliché provenant d’une série de photographies prises par Reutlinger et répertoriées dans le volume 53 de l’Album Reutlinger de portraits divers, sous le numéro 11213. Tout juste divorcée de Willy et très fière de son corps qu’elle entretenait par la pratique assidue de la culture physique et de la gymnastique, Colette refusait à l’époque dans ses pantomimes, de porter le justaucorps utilisé alors par les actrices pour cacher leur nudité. Reutlinger se servira alors d’un drap « mouillé » pour suggérer la nudité de Colette. Cette dernière est ici debout, drapée d’un tissu blanc laissant sans équivoque deviner ses formes.On peut lire au verso quelques mots de Colette, Lugné Poe son épouse ainsi que Missy. « Bonjour Moreno, Nous venons de déjeuner avec Lugné et Suzanne, et on a parlé de toi. Voilà pourquoi on t’écrit et on signe avec mille amitiés. Colette Willy. Suzanne. C’est moi qui ai vendu la mèche – car j’ai encore votre « lapin » sur le coeur. Amitiés. Missy. »
1925
Divorcée d’Henri de Jouvenel depuis avril, Colette est en villégiature à Saint-Jean de Luz avec Maurice Goudeket rencontré en février de cette même année : « Pas eu le temps de t’écrire, ma Marguerite ! Mais je me rattraperai « Tout marche et tout fonctionne » comme dit Firenzi. »Peut-être doit-on lire dans cette formule, placée entre guillemets, la confession d’une femme amoureuse à sa meilleure amie !
1918
Malgré l’utilisation de l’expression « mon cher vieux ami que j’aime », c’est bien à Marguerite Moreno que Colette adresse cette très émouvante lettre.Restée à Paris, Colette survit, entre la peur des bombardements qui s’estompe progressivement, supplantée par celle, encore plus terrible, de ne plus revoir son mari (Sidi) : « Écrire aujourd’hui ? je n’ai qu’une chose à t’écrire, la même que demain : j’ai appris que Sidi est entre Ham et Noyon. Cela suffit bien à emplir une lettre, n’est-ce pas ? Évidemment je « tiens », mais je n’ai pas de lettres, je ne peux pas en avoir. Alors… J’ai un grand mal de tête et je me promène beaucoup. On ne nous bombarde plus, depuis 24 heures au moins. Et puis, tu sais, les alertes de nuit, les tambours et tout l’orchestre, ce que je m’en f… en ce moment. C’est pas une alerte de nuit qui me fera lever, moins maintenant que jamais. À part mon état d’Ham (ah ! ah !) tout va bien. Du moins je le crois. »Alors, comme souvent, l’écriture apparaît comme un remède : « Vois à quoi tu échappes, et réjouis-toi de tout ce que tu rencontres ; pourvu que tu me l’écrives. […] Mais j’avoue que je suis un peu décollée. Vieillir, comme ce serait beau, et dépasser ce moment qui est comme une boule dans la gorge. »Reste d’onglet en marge.
Très émouvante lettre. Colette semble très déprimée : « Chère Moreno, je ne t’écris que des semblants de lettres. Des pensées que je jette… »Elle décrit une vie morose et sans joie, ponctuée de petits moments de grâce : « Mon physique veille sur mon moral, car il lui est très supérieur. Je dîne en ville. Chez les Grosclaude frères. Et chez Cointreau dit Triple-sec que je ne connais pas du tout, mais où le Curnonsky national m’avait conviée. Atmosphère réconfortante (pour un instant !) des gens que l’on ne connaît pas et qui pensent peu. »Triple-sec est le surnom d’Édouard Cointreau (1849-1923), fondateur de la liqueur éponyme.Même si ce genre de dîner lui permet de changer un peu d’air : « J’aime bien de temps en temps ne connaître personne. J’aime bien n’importe quoi, en ce moment-ci. », la guerre s’invite à la fête : « J’ai une lettre de Sidi ce matin, et qui contient trois violettes et une primevère. Mais il ne reçoit rien de moi et cela le désole. Il est du côté de Vie-sur Aisne. T’ai-je dit qu’il m’avoue avoir « échappé par miracle » sa compagnie avec lui ? C’est donc au miracle qu’il faut se fier. » Les deniers mots sont assez alarmistes : « Écris-moi, c’est très important, - pour moi. Paris est tranquille et il y a mille taxis, grâce aux personnes qui ont f… le camp. Je t’aime, je t’embrasse, ne sois pas malade et embrasse… »Reste d’onglet en marge. La partie basse de la lettre a été rognée trop court faisant disparaître une partie du texte ainsi que la signature. Quelques tâches brunes.
2 pages in-4, 270 x 210, sur papier bleu ; accompagné de son enveloppe portant le cachet de la Poste de Paris, le 6 avril 1944.
Gentiment installée dans une vie tranquille auprès de son dernier mari Maurice Goudeket, Colette évoque avec une pointe de nostalgie, son retrait de la vie médiatique : « Notre vie, à Maurice et à moi, est toute petite, et prudente. Par une chance rare, nos soirées cloîtrées ne nous paraissent ni longues, ni lourdes. Est-ce que ça ne suffit pas à faire de nous des privilégiés ? Ah ! Si rien, ni personne, ne menaçait ce privilège, ce serait une bien belle vie. J’ai dit au journalisme un au revoir qui pourrait bien être un adieu. On équilibre le tremblant édifice à l’aide de nouvelles assez longues (hebdo. De Lyon et d’ailleurs) et d’éditions dites de luxes. » Elle charge Curnonsky d’une commission auprès d’une amie commune : « Embrasse pour moi Madame Mélanie ! N’importe quel jour, et l’heure n’importe pas non plus. L’huître fraîche, son eau salée, son iode, que de mirages… Quand nous serons tous trois à Riec-sur-Belon au bord d’une table, sous le bel oeil de Mélanie, nous évoquerons, entre-autre, ce 5 avril 44, où un brave homme (?) Me vint proposer une affaire : des petites pommes blanchâtres et cotonneuses à 90 f. le kilo… ». Il s’agit de Mélanie Rouat qui ouvrit son propre restaurant en 1923, sous l’impulsion d’un Curnonsky conquis par ses plats traditionnels bretons et sa cuisine épurée.
2 pages in-8 : 210 x 160, sur un feuillet bleu à l’en-tête de Georges Zeller Impresario, accompagnée de son enveloppe timbrée à la date du 14 août 1926.
Prenant comme support une lettre de l’impresario Georges Zeller, Colette demande sans détour à son amie Marguerite Moreno si elle peut lui faire confiance : « Lis ceci, ô ma Marguerite, et dis-moi si Zeller est bien. Je lui réponds en lui disant que je ne joue ni Chéri ni la Vagabonde sans Marguerite Moreno, (Pierre Moreno pourra prêter un concours bien rétribué, je pense ?) et selon ce que tu vas m’écrire, on causera avec Zeller à mon retour de Bordeaux, le 6 ou 7 septembre. »Georges Zeller use pour impressionner Colette de tous les artifices à sa disposition : liste des villes dans lesquelles il présente des galas (« les principales villes de France, Belgique et Suisse »), comédiennes avec lesquelles il travaille (« Je donne couramment des représentations avec des sociétaires de la Comédie Française. Mes dernières et récents galas ont été donnés avec Cécile Sorel »), cachet (« Nous serions, je l’espère, vite d’accord au sujet de votre cachet ! »).
Belle et foisonnante lettre de Colette à son amie Marguerite Moreno. Colette est malade, seule à Paris avec sa petite fille de 2 ans : « J’ai la grippe depuis… depuis que je ne t’écris plus. Tu comprends, les premiers symptômes de cette grippe, déclarée depuis 48 heures, m’ont empêchée de t’écrire depuis ? mois. O Moreno toi-même indigne ! j’attendais la fin de la guerre. J’aurais aimé t’écrire : « ouf ! c’est fini, ça va mieux. » Seulement comme j’ai besoin que tu m’écrives, je déroule mes anneaux, mes anneaux grassouillets, et je viens quêter une lettre. »Dans cette missive, s’invite le spectre de la Grande Guerre à travers l’attente du retour de son époux (Sidi) : « Sidi ? je l’attends. Nous sommes suspendus, lui et moi, à une fallacieuse permission de huit jours, qu’on lui tend et lui retire, comme une dragée au bout d’un fil. Ça me dégoute. Mapauvre Sultane-à- Moustaches … Robert, son frère, se conduit magnifiquement. Cité à l’ordre de son régiment, en passe d’être nommé sergent, spécialité de reconnaissance dangereuse accomplies tout seul, c’est un très chic enfant. » Henri de Jouvenel sera blessé, Colette partira alors incognito sur le front pour retrouver son époux. De ce voyage en enfer, elle ramènera des chroniques poignantes qui seront publiées notamment dans le journal Le Matin.Elle évoque son professeur et complice de mime Georges Wague : « Les ??? ? ils répètent. C’est ce qu’on peut dire de plus agréable, pour eux, - et pour nous, puisqu’on va se rincer les conduits, comme dit Wague, avec une pièce nouvelle. J’ai trop de choses à te dire. J’éclate. Et c’est pour çaque je ne te dis rien. »Trace d’onglets en marges des feuillets et de l’enveloppe.
Lettre à quatre mains, rédigée en partie par Colette et en partie par son époux Henri de Jouvenel. Elle est adressée à Marguerite Moreno Chez les Zoaques. Il s’agit de la demeure de Sacha Guitry et de Charlotte Lysès.Elle évoque un séjour prochain dans sa propriété de Rozven, acquise par Missy en 1910 et que cette dernière lui laissa lors de leur rupture : « Tu vois, j’ai déménagé, les Boudet [ ?], qui habitent comme tu sais rue Cortambert, te prient à dîner jeudi 10 ( ?) parce que je vais à Rozven. »La lettre est signée Collerette. La partie rédigée par Henri de Jouvenel est un curieux poème bachique dont nous n’avons trouvé aucune occurrence : « Démone aux almes cheveux vieux sourire au haut gout de l’acajou vineux qu’habite un démiurge incertain. Ex quel vins ! Je suis la Grèce et toi l’Épire qu’attends-tu pour nous réunire (sic) ? … vieux vampire circoncire L’ennui royal et dur dont le dard noir me point. Je voudrais bien mettre quelque chose pour Sacha mais quand il saura que je ressemble à la momie de Ramsès II ça ne lui fera plus plaisir. »Quelques gouttes ont taché l’enveloppe. Reste d’onglet en marge.
4 pages in-8, 218 x 144, sur papier crème à l’en-tête du Chalet des Sapins près Lons-le-Saulnier (Jura).
Superbe lettre autographe signée de Colette. En villégiature dans la maison familiale de ses beaux-parents à Lons-le-Saulnier, la jeune Colette fait l’éloge de la nature qui l’entoure avec toute la gourmandise et la tendresse qu’on lui connaît : « Mon vieux, si tu voyais, y’a plein des pêches et des pommes et des vignes avecque (sic) des raisins, et je mange de tout ça. Et puis y a une petite rivière qui sort de dessous une grotte, et qui est peuplée de salamandres, qui sont bestioles faites à la manière des lézards, le dessus gris et le ventre jaune. Quand je les tire de l’eau, elles soupirent comme des personnes, ça m’attendrit tout de suite. On pêche aussi des têtards, des grenouilles, et on rencontre parfois dans les allées un certain crapaud — nommé par moi Maurice, à cause de toi — gros comme un petit chien, et dont l’aspect vous arrête le coeur dans l’estomac. »Elle évoque son mari à travers des qualificatifs très flatteurs… peut-être un peu trop : « Le doux Maître est toujours beau, svelte et fier, l’humaine perfection, comme tu sais. »Quelques ratures et mot biffés. Les rectos et versos ne sont pas rédigés dans le même sens.
4 pages in-12, 156 x 112.
Romancier, journaliste et critique culinaire, Curnonsky (1872-1956) rencontra Colette alors qu'il était au tout début de sa carrière. Il fut notamment l'un des nombreux "prête-plumes" de Willy.C’est une curieuse invitation que cette missive adressée à son ami : « Tu viens dîner dimanche, ça ne fait pas un pli (ô Masson ! Toi non plus, tu…) Seulement je tiens à te faire savoir que la douce Juliette est au lit, que c’est Joséphine qui fonctionne, - assez mal - que le dîner sera probablement médiocre, enfin tout ça, c’est pour que tu n’amènes personne avec toi, aucun autre idiot… ».Invitation que Colette ponctue d’une note d’humour provocateur : « Toi, tu dois venir, la beauté de Willy, mon esprit, doivent te faire oublier la médiocrité du dîner. C’est une question de dévouement et non de gueule… »Dans ses Mémoires, Curnonsky prit soin de distinguer la fameuse Juliette en l’élevant au rang de Cordon bleu. Cette lettre fut publiée dans un ouvrage de François Caradec intitulé Feu Willy avec et sans Colette, (Éditions 13, Carrère distribution, Issy-les-Moulineaux, 1984, p.77-78)
3 pages in-12, 178 x 113.
Lettre autographe signée de Colette à son ami, auquel elle adresse des reproches plutôt virulents assaisonnés d’une pointe d’argot : « Tu es un mufle et un pas grand chose et un veau et un Marlou, puisque tu ne m’as pas répondu. On t’en reflanquera de la prose remarquable ! Mais situ crois que ça va m’empêcher de t’utiliser ! Tu vas immédiatement filer chez un bouquiniste quelconque et m’acheter La Terre d’un jeune auteur peu connu et qui sonne de grandes espérances, E. Zola. (On ne fait jamais de Z majuscules, on s’en sert si peu. Seulement, qu’on vienne à écrire Zola ou Zoroastre, et nous voilà tout bêtes — toi surtout —. Aussi, quand Willy sera tout à fait ruiné, j’ouvrirai un cours de Majuscules.) »Colette avait très jeune, découvert et aimé Émile Zola. C’est sur un ton tout à fait ironique qu’elle enjoint son ami à lire (ou relire) le grand auteur !La fin de la lettre est très théâtrale, digne de sa réputation de jeune sauvageonne : « Adieu. Je ne saurais, vu ta conduite, te donner ma main à baiser. Un geste bref de la tête, c’est tout. Colette. Ma signature a bien l’air vexé, s’pas ? »
4 pages in-12, 182 x 116, à l’en-tête du Chalet des Sapins à Lons-Le-Saulnier.
Lettre autographe signée adressée à Curnonsky que Colette affuble affectueusement du sobriquet de Rnonsky.La plume de Colette, plus crue et détendue qu’à l’accoutumé, laisse transparaître la profonde amitié qui unissait les deux auteurs.C’est d’ailleurs cette même année 1895 que Curnonsky fut engagé comme prête-plume par Willy, et peut-être doit-on voir dans ces premiers mots une allusion à des difficultés d’écriture : « Cher gosse, je pourrais te dire un tas de grosses méchancetés, que ton « cochon universitaire » que tu prétends ensommeillé près de l’autre, aurait rudement besoin de têtes de pavot, vu ses insomnies, - je pourrais te dire que le papier d’Arménie se trouve au Bon Marché, rayon de parfumerie, au premier étage à droite quand on entre par la porte de la rue de Sèvres, — que, pour une graphologue aussi distinguée que moi, ton écriture bavarde un peu beaucoup sur ton caractère jeune, mais, comme dit ma nièce Renée « aujourd’hui, je suis Bbbonne ! » Avec beaucoup de b pour que ça soye (sic) plus onctueux. » Dans cette missive elle fait allusion à un ouvrage du pamphlétaire Henri Rochefort paru pour la première fois dans le journal l’Intransigeant le 2 août 1880 : « As-tu demandé chez Dentu “Melle Bismarck” ? »Colette, alors en villégiature avec son mari Henry Gauthier-Villars (1859-1931), dans la ville thermale de Lons le Saunier, évoque sans complexe sa vie de jeune couple : « Je prends des bains salés, - heureux bains salés - si salés que maintenant quand Willy me… m’embrasse, dis-je, il faut qu’il se relève trois fois la nuit pour aller boire. » Elle s’apprêtait à passer par Munich pour rejoindre le Festival musical de Bayreuth comme l’annonce Willy dans un post-scriptum en regard de la signature de Colette. Ce dernier en profite pour donner quelques instructions à son jeune « collaborateur » l’enjoignant lui aussi à retrouver le fameux ouvrage de Rochefort : « Mon cochon bleu, je post scriptum la lettre de ma gosse, pour te dire de chercher à la nationale la trace de Mademoiselle Bismarck. Nous partons dix jour pour Munich, et, pendant mon séjour transrhénan, il me faudra deux topos. Donc, envoie grandes manoeuvres le plus tôt possible, et soigné, mon petit chat, je t’en prie… ».
3 pages in-12 sur papier crème, 150 x 114, accompagné de son enveloppe datée du 7 décembre 1909.
Lettre autographe signée de Colette, envoyée depuis le domicile qu’elle occupait avec Missy Rue de Saint Senoch dans le 17ème arrondissement de Paris.Elle remercie Curnonsky de lui avoir fait parvenir « à la Gaîté [Théâtre de la Gaîté-Rochechouart], tout un jardin de fleurs que tu verses sur ma tête innocente et paysanne. Merci, vieux Cur ! »Le théâtre de la Gaîté-Rochechouart accueillait depuis le 19 novembre 1909 la pièce de théâtre de Sacha Guitry intitulée C’te Pucelle d’Adèle, avec Colette dans le rôle principal.Dans une dédicace adressée à son ami René Koval, Sacha Guitry précisait à propos de cette pièce : « Voilà ce que c’est que de dire à quelqu’un : « Je ferai n’importe quoi pour vous faire plaisir ! » J’ai voulu faire plaisir à l’admirable Colette et j’ai fait n’importe quoi ! ». Elle évoque également les pratiques assez peu galantes de son ex-époux Willy à son égard : « et je te jure bien que je finirai par déshabituer ce vieux maquereau — j’ai nommé Willy — de dire du bien de moi dans les journaux quand il signe, et de m’y traîner dans la boue quand il ne signe pas. »
C’est sous le sceau du secret, d’une écriture assez peu soignée, que Colette sollicite l’appui de son amie de toujours pour soutenir la nouvelle carrière politique de son mari Henri de Jouvenel : « Ma très chère créature Ceci est une lettre à laquelle tu ne devras pas répondre. […] Mais ne me réponds pas. Car Sidi se jette sur ton écriture avec un appétit que je partage, et il ne me pardonnerait pas d’avoir voulu soulever le chape de plomb de sa modestie. »L’année 1917 est jalonnée de séjours à Rome, organisés au rythme des missions diplomatiques de Henri de Jouvenel (surnommé Sidi) désormais délégué de la Triple Entente : « Mabilleau emporte dans sa poche, ce soir mercredi, 21. Une lettre de Sidi, concernant maints graves sujets, la soie, - soumi ???, - Barrère, - ??? qui point à l’horizon – enfin : Léon Bourgeois. »Ainsi évoque-t-elle la présence de Léopold Mabilleau, Léon Bourgeois, Camille Barrère… dans le sillage de ce brillant époux qu’elle admire « Je ne puis qu’admirer sans restriction la rapidité avec laquelle Sidi a fait siennes, depuis son arrivée en Italie, certaines questions lourdes, - la passion, la persuasion et l’autorité qu’il dépense pour des buts excellents. On l’apprécie on l’aime ici, on l’écoute. J’en suis enchantée. Il a une idée de voyage (et de mission) Léon Bourgeois que je ne te conterai pas, mais dont tu entendras inévitablement parler. »Trace d’onglet en marge.